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Full text of "Ystoire de li Normant"

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HARVARD  COLLEGE 
LIBRARY 


FROM  THS  FUND  OF 

CHARLES  MINOT 

CLASS  OF    1828 


YSTOIRE 


DE 


Ll  NORMANT 


YSTOIRE 


LI  NORMANX 

Par  AIMÉ/ T,-,!vA  •;  jV'- 


ÉVÈQUE  ET  MOINS  AO  M 

Publiée  avec  une  Introduction  et  des  Notes 
Par  l'Abbé  O.^LARC 


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ROUEN 


A.  LESTRINGANT     ■ 

Librairi  de  la  StcUti  de  VHiiinrt  de  liermaiidie    ' 
iiTiat  ]tiaat-Dtic,  ii 


1893  , 


YSTOIRE 


LI  NORMANT 


■  AIMÉ/  ■ 


Par  Aiivity,  t,-..ivA 

ÉVËQUE  ET  UOINB  AU  MOHT-CA5SIN 

iliée  avec  une  Introduction  et  des  Notes 
Par  l'Abbé  O.DELARC 


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ROUEN 


A.  LESTRINGANT     ■ 

Libraire  it  U  SocUlé  di  rHitlairi  de  tifirmimiit    ' 
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EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT 

Art.  16.  —  Aucun  volume  ou  fascicule  ne  peut  être  livré 
à  rimpression  qu'en  vertu  d'une  délibération  du  Conseil,  prise 
au  vu  de  la  déclaration  du  Commissaire  délégué,  et,  lorsqu'il 
y  a  lieU;  de  l'avis  du  Comité  intéressé  portant  que  le  travail 
est  digne  d'être  publié.  Cette  déclaration  est  imprimée  au 
verso  delà  feuille  du  titre  du  premier  volume  de  chaque  ou- 
vrage; 


Le  Conseil,  vu  la  déclaration  de  M.  A.  HéroN;  Commis- 
saire-déléguéy  portant  que  l'édition  de  /TTstoire  de  Li  Nor- 
MANT,  préparée  par  M,  Vabhé  0.  Delarc,  lut  a  paru  digne 
d'être  publiée  par  la  Société  de  l'Histoire  de  Normandie, 
après  en  avoir  délibéré^  décide  que  cet  ouvrage  sera  livré  à 
l'impression. 

Fait  à  Rouen j  le  4  janvier  iS92, 

Le  Secrétaire  de  la  Société, 
P.  LE  VERDIER. 


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EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT 

Art.  16.  —  Aucun  volume  ou  fascicule  ne  peut  être  livré 
à  rimpression  qu'en  vertu  d'une  délibération  du  Conseil,  prise 
au  vu  de  la  déclaration  du  Commissaire  délégué,  et,  lorsqu'il 
y  a  lieU;  de  l'avis  du  Comité  intéressé  portant  que  le  travail 
est  digne  d'être  publié.  Cette  déclaration  est  imprimée  au 
verso  delà  feuille  du  titre  du  premier  volume  de  chaque  ou- 
vrage; 


Le  Conseil,  vu  la  déclaration  de  M,  A.  Héron^  Commis- 
saire-délégué y  portant  que  Védition  de  /TTstoire  de  Li  Nor- 
MANT,  préparée  par  M,  l'abbé  0.  Delarc,  lut  a  paru  digne 
d'être  publiée  par  la  Société  de  l'Histoire  de  Normandie, 
après  en  avoir  délibéré^  décide  que  cet  ouvrage  sera  livré  à 
l'impression. 

Fait  à  Rouen j  le  4  janvier  iS92. 

ê 

Le  Secrétaire  de  la  Société, 
P.  LE  VERDIER. 


INTRODUCTION. 


ChampoUion-Figeac  a  publié  en  1833,  sous  les  auspices 
de  la  Société  de  l'histoire  de  France^  une  vieille  traduction 
française  de  YHistoria  Normannorum  d'Aimé,  évêque  et 
moine  au  Mont-Cassin  en  Italie  (i).  Cette  publication  fut 
accueillie  avec  d'autant  plus  d'intérêt  que  le  texte  original 
de  l'ouvrage  d'Aimé  est  perdu  et  qu'il  reste  bien  peu  d'es- 
poir de  le  retrouver.  Plus  de  cinquante  ans  se  sont  écoulés 
depuis  que  cette  traduction  a  vu  le  jour;  l'édition  de 
ChampoUion-Figeac  est  épuisée  depuis  longtemps  et  le 
progrès  des  études  historiques  n'a  pas  respecté  plusieurs 
des  hypothèses  que  l'éditeur  avait  développées  dans  une 
longue  introduction,  placée  en  tête  de  son  livre  (2).  Aussi 


(i)  UYstoire  de  H  Normant  et  la  Chronique  de  Robert  Viscart  pu  AntÈ, 
moine  de  Mont-Cassin,  publiées  pour  la  première  fois,  d'après  un  manus- 
crit françois  inédit  du  xme  siècle,  appartenant  à  la  bibliothèque  royale, 
pour  la  Société  de  THistoire  de  France,  par  M.  Champollion-Figeac.  In-8* 
de  cvn-370  p.  Paris,  Renouard,  1835.  C'est,  je  crois,  le  premier  volume 
publié  par  la  Société  de  l'Histoire  de  France.  Nous  verrons  que  Champollion- 
Figeac  a  tort  d'atttibuer  k  Aimé  la  Chronique  de  Robert  Viscart, 

(2)  Cette  introduction  n'a  pas  moins  de  107  pages  in-8*. 


HARVARD  COLLEGE 
LIBRARY 


nOM  THB  FUND  OF 

CHARLES  MINOT 

CLASS  OF    1828 


YSTOIRE 


DE 


LI  NORMANT 


YSTOIRE 


LI  NORMANX 

Par  AIMÉ/.  nv.jvÀ  >.  J,'>. 

ÉVËaUE  ET  MOINE  AU  MONT-CASSIN 


Publiée  avec  une  Introduction  et  des  Notes 
P«r  l'Abbé  O.  .fiJLARC 


ROUEN 


A.  LESTRINGANT     • 

Libraire  Je  la  SociiU  de  THiilairt  Je  tlfirmanJU    ' 


,1892  ^ 


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EXTRAIT  DU  RÈGLEiMENT 

Art.  16.  —  Aucun  volume  ou  fascicule  ne  peut  être  livré 
à  rimpression  qu'en  vertu  d'une  délibération  du  Conseil,  prise 
au  vu  de  là  déclaration  du  Commissaire  délégué,  et,  lorsqu'il 
y  a  lieU;  de  l'avis  du  Comité  intéressé  portant  que  le  travail 
est  digne  d'être  publie.  Cette  déclaration  est  imprimée  au 
verso  delà  feuille  du  titre  du  premier  volume  de  chaque  ou- 
vrage. 


Le  Conseil,  vu  la  déclaration  de  M.  A.  Héron^  Commis- 
saire-délégué, portant  que  l'édition  de  ZT^stoire  de  Li  Nor- 
MANT,  préparée  par  M.  l'abbé  0.  Delarc,  lut  a  paru  digne 
d'être  publiée  par  la  Société  de  l'Histoire  de  Normandie, 
après  en  avoir  délibéré,  décide  que  cet  ouvrage  sera  livré  à 
rimpression. 

Fait  à  Hou^n^  le  4  janvier  1892. 

Le  Secrétaire  de  la  Société, 
P.  LE  VERDIER. 


INTRODUCTION. 


ChampoUion-Figeac  a  publié  en  1833,  sous  les  auspices 
de  la  Société  de  Vhisioire  de  France^  une  vieille  traduction 
française  de  YHistoria  Normannorum  d'Aimé,  évêque  et 
moine  au  Mont-Cassin  en  Italie  (i).  Cette  publication  fut 
accueillie  avec  d'autant  plus  d'intérêt  que  le  texte  original 
de  l'ouvrage  d'Aimé  est  perdu  et  qu'il  reste  bien  peu  d'es- 
poir de  le  retrouver.  Plus  de  cinquante  ans  se  sont  écoulés 
depuis  que  cette  traduction  a  vu  le  jour  ;  l'édition  de 
ChampoUion-Figeac  est  épuisée  depuis  longtemps  et  le 
progrès  des  études  historiques  n'a  pas  respecté  plusieurs 
des  hypothèses  que  l'éditeur  avait  développées  dans  une 
longue  introduction,  placée  en  tête  de  son  livre  (2).  Aussi 


(i)  UYstoire  de  H  Normant  et  la  Chronique  de  Robert  Viscari  par  Ami, 
moine  de  Mont-Cassin,  publiées  pour  la  première  fois,  d'après  un  manus- 
crit françois  inédit  du  xm«  siècle,  appartenant  à  la  bibUothèque  royale, 
pour  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  par  M.  Champollion-Figeac.  In-8' 
dccvn-37op.  Paris,  Renouard,  1835.  C'est,  je  crois,  le  premier  volume 
publié  par  la  Société  de  THistoire  de  France.  Nous  verrons  que  Champollion- 
Figeac  a  tort  d'atttibuer  k  Aimé  la  Chronique  de  Robert  Viscart. 

(2)  Cette  introduction  n'a  pas  moins  de  107  pages  in-8*. 


VU) 

h  Société  de  F  histoire  de  Normandie  ayant  décidé  de  donner 
une  nouvelle  édition  de  la  traduction  de  YHistoria  Nor- 
mannorum  et  ayant  bien  voulu  me  confier  ce  travail,  j'ai 
dû,  dans  l'introduction  qui  suit,  exposer  sur  Aimé  et  sur 
son  œuvre,  telle  quelle  est  arrivée  jusqu'à  nous,  l'état 
actuel  de  nos  connaissances. 


I. 


AIMÉ,    ÊVÊaUE  ET  MOINE  AU  MOKT-CASSIK. 

Dans  la  seconde  moitié  du  xi^  siècle  vivait  au  monas- 
tère du  Mont-Cassin.  en  Italie,  un  moine  nommé  Amatus; 
voici  les  quelques  renseignements  que  nous  avons  sur 
lui. 

Pierre  Diacre,  continuateur  de  la  Chronique  du  Mont- 
Cassin  de  Léo  de'  Marsi,  écrit  1.  DI,  c.  33  :  «  Amatus 
quoque  episcopus  et  hujus  monasterii  monachus,  his 
diebus,  scripsit  versus  de  gestis  Apostolorum  Pétri  et 
Pauli  et  hos  in  quattuor  libros  divîsît.  Ystoriam  quoque 
Normannorum  componens,  nomini  ejusdem  abbatis 
dicavit  »  (i).  Le  «  his  diebus  »  désigne  l'époque  où  Didier 
fut  abbé  du  Mont-Cassin,  103  8-1086;  c'est  donc  à  lui 
qu' Amatus  dédia  son  histoire  des  Normands. 

Dans  un  autre  de  ses  ouvrages,  le  De  viris  illustribus 
Casinensibus,  le  même  Pierre  Diacre  parle  encore  d' Ama- 
tus, il  écrit  :  «  Amatus  episcopus  et  Casinensis  monachus 

(i)  Mmuminta  Gtnmmia  bistorica,  in-iblio,  t.  VII,  p.  7^. 


IX 


in  scripturis  disertissimus  et  versificator  admirabilis. 
Scripsit  ad  Gregorium  papam  versus  de  gestis  Aposto- 
lorum  Pétri  et  Pauli  et  hos  in  quatuor  libres  divisit  : 
fecitetdelaudeejusdempontificis,  de  duodecimlapidibiis 
et  civitate  cœlesti  Hierusalem.  Historiam  quoque  Nor- 
mannorum  edidit,  eandem  que  in  libres  octo  divisit.  Fuit 
autem  temporibus  supradictorum  imperatonim  »  (i). 

L*ouvrage  dont  nous  publions  la  traduction  étant  une 
histoire  des  Normands,  divisée  en  huit  livres,  composée 
par  un  moine  du  Mont-Cassin  et  dédiée  à  l'abbé  Didier, 
il  est  évident  qu'il  a  pour  auteur  cet  Amatus  dont  parle 
Pierre  Diacre.  Malheureusement  cette  traduction  ne  nous 
enseigne  à  peu  près  rien  sur  l'auteur  de  VHistoria  Nor- 
mannorum.  Le  VIII*  livre  débute  par  cette  phrase  :  «  Puiz, 
par  ordene  de  lo  ystoire  devons  dire  la  prise  de  la  cité  de 
Saleme  dont  fii  cestui  moine  »  (2).  Est-ce  là  une  glose 
du  traducteur,  car  il  s'en  permet  assez  souvent,  ou  est-ce 
la  traduction  du  texte  d'Aimé?  Dans  le  premier  cas, 
comme  le  traducteur  vivait  environ  deux  cents  ans  après 
Aimé  et  qu^il  pouvait  être  plus  ou  moins  mal  informé, 
sa  supposition  n'aurait  qu'une  valeur  relative;  Hirsch 
croit  au  contraire  que  cette  donnée  vient  d'Aimé  lui- 
même,  par  la  raison  que  le  traducteur,  lorsqu'il  ajoute 
un  commentaire  de  ce  genre,  laisse  voir  que  le  commen- 
taire est  de  lui,  ce  qu'il  ne  fait  pas  dans  le  passage  en 
question  (3)  et  Hirsch  cite  à  l'appui  de  sa  remarque  le 

(i)  C.  XXX;  MuRATORi  :  Rtrum  Italicarum  Scriptores,  T.  VT^  coL  36. 

(2)  a.  infira,  livre  YIH,  c  i. 

(5)  Amatus  von  Monie-Cassino  uttd  seine  GescbicbU  der  Normanntm,  tint 
kritiscbe  UnUrsucbung  von  F.  Hirsch  dans  les  Forschungen  lur  d.  Gescbicbte, 
T.  VIII,  p.  ao6,  sqq.  1868. 


commentaire  du  livre  El*  c.  49  :  «  Et  par  ceste  parole  se 
mostre  que  cestui  moine  translateor  de  ceste  ystoire  fu  à 
lo  temps  de  cestui  abbé  Désidère  »  (i).  Le  traducteur 
•  d'Aimé  a  parfois,  comme  nous  le  verrons,  de  telles  dis- 
tractions, il  a  une  orthographe  et  des  procédés  de  traduc- 
tion si  peu  uniformes  que  l'observation  de  Hirsch  ne 
saurait  me  convaincre.  Toutefois  les  détails  qu'Aimé 
donne  sur  Salerne,  précisément  dans  le  VEI'  livre  et  en 
d'autres  endroits  de  son  histoire,  ia  connaissance  appro- 
fondie des  lieux  que  trahissent  ces  détails,  la  chaleur  avec 
laquelle  il  parle  des  iniquités  de  Gisulfe,  prince  de 
Salerne,  contre  ses  sujets,  m'inclineraient  à  penser,  mais 
non  pas  pour  la  raison  alléguée  par  Hirsch,  que  cette 
phrase  du  début  du  VIII*  livre  est  en  effet  une  donnée 
fournie  par  Aimé  et  que  très  probablement  il  était  de 
Salerne.  C'est  là  du  reste  le  seul  renseignement  que  la 
traduction  d'Aimé  nous  fournisse  sur  sa  biographie; 
voici  deux  autres  indications  qui  nous  viennent  d'ail- 
leurs. 

Gattola  a  publié  une  charte  par  laquelle  Didier,  abbé 
du  Mont-Cassin,  accorde,  en  juin  1060,  divers  privilèges 
à  la  ville  de  Traetto  ;  cette  charte  est  signée  de  cette 
manière  : 

+  Ego  Desiderius  Dei  gratia  abbas  ss. 

f  Ego  Amatus  monachus  ss. 

+  Ego  Landulfus  sacerdos  et  monachus. 

f  Ego  Geraldus  indignus  presbyter  et  monachus  inter- 
fui  et  subscripsi  (2). 

(i)  Cf.  infra,  livre  UI,  c.  49. 

(2)  Gattola  :  Ad  bistoriam  abhatûe  Cassimnsis  Accessioms.  T.  I,  col.  158- 


Si,  comme  il  est  bien  probable,  il  s'agit  ici  de  notre 
Amatus,  il  faut  en  conclure  qu'en  juin  1060  il  était 
moine  au  Mont-Cassin,  mais  qu'à  cette  époque  il  n'avait 
pas  encore  reçu  la  prêtrise  ;  sans  cela,  il  aurait  certaine- 
ment écrit  comme  les  autres  :  Sacerdos  et  monachus. 

Le  Necrologium  Casinense,  édité  par  Muratori,  porte  à 
la  date  du  i"  mars  —  Kalendis  Martii  —  «  Amatus  epis- 
copus  et  monachus  »  (i).  Aimé  est  donc  mort  un  pre- 
mier mars  ;  ce  Necrologium  n'indique  pas  ordinairement 
Tannée  du  décès  qu'il  mentionne,  il  ne  donne  que  la 
formule  nécessaire  pour  le  Mémento  de  la  messe  de  l'anni- 
versaire. 

Pierre  Diacre  ayant  à  deux  reprises  donné  à  Aimé  le 
titre  d'episcopus  et  le  Necrologium  Casinense  agissant  de 
ihême,  on  s'est  demandé  de  quel  diocèse  Aimé  avait  été 
évêque,  et  cette  question  n'a  pas  encore  reçu  de  réponse 
concluante. 

Dans  la  courte  préface  de  son  second  volume  des  Mis- 
cellanea  (2),  Baluze  soutint  le  premier  qu'Aimé,  moine 
du  Mont-Cassin,  l'auteur  de  l'histoire  des  Normands, 
était  le  même  qu'Aimé,  évêque  d'Oleron,  plus  tard  arche- 
vêque de  Bordeaux  et  qui  fut  plusieurs  fois,  en  France  et 
en  Espagne,  légat  des  papes  Grégoire  Vil  et  Urbain  H. 
L'hypothèse  de  Baluze  a  été  ensuite  reproduite  par  Ma- 
billon  (3),  par  les  auteurs  de  ï Histoire  littéraire  de  la 

(i)  Muratori.  R.  I.  SS.  T.  VII,  p.  939  sqq. 

(2)  Edition  in-8**  de  1679. 

(5)  Annales  ordinis  S.  Bénédictin  t.  V.  p.  239,  n**  28.  Champollion-Figeac 
écrit  que  Mabillon  donna  à  l'hypothèse  de  Baluze  son  adhésion  formelle 
(Introduction,  p.  xl);  il  n'en  est  rien;  Mabillon  se  borae  à  énoncer  le  sen- 
timent de  Baluze,  il  dit  :  Baluzius  suspicatur. . . 


XIJ 

France  (i)  et  par  le  Gallia  Cbristiana  (2).  Marca  n'avance 
rien  de  semblable  ;  dans  son  Histoire  de  Béarn,  publiée 
en  1640,  par  conséquent  près  de  quarante  ans  avant  les 
mélanges  de  Baluze,  il  se  contente  d'affirmer,  sans  le 
démontrer,  qu'Aimé,  évêque  d'Oleron,  ensuite  arche- 
vêque de  Bordeaux,  était  originaire  du  Béam  :  «  le  pais 
de  Béam  qui  a  produit  un  personnage  de  si  grande  consi- 
dération »  (3). 

Les  documents  que  nous  possédons  aujourd'hui  per- 
mettent d'affirmer  que  le  sentiment  de  Baluze  est  inad- 
missible ;  Aimé  du  Mont-Cassin  et  Aimé,  évêque  d'Oleron, 
sont  deux  personnages  contemporains,  il  est  vrai,  mais 
qu'on  ne  saurait  identifier. 

Il  est  plusieurs  fois  question  de  cet  évêque  d'Oleron 
dans  la  correspondance  de  S.  Grégoire  Vil;  la  première 
mention  se  trouve  dans  une  lettre  de  ce  pape,  écrite  en 
septembre  1074  ^^  adressée  à  Isembert,  évêque  de  Poi- 
tiers (4).  Elle  nous  apprend  qu'à  cette  date  Aimé  était 
évêque  d'Oleron,  légat  du  pape  et  investi  de  la  confiance 
du  Saint-Siège  qu'il  représentait.  L'année  où  l'évêque 
d'Oleron  prit  possession  de  son  siège,  n'étant  pas  connue 
d'une  manière  précise,  nous  nous  contenterons  de  cette 
date  de  1074;  elle  suffit  à  notre  but,  car  il  est  certain 
qu'en  1074,  Aimé  du  Mont-Cassin,  l'auteur  de  l'histoire 
des  Normands,  n'était  pas  évêque  d'Oleron.  Cette  his- 
toire des  Normands  va  —  nous  le  verrons  plus  tard  — 

(i)  T.  IX,  p.  226,  sqq. 

(2)  T.  II,  p.  806. 

(3)  Histoire  du  Béam,  p.  328. 

(4)  GREGORn  VII.  Rtgist.  U,  2,  p.  X09  sq.  des  Monumenta  Gregoriana  de 
]aff6.  Berlin,  in-S",  1865. 


xuj 

jusqu'en  1078,  et,  lorsqu'il  la  composa,  Aimé  était  reli- 
gieux au  Mont-Cassin  et  sous  la  juridiction  de  l'abbé 
Didier.  Ainsi,  en  dédiant  son  ouvrage  à  Didier,  Aimé  lui 
écrit  :  «  O  la  licence  et  bénédiction  vostre  et  o  tout  l'aide 
de  la  grâce  de  Dieu,  ai-jé  comencié  seçont  ce  que  je 
avoie  en  cuer  ;  et  li  fait  de  li  Normant,  liquel  sont  digne 
de  notre  mémoire,  ai-je  en  Vin  volume  de  livre  distincte. 
Et  a  ce  que  non  soit  fatigue  de  chercier  a  ceuz  qui 
volissent  alcune  chose  lire  de  l'ystoire,  chascun  volume 
ai-je  noté  o  cert  capitule;  en  toute  ceste  choze  plus  voille 
estre  a  vostre  jugement.  Père,  que  de  moi  escriptor  »  (i). 
L'histoire  des  Normands  en  Vin  livres  était  donc  termi- 
née lorsque  Aimé  la  dédiait  à  Didier  ;  il  n'a  pu  par  con- 
séquent écrire  cette  dédicace  avant  1078  et,  à  cette  date, 
il  n'est  que  simple  moine  (dans  cette  même  dédicace,  un 
peu  avant  le  passage  cité,  il  va  au  devant  de  l'objection 
qui  pourrait  lui  être  faite  que  «  non  convient  a  un  moine 
escrive  les  batailles  de  li  seculer  »  Qi)  et  moine  au  Mont- 
Cassin.  Tout  son  désir  est  de  rester  jusqu'à  la  fin  de  ses 
jours  dans  sa  studieuse  retraite  et  d'avoir  l'abbé  Didier 
pour  lui  fçrmer  les  yeux  ;  ainsi  il  écrit  dans  l'histoire  des 
Normands,  livret 0%  c.  49  :  «  Je  desirre  de  morir  a  lo 
temps  de*  cest^i  saint  abbé  (Didier),  et  voil  qu'il  vive 
après  ma  mort.  Et  que  cestui  à  l'ultime  jor  de  ma  vie  me 
face  l'absolut^n  de  mes  péchiez  »  (3). 

n  est,  je  crois,  inutile  d'insister  sur  cette  démonstration 
devenue  facile  depuis  que  nous  avons  la  traduction  de 

(i)  Cf.  infrsi  la  dédicace  de  ronvrage  i  Didier,  abbé  da  Mont-Cassin. 

(2)  Cf.  infra  la  dédicace  de  Touvrage. 

(3)  Cf.  infra,  livre  III,  c.  52. 


XIV 


l'ouvrage  d'Aimé.  Si  Baluze  et  ceux  qui  ont  partagé  son 
sentiment  avaient  eu  cette  traduction  entre  les  mains,  à 
défaut  du  texte  original,  ils  n'auraient  jamais  cherché  à 
identifier  un  moine  du  Mont-Cassin,  né  ^certainement 
dans  l'Italie  du  sud,  s'y  trouvant  encore  en  1078,  avec 
un  Béarnais,  évoque  d'Oleron  en  1074,  et  absorbé,  dès 
cette  époque,  par  le  gouvernement  de  son  diocèse  et  la 
gestion  des  affaires  ecclésiastiques  du  sud-ouest  de  la 
France. 

Champollion-Figeac  admet  qu'Aimé,  l'auteur  de 
l'histoire  des  Normands,  n'est  pas  le  même  qu'Aimé, 
évèque  d'Oleron  et  plus  tard  archevêque  de  Bordeaux  (1), 
mais  il  veut  prouver  que  l'Aimé  du  Mont-Cassin  est  devenu 
évoque  de  Nusco  (Nuscum  Hirpinorum),  évêché  suflBra- 
gant  de  l'archevêché  de  Salcrne,  et  cette  hypothèse  n*est 
pas  plus  admissible  que  l'était  celle  de  Baluze.  Il  y  a  bien 
eu  au  XI*  siècle  un  Aimé,  évêque  de  Nusco,  mais  sa  bio- 
graphie, comme  nous  allons  le  voir,  ne  permet  pas  de 
reconnaître  en  lui  l'auteur  de  l'histoire  des  Normands. 

On  comprend  l'embarras  des  BoUandistes  lorsqu'ils  ont 
eu  à  écrire  la  vie  et  à  élucider  les  actes  de  saint  Aimé, 
premier  évêque  de  Nusco;  ils  n'avaient  guère  à  leur  dispo- 
sition que  des  documents  apocryphes  ou  d'une  autorité 
très  contestable  et  en  outre  devenus,  dans  l'Italie  du  sud, 
l'objet  d'une  polémique  d'autant  plus  interminable  que 
les  combattants  visaient  surtout,  au  Heu  de  chercher  la 
vérité,  à  rehausser  les  origines  de  telle  église  ou  de  tel 
couvent.  De  là,  dans  la  dissertation  des  BoUandistes,  des 

(i)  ProUgomines,  p.  XLiv. 


XV 


hésitations,  des  tâtonnements  et  finalement  des  conclu* 
sions  que  Di  Meo  a  quelque  peu  bousculées  (i). 

Sur  saint  Aimé,  premier  évèque  de  Nusco,  dans  l'ancien 
royaume  de  Naples,  nous  avons  les  documents  suivants  : 
I*  un  testament  du  saint,  daté  du  mois  de  septembre 
1093  (2)  ;  2°  des  hymnes,  des  antiennes,  des  leçons  et 
des  répons  faisant  partie  de  l'office  de  saint  Aimé  célébré, 
tous  les  ans,  dans  le  diocèse  de  Nusco  et'  à  la  célèbre 
abbaye  de  Monte-Virgine  (3)  ;  3°  une  vie  du  saint,  com- 
posée par  François  de  Ponte,  prêtre  de  Nusco  ;  cette  vie 
rédigée,  dit-on,  en  1461,  a  été  imprimée  en  1543,  elle  a 
été  hiiQ  surtout  avec  les  leçons,  antiennes,  hymnes  et 
répons  de  l'office  du  saint  (4);  4®  une  seconde  vie  de 
saint  Aimé,  composée  en  1 5  8 1  par  Félix  Renda,  moine 
et  prieur  à  Monte-Virgine  (5). 

De  ces  quatre  documents,  nous  pouvons  dès  mainte- 
nant en  éliminer  deux,  le  premier  et  le  dernier.  Le  pre- 
mier, parce  qu'il  est  apocryphe,  les  BoUandistes  l'ont 
déclaré  explicitement  et  leur  sentiment  paraît  fondé  (6); 
le  quatrième,  parce  que  le  but  de  F.  Renda  est  de  prouver 
qu'Aimé  a  vécu,  non  pas  au  xi*,  mais  au  xii5  siècle,  qu'il 
a  été  moine  à  Monte-Virgine  (abbaye  fondée  seulement 


(1)  Voyez  l'étude  des  Bollandistbs  :  Acta  Sanctorum  Augusti,  t.  VI,  701- 
728.  —  DiMeo  :  Annali  del  regno  dt  Napolif  t.  VIU,  p.  155  sqq. 

(2)  BOLLANDISTES,  /.  T.,  p.  704. 

(5)  Bollandistbs,  /.  c,  p.  702. 

(4)  Bollandistbs,,  Acta  SS.  AugusH,  t.  VI,  p.  844-847. 

(5)  S.  Amati  vUa,  auciore  Fsua  Rbnda;  Bollandistbs,  /.  c,    p.  735- 
728. 

(6)  «  >Scriptum  istud  ule  esse  ut  vir  prudens  ci  fîdem  adhibere  nec  possit 
nec  debeat  ».  Bollandistes,  /.  r.,  p.  706. 


XV) 

au  XII*  siècle),  puis  évéque  de  Nusco,  deii56àii93,  an- 
née de  sa  mort  ( i).  Évidemment,  si  le  sentiment  émis  par 
F.  Renda  était  Texpression  de  b  vérité,  la  question  qoe 
nous  étudions  ici  serait  par  là  même  résolue;  Aimé, 
premier  évéque  de  Nusco  et  mort  en  1 193,  ne  pourrait, 
en  aucune  façon,  être  identifié  avec  Aimé  écrivant  ao 
Mont-Cissin,  vers  1078,  une  histoire  des  Normands. 
Mais  Di  Meo  a  prouvé,  depuis  la  publication  de  la  disser- 
tation des  BoUandis tes,  que  la  vie  de  saint  Aimé,  par  Renda, 
n'avait  aucune  valeur  historique;  cette  vie  prétend 
qu'Aimé  a  été  évéque  de  Nusco  de  1156  à  1193  ;  or  Di 
Meo  a  établi,  à  l'aide  de  deux  documents  provenant  des 
archives  de  la  Cava,  qu'en  1 164,  l'évèché  de  Nusco  était 
occupé  par  un  évéque  du  nom  de  Guillaume,  lequel  avait 
eu  pour  prédécesseur  en  11 47  un  autre  évéque  du  nom 
de  Roger  (2). 

Il  nous  reste  donc  pour  savoir  quelle  a  été  la  vie 
d'Aimé,  premier  évéque  de  Nusco,  au  xi*  siècle,  les  ré- 
pons, antiennes,  hymnes  et  leçons  de  son  office,  ce  qu'on 
a  appelé  YOctavarium  (parce  qu'on  les  lisait  ou  qu'on  les 
chantait  durant  les  huit  joursde  l'octave  de  la  fête  dusaint) 
et  qui  forment  la  trame  de  la  vie  du  saint  par  François  de 
Ponte.  Mais  ici  encore  il  faut  faire  une  dernière  distinc- 
tion ;  l'office  de  S.  Aimé  était  célébré  non  pas  seulement 
dans  l'église  de  Nusco,  mais  aussi  à  l'abbaye  de  Monte- 


(x)  Félix  Renda  termine  par  cette  phrase  le  second  chapitre  de  sa  biogra- 
graphie  :  «  Orando  spiritnm  commendavit  snx  aetatis  anno  89,  incama- 
tionis  1193,  Cslestino  lll,  pontif.  maz.  existente.  m  Bollandistes,  i.  r., 
p.  726. 

(3)  Di  Meo  :  Annali  iel  regno  di  Napoli,  t  VIIl,  p.  368  sqq. 


XVlj 

Virgîne  et  le  texte  de  cet  office,  c'est-à-dire  les  documents 
liturgiques,  of&e  des  variantes  assez  notables  suivant  qu'il 
est  en  usage  à  Nusco  ou  à  Monte-Virgine.  Voici,  par 
exemple,  deux  variantes  d'un  hymne  : 


i         Office  de  Nusco  : 

Office  de  Monte-Virgine  : 

Deo  servire  studuit 
Sub  caritatis  régula. 

Deo  servire  studuit 
Sub  régula  monastica. 

■ 

Camem  afflixit  jogiter 
Cam  kbore  multiplid 
Viam  seqaens  humiliter 
Patrisqne  sui  SUphani, 

Girnem  afflixit  jugiter 
Cnm  labore  multiplid 
Viam  sequens  humiliter 
Patrisque  GuUelmi  (i). 

L'office  de  Nusco  étant  le  plus  ancien,  les  variantes 
ont  été  introduites  par  les  moines  de  Monte-Virgine  pour 
faire  d'Aimé  un  moine  de  kur  abbaye  au  xn*  siècle, 
avant  qu'il  ne  devint  évêque  de  Nusco.  D'un  autre  côté, 
Di  Meo  ayant  montré  ce  qu'il  y  avait  d'inadmissible  dans 
cette  hypothèse,  il  faut  se  borner,  pour  reconnaître  la 
biographie  du  saint,  aux  monuments  liturgiques,  tels 
qu'ils  ont  été  conservés  dans  l'église  de  Nusco.  Voici  les 
données  qu'ils  nous  fournissent  : 

Dès  son  enfance,  Aimé  se  fit  remarquer  à  Nusco  par 
sa  piété  et  sa  charité  pour  les  pauvres;  Iç  respect  et  la 
vénération  dont  il  était  entouré  augmentèrent  encore 
lorsqu'il  fut  devenu  prêtre,  aussi  la  ville  de  Nusco  le 
voulut  pour  archiprêtre  et  il  exerça  ces  fonctions  à  la 
satisfaction  de  tous.  L'éclat  des  vertus  de  l'archiprêtre 
brillant  davantage  de  jour  en  jour,  les  notables  de  Nusco 

(i)  Hymne  des  secondes  vêpres  de  la  fête  du  saint  donné  par  les  Bollan- 
DiSTES,  /.  c,  p.  703,  d'après  Toffice  de  Monte-Virgine,  et  p.  84),  d'après 
celui  de  Téglise  de  Nusco;  voyex  aussi  F.  Hirsch,  1.  c,  p.  210. 

B 


rT.n 

soog^renr  Ji  k  fers  cLfTcr  x  lepiscQ^nc;  us  ofadmcot 
du  pocToir  crnl  çxze  lear  ville  ievizic  on  skg^e  qiaayal 
et  c;::'Ainic  £;t  Le  prunier  i  iV  issecir.  H  illqvn  sqq 
epûxopa:  pir  de  nocur^ruL  ziirikiles*  par  Li  âbadaciOQ  oq 
a  resiiuriiioa  de  p.^i<t^:ss  csiises,  et  nociut  en  1093, 
le  30  septembre  suiviiit  'jj:e  rricidcn,  le  31  Joùt  soi- 
v2a:  ane  lace. 

Un  tel  evique  de  Ncsco  ze  sacnît  être  identifié  avec 
l'aatenr  de  VHistcria  Xomunncr^m.  Les  nxsoos  suivantes 
s'y  opposent  : 

i^  Aimé  dn  Mont-Cassia  est  mon  an  i*  mars;  tandis 
que  l'évëque  de  Nusco  est  mon  an  30  septembre  on  an 
31  août  (i); 

2"  L'évcque  de  Xcsco  a  été,  disent  les  Bollandistes, 
honoré  comme  saint  :  il  était  à  peine  mon  depuis  trente  ans, 
que  son  culte  commençait  à  se  répandre  (2)  ;  or  Pierre 
Diacre,  qui  écrivait  à  cette  même  époque  et  qui  nous 
parle  à  deux  reprises  d'Aimé  du  Mont-Cassin,  n'aurait 
certainement  pas  manqué  de  mentionner  ce  culte  si  les 
deux  Aimé  avaient  été  une  seule  et  même  personne.  On 
sait  combien,  à  travers  tout  le  moyen  âge,  les  églises  ont 
été  soucieuses  de  la  mémoire  de  leurs  saints,  combien 
elles  sont  empressées  de  les  revendiquer  lorsqu'ils  leur 
appanienncnt  par  quelque  circonstance  de  leur  vie  ;  or, 

(i)  La  seconde  édition  de  U  vie  de  saint  Aimé  par  Félix  Renda  portait  qo*il 
était  mort  :  «  die  ultima  Aagasti  »  ;  cf.  Bollandistes,  lih.  cit.,  p.  717,  et  les 
Bollandittcs  ont  adopté  cette  date  ;  Fr.  de  Ponte  dit  au  contraire  qo*il  était 
mort  :  mcnse  septembrio,  ultimo  die  ejusdem  mensis.  Bollandistes,  p.  846. 
Pour  le  lourde  la  mort  d'Aimé  du  Mont-G^sin,  cf.  supra,  p.  xj,  note  i. 

(a)  Les  Bollandistes  écrivent  :  «  Cultus  sancti  inchoatus  videtnr  tiiginta 
circitcr  annis  post  mortcm  »;  lih.  cit.,  p.  701. 


XIX 


ni  Pierre  Diacre,  ni  les  nombreux  écrivains  du  Mont- 
Cassin  dans  les  siècles  suivants,  n'ont  revendiqué  Tévêque 
de  Nusco  comme  une  de  leurs  gloires;  s'ils  ne  Font  pas 
Eut,  c'est  que  saint  Aimé  de  Nusco  et  Aimé  du  Mont- 
Cassia  étaient  pour  eux  des  personnages  distincts; 

3*  Les  documents  cités  plus  haut  prouvent  que  l'auteur 
de  l'histoire  des  Normands  a  été,  pendant  au  moins 
vingt  ans,  moine  au  Mont-Cassin,  de  1060  à  1080;  or, 
les  textes  liturgiques,  concernant  l'évèque  de  Nusco,  ne 
disent  de  lui  rien  de  semblable  ;  un  tel  silence  est  évidem- 
ment significatif;  ces  textes  liturgiques  établissent  même 
que  le  futur  évèque  de  Nusco  n'a  pu  résider  comme  moine 
au  Mont'Cassin  de  1060  à  1080.  Us  rapportent  qu'il 
fut  successivement  prêtre  et  archiprêtre  dans  son  pays 
natal  et  qu'il  y  mourut,  après  avoir  été  environ  quarai^te-. 
cinq  ans  évêque  de  Nusco.  Or,  en  1060,  Fauteur  de 
rbistoire  des  Normands  est  au  Mont-Cassin,  n'a  pas 
encore  reçu  la  prêtrise  et  reste  dans  ce  monastère  au  moins 
jusqu'en  1080.  Ce  n'est  donc  qu'après  1080  qu'il  aurait 
pu  aller  à  Nusco,  pour  y  devenir  prêtre,  archiprêtre  et 
évêque  ;  mais  où  placer  alors  les  longues  années  de  cet 
épiscopat  puisque  Aimé,  évêque  de  Nusco  est  mort  en 
1093  ?  On  voit  qu'une  telle  supposition  est  contredite 
par  les  faits  les  mieux  établis  et  que  Champollion-Figeac 
s'est  trompé  du  tout  au  tout. 

Mais  alors  de  quel  diocèse  Fauteur  de  l'histoire  des 
Normands  a-t-il  été  évêque  ?  Pour  résoudre  cette  question, 
il  £iut,  je  crois,  examiner  quelle  était  au  xi^  siècle  la 
situation  hiérarchique  de  Fabbé  du  Mont-Cassin  et,  en 
général^  celle  des  abbés  des  monastères  bénédictins  au 


moyen  âge  ;  ces  abbés  n'avaient  pas  le  caractère  épiscopal  ; 
ils  jouissaient  de  grandes  prérogatives^  commandaient  à 
des  légions  de  moines,  portaient^  celui  du  Mont-Cassin 
par  exemple,  la  crosse  et  la  mitre  mais  ils  n'étaient  pas 
évêques.  Les  papes  ont  accordé  à  plusieurs  d'entre  eux  le 
pouvoir  de  donner  les  ordres  mineurs  aux  futurs  prètses, 
d'administrer  la  confirmation,  mais  jamais  ils  n'ont  eu, 
en  tant  qu'abbés,  le  pouvoir  de  conférer  les  ordres  majeurs, 
le  sous-diaconat,  le  diaconat  et  la  prêtrise.  Quelques 
autres  fonctions  exclusivement  réservées  aux  évêques  leur 
étaient  également  interdites. 

D'unautrecôté,  ces  grandes  abbayes  bénédictines  étaient 
exemptes,  c'est-à-dire  relevaient  directement  du  pape; 
l'évoque  ou  l'archevêque  dans  le  diocèse  duquel  elles  se 
trouvaient  n'avait  aucune  juridiction  sur  elles;  il  ne 
pouvait  officier  dans  l'église  de  l'abbaye,  y  exercer  quelque 
fonction  épiscopale  que  s'il  y  était  invité  par  l'abbé.  On 
sait  combien  ces  exemptions  ont  causé  de  conflits  entre 
les  évoques  diocésains,  mécontents  de  voir  que  leur  auto- 
rité n'était  pas  reconnue  sur  toute  l'étendue  de  leur 
diocèse,  et  les  abbés  bénédictins  qui,  s'appuyant  sur  les 
privilèges  accordés  par  le  Saint-Siège,  défendaient  vis-à- 
vis  de  l'ordinaire  l'indépendance  de  leurs  monastères. 

n  résultait  de  cet  état  de  choses  que  lorsque  l'abbé 
voulait  avoir  dans  son  église  une  cérémonie  réservée  aux 
seuls  évêques,  par  exemple,  la  collation  de  l'un  des  ordres 
majeurs  à  l'un  de  ses  religieux,  il  invitait  un  évêque  (il 
n'était,  en  aucune  façon,  tenu,  dans  ce  cas,  d'inviter 
l'évêque  du  diocèse)  et  les  religieux  ainsi  ordonnés  pro- 
mettaient d'obéir  au  Saint-Siège  et  à  leurs  abbés,  mais 


XX) 

nullement  à  Tévêque  dont  ils  avaient  reçu  Tordination. 

Aujourd'hui  encore,  Tabbé  du  Mont-Cassin  agit  à  cet 
égard  comme  ses  prédécesseurs  du  xi'^  siècle  ;  si  la  grande 
abbaye  a  perdu  ses  possessions  temporelles,  son  chef  est 
du  moins  resté  le  pasteur  d'un  des  plus  vastes  diocèse^  de 
ritalie,  il  administre  ce  diocèse,  en  dirige  le  clergé  et  les 
fidèles,  mais  n'ayant  pas  le  caractère  épiscopal,  il  recourt 
à  l'archevêque  de  Capoue,  ou  à  tel  autre  évêque  pour 
l'ordination  de  ses  prêtres  et  pour  les  autres  cérémonies 
réservées  aux  évêques. 

Presque  toujours  les  évêques  ont  rendu  avec  empres- 
sement aux  abbés  bénédictins  ces  services  de  bon 'voisi- 
nage; mais  parfois  aussi  les  mésintelligences  assez  firé- 
quentes  entre  le  clergé  séculier  et  le  clergé  régulier  ont 
dû  causer  aux  abbés  bénédictins  de  graves  embarras  lors- 
qu'ils avaient  à  faire  appel  à  l'obligeance  d'un  évêque. 

Dès  le  VIII*  siècle,  lorsque  l'ordre  de  S.  Benoît,  devenu 
une  puissance,  avait  dans  toute  la  chrétienté  de  profondes 
racines,  plusieurs  grandes  abbayes,  notamment  celles  de 
S.  Martin  de  Tours  et  de  S.  Denis,  au  diocèse  de  Paris, 
voulurent  obtenir  du  Saint-Siège  que,  dans  leurs  grandes 
agglomérations. monastiques,  l'un  des  moines,  tout  en 
restant  sous  l'obéissance  de  l'abbé,  fut  revêtu  du  caractère 
épiscopal  ;  ils  avaient  compris  qu'il  n'y  aurait  plus  dès 
lors  de  démarches  quelquefois  pénibles  à  faire  et  que 
Tabbaye  se  suffirait  complètement  à  elle-même.  Ce  moine, 
évêque  sans  diocèse  et  dépendant  d'un  abbé  qui  n'avait 
pas  le  caractère  épiscopal,  était,  il  faut  bien  le  dire,  une 
nouveauté  dans  l'église;  aussi,  ce  ne  fut  pas  sans  diffi- 
culté que  les  bénédictins  obtinrent  ce  qu'ils  désiraient  ; 


XIV 

Touvrage  d'Aimé.  Si  Baluze  et  ceux  qui  ont  partagé  son 
sentiment  avaient  eu  cette  traduction  entre  les  mains,  à 
défaut  du  texte  original,  ils  n'auraient  jamais  cherché  à 
identifier  un  moine  du  Mont-Cassin,  né^ certainement 
dans  riulie  du  sud,  s'y  trouvant  encore  en  1078,  avec 
un  Béarnais,  évêque  d'Oleron  en  1074,  ^^  absorbé,  dès 
cette  époque,  par  le  gouvernement  de  son  diocèse  et  la 
gestion  des  afiaires  ecclésiastiques  du  sud-ouest  de  la 
France. 

Champollion-Figèac  admet  qu'Aimé,  l'auteur  de 
l'histoire  des  Normands,  n'est  pas  le  même  qu'Aimé, 
évêque  d'Oleron  et  plus  tard  archevêque  de  Bordeaux  (1), 
mais  il  veut  prouver  que  l'Aimé  du  Mont-Cassin  est  devenu 
évêque  de  Nusco  (Nuscum  Hirpinorum),  évêché  suffira- 
gant  de  l'archevêché  de  Salerne,  et  cette  hypothèse  n'est 
pas  plus  admissible  que  l'était  celle  de  Baluze.  Il  y  a  bien 
eu  au  XI'  siècle  un  Aimé,  évêque  de  Nusco,  mais  sa  bio- 
graphie, comme  nous  allons  le  voir,  ne  permet  pas  de 
reconnaître  en  lui  l'auteur  de  l'histoire  des  Normands. 

On  comprend  l'embarras  des  Bollandistes  lorsqu'ils  ont 
eu  à  écrire  la  vie  et  à  élucider  les  actes  de  saint  Aimé, 
premier  évêque  de  Nusco;  ils  n'avaient  guère  à  leur  dispo- 
sition que  des  documents  apocryphes  ou  d'upe  autorité 
très  contestable  et  en  outre  devenus,  dans  l'Italie  du  sud, 
l'objet  d'une  polémique  d'autant  plus  interminable  que 
les  combattants  visaient  surtout,  au  lieu  de  chercher  la 
vérité,  à  rehausser  les  origines  de  telle  église  ou  de  tel 
couvent.  De  là,  dans  la  dissertation  des  Bollandistes,  des 

(i)  ProUgomines,  p.  xuv. 


XV 


hésitations,  des  tâtonnements  et  finalement  des  conclu- 
sions que  Di  Meo  a  quelque  peu  bousculées  (i). 

Sur  saint  Aimé,  premier  évèque  de  Nusco,  dans  l'ancien 
royaume  de  Naples,  nous  avons  les  documents  suivants  : 
I*  un  testament  du  saint,  daté  du  mois  de  septembre 
1093  (2)  ;  2°  des  hymnes,  des  antiennes,  des  leçons  et 
des  répons  faisant  partie  de  l'office  de  saint  Aimé  célébré, 
tous  les  ans,  dans  le  diocèse  de  Nusco  et*  à  la  célèbre 
abbaye  de  Monte- Virgine  (3)  ;  j°  une  vie  du  saint,  com- 
posée par  François  de  Ponte,  prêtre  de  Nusco  ;  cette  vie 
rédigée,  dit-on,  en  1461,  a  été  imprimée  en  1543,  elle  a 
été  faite  surtout  avec  les  leçons,  antiennes,  hymnes  et 
répons  de  l'office  du  saint  (4);  4®  une  seconde  vie  de 
saint  Aimé,  composée  en  1 5  8 1  par  Félix  Renda,  moine 
et  prieur  à  Monte- Virgine  (5). 

De  ces  quatre  documents,  nous  pouvons  dès  mainte- 
nant en  éliminer  deux,  le  premier  et  le  dernier.  Le  pre- 
mier, parce  qu'il  est  apocryphe,  les  BoUandistes  l'ont 
déclaré  explicitement  et  leur  sentiment  paraît  fondé  (6)  ; 
le  quatrième,  parce  que  le  but  de  F.  Renda  est  de  prouver 
qu'Aimé  a  vécu,  non  pas  au  xi^,  mais  au  xn5  siècle,  qu'il 
a  été  moine  à  Monte- Virgine  (abbaye  fondée  seulement 


(i)  VoycK  l'étude  des  Bollandxstes  :  Acta  Sanctorum  Augustin  t.  VI,  701- 
738.  —  DiMeo  :  Annali  tUl  regno  di  Nap(^i,  t.  VIII,  p.  155  sqq. 

(2)  BOLLANDISTES,  /.  C,  p.  704. 

(3)  BOLLANDISTES,  /.  C,    p.    702. 

(4)  BoLLANDiSTBS,,  Acta  SS,  Augusti,  t.  VI,  p.  844-847. 

(5)  s,  Amati  vUa,  auciore  Fsucz  Rbnda.;  Bollandistes,  /.  <;.,   p.  723- 

728. 

(6)  «>Scriptum  istud  ule  esse  ut  vir  prudens  ei  Hdcm  adhibere  nec  possit 

nec  debeat  ».  Bollakdistes,  /.  (.,  p.  706. 


XV) 

au  XII*  siècle),  puis  évêque  de  Nusco,  deii56àii93,  an- 
née de  sa  mort  (i).  Évidemment,  si  le  sentiment  émis  par 
F.  Renda  était  l'expression  de  la  vérité,  la  question  que 
nous  étudions  ici  serait  par  là  même  résolue;  Aimé, 
premier  évêque  de  Nusco  et  mort  en  1193,  °^  pourrait, 
en  aucune  façon,  être  identifié  avec  Aimé  écrivant  au 
Mont-Cassin,  vers  1078,  une  histoire  des  Normands. 
Mais  Di  Meo  a  prouvé,  depuis  la  publication  de  la  disser- 
tation des  BoUandistes,  que  la  vie  de  sain t  Aimé,  par  Renda, 
n'avait  aucune  valeur  historique;  cette  vie  prétend 
qu'Aimé  a  été  évêque  de  Nusco  de  115  6  à  11 93  ;  or  Di 
Meo  a  établi,  à  l'aide  de  deux  documents  provenant  des 
archives  de  la  Cava,  qu'en  11 64,  l'évêché  de  Nusco  était 
occupé  par  un  évêque  du  nom  de  Guillaume,  lequel  avait 
eu  pour  prédécesseur  en  11 47  un  autre  évêque  du  nom 
de  Roger  (2). 

n  nous  reste  donc  pour  savoir  quelle  a  été  la  vie 
d'Aimé,  premier  évêque  de  Nusco,  au  xi'  siècle,  les  ré- 
pons, antiennes,  hymnes  et  leçons  de  son  office,  ce  qu'on 
a  appelé  YOctavarium  (parce  qu'on  les  lisait  ou  qu'on  les 
chantait  durant  les  huit  jours  de  l'octave  de  la  fête  du  saint) 
et  qui  forment  la  trame  de  la  vie  du  saint  par  François  de 
Ponte.  Mais  ici  encore  il  faut  faire  une  dernière  distinc- 
tion ;  l'office  de  S.  Aimé  était  célébré  non  pas  seulement 
dans  l'église  de  Nusco,  mais  aussi  à  Tabbaye  de  Monte- 


(x)  Félix  Renda  termine  par  cette  phrase  le  second  chapitre  de  sa  biogn« 
graphie  :  «  Orando  spiritum  commendavit  snx  ctatis  anno  89,  incarna- 
tionis  X195,  Cclestino  III,  pontif.  max.  existente.  »  Bollandistbs,  /.  r., 
p.  726. 

(2)  Di  Meo  :  Annali  iel  regno  di  Napoli,  t.  VIII,  p.  }68  sqq. 


XVlj 


Virgine  et  le  texte  de  cet  office,  c'est-à-dire  les  documents 
liturgiques,  offi'e  des  variantes  assez  notables  suivant  qu'il 
est  en  usage  à  Nusco  ou  à  Mon  te- Virgine.  Voici,  par 
exemple,  deux  variantes  d'un  hymne  : 


a         Office  de  Nusco  : 

Deo  servire  stoduit 
Sub  caritatis  régula. 

Carnem  tfflixit  jugiter 
Cam  libore  multiplia 
Viam  seqnens  humiliter 
Patrisque  sni  Stephani, 


Office  de  Monte-Virgine  : 

Deo  servire  studuit 
Sub  régula  monastica, 

Carnem  afflixit  jugiter 
Cum  labore  multiplia 
Viam  seqnens  humiliter 
Patrisque  GuiUlmi  (i). 


L'office  de  Nusco  étant  le  plus  ancien,  les  variantes 
ont  été  introduites  par  les  moines  de  Monte- Virgine  pour 
faire  d'Aimé  un  moine  de  leur  abbaye  au  xii*  siècle, 
avant  qu'il  ne  devint  évêque  de  Nusco.  D'un  autre  côté, 
Di  Meo  ayant  montré  ce  qu'il  y  avait  d'inadmissible  dans 
cette  hypothèse,  il  faut  se  borner,  pour  reconnaître  la 
biographie  du  saint,  aux  monuments  liturgiques,  tels 
qu'ils  ont  été  conservés  dans  l'église  de  Nusco.  Voici  les 
données  qu'ils  nous  fournissent  : 

Dès  son  enfance,  Aimé  se  fit  remarquer  à  Nusco  par 
sa  piété  et  sa  charité  pour  les  pauvres;  le  respect  et  la 
vénération  dont  il  était  entouré  augmentèrent  encore 
lorsqu'il  fut  devenu  prêtre,  aussi  la  ville  de  Nusco  le 
voulut  pour  archiprètre  et  il  exerça  ces  fonctions  à  la 
satisfection  de  tous.  L'éclat  des  vertus  de  l'archiprêtre 
brillant  davantage  de  jour  en  jour,  les  notables  de  Nusco 

(x)  Hymne  des  secondes  vêpres  de  la  fête  du  saint  donné  par  les  Bollan- 
DiSTES,  /.  r.,  p.  703,  d'après  l'office  de  Monte- Virgine,  et  p.  845,  d'après 
celui  de  Téglise  de  Nusco;  voyex  aussi  F.  Hirsch^  1.  c,  p.  210. 

B 


XVllj 

songèrent  à  le  £iire  élever  à  l'épiscopat;  ils  obtinrent 
du  pouvoir  civil  que  leur  ville  devint  un  siège  épiscopal 
et  qu'Aimé  fut  le  premier  à  s'y  asseoir.  Il  illustra  son 
épiscopat  par  de  nombreux  miracles,  par  la  fondation  ou 
la  restauration  de  plusieurs  églises,  et  mourut  en  1093, 
le  30  septembre  suivant  une  tradition,  le  51  août  sui- 
vant une  autre. 

Un  tel  évêque  de  Nusco  ne  saurait  être  identifié  avec 
l'auteur  de  VHistoria  Norniannorum.  Les  raisons  suivantes 
s'y  opposent  : 

I**  Aimé  du  Mont-Cassin  est  mort  un  !•*  mars;  tandis 
que  l'évéque  de  Nusco  est  mort  un  30  septembre  ou  un 
31  août  (i); 

2"^  L'évêque  de  Nusco  a  été,  disent  les  BoUandistes, 
honoré  comme  saint  ;  il  était  à  peine  mort  depuis  trente  ans, 
que  son  culte  commençait  à  se  répandre  (2)  ;  or  Pierre 
Diacre,  qui  écrivait  à  cette  môme  époque  et  qui  nous 
parle  à  deux  reprises  d'Aimé  du  Mont-Cassin,  n'aurait 
certainement  pas  manqué  de  mentionner  ce  culte  si  les 
deux  Aimé  avaient  été  une  seule  et  môme  personne.  On 
sait  combien,  à  travers  tout  le  moyen  âge,  les  églises  ont 
été  soucieuses  de  la  mémoire  de  leurs  saints,  combien 
elles  sont  empressées  de  les  revendiquer  lorsqu'ils  leur 
appartiennent  par  quelque  circonstance  de  leur  vie  ;  or, 

(i)  La  seconde  édition  delà  vie  de  saint  Aimé  par  Félix  Renda  portait  qa*il 
était  mort  :  «  die  ultima  Angnsti  »  ;  cf.  Bollandistes,  lib.  cit.,  p.  717,  et  les 
BolUndistes  ont  adopté  cette  date  ;  Fr.  de  Ponte  dit  au  contraire  qu'il  était 
mort  :  mcnse  septembrio,  ultimo  die  ejusdem  mensis.  Bollandistes,  p.  846. 
Pour  le  jonr  de  la  mort  d'Aimé  du  Mont-Cassin,  cf.  supra,  p.  xj,  nott  i . 

(2)  Les  Bollandistes  écrivent  :  «  Cultua  sancti  inchoatus  videtnr  triginta 
circitcr  annis  post  mortem  •;  lib.  cit.,  p.  701. 


XIX 


ni  Pierre  Diacre,  ni  les  nombreux  écrivains  du  Mont- 
Cassin  dans  les  siècles  suivants,  n'ont  revendiqué  Tévêque 
de  Nusco  comme  une  de  leurs  gloires;  s'ils  ne  l'ont  pas 
£ût,  c'est  que  saint  Aimé  de  Nusco  et  Aimé  du  Mont- 
Cassia  étaient  pour  eux  des  personnages  distincts; 

3®  Les  documents  cités  plus  haut  prouvent  que  l'auteur 
de  l'histoire  des  Normands  a  été,  pendant  au  moins 
vingt  ans,  moine  au  Mont-Cassin,  de  1060  à  1080;  or, 
les  textes  liturgiques,  concernant  l'évêque  de  Nusco,  ne 
^sent  de  lui  rien  de  semblable  ;  un  tel  silence  est  évidem- 
ment significatif;  ces  textes  liturgiques  établissent  même 
que  le  futur  évèque  de  Nusco  n'a  pu  résider  comme  moine 
au  Mont-Cassin  de  1060  à  1080.  Ils  rapportent  qu'il 
fut  successivement  prêtre  et  archiprètre  dans  son  pays 
natal  et  qu'il  y  mourut,  après  avoir  été  environ  quarai^te-- 
cinq  ans  évèque  de  Nusco.  Or,  en  1060,  l'auteur  de 
l'histoire  des  Normands  est  au  Mont-Cassin,  n'a  pas 
encore  reçu  la  prêtrise  et  reste  dans  ce  monastère  au  moins 
jusqu'en  1080.  Ce  n'est  donc  qu'après  1080  qu'il  aurait 
pu  aller  à  Nusco,  pour  y  devenir  prêtre,  archiprètre  et 
évèque  ;  mais  où  placer  alors  les  longues  années  de  cet 
épiscopat  puisque  Aimé,  évèque  de  Nusco  est  mort  en 
1093  ?  On  voit  qu'une  telle  supposition  est  contredite 
par  les  faits  les  mieux  établis  et  que  Champollion-Figeac 
s'est  trompé  du  tout  au  tout. 

Mais  alors  de  quel  diocèse  l'auteur  de  l'histoire  des 
Normands  a-t-il  été  évèque  ?  Pour  résoudre  cette  question, 
il  faut,  je  crois,  examiner  quelle  était  au  xi^  siècle  la 
situation  hiérarchique  de  l'abbé  du  Mont-Cassin  et,  en 
général^  celle  des  abbés  des  monastères  bénédictins  au 


moyen  âge  ;  ces  abbés  n'avaient  pas  le  caractère  épiscopal  ; 
ils  jouissaient  de  grandes  prérogatives^  commandaient  à 
des  légions  de  moines,  portaient,  celui  du  Mont-dssîn 
par  exemple,  la  crosse  et  la  mitre  mais  ils  n'étaient  pas 
évêques.  Les  papes  ont  accordé  à  plusieurs  d'entre  eux  le 
pouvoir  de  donner  les  ordres  mineurs  aux  futurs  prêtres, 
d'administrer  la  confirmation,  mais  jamais  ils  n'ont  eu, 
en  tant  qu'abbés,  le  pouvoir  de  conférer  les  ordres  majeurs, 
le  sous-diaconat,  le  diaconat  et  la  prêtrise.  Quelques 
autres  fonctions  exclusivement  réservées  aux  évêques  leur 
étaient  également  interdites. 

D'unautrecôté,  ces  grandes  abbayes  bénédictines  étaient 
exemptes,  c'est-à-dire  relevaient  directement  du  pape  ; 
l'évêque  ou  l'archevêque  dans  le  diocèse  duquel  elles  se 
trouvaient  n'avait  aucune  juridiction  sur  elles;  il  ne 
pouvait  officier  dans  l'église  de  l'abbaye,  y  exercer  quelque 
fonction  épiscopale  que  s'il  y  était  invité  par  l'abbé.  On 
sait  combien  ces  exemptions  ont  causé  de  conflits  entre 
les  évêques  diocésains,  mécontents  de  voir  que  leur  auto- 
rité n'était  pas  reconnue  sur  toute  Tétendue  de  leur 
diocèse,  et  les  abbés  bénédictins  qui,  s'appuyant  sur  les 
privilèges  accordés  par  le  Saint-Siège,  défendaient  vis-à- 
vis  de  l'ordinaire  l'indépendance  de  leurs  monastères. 

n  résultait  de  cet  état  de  choses  que  lorsque  l'abbé 
voulait  avoir  dans  son  église  une  cérémonie  réservée  aux 
seuls  évêques,  par  exemple,  la  collation  de  l'un  des  ordres 
majeurs  à  l'un  de  ses  religieux,  il  invitait  un  évêque  (il 
n'était,  en  aucune  façon,  tenu,  dans  ce  cas,  d'inviter 
l'évêque  du  diocèse)  et  les  religieux  ainsi  ordonnés  pro- 
mettaient d'obéir  au  Saint-Siège  et  à  leurs  abbés,  mais 


XX] 

nullement  à  Tévêque  dont  ils  avaient  reçu  l'ordination. 

Aujourd'hui  encore,  l'abbé  du  Mont-Cassin  agit  à  cet 
égard  comme  ses  prédécesseurs  duxi*  siècle;  si  la  grande 
abbaye  a  perdu  ses  possessions  temporelles,  son  chef  est 
du  moins  resté  le  pasteur  d'un  des  plus  vastes  diocèse^  de 
l'Italie,  il  administre  ce  diocèse,  en  dirige  le  clergé  et  les 
fidèles,  mais  n'ayant  pas  le  caractère  épiscopal,  il  recourt 
à  l'archevêque  de  Capoue,  ou  à  tel  autre  évêque  pour 
l'ordination  de  ses  prêtres  et  pour  les  autres  cérémonies 
réservées  aux  évêques. 

Presque  toujours  les  évêques  ont  rendu  avec  empres- 
sement aux  abbés  bénédictins  ces  services  de  bon 'voisi- 
nage; mais  parfois  aussi  les  mésintelligences  assez  firé- 
quentes  entre  le  clergé  séculier  et  le  clergé  régulier  ont 
dû  causer  aux  abbés  bénédictins  de  graves  embarras  lors- 
qu'ils avaient  à  faire  appel  à  l'obligeance  d'un  évêque. 

Dès  le  vin*  siècle,  lorsque  l'ordre  de  S.  Benoît,  devenu 
une  puissance,  avait  dans  toute  la  chrétienté  de  profondes 
racines,  plusieurs  grandes  abbayes,  notamment  celles  de 
S.  Martin  de  Tours  et  de  S.  Denis,  au  diocèse  de  Paris, 
voulurent  obtenir  du  Saint-Siège  que,  dans  leurs  grandes 
agglomérations, monastiques,  l'un  des  moines,  tout  en 
restant  sous  l'obéissance  de  l'abbé,  fut  revêtu  du  caractère 
épiscopal  ;  ils  avaient  compris  qu'il  n'y  aurait  plus  dès 
lors  de  démarches  quelquefois  pénibles  à  faire  et  que 
l'abbaye  se  suflSrait  complètement  à  elle-même.  Ce  moine, 
évêque  sans  diocèse  et  dépendant  d'un  abbé  qui  n'avait 
pas  le  caractère  épiscopal,  était,  il  faut  bien  le  dire,  une 
nouveauté  dans  l'église;  aussi,  ce  ne  fut  pas  sans  diffi- 
culté que  les  bénédictins  obtinrent  ce  qu'ils  désiraient; 


XX1| 

rien  de  sarprenant  cependant  si,  à  certaines  époques  de 
l'histoire  de  l'église,  par  exemple  dans  la  seconde  moitié 
du  XI'  siècle^  le  Saint-Siège  a  parfois  accédé  à  leurs 
vœux;  alors  en  effet  l'ordre  de  S.  Benoit  gouvernait  en 
quelque  sorte  l'église,  Grégoire  Vil  et  Victor  III  étaient 
des  bénédictins  et  c'est  surtout  par  les  religieux  de 
S.  Benoit  que  s'opérait  le  grand  œuvre  de  la  réforme  (i). 

(i)  Deax  documents»  attribués  an  pape  Adrien  I  (773-795),  moatrent 
combien  les  moines  désiraient  avoir  un  évêque  an  milieu  d'eux  et  dans 
leurs  monastères,  pour  n'avoir  aucun  service  à  demander  aux  évèques  des 
diocèses  ;  par  le  premier  de  ces  documents,  le  pape  confirmant  les  privilèges 
du  monastère  de  S.  Martin  de  Tours,  permet  qu'un  èvêque  réside  dans  ce 
monastère,  «  ut  liceat  ibidem  habere  episcopum  »  ;  par  le  second,  le  même 
pape,  confirmant  un  privilège  déjà  accordé  par  son  prédécesseur  Etienne  II 
(752-757),  accorde  au  monastère  de  S.  Denis,  au  diocèse  de  Paris,  ut  «  epis- 
copns  sedem  ibi  habeat,  ab  abbate  monachis  que  eligendus  quem  TÎcini 
episcopi  aut  ipse  pontifex  Romanus  consecret  ».  On  a  grandement  discuté 
pour  savoir  si  ces  deux  documents  sont  authentiques,  les  adversaires  des 
privilèges  monastiques  se  prononçant  généralement,  comme  on  pouvait  s'y 
attendre,  pour  la  négative  ;  mais  authentiques  ou  non,  donnés  par  le  Saint- 
Siège,  ou  fabriqués  par  les  moines,  ils  n'en  éublissent  pas  moins  que  le 
vœu  de  Tordre  de  S.  Benoit  était  d'avoir  des  évèques  résidant  dans  le  monas- 
tère et  étant  à  la  disposition  de  l'abbé.  Il  est  vrai  que  les  chroniques  des 
monastères  ne  parlent  pas  de  ces  moines-évèques  n'ayant  pas  de  diocèse, 
mais  outre  qu'ils  n'ont  pu  être  que  très  peu  nombreux,  on  comprend  que 
les  abbés  les  aient  tenus  dans  l'ombre,  de  peur  que  leur  pouvoir  épiscopal 
ne  devint  un  danger  pour  l'autorité  de  l'abbé.  Plus  tard,  après  les  croisades, 
les  couvents  ont  pu  facilement  se  passer  de  ces  moines  évèques  et  les  rem- 
placer par  des  évèques  in  partibus,  le  Mont-Gissin  l'a  fiait  plus  d'une  ibis. 

Voici,  d'après  les  Regtsta  PontiJ.  rotnanorum,  la  bibliographie  de  ces  deux 
documents  d'Adrien  I.  —  Jaffe-Loewenfeld,  Reg.  Pcntif.  roman,  ^  2452  : 
Hadrianus  I  (772-79$)  monastcrii  S.  Martini  (Turonensis)  privilégia  con- 
firmât, in  his  «  ut  liceat  ibidem  habere  episcopum  •.  (Scriptum  p.  m. 
Eustachii  notarii  et  scrinarii  scd.  nostrae  in  mense  Junio,  indic.  IX.  Carolo 
patritio  Romanorum).  Gaîlia  Christ.,  XIV.  instrum.,  p.  8;  Launod 
opp.   III,   U,  28;  Lb  Cointb,  Annal   euksiast.,   VI,   295',   Monsntu, 


Je  serais  porté  à  croire  qu'Aimé,  Tauteur  de  l'histoire 
des  Normands,  a  été,  dans  ces  conditions,  revêtu  au  Mont- 
Cassin  du  caractère  épiscopal,  tout  en  restant  jusqu'à  la 
fin  de  ses  jours  sous  la  dépendance  de  l'abbé  Didier  et 
de  ses  successeurs,  s'il^a  survécu  à  celui  qu'il  aimait  pro- 
fondément et  dont  il  désirait  l'assistance  à  l'heure  de  sa 
mort.  On  s'explique  dès  lors  qu'en  parlant  de  lui,  Pierre 
Diacre  se  soit,  en  deux  endroits,  borné  à  lui  donner  les 
titres  de  episcopus  et  monachus  Casinensis^  sans  indiquer 
de  quel  diocèse  il  était  évêque,  ce  qu'il  n'aurait  pas 
manqué  de  faire  s'il  avait  eu  un  diocèse;  de  là  aussi  les 
erreurs  dans  lesquelles  sont  tombés  ceux  qui  ont  voulu 
le  6ire  évêque  de  telle  ou  telle  ville. 

Il  serait  bien  inutile  de  rechercher  en  quelle  année 
Aimé  a  été  ordonné  évêque  et  en  quelle  année  il  est  mort; 
les  documents  actuellement  à  notre  disposition  ne  pou- 


5.  Martini  Turtm,  jura  propugn»^  p.  2X  (Ep.  nostra  post  Urbano  H  pap£ 
tcansmissa  est;  cf.  Launoii  opp.  111.  II,  42,  49.  —  «  Innotuisti  profecto  ». 
Jaffz-Loewenfeld,  J^^.  Pontif.  roman,  2454  (1886).  Monasterio  S.  Dio- 
nysii  concessum  a  Stephano  II  (752-757),  privil^um,  petente  Maginario 
abbate,  confirmât  ut  episcopus  sedem  ibi  habeat,  ab  abbate  monachisque 
eiigendus,  qaem  vicini  episcopi  aut  ipse  pontifex  Romanus  consecret.  Pro 
^nria  nostram  bullam  habuerunt  :  Lb  Cointe,  Ann.  ecclesiast.f  VI.  295  ; 
AMEi^Jabrb.  I,  457;  Hinschius,  K.  R.  II,  336,  et  nulli  dubium  quin  miro 
modo  cum  ep.  -|*  2452  conveniat.  De  variis  ac  inter  se  diversis  bullte  exem- 
plaribus  Harttung,  DipL  hist,  Forscb.,  p.  74  (cf.,  p.  506)  egit,  quorum 
unum  fide  dignum  asstjmat.  Hxc  exemplaria  collegit  Le  Cointe,  1. 1.  Denique 
exemplum  cum  anno  pontificatus  i  (i,  e.  772)  Alex.  IV  papa  a.  1260, 
Juti.  30  (PoTTHAST,  Reg.  17907,  Doublet  I,  infra  scr.,  p.  $86)  confirmavit. 
SoucoND,  Cane.  Gallûe  II,  11 3 ,  Bouquet,  Rec.  V,  596,  Feubœn,  Hist.  de 
S.  DenySf  rec.  des  pièces,  p.  41,  Doublet,  Hist.  de  5.  Denys,  p.  450, 
Mansi  Xn,  832,  MiGNE,  96,  p.  1211,  Bull,  Rom.  E.  t.  I,  256  (cf.  Takdxf, 
iéoHutn,  bist,^  p.  65).  —  «  Tom  (  «  Cum)  summae  apostolics». 


vant  nous  ctre.  sot  ce  point,  de  quelque  utilité;  remar- 
quons seulement  que  si,  en  1071»  lors  de  la  consécration 
de  relise  du  Mont-Cissin,  Aimé  avait  été  évëque,  Léo 
de'  Marsi  n^aurait  probablement  pas  omis  de  le  compter  au 
nombre  des  prélats  qui  entouraient  i  cette  cérémonie  le 
pape  Alexandre  II  (i)  ;  il  aura  sans  doute  été  sacré  évéque 
pendant  les  pontificats  de  Grégoire  \1I  ou  de  Victor  HI. 
La  mon  de  Richard,  prince  de  Capoue^  survenue 
le  5  avril  1078,  étant  le  dernier  £iit  mentionné  dans 
l'histoire  des  Normands  (2).  C'est  donc  après  cette  date 
qu'Aimé  a  terminé  son  travail,  et  comme  il  le  dédie  à 
Didier,  abbé  du  Mont-Cassin,  alors  qu'il  n'était  pas  encore 
devenu  pape,  c'est-à-dire  a\-ant  le  24  mai  1086,  c'est 
entre  le  5  a\Til  1078  et  le  24  mai  1086  qu'il  a  dû  mettre 
la  dernière  main  à  son  œu\Te  et  la  dédier  à  son  supérieur. 
Un  passage  du  cinquième  livre  permet  de  préciser  davan- 
tage, il  montre  qu'Aimé  a  eu  connaissance  des  projets 
de  Robert  Guiscard  contre  l'empire  d'Orient  et  il  annonce 
que  le  duc  mettra  ces  projets  à  exécution  (3)  ;  ce  passage 
a  par  conséquent  été  écrit  avant  le  mois  de  mai  io8r, 
c'est-à-dire  avant  la  première  expédition  de  Robert  Guis- 
card contre  l'empereur  Alexis  Comnène.    Il  est  bien 


(i)  Voyez  dans  Muratou,  R.  l.  SS,,  t.  V,  p.  76  on  dans  Migke  :  Patr. 
lat.,  t.  17},  col.  997  sqq.,  la  Xarratio  de  consecratûme  et  dedicatione  euksiœ 
Casinensis  auctore  Leone  Mârsicano.  ' 

(2)  Cf.  infra,  livre  VIII,  c.  34. 

($)  Voyez  au  livre  V,  c.  3,  le  récit  de  la  vision  d*an  prêtre;  le  récit  se 
termine  par  cette  prédiction  que  Robert  Guiscard  subjuguera  rempire  de 
G)nstantinople  :  «  lo  impière  romain  de  Costentinoble,  loque!  dist  cestui 
moine  qui  estoit  à  celui  tems  vif  et  escrit  ceste  cose,  o  Tajutoire  de  Dieu 
encoire  se  lo  subjuguera,  Cf.  Himch,  /.  c,  p.  207. 


XXV 


probable  en  outre  qu'Aimé  aprait  parlé  de  l'entrevue  de 
Ceperano,  c'est-à-dire  de  la  réconciliation  entre  Gré- 
goire Vn  et  Robert  Guiscard,  si  elle  avait  eu  lieu  pendant 
qu'il  écrivait  son  histoire  ;  c'était  là  un  événement  de 
premier  ordre,  non  pas  seulement  pour  l'abbaye  du  Mont- 
Cassin  mais  pour  toute  l'Italie  méridionale;  l'entrevue 
de  Ceperano  aya;iteulieu  au  mois  de  juin  1080,  je  serais 
porté  à  croire  qu'Aimé  a  posé  la  plume  en  1078  ou  1079, 
avant  la  fin  des  longs  démêlés  entre  le  pape  et  le  duc 
normand. 

Voici  donc,  en  résumé,  les  quelques  données  quej 
nous  avons  sur  Aimé  :  né  très  probablement  à  Saleme, 
Aimé  était,  en  1060,  moine  au  Mont-Cassin;  il  y  est 
devenu  évêque,  pour  remplir  dans  la  célèbre  abbaye  les 
fonctions  épiscopales  et  sans  cesser  d'être  sous  la  dépen- 
dance de  Tabbé;  vers  1079,  il  a  terminé,  au  Mont- 
Cassin,  son  histoire  des  Normands  et  est  mort  un  pre- 
mier mars,  nous  ne  savons  en  quelle  année. 


n. 


ÉTUDE  DU  MANUSCRIT 


CONTENANT   «   l'ySTOIRE  DE  U  NORMANT.    » 


Le  poème  sur  les  apôtres  S.  Pierre  et  S.  Paul, 
composé  par  Aimé  et  dédié  à  Grégoire  Vil,  est  à  peu 
près  entièrement  perdu  ainsi  que  l'éloge  de  ce  pape  par  le 
même  auteur  (i);  enfin,  son  autre  poème  sur  les  douze 

(i)  Dans  sa  Storia  délia  hadia  di  Monte-Cassino,  t.  I,  p.  418,  419,  dom 
Tosti   a   publié  quelques  courts  fragments  de  ce  poème  sur  S.  Pierre  et 


JXW] 

pierres  et  sur  Jérusalem,  la  dté  céleste,  n'a  pas  eu  un 
meilleur  son.  Quant  à  rhistoire  des  Normands,  divisée 
en  huit  livres,  J.-B.  Marus  ayant  déclaré,  en  1(55, 
qu'elle  existait  encore  dans  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque du  Mont-Cassin  (i).  Angélus  de  Nuce,  abbé  du 
Mont-Cassin,  répondit,  en  1668,  dans  son  édition  de  la 
Chronique  du  Mont-Cassin  que  malheureusement  ce 
manuscrit  était  perdu  et  avec  lui  tout  le  travail  d'Aimé  (2). 
Les  recherches  faites,  depuis  cette  déclaration,  pour 
retrouver  YHistaria  Normannorum  avant  échoué,  il  sem- 
blait  que  l'ouvrage  d'Aimé  eût  définitivement  disparu 
lorsqu'une  découverte  nous  l'a  rendu  en  partie.  Dans' 
les  premières  années  du  xiv*  siècle,  un  seigneur  italien, 
le  comte  de  Militrée  avait  fait  traduire,  en  français, 

s.  Paul  ;  ces  fragments  proTicnnent  d'an  manuscrit  du  zi«  tiède,  apparte- 
nant à  la  bibliothèque  San-Salvatore,  k  Bologne  ;  ils  n*ont,  au  point  de 
vue  historique,  aucune  importance.  Aimé  terminait  par  la  phnse  snirante 
la  lettre  de  dédicace  de  ce  poème  &  Grégoire  VII  :  «  In  co  omne  mesm 
consumabitur  votum,  si  per  te  et  benedictionem  apostolicam  et  absolu- 
tionem  meorum  percipere  promeruero  peccatorum.  » 

(3)  Petki  Duconi  ac  bibliotbecarii  sacri  Casitunsis  arcbisierii  ds  vins 
illusiribus  Ouitiensibus  opusculum  notis  illustratum  studio  J.-B.  Mau, 
Lutetix  Parisiorum  1666  (c'est  la  reproduction  de  l'édition  de  Rome  de 
1655),  petit  in-i2.  A  la  p.  40,  il  écrit,  en  parlant  de  l'Histoire  des  Nor- 
mands par  Aimé  du  Mont-Cassin  :  «  Illamque  hodie  non  extare,  nisi  in 
manuscripto  in  Casinensi  bibliotheca  affirmant  aliqui.  » 

(3)  Chnmica  sâcri  motuLsUrii  Casmensis  auctare  Leone  Ostiensi,  ctmlmmtt' 
tort  Petro  Diacono,  in-folio,  Lutetic  Parisiorum,  1668,  edidit  Angélus  de 
Nucr.  Ncapolitanus,  abbas  Casini  ;  on  y  lit,  à  la  p.  367,  note  d  :  Amatus 
quoque  épiscopus  eu  jus  sedis  incompertum.  De  Amato  idem  Petms 
Diaconus  de  vir.  illustr.  ubi  vide  Marum,  Historiam  Normannorum,  qnam 
extarc  in  nostra  bibliotheca  indicat  idem  Marus,  eo  fato  nobis  periisse  puto, 
quo  alia  quamplurima  :  Jactura  certe  deploranda  omnibus  Cosiaatlbus, 
mihi  vero  maxime. 


XKVlj 

VHistoria  Normannorum,  et  la  bibliothèque  nationale  de 
Paris  possède  deux  exemplaires  de  cette  traduction. 

Le  premier,  actuellement  n°  688  du  fonds  français,  est 
un  £brt  beau  manuscrit  in-folio  de  212  feuillets, 
en  parchemin,  orné  de  miniatures;  il  a  été  relié  aut 
armes  de  Napoléon  I"  et  sous  ce  titre,  très  incomplet  : 
Chronique  de  Isidore  de  Seville,  La  chronique  d'Aimé  va 
d^  feuillet  125  verso  au  feuillet  199  recto.  Nous  savons 
qu'ea  1612  ce  manuscrit  faisait  partie  de  la  bibliothèque 
dePeiresc,  conseiller  du  roi  au  parlement  de  Provence  (i). 
n  passa  ensuite  dans  la,  bibliothèque  du  cardinal  Mazarin 
et,  de  là,  dans  celle  du  roi  où,  en  ,1682,  il  était  inscrit 
sous  le  n®  7133  (2). 

Le  second  manuscrit,  tiré  le  1"  avril  1612  de  la  biblio- 
thèque de  Jean-Pierre  Olivier,  également  conseiller  du 
roi  au  parlement  de  Provence  (3),  fut  acquis  par  le 


(i)  WfTftt  plus  loin,  p.  XXX,  note  5^  ce  qui  est  dit  ta  sujet  du  second 
manuscrit. 

(a)  Sur  l'achat  des  manuscrits  de  Peiresc  pour  la  bibliothèque  de  Masarin 
et  sur  l'acquisition  de  la  bibliothèque  de  Mazarin  par  la  bibliothèque  du 
roi,  croyez  L.  Deuslb  :  Le  Cabinet  des  manuscriis  et  la  bibliûibèqne  impériale , 
t.  I,  in-fbl,  p.  28a  sqq.  Dans  l'ancien  catalogue  des  manuscrits  de  la 
bibliothèque  nationale,  en  6atce  le  n*  7155,  se  tit>uve'  la  lettre  majuscule  M 
pour  indiquer  que  le  manuscrit  pKnrenait  de  la  bibliothèque  de  Masarin. 

(5)  Voici  le  titre  écrit  sur  la  première  page  de  ce  manuscrit  :  «  Roman  du 
manuscrit  de  Monsieur  de  Peiresc,  conseiller  du  Roy  au  Parlement  de  Pro* 
Tence.  —  Traduction  en  vieil  roMan  françois  :  i**  de  la  chronique  d'Isi- 
dore; 2*  de  l'histoire  romaine  d'Eutrope,  abbrégée  par  P.  Diacre  ;  3*  Du 
supplément  d'icelle,  par  Paulus  Diaconus,  moine  du  Mont-Cassin  ;  4*  de 
l'histoire  de  li  Normant,  compilée  par  un-  moine  du  Mont-Cassin  et  dédiée 
i  Désidère,  abbé  du  susdit  monastère  ;  5*  de  l'histoire  de  Robert  Guiscart.  i> 
Au-dessous  du  titre  on  lit  :  «  tiré  de  la  bibliothèque  de  Jean-Pierre  Olivier, 
le  zer  avril  i6xa.  »  Ce  second  manuscrit  nt  contient  que  les  deux  der* 


XXVllj 

savant  Duchesne  qui,  probablement,  voulait  l'utiliser 
pour  son  second  volume  des  Histarùe  Normannorum 
scriptores  antiqui  (i);  il  devint  la  propriété  de  Colbert  et 
passa  ensuite  dans  la  bibliothèque  du  roi.  Aujourd'hui, 
il  est  inscrit  à  la  bibliothèque  nationale  sous  le  n^  79  du 
fonds  Duchesne  (2). 

Le  second  manuscrit,  d'une  écriture  relativement 
moderne,  est  certainement  une  copie  du  premier;  en 
effet,  le  manuscrit  n®  688  a  été  lacéré  en  quelques 
endroits,  notamment  chap.  3s  du  Vil'  livre  àtVYstoire 
de  H  Normant.  Un  malfaiteur  a  fait  disparaître  quel- 
ques lettres  majuscules,  ornées  de  miniatures,  et  il  en 


nicrs  ouvrages  du  premier,  c'est-à-dire  l'histoire  de  li  Nomunt  et  l'histoiie 
de  Robert  Guiscard.  —  La  bibliothèque  nationale  possède  on  manuscrit  — 
fonds  français  12057  ~~  intitulé  :  Arrêts  et  délibérations  du  Paritmmi  iê 
Province,  colligis  par  M,  Honoré  d'Agar,  conseiller  en  1648,  Le  nom  dn  con- 
seiller Jean- Pierre  Olivier  se  trouve  au  bas  de  plusieurs  procès-Terbiox  des 
séances  du  Parlement  dans  les  années  qui  précèdent  on  qoi  saivent  imm^ 
diatement  161 2. 

(i)  Duchesne  écrit  dans  la  préface  de  sa  collection  :  «  Homm  (Nomunno- 
rum  scriptorum)  praxipuos  et  sinceriores  qui  tam  latino  qoam  venucnlo 
scrmonc  lucubrationes  suas  texuerunt,  in  très  divisi  tomos.....  Chronicum 
cxnobii  Deccensis  in  tomum  II  hujus  collectionis  rejed,  una  cam  historiis 
de  rébus  a  Normannis  per  Siciliam  et  Apuliam  gestis  ».  —  Prafatw,  p.  i,  5. 
Ce  second  volume  n*a  januis  vu  le  jour;  nous  ignorons  si  Duchesne  s*est  terri 
du  conseiller  J.-P.  Olivier  pour  faire  copier  dans  le  manuscrit  de  Peiitscoe 
qui  concernait  les  Normands  ou  s*il  a  plus  tard  acheté  cette  copie. 

(3)  Sur  l'acquisition  des  manuscrits  de  Colbert  par  la  bibliothèque  da  Roi, 
voyez  le  volume  déjà  cité  de  L.  Deusle  :  Le  Cabinet  des  manuscrits  de  U 
bibliothèque  impériale  y  t.  1,1.  c.  Dans  ses  Prolégomènes,  §  IV,  p.  lv,  Cham- 
pollion-l'igcac  a  énumérc  les  auteurs  qui,  avant  sa  publication  de  VYstoirt 
de  li  Wormanty  avaient  connu  le  manuscrit  Duchesne  et  en  ont  parlé  ;  il 
cite  le  P.  Lelong,  dom  Ceillier,  Gauttier  d'Arc,  Leroux  de  Uncy,  etc., 
mais  il  y  a  bien  des  erreurs  dans  ses  diverses  appréciations. 


XXIX 


est  résulté  des  lacunes  dans  le  texte.  Or,  le  manuscrit  du 
fonds  Duchesne  a  les  mêmes  lacunes  dans  son  texte,  il  a 
des  points  là  où  fait  défaut  le  manuscrit  688,  il  est  donc 
incontestable  qu'il  a  été  fait  d'après  ce  manuscrit  688  (i); 
nous  n'avons,  par  conséquent,  à  nous  occuper  que  du 
manuscrit  provenant  de  la  bibliothèque  de  Peiresc  :  c'est 
le  texte  original;  l'autre  ne  peut  nous  procurer  aucun 
renseignement  nouveau. 

La  première  page  du  manuscrit  688  est  encadrée  d'une 
marqueterie  coloriée  et  rehaussée  d'or  ;  huit  charmantes 
miniatures,  représentant  la  création  du  monde  et  la  chute 
d'Adam  et  d'Eve,  occupent  le  haut  de  la  page;  elles  sont 
sur  un  fond  colorié  et  doré,  alternativement  losange  à 
cartels  en  sautoir,  échiqueté  ou  fleurdelisé.  Dans  le  bas 
de  la  page,  se  distingue  encore  le  contour  d'un  écusson 
qui  a  été  soigneusement  effacé,  il  est  supporté  à  droite  et 
à  gauche  par  des  anges  ;  enfin,  tout  au  bas,  sont  d'autres 
miniatures,  mais  bien  maltraitées  par  le  temps,  c  est  à 
peine  si  on  reconnaît  dans  celle  de  droite  un  lion,  une 
femme  et  un  guerrier  armé.  Le  corps  de  la  page  est 
rempli  par  l'avertissement  suivant,  écrit  comme  tout  le 
manuscrit,  sur  deux  colonnes;  l'écriture,  qui  reste  la 
même  jusqu'à  la  fin  du  manuscrit,  est  une  minuscule 
italique,  massive,  serrée,  sans  traits  superflus,  à  montants 
peu  élevés  (2). 

Voici  cet  avertissement  : 

«  Ci  se  comence  le  prohème  de  la  translation,  laquel 
fait  faire  le  seignor  conte  de  Militrée,  etc. 

(i)  Voyez  sur  ce  point  les  ProUgotnènes  de  Champoluon-Fxgbac,  p.  lz. 
(2)  Chakpoluon-Figeac,  ProUgomhus,  p.  5,  §  I. 


XXX 


«  Secont  ce  que  nouz  dit  et  raconte  la  sage  phylosofo, 
tout  home  naturalment  desirre  de  savoir,  et  la  raison  si 
est  ceste  car  toute  choze  covoite  et  desirre  sa  perfection. 
Mes  il  n'est  nulle  choze  qui  face  l'orne  plus  parÊût  qae 
science,  quar  par  la  science  est  homo  fait  semblable  a 
Dieu:  Adonc  l'omo  doit  desirrer  et  covoitier  corne  pour 
sa  perfection  la  science.  Et  toutes  voiez  savoir  et  science 
sont  acquestées  et  scuez  éspecialment  par  littérature. 
Et  non  portant  toz  les  homes  qui  sont,  ne  poent 
pas  estre  si  grans  maistres  en  littérature  qu'il  puissent 
entendre  la  sentence  de  la  lettre,  et  pour  ce  juste  chose 
est  que  ceauz  lesquels  ne  poent  prestement  entendre  la 
grammère  par  laquelle  sont  ordenez  et  faiz  les  livres, 
qu'il  facent  translater  la  lettre  en  alcune  vulgal  langue, 
pour  ce  qu'il  puissent  savoir  et  entendre  aucunes  escri- 
tures  desquelles  il  ont  délectation  et  volenté  de  savoir. 
Et  pour  ceste  choze  devant  dite,  plot  et  pensa  monseignor 
conte  de  Militrée,  qu'il  ferait  translater  en  vulgal  la  chro- 
nique de  Ysidorre  secont  la  lettre,  et  pour  ce  qu'il  set 
lire  et  entendre  la  lengue  fransoize  et  s'en  delitte,  a  £ût 
translater  par  ordre,  secont  la  lettre  en  françois,  la  devant 
ditte  chronique  et  éspecialment  pour  sa  déleaation,  et 
pour  la  délectation  de  ses  amis.  Mes  pour  la  rayson  de  ce 
que  aucune  foiz  plusors  chroniques  parlent  trop  brief,  je, 
qui  li  livre  escrive  de  lettre  en  vulgal,  se  je  puiz,  j'ajou- 
drai  aucunes  bonnes  paroles  de  vérité.  Explicit  pro- 
\  logus.  » 

n  semblerait,  d'après  ce  prohème,  que  le  traducteur 
voulut  surtout  donner  au  comte  de  Militrée  une  traduc- 
tion de  la  Chronique  d'Isidore  de  Séville;  cette  chro- 


\ 
\ 


VOL) 

nique,  qui  vient  aussitôt  après  le;prohème,  n'occupe 
cependant  que  ii  feuillets  sur  les  212  que  compte  le 
manuscrit.  L'auteur  a  traduit  le  texte  ordinaire  de  la 
Chronique  qui,  partant  de  la  création  du  monde,  résume 
l'histoire  du  peuple  de  Dieu  et  descend  jusqu'au  règne  de 
l'empereur  Héracliufs  (i);  ça  et  là,  le  traducteur  se 
permet,  comme  il  le  fait  du  reste  dans  toutes  ses  autres 
traductions,  quelques  réflexions  personnelles,  ou  cite  des 
faits  qu'il  suppose  contemporains  de  ceux  qui  sont  énu- 
mérés  par  Isidore  de  Séville.  Il  ne  paraît  pas,  en  ré3umé, 
que  l'histoire  puisse  glaner  quelques  renseignements 
nouveaux  dans  cette  reproduction. 

A  la  suite  de  la  Chronique  d'Isidore  de  Séville,  le  tra- 
ducteur prend  de  nouveau  la  parole  et  écrit  les  lignes 
suivantes  : 

«  Ysidoire  parla  molt  brevement  par  toute  la  matière  ; 
come  se  puisse  alongier,  juste  cose  est  d'altre  choze 
^t  d'autre  cronique  et  ystoire  mètre  main  à  ce  que 
misire  le  conte  plus  plenement  et  sa  volente  soit  con- 
tente. Et  pour  ce,  dirons  et  raconterons  en  li  capitule  de 
desouz  ce  que  Eutroppe  romain  escrit  de  l'Ystoire  de 
Rome,  laquel  Paul  dyacono  et  moine  de  Mont-de-Cassim 
aoma  par  diversez  ajonctions«  Digne  choze  est  a  lui  de 
translater  en  vulgal  sermon,  et  de  savoir  que  cestui 
Paule  dui  foiz  escripst  ceste  ystoire  de  le  devant  dit 
Eutrope,  a  la  pétition  de  dui  nobilissime  marit  et  moillier 
de  Boni  vent,  li  compaire  del  devant  dit  dyacono.  Mes 
pour  ce  que  celle  premere  estoit  trop  fort  stille  alla  dame, 

(i)  Voyez  dans  Mione,  Pair,  lai.,  t.  83,  col.  10x7-1058,  cette  S.  Ismou 
Cbronkon,  d'après  l'édition  de  F.  Arevalo. 


«XXXlj 

une  autre  foiz  celle  meissme  ystoire  comensa  ensi  cornent 
dient  li  autre.  Toutez  voiez  pour  celle  seconde  est  trop 
prolixe  et  trop  longue  ;  et  non  pour  tant  par  manière  de 
ystoire  quant  par  manière  de  prédication  procède  a 
exponner  la  première,  laquelle  encomence  :  Premier  en 
Italie;  et  adonc  plasoit  a  l'escrivain  de  recevoir,  lequel 
cerche  par  son  pooir  a  servir  a  vostre  comandement.  » 

Vient  ensuite,  dans  le  manuscrit,  la  traduction  fran- 
çaise de  la  lettre  que  Paul  Diacre  adressa  à  Âdelpetga, 
duchesse  de  Bénévent,  lorsqu'il  lui  envoya  le  Breviarium 
d'Eutrope  augmenté,  modifié  et  continué  par  lui.  Œam- 
pollion-Figeac  a  publié  cette  traduction  dans  ses  prol^o- 
mène3  à  l'édition  de  l' Ystoire  de  li  Narmant,  et  comme  la 
bibliothèque  nationale  possède  plusieurs  manuscrits  du 
Breviarium  d'Eutrope,  modifié  par  Paul  Diacre,  il  a 
extrait  de  ces  manuscrits  le  texte  latin  de  cette  lettre  et 
l'a  publié  en  regard  de  la  traduction  française.  C'était  la 
première  fois  que  la  lettre  de  Paul  Diacre  voyait  le  jour; 
elle  a  été^  depuis  ChampoUion-Figeac,  insérée  dans  les 
éditions  de  Paul  Diacre  (i). 

Conformément  à  sa  promesse,  le  traducteur  donne 
ensuite,  en  français,  les  dix  livres  du  Breviarium  d'Eu- 
trope, avec  les  additions  et  modifications  introduites  par 
Paul  Diacre,  et  enfin  les  six  livres  composés  par  Paul 
Diacre  lui-même  pour  faire  suite  au  Breviarium. 

Le  moyen  âge  nous  ayant  laissé  de  nombreux  manus* 


(x)  EuTROPi  Breviarium  àb  urhe  condita,  édition  Drotskn,  in-4*.  Beilm» 
Weidmann,  1879,  c'est  le  second  volume  des  Auc tores  antiquiîsimi  des  Mm, 
Germania  bistorica.  La  lettre  k  Adelperga  est  à  la  page  4,  voyei  la  note  qai 
raccompagne. 


XXXllj 

crits  du  texte  original  d'Eutrope  et  de  ce  même  texte 
modifié  et  continué  par  Paul  Diacre  (i),  la  traduction 
faite  pour  le  comte  de  Militrée  ne  peut  pas  être  d'une 
grande  utilité  pour  constater  les  différences  entre  les 
deux  textes  ;  toutefois,  les  réflexions  que  le  traducteur  se 
permet  parfois  au  cours  de  son  travail,  les  faits  nouveaux 
qu'il  cite  pour  compléter  et  appuyer  ceux  de  son  auteur, 
ne  sont  pas  toujours  sans  intérêt. 

Après  avoir  donné,  avec  Isidore  de  Séville,  un  abrégé 
de  l'histoire  sainte  et,  avec  Eutrope  et  Paul  Diacre,  le 
résumé  des  annales  de  l'histoire  profane,  le  traducteur 
veut  mettre  sous  les  yeux  du  comte  de  Militrée  l'exposé  de 
l'histoire  de  l'Italie  après  la  chute  de  l'empire  romain,  et 
comme,  dans  cette  période,  deux  peuples  ont  plus  que 
les  autres  influé  sur  les  destinées  de  la  péninsule^  les 
Lombards  et  les  Normands,  c'est  à  l'histoire  des  Lom- 
bards et  des  Normands  qu'il  va  exclusivement  consacrer 
ses  derniers  travaux.  Tout  cela,  on  le  voit,  est  assez 
logique  et  suppose,  chez  ce  traducteur,  des  connaissances 
historiques  assez  complètes  et  assez  coordonnées.  Se 
conformant  à  l'ordre  chronologique,  il  s'occupe  d'abord 
des  Lombards. 

Au  recto  de  la  page  72,  le  traducteur  écrit  cette  courte 
préface  pour  annoncer  le  travail  qui  suit  : 

«  Parlé  avoit  Paul  dyacone,  exponant  et  adjongeant  a 
lo  ystoire  de  Rome  secont  Eutroppe,  quant  ce  venoit  a  la 
matière  de  li  Goth  et  de  li  Vuivole  ou  Longobart;  toutes 
foiz  secont  la  matière,  prisée  estoit  trop  petite  ou  quasi 

(i)  Drotsen  a  énuméré  ces  divers  manuscrits  dans  l'édition  que  nous 
venons  de  citer. 


nxiv 


noient  laquelle  est  ditte.  Âdonc  mostrant  toutes  les 
chozes  que  de  dire  s'en  peust,  de  li  Longobart  fist  espi- 
cial  livres,  et  les  parti  en  VI  livres  de  li  Longobart» 
secont  que  met  en  son  livre  Paule  dyacone^  mais  poi  oo 
noient  si  puet  adjoindre.  » 

Vient  après  cette  introduction  la  traduction  des  six 
livres  de  VHistoria  Langobardarum  de  Paul  Diacre.  H  est 
&cile  de  constater  que  le  traducteur  s'est  servi  d'un  texte 
tout  à  £ût  semblable  à  celui  de  l'édition  de  L.  Bethmann 
et  de  G.  Waitz  dans  les  Scriptores  rerum  Langobardicamm 
et  It(^licarum,  Soec.  VI-IX  (i).  Au  1.  I,  chap.  26,  il 
se  contente  de  copier,  sans  les  traduire^  les  vers  de  Paul 
Diacre  sur  la  vie  de  S.  Benoit  : 

Ordiar  nxide  tnos,  sacer  o  Bénédicte  triamphos, 
Virtutom  cnmalos  ordiar  onde  tnos,  etc.  (2). 

«  En  vulgare,  écrit-il,  je  ne  les  puiz  mètre  au  vers  »  il 
aurait  cependant  pu  les  traduire  sans  les  mettre  en  vers 
français.  Au  verso  de  la  p.  125  se  termine  la  traduction 
de  VHistoria  Langobardarum  par  cette  phrase  concernant 
le  roi  Liutprand  :  «  Sur  toutes  chosez  gardoit  la  paiz 
laquelle  il  avoit  avec  li  François  et  li  Avare  »  elle  corres- 
pond à  la  phrase  qui  termine  le  texte  de  Bethmann  et  de 
Waitz  :  «  maxima  semper  cura  Francorum  Avarumque 
pacem  custodiens  »  (3). 

Après  l'histoire  des  Lombards  vient  celles  des  Nor- 

(x)  In^*,  Hannovre,  1878.  VHistoria  Langobardarum  va  de  la  p.  la  à  la 
p.  187. 
(2)  P.  64,  65  de  rédition  de  Bethmann  et  Waitz. 
())  P.  187  de  rédition  de  Bethmann  et  Waia. 


XXXV 


mands  ;  nous  arrivons  donc  à  la  partie  du  manuscrit  qui 
fait  l'objet  de  la  présente  publication^  mais  cette  partie 
débute  par  une  singulière  méprise  ;  on  lit>  en  eSet,  au 
verso  du  feuillet  125  du  manuscrit,  c'est-à-dire  au  com- 
mencement de  la  traduction  de  VHistoria  Normannarum  : 
«  G  se  complit  Tystoire  de  li  Lomgobart,  laquelle  com- 
pila un  moine  du  Mont  de  Cassin  et  li  manda  à  lo  abbé 
Désidère  du  Mont  de  Cassym.  »  Paul  Diacre,  contempo- 
rain de  Charlemagne,  ayant  composé  son  histoire  des 
Lombards  dans  les  dernières  années  du  viii^  siècle,  il  est 
bien  évident  qu'il  n'a  pu  dédier  son  livre  à  l'abbé  Dési- 
dëre  ou  Didier  qui  ne  devint  abbé  du  Mont-Cassin  qu'en 
105  8,  après  la  mort  du  pape  Etienne  DC  ;  conmie  nous 
savons  par  ailleurs  que  c'est  l'histoire  des  Normands  qui 
qui  a  été  dédiée  à  Didier,  il  faut  certainement  compléter 
comme  il  suit  la  phrase  du  manuscrit  :  «  Ci  se  complit 
l'ystoire  de  li  Longobart  et  se  commence  VYstaire  de  li 
Normanty  laquelle  compila  un  moine  de  Mont-de-Cassin 
et  li  manda  à  lo  abbé  Désidère  de  Mont-de-Cassin.  ^ 

Immédiatement  après  cet  énoncé,  bien  incomplet, 
comme  on  le  voit,  vient  la  traduction  de  la  dédicace  de 
VHistoria  Normannorum  à  Didier,  abbé  du  Mont-Cassin, 
et  la  traduction  d'une  invocation  de  l'auteur  à  Dieu  le 
Père  pour  qu'il  bénisse  son  travail.  Quoique  cette  invo- 
cation fut  en  vers,  le  traducteur  la  reproduit  en  français  ; 
les  vers  d'Aimé  lui  auront  sans  doute  paru  plus  faciles  à 
traduire  que  ceux  de  Paul  Diacre.  Ces  préliminaires  pré- 
cèdent la  traduction  des  huit  livres  de  VHistoria  Nor^ 
mannarumy  divisés  en  nombre  inégal  de  chapitres;  en 
tête  de  chaque  livre  se  trouve  un  résumé  des  chapitres  du 


^«k  «t«i«U       "TIZ"-      ^.^      —  >'     *ilT**'lilAi 


rini:  _->^>— t-.: —  ru:=^-:ir  r-*nini  jt  icîxl  i  Zszrnxrât 

Ti.r*.rf.  ^li  jiC  i^iiur  -^"-  ziinn;  ut  l&rci-Cxssîa  et 
:  1  "_  X  icvLc  j;<  i::^r  J."r=s  ji  icc  zn~rl  i.  IxTce  Dâdîer; 
_  i<c  tTiii^z'^  r-T— e  -nms  rr-rns  iii-i  i:i  cccssâoa  de  k 
,Ljri.  -le  ris  i.:iiiic:i<  ?  irciici^sr:  ri  zarÊse  Aîsaè  et  ne 
re^TTic:  i"ir'Ti-.*-ir  c-i  -:-•  rc::îC3;  zccs  sxtoqs  pzr 
r'.-irri  3'-icri  ~  •'  x  ~e  iz:_-  nojziî  1:2  lAzct-Cissin,  ci 
•  _'-l  1  irJ_i  1  Tirr^  Zi.»iLir  Jcs  "  :*-  Lîttïïs  oe  soq  hîs" 

7  j-:  =-  TZ^iii:^  i.:ic:i=:i=::  ccczx5!5;izoî,  et  les  noces 
j::i  icccnriiiziz:  cc  :ii:i  iiCiTziiz-e:::  Lx  xaknr  des 
i:nz=t5  iiiiijr.cuis  :jj.nlis  ?c:  li  rroîze  du  Mont* 
Cisêin.  Xciiis  zj,-5  Vcr:icrji3  io"C.  Jir.s  Li  dernière 

•  •  T  •  -  ■  •  * 


:;:rn::r.e  ris,  co=i=:e  en  rcumi:  le  croire,  par  les  hait 
ii'.Tes  de  r  IVr^.'^rV;  i^  .7  AV---u.«[::  i  a  sui^î  da  hoinème 
e:  dernier  livre,  rj  recto  du  feinlle:  199,  sins  2utre  pro- 
heme  ou  rrèan:bu;e,  on  li:  en  ene:  ce  titre  :  «  De  on 

* 

nobîc  biron  de  Xomendie  liquel  esioîc  père  Robert.  » 


XXXVlj 

C'est  le  début  d'un  autre  ouvrage  comprenant  deux 
livres,  le  premier  de  27,  le  second  de  14  chapitres  et 
racontant  surtout  les  exploits  de  Robert  Guiscart  et  de 
ses  frères,  avec  un  court  résumé  du  règne  de  Roger  P% 
neveu  de  Robert  Guiscard  ;  en  iioi,  Roger  I"  succéda 
à  son  père  Roger  le  grand  comte,  en  1 130  il  se  fit  cou- 
ronner roi  de  Sicile  et  mourut  le  26  février  1 154.  Il  a  été 
facile  de  constater  que  ces  deux  livres  étaient  la  traduc- 
tion d'un  texte  latin  publié  au  xviii*'  siècle,  d'abord  par 
Caruso,  sous  le  titre  de  Anonymi  hisioria  SiculUy  a  Nar- 
mannis  ad  Petrum  Aragonensem,  ex  bibliothua  Vaticana  et 
ensuite,  par  Muratori,  sous  ce  titre  :  Anonymi  Vaticani 
hisioria  Sicula  ab  ingressu  Normannorum  in  Apuliam, 
usque  ad  unnum  1282  (i). 

Que  cette  Anonymi  hisioria  Sicula  soit  un  abrégé  de 
VHistoria  Sicula  de  Geoffroy  Malaterra,  historien  béné- 
dictin du  XI*  siècle,  c'est  ce  que  démontre  la  comparaison 
des  deux  textes  (2);  l'abréviateur  s'est  borné  à  enre- 
gistrer d'une  façon  sommaire  les  faits  racontés  par  son 
modèle,  il  suit  le  même  ordre  que  lui,  sauf  à  élaguer  les 
détails  qui  ne  rentrent  pas  dans  son  cadre  plus  restreint. 
Lorsque  s'arrête,  avant  la  fin  du  xi*'  siècle,  le  travail  de 
Malaterra,  V Anonymi  hisioria  Sicula  n'est  plus  qu'une 
simple  nomenclature,  et,  suivant  les  manuscrits,  cette 


(i)  Cakusius  :  Bihliothe.  hist.  regni  Siciîia,  t.  II,  p,  829  sqq.  Muratori 
R.  I.  SS.,  t.  VIII,  p.  745  sqq. 

(2)  Voyez  sur  cette  question,  l'article  de  R.  Wilmans  :  ht  Amatusvon 
Monti  Cassino  der  Verfasser  der  Cbronlca  Robert  i  Biscardi?  dans  VArcbiv  der 
Gesellscbaft  fur  altère  deutsche  Gescbicbtskunde,  t.  X,  p.  122  sqq.  Wilmans 
na  |Ms  eu  de  peine  à  démontrer  que  cette  chronique  n'était  pas  d'Aimé. 

"l        '-  ■-     >.        /   y-    ■    ^   i   t 


nzviij 

nomenclature,  œuvre  de  plusieurs  continuateurs,  s'étend 
jusque  vers  la  fin  du  xiii^  siècle.  \ 

Il  n'est  pas  possible  de  supposer  que  VAnanymi  bistoria 
Skula  ait  été,  au  contraire,  le  cannevas  développé  ensuite 
par  G.  Malaterra,  car  un  passage  de  cet  anonyme, 
dans  la  partie  qu'il  emprunte  i  Malaterra,  prouve 
qu'il  a  connu  les  rois  normands  de  Sicile,  lesquels  n'ont 
commencé  à  porter  la  couronne  royale  qu'à  partir  do 
25  décembre  1130;  il  a  donc  vécu  en  plein  xii*  siècle, 
tandis  que  Malaterra  est  un  écrivain  du  xi*  siècle. 
Parmi  les  rares  additions  que  l'abréviateur  a  faites  en 
résumant  le  texte  de  G.  Malaterra,  se  trouve,  en  effet,  une 
pièce  de  vers  dans  laquelle  le  poète  célèbre  les  vertus 
militaires  de  Robert  Guiscard,  on  lit  dans  cette  pièce  les 
quatre  vers  suivants  : 

Ut  breviter  brevibos  possit  (possîm)  comprehendere  verbis, 
Kec  primum  similem  potuit,  nec  habere  sequentem; 
Regibus  exceptis,  eadem  quos  dixit  (daxit)  origo, 
Per  quos  diluent  (diluitur)  foex  et  pagana  caligo  (i). 

Le  traducteur  du  comte  de  Militrée  rend  de  la  manière 
suivante  ces  quatre  vers  :  «  De  loquel  dist  ceste  auctor 
que  estoit  tel  home  que  home  devant  lui  non  fu  el  monde, 
sans  les  roys  et  de  liquel  descendirent  rois,  liquel  des- 
truistrent  puiz  la  gent  Sarrazine  (2)  ».  On  voit  que 
l'argument  est  sans  réplique  et  que  VAnonymi  bistoria 
Sicula  ne  peut,  en  aucune  £içon,  avoir  été  composée  au 
XI*  siècle. 

(l)  MURATOU,  L  VIII,  p.  754* 

(a)  Chrcniquê  de  Roberi  Viscart,  l,  13,  p.   277  de  rédition  de  Cbampol- 

UON-FiCBAC 


XXXIX 


Cbampollion-Figeac,  donnant  à  quelques  expressions 
dtt  traducteur  d'Aimé  une  valeur  et  une  importance 
exagérées,  est  tombé  dans  une  singulière  méprise  au  sujet 
de  YAnonymi  historia  Sicula;  il  voit  dans  cet  opuscule, 
non  pas  un  abrégé  de  G.  Malaterra,  mais  un  ouvrage 
original  et  veut  démontrer  qu'Aimé  du  Mont-Qssin  en 
est  lauteur,  aussi  a-t-il  inséré  la  traduction  de  cet  opus- 
cule à  la  suite  de  son  édition  de  1*  Ysioire  de  li  Normant 
et,  dans  ses  Prolégomines,  il  consacre  plusieurs  pages  à  la 
démonstration  de  cette  thèse,  tout  à  hit  insoutenable(i). 
Le  texte  de  Pierre  Diacre,  que  Champollion-Figeac  con- 
naissait, et  qu'il  cite,  aurait  dû  cependant  lui  £aire  com- 
prendre qu'il  faisait  fausse  route  en  soutenant  cette  thèse; 
Pierre  Diacre,  énumérant  les  ouvrages  composés  par 
Aimé,  ne  lui  attribue,  comme  nous  l'avons  vu  (2),  qu'un 
seul  travail  sur  les  Normands,  c'est-à-dire  l'histoire  des 
Normands,  divisée  en  huit  livres  et  dédiée  à  l'abbé 
Didier.  Avant  de  supposer  que  Pierre  Diacre,  ordinaire- 
ment SL  exact,  était  incomplet  en  cet  endroit  et  qu'en 
réalité  Aimé  eut  laissé  un  autre  écrit  sur  le  même  sujet, 
il  £dlait  des  arguments  autrement  décisifs  que  ceux  pré- 
sentés par  Qiampollion-Figeac.  Les  quatre  vers  en  l'hon- 
neur de  Robert  Guiscard,  cités  plus  haut  et  extraits  de 
VAnonymi  historia  Sicula^  suâSsent  à  ruiner  l'hj^othèse 
de  Champollion-Figeac.  Comme  il  a  déjà  été  dit,  ces 
vers  démontrent  que  l'auteur  de  cet  écrit  vivait  en  plein 


(i)  ProUgotHina,  p.  Lxxn,  sqq.  ;  §  VU  ii  Vautmr  àt  la  Chromqm, 
(2)  ce  snpn,  viijy  ItUroduetioH,  p.  m. 


xl 

XII*  siècle,  après  1 154  (i),  ce  ne  peut  donc  être  Aimé  du 
Mont-Cassin  qui,  en  1060,  était  moine  dans  ce  monas- 
tère et  qui,  selon  toute  apparence,  est  mort  avant  la  fin 
du  XI*  siècle. 

ÇhampoUion-Figeac  ayant  placé  en  1093  ^^  mort 
d'Aimé,  est  amené  par  là  même  à  déclarer  que  tout  ce 
qui  dans  VAnonymi  historia  Sicula  a  trait  aux  événements 
survenus  après  la  mort  de  Robert  Guiscard  (chap.  10-14 
du  second  livre  de  la  traduction  fi'ançaise),  ne  saurait 
être  d'Aimé,  et  il  avoue  que  ces  derniers  chapitres  sont 
presque  entièrement  un  résumé  de  ce  qui  est  rapporté  dans 
G.  Malaterra  (2).  Mais  puisqu'il  fait  cet  aveu,  comment 
n'a-t-il  pas  vu  qu'il  en  était  de  même  pour  les  chapitres 
antérieurs  ;  il  était  aussi  facile  de  constater  qu'ils  résu- 
maient d'autres  récits  du  même  auteur. 

Sans  vouloir  nous  attarder  à  continuer  une  démonstra- 
tion que  l'état  actuel  de  la  critique  historique  rend  facile, 
examinons  le  principal  argument  sur  lequel  s'appuie 
ChampoUion-Figeac  pour  faire  d'Aimé  l'auteur  de 
ÏAnonymi  historia  Sicula, 

La  traduction  d'Aimé  porte  :  I,  4  : 

«  En  cel  an  apparat  un  mcrveillouz  signe  pour  ceste 
forte  aventure  et  bataille  qui  estoit  a  venir,  car  l'estoille 
qui  se  clame  comète  aparut  moult  de  nuîz  et  tant  de 
fulgure  qui  resplendissoit  comment  la  lune.  Ceste 
bataille  brevcment  fu  de  li  Normant  laquelle  fu  faite  en 


(i)  Cf.  supra,  p.  xxxviij  ;  l'auteur  parle  de  plusieurs  rois  normands  de 
Sicile;  il  écrivait  donc  après  1x54  puisque  k  cette  date  est  mort  le  premier 
de  ces  rois  normands. 

(2)  ProUgomèfuSf  p.  Lxxxvni  sqq.,  §  IX. 


xlj 

lo  temps  de  cestui  qui  escrist  ceste  Ystoire,  quar  cestui 
moine  fu'  a  lo  temps  que  ces  Normans  vindrent.  Mes  il 
lo  dira  en  l'autre  Ystoire.  » 

Il  s'agit  de  la  bataille  de  Hastings,  en  Angleterre,  que 
les  Normands,  commandés  par  Guillaume,  duc  de  Nor- 
mandie, gagnèrent  en  1066,  sur  les  Anglo-Saxons  et  sur 
le  roi  Harold.  Le  traducteur  prenant  la  parole,  comme 
cela  lui  arrive  assez  souvent,  dit  que  l'auteur  de  l'histoire 
des  Normands  vivait  lorsque  cette  bataille  s'est  livrée,  ce 
qui  est  exact,  et  que  ce  même  auteur  racontera  ces 
événements  dans  l'autre  histoire.  Il  est  bien  vrai  que 
lorsque  le  traducteur  parle  de  «  l'autre  ystoire  »  il 
entend  par  là  VAnonymi  hisioria  5iVw/a  «qu'il  a  également 
traduite  (i).  Il  semblerait  donc,  au  premier  abord,  que 
cette  Anonymi  historia  Sicula  dut  parler  de  la  conquête  de 
l'Angleterre  par  les  Normands,  or,  elle  n'en  dit  rien  ; 
mais,  comme  le  passage  du  traducteur  est  quelque  peu 
obscur,  il  se  peut  qu'il  veuille  dire  simplement  que 
l'auteur  de  V Anonymi  historia  Sicula  parlera  des  batailles 
que  d'autres  Normands  ont  livrées  en  Italie  pendant  que 
leurs  compatriotes  combattaient  à  Hastings  et,  en  effet, 
Y  Anonymi  historia  Sicula  a  rapporté  les  exploits  des  Nor- 
mands en  Italie  avant,  pendant  et  après  1066. 

Admettons  donc  que,  pour  le  traducteur  d'Aimé, 
V Historia  Normannorum  etV Anonymi  hisioria  Sicula  aient 


(i)  Voyez  par  exemple  :  Ystoire  de  li  Normant,  III,  22,  et  la  Chronique 
de  Robert  Viscart,  I,  9  et  10,  p.  273  sq.  de  Tédition  de  Champollion- 
Figeac;  de  même,  Ystoire  etc.,  III,  36  et  la  Chronique,  I,  ii,  p.  275  de 
Champollion-Figeac,  plusieurs  autres  exemples  analogues  sont  cités  par 
Champollion-Figeac  :  Prolégomènes,  p.  lxxiv  sqq. 


XXXlj 

une  autre  foiz  celle  meissme  ystoire  comensa  ensi  cornent 
dient  li  autre.  Toutez  voiez  pour  celle  seconde  est  trop 
prolixe  et  trop  longue  ;  et  non  pour  tant  par  manière  de 
ystoire  quant  par  manière  de  prédication  procède  a 
exponner  la  première,  laquelle  encomence  :  Premier  m 
Italie;  et  adonc  plasoit  a  Tescrivain  de  recevoir,  lequel 
cerche  par  son  pooir  a  servir  a  vostre  comandement.  » 

Vient  ensuite,  dans  le  manuscrit,  la  traduction  fran- 
çaise de  la  lettre  que  Paul  Diacre  adressa  à  Âdelperga, 
duchesse  de  Bénévent,  lorsqu'il  lui  envoya  le  Breviarium 
d'Eutrope  augmenté,  modifié  et  continué  par  lui.  Œam- 
pollipn-Figeac  a  publié  cette  traduction  dans  s^  prol^o- 
mène3  à  l'édition  de  l' Ystoire  de  li  Narmanty  et  comme  la 
bibliothèque  nationale  possède  plusieurs  manuscrits  du 
Breviarium  d'Eutrope,  modifié  par  Paul  Diacre,  il  a 
extrait  de  ces  manuscrits  le  texte  latin  de  cette  lettre  et 
l'a  publié  en  regard  de  la  traduction  fi'ançaise.  C'était  la 
première  fois  que  la  lettre  de  Paul  Diacre  voyait  le  jour; 
elle  a  été,  depuis  ChampoUion-Figeac,  insérée  dans  les 
éditions  de  Paul  Diacre  (i). 

Conformément  à  sa  promesse,  le  traducteur  donne 
ensuite,  en  français,  les  dix  livres  du  Breviarium  d'Eu- 
trope, avec  les  additions  et  modifications  introduites  par 
Paul  Diacre,  et  enfin  les  six  livres  composés  par  Paul 
Diacre  lui-même  pour  foire  suite  au  Breviarium. 

Le  moyen  âge  nous  ayant  laissé  de  nombreux  manus- 


(x)  EuTSOPi  Breviarium  ab  urbe  condita^  édition  Drotskn,  in-4*.  Berlin, 
Weidmann,  1879,  ^*^^^  ^^  second  volume  des  Auctores  antiquissimi  des  Uom. 
Germania  bistorica,  La  lettre  &  Adelperga  est  à  la  page  4,  voyes  la  note  qui 
raccompagne. 


XXXllj 

crits  du  texte  original  d'Eutrope  et  de  ce  même  texte 
modifié  et  continué  par  Paul  Diacre  (i),  la  traduction 
faite  pour  le  comte  de  Militrée  ne  peut  pas  être  d'une 
grande  utilité  pour  constater  les  différences  entre  les 
deux  textes;  toutefois,  les  réflexions  que  le  traducteur  se 
permet  parfois  au  cours  de  son  travail,  les  faits  nouveaux 
qu'il  cite  pour  compléter  et  appuyer  ceux  de  son  auteur, 
ne  sont  pas  toujours  sans  intérêt. 

Après  avoir  donné,  avec  Isidore  de  Séville,  un  abrégé 
de  rhistoire  sainte  et,  avec  Eutrope  et  Paul  Diacre,  le 
résumé  des  annales  de  l'histoire  profane,  le  traducteur 
veut  mettre  sous  les  yeux  du  comte  de  Militrée  l'exposé  de 
l'histoire  de  l'Italie  après  la  chute  de  l'empire  romain,  et 
comme,  dans  cette  période,  deux  peuples  ont  plus  que 
les  autres  influé  sur  les  destinées  de  la  péninsule,  les 
Lombards  et  les  Normands,  c'est  à  l'histoire  des  Lom- 
bards et  des  Normands  qu'il  va  exclusivement  consacrer 
ses  derniers  travaux.  Tout  cela,  on  le  voit,  est  assez 
logique  et  suppose,  chez  ce  traducteur,  des  connaissances 
historiques  assez  complètes  et  assez  coordonnées.  Se 
conformant  à  l'ordre  chronologique,  il  s'occupe  d'abord 
des  Lombards. 

Au  recto  de  la  page  72,  le  traducteur  écrit  cette  courte 
préface  pour  annoncer  le  travail  qui  suit  : 

«  Parlé  avoit  Paul  dyacone,  exponant  et  adjongeant  a 
lo  ystoire  de  Rome  secont  Eutroppe,  quant  ce  venoit  a  la 
matière  de  li  Goth  et  de  li  Vuivole  ou  Longobart;  toutes 
foiz  secont  la  matière,  prisée  estoit  trop  petite  ou  quasi 

(i)  Drotsen  a  énuméré  ces  divers  manuscrits  dans  l'édition  que  nous 
venons  de  citer. 


nxiv 

noient  laquelle  est  ditte.  Âdonc  mostrant  toutes  ks 
chozes  que  de  dire  s'en  peust,  de  li  Longobart  fist  espé- 
cial  livres,  et  les  parti  en  VI  livres  de  li  Longobart, 
secont  que  met  en  son  livre  Paule  dyacone,  mais  poi  ou 
noient  si  puet  adjoindre.  » 

Vient  après  cette  introduction  la  traduction  des  six 
livres  de  VHistoria  Langobardarum  de  Paul  Diacre.  H  est 
facile  de  constater  que  le  traducteur  s'est  servi  d'un  teste 
tout  à  £ût  semblable  à  celui  de  l'édition  de  L.  Bethmann 
et  de  G.  Waitz  dans  les  Scriptores  rerum  LangobardùanÊm 
et  Itulicarum,  Sœc.  VI-IX  (i).  Au  1.  I,  chap.  26,  il 
se  contente  de  copier,  sans  les  traduire,  les  vers  de  Paul 
Diacre  sur  la  vie  de  S.  Benoit  : 

Ordiar  nxide  tnos,  sacer  o  Bénédicte  triamphos, 
Vixtntam  cnmalos  ordiar  onde  tnos,  etc.  (2). 

«  En  vulgare,  écrit-il,  je  ne  les  puiz  mètre  au  vers  »  il 
aurait  cependant  pu  les  traduire  sans  les  mettre  en  vers 
français.  Au  verso  de  la  p.  125  se  termine  la  traduction 
de  VHistaria  Langobardarum  par  cette  phrase  concernant 
le  roi  Liutprand  :  «  Sur  toutes  chosez  gardoit  la  paiz 
laquelle  il  avoit  avec  li  François  et  li  Avare  »  elle  corres- 
pond à  la  phrase  qui  termine  le  texte  de  Bethmann  et  de 
Waitz  :  «  maxima  semper  cura  Francorum  Avarumque 
pacem  custodiens  »  (3). 

Après  l'histoire  des  Lombards  vient  celles  des  Nor- 

(x)  In^*,  Hannovre,  1878.  VHistoria  Langohariorum  va  de  la  p.  la  à  la 
p.  187. 
(i)  P.  64,  65  de  l'édition  de  Bethmann  et  Waitz. 
())  P.  187  de  l'édition  de  Bethmann  et  Waia. 


XXXV  \ 


mands  ;  nous  arrivons  donc  à  la  partie  du  manuscrit  qui 
fait  l'objet  de  la  présente  publication,  mais  cette  partie 
débute  par  une  singulière  méprise  ;  on  lit>  en  effet,  au 
verso  du  feuillet  125  du  manuscrit,  c'est-à-dire  au  com- 
mencement de  la  traduction  de  VHistaria  Normannorum  : 
«  Q  se  complit  l'ystoire  de  li  Lomgobart,  laquelle  com- 
pila un  moine  du  Mont  de  Cassin  et  li  manda  à  lo  abbé 
Désidère  du  Mont  de  Cassym.  »  Paul  Diacre,  contempo- 
rain de  Charlemagne,  ayant  composé  son  histoire  des 
Lombards  dans  les  dernières  années  du  viii^  siècle,  il  est 
bien  évident  qu'il  n'a  pu  dédier  son  livre  à  l'abbé  Dési- 
dëre  ou  Didier  qui  ne  devint  abbé  du  Mont-Cassin  qu'en 
1058,  après  la  mort  du  pape  Etienne  DC;  comme  nous 
savons  par  ailleurs  que  c'est  l'histoire  des  Normands  qui 
qui  a  été  dédiée  à  Didier,  il  faut  certainement  compléter 
comme  il  suit  la  phrase  du  manuscrit  :  «  G  se  complit 
l'ystoire  de  li  Longobart  et  se  commence  VYsUnre  de  li 
Normantf  laquelle  compila  un  moine  de  Mont-de-Cassin 
et  li  manda  à  lo  abbé  Désidère  de  Mont-de-Cassin.  Tf> 

Inmiédiatement  après  cet  énoncé,  bien  incomplet, 
comme  on  le  voit,  vient  la  traduction  de  la  dédicace  de 
VHistaria  Normannorum  à  Didier,  abbé  du  Mont-Cassin, 
et  la  traduction  d'une  invocation  de  l'auteur  à  Dieu  le 
Père  pour  qu'il  bénisse  son  travail.  Qpoique  cette  invo- 
cation fut  en  vers,  le  traducteur  la  reproduit  en  français  ; 
les  vers  d'Aimé  lui  auront  sans  doute  paru  plus  belles  à 
traduire  que  ceux  de  Paul  Diacre.  Ces  préliminaires  pré- 
cèdent la  traduction  des  huit  livres  de  YHistoria  Nor-- 
mannorum,  divisés  en  nombre  inégal  de  chapitres;  en 
tète  de  chaque  livre  se  trouve  un  résumé  des  chapitres  du 


XXXVl 


livre,  mais  ce  résumé  n'est  pas  toujours  très  exact  et  ne 
correspond  pas  constamment  au  chapitre  indiqué. 

Le  traducteur,  qui  connaissait  les  noms  et  les  œuvres 
de  Tévêque  Isidore,  d'Eutrope  et  de  Paul  Diacre,  ne 
paraît  cependant  pas  avoir  connu  le  nom  de  l'auteur  de 
VHistoria  Normannonmiy  il  ne  l'indique  nulle  part;  il 
sait  seulement,  pour  l'avoir  lu  dans  VHistoria  Norman-' 
norumy  que  cet  auteur  était  moine  au  Mont-dssin  et 
qu'il  a  dédié  les  huit  livres  de  son  travail  à  l'abbé  Didier; 
il  est  évident,  comme  nous  avons  déjà  eu  occasion  de  le 
dire,  que  ces  données  s'appliquent  au  moine  Aimé  et  ne 
peuvent  s'appliquer  qu'à  lui,  puisque  nous  savons  par 
Pierre  Diacre  qu'Aimé  était  moine  au  Mont-Cassin,  et 
qu'il  a  dédié  à  l'abbé  Didier  les  huit  livres  de  son  his- 
toire des  Normands. 

Il  serait  inutile  de  surcharger  cette  Introduction  d'une 
analyse  de  l'histoire  des  Normands  par  Aimé,  le  lecteur 
a,  dans  le  présent  volume,  le  texte  de  cette  histoire,  il 
peut  en  prendre  directement  connaissance,  et  les  notes 
qui  accompagnent  ce  texte  déterminent  la  valeur  des 
données  historiques  fournies  par  le  moine  du  Mont- 
Cassin.  Nous  nous  bornerons  donc,  dans  la  dernière 
partie  de  cette  Introduction,  à  une  appréciation  générale 
de  la  valeur  historique  de  cet  ouvrage.  ^ 

Le  manuscrit,  fait  pour  le  comte  de  Militrée,  ne  se 
termine  pas,  comme  on  poifrrait  le  croire,  par  les  huit 
livres  de  VYstoire  de  li  Normant;  à  la  suite  du  huitième 
et  dernier  livre,  au  recto  du  feuillet  199,  sans  autre  pro- 
hème  ou  préambule,  on  lit  en  effet  ce  titre  :  «  De  un 
noble  baron  de  Normcndie  liquel  estoit  père  Robert.  » 


XXXVlj 

C'est  le  début  d'un  autre  ouvrage  comprenant  deux 
livres,  le  premier  de  27,  le  second  de  14  chapitres  et 
racontant  surtout  les  exploits  de  Robert  Guiscart  et  de 
ses  frères,  avec  un  court  résumé  du  règne  de  Roger  I", 
neveu  de  Robert  Guiscard  ;  en  iioi,  Roger  P'  succéda 
à  son  père  Roger  le  grand  comte,  en  1 130  il  se  fit  cou- 
ronner roi  de  Sicile  et  mourut  le  26  février  1 154.  Il  a  été 
facile  de  constater  que  ces  deux  livres  étaient  la  traduc- 
tion d'un  texte  latin  publié  au  xviii*  siècle,  d'abord  par 
Caruso,  sous  le  titre  de  Anonymi  historia  Sicula,  a  Nor- 
mannis  ad  Peirum  Aragonensem,  ex  bibliotheca  Vaticana  et 
ensuite,  par  Muratori,  sous  ce  titre  :  Anonymi  Vaticani 
historia  Sicula  ab  ingressu  Nortnannorum  in  Apulianiy 
usque  ad  unnum  1282  (i). 

Que  cette  Anonymi  historia  Sicula  soit  un  abrégé  de 
YHistoria  Sicula  de  Geoffroy  Malaterra,  historien  béné- 
dictin du  XI*  siècle,  c'est  ce  que  démontre  la  comparaison 
des  deux  textes  (2);  l'abréviateur  s'est  borné  à  enre- 
gistrer d'une  façon  sommaire  les  faits  racontés  par  son 
modèle,  il  suit  le  même  ordre  que  lui,  sauf  à  élaguer  les 
détails  qui  ne  rentrent  pas  dans  son  cadre  plus  restreint. 
Lorsque  s'arrête,  avant  la  fin  du  xi'  siècle,  le  travail  de 
Malaterra,  V Anonymi  historia  Sicula  n'est  plus  qu'une 
simple  nomenclature,  et,  suivant  les  manuscrits,  cette 


(i)  Glkusius  :  Bihliothc.  bist.  regni  Sicilia,  t.  II,  jv  829  sqq.  Muratori 
R.  L  SS.,  t.  VIII,  p.  745  sqq. 

(a)  Voyez  sur  cette  question,  l'article  de  R.  Wilmans  :  ht  Amatus  von 
Monti  Cassino  der  Verfasser  der  Cbronîca  Robert i  Biscardi?  dans  VArcbiv  dfr 
Gtsellsebaft  fur  àUere  deutscbe  Gfscbicbtskunde,  t.  X,  p.  122  sqq.  Wilmans 
na  pas  en  de  peine  à  démontrer  que  cette  chronique  n'était  pas  d'Aimé. 


e 

',  .  -  » 


nxviij 

nomenclature^  oeuvre  de  plusieurs  continuateurs,  s'étend 
jusque  vers  la  fin  du  xm*  siècle.  \ 

D  n*est  pas  possible  de  supposer  que  YAnmytni  historia 
Sicula  ait  été,  au  contraire,  le  cannevas  développé  ensuite 
par  G.  Malaterra,  car  un  passage  de  cet  anonyme^ 
dans  la  partie  qu'il  emprunte  à  Malaterra,  prouve 
qu'il  a  connu  les  rois  normands  de  Sicile,  lesquels  n'ont 
commencé  à  porter  la  couronne  royale  qu'à  partir  du 
25  décembre  1130;  il  a  donc  vécu  en  plein  xn*  siècle, 
tandis  que  Malaterra  est  un  écrivain  du  xi*  siècle. 
Parmi  les  rares  additions  que  l'abréviateur  a  faites  en 
résumant  le  texte  de  G.  Malaterra,  se  trouve,  en  effet,  une 
pièce  de  vers  dans  laquelle  le  poète  célèbre  les  vertus 
militaires  de  Robert  Guiscard,  on  lit  dans  cette  pièce  les 
quatre  vers  suivants  : 

Ut  breviter  brevibos  possit  (possim)  comprehendere  Terbis, 
Nec  primum  similem  potuit,  nec  habere  seqaentem  ; 
Regibus  exceptis,  eadem  quos  diut  (duxit)  origo, 
Per  quos  diluent  (diluitur)  foex  et  paganA  caligo  (x). 

Le  traducteur  du  comte  de  Militrée  rend  de  la  manière 
suivante  ces  quatre  vers  :  «  De  loquel  dist  ceste  auctor 
que  estoit  tel  home  que  home  devant  lui  non  fu  el  monde^ 
sans  les  roys  et  de  liquel  descendirent  rois,  liquel  des- 
truistrent  puiz  la  gent  Sarrazine  (2)  ».  On  voit  que 
l'argument  est  sans  réplique  et  que  YAnanymi  historia 
Sicula  ne  peut,  en  aucune  façon,  avoir  été  composée  au 
xi*  siècle. 

(x)  MuiATOftI,  L  VUI,  p.  7$ 4. 

(a)  Chronique  dé  RoUri  Visauri,  I,  X3,  p.   277  de  Tédition  de  Champol- 

UON-FlGIAC 


XXXIX 


Cbampollion-Figeac,  donnant  à  quelques  expressions 
dtt  traducteur  d'Aimé  une  valeur  et  une  importance 
exagérées,  est  tombé  dans  une  singulière  méprise  au  sujet 
de  VAnonymi  histaria  Sicula;  il  voit  dans  cet  opuscule, 
non  pas  un  abrégé  de  G.  Malaterra,  mais  un  ouvrage 
original  et  veut  démontrer  qu'Aimé  du  Mont-Cassin  en 
est  Fauteur,  aussi  a-t-il  inséré  la  traduction  de  cet  opus- 
cule à  la  suite  de  son  édition  de  1*  Ysioirc  de  li  Normant 
et,  dans  ses  Prolégomènes,  il  consacre  plusieurs  pages  à  la 
démonstration  de  cette  thèse,  tout  à  fait  insoutenable(i). 
Le  texte  de  Pierre  Diacre,  que  Champollion-Figeac  con- 
naissait, et  qu'il  cite,  aurait  dû  cependant  lui  £ùre  com- 
prendre qu'il  Êdsait  £iusse  route  en  soutenant  cette  thèse; 
Pierre  Diacre,  énumérant  les  ouvrages  composés  par 
Aimé,  ne  lui  attribue,  comme  nous  l'avons  vu  (2),  qu'un 
seul  travail  sur  les  Normands,  c'est-à-dire  l'histoire  des 
Normands,  divisée  en  huit  livres  et  dédiée  à  l'abbé 
Didier.  Avant  de  supposer  que  Pierre  Diacre,  ordinaire- 
ment sL  exaa,  était  incomplet  en  cet  endroit  et  qu'en 
réalité  Aimé  eut  laissé  un  autre  écrit  sur  le  même  sujet, 
il  fallait  des  arguments  autrement  décisifs  que  ceux  pré- 
sentés par  Champollion-Figeac.  Les  quatre  vers  en  l'hon- 
neur de  Robert  Guiscarâ,  cités  plus  haut  et  extraits  de 
VAtumymi  bistoria  Sicula,  suffisent  à  ruiner  l'hypothèse 
de  Champollion-Figeac.  Comme  il  a  déjà  été  dit,  ces 
vers  démontrent  que  l'auteur  de  cet  écrit  vivait  en  plein 


(i)  Proi^omities,  p.  Lzzn,  sqq.  ;  §  VII  de  VatUmr  de  la  Cbromque, 
(a)  Cf.  aiapn,  viij,  Introduction,  p.  m. 


xl 

XII*  siècle,  après  1154  (^)>  ^^  "^  P^"^  ^^nc  être  Aimé  du 
Mont'Cassin  qui,  en  1060,  était  moine  dans  ce  monas- 
tère et  qui,  selon  toute  apparence,  est  mort  avant  la  fin 
du  XI*  siècle. 

Champollion-Figeac  ayant  placé  en  1093  ^  mort 
d'Aimé,  est  amené  par  là  même  à  déclarer  que  tout  ce 
qui  dans  YAnonymi  historia  Sicula  a  trait  aux  événements 
survenus  après  la  mort  de  Robert  Guiscard  (chap.  10-14 
du  second  livre  de  la  traduction  fi-ançaise),  ne  saurait 
être  d'Aimé,  et  il  avoue  que  ces  derniers  chapitres  sont 
presque  entièrement  un  résumé  de  ce  qui  est  rapporté  dans 
G.  Malaterra  (2).  Mais  puisqu'il  fait  cet  aveu,  comment 
n'a-t-il  pas  vu  qu'il  en  était  de  même  pour  les  chapitres 
antérieurs  ;  il  était  aussi  facile  de  constater  qu'ils  résu- 
maient d'autres  récits  du  même  auteur. 

Sans  vouloir  nous  attarder  à  continuer  une  démonstra- 
tion que  l'état  actuel  de  la  critique  historique  rend  facile, 
examinons  le  principal  argument  sur  lequel  s'appuie 
Champollion-Figeac  pour  faire  d'Aimé  l'auteur  de 
YAnonymi  historia  Sicula. 

La  traduction  d'Aimé  porte  :  I,  4  : 

«  En  cel  an  apparat  un  mcrveillouz  signe  pour  ceste 
forte  aventure  et  bataille  qui  cstoit  a  venir,  car  l'estoille 
qui  se  clame  comctc  aparut  moult  de  nuiz  et  tant  de 
fulgure  qui  resplendissoit  comment  la  lune.  Ceste 
bataille  brevement  fu  de  li  Normant  laquelle  fu  faite  en 


(i)  Cf.  supra,  p.  xxxviij  ;  l'auteur  parle  de  plusieurs  rois  normands  de 
Sicile;  il  écrivait  donc  après  1154  puisque  à  cette  date  est  mort  le  premier 
de  ces  rois  normands. 

(2)  ProUgofuèneSy  p.  Lxxxvni  sqq.,  §  IX. 


xlj 

lo  temps  de  cestui  qui  escrist  ceste  Ystoire,  quar  cestui 
moine  fu'  a  lo  temps  que  ces  Normans  vindrent.  Mes  il 
lo  dira  en  l'autre  Ystoire.  » 

Il  s'agit  de  la  bataille  de  Hastings,  en  Angleterre,  que 
les  Normands,  commandés  par  Guillaume,  duc  de  Nor- 
mandie, gagnèrent  en  1066,  sur  les  Anglo- Saxons  et  sur 
le  roi  Harold.  Le  traducteur  prenant  la  parole,  comme 
cela  lui  arrive  assez  souvent,  dit  que  l'auteur  de  l'histoire 
des  Normands  vivait  lorsque  cette  bataille  s'est  livrée,  ce 
qui  est  exact,  et  que  ce  même  auteur  racontera  ces 
événements  dans  l'autre  histoire.  Il  est  bien  vrai  que 
lorsque  le  traducteur  parle  de  «  l'autre  ystoire  »  il 
entend  par  là  VAnonymi  Mstoria  5/cw/a*qu'il  a  également 
traduite  (i).  Il  semblerait  donc,  au  premier  abord,  que 
cette  Anonymi  historia  Sicula  dut  parler  de  la  conquête  de 
l'Angleterre  par  les  Normands,  or,  elle  n'en  dit  rien  ; 
mais,  comme  le  passage  du  traducteur  est  quelque  peu 
obscur,  il  se  peut  qu'il  veuille  dire  simplement  que 
l'auteur  de  VAnonymi  historia  Sicula  parlera  des  batailles 
que  d'autres  Normands  ont  livrées  en  Italie  pendant  que 
leurs  compatriotes  combattaient  à  Hastings  et^  en  effet, 
VAnonymi  historia  Sicula  a  rapporté  les  exploits  des  Nor- 
mands en  Italie  avant,  pendant  et  après  1066. 

Admettons  donc  que,  pour  le  traducteur  d'Aimé, 
V  Historia  Normannorum  ttV  Anonymi  historia  Sicula  aient 


(i)  Voyez  par  exemple  :  Ystoire  de  H  Normant,  HI,  22,  et  la  Chronique 
de  Robert  Viscart,  I,  9  et  10,  p.  273  sq.  de  Tédition  de  Champollion- 
Figeac;  de  méme^  Ystoire  etc.,  III,  36  et  la  Chronique,  I,  11,  p.  275  de 
Champollion-Figeac,  plusieurs  autres  exemples  analogues  sont  cités  par 
Champollion-Figeac  :  Prolégomènes,  p.  lxxiv  sqq. 


xlij 

eu  un  seul  et  même  auteur,  mais  de  ce  que  tel  ait  été 
son  sentiment,  il  ne  s'en  suit  nullement  que  ce  sentiment 
soit  fondé  ;  cela  ne  peut,  en  aucune  &çon»  détruire  les 
preuves  décisives  du  contraire  qui  ont  été  données  plus 
haut. 
l[  Remarquons  que  le  traducteur,  commç  il  sera  dé- 
montré dans  la  m^  partie  de  cette  introduction,  a  Êdt  son 
travail  au  commencement  du  xiv*  siècle,  c'est-à-dire 
deux  cents  ans  au  moins  après  qu'Aimé  avait  composé 
son  Historia  Normannarumy  aussi  ne  sait-il  pas  le  nom 
de  l'auteur  de  l'ouvrage  qu'il  traduit,  il  ne  l'indique  nulle 
part  ;  quelle  autorité  dès  lors  peut-il  avoir  lorsqu'il  dit, 
tout  à  fait  en  passant,  il  est  vrai,  que  les  deux  ouvrages 
indiqués  ont  un  même  auteur  ;  ce  renseignement,  il  ne 
l'a  trouvé  nulle  part,  c'est  une  pure  supposition  qu'il  bit 
et  elle  ne  repose  sur  rien. 

Le  lecteur  comprendra  donc  que,  dans  cette  nonvdk 
édition  d'Aimé,  on  n'ait  pas,  malgré  l'exemple  de  Cham- 
pollion-Figeac,  inséré  la  traduction  de  VAtumym  bi$toria 
Sicula;  Aimé  n'est  pour  rien  dans  cet  opuscule. 

m. 

DE  LA  TRADUCTION  ET  DU  TRADUCTEUR  d'aIMÈ. 

Que  toutes  les  traductions  du  manuscrit  688  aient  été 
faites  par  une  seule  personne,  c'est  ce  que  démontre  la 
lecture  de  ces  traductions  ;  ce  sont  partout  les  mêmes 
procédés  de  traduction,  les  mêmes  tournures  de  phrases, 
la  même  langue  et,  comme  nous  le  verrons  bientôt^  nne 


Ixiij 

langue  bien  spéciale  puisque  c'est  un  français  mélangé 
d'italien.  En  plusieurs  endroits,  le  traducteur,  citant  une 
autre  traduction  du  manuscrit,  déclare  explicitement 
qu'elle  est  aussi  son  œuvre;  ainsi^  dans  VYstoire  de  li 
Normant,  II,  32,  parlant  des  prisonniers  de  Guaimar, 
prince  de  Saleme,  qui  s'étaient  échappés  du  château  de 
la  Major-Torre,  et  avaient  gagné  le  château  de  Matelone, 
il  écrit  :  «  Je  croi  que  veut  dire  Madalone  quar  ja 
estoit  faite  Caserte  et  Magdalone  coment  ai-ge  dit  en 
Tystoire  de  li  Longobart,  liquel  vindrent  en  Ytalie  avant 
que  li  Normant.  »  Le  traducteur  de  l'histoire  des  Nor- 
mands est  donc  le  même  que  le  traducteur  de  l'histoire 
des  Lombards;  inutile  de  pousser  plus  loin  cette  démon- 
stration, évidente  pour  quiconque  a  étudié  le  manus- 
crit 688. 

Divers  passages  du  manuscrit  indiquent  à  quelle 
époque,  à  peu  près,  le  traducteur  a  fait  son  travail; 
YYstoire  de  li  Normant;  II,  28,  contient  cette  phrase  : 
t  La  cité  de  Syponte  qui  maintenant  est  clamée  Manfre- 
done»  »  or,  Manfredonia  fut  fondée  sur  les  ruines  de 
Siponto  en  126 1  par  Mainfroi,  fils  naturel  de  Frédéric  II; 
la  traduction  est  donc  postérieure  à  cette  date. 

De  même,  on  lit  dans  la  traduction  de  ï Histoire  des 
Lombards  de  Paul  Diacre,  II,  23  :  «  Et  en  celui  temps 
fut  Êdte  Caserte  en  Terre  de  Labor,  laquelle  estoit  pre- 
mèrement  clamée  Casa  erecta.  Et  autresi  en  cellui  temps 
fil  £ûte  Mathelone,  laquelle  premèrement  Metadelione 
ensi  come  Azo,  évesque  de  Caserte,  lo  déclare  en  sa  chro- 
nica,  laquelle  il  fist  de  evesque  de  Caserte  et  de  Cala- 
tine.  »  Cette  chronique  des  évêques  de  Caserte  et  de 


xliv 

Caiazzo  est  perdue,  mais  nous  savons  qu'Âzo  a  été 
évèquc  de  Caserte  de  1290  à  1310  (i).  C'est  donc  au 
plus  tôt  dans  les  premières  années  du  xiv*  siècle  que 
notre  traducteur  a  fait  pour  le  comte  de  Militrée  cette 
série  de  traductions  ;  faute  d'autres  indications,  il  n'est 
pas  possible  de  donner  une  date  plus  précise. 

Cette  date  de  la  traduction  serait  facile  à  fixer  si  nous 
savions  quel  est  ce  comte  de  Militrée  dont  parle  le 
prohème  et  pour  lequel  travaillait  le  traducteur  (2).  Les 
italicismes  nombreux  qui  se  trouvent  dans  le  français  de 
la  traduction  de  VHistoria  Normannorum  et  la  connais- 
sance minutieuse  de  la  géographie  de  l'Italie  du  sud 
dont  fait  preuve,  dans  son  travail,  le  traducteur  d'Aimé, 
permettent  de  conjecturer  que  ce  comte  de  Militrée  était 
établi  dans  l'ancien  royaume  de  Naples,  mais  on  ne  sait 
oïl  placer  Militrée.  Champollion-Figeac  a  prétendu  que 
dans  Militrée  on  pouvait  reconnaître  la  ville  de  Mileto 
dans  la  Calabre  ultérieure  (3);  mais  il  constate  lui-même 


(i)  UniiELLii  Itûliû  Sacra,  t.  VI,  p.  624  sqq.,  édition  de  1659,  Romie  ; 
Axo  est  aussi  dit  Acte,  Aconus,  Atto;  sur  les  évéques  de  Caiizio,  cf. 
l\iiii.M.i,  t.  VI,  p.  562;  je  ne  sache  pas  que  cette  chronique  d'Axzo  ait  été 
publiée.  A  là  p.  5 1  verso  du  manuscrit  688,  le  traduaeur  fournit  une  antre 
indication  chronologique;  il  dit,  en  parlant  de  la  ville  de  Bordeaux  :  «  et  en 
celle  cité  nasqui  lo  pape  Clément  et  en  fu  archeveschue  avant  qu'il  fast 
pape.  »  Il  s'agit  évidemment  du  pape  Clément  V,  nommé  auparavant  Ber- 
trand de  (îoth,  né,  non  pas  à  Bordeaux  même,  mais  à  Villandrand  (Gironde), 
successivement  évoque  de  Comminges  et  archevêque  de  Bordeaux,  au  pape 
J^  Pérouse,  le  5  juin  130$,  couronné  k  Lyon  le  14  novembre  de  la  même 
année.  I^  traducteur  écrivait  donc  cette  phrase  après  le  14  novembre  130$. 

(2)  Cf.  supra,  p.  xxix  sqq.  de  Y  Introduction. 

(5)  ProUgomèrus,  p.  xcvm  :  «  Qpant  au  lieu  de  Militrée,  noos  n'y  pon- 
vons  reconnaître  que  la  ville  de  Milcto  dans  la  Calabre  ultérieure.  » 


xlv 

que  le  traducteur  d'Aimé  appelle  cette  ville  Mélit  soit 
dans  r  Ystoire  de  li  Normanty  soit  dans  la  traduction  de 
YAnonymi  historia  Sicula  (i).  Comment  admettre  alors 
qu'il  l'eût  dans  le  prohème  désigné  sous  le  nom  si  diffé- 
rent de  Militrée  ?  Si  ce  nom  désigne  un  seigneur  et  non 
une  ville  ou  une  terre,  on  ne  sait  pas  davantage  à  quelle 
famille  rattacher  ce  seigneur.  Champollion-Figeac  suppose 
qu'il  s'agit  d'un  fils  de  Charles  H,  roi  de  Naples,  mort  en 
1309  en  laissant  dix  enfants  mâles  (2),  mais  c'est  là  une 
pure  hypothèse  qui  n'a  pour  elle  aucun  texte,  aucun 
document.  Il  vaut  bien  mieux  déclarer  que  sur  ce  point 
les  renseignements  nous  font  défaut. 

Les  textes  latins  d'Isidore  de  Séville,  d'Eutrope  et  de 
Paul  Diacre,  mis  en  regard  des  traductions  du  manus- 
crit 688,  montrent  que  le  traducteur  ne  visait  pas  à  une 
traduction  littérale  et  qu'il  ne  serrait  pas  toujours  le  texte 
de  près;  parfois  il  l'abrège,  parfois  il  ajoute  des  remarques 
pour  rendre  le  passage  plus  intelligible,  et  ces  remarques, 
comme  il  a  déjà  été  dit,  ne  sont  pas  toujours  inutiles. 
Les  mêmes  procédés  de  traduction  ont  été  employés 
pour  ï Historia  Normannorutn;  après  la  découverte  de  la 
traduction  d'Aimé,  il  a  été  facile  de  constater  que  Léo  de' 
Marsi  avait  inséré  plusieurs  passages  de  V Historia  Nor- 
mannorum  dans  sa  Chronicon  Casinense  (3)  et  ces  passages, 
comparés  aux  passages  correspondants  de  la  traduction^ 
permettent  d'affirmer  que  le  traducteur  a  agi  à  l'égard  du 


(i)  ProUgomènes,  ibid. 

(2)  ProUgomènes,  p.  c. 

(3)  Voyez  plus  loin,  p.  liij  sqq.  de  V Introduction, 


xlvj 

texte  d'Aimé  comme  à  l'égard  des  textes  d'Isidore,  de 
Séville,  d'Eutrope  et  de  Paul  Diacre. 

Plusieurs  de  ces  remarques  sont  sans  intérêt  historique, 
ainsi  :  !>  i>  «  nous  trouvons  en  cest  premier  Capitule  de 
l'estoire  de  11  Normant  que  »,  etc.  ;  II,  3 1,  «  or  dit  ensi  li 
conte  de  ceste  cronica  »,  etc.;  Il,  33,  «  et  li  Normant, 
coment  se  mostre  à  lire  en  lo  livre,  estoient  »,  etc.  ;• 
Vn,  34,  «  or  veut  li  père  nostre  cestui  moine  qui  ceste 
Ystoire  compila  dire  »,  etc.  ;  d'autres  remarques,  au  con- 
traire, ont  leur  importance,  ainsi  :  II,  7,  «  et  est  à  noter 
que  il  sont  .ij.  Melfe,  quar  est  Melfe  et  Amelfe  :  Melfe 
est  en  la  confine  de  Pouille  et  Amélie  est  vers  Saleme  et 
Naple  »  (i);  I,  22,  «  et  s'encontrèrent  li  Normant  contre 
li  Grec  en  un  lieu  qui  se  damoit  Vaccarice  (2),  c'est  en 
Puille  à  Melfe,  où  maintenant  sont  gentil  home  qoi 
se  clament  Vaccaire  »  ;  I,  26,  «  où  Troie  (3)  fb  apcrt 
l'antique  fabrique  et  non  pas  là  où  elle  est  maintenant, 
quar  en  plus  vill  lieu  est  ore  ».  Plus  d'une  fois,  le 
traducteur  d'Aimé  a  eu  la  main  malheureuse;  ses 
observations  ont  rendu  la  pensée  d'Aimé  plus  obscure 
au  lieu  de  l'èclaircir,  dans  les  deux  passages  sui- 
vants, par  exemple  :  II,  18,  il  s'agit  de  l'alliance  entre  les 
Normands  et  le  milanais  Ardouin  pour  conquérir  la 
Pouille  contre  les  Grecs  ;  le  traducteur  écrit  :  «  Et  quant 
il  oïrent  ensi  parler  Arduyne,  se  consentirent  à  lui.  Et 
font  sacrement  de  fidélité  de  chascune  part  de  paiz.  Se  la 
terre  non  avoit  autre  seignor  que  ou  à  cui  face  tribut  se 

(i)  Il  s*agit  de  Melfi  et  d*Amalfi. 

(2)  Vaccaricia. 

(3)  Troja. 


xlvij 

clame  tributaire.  Et  en  ceste  règne  se  clame  terre  de 
demainne  et  se  a  autre  seignorie,  se  clame  colonie,  come 
sont  en  cest  règne  la  terre  qui  a  autre  seignorie.  Et  sanz 
le  roy  estoit  seignor  Ârdujme,  et  en  celle  part  se  clament 
colone  ».  Ces  mots  :  «  ceste  règne  »  —  «  sans  lo  roy  »  mon- 
trent bien  que  la  remarque  est  du  traducteur,  elle  n'a  pu 
être  écrite  que  lorsque  le  royaume  de  Naples  ou  des  deux 
Siciles  était  constitué,  c'est-à-dire  longtemps  après  la 
mort  d'Aimé,  mais  le  sens  général  de  cette  remarque  est 
bien  peu  intelligible.  De  même,  1.  I,  c.  9,  Aimé  ayant 
raconté  que  le  normand  Ursel,  venu  à  Constantinople, 
fut  envoyé  par  l'empereur  (Michel)  au  secours  de  son 
père,  l'empereur  (Romain  Diogène),  que  Ursel  et  Romain 
Diogène  furent  fait  prisonniers  et  que  le  César  (Jean) 
empêcha  qu'ils  ne  fussent  délivrés,  le  traducteur  ajoute  : 
«  Autre  chose  est  à  entendre,  que  autre  choze  est  Auguste 
et  autre  cose  Cesare  ;  Auguste  et  impereor  est  une  cose 
come  est  dit  devant,  mes  Césaire  est  aucune  cose  manque 
en  cellui  temps;  .ij.  empéreor  ou  Auguste  et  cestui  qui 
estoient  sur  la  Turquie  estoient  patrie  et  un  autre  qui 
estoient  Césaire  ;  si  que  alors  estoient  .ij.  empéreor  et 
•ij.  Césaire  veraiement.  »  Le  traducteur  se  trompe  et 
ajoute  à  la  confusion  ;  il  n'y  avait  qu'un  seul  César,  le 
César  Jean.  Un  peu  plus  loin,  dans  ce  même  passage,  le 
traducteur  £iit  à  tort  de  l'impératrice  femme  de  Romain- 
Diogène,  la  femme  du  César  Jean  :  «  laquelle  estoit 
moillier  de  lo  sage  Césaire.  »  Ailleurs,  le  traducteur 
d'Aimé  confond  l'empereur  d'Orient  avec  l'empereur 
d'Occident,  il  écrit  :  I,  25,  au  sujet  d'Adénulfe^  abbé  du 
Mont-Cassin,  lequel  épouvanté  à  la  nouvelle  de  l'arrivée 


xlviîj 

de  l'empereur  Henri  II  en  Italie  a  voloit  foyz  en  Costen- 
tinople  à  lo  empéreor  loquel  s'en  vint  en  Ytalie,  si  comc 
est  dit.  »  Ce  n'était  pas  l'empereur  de  Constantmople 
qui  était  venu  en  Italie,  mais  bien  Henri  II,  empereur  du 
saint  empire  romain. 

Les  huit  livres  de  la  traduction  d'Aimé  nous  fourni- 
raient plusieurs  autres  passages  du  traducteur  qui  sont 
erronés  ou  qui  trahissent  de  singulières  distractions; 
ainsi,  I,  27,  au  lieu  de  «  et  un  Normant  qui  se  damoit 
Argira...  »  il  faut  :  «  et  un  Lombart  qui  se  clamoit 
Argira...  »,  de  môme,  m,  28,  au  lieu  de  «  Raynolfe 
comte  d'Averse,  »  il  faut  :  «  Pandulfe  comte  de  Teano.  » 

Il  y  a  donc,  dans  la  traduction  d'Aimé,  des  erreurs  et 
des  inadvertances,  et  je  me  suis  efforcé  de  les  rectifier 
dans  les  notes  accompagnant  le  texte,  il  y  a  aussi,  même 
quand  il  s'agit  des  noms  propres,  une  orthographe  assez 
flottante,  assez  indécise,  si  bien  qu'on  a  parfois  quelque 
peine  à  reconnaître  et  à  identifier  les  mêmes  noms 
d'homme  ou  de  ville,  écrits  en  divers  endroits  de  diverse 
manière. 

Apres  avoir  indiqué  les  côtés  faibles  du  texte  qui  Ëdt 
l'objet  de  cette  publication,  il  serait,  je  crois,  injuste  de 
ne  pas  rappeler  qu'après  tout,  si  nous  avons  encore  la 
substance  du  travail  d'Aimé,  c'est  au  traducteur  du 
comte  de  Militrée  que  nous  le  devons,  et  nous.  Français, 
nous  lui  devons  en  outre  quelque  reconnaissance  pour 
avoir,  au  xiv*  siècle,  propagé  notre  belle  langue  dans 
l'Italie  du  Sud. 

Une  curieuse  particularité  caractérise  cette  langue  du 
traducteur  d'Aimé. 


xlix 

Comme  l'a  écrit  Champollion-Figeac,  l'examen  du 
texte  du  traducteur  d'Aimé  montre  qu'il  abonde  en 
itaîicismes ;  presque  à  chaque  page  on  peut  signaler  non 
pas  seulement  des  mots  exclusivement  italiens  d'origine 
et  de  forme,  étrangers  à  la  langue  française  de  toutes  les 
époques,  mais  encore  des  formes  grammaticales  qui  n'ont 
jamais  été  en  usage  dans  notre  langue  (i). 

Les  mots  suivants,  par  exemple,  sont  purement  ita- 
liens, leurs  désinences  même  n'ont  pas  été  modifiées 
pour  leur  donner  une  physionomie  française  :  Auolta, 
écoutez;  ape^  abeille;  bestiame^  bestiaux;  canicie,  blan- 
cheur des  cheveux;  castritnargie,  gourmandise;  deffette 
(lo),   négligence  ;   diacono,  diacre  ;  forcCy  peut-être,  on 
écrit  aujourd'hui  forse;  féruCy  blessure';  flacolle,  flam- 
beau; gratCy  claie  en  osier;  Judà^  un  juif;  tnancOy  moins; 
^n^e,  moitié  ;  mercièrCy  instrument  de  suplice  ;  noUy  noix 
^t  noyer;  pet  y  poitrine  ;  pignotie  (pignatta),  pot  de  terre  ; 
^llistrCy  poulains  et  pouliches;  salluiCy  forêt;  salmtSy 
salaisons;  solliCy  tabouret;  îidtie^  tous  les  jours;  trébuCy 
machine  de  guerre.  Un  proverbe  italien,  tiré  des  mœurs 
supposées  de  l'aspic,  est  employé,  I,  29,  et  ce  proverbe 
existe  encore,  résumé  en  ces  mots  :  far  corne  PaspidOy 
fhirt  comme  VaspiCy  c'est-à-dire  fermer  les  oreilles  de 
peur  d'oûir. 

Qpant  aux  formes  grammaticales,  les  suivantes  sont 
italiennes  et  non  françaises  :  tant.,.,  quant,  pour  tant.... 
que;  dey  pour  par,  de  Eutrope  compostCy  par  Eutrope  com- 

(i)  ProUgomhus  de  Champollion-Figeac,  p.  xci;  les  détails  qui  suivent 
sont,  à  quelques  modifications  près,  empruntés  à  cette  partie  des  ProUgo- 


posée  ;  de  dans  le  sens  du  de  latin.  Livre  de  li  Lmgiéarty 
livre  sur  les  Lombards;  que  pour  comme,  parce  que,  le 
citni  des  Latins  ;  que  pour  afin  que  ;  si  pour  ainsi,  aussi; 
quant  qu'il  trovoity  tant  qu'il  trouvait;  puis  que,  pour 
après  que  (i). 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  ces  italicismes  nom- 
breux et  la  connaissance  minutieuse  de  la  géographie  de 
l'Italie  du  sud,  dont  fait  preuve  dans  son  travail  le 
traducteur  d'Aimé,  permettent  de  conjecturer  que  la 
traduction  a  été  faite  dans  l'ancien  -royaume  de 
Naples  (2). 


IV. 

APPRÉCIATION   d'aimé   COMME  HISTORIEN; 

SES   RAPPORTS 
AVEC  LES   AUTRES   HISTORIENS  DES  NORMANDS  EN   FTALIE. 

L' Ystoire  de  li  Normanf  ne  ressemble  en  aucune  £içon 
à  ces  annales  monastiques  du  moyen  âge,  parfois  si 
laconiques  que  les  événements  les  plus  importants  y  sont 
h  peine  mentionnés,  et  si  incolores,  si  impersonnelles, 
qu'elles  se  continuent  pendant  des  siècles  sans  qu'on 
puisse  ensuite  découvrir  à  quelle  époque  la  plume  du 
chroniqueur  a  passé  aux  mains  de  son  successeur.  Aimé 

(i)  Prolégomènes,  1.  c. 

(2)  La  texte  cité  plus  haut^  p.  xlvij,  et  tiré  d'Aimé,  II,  x 8,  «  et  en 
ccstc  rcgiic  se  clame  terre  de  domaine  »  et  «  sanz  lo  roy,  etc.  »  montre  que 
le  traducteur  écrivait  lorSi]uc  Tltalie  du  sud  était  constituée  eu  royaume. 


a  fait  au  contraire  œuvre  d'historien  dans  tout  le  sens  dn 
mot  ;  il  a  un  but,  celui  de  raconter  les  hauts  faits  de  deux 
grands  bienfaiteurs  du  Mont-Cassin,  de  Richard,  prince 
de  Capoue,  et  de  Robert  Guiscard,  duc  de  Fouille,  de 
Calabre  et  de  Sicile  (i),  et  ce  but,  il  ne  le  perd  pas  de 
vue  à  travers  les  huit  livres  de  son  travail. 

Après  avoir,  dans  une  sorte  d'introduction,  qui  n'est 
pas  la  partie  la  moins  importante  de  son  récit,  raconté 
quelques-unes  des  expéditions  des  Normands  de  France 
en  Angleterre,  en  Espagne  et  en  Orient,  après  avoir 
exposé  les  humbles  commencements  de  ces  mêmes  Nor- 
mands dans  l'Italie  du  sud,  Aimé  arrive,  au  second 
livre,  à  parler  de  Richard,  comte  d'Aversa  avant  de 
devenir  prince  de  Capoue,  et  il  annonce  l'arrivée  dans  la 
péninsule  de  Robert,  fils  d'un  seigneur  de  basse  Nor- 
mandie. 

Déjà,  au  troisième  livre,  Richard  et  Robert  brillent  au 
premier  rang  dans  la  lutte  contre  les  troupes  du  pape 
Léon  IX  et,  au  quatrième,  ils  sont  investis  l'un  et  l'autre 
du  pouvoir  suprême,  Richard  comme  prince  de  Capoue 
et  maître  de  la  Campanie,  Robert  comme  duc  de  Fouille 
et  de  Calabre?  Les  quatre  derniers  livres  racontent  les 
exploits  des  deux  héros,  surtout  ceux  de  Robert  Guiscard, 
les  batailles  de  Sicile  contre  les  Sarrasins,  les  fameux 
sièges  de  Falerme,  de  Bari,  de  Salerne,  etc.,  et  la  narra- 
don  s'arrête  à  la  mort  du  prince  de  Capoue,  survenue  le 
5  avril  1078.  Est-ce  la  maladie,  est-ce  la  mort  qui  a 
empêché  Aimé  de  comprendre,  dans  son  récit,  les  sept 
années  suivantes,  puisque  Robert  Guiscard  n'est  passé  de 

(i)  Voyez  b  dédicace  d'Aimé  a  Tabbé  Didier  pour  lui  offrir  ion  livre. 


In 

vie  à  trcpas  que  le  17  juillet  1085  ?  Tépilogue  do 
VHP  et  dernier  livre  semblerait  indiquer  que  le  moine 
du  Mont-Cassin  a  volontairement  déposé  la  plume  (i); 
quoi  qu'il  en  soit,  nous  ne  pouvons  que  regretter  gran- 
dement qu'il  n'ait  pas  jusqu'au  bout  suivi  le  vaillant  capi- 
taine dans  son  expédition  en  Orient  où  il  a  battu  Tem- 
pereur  Alexis  et  a  été  si  près  de  ceindre  la  couronne 
impériale,  dans  son  intervention  à  Rome  où  il  a  délivré 
Grégoire  Vil  après  avoir  fait  fuir  l'empereur  Henri  IV 
qui,  moins  brave  que  son  collègue  de  Constantinople, 
n'a  même  pas  osé  se  mesurer  avec  le  redoutable  Nor- 
mand. 

Tout  en  écrivant  l'histoire  de  Richard  de  Capoueetdu 
duc  Robert,  Aimé  n'a  pas  omis  de  relater  en  détail  les 
faits  qui,  sans  se  rapporter  immédiatement  à  son  sujet, 
expliquent  et  définissent  la  situation  ;  grâce  à  lui,  nous 
assistons  vraiment  à  ce  sinistre  duel  entre  les  Normands 
d'un  côté  et  de  l'autre  les  Lombards,  les  Grecs  et  les 
Sarrasins  et  nous  voyons  disparaître  définitivement  de  la 
scène  politique  ces  Lombards  qui,  depuis  tant  d'années,- 
dominaient  les  riantes  contrées  de  Capoue,  de  Bénévent 
et  de  Salerne.  Même  à  travers  une  traduction,  souvent 
incorrecte  et  défectueuse,  on  peut  encore  apprécier  les 
qualités  d'Aimé  comme  historien,  la  vie,  le  mouvement, 
la  passion  même,  toutes  choses  d'autant  plus  intéres- 
santes à  constater  qu'elles  sont  plus  rares  dans  les  anna- 

(i)  Le  dernier  chapitre  du  VII I^  livre  est  une  sorte  de  récapitolatioo  de 
Touvragc  et  il  se  termine  par  cette  conclusion  :  «  A  ces  .ij.  Sdgnon 
(Robert  Guiscard  et  Richard)  Dieu  loquel  est  père  et  rémunérator  de  toat 
bien,  pour  la  mérite  de  saint  Uénédit,  lor  en  rende  mérite  en  Tic  éteme. 
Amen.  » 


liij 

listes  du  moyen  âge.  Ainsi  le  récit  des  péripéties  du  siège 
de  Salerne,  qui  remplit  presque  tout  le  VIII'  livre  et  qui 
montre  le  prince  Gisulfe  défendant  contre  Robert  Guis- 
card  les  derniers  débris  de  son  pouvoir,  la  dernière 
forteresse  de  sa  principauté,  forme  un  épisode  des  plus 
intéressants,  des  plus  mouvementés  ;  le  xi*  siècle  nous 
a  laissé  peu  de  pages  d'une  telle  allure,  elles  peuvent  sou- 
tenir la  comparaison  avec  les  plus  beaux  passages  de 
Lambert  de  Hersfeld  sur  la  guerre  de  Saxe  ou  d'Adam  de 
Brème  sur  l'épiscopat  de  l'archevêque  Adalbert. 

Si,  dans  son  ouvrage,  Aimé  n'a  que  des  éloges  pour 
Richard  de  Capoue  et  pour  le  duc  Robert  Guiscard,  s'il 
les  déclare  les  oints  du  Seigneur,  s'il  passe  sous  silence 
ou  s'abstient  de  blâmer  leurs  actions  les  plus  condam- 
nables, en  revanche,  il  poursuit  de  ses  récriminations  les 
plus  ardentes  deux  princes  lombards,  Pandulfe  IV,  prince 
de  Capoue  et  Gisulfe,  prince  de  Salerne.  D'autres  ren- 
seignements que  ceux  qui  nous  sont  fournis  par  Aimé 
témoignent  qu'ils  ont  été  l'un  et  l'autre  de  détestables 
tyrans,  comme  hélas  !  beaucoup  d'autres  grands  seigneurs 
du  XI*  siècle,  mais  ont-ils  vraiment  commis  toutes  les 
abominations  que  leur  reproche  Aimé  ?  Cette  question 
se  pose  surtout  au  sujet  de  Gisulfe  qui  a  été  pendant  de 
longues  années  en  bons  termes  avec  Grégoire  Vil  (i). 


(i)  Voyez  par  exemple  VIII,  2  ;  comment  croire  que  pendant  le  carême, 
Gisulfe  se  noufrit  des  pieds,  des  mains,  etc.,  qu'il  faisait  arracher  ou  couper 
4  ses  prisonniers  1  jamais  Grégoire  VII  n'aurait  voulu  d'un  si  abominable 
anthropophage  pour  être  légat  du  Saint-Siège  en  France,  car  il  est  bien 
certain  que  Gbulfe  a  eu  cette  dignité  après  avoir  perdu  sa  principauté  de 
Salerne. 


II  se  pourrait  que  l'auteur  de  V  Ystoire  de  li  Normant^  qui 
probablement  était  Salernitain,  se  soit  laissé  un  peu  en- 
traîner par  ses  ressentiments  en  parlant  de  celui  qui  avait 
terrifié  Salerne  par  ses  exactions  et  ses  cruautés. 

Nous  avons  dit  que  le  traducteur  d'Aimé  n'avait  pas 
évité  un  certain  nombre  d'erreurs  dans  les  commentaires 
qu'il  a  ajoutés  à  sa  traduction.  Aimé  en  a  aussi  commis 
plusieurs  et  il  serait  bien  surprenant  qu'il  en  fut  autre- 
ment. Ecrivant,  comme  nous  le  verrons  bientôt,  d'après 
des  traditions  orales  et  sans  s'inspirer  d'aucun  autre  his- 
torien des  Normands  en  Italie,  il  ne  lui  était  guère  pos- 
sible de  contrôler  toutes  ces  traditions  et  de  vérifier  par 
lui-même  ce  qu'elles  pouvaient  avoir  de  légendaire  ou 
d'exagéré.  Les  données  qu'il  nous  fournit  doivent  donc 
être  soumises  à  un  examen  critique,  et  la  publication 
des  chroniqueurs  et  des  documents  de  l'Italie  du 
sud  au  XI*  siècle,  faite  par  Muratori  et  depuis  lui,  rend 
aujourd'hui  ce  contrôle  moins  ardu,  nous  avons 
essayé  ce  travail  dans  les  notes  de  la  présente  édition,  et 
il  prouve,  si  nous  ne  nous  faisons  illusion,  que  générale- 
ment et  sur  beaucoup  de  points,  le  moine  du  Mont- 
Cassin  était  bien  informé. 

Depuis  la  publication  de  V  Ystoire  de  li  Normant  en 
1833,  diverses  opinions  ont  été  émises  sur  le  degré  de 
confiance  qu'il  faut  accorder  aux  assertions  d'Aimé; 
ChampoUion-Figeac  lui  est  entièrement  favorable  et  dom 
Tosti,  plus  tard  Gicsebrccht  oi>t,  à  peu  prC;s,  partagé  ce 
sentiment  (i).  Puis  s'est  produite  une  très  vive  réaction, 

(i)  Dans  SCS  ProUgotnèties,  Ciiampollion-Figeac   est  des  plus  optimistes 
au  sujet  de  la  valeur  historique  de   V Ystoire  dt  li  formant;   dom  Tosn  : 


Iv 

non  pas  seulement  contre  les  hypothèses  de  ChampoUion- 
Figeac,  daQS  son  Introduction,  mais  même  contre  la 
valeur  historique  de  V  Ystoire  de  H  Normant;  dans  VAr- 
chiv  fur  altère  deutsche  Geschicktskundey  Wilmans  a  dé- 
montré que  ChampoUion-Figeac  s'est  trompé  en  attri- 
buant à  Aimé  VAnonymi  hisioria  Sicula  (i),  et,  dans  les 
Forschungen  :^ur  deutschen  Geschichtey  Ferdinand  Hirsch  a 
soumis  à  une  critique  très  acerbe  toute  Y  Ystoire  de  li 
Narmanty  ainsi  que  les  opinions  de  son  premier  édi- 
teur (2).  Très  au  courant  de  la  littérature  de  l'Italie  du 
sud  au  XI*  siècle,  Hirsch  n'a  pas  eu  de  peine  à  réfuter 
plusieurs  des  thèses  soutenues  par  Champollion-Figeac, 
mais  il  a  dépassé  la  mesure  dans  son  examen  critique  du 
récit  d'Aimé  ;  son  vif  désir  de  trouver  quand  même  en 
faute  l'auteur  de  l' Ystoire  de  li  Normant  se  trahit  presque 
à  chaque  page,  et  cette  disposition  d'esprit,  toujours 
dangereuse  quand  il  s'agit  d'apprécier  les  œuvres  d'au- 
trui,  ne  lui  a  pas  permis  d'éviter  quelques  exagérations 
et  quelques  erreurs  dont  l'aurait  préservé  un  peu  plus 
d'impartialité. 

Dans  le  29*  volume  des  Forschungen  ^^ur  deutschen 
Geschichte,  G.  Baist  a  mis  en  relief  ce  qu'il  y  avait 
de  défectueux  dans  l'argumentation  de  son  compa- 
triote (3)  et  a  donné  une  appréciation  plus  équitable 

Storia  del  la  Badia  di  Monte-Cassino,  t.  I,  p.  354  ;  Giesebrecht  :  GtscbicbU 
dn deutschen  Kaiserieit,  t.  II,  p.  S70,  t.  III,  p.  1033,  3»  édit 

(i)  ht  Amaius  von  Montecassino  der  Verfasser  der  Cbronica  Rohtrti  Biscardi? 
Archiu.  t.  X,  p.  122-130. 

(2)  T.  Vm,  p.  203-325. 

(3)  Void   le  jugement  de    Baist  sur  la  critique  d'Aimé  par  F.  Hirsch  : 
i"  Hirsch  hat  vôllig  klarc  Stellen  unrichtig  ausgelegt,  da  wo  der  Sinn  in 


Ivj 

de  l'ouvrage  d'Aimé  ;  qu'il  y  ait  des  erreurs  dans  Y  Ystoire 
de  H  Nonnanty  dirons-nous  à  noire  tour,  nul  ne  songe  à 
le  nier,  mais  il  n'en  est  pas  moins  incontestable  que  cette 
histoire  éclaire  d'une  vive  lumière  les  grands  événements 
dont  l'Italie  du  sud  a  été  le  théâtre  au  xi*  siècle  et  qu'elle 
nous  a  conservé  le  souvenir  de  bien  des  faits  qui,  sans 
elle,  seraient  restés  inconnus. 

Il  reste,  pour  terminer  cette  introduction,  à  voir  quels 
sont  les  rapports  de  l'ouvrage  d'Aimé  avec  les  autres 
sources  de  l'histoire  des  Normands  en  Italie.  Champol- 
lion-Figeac  n'hésite  pas  à  écrire  dans  ses  Prolégomènes^ 
en  parlant  d'Aimé  :  «  Les  historiens  spéciaux  des  Nor- 
mands en  Italie  ont  dû  profiter  de  son  ouvrage.  La  nar- 
ration métrique  de  Guillaume  de  la  Fouille,  l'histoire  de 
Geofiroy  Malaterra,  venus  après  lui,  ne  racontent  en 
effet  ces  longues  guerres  d'Italie  que  d'après  lui.  Amat 
fut  sans  doute  le  premier  qui  écrivit  sur  ces  grands  évé- 
nements, puisqu'il  retraçait  ce  qu'il  avait  vu  se  passer 
sous  ses  yeux;  Guillaume  et  Malaterra  ne  pouvaient  que 

lier  Uebcrsctzung  vcrdunkclt  ist,  ci  ne  dcm  Autor  ungûnstige  Dentang 
bevorzugt,  und  mchrfach  deutlichc  Fchler  des  Uebcrsetzers  oder  Copisten 
dem  Originale  zur  Last  gclegt.  2**  Er  hat  die  Winke  und  Ergânzungeii, 
wckhe  aus  deu  Capitelvcrzeichnissen  fiir  die  mangclhafte  Ueberlicferang 
zu  gevinncn  sind,  vcrnachlassigt.  ;**  Hr  hat  cinige  Malc  die  synchroni- 
tische  DarstcUungswcise  als  cine  chronitische  behandeit  4**  Er  hat  wicder- 
holt,  wo  sich  cinc  andcrc  Quelle  mit  Amatus  mehr  crgànzt  als  deckt,  dorch 
cine  (alsche  Betonnung  eincn  Kiinstlichen  Gegcnsatz  crzcugt.  5*  Wo 
wirklich  ein  Gcgensatz  vorhanden  ist,  ist  er  gcneigt  einnul  dicscn  zu 
ûbertreiben,  dann  den  widersprechenden  Quellcn  zu  viel  vertrauen  zu 
schenken.  6"  Er  bemist  die  Tragweite  dur  wirklich  vorhandencn  Irrthûmer 
unrichtig.  Kurz,  er  geht  durchweg  von  cincr  vorgefassten  ungûstigcn  Mci- 
nung  aus.  »  Forscbungen  ^«r  d.  GcscbUbte,  t.  XXIV,  p.  275  sq..  Baist  n*ezi- 
gère  rien  en  parlant  ainsi. 


Ivij 

« 

le  prendre  pour  guide  dans  la  narration  des  mêmes  faits 
qu'ils  exposaient  toutefois  à  leur  manière,  l'un  en  prose 
et  l'autre  en  vers;  enfin  il  ne  devait  pas  leur  répugner 
de  suivre  pas  à  pas  Amat,  leur  prédécesseur,  puisqu'ils 
écrivaient  pour  un  motif  et  sur  un  sujet  spécial  bien  diffé- 
rents de  ceux  d'Amat  (i).  » 

Voyons  la  valeur  de  cette  assertion  d'abord  pour  ce 
qui  concerne  Geoffroy  Malaterra. 

Champollion-Figeac  était,  comme  nous  l'avons  vu, 
persuadé  que  YAnanymi  historia  Sicula^  publiée  par  lui 
sous  le  titre  de  Chronique  de  Robert  Viscart  et  de  ses  frères ^ 
avait  Aimé  pour  auteur  (2),  et  nous  savons  au  contraire 
que  c'est  un  simple  abrégé  de  V Historia  Sicula  du  moine 
bénédictin  Geoffroy  Malaterra  ;  il  faut  donc  faire  abstrac- 
tion de  YAnanymi  historia  Sicula  quand  on  examine  les 
rapports  pouvant  exister  entre  Aimé  et  Malaterra;  cette 
première  donnée,  tout  à  fait  erronée,  a  logiquement  amené 
Champollion-Figeac  à  soutenir  que,  dans  son  Historia 
Sicula^  G.  Malaterra  s'était  inspiré  d'Aimé,  et  il  suffit  de 
comparer  ce  dernier  ouvrage  avec  l' Ystoire  de  H  Normant 
pour  s'assurer  qu'une  telle  affirmation  ne  peut  être 
admise. 

Malaterra  n'a  pas  rédigé  son  ouvrage  d'après  d'autres 
documents  écrits,  il  dit  lui-même  qu'il  a  simplement 
rapporté  les  renseignements  qui  lui  ont  été  donnés  de 
vive  voix  ;  voici  une  phrase  de  sa  lettre  à  l'évêque  de 
Catane  pour  lui  dédier  son  livre  :  «  Sciendum  tamen 
vobis  est...  si  seriatim,  minus  ordinate,  sccundum  tem- 

(i)  Prolégomènes  y  p.  lxvi  sq. 

(2)  C£  supra  :  Introduction ,  p.  xxxix. 


Iviij 

pora  quibus  facta  sunt,  qu£  adnotantur  vel  certe  aliqua 
oblivione  prxtergressa  repentis,  non  haec  tam  mihi 
quam  relatoribus  culpando  ascribantur  (i)  ». 

Le  but  de  Malaterra  est  bien  différent  de  celui  d*Aimé; 
dans  cette  même  lettre  à  Tévêque  de  Catane,  Malaterra 
déclare  qu'il  écrit  pour  se  conformer  aux  ordres  du 
comte  Roger  (frère  de  Robert  Guiscard  et  mort  en  i  loi), 
((  mihi  ut  ad  hujus  operis  laborem  dictandum  accingar, 
injunxit  (2)  »,  et  que  son  intention  est  de  raconter  les 
triomphes  de  ce  comte  Roger,  comment  il  a  conquis  b 
Calabre  et  la  Sicile.  Aimé,  au  contraire,  cherche  surtout 
à  glorifier  Richard  de  Capouc  et  le  duc  Robert  Guiscard; 
leur  objectif  n'est  donc  pas  le  même,  aussi  Aimé  ne  parle 
de  Roger  que  par  accident  et  ne  cherche  en  aucune  façon 
à  rehausser  sa  gloire.  Pour  arriver  à  célébrer  les  exploits 
du  comte  Roger,  Malaterra  est  cependant  obligé  de  rap- 
porter les  faits  principaux  des  premières  conquêtes  des 
Normands  dans  l'Italie  du  sud,  la  campagne  en  Sicile 
avec  Maniacès,  l'invasion  de  la  Pouille  avec  Ardouin, 
Guillaume  bras-de-fer  et  Drogo,  la  guerre  avec  Léon  IX, 
les  commencements  de  Robert  Guiscard  et  son  avène- 
ment au  souverain  pouvoir,  et  comme  tous  ces  événe- 
ments ont  été  également  racontés  par  Aimé,  on  voit  que 
les  deux  bénédictins  se  sont,  plus  d'une  fois,  rencontrés 
sur  le  même  terrain,  mais,  même  alors,  aucun  des  deux 
n'a  profité  du  travail  de  l'autre.  Ce  sont  bien  les  mêmes 
événements,   mais  la  manière  de  les  envisager  n'est  pas 

(i)  G.    Malaterrae,   Historica   sicula   dans  Migne,    Pair,    lat.,  t.   149, 
col.  1099. 

(2)  G.  Malaterrae,  Historica  ùcula  dans  Migne,  t.  149,  col.  iioo. 


lix 

la  même,  les  détails  varient,  les  anecdotes  sont  diflfé- 
rentes,  et  si  l'un  des  deux  annalistes  se  trompe,  son 
erreur  n'est  en  aucune  façon  reproduite  par  l'autre. 
L'étude  comparée  de  l^Historia  Sicula  et  de  l' Ystoirt  de  li 
Narfnant  permet  donc  de  déclarer  que  les  deux  bénédic- 
tins sont  complètement  indépendants  l'un  de  l'autre  et 
qu'ils  ont,  chacun  de  leur  côté,  et  très  probablement  sans 
se  connaître,  écrit  d'après  des  traditions  orales. 

On  arrive  à  une  conclusion  identique  quand  on  com- 
pare l'œuvre  d'Aimé  avec  le  poème  historique  de  Guil- 
laume de  Fouille;  Wilmans  a  cru  devoir,  sur  ce  point, 
se  ranger  en  partie  à  l'opinion  de  ChampoUion- 
Figeac  (i),  mais  il  me  semble  que  F.  Hirsch  est  bien 
plus  dans  le  vrai  en  soutenant  que  Guillaume  de  Fouille 
ne  s'est,  en  aucune  façon,  inspiré  d'Aimé. 

C'est  surtout  dans  le  El*  livre  d'Aimé  que  Wilmans 
croit  trouver  des  passages  reproduits  ensuite  par  Guil- 
laume de  Fouille  ;  il  cite,  par  exemple^  cette  énumération 
des  Italiens  qui  vinrent  se  joindre  à  Léon  IX  pour  com- 
battre les  Normands  «  et  assemblèrent  de  Gaiète,  de  Val- 
bine  et  de  la  Marche,  i  sont  ajoint  home  de  Marsi  et  de 
autre  contés  (2)  »  et  la  met  en  regard  de  ces  vers  du 
poète  : 

......  Gens  innumenbilis  illi 

Appula,  Balbensis,  Campanica,  Mirsa,  Thelensis 
Venerat  auxilio  (3). 

(1)  Arcbiv  fur  àltcre  dcutscbe  Gescbichtshunde,  t.  X,  p.  117.  F.  Hirsch  a, 
avec  beaucoup  de  clarté,  établi  cette  comparaison  entre  VYstoire  de  li  Normant 
et  le  poème  de  Guillaume  de  Fouille,  aussi  ai-je  reproduit  une  grande 
partie  de  son  alimentation. 

(a)  Aufé,  III,  24. 

())  GunxERMi  Apuuensis,  Gesta  Roberti  IViscardi,  II,  v.  149  sqq. 


/" 


k 

Mais,  comme  Ta  déjà  remarqué  Hirscb,  Aimé  et 
Guillaume  de  Fouille  ne  parlent  pas  de  la  même  expédi- 
tion; Aimé  a  en  vue  celle  que  Léon  IX  essaya  d'orga- 
niser en  1052  et  qui  ne  put  entrer  en  campagne,  parce 
que  Guaimar,  prince  de  Saleme,  refusa  d'en  faire  partie; 
Guillaume  de  Fouille  raconte  au  contraire  Texpédition  de 
1053  V^^  s^  termina  par  la  bataille  de  Civiute  (i). 

Dans  son  récit  de  la  campagne  de  1053,  Aimé  rap- 
porte que  les  Normands  y  souffrirent  de  la  faim,  il 
écrit  :  «  La  nécessité  de  la  famé  moleste  li  Normant,  et 
par  lo  exemple  de  li  apostole  prenoient  li  espic  de  le 
grain  et  fi'otoient  o  la  main  et  ensi  menjoieot  lo 
grain  (2)  ».  Guillaume  de  Fouille  a  recueilli  la  même 
tradition. 

Tempus  erat  jam  triticeis  confine  metendis 
Frngibus;  at  virides  nondum  légère  maniplos 
Agricohe  quos  Frandgenc  qnia  pane  carebant, 
Igni  torrcbant  et  vescebantar  adustis  (3). 

n  y  a  cependant,  sur  ce  point,  une  différence  entre  le 
chroniqueur  et  le  poète;  d'après  Aimé,  les  Normands 
mangeaient  le  grain  sansLle  présenter  au  feu,  et  c'est  au 
contraire  ce  qu'ils  faisaient  d'après  Guillaume  de  Fouille, 

Il  est  certain  qu'avant  la  bataille  de  Civitate,  des  pour- 
parlers eurent  lieu  entre  les  Normands  et  le  pape 
Léon  IX  (4)  ;  Aimé  et  Guillaume  de  Fouille  ont  Fun  et 

(i)  F.  HrRSCH,  /.  f.  p.  223. 

(2)  Aimé,  III,  40. 

(3)  Gesta  Robert i  Viscardi,  II,  v.   115  sqq. 

(4)  Sins  compter  Guillaume  de  Fouille  et  Aimé,  l'anonyme  de  Béné- 
vcut  (Watterich,  Pont  if.  roman,  vita^  t.  I,  p.  me)  et  Hikmann  de  Rii- 
ciiENAU  (cbfonicon  ad  an.  105  3)  parlent  aussi  de  ces  négociatioiis. 


kj 

l'autre  parlé  de  ces  négociations,  mais  il  y  a  dans  chacun 
de  leurs  récits  des  particularités  qui  ne  sont  pas  repro- 
duites dans  l'autre;  il  n'est  donc  guère  admissible  de 
supposer  que  Guillaume  de  Fouille  ait  emprunté  à  Aimé 
ce  qu'il  rapporte  sur  ces^  négociations.  Ainsi,  d'après 
Aimé,  les  Normands,  pour  légitimer  aux  yeux  du  pape 
leurs  conquêtes  dans  l'Italie  du  sud,  rappelèrent  l'inves- 
titure qui  leur  avait  été  accordée  par  l'empereur,  et  mon- 
trèrent le  gonfanon  qu'il  leur  avait  donné  (i).  Guillaume 
de  Fouille  ne  dit  rien  de  cet  incident;  de  même  il  se 
borne  à  déclarer  que  les  grands  seigneurs  teutons  qui 
entouraient  Léon  IX  firent  échouer  les  négociations  avec 
les  Normands,  tandis  que,  d'après  Aimé,  la  responsabi- 
lité de  cette  rupture  retombe  surtout  sur  Frédéric  de  Lor- 
raine, alors  chancelier  de  l'église  romaine  (2). 

Quant  au  siège  et  à  la  prise  de  Salerne  en  1076  par 
Robert  Guiscard  contre  le  prince  Gisulfe,  nous  les  con- 
naissons en  détail,  grâce  à  Aimé  qui  leur  consacre  une 
grande  partie  de  son  Vm*^  livre,  et  Guillaume  de  Fouille 
les  raconte  également  dans  une  cinquantaine  de  vers  (3); 
l'événement  méritait  du  reste  de  fixer  les  regards  du 
chroniqueur  et  du  poète,  car  c'était  la  dernière  scène  et 
le  dénouement  de  ce  long  drame  de  la  lutte  entre  les 


(i)  «  Et  H  Kormant  puiz  qa*il  vindrent  mandèrent  message  à  lo  pape  et 
cerchoient  paiz  et  concorde,  et  prometoient  chascan  an  de  donner  incense 
et  tribut  a  la  sainte  eclize,  et  celles  terres  qu'il  ont  veincues  par  armes  vo- 
loient  re  (ce)  voir  les  par  la  main  de  lo  vicaire  de  l'eglize.  Et  mostrèrent 
lo  confanon  cornent  il  furent  revestut  de  la  terre  par  la  main  de  lo  impe- 
reor,  et  coment  lor  estoit  confermée.  a  AmÈ,  îll,  39. 

(2)  Aimé,  m,  59,  Guillelmus  Apulçs,  II,  v.  80  sqq. 

(3)  Gesta  Raherti  Wiscardi,  1.  III,  v.  412-465. 


Ixij 

Normands  et  les  Lombards.  Il  y  a  évidemment  entre  ces 
deux  relations  quelques  analogies,  des  points  de  ressem- 
blance, puisque  Aimé  et  Guillaume  de  Fouille  racontent 
'  les  mêmes  scènes  ;  mais  ici  encore  il  y  a,  dans  le  détail, 
dans  les  menus  faits  présentés  de  part  et  d'autre,  assez  de 
diversité  pour  établir  que  Guillaume  de  Fouille  n*a  pas 
été,  dans  sa  description,  Técho  d'Aimé  du  Mont-Cassin. 
D'après  Guillaume  de  Fouille,  les  habitants  d'Amalfi 
étant  persécutés  par  Gisulfe  de  Saleme,  invoquèrent  le 
secours  de  Robert  Guiscard  auquel  ils  payaient  tous  les 
ans  un  tribut  (i),  de  là  le  siège  de  Saleme  par  le  duc 
normand  et  finalement  la  défaite  et  la  ruine  complète  de 
Gisulfe.  Aimé  ne  parle  pas  de  ce  tribut  et  se  contente  de 
dire  que,  pour  éviter  les  exactions  de  Gisulfe,  les  Amalfi- 
tains  se  donnèrent  à  Robert  Guiscard  et  que  ce  fut  là 
l'origine  de  la  guerre  entre  Robert  Guiscard  et  Gisulfe  (2). 
1  D'après  Aimé,  une  famine  épouvantable  commença  ses 
ravages  dans  Saleme  deux  mois  après  l'ouverture  du 
siège  de  cette  ville  par  Robert  Guiscard;  d'après  Guil- 
laume de  Fouille,  ce  fut  après  le  quatrième  mois  seule- 
?  ment  que  la  famine  se  fit  sentir  (3).  La  curieuse  anec- 

(i)  Intcrca  ducis  cgregii  populosa  fréquenter 

Poscit  Amaliis  opcm,  cui  vcctigalia  dudam 
Annaa  dctulcrat,  nimis  impugnante  Gisulfo. 

L.  ni,  V.  412  sqq. 

(2)  «  Cil  de  Amalic  se  rctorncrent  a  lo  adjutoire  de  lo  vallantissime  dnc 
Robert  a  loquel  donnèrent  puissance  de  venir  a  U  cité  de  faire  une  roche.  » 
Aimé,  VHI,  8. 

(3)  Qjjartus  crat  mensis  compictus  ab  obsidione, 
Tanta  ùmcs  misera;  cives  invaserat  urbis 

Ut  canibus  vcl  eqnis  vcl  muribus  aut  asinomm 
Turba  cadaveribus  vix  vivcre  posset  edendp. 

ni,  v.  427  sqq.  Cf.  Aimé,  VHl,  15,  18. 


Ixiij 

dote  du  chien  qui,  pendant  le  siège,  nourrit  son  maître, 
est  rapportée  par  le  poète  et  par  l'histopen,  mais  au  dire 
d'Aimé,  le  maître  du  cjiien  était  un  prêtre,  tandis  que 
d'après  Guillaume  de  Fouillé  c'était  un  laïque,  et  le  poète 
ne  dit^as,  comme  le  rapporte  Aimé,  que  finalement  Gi- 
sulfe  fit  massacrer  le  chien  et  mourir  le  prêtre  (i).  La  ^/ 
façon  dont  Robert  Guiscard  fut  blessé  dans  la  dernière 
période  du  siège  n'est  pas  non  plus  rapportée  d'une  ma- 
nière identique  par  les  deux  auteurs  (2);  enfin,  tandis  ^ > 
que  Guillaume  de  Fouille  se  borne  à  déclarer  que  Gré- 
goire Vn  fit  à  Gisulfe  vaincu  et  dépouillé  de  ses  états 
une  réception  bienveillante  et  qu'il  lui  confia  le  gouver- 
nement de  la  Gampanie  (3),  Aimé  allant  beaucoup  plus 
loin,  écrit  que  le  pape  «  lo  fist  prince  de  toutes  les  chozes 
dell'Eglize,  et  lui  comist  tout  son  secret  et  tôt  son  çonseill 
et  disponist  les  toutes  de  l'Eglize  les  choses  a  soe  libéra- 
lité et  volenté  (4).  » 

§ 

Les  quatre  passages  de  Guillaume  de  Fouille  dont  il 
vient  d'être  question,  étant,  au  rapport  de  Wilmans  lui- 
même,  ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  d'Aimé,  il  est 
inutile  de  pousser  plus  loin  cette  comparaison  ;  les  expli- 
cations déjà  fournies  permettent  d'affirmer  que  Guillaume 
de  Fouille  est  tout  à  fait  indépendant  d'Aimé,  et  qu'il 
n'a  pas  reproduit  les  données  de  l' Ystoire  de  H  Normant. 

(i)  Voyez  Tanecdote  du  chien  dans  AiMé,  Vm,  19,  et  dans  Guillaume 
DE  Fouille,  III,  v.  431  sqq. 

(2)  Aimé,  VIII,  23,  sab  fine;  Gucllauice  de  Fouille,  III,  v.  450  sqq. 

(3)  vcnicntem  papa  bénigne 

Suscipit  et  régie  Gimpanica  traditur  illL 

III,  V.  463  sq. 

(4)  AiMfe,  VIII,  30. 


Uiv 

Quant  aux  rapports  entre  l'ouvrage  d'Aimé  et  la  Chro- 
nicon  Casinense,  composée  par  ses  deux  confrères  du 
Mont-Cassin,  Lco  de'  Marsi  et  Pierre  Diacre,  il  ne  saurait 
y  avoir  de  doute,  la  Chronicon  Casinense  a  fait  de  larges 
emprunts  à  VHistoria  Normannorum. 

Par  une  rare  bonne  fortune,  nous  avons  encore  le  ma- 
nuscrit autographe  de  Léo  de'  Marsi  pour  la  composition 
de  la  Chronicon  Casinense;  ce  manuscrit  actuellement  à  la 
bibliothèque  royale  de  Munich  et  classé  sous  le  n*^  123 
(inter  Benedicioburanos) ,  provient  de  l'ancienne  abbaye  de 
Bénédictbeuren  (i).  Wattenbach  suppose  qu'il  a  été 
apporté  du  Mont-Cassin  à  Bénédictbeuren  vers  11 37  par 
Engelscalc,  abbé  de  Bénédictbeuren  (2)  ;  quoi  qu'il 
en  soit  de  cette  hypothèse,  ce  manuscrit  montre  que  Léo 
de'  Marsi  avait  d'abord  écrit  une  première  rédaction  de  la 
Chronicon  Casinense  jusqu'en  1057,  c'est-à-dire  jusqu'à 
l'élection  de  Frédéric  de  Lorraine  comme  abbé  du  Mont- 
Cassin,  et  qu'il  a  ensuite  modifié  ce  texte,  soit  par  des 
ratures,  soit  par  de  très  nombreuses  additions.  L'examen 
du  manuscrit  fait  voir  en  outre  que,  dans  sa  première 
rédaction,  Lco  de'  Marsi  n'avait  fait  aucun  emprunt  à 
VHistoria  Nonnannorum  d'Aimé  (3),  ces  emprunts  n'ont 
été  faits  que  plus  tard  dans  les  additions;  cette  abstention 
étonne  d'autant  plus  que  Léo  de'  Marsi  a  commencé  à 

(i)  W.  Wattenbach,  Préliminaires  de  Vèdition  df  la  Cbnmico»  Casinense, 
MG.  SS.,  t.  VII,  p.  55^   sqq. 

(2)  Wattenbacu.  /.  c,  p.  S  S 6. 

(3)  Wattknbacii  écrit,  /.  r.,  p.  560,  en  parbnt  de  Lco  de*  Marsi  :  «  No- 
vjm  dcindc  elaboraturus  cditioncm,  insigne  nactus  est  adjumentum,  Amati 
dico  liistoriam  Normanonim,  cujus  auxilio  que  de  ils  jam  scripsent 
gnovit.  » 


Ixv 

rédiger  sa  chronique  après  1098,  à  une  époque  par  con- 
séquent où  Aimé  avait  depuis  longtemps  mis  la  dernière 
main  à  son  Historia  Normannorum.  Nous  savons  en  outre 
que  Léo  de'  Marsi  était  bibliothécaire  et  archiviste  du 
Mont-Cassin  en  1098  (i)  ;  comment  supposer  dès  lors 
qu'il  n'eut  pas  à  sa  disposition  l'original  ou  une  copie  du 
travail  d'Aimé  ?  C'est  cependant  cette  supposition  qui, 
après  réflexion,  me  parait  la  plus  plausible;  si,  plus 
tard,  Léo  de'  Marsi  a  jugé  utile  de  mettre  à  contribution 
pour  sa  Chronique  VHistoria  Normannorum^  s'il  Fa  feit 
dans  une  large  mesure,  allant  parfois  jusqu'à  raturer  ce 
qu'il  avait  écrit  pour  insérer  à  la  place  les  données  de  son 
confrère,  c'est  qu'alors  seulement  il  a  pu  l'apprécier^  et 
qu'auparavant,  pour  des  raisons  que  nous  ne  connaissons 
pas,  Touvrage  n'était  pas  à  sa  portée.  Nous  avons  tou- 
jours quelque  peine  à  nous  représenter  les  viccissitudes 
que  pouvait  avoir  à  traverser,  avant  l'invention  de  l'im- 
primerie, un  livre  qui  d'ordinaire,  à  moins  qu'il  ne  s'agit 
d'un  ouvrage  célèbre  ou  d'un  traité  classique,  n'avait  que 
un  ou  deux  exemplaires;  ce  fait  assez  singulier  d'avoir 
retrouvé  dans  les  manuscrits  d'une  abbaye  de  Bavière 
l'original  et  le  véritable  texte  de  la  Chronicon  Casinmse 
composée  au  Mont-Cassin  et  pour  le  Mont-Cassin  ;  cet 
autre  fait  de  la  perte  définitive  de  l'original  et  du  texte 
latin  d'Aimé,  montrent  bien  que  les  archives  de  la  cé- 
lèbre abbaye  n'ont  pas  toujours  fidèlement  gardé  les 
trésors  qui  leur  avaient  été  confiés.  De  ce  que  dans  la 
première  rédaction  de  son  travail,  Léo  de'  Marsi  n'a  pas 

(i)   Pétri  Diaconi,    De   viris    iJlusiribus  Casintnsibus,   c.    XXX,  dans 
MuRATORi,  R.  L  SB.,  t.  VI,  col.  45. 

S 


hvj 

mis  à  profit  VHistoria  Normannorum,  on  ne  saurait  en 
conclure,  comme  le  fait  Hirsch,  toujours  malveillant  et 
mal  disposé  (i),  que  l'auteur  de  la  Chroniam  Casinense 
ait  eu  pendant  longtemps  fort  peu  de  confiance  en  la 
véracité  d'Aimé,  et  que  ce  sentiment  n'ait  même  jamais 
complètement  disparu. 

Voici  le  relevé  des  emprunts  faits  à  Aimé  par  Léo  de' 
Marsi  et  par  Pierre  Diacre  qui  a  continué  la  Chroniam 
Casinense  : 

I**  Chranican  Casinense^  H,  37;  le  commencement  du 
chapitre  est  un  extrait  de  VHistoria  Normannorum^  I,  18, 
19,  20.  C'est  la  tradition  salemitaine  sur  l'arrivée  des 
Normands  en  Italie;  la  délivrance  de  Saleme  par  qua- 
rante pèlerins  normands,  le  retour  de  ces  Normands  en 
Normandie  et  la  première  émigration  de  Normands  dans 
ritalic  du  sud,  à  la  suite  de  troubles  survenus  en  Nor- 
mandie. Il  se  peut  que,  dans  ce  môme  chapitre,  laCbroHi- 
con  Casinense  ait  emprunté  à  Aimé  quelques  détails  sur  la 
guerre  des  Normands,  commandés  par  Mélès,  contre  les 
Grecs  de  la  Fouille,  mais  la  traduction  de  VHistoria  Nor- 
mannorum,  assez  défectueuse  en  cet  endroit,  rend  ces 
emprunts  difiiciles  à  constater  ; 

i'*  Clyron.  Casin.y  II,  41  ;  depuis  ces  mots  :  a  Stepbano 
autem,  Melo  »,  etc.,  jusqu'à  la  fin  du  chapitre,  Aimé, 
I,  29.  —  Léo  de'  Marsi  y  résume  ce  que  VHistoria  Nor^ 
mannorum  rapporte  sur  l'établissement  des  Normands 
au  château  de  Gallinare,  dans  le  pays  de  Comino  ; 

3®  Chron.  Casin.y  H,  43;  la  dernière  phrase  du  cha- 
pitre; Aimé,  II,  28,  fin  du  chapitre.  L'empereur  Henri  II 

(l)   i'.    illRSCIl,   /.  r.,   p.   23)  Si}. 


Ixvij 

guéri  au  Mont-Cassin  par  Tintercession  de  S.  Benoît, 
promet  de  quitter  plus  tard  la  couronne,  si  les  circons- 
tances le  lui  permettent,  et  de  venir  <!omme  religieux 
vivre  et  mourir  au  Mont-Cassin  ; 

4®  Chran.  Casin.,  H,  58  ;  première  phrase  du  chapitre; 
Aimé,  I,  33.  Pandulfe,  prince  de  Capoue,  prisonnier  en 
ôermanie,  est  délivré  et  rentre  en  Italie,  grâce  à  l'inter- 
vention de  Guaimar,  prince  de  Salerne.  Dans  ce  même 
chapitre,  Léo  de'  Marsi  a  pris  dans  Aimé,  II,  40,  ce  qui  a 
trait  à  la  fondation  d'Aversa  par  le  Normand  Rainulfe, 
le  premier  établissement  définitif  des  Normands  enitalie  ; 

5*  Chran.  Casin.y  H,  58;  Aimé,  H,  13.  Après  avoir 
tjrrannisé  l'abbaye  du  Mont-Cassin  en  exécutant  les 
ordres  de  Pandulfe,  prince  de  Capoue,  Todinus,  entraîné 
dans  la  ruine  de  son  maître,  est  réduit  à  être  pour  le 
compte  du  couvent,  «  cernatorde  ferine  »  ; 

6^  Chran.  Casin.y  H,  63  ;  diverses  données  de  ce  cha- 
pitre sont  extraites  d'Aimé;  l'empereur  Conrad,  à  la  de- 
mande de  Guaimar,  investit  Rainulfe  du  comté  d'Aversa; 
il  réintègre  l'archevêque  Adénulfe  sur  le  siège  de  Capoue  ; 
Aimé,  n,  6;  —  Guaimar  s'empare  de  Sorrente  avec 
l'aide  des  Normands,  et  donne  ce  duché  à  son  frère  Gui; 
il  soumet  à  son  pouvoir  la  ville  d'Amalfi  ;  Aimé,  H,  7  ; 
—  Pandulfe  va  à  Constantinople  implorer  le  secours  de 
l'empereur,  il  y  est  retenu  en  prison  jusqu'à  la  mort  de 
celui-ci  ; 

7*»  Chran.  Casin.,  H,  66  ;  presque  tout  ce  chapitre  est 
extrait  d'Aimé,  H,  8,  9,  10,  14,  15,  16,  17,  18,  19,  20, 
21,  22,  23,  25,  26,  27,  28,  29,  30,  passim.  Dans  sa 
première  rédaction,  Léo  de'  Marsi  s'était  borné  à  écrire 


hcvii) 

qu'en  1041,  quatre  che&  nonnands  itaUb  à  Avena, 
c'est-à-dire  Goilbome  et  Drogo,  fik  de  Tancrède, 
Gauthier  et  Pétrone,  fils  d'Amiens,  ayant  quitté  Aversa 
sous  la  condoite  d'Adénnlie  (c'était  une  erreur),  fils  du 
prince  de  Bénévent,  étaient  venus  en  PùuiUe  à  Melfi  et 
avaient  Eût,  en  union  avec  les  Lombards^  la  guerre  aux 
Grecs.  Laissant  ensuite  ce  canevas  si  incomplet,  Léo  de' 
Marsi  raconte,  d'après  Aimé,  l'expédititti  des  Normands 
en  Sicile,  sous  les  ordres  de  Maniacès,.le  mauvais  traite- 
ment infligé  par  les  Grecs  au  lombard  Ardouin  et  la 
vengeance  ourdie  par  ce  dernier,  qui,  après  s'être  Eût 
nommer  par  les  Grecs  gouverneur  d'une  partie  de  la 
Fouille,  vient  chercher  les  Normands  à  Aversa  poor 
s'emparer  du  pays.  Le  chroniqueur  donne  ensuite  le 
récit  de  la  guerre  entre  les  Normands  et  les  Grecs,  la 
nomination  d'Adénulfe  comme  chef  des  Normands,  la 
conquête  et  le  partage  de  la  Fouille,  enfin  la  nomination 
de  Guillaume  bras-de-fer  comme  comte  de  la  Fouille  et 
chef  des  Normands  établis  dans  ce  pays.  —  A  la  fin  de  ce 
même  chapitre,  Léo  de'  Marsi  sacrifie  encore  sa  première 
rédaction  pour  donner  d'après  Aimé,  II,  32  sqq.,  la  série 
des  comtes  d' Aversa  ;  dans  cette  première  rédactic»,  il 
avait  placé  entre  Rainulfe  Trinclinocte  et  Richard,  le 
comte  Guillaume  Bellabocca  comme  comte  d' Aversa,  et 
un  document  publié  par  di  Meo  prouve  qu'il  avait  raison, 
Aimé  au  contraire  le  passe  sous  silence  dans  sa  série; 

8**  Chran.  Casin.,  H,  79;  Léo  de'  Marsi  dit,  d*après 
Aimé,  ni,  14,  que  le  pape  Clément  est  mort  ultra 
montes;  c'est  une  erreur,  il  est  mort  au  monastère  de 
S.  Thomas,  dans  le  comté  de  Pesaro  ; 


hit 

9*  Chron.  Casin,^  II,  82;  tout  ce  chapitre  provient 
d'Aimé,  III,  26,  27,  28,  29,  30,  31,  32,  33,  34;  c'est  le 
récit  de  la  mort  de  Guaimar,  prince  de  Saleme,  tué  par 
des  Amalfitains,  des  Salemitains  et  par  quelques-uns  de 
ses  parents.  Gisulfe  son  fils  lui  succède,  grâce  à  l'appui 
de  son  oncle  Guido  et  des  Normands  ; 

10^  Chron.  Casin.,  Il,  84;  il  s'agit  de  la  bataille  de 
Gvitate  entre  les  Normands  et  les  troupes  du  pape 
Léon  IX;  Léo  de'  Marsi  a  appris  d'Aimé,  m,  40,  Tordre 
de  bataille  des  Normands,  les  noms  des  che&  qui  les 
commandaient»  ainsi  que  les  noms  des  deux  che&  de 
Tannée  pontificale,  Raynolfe  et  Raynier,  Rodulfiis  et 
(kianerius  Suevus  dans  Léo  de'  Marsi  ; 

11°  Cbrau.  Casin^  m,  15;  dans  ce  chapitre,  Léo  de' 
Marsi  reprend  l'histoire  des  Normands  au  point  où  il 
Tavait  hissée.  II,  66,  et  la  raconte  d'après  Aimé,  IQ,  7, 
10,  II  ;  IV,  3,  4,  s,  6,  7,  18,  23  ;  V,  7,  18,  20,  23,  24, 
2$.  26,  27;  VI,  13,  14,  is,  i6,  17,  18,  19,  20,  21,  22. 
n  résume  YHistoria  Normannorum  sur  la  jeunesse  de 
Robert  Guiscard  à  San-Marco,  son  aventure  avec  Pierre 
de  Bis^>Bano,  son  mariage  avec  Alvérada,  son  élévation 
aa  scMiverain  pouvoir  après  la  mort  d'Umfi'oy,  ses  guerres, 
son  second  mariage  avec  Sikelgaïta,  les  campagnes  de 
Skile,  la  prise  de  Bari,  de  Palerme,  de  Mazara,  enfin  le 
partage  de  la  Sicile  enûre  Robert  Guiscard  et  son  frère 
Rogef .  Passant  ensuite  aux  Normands  d'Aversa,  Léo  de' 
Maisi  parle  d'après  Aimé,  IV,  8,  13,  26,  28,  30,  31,  de 
la  prise  de  Capoue  et  de  Teano  par  Richard,  et  des  visites 
et  des  libéralités  de  ce  prince  au  Mont-Cassin;  il  ajoute 
SOT  ce  dernier  point  quelques  détails  à  ceux  qui  sont 
fournis  par  Aimé  ; 


-rzz-:'  Ziic 


.  ^:.--r:  :  -.—•:.   '«   ;.   Henri  I\', 

--:    -TT".,    ;i-  PichjirJ,  prince  de 

•  ■  .-.-.::  -l'/.r  7  -rtre  nommé  patrice, 

.--••        :::pf::::::on  du  roi  n'eut  cepen- 

— ■:  ;.:  ic-iaccord  entre  Henri  IV  et 

-  ;.  :*::.'..trj(Jc  dc  Rainald^  abbc  du  Mont- 

'   r     .^.iiT':,  du  Tillustrc  fannllo  des  wvn:tesde 

..^:îi':  .111  Monl-Cassin,  acccrr-i  Je  cor.:- 

",  .^ .rtf.jn  fMunrMscc[uc I.tv  Je' NLir?:  r-ii: z::T.tc 

..i..   ijniirMi  dc\s  i;randc>cocc?:r',s:zcr::i  ."ÎLiiîïi- 

.'.     '..x..r..  |i,ir  l'ahlv  Didier.  c\*sr-:-c:rj    ,::5c^:ti:î    --r^ 

.',':2;  l.i  rédac'tioîi  ce  T'cr^v  T'ultm  :-in:ni:ncj  ;: 

;  :      .:,.ijiiiri-  (lu  111'"  Iiv*\  ••:,  -•J'iiitttu  -jlJw   iu  :<:n  tt.- 

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...    r— »•' 


Ixxj 

la  reddition  de  Salerne,  tandis  qu'elle  a  eu  lieu,  comme 
le  dit  Aimé,  pendant  le  siège  de  cette  ville.  \ 

Cette  longue  série  des  emprunts  de  la  Chronicon  Casi- 
nense  à  VHistoria  Normannorum  témoigne  de  l'impor- 
tance d'Aimé  comme  historien  des  Normands  en  Italie  ; 
abstraction  faite  de  son  livre  et  de  ce  que  lui  doit  la  Chro- 
nicon CasinensCy  il  ne  resterait  pour  connaître  l'histoire 
des  Normands  d'Italie,  depuis  leurs  premières  apparitions 
dans  ce  pays  jusqu'à  la  mort  de  Richard  de  Capoue  en 
1078,  que  les  indications  laconiques  et  purement  chro- 
logiques  de  la  Chronicon  brève  Normannicum,  de  Lupus, 
des  Annales  Barenses  et  des  petites  Annales  Cassinenses  et 
les  traditions  presque  toujours  altérées  et  défigurées  de 
chroniqueurs  qui,  comme  Raoul  Glaber,  Orderic  Vital, 
Adémar  de  Chabanais,  Guillaume  de  Jumièges,  n'ont  pas 
vécu  en  Italie  et  n'ont  écrit  que  d'après  des'  ouï-dire. 
Quant  à  Guillaume  de  Fouille,  nous  l'avons  déjà  dit,  il 
n'a  composé  son  poème  que  pour  la  glorification  du  duc 
Roger,  fils  de  Robert  Guiscard  ;  son  but  n'est  nullement 
de  raconter  les  commencements  de  la  conquête,  il  ne  le 
fait  que  d'une  manière  incomplète  et  comme  introduction 
à  son  sujet  ;  de  même,  G.  Malaterra  vise  surtout  à  re- 
hausser la  gloire  de  Roger,  le  grand  comte  de  Sicile,  le 
dernier  des  fils  de  Tancrède,  venu  en  Italie  lorsque  les 
Normands  avaient,  depuis  plusieurs  années  déjà,  établi  les 
bases  de  leur  puissance  ;  à  Aimé  revient  donc  l'honneur 
d'être  le  véritable  et  le  plus  important  historien  des 
soixante  premières  années  de  l'histoire  des  Normands  en 
Italie;    sans  lui,    cette  histoire   serait   restée  obscure, 

incomplète,  et  à  peu  près  énigmatique  par  bien  des  côtés. 

y 


Ixx 

12®  Chron.  Casin.y  El,  23;  le  commencement  de  ce 
chapitre  provient  également  d'Aimé,  VI,  9;  Henri  IV, 
roi  de  Germanie,  ayant  appris  que  Richard,  prince  de 
Capoue,  marchait  sur  Rome  pour  y  être  nommé  patrice, 
veut  aller  le  combattre,  l'expédition  du  roi  n'eut  cepen- 
dant pas  lieu,  à  cause  du  désaccord  entre  Henri  FV  et 
Gottfried,  duc  de  Toscane. 

Vers  1140,  à  la  demande  de  Rainald^  abbé  du  Mont- 
Cassin,  Pierre  Diacre,  de  l'illustre  famille  des  comtes  de 
Tusculum,  et  moine  au  Mont-Cassin,  accepta  de  cond* 
nuer  la  Chronicon  Casinense  que  Léo  de'  Marsi  avait  menée 
jusqu'à  l'inauguration  des  grandes  constructions  faites  au 
Mont-Cassin  par  l'abbé  Didier,  c'est-à-dire  jusques  vers 
1071,  1072;  la  rédaction  de  Pierre  Diacre  commence  au 
34«  chapitre  du  III*  livre,  et,  comme  celle  de  son  pré- 
décesseur, elle  contient  des  emprunts  faits  à  VHistoria 
Narmannorum  d'Aimé  ; 

13°  Chron.  Casin.,  lU,  45  ;  Pierre  Diacre  trouvant  sans 
doute  que  Léo  de'  Marsi  avait  trop  abrégé  les  données 
empruntées  à  Aimé  sur  la  conquête  de  la  Sicile  par  les 
Normands,  reproduit,  dans  ce  chapitre,  les  principaux 
événements  de  cette  conquête,  et  il  le  fait  en  suivant 
Aimé,  V,  8,  10,  18,  20,  23,  25,  27.  Il  revient  également 
sur  les  sièges  de  Bari  et  de  Palerme,  Aimé,  VI,  14-19; 
Vin,  II,  12,  13,  14,  17,  23.  n  résume  ensuite,  ce  que 
Léo  de'  Marsi  n'avait  pas  fait,  les  détails  si  curieux  fournis 
par  Aimé  sur  le  siège  et  la  prise  de  Saleme  par  Robert 
Guiscard,  et  il  mentionne  également  l'expédition  du  duc 
Robert  et  de  Richard,  prince  de  Capoue,  contre  la  Cam- 
panie  —  Aimé,  VIII,  31,  32  —  mais  la  place  à  tort  après 


Ixxj 

la  reddition  de  Saleme,  tandis  qu'elle  a  eu  lieu,  comme 
le  dit  Aimé,  pendant  le  siège  de  cette  ville.  \ 

Cette  longue  série  des  emprunts  de  la  Chronicon  Casi- 
nense  à  VHistoria  Normannorum  témoigne  de  l'impor- 
tance d'Aimé  comme  historien  des  Normands  en  Italie  ; 
abstraction  faite  de  son  livre  et  de  ce  que  lui  doit  la  Chro- 
nicon Casinensây  il  ne  resterait  pour  connaître  l'histoire 
des  Normands  d'Italie,  depuis  leurs  premières  apparitions 
dans  ce  pays  jusqu'à  la  mort  de  Richard  de  Capoue  en 
1078,  que  les  indications  laconiques  et  purement  chro- 
logîques  de  la  Chronicon  brève  Normannicum,  de  Lupus, 
des  Annales  Barenses  et  des  petites  Annales  Cassinenses  et 
les  traditions  presque  toujours  altérées  et  défigurées  de 
chroniqueurs  qui,  comme  Raoul  Glaber,  Orderic  Vital, 
Adémar  de  Chabanais,  Guillaume  de  Jumièges,  n'ont  pas 
vécu  en  Italie  et  n'ont  écrit  que  d'après  des'  ouï-dire. 
Quant  à  Guillaume  de  Fouille,  nous  l'avons  déjà  dit,  il 
n'a  composé  son  poème  que  pour  la  glorification  du  duc 
Roger,  fils  de  Robert  Guiscard  ;  son  but  n'est  nullement 
de  raconter  les  commencements  de  la  conquête,  il  ne  le 
&it  que  d'une  manière  incomplète  et  comme  introduction 
à  son  sujet  ;  de  même,  G.  Malaterra  vise  surtout  à  re- 
hausser la  gloire  de  Roger,  le  grand  comte  de  Sicile,  le 
dernier  des  fils  de  Tancrède,  venu  en  ItaUe  lorsque  les 
Normands  avaient,  depuis  plusieurs  années  déjà,  établi  les 
bases  de  leur  puissance  ;  à  Aimé  revient  donc  l'honneur 
d'être  le  véritable  et  le  plus  important  historien  des 
soixante  premières  années  de  l'histoire  des  Normands  en 
Italie;  sans  lui,  cette  histoire  serait  restée  obscure, 
incomplète,  et  à  peu  près  énigmatique  par  bien  des  côtés. 


YSTOIRE 

DE  LI  NORMANT 

LAQUELLE  COMPILA  UN  MOINE  DE  MONT  DE  CASSIN, 

ET  LA  MANDA  A  LO  ABBÉ  DESIDERE  (l) 

DE  MONT   DE  CASSYM. 


Rubrica, 

A  LO  MOLT  REVERENT  ET  SAINT  MISSIRE  DESIDERE, 
SERVE    DE   LI  SERVICIAL  TOE. 

Je  voî  en  dui,  c'est  en  Ricchart  et  en  Robert,  princes 
de  Normendie  (2),  est  compile  la  parole  que  Dieu  dist  à 
Cyre,  roy  de  Persie  :  «  A  lo  christ  mien  Cyre  »,  c'est  a  lo 

(i)  Désidère j  en  latin  Desiderius,  en  français  Didier,  abbé  du 
Mont-Cassin,  du  19  avril  io58  à  son  élévation  à  la  papauté,  le 
24  mai  1086  ;  il  prit  alors  le  nom  de  Victor  III  et  mourut  le  16  sep- 
tembre 1087. 

(a)  Richard,  comte  d*A versa  depuis  1048,  prince  de  Capoue  depuis 
io58,  avait  épousé  une  sœur  de  Robert  Guiscard  ;  Richard  mourut 
le  5  avril  1078.  —  Robert,  surnommé  Guiscard,  fils  aîné  du  second 
mariage  de  Tancrède  de  Hauteville  avec  Frasenda,  vint  en  Italie 
vers  1047,  succéda  en  1067  comme  comte  de  Fouille  à  son  frère 
Unfroy,  devint  en  loSg  duc  de  Fouille  et  de  Calabre  et  mourut  le 
17  juillet  io85.  Il  épousa  en  premier  lieu  sa  cousine  Albérada  et, 
après  l'avoir  répudiée,  Sikelgaîta,  fille  de  Guaimar  IV,  prince  de 
Salerne. 


Ixiv 

Quant  aux  rapports  entre  l'ouvrage  d'Aimé  et  la  Chro- 
nicon  Casinense,  composée  par  ses  deux  confrères  du 
Mont-Cassin,  Léo  de'  Marsi  et  Pierre  Diacre,  il  ne  saurait 
y  avoir  de  doute,  la  Chronicon  Casinense  a  fait  de  larges 
emprunts  à  VHistoria  Normannorum, 

Par  une  rare  bonne  fortune,  nous  avons  encore  le  ma- 
nuscrit autographe  de  Léo  de'  Marsi  pour  la  composition 
de  la  Chronicon  Casinense;  ce  manuscrit  actuellement  à  la 
bibliothèque  royale  de  Munich  et  classé  sous  le  n*  123 
(inier  Benedictobiiranos),  provient  de  l'ancienne  abbaye  de 
Bénédictbeuren  (i).  Wattenbach  suppose  qu'il  a  été 
apporté  du  Mont-Cassin  à  Bénédictbeuren  vers  1137  par 
Engelscalc,  abbé  de  Bénédictbeuren  (2);  quoi  qu'il 
en  soit  de  cette  hypothèse,  ce  manuscrit  montre  que  Léo 
de'  Marsi  avait  d'abord  écrit  une  première  rédaction  de  la 
Chronicon  Casinense  jusqu'en  1057,  c'est-à-dire  jusqu'à 
l'élection  de  Frédéric  de  Lorraine  comme  abbé  du  Mont- 
Cassin,  et  qu'il  a  ensuite  modifié  ce  texte,  soit  par  des 
ratures,  soit  par  de  très  nombreuses  additions.  L'examen 
du  manuscrit  fait  voir  en  outre  que,  dans  sa  première 
rédaction,  Léo  de'  Marsi  n'avait  fait  aucun  emprunt  à 
VHistoria  Normannorum  d'Aimé  (3),  ces  emprunts  n'ont 
été  faits  que  plus  tard  dans  les  additions;  cette  abstention 
étonne  d'autant  plus  que  Léo  de'  Marsi  a  commencé  à 

(i)  W.  Wattenbach,  Préliminaires  de  V édition  de  la  Cbronicom  Catimptsf, 
MG.  SS.,  t.  VII,  p.  55^   sqq. 

(2)  Wattenbach,  /.  c,  p.  556. 

(3)  Wattenbach  écrit,  /.  c,  p.  560,  en  parlant  de  Léo  de*  Marsi  :  «  No- 
vam  deindc  elaboraturus  editioncm,  insigne  nactus  est  adjumentum,  Anuti 
dico  liistoriam  Normanoram,  cujus  auxilio  que  de  iis  jam  scripsent 
gnovit.  » 


Ixv 

rédiger  sa  chronique  après  1098,  à  une  époque  par  con- 
séquent où  Aimé  avait  depuis  longtemps  mis  la  dernière 
main  à  son  HUtoria  Normannorum.  Nous  savons  en  outre 
que  Léo  de'  Marsi  était  bibliothécaire  et  archiviste  du 
Mont-Cassin  en  1098  (i);  comment  supposer  dès  lors 
qu'il  n'eut  pas  à  sa  disposition  l'original  ou  une  copie  du 
travail  d'Aimé  ?  C'est  cependant  cette  supposition  qui, 
après  réflexion,  me  parait  la  plus  plausible;  si,  plus 
tard,  Léo  de'  Marsi  a  jugé  utile  de  mettre  à  contribution 
pour  sa  Chronique  YHistaria  Normannorum,  s'il  Fa  feit 
dans  une  large  mesure,  allant  parfois  jusqu'à  raturer  ce 
qu'il  avait  écrit  pour  insérer  à  la  place  les  données  de  son 
confrère,  c'est  qu'alors  seulement  il  a  pu  l'apprécier^  et 
qu'auparavant,  pour  des  raisons  que  nous  ne  connaissons 
pas,  Touvrage  n'était  pas  à  sa  portée.  Nous  avons  tou- 
jours quelque  peine  à  nous  représenter  les  viccissitudes 
que  pouvait  avoir  à  traverser,  avant  l'invention  de  l'im- 
primerie, un  livre  qui  d'ordinaire,  à  moins  qu'il  ne  s'agit 
d'un  ouvrage  célèbre  ou  d'un  traité  classique,  n'avait  que 
un  ou  deux  exemplaires;  ce  fait  assez  singulier  d'avoir 
retrouvé  dans  les  manuscrits  d'une  abbaye  de  Bavière 
l'original  et  le  véritable  texte  de  la  Chronicon  Casinense 
composée  au  Mont-Cassin  et  pour  le  Mont-Cassin;  cet 
autre  fait  de  la  perte  définitive  de  l'original  et  du  texte 
latin  d'Aimé^  montrent  bien  que  les  archives  de  la  cé- 
lèbre abbaye  n'ont  pas  toujours  fidèlement  gardé  les 
trésors  qui  leur  avaient  été  confiés.  De  ce  que  dans  la 
première  rédaction  de  son  travail,  Léo  de'  Marsi  n'a  pas 

(i)   Pétri  Diacoki,    De   viris    iUustribus  Casinensibus,   c.   XXX,  dans 
MuRATORi,  R.  I.  SS.y  t.  VI,  col.  45. 

B 


Ixvj 

mis  à  profit  VHistoria  Normannoruitty  on  ne  saurait  en 
conclure,  comme  le  fait  Hirsch,  toujours  malveillant  et 
mal  disposé  (i),  que  l'auteur  de  la  Chronicon  Casinense 
ait  eu  pendant  longtemps  fort  peu  de  confiance  en  la 
véracité  d'Aimé,  et  que  ce  sentiment  n'ait  même  jamais 
complètement  disparu. 

Voici  le  relevé  des  emprunts  faits  à  Aimé  par  Léo  de' 
Marsi  et  par  Pierre  Diacre  qui  a  continué  la  Chronkm 
Casinense  : 

1°  Chronicon  Casinense^  II,  37;  le  commencement  du 
chapitre  est  un  extrait  de  VHistoria  Normannorum,  I,  18, 
19,  20.  C'est  la  tradition  salernitaine  sur  l'arrivée  des 
Normands  en  Italie;  la  délivrance  de  Saleme  par  qua- 
rante pèlerins  normands,  le  retour  de  ces  Normands  en 
Normandie  et  la  première  émigration  de  Normands  dans 
l'Italie  du  sud,  à  la  suite  de  troubles  survenus  en  Nor- 
mandie, n  se  peut  que,  dans  ce  même  chapitre,  hCbroHi- 
con  Casinense  ait  emprunté  à  Aimé  quelques  détails  sur  la 
guerre  des  Normands,  commandés  par  Mélès,  contre  les 
Grecs  de  la  Fouille,  mais  la  traduction  de  VHistoria  Nor- 
mannoruniy  assez  défectueuse  en  cet  endroit,  rend  ces 
emprunts  difficiles  à  constater  ; 

2°  Chron.  Casin.y  H,  41  ;  depuis  ces  mots  :  «  Stephano 
autem,  Melo  »,  etc.,  jusqu'à  la  fin  du  chapitre,  Aimé, 
I,  29.  —  Léo  de'  Marsi  y  résume  ce  que  VHistoria  Nor- 
mannorum  rapporte  sur  l'établissement  des  Normands 
au  château  de  Gallinare,  dans  le  pays  de  G)mino  ; 

3®  Chron.  Casin.y  H,  43  ;  la  dernière  phrase  du  cha- 
pitre; Aimé,  n,  28,  fin  du  chapitre.  L'empereur  Henri  II 

(i)  F.  HiKscH,  /.  c,  p.  235  sq. 


Ixvij 

guéri  au  Mont-Cassin  par  rintercession  de  S.  Benoît, 
promet  de  quitter  plus  tard  la  couronne,  si  les  circons- 
tances le  lui  permettent,  et  de  venir  <!omme  religieux 
vivre  et  mourir  au  Mont-Cassin  ; 

4®  Chron,  Casin.y  H,  58  ;  première  phrase  du  chapitre; 
Aimé,  I,  33.  Pandulfe,  prince  de  Capoue,  prisonnier  en 
Germanie,  est  délivré  et  rentre  en  Italie,  grâce  à  l'inter- 
vention de  Guaimar,  prince  de  Salerne.  Dans  ce  même 
chapitre,  Léo  de'  Marsi  a  pris  dans  Aimé,  H,  40,  ce  qui  a 
trait  à  la  fondation  d'Aversa  par  le  Normand  Rainulfe, 
le  premier  établissement  définitif  des  Normands  en  Italie; 

5*  Chron.  Casin.y  H,  58;  Aimé,  H,  13.  Après  avoir 
tjrrannisé  Tabbaye  du  Mont-Cassin  en  exécutant  les 
ordres  de  Pandulfe,  prince  de  Capoue,  Todinus,  entraîné 
dans  la  ruine  de  son  maître,  est  réduit  à  être  pour  le 
compte  du  couvent,  «  cernatorde  farine»  ; 

6^  Chron.  Casin.y  II,  63  ;  diverses  données  de  ce  cha- 
pitre sont  extraites  d'Aimé;  l'empereur  Conrad,  à  la  de- 
mande de  Guaimar,  investit  Rainulfe  du  comté  d'Aversa  ; 
il  réintègre  l'archevêque  Adénulfe  sur  le  siège  de  Capoue  ; 
Aimé,  II,  6;  —  Guaimar  s'empare  de  Sorrente  avec 
l'aide  des  Normands,  et  donne  ce  duché  à  son  frère  Gui  ; 
il  soumet  à  son  pouvoir  la  ville  d'Amalfi  ;  Aimé,  H,  7  ; 
—  Pandulfe  va  à  Constantinople  implorer  le  secours  de 
l'empereur,  il  y  est  retenu  en  prison  jusqu'à  la  mort  de 
celui-ci  ; 

7**  Chron.  Casin.,  H,  66  ;  presque  tout  ce  chapitre  est 
extrait  d'Aimé,  II,  8,  9,  10,  14,  15,  16,  17,  18,  19,  20, 
21,  22,  23,  25,  26,  27,  28,  29,  30,  passim.  Dans  sa 
première  rédaction,  Léo  de'  Marsi  s'était  borné  à  écrire 


Ixviij 

qu'en  1041,  quatre  chefis  normands  établis  à  Âversa, 
c'est-à-dire  Guillaume  et  Drogo,  fili  de  Tancrède, 
Gauthier  et  Pétrone,  fils  d' Amiens,  ayant  quitté  Âversa 
sous  la  conduite  d'Âdénulfe  (c'était  une  erreur),  fils  du 
prince  de  Bénévent^  étaient  venus  en  Fouille  à  Melfi  et 
avaient  fait,  en  union  avec  les  Lombards^  la  guerre  aux 
Grecs.  Laissant  ensuite  ce  canevas  si  incomplet,  Léo  de' 
Marsi  raconte,  d'après  Aimé,  l'expédition  des  Normands 
en  Sicile,  sous  les  ordres  de  Maniacès,.le  mauvais  traite- 
ment infligé  par  les  Grecs  au  lombard  Ardouin  et  la 
vengeance  ourdie  par  ce  dernier,  qui,  après  s'être  fait 
nommer  par  les  Grecs  gouverneur  d'une  partie  de  la 
Fouille,  vient  chercher  les  Normands  à  Aversa  pour 
s'emparer  du  pays.  Le  chroniqueur  donne  ensuite  le 
récit  de  la  guerre  entre  les  Normands  'et  les  Grecs,  la 
nomination  d'Adénulfe  comme  chef  des  Normands,  la 
conquête  et  le  partage  de  la  Fouille,  enfin  la  nomination 
de  Guillaume  bras-de-fer  conmie  comte  de  la  Fouille  et 
chef  des  Normands  établis  dans  ce  pajrs.  —  A  la  fin  de  ce 
même  chapitre,  Léo  de'  Marsi  sacrifie  encore  sa  première 
rédaction  pour  donner  d'après  Aimé,  II,  32  sqq.,  la  série 
des  comtes  d' Aversa  ;  dans  cette  première  rédaction,  il 
avait  placé  entre  Rainulfe  Trinclinocte  et  Richard,  le 
comte  Guillaume  Bellabocca  comme  comte  d' Aversa,  et 
un  document  publié  par  di  Meo  prouve  qu'il  avait  raison, 
Anne  au  contraire  le  passe  sous  silence  dans  sa  série; 

8**  Chron.  Casin.y  H,  79;  Léo  de'  Marsi  dit,  d*après 
Aimé,  m,  14,  que  le  pape  Clément  est  mort  ultra 
montes;  c'est  une  erreur,  il  est  mort  au  monastère  de 
S.  Thomas,  dans  le  comté  de  Fesaro  ; 


Ixix 

9*  Chron.  Casin.^  II,  82;  tout  ce  chapitre  provient 
d'Aimé,  El,  26,  27,  28,  29,  30,  31,  32,  33,  34;  c'est  le 
récit  de  la  mort  de  Guaimar,  prince  de  Saleme,  tué  par 
des  Âmalfitains,  des  Salernitains  et  par  quelques-uns  de 
ses  parents.  Gisulfe  son  fils  lui  succède,  grâce  à  l'appui 
de  son  oncle  Guido  et  des  Normands  ; 

10°  Chron.  Casin.y  H,  84;  il  s'agit  de  la  bataille  de 
Civitate  entrç  les  Normands  et  les  troupes  du  pape 
Léon  IX;  Léo  de'  Marsi  a  appris  d'Aimé,  m,  40,  Tordre 
de  bataille  des  Normands,  les  noms  des  chefs  qui  les 
commandaient»  ainsi  que  les  noms  des  deux  chefs  de 
l'armée  pontificale,  Raynolfe  et  Raynier,  Rodulfus  et 
Guanerius  Suevus  dans  Léo  de'  Marsi  ; 

11°  Chron.  Casin^  m,  15  ;  dans  ce  chapitre,  Léo  de' 
Marsi  reprend  l'histoire  des  Normands  au  point  où  il 
l'avait  laissée.  II,  66,  et  la  raconte  d'après  Aimé,  m,  7, 
10,  II  ;  IV,  3,  4,  s,  6,  7,  18,  23  ;  V,  7,  18,  20,  23,  24, 
2S»  26,  27;  VI,  15,  14,  is,  16,  17,  18,  19,  20,  21,  22. 
U  résume  YHtstoria  Normannorum  sur  la  jeunesse  de 
Robert  Guiscard  à  San-Marco,  son  aventure  avec  Pierre 
de  Bisigaano,  son  miariage  avec  Alvérada,  son  élévation 
au  souverain  pouvoir  après  la  mort  d'Umfiroy,  ses  guerres, 
son  second  mariage  avec  Sikelgaïta,  les  campagnes  de 
Sicile,  la  prise  de  Bari,  de  Palerme,  de  Mazara,  enfin  le 
partage  de  la  Sicile  enâre  Robert  Guiscard  et  son  frère 
Roger.  Passant  ensuite  aux  Normands  d'Aversa,  Léo  de' 
Marsi  parle  d'après  Aimé,  IV,  8,  13,  26,  28,  30,  31,  de 
la  prise  de  Capoue  et  de  Teano  par  Richard,  et  des  visites 
et  des  libéralités  de  ce  prince  au  Mont-Cassin;  il  ajoute 
sur  ce  dernier  point  quelques  détails  à  ceux  qui  sont 
fournis  par  Aimé  ; 


hx 

12®  Chron.  Casin.^  El,  23;  le  commencement  de  ce 
chapitre  provient  également  d'Aimé,  VI,  9;  Henri  IV, 
roi  de  Germanie,  ayant  appris  que  Richard,  prince  de 
Capoue,  marchait  sur  Rome  pour  y  être  nommé  patrice, 
veut  aller  le  combattre,  l'expédition  du  roi  n'eut  cepen- 
dant pas  lieu,  à  cause  du  désaccord  entre  Henri  IV  et 
Gottfried,  duc  de  Toscane. 

Vers  1140,  à  la  demande  de  Rainald,  abbé  du  Mont- 
Cassin,  Pierre  Diacre,  de  l'illustre  famille  des  comtes  de 
Tusculum,  et  moine  au  Mont-Cassin,  accepta  de  conti- 
nuer la  Chronicon  Casinensc  que  Léo  de'  Marsi  avait  menée 
jusqu'à  l'inauguration  des  grandes  constructions  faites  au 
Mont-Cassin  par  l'abbé  Didier,  c'est-à-dire  jusques  vers 
1071,  1072;  la  rédaction  de  Pierre  Diacre  commence  au 
34*  chapitre  du  III*  livre,  et,  comme  celle  de  son  pré- 
décesseur, elle  contient  des  emprunts  faits  à  VHisioria 
Normannorum  d'Aimé  ; 

13°  Chron.  Casin.,  lU,  45  ;  Pierre  Diacre  trouvant  sans 
doute  que  Lco  de'  Marsi  avait  trop  abrégé  les  données 
empruntées  à  Aimé  sur  la  conquête  de  la  Sicile  par  les 
Normands,  reproduit,  dans  ce  chapitre,  les  principaux 
événements  de  cette  conquête,  et  il  le  fait  en  suivant 
Aimé,  V,  8,  10,  18,  20,  23,  25,  27.  Il  revient  également 
sur  les  sièges  de  Bari  et  de  Palerme,  Aimé,  VI,  14-19; 
Vni,  II,  12,  13,  14,  17,  23.  Il  résume  ensuite,  ce  que 
Lco  de'  Marsi  n'avait  pas  fait,  les  détails  si  curieux  fournis 
par  Aimé  sur  le  siège  et  la  prise  de  Salerne  par  Robert 
Guiscard,  et  il  mentionne  également  l'expédition  du  duc 
Robert  et  de  Richard,  prince  de  Capoue,  contre  la  Cam- 
panie  —  Aimé,  VIII,  31,  32  —  mais  la  place  à  tort  après 


ixxj 

la  reddition  de  Saleme,  tandis  qu'elle  a  eu  lieu,  comme 
le  dit  Aimé,  pendant  le  siège  de  cette  ville.  \ 

Cette  longue  série  des  emprunts  de  la  Chronican  Casi- 
nense  à  YHistoria  Normannorum  témoigne  de  l'impor- 
tance d'Aimé  comme  historien  des  Normands  en  Italie  ; 
abstraction  faite  de  son  livre  et  de  ce  que  lui  doit  la  Chro- 
nican CasinensCy  il  ne  resterait  pour  connaître  l'histoire 
des  Normands  d'Italie,  depuis  leurs  premières  apparitions 
dans  ce  pays  jusqu'à  la  mort  de  Richard  de  Capoue  en 
1078,  que  les  indications  laconiques  et  purement  chro- 
logiques  de  la  Chronicon  brève  Normannicum,  de  Lupus, 
des  Annales  Barenses  et  des  petites  Annales  Cassinenses  et 
les  traditions  presque  toujours  altérées  et  défigurées  de 
chroniqueurs  qui,  comme  Raoul  Glaber,  Orderic  Vital, 
Adémar  de  Chabanais,  Guillaume  de  Jumièges,  n'ont  pas 
vécu  en  Italie  et  n'ont  écrit  que  d'après  des*  ouï-dire. 
Quant  à  Guillaume  de  Fouille,  nous  l'avons  déjà  dit,  il 
n'a  composé  son  poème  que  pour  la  glorification  du  duc 
Roger,  fils  de  Robert  Guiscard  ;  son  but  n'est  nullement 
de  raconter  les  commencements  de  la  conquête,  il  ne  le 
(ait  que  d'une  manière  incomplète  et  comme  introduction 
à  son  sujet  ;  de  même,  G.  Malaterra  vise  surtout  à  re- 
hausser la  gloire  de  Roger,  le  grand  comte  de  Sicile,  le 
dernier  des  fils  de  Tancrède,  venu  en  Italie  lorsque  les 
Normands  avaient,  depuis  plusieurs  années  déjà,  établi  les 
bases  de  leur  puissance  ;  à  Aimé  revient  donc  l'honneur 
d'être  le  véritable  et  le  plus  important  historien  des 
soixante  premières  années  de  l'histoire  des  Normands  en 
Italie;    sans  lui,    cette  histoire   serait    restée  obscure, 

incomplète,  et  à  peu  près  énigmatique  par  bien  des  côtés. 

y 


YSTOIRE 

DE  Ll  NORMANT 

LAQUELLE  COMPILA  UN  MOINE  DE  MONT  DE  CASSIN, 

ET  LA  MANDA  A  LO  ABBÉ  DESIDERE  (l) 

DE  MONT  DE  CASSYM. 


Rubrica. 

A  LO  MOLT  REVERENT  ET  SAINT  MISSIRE  DESIDERE, 
SERVE    DE   LI  SERVICIAL  TOE. 

Je  voî  en  dui,  c'est  en  Ricchart  et  en  Robert,  princes 
de  Normendie  (2),  est  complie  la  parole  que  Dieu  dist  à 
Cyre,  roy  de  Persie  :  «  A  lo  christ  mien  Cyre  »,  c'est  a  lo 

(i)  Désidère,  en  latin  Desiderius,  en  français  Didier,  abbé  du 
Mont-Cassin,  du  19  avril  io58  à  son  élévation  à  la  papauté,  le 
24  mai  1086  ;  il  prit  alors  le  nom  de  Victor  III  et  mourut  le  16. sep- 
tembre 1087. 

(2)  Richard,  comte  d'A versa  depuis  1048,  prince  de  Capoue  depuis 
io58,  avait  épousé  une  sœur  de  Robert  Guiscard  ;  Richard  mourut 
le  5  avril  1078.  —  Robert,  surnommé  Guiscard,  fils  aîné  du  second 
mariage  de  Tancrède  de  Hauteville  avec  Frasenda,  vint  en  Italie 
vers  1047,  succéda  en  1067  comme  comte  de  Fouille  à  son  frère 
Unfroy,  devint  en  ioSq  duc  de  Fouille  et  de  Calabre  et  mourut  le 
17  juillet  io85.  Il  épousa  en  premier  lieu  sa  cousine  Albérada  et, 
après  ravoir  répudiée,  Sikelgaîta,  fille  de  Guaimar  IV,  prince  de 
Salerne. 


r:  -  n  tn  ^-rt  z  zsr  ic  =>;»1:  f  iscripnzre  li  rois  ei  li  prestre 
5-  j.:r  ;z:  I^rjCi.   t-z--tz£  ç-i  s:«a:  onic  de  crisme.  Et 
1-:  r:  ^.jT  I  r-  Ti-r  Ysilî  rrrçosrs  «  A  lo  roi  miea  Cyre, 
1    :»:i:.    i  i:  rr]**  L=  nil-  ir>;:e,  i  cequedcTant  la  face 
>:c  >:  t-:  slz  t:-t  1=  îîe::::.    se  î:  roy  tomcnt  Tespaule 
::=-.:?:  .i  5.:ii  ùr=  .    f  sr,  errant  lai,  et  lo  plus.  gloriou2 
-:  li  -i.-Tt  r^r::.!in;.  ii  oz^hinai-ie  contre  la  porte 
rîr-c   ::  r:~?-:L;  Les  rhs'sa  et  fer;  devant  lui  ovrerai 
1=5  r»:r.is  î:  r.jl!c  -  :  n  l'iz  sera  cloze  deram  »  lit.  Et  pour 
c=   c-î  •?  TT..  I:  r>£re  =lea  abbé  molt  bénigne,  ccstc 
r.:r:le  s:  ::.;:es  iurrîs  cai  la  seqax  estrc  aempliez  en 
je<  . -.  rrlnrires   2  .  e:  :>?.:r  ce  a:-{c  mise  ma  volenté  et 
rr.cr.  cm^e  a  e*cr!*TTî  !'y?:rLr^  lor.  E:  croi  que  non  dirai- 
e  -.m:  scler.er.:  I:  fa::ie  1:  h?z:e.  mèsceque  fu  concédât 
-piz  i:5pir.5J.rl:r.  ii  Diej  que  fus:  fait  par  li  home.  Et 
pvr.i^  que  je  rr.i  pnsniral  ail:  zr.enachi  de  la  parole  de 
j.  "un.  '.îjue!  i':r:;n:  :  non  ccvies:  a  ua  moine  escrive  les 
"r:::àiH;:5  ùè  V.  sejuler.  Niés  a  rr.o:  i>ensant  ceste  choze  me 
reccrdauue  Paul  ivaconee:  n.Mne  decestmonastierdont 
ie  su:,  escri:  ii  fait  ie  li  Lon^ohan.  cornent  il  vindrent  et 
demoreren:  en  Yialie:  e:  tu  home  cler  de  vie,  de  science 
et  de  Joc:rir*e    ?  .  H:  du:resî  me  recorda  que  cds  grans 
iiomes  4  sont  tant  libéral  et  dcvoî  a  nosire  monastier  (5), 

ri)  «  Hxc  dicii  DôTTîir.us  Christo  neo Cyr».  cu]\i%  apprehcndi  dei- 
tjrnn.  ut  sub;:::i:n  an:e  f.ciem  jjus  gentes.  ci  uor&i  regum  veittiii 
'A  apcriam  coram  eo  iar.uas  et  portx  non  JauJentur. 

«  Ego  ar.te  te  ibo  et  glorios.s  terne  humiliabo  :  portas  oereu 
conterumet  ve:tcs  ferreos  confringam.  »  Isai.e,  XLV,  i,  a. 

(2)  Les  prinjes  Richifd  ci  Robert. 

'i)  Paul  Diacre,  mort  au  Mont-Cassin  vers  797,  auteur  de  VMistoria 
f^intis  Langobardorum,  libri  VI,  de  368  à  744.  Cf.  :  Inirodmctkm, 
y.  XXXII  sqq. 

(.\)  Richard  de  Capoue  et  Robert  Guiscard. 

':;)  I.c  inonastcre  du  Mont-Cassin. 


3 

et  por  la  mérite  que  par  aucun  de  lo  raonastier,  le  fait  lor 
pour  perpétuel  mémoire  soit  escrii.  Et  toutes  foiz  je  non 
sui  si  hardi  que  je  tochasse  d'escrire  se  premerement  la 
vosire  volenié  non  oïsse  et  seusse  s^il  plaîst  a  vouz  ;  et  que 
je  oi  et  sace  qu'il  non  te  desplaist.  O  la  licence  et  béné- 
diction vostre,  et  o  tout  Taide  de  la  grâce  de  Dieu,  ai-je 
cbmencié  secont  ce  que  je  avoîe  en  cuer.  Et  li  fait  de  li 
Normant,  liquel  sont  digne  de  notre  mémoire,  ai-je  en 
viij  volume  de  livre  distincte  :  Et  a  ce  que  non  soit  fatigue 
de  chercier  a  ceuz  qui  volissent  alcune  chose  lire  de  Pys- 
toire,  chascun  volume  ai-je  noté  o  cert  capitule;  en  toute 
ceste  choze  plus  voille  estre  a  vostre  jugement,  Père,  que 
moi  escriptor.  Et  pert  a  moi,  pour  clamer  la  grâce  de 
Dieu,  sans  laquelle  nulle  parfaite  opération  non  puet  estre 
faite,  tout  avant  ferai  alcuns  vers  pour  clamer  l'aide  de  sa 
main  destre.  Et  sache  tout  home  que  a  nuU  ne  faudra  de 
ce  qu'il  le  proie  de  bon  cuer  et  de  prierie  just  ;  quar  ensi 
lo  dîst  Jeshucrist  qui  est  vérité ,:  ce  que  vouz  deproierés 
en  oration,  croiez  qu'il  vouz  sera  donné  sans  faille  (i). 

Et  adont  dist  cestui  bon  moine  : 

O  Dieu,  père  éternel,  concordable  avec  lo  Fill  et  avec 
li  Saint-Esperit,  et  retient  vénérable  equaliié  de  siège,  de 
splendor  et  de  somme  honor  de  deité  ;  tu  sez  la  peqsée  des 
homes,  tu  commandes  a  la  fontaine  de  geter  Teau,  et  la 
terre  stable  de  faire  herbe  florie;  et  a  toi  obeist  lo  solloill, 
et  la  soror  de  lo  sol,  c'est  la  lune,  laquelle  secont  lo  dit  de 
li  poëte  est  soror  de  lo  sol  pource  qu'elle  est  enluminée 
de  lo  sol  ;  a  toi  obeist  la  grandesce  de  lo  ciel,  et- toutes  les 
chozes  qui  sont  sur  terre,  et  toutes  les  chozes  qui  volent 
par  l'air,  et  toutes  les  chozes  qui-^natent  en  Taigue.  Et 


(i)  «  Omnia  quœcumquc  orantcs  petitis,  crédite  quia  accipietis.  » 
S.  Marc,  XI,  24. 


4 

âutresi  obeist  a  toi  infer.  Et  a  toute  home  est  manifeste 
que  tuit  li  temporal  t^obeissent.  La  premerevaire  fait  li 
flor  dont  s'engendre  toute  chose.  Veste  commande  que  li 
home  taillent  li  labor;  li  autompne  fait  lo  moust,  et 
Tyver  se  seminent  li  labor,  et  ensi  fait  16  monde  cornent 
ta  main  lo  governe.  Tu  pitouz  et  saint,  regarde  nostre 
opération  et  que  faisons  choze  dont  soions  amez.  et  aions 
mérite  dont  par  li  aspre  fait  de  li  molt  mal  dont  doions  aler 
en  enfer.  La  toe  main  sur  tant  grant  poiz  fai  estre  fort; 
adont  je  abatut  en  terre  pour  lo  pechié  a  demandé  toi 
souveraine  vertu.  Quar,  comme  se  dit  en  rEvangile  :  li 
larron,  c'est  lo  pechié,  m'ont  desrobé  et  levé  la  bone  grâce 
et  an  orne  ferute,  débilitant  la  vertu  sensitive.  Adont  tu 
me  portez  a  Testable,  c'est  a  la  mérite  de  sainte  Eclize,  et 
aies  cure  de  moi  que  non  muire,  et  me  concède  li  don 
que  je  te  rcquicr,  et  fai  que  je  die  choze  veraie;  et  fai  que 
je  escrive  choze  juste  ;  quar  tu,  roy,  conservez  et  govemes 
la  rayson  de  li  royalme,  et  destrui  li  superbe  et  hausce  li 
humile;  quarsanz  toi  nulle  choz  est  digne,  nulle  coseest 
bénigne  en  ccst  monde.  Et  adont  meintenant  que  est  lo 
temps  a  ce  que  je  puisse  faire  ce  que  je  ai  commenciez  te 
pri  que  tu  me  doics  benedicere,  et  me  fai  dire  cose  dont 
la  grâce  toe  sempre  remaingne  avec  toi,  moi.  Amen. 

Ci  finissent  li  vers  de  la  invocation. 


Comment  li  Capitule  de  lo  premier  Livre. 


Cap.  I.  Delo  siège  de  la  terre  laquel  li  Normant  tienent 
et  porquoi  se  clément  Normant. 

Cap.  2.  Coment  sVspartirent  par  lo  monde  et  coment  trai- 
toient  la  gent  del  païz  où  il  aloient. 

Cap.  3.  Coment  lo  conte  Guillame  ala  en  Engleterre  et  la 
vainchi  ;  et  coment  vainchi  la  grant  multitude  qui  fii  mandée 
del  grant  roy  de  li  Danoiz  au  roy  d'Engleterre. 

Cap.  4.  Coment  apparut  Testoille  comète. 

Cap.  5.  Coment  par  lo  consentement  de  li  meillor  manda 
Robert  Crespin  en  Espaingne  o  exercit  de  diverse  gent  et 
coment  il  veinchi. 

Cap.  6.  Coment  fut  prise  la  cité  de  Barbastie  et  donée  en 
garde  à  Robert  Crespin. 

Cap.  7.  Coment  li  Chrestien  perdirent  la  cité  et  furent 
vainchut. 

Cap.  8.  Coment  Robert  ala  en  Ytalie  et  puiz  ala  en  Costen- 
tinople,  et  là  fii  mort. 

Cap.  9.  Coment  Uerselle  vint  en  Costentinople. 

Cap.  10.  Coment  par  lo  conseill  de  Tempereor  la  moillier 
de  son  père,  c'est  sa  mère,  fist  monache  et  se  sa  moillier  mist 
en  prison  Urselle. 

Cap.  II.  Coment  lo  impereor  dona  la  fille  del  roydeThur- 
chie  et  son  filz  et  fu  délivré  avec  Orselle. 

Cap.  12.  Coment  fu  pris  li  empereor  et  rachaté  de  grant 
monnoie. 


Cap.  i3.  Cornent  par  le  comandement  deCesaire  fu  li  père 
crevé  les  oills  par  laquel  cose  il  fu  mort. 

Cap.  14.  Cornent  leva  la  moillier  de  Tempereor  par  force 
de  prison. 

Cap.  i5.  Cornent  Ursel  fu  donc  en  prison  de  li  Turchc  a  li 
Grex.  • 

Cap.  16.  De  la  defension  que  fist  cestui  monach^  escriptor 
que  paroît  que  non  ordcna  bien  ceste  ystoire. 

Cap.  1 7.  Cornent  Salcrne  fu  délivrée  de  li  Sarrazin  par  li 
Normant  qui  venoient  dcl  sain  sépulcre  de  proier  Dieu. 

Cap.  18.  Cornent  li  prince  prièrent  li  Normant  qu'il  dcmo- 
rassent  et  lor  offrirent  deniers  a  doner  et  &ire  toute  lor 
volentc  ;  et  ils  respondirent  qu'il  non  pooient  demorer. 

Cap.  19.  Cornent  li  prince  mandèrent  as  parties  de  Nor- 
mendie  presens  et  lor  mandèrent  proiant  qu'il  venissent 
habiter  en  lor  contrée. 

Cap.  20.  De  la  sédition  de  Gisilbere  et  Guillerme  et  cornent 
Gisilbcre  avec  ses  frères  vint  a  Capue. 

Cap.  2 1 .  Cornent  entra  en  li  confine  de  Puille  et  comba* 
tirent  v  foiz  contre  li  Grex. 

Cap.  22.  Cornent  li  empereor  assembla  pour  deniers  molt 
de  gent  et  petit  de  Normant  vindrent  contre  lui  a  combatrc. 

Cap.  23.  Comcnt  puiz  molt  de  Normant  vindrent  pour 
combatrc  et  veinchirent  touz  lor  anemis  (i). 

Cap.  24.  Coment  Melus  ala  a  Tempereor  et  lui  dist  qu'il 
venist  en  Ytalie,  et  la'puiz  fu  mort. 

Cap.  25.  Coment  impcreor  entra  en  Ytalie,  et  vint  souprc 
Troie;  et  Bclgrime  fu  mandé  pour  prendre  lo  prince  de  Capue 
et  la  cité  de  Salcrne  et  comment  fu  délivrée  puiz  et  fu  pris 
lo  prince. 


(I)  Les  chapitres  XXII  et  XXI II  de  la  table  n*en  forment  qu*un 
seul  Jans  le  texte,  le  XXII  ;  le  chapitre  XXIV  de  la  table  est  donc 
le  XXlIi  du  texte  et  ainsi  de  suite  jusqu*à  la  tin  du  premier  livre. 


\ 


^^AP.  26.  Pourquoi  Timpereor  fu  esmui  en  ire  contre  Pan- 

Cap.  27.  Cornent  Âtenulfe  abbc,  foiant  en  Costentinoble  fu 
^oies  en  mer..  Cornent  lo  impereor  fist  prince  de  Capue  un 
autre  Pandufe. 

Cap.  28.  Cornent  fist  Teobalde  abbé  de  mont  de  Cassin  et 
lui  dona  molt  de  possessions  et  rachata  lo  trésor  de  le  sainte 
Eglise. 

Cap.  29.  Cornent  il  ot  la  rétribution  de  Dcu  de  lo  bien  qu'il 
avoit  fait.  Cornent  lo  impeor  a  empli  a  sez  neveuz  ce  qu'il 
a  voit  promis  a  Melo. 

Cap.  3o.  Coment  li  Normant  volant  a  enciter  lo  comman- 
dement de  lo  roy,  mandèrent  Pierre  et  Melo  a  Relner 
marchise.  , 

Cap.  3i.  Coment  li  Normant  o  grant  multitude  de  pierres 
veinchurent. 

Cap.  32.  Coment  li  prince  de  Salerna  manda  grans  domps 
a  Pandolfe  et  lui  dona  la  principe. 

Cap.  33.  Coment  Theobalde  abbé  fouy  et  habita  en  lo 
cenobie  Libéra tor  et  la  fu  mort. 

Cap.  34.  Coment  Pandulfe  se  converti  a  tout  mal. 

Cap.  35.  Coment  Basile  fu  fait  abbé  du  mont  de  Cassin. 

Cap.  36.  Coment  il  mist  en  prison  Ylaire  abbé  de  Saint- 
Vincent  et  Anulphe  arche vesque. 

Câp.  37.  Coment  Eldeprande  bastart  de  lo  prince  fut  faist 
archevesque  et  coment  celui  ^qui  Tcstoit  rendi  Tanel  et  la 
croce. 

Cap.  38.  Coment  Pandulfe  fi  mal  a  ceauz  de  la  cité  et  a  sez 
parens. 

Cap.  39.  Coment  chasa  Sierge  maistre  de.  la  chevalerie  de 
la  cité  et  comment  Sierge  la  recovra  puiz. 

Cap.  40.  Coment  fist  Averse. 

Cap.  41 .  Et  la  concedi  puiz  a  Raynolfe  et  lui  donna  la  soror 
pour  moillier. 

Cap.  42.  Coment  Tonor  de  li  Normant  cresoit  et  coment 
la  moillier  de  Raynolfe  fu  morte. 


12®  Chran.  Castn.y  El,  23;  le  commencement  de  ce 
chapitre  provient  également  d'Aimé,  VI,  9  ;  Henri  IV, 
roi  de  Germanie,  ayant  appris  que  Richard,  prince  de 
Capoue,  marchait  sur  Rome  pour  y  être  nommé  patrice, 
veut  aller  le  combattre,  l'expédition  du  roi  n'eut  cepen- 
dant pas  lieu,  à  cause  du  désaccord  entre  Henri  IV  et 
Gottfried,  duc  de  Toscane. 

Vers  1140,  à  la  demande  de  Rainald^  abbé  du  Mont- 
Cassin,  Pierre  Diacre,  de  l'illustre  famille  des  comtes  de 
Tusculum,  et  moine  au  Mont-Cassin,  accepta  de  conti- 
nuer la  Chronicon  Casinense  que  Léo  de'  Marsi  avait  menée 
jusqu'à  l'inauguration  des  grandes  constructions  faites  au 
Mont-Cassin  par  l'abbé  Didier,  c'est-à-dire  jusques  vers 
1071,  1072;  la  rédaction  de  Pierre  Diacre  commence  au 
34*  chapitre  du  El*  livre,  et,  comme  celle  de  son  pré- 
décesseur, elle  contient  des  emprunts  faits  à  YHistoria 
Normannorum  d'Aimé  ; 

13°  Chron.  Casin.,  III,  45  ;  Pierre  Diacre  trouvant  sans 
doute  que  Lco  de'  Marsi  avait  trop  abrégé  les  données 
empruntées  à  Aimé  sur  la  conquête  de  la  Sicile  par  les 
Normands,  reproduit,  dans  ce  chapitre,  les  principaux 
événements  de  cette  conquête,  et  il  le  fait  en  suivant 
Aimé,  V,  8,  10,  18,  20,  23,  25,  27.  Il  revient  également 
sur  les  sièges  de  Bari  et  de  Palerme,  Aimé,  VI,  14-19; 
Vin,  II,  12,  13,  14,  17,  23.  Il  résume  ensuite,  ce  que 
Léo  de'  Marsi  n'avait  pas  fait,  les  détails  si  curieux  fournis 
par  Aimé  sur  le  siège  et  la  prise  de  Saleme  par  Robert 
Guiscard,  et  il  mentionne  également  l'expédition  du  duc 
Robert  et  de  Richard,  prince  de  Capoue,  contre  la  Cam- 
panie  —  Aimé,  VIII,  31,  32  —  mais  la  place  à  tort  après 


r 


ixxj 

la  reddition  de  Saleme,  tandis  qu'elle  a  eu  lieu,  comme 
le  dit  Aimé,  pendant  le  siège  de  cette  ville.  \ 

Cette  longue  série  des  emprunts  de  la  Chronicon  Cast- 
nenst  à  VHistoria  Normannorum  témoigne  de  l'impôt- 
^  tance  d'Aimé  comme  historien  des  Normands  en  Italie  ; 
abstraction  faite  de  son  livre  et  de  ce  que  lui  doit  la  Chro- 
nicon Casinensty  il  ne  resterait  pour  connaître  l'histoire 
des  Normands  d'Italie,  depuis  leurs  premières  apparitions 
dans  ce  pays  jusqu'à  la  mort  de  Richard  de  Capoue  en 
1078,  que  les  indications  laconiques  et  purement  chro- 
logiques  de  la  Chronicon  brève  Normannicum,  de  Lupus, 
des  Annales  Barenses  et  des  petites  Annales  Cassinenses  et 
les  traditions  presque  toujours  altérées  et  défigurées  de 
chroniqueurs  qui,  comme  Raoul  Glaber,  Orderic  Vital, 
Adémar  de  Chabanais,  Guillaume  de  Jumièges,  n'ont  pas 
vécu  en  Italie  et  n'ont  écrit  que  d'après  des'  ouï-dire. 
Quant  à  Guillaume  de  Fouille,  nous  l'avons  déjà  dit,  il 
n'a  composé  son  poème  que  pour  la  glorification  du  duc 
Roger,  fils  de  Robert  Guiscard  ;  son  but  n'est  nullement 
de  raconter  les  commencements  de  la  conquête,  il  ne  le 
fait  que  d'une  manière  incomplète  et  comme  introduction 
à  son  sujet  ;  de  même,  G.  Malaterra  vise  surtout  à  re- 
hausser la  gloire  de  Roger,  le  grand  comte  de  Sicile,  le 
dernier  des  fils  de  Tancrède,  venu  en  Italie  lorsque  les 
Normands  avaient,  depuis  plusieurs  années  déjà,  établi  les 
bases  de  leur  puissance;  à  Aimé  revient  donc  l'honneur 
d'être  le  véritable  et  le  plus  important  historien  des 
soixante  premières  années  de  l'histoire  des  Normands  en 
Italie;  sans  lui,  cette  histoire  serait  restée  obscure, 
incomplète,  et  à  peu  près  énigmatique  par  bien  des  côtés. 


YSTOIRE 

DE  Ll  NORMANT 

LAQUELLE  COMPILA  UN  MOINE  DE  MONT  DE  CASSIN, 

ET  LA  MANDA  A  LO  ABBÉ  DESIDERE  (l) 

DE  MONT   DE  CASSYM. 


Rubrica, 

A  LO  MOLT  REVERENT  ET  SAINT  MISSIRE  DESIDERE, 
SERVE    DE   LI  SERVICIAL  TOE. 

Je  voî  en  dui,  c'est  en  Ricchart  et  en  Robert,  princes 
de  Normendie  (2),  est  complie  la  parole  que  Dieu  dist  à 
Cyre,  roy  de  Persie  :  «  A  lo  christ  mien  Cyre  »,  c'est  a  lo 

(i)  Désidère  y  en  latin  Desidenus,  en  français  Didier,  abbé  du 
Mont-Cassin,  du  19  avril  io58  à  son  élévation  à  la  papauté,  le 
24  mai  1086  ;  il  prit  alors  le  nom  de  Victor  III  et  mourut  le  16. sep- 
tembre 1087. 

(2)  Richard,  comte  d' A  versa  depuis  1048,  prince  de  Capoue  depuis 
io58,  avait  épousé  une  sœur  de  Robert  Guiscard  ;  Richard  mourut 
le  5  avril  1078.  —  Robert,  surnommé  Guiscard,  fils  aîné  du  second 
mariage  de  Tancrède  de  Hauteville  avec  Frasenda,  vint  en  Italie 
vers  1047,  succéda  en  1067  comme  comte  de  Fouille  à  son  frère 
Unfroy,  devint  en  10 59  duc  de  Fouille  et  de  Calabre  et  mourut  le 
17  juillet  io85.  Il  épousa  en  premier  lieu  sa  cousine  Albérada  et, 
après  ravoir  répudiée,  Sikelgalta,  fille  de  Guaimar  IV,  prince  de 
Sa  1er  ne. 


roy  mien  Cy re;  quar  en  molt  d'escripture  li  rois  et  li  prestre 
se  clament  Christe,  pource  que  sont  onte  de  crisme.  Et 
adont  dist  Dieu  par  Ysaie  prophète  «  A  lo  roi  mien  Cyrc, 
a  loquel  je  ai  prise  la  main  droite,  a  ce  que  devant  la  face 
soe  soient  subjecte  la  gent,    et  li  roy  tonnent  Tespaule 
devant  la  soe  face;  je  irai  devant  lui,  et  lo  plus. gloriouz 
de  la  terre  humilierai,  et  combatrai-je  contre  la  porte 
rame,  et  romprai  les  chaines  de  fer;  devant  lui  ovrerai 
les  pones  et  nulle  non  Ten  sera  cloze  devant  >  (  i  ).  Et  pour 
ce  que  je  voi,  lo  père  mien  abbé  molt  bénigne,  ceste 
parole  et  toutes  autres  qui  la  sequte  estre  aempliez  eii 
ces  .ij.  principes  (2),  et  pour  ce  ai-je  mise  ma  volenté  et 
mon  corage  a  escrivre  l'ystoire  lor.  Et  croi  que  non  dirai- 
je  tant  solement  lo  fait  de  li  home,  mes  ce  que  fu  concédât 
par  dispensation  de  Dieu  que  fust  fait  par  li  home.  Et 
pense  que  je  me  prendrai  alli  menachi  de  la  parole  de 
alcun,  liquel  diront  :  non  covient  a  un  moine  escrive  les 
batailles  de  li  seculer.  Mes  a  moi  pensant  ceste  choze  me 
recorda  que  Paul  dyaconeet  moine  decestmonastierdont 
je  sui,  escritli  fait  de  li  Longobart,  coment  il  vindrent  et 
demorerent  en  Ytalie  ;  et  fu  home  cler  de  vie,  de  science 
et  de  doctrine  (3|.  Et  autresi  me  recorda  que  ces  grans 
homes  (4)  sont  tant  libéral  et  dévot  a  nostre  monastier  (5), 

(i)  «  Hflcc  dicit  Dominus  Chrlsto  mco  Cyro,  eu  jus  apprchendî  dex- 
tcrnm,  ut  subjiciam  ante  facicm  cjus  gcntcs,  et  dorsH  r^um  vertam 
et  apcriam  coram  co  januas  et  ports  non  daudentur. 

«<  Ego  ante  te  ibo  et  gloriosos  terrs  humiliabo  :  portas  oerctt 
contcramet  ventes  ferreos  confringam.  »  Isaia;,  XLV,  i,  a. 

(2)  Les  princes  Richard  et  Robert. 

(3)  Paul  Diacre,  mort  au  Mont-Cassin  vers  797,  auteur  de  VHisioria 
ffentis  Langobardorum,  libri  VI,  de  568  à  744.  Cf.  :  Introduction, 
p.  XXXII  sqq. 

(4)  Richard  de  Capoue  et  Robert  Guiscard. 
Ô)  Le  monasicre  du  Mont-Cassin. 


3 

« 

et  por  la  mérite  que  par  aucun  de  lo  monastier,  le  fait  lor 
pour  perpétuel  mémoire  soit  escrit.  Et  toutes  foiz  je  non 
sui  si  hardi  que  je  tochasse  d'escrire  se  premerement  la 
vostré  volenté  non  oïsse  et  seusse  s'il  plaîst  a  vouz  ;  et  que 
je  oi  et  sace  qu'il  non  te  desplaist.  O  la  licence  et  béné- 
diction vostre,  et  o  tout  Paide  de  la  grâce  de  Dieu,  ai-je 
cbmencié  sccont  ce  que  je  avoîe  en  cuer.  Et  li  fait  de  li 
Normant,  liquel  sont  digne  de  notre  mémoire,  ai-je  en 
vîij  volume  de  livre  distincte  :  Et  a  ce  que  non  soit  fatigue 
de  chercier  a  ceuz  qui  volissent  alcune  chose  lire  de  Pys- 
toire,  chascun  volume  ai-je  noté  o  cert  capitule;  en  toute 
ceste  choze  plus  voille  estre  a  vostre  jugement,  Père,  que 
moi  escriptor.  Et  pert  a  moi,  pour  clamer  la  grâce  de 
Dieu,  sans  laquelle  nulle  parfaite  opération  non  puet  estre 
faite,  tout  avant  ferai  alcuns  vers  pour  clamer  l'aide  de  sa 
main  destre.  Et  sache  tout  home  que  a  null  ne  faudra  de 
ce  qu^il  le  proie  de  bon  cuer  et  de  prierie  just  ;  quar  ensi 
lo  dist  Jeshucrist  qui  est  vérité.:  ce  que  vouz  deproierés 
en  oration,  croiez  qu'il  voiiz  sera  donné  sans  faille  (i). 

Et  adont  dist  cestui  bon  moine  : 

O  Dieu,  père  éternel,  concordable  avec  lo  Fill  et  avec 
li  Saint-Esperit,  et  retient  vénérable  equalité  de  siège,  de 
splendor  et  de  somme  honor  de  deité  ;  tu  sez  la  peqsée  des 
homes,  tu  commandes  a  la  fontaine  de  geter  Teau,  et  la 
terre  stable  de  faire  herbe  florie;  et  a  toi  obeîst  lo  solloill, 
et  la  soror  de  lo  sol,  c'est  la  lune,  laquelle  secont  lo  dit  de 
li  poète  est  soror  de  lo  sol  pource  qu'elle  est  enluminée 
de  lo  sol  ;  a  toi  obeist  la  grandesce  de  lo  ciel,  et- toutes  les 
chozes  qui  sont  sur  terre,  et  toutes  les  chozes  qui  volent 
par  l'air,  et  toutes  les  chozes  qui  natent  en  Taigue.  Et 


(i)  «  Omnia  quscumquc  orantes  petitis,  crédite  quia  accipietis.  » 
S.  Marc,  Xi,  24. 


autres!  obcist  a  toi  infer.  Et  a  toute  home  est  manifeste 
que  tuit  li  temporal  t^obeissent.  La  premerevaire  fait  lî 
flor  dont  s'engendre  toute  chose.  L^esté  commande  que  li 
home  taillent  li  labor  ;  li  autompne  fait  lo  moust,  et 
Tyver  se  seminent  li  labor,  et  ensi  fait  16  monde  cornent 
ta  main  lo  governe.  Tu  pitouz  et  saint,  regarde  nostre 
opération  et  que  faisons  choze  dont  soions  amez,  et  aions 
mérite  dont  par  li  asprc  fait  de  li  molt  mal  dont  doionsaler 
en  enfer.  La  toe  main  sur  tant  grant  poiz  fai  estre  fort; 
adont  je  abatut  en  terre  pour  lo  pechié  a  demandé  toi 
souveraine  vertu.  Quar,  comme  se  dit  en  TEvangile  :  li 
larron,  c'est  lo  pechié,  m'ont  desrobé  et  levé  la  bone  grâce 
et  an  orne  fcrute,  débilitant  la  vertu  sensitive.  Adont  tu 
me  portez  a  Testable,  c'est  a  la  mérite  de  sainte  Eclize,  et 
aies  cure  de  moi  que  non  muire,  et  me  concède  li  don 
que  je  te  requicr,  et  fai  que  je  die  choze  veraie;  et  fai  que 
je  escrive  choze  juste  ;  quar  tu,  roy,  conservez  et  govemes 
la  rayson  de  li  royalme,  et  destrui  li  superbe  et  hausce  li 
humile;  quar  sanz  toi  nulle  choz  est  digne,  nulle  coseest 
bénigne  en  ccst  monde.  Et  adont  mein tenant  que  est  lo 
temps  a  ce  que  je  puisse  faire  ce  que  je  ai  commenciez  te 
pri  que  tu  me  doics  bcnedicere,  et  me  fai  dire  cose  dont 
la  grâce  toe  scmpre  remaingne  avec  toi,  moi.  Amen. 

Ci  finissent  li  vers  de  la  invocation. 


Comment  li  Capitule  de  lo  premier  Livre. 


ïi 


Cap.  I.  £>elo  siège  de  la  terre  laquel  li  Normant  tienent 
et  porquoi  se  clément  Normant. 

Cap.  2.  Coment  s'espartirent  par  lo  monde  et  coment  trai- 
toient  la  gent  dcl  païz  où  il  aloient. 

Cap.  3.  Coment  lo  conte  Guillame  ala  en  Engleterre  et  la 
vainchi  ;  et  coment  vainchi  la  grant  multitude  qui  fu  mandée 
B^   I  del  grant  roy  de  li  Danoiz  au  roy  d'Engleterre. 

Cap.  4.  Coment  apparut  Testoille  comète. 

Cap.  5.  Coment  par  lo  consentement  de  li  meillor  manda 
Robert  Crespin  en  Espaingne  o  exercit  de  diverse  gent  et 
coment  il  veinchi. 

Cap.  6.  Coment  fut  prise  la  cité  de  Barbastie  et  donée  en 
garde  à  Robert  Crespin. 

Cap.  7.  Coment  li  Chrestien  perdirent  la  cité  et  furent 
vainchut. 

Cap.  8.  Coment  Robert  ala  en  Ytalie  et  puiz  ala  en  Costen- 
tinople,  et  là  fîi  mort. 

Cap.  9.  Coment  Uerselle  vint  en  Costentinople. 

Cap.  10.  Coment  par  lo  conseill  de  Tempereor  la  moillier 
de  son  père,  c'est  sa  mère,  fist  monache  et  se  sa  moillier  mist 
en  prison  Urselle. 

Cap.  II.  Coment  lo  impereor  dona  la  fille  del  roydeThur- 
chie  et  son  filz  et  fu  délivré  avec  Orselle. 

Cap.  12.  Coment  fu  pris  li  empereor  et  rachaté  de  grant 
monnoie. 


Cap.  i3.  Cornent  par  le  comandemcnt  deCesairc  fu  li  pcre 
crevé  les  oills  par  laquel  cose  il  fu  mort. 

Cap.  14.  Cornent  leva  la  moillier  de  Tempereor  par  force 
de  prison. 

Cap.  i5.  Cornent  Ursel  fu  doné  en  prison  de  li  Turche  a  li 
Grex. 

Cap.  16.  De  la  defension  que  fist  cestui  monach^  escriptor 
que  paroît  que  non  ordcna  bien  ccste  ystoire. 

Cap.  17.  Cornent  Salcrnc  fu  délivrée  de  li  Sarrazin  par  li 
Normant  qui  venoicnt  dcl  sain  sépulcre  de  proier  Dieu. 

Cap.  18.  Cornent  li  prince  prièrent  li  Normant  qu*il  demo- 
rassent  et  lor  offrirent  deniers  a  doner  et  fieiire  toute  lor 
volcnté  ;  et  ils  respondirent  qu'il  non  pooient  demorer. 

Cap.  19.  Cornent  li  prince  mandèrent  as  parties  de  Nor- 
mendie  presens  et  lor  mandèrent  prciant  qu'il  venissent 
habiter  en  lor  contrée. 

Cap.  20.  De  la  sédition  de  Gisilbere  et  Guillerme  et  coment 
Gisilbcre  avec  ses  frères  vint  a  Capue. 

Cap.  2 1 .  Coment  entra  en  li  confine  de  Puille  et  comba- 
tirent  v  foiz  contre  li  Grex. 

Cap.  22.  Coment  li  empereor  assembla  pour  deniers  molt 
de  gent  et  petit  de  Normant  vindrent  contre  lui  a  combatre. 

Cap.  23.  Coment  puiz  molt  de  Normant  vindrent  pour 
combatre  et  veinchircnt  touz  lor  anemis  (i). 

Cap.  24.  Coment  Melus  ala  a  Tempereor  et  lui  dist  qu'il 
venist  en  Ytalic,  et  la'puiz  fu  mort. 

Cap.  23.  Coment  impereor  entra  en  Ytalie,  et  vint  soupre 
Troie;  et  Belgrime  fu  mandé  pour  prendre  lo  prince  de  Capue 
et  la  cité  de  Salerne  et  comment  fu  délivrée  puiz  et  fu  pris 
lo  prince. 


(I)  Les  chapitres  XXfl  et  XXIII  de  la  table  n'en  forment  qu*un 
seul  dans  le  texte,  le  XXII  ;  l'j  chapitre  XXIV  de  la  table  est  donc 
le  XXIU  du  texte  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  la  fin  du  premier  livre. 


Gip.  26.  Pourquoi  Timpereor  fu  esmut  en  ire  contre  Pan- 
dolfe. 

Cap.  27.  Cornent  Atenulfe  abbé,  foiant  en  Costentinoble  fu 
noies  en  mer..  Cornent  lo  impereor  fist  prince  de  Capue  un 
autre  Pandufe. 

Cap.  28.  Cornent  fist  Teobalde  abbé  de  mont  de  Cassin  et 
lui  dona  molt  de  possessions  et  rachata  lo  trésor  de  le  sainte 
Elglize. 

Cap.  29.  Cornent  il  ol  la  rétribution  de  Deu  de  lo  bien  qu'il 
avoit  fait.  Cornent  lo  impeor  a  empli  a  sez  nevcuz  ce  qu'il 
avoit  promis  a  Melo. 

Cap.  3o.  Cornent  li  Normant  volant  a  enciter  lo  comman- 
dement de  lo  roy,  mandèrent  Pierre  et  Melo  a  Relner 
marchise.  ^ 

Cap.  3i.  Comcnt  li  Normant  o  grant  multitude  de  pierres 
veinchurent. 

Cap.  32.  Coment  li  prince  de  Saler^a  manda  grans  domps 
a  Pandolfe  et  lui  dona  la  principe. 

Cap.  33.  Coment  Theobalde  abbé  fouy  et  habita  en  lo 
ccnobie  Liberator  et  la  fu  mort. 

Cap.  34.  Coment  Pandulfe  se  converti  a  tout  mal. 

Cap.  35.  Coment  Basile  fu  fait  abbé  du  mont  de  Cassin. 

Cap.  36.  Coment  il  mist  en  prison  Ylaire  abbé  de  Saint- 
Vincent  et  Anulphe  arche vesque. 

Cap.  37.  Coment  Eldeprande  bastart  de  lo  prince  fut  faist 
archevesque  et  coment  celui  ;qui  l'estoit  rendi  l'anel  et  la 
croce. 

Cap.  38.  Coment  Pandulfe  fi  mal  a  ceauz  de  la  cité  et  a  sez 
parens. 

Cap.  39.  Coment  chasa  Sierge  maistre  de.  la  chevalerie  de 
la  cité  et  comment  Sierge  la  recovra  puiz. 

Cap.  40.  Coment  fist  Averse. 

Cap.  41 .  Et  la  concedi  puiz  a  Raynolfe  et  lui  donna  la  soror 
pour  moillier. 

Cap.  42.  Coment  Tonor  de  li  Normant  cresoit  et  coment 
la  moillier  de  Raynolfe  fu  morte. 


Cap.  43.  Cornent  Raynolfc  et  Palde  (i)  s'a  semblèrent  a 
parle  ensemble. 

Cap.  44.  Coment  Raynulfe  prist  pour  moillier  la  nepote  de 
Pandulfe  et  fait  fu  maistre  de  la  chevalerie. 

Cl  se  finissent  li  Capitule, 
(i)  Lisez  Pandulfe. 


9 


Ci  se  commence  li  premier  Livre 

DE  l'ySTOIRE  de  LI  NORMANT. 


Cap.  I .  Nous  trovons  en  cest  premier  capitule  de  i'es- 
toire  de  li  Normant  que  en  la  fin  de  France  est  une  plane 
plene  de  boiz  et  de  divers  frut;  en  celui  estroit  lieu  habi- 
toitgrant  multitude  de  gent  molt  robuste  et  forte,  laquel 
gent  premerement  habitèrent  en  une  ysullequi  seclamoit 
Nora,  et  pour  ce  furent  clamez  Normant,  autres!  comme 
home  de  Nore.  Man  est  a  dire  en  langue  thodesche  home  ; 
et  en  tant  estoitcressute  la  multitude  de  lo  pueple,  que  li 
champ  ne  li  arbre  non  soufiisoit  a  tant  de  gent  de  porter 
lor  nécessaires  dont  peussent  vivre  (i). 

(i)  L*  «  ysulle  qui  se  clamoit  Nora  »  désigne  sans  doute  la  Nor- 
vège, les  pays  Scandinaves  d*où  partirent  les  hommes  du  Nord  pour 
venir  se  fixer  dans  la  partie  de  la  Neustric  à  laquelle  fut  donné,  du 
nom  des  envahisseurs,  le  nom  de  Normandie.  L*étymologie  donnée 
par  Aimé  est,  on  le  voit,  assez  fantaisiste  ;  la  véritable  étymologie 
se  trouve  dans  ce  passage  du  Roman  de  Rou  : 

Man[t]  en  engleis  e  en  norreis 
Senefie  hum  en  franceis; 
Justez  ensemble  nort  e  man[t], 
Ensemble  dites  dune  Norman[t]  ; 
Geo  est  hom  de  North  en  rumanz. 
De  la  vint  li  nuns  as  Normanz. 

Normant  deiuent  estre  apelé 

Normendie  qu'il  unt  poplé. 

{Roman  de  Rou,  par  Wace,  édition  H.  Andresen,  Heilbronn,  chez 
Henninger,  1877-79.  v.  log  sqq.,  t.  I,  p.  14). 


10 

Cap.  2.  Adont  par  diverses  parties  del  munde  s'espar- 
tirent  sa  et  la,  c^est  en  diversez  parties  et  contrées,  quar 
secont  les  diverses  disposition  del  ciel  sont  diverses 
contrées,  lesquelles  sont  dites  climate.  Et  se  partirent  ceste 
gent,  et  laissèrent  petite  choze  pour  acquester  assez,  et 
non  firent  secont  la  costumance  de  molt  qui  vont  par  lo 
monde,  liqucl  se  metent  a  servir  autre  ;  mes  simillance  de 
li  antique  chevalier,  et  voilloient  avoir  toute  gent  en  lor 
subjettion  et  en  lor  seignorie.  Et  pristrent  l'arme,  et  rom- 
pirent la  ligature  de  paiz,  et  firent  grant  exercit  et  gr^nt 
chevalerie  ;  et  por  ce  vouz  dirons  cornent  il  s^espartirent 
par  lo  monde,  et  cornent  faisoient  lor  vie. 

Cap.  3.  De  ceste  fortissime  gent  en  armes  fu  li  conte 
Guillerme  (i)j  et  assembla  avec  lui  .c.  mille  chevaliers, 
et  .X.  mille  arbalestier  et  autres  pedons  sanz  nombre  (2), 
et  prist  son  navie  et  vint  jusque  en  Engleterre.  Et 
Aldoalde  (3)  loquel  seoit  sur  son  siège  et  tronè  royal 
d^Engleterre,  loquel  Adoalde  regnoit  puiz  la  mort  de 
Adeguardc  juste  roy  (4),  estoit  maledit  home.  Contre 
ccstui  ala  premercment  Guillerme,  et  combati  contre  lui, 
et  lui  creva  un  oill  d^une  sajete,  et  molt  gent  de  li  Englez 
occist  (5).  Et  puiz  li  devant  dit  Guillerme  fut  hducié  en 
lo  siège  royal  et  ot  vittoriose  corone.  Et  puiz  dui  ans  li 
roy  de  li  Danoiz,  pour  revengier  lo  roy  d^Engléterre, 

(i)  Guillaume  le  Conquérant,  duc  de  Normandie. 

(2)  Ce  n*est  là  qu'un  chiffre  rond  fort  exagéré,  car  le  duc  de  Nor- 
mandie, au  rapport  des  chroniqueurs,  n*avait  pas  d'aussi  nombreuses 
troupes  lorsqu'il  a  envahi  l'Angleterre. 

(3)  Harold,  roi  d'Angleterre  depuis  le  mois  de  janvier  1066. 

(4)  Kduuard  le  Confesseur,  roi  d'Angleterre,  de  104a  à  1066. 

(3)  Marold  périt  Ic'i^  octobre  1066,  en  combattant  à  la  bataille  de 
Ilastings  contre  Guillaume  le  Conquérant;  d'autres  chroniqueurs 
n'ont  pas  rapporté  qu'il  ait  eu  un  oeil  crevé  par  une  flèche  envoyée 
par  son  rival. 


II 

i 

manda  grant  multitude  de  gent  sans  nombre  mes  li  Nor- 
mant  veinchirent  tuit  ( i  ). 

Cap.  4.  En  cel  an  apparut  un  merveillouz  signe  pour 
ccste  forte  aventure  et  bataille  qui  estoit  a  venir  :  car  Tes- 
toille  qui  se  clame  comète  aparut  molt  de  nuiz,  et  tant 
de  fulgure  qui  resplendissoit  comment  la  lune  [2).  Geste 
bataille  brevement  fu  de  li  Normant  laquelle  fu  faite  en 
lo  temps  de  cestui  qui  escrist  ceste  ystoire,  qùar  cestui 
moine  fu  a  lo  temps  que  ces  Normans  vindrent.  Mes  il  lo 
dira  en  l'autre  ystoire  (3). 

Cap.  5.  Et  a  ce  que  là  religion  de  la  foi  christiane  fust 
aemplie,  et  maçast  détestable  folie  de  li  Sarrazin,  par  ins- 
piration de  Dieu,  s^acorderent  en  une  volenté  li  roy,  et  li 
conte,  et  li  prince  en  uno  conseill.  C*est  que  fust  assemblée 
grant  multitude  de  gent,  et  grant  chevalerie  de  Françoiz 

(i)  II  s'agit  de  Texpédition  que  Swen,  roi  de  Danemark,  envoya  en 
1069  contre  les  Normands  envahisseurs  de  TAngleterre,  sous  la  con<« 
duite  de  son  frère  Osbiorn  et  de  ses  deux  fils  Harald  et  Knut  ;  ce 
fut  surtout  à  Taide  de  sommes  d'argent  et  non  par  les  armes- que 
«  Guillaume  eut  raison  de  ces  adversaires  ;  il  acheta  la  défection 
d'Osbiorn. 

(a)  Sur  l'apparition  de  cette  comète,  peu  avant  l'invasion  de  l'An- 
gleterre par  Guillaume  le  Conquérant,  cf.  :  Chronica  Rogeri  de 
HovEOEN,  pars  prior,  t«  1«  p.  m,  éd.  Stubbs,  London,  Longmann, 
1868.  —  Tke  Anglo-Saxon  Chronicle,  ad  an.  1066,  t.  II,  p.  i65  de 
Tédition  de  Thorpb,  London,  Longnumn,  1861.  —  Willelmi 
Malmesburiensis  Gesia  rerum  An^lorum,  1.  II,  §  225,  dans  Migne  : 
Pair,  lat,f  t.  179,  col.  iao5.  —  Ekkeharo,  MG.  SS.  VI,  199.  — 
La  comète  ayant  paru  en  avril,  et  Lupus  commençant  Tannée  sui- 
vante le  25  mars,  il  la  place  régulièrement  en  1067,  MG.  SS.  V,  59.  — 
La  Chronique  anonyme  du  Mont-Cassin  la  place  aussi  en  1 067  car, 
par  suite  d'une  erreur  de  copiste,  les  faits  mentionnés  dans  cette 
chronique  sont,  à  partir  de  l'an  1000,  datés  d'un  an  trop  tard  ; 
Cronisti  NapoUtani,  in-40,  Napoli,  1845,  p.  462,  éd.  G.  del  Re. 

(3)  Pour  le  traducteur  d'Aimé,  «  l'autre  ystoire  »  est  la  Chronique 


12 

et  de  Borguegnons  et  d^autre  gent,  et  fussent  en  compai- 
gnie  de  li  fonissime  Normant,  et  ces  deussent  aler  corn- 
batre  en  Espaingne,  a  ce  que  la  chevalerie  de  li  Sarrazin, 
laquelle  il  avoient  assemblée,  fust  occupée  et  subjette  a  li 
chrétien.  Et  a  ceste  choze  faire  fu  eslit  un  qui  se  clamoit 
Robert  Crespin.  Et  quant  il  fu  eslut,  il  se  appareilla  dealer 
a  la  bataille  ou  illec  estoit  comman  d'aler  ;  et  damèrent 
Tayde  de  Dieu,  dont  Dieu  fu  présent  en  Paide  de  ceuz 
qui  Ta  voient  demandé;  dont  li  fidel  de  Dieu  orent  victoire 
de  la  bataille,  quar  une  grant  part  de  li  Sarrazin  furent 
mort.  Et  rendirent  grâce  a  Dieu  de  la  victoire  qu'il  presta 
a  son  pueple  (ij. 

Cap.  6.  Et  alore  fu  prese  la  cité  qui  se  clamoit  Barbas- 
taire,  molt  grant  terre  et  plene  de  grant  ricchesce,  et 
molt  garnie.  Et  tout  Tost  voust  que  Robert  Crispin  la 
feist  garder,  ace  que  en  lo  secont  an  retornasto  tel  exérdt 

de  Robert  Viscart  et  de  ses  frères  qu*il  a  également  traduite  du 
latin  en  français  ;  mais,  comme  il  a  été  dit  dans  VlntroduçtioHf  le 
traducteur  se  trompe  ;  le  latin  de  cette  chronique  de  Robert  Viscirt 
et  de  ses  frères  n'est  pas  d*Aimé,  mais  d*un  abbréviateur  de  G.  Mala- 
terra. 

(i)  Les  renseignements  manquent  sur  la  manière  dont  s'organin 
en  France  cette  expédition  contre  les  Sarrasins  et  surtout  sur  la  pan 
qu*y  prirent  les  Bourguignons.  D'Achért  a  publié  le  rédt  anonyme 
d*un  miracle,  opéré  en  faveur  de  Guillaume  Crespin  l'ancien  ;  — 
MiGNE,  Patr.  lat.,  t.  i3o,  col.  y3S  sqq.,  Appendix  aux  onivret  de 
Lanfranc  —  on  y  voit  que  le  Robert  Crespin  dont  parle  Aimé,  étth 
fils  de  Gilbert  Crespin,  seigneur  de  Normandie  ;  et  l'auteur  ajoute  : 
«  Robertus  Crispinus  minor  frater,  Northmannia  egrestus,  plurimas 
pcragravit  regiones,  donec  Constantinopolim  veniret,  et  ab  impen^ 
tore  eu  m  honore  susceptuSj  magnique  nominis  apud  omnes  effectus, 
ibi,  ut  fertur,  invidia  Gracorum  veneno  periit.  »  Ce  que  Aimé  dit 
plus  loin  de  Robert  Crespin  et  ce  que  nous  savons  par  les  historiens 
byzantins,  prouve  quMls  ont  en  vue  le  même  personnage  que  celui 
dont  parle  Tauteur  du  miracle. 


13 

ou  plus  grant,  pour  prendre  des  autres  cités  d*Espaingne. 

Cap.  7.  Et  lo  dyable,  armé  de  subtillissime  malice, 
pour  invidie  de  lo  bon  commencement  de  la  foi  pensa  de 
contrestet,  et  mètre  en  lo  penser  de  li  chevalier  de  li 
Christi  feu  d^amour,  et  que  se  hauchassent  chaîrent  en 
bas  ;  pour  laquel  choze  Christ  fu  corrocié,  car  lo  chevalier 
se  donna  a  lo  amor  de  la  famé,  Adont,  pour  lor  pechie 
perdirent  ce  qu*il  avoient  acqïïesté,  et  furent  secute  de  li 
Sarrazin.  Et  perdue  la  cité  une  part  furent  occis,  etu  ne 
part  furent  occis  en  prison,  et  une  part  foyrent  et  furent 
délivré  (i). 

Cap.  8.  Crespin,  pour  la  vergoigne,  non  vouloit  puiz 
retomer  en  son  palz  ;  mes  vint  en  Ytalie  et  ceus  de  sa 
contrée,  et  la  demora  par  alcuns  ans  ;  et  pour  faire  cheva- 
lerie souz  lo  pooir  de  lo  impereor,  ala  en  Costentinoble 
où  il  ot  molt  de  triumphe  et  molt  de  victoire,  et  puiz  fu 
mort  (2). 

(i)  pans  ses  Recherches  sur  l'histoire  et  la  littérature  de  V Es- 
pagne pendant  le  moyen  dge^  Dozy  a  publié,  —  t.  II,  p.  337,  a*  édit., 
Leyde,  1 860,  —  un  récit  d'iBN-HAÎYAN  sur  la  prise  de  Barbastro  par  les 
chrétiens  en  1064,  et  sur  la  reprise  de  cette  ville  par  les  Sarrasins. 
Malgré  ses  exagérations,  Ibn-Halyan  confirme  les  données  principales 
d'Aimé  ;  il  désigne  sous  le  nom  de  «  commandant  de  la  cavalerie  de 
Rome  »  le  chef  de  l'expédition  chrétienne.  Dozy  a  voulu  prouver 
que  ce  commandant  était  Guillaume  de  Montreuil  dont  Aimé  parle 
plus  loin,  mais  c'est  là  une  erreur,  comme  il  sera  démontré  plus 
tard. 

(2)  Robert  Crespin  ne  put  venir  en  Italie  avant  106 5,  date  de  la 
reprise  de  Barbastro  par  les  Sarrasins  ;  il'  n'y  resta  que  peu  dé 
temps,  quoique  en  dise  Aimé,  et,  durant  son  séjour,  ne  se  signala 
par  aucun  fait  d'importance,  car  son  nom  ne  parait  pas  dans  les 
autres  chroniqueurs  des  Normands  en  Italie.  Attaliota  —  Historia, 
p.  laa,  éd.  Bonn,  —  et  J.  Sgyutzss  —Historia,  t.  II  des  œuvres 
de  CxoRENUs,  p.  678,  éd.  Bonn,  —  signalent  son  arrivée  en  Orient 
en  xq(j9  et  disent  qu'il  venait  d'Italie  :  «  iv^p  y^p  Aattvoc  ^  'iTaXîa; 


Cap.  9.  Et  puiz  que  cellui  fu  mort,  cornent  ce  fiist 
cose  que  molt  alerent  de  diversez  parties  del  inonde  a  li 
solde  de  Tempereor.  Et  entre  tous  ceaux  de  Normendie 
qui  alerent  a  l'empereor  pour  prendre  li  solde  (i),  honeste 
chevalier  et  vrai  et  fidel,  puizqu'il  avoit  veinchut  la  con- 
trée d'Esclavonnie,  ala  pour  aidier  a  lo  puepie  de  Tempe- 
reor,  loquel  devoit  combatre  (2).  Et  lo  impereor  vît  qu'il 
cstoit  acte  de  combatre  et  home  a  proye,  lo  manda  contre 
li  Turc  en  Taide  de  lo  père.  Mes  pour  lo  juste  jugement 
de  Dieu,  li  Turc  orent  la  victoire  et  fu  grant  mortalité  de 
Chrétiens.  Et  Auguste  et  Urselle  furent  prison,  et  ensi 
ces  ij  o  tout  lor  chevaliers  furent  menez 'en  prison;  et  de 
lo  duc  de  li  Turc  furent  honorablement  receuz  (3).  Mes 


T(}  PsfftXtt  TpoffeXOcjv  Kpiffirivo;  ovdiixTi.  »  Ces  deux  Byantins  et 
N.  Bryenne  —  Commentar,,  L.  II,  4,  éd.  Bonn,  p.  58,  —  rapportent 
quelques  péripéties  de  la  vie  de  Crespin  en  ^  Orient,  sans  parler  de 
sa  mort;  elle  a  dû  avoir  lieu  vers  1072,  sous  Michel  VII,  lonqu*tl 
avait  un  grand  commandement  militaire. 

(  1  )  La  suite  du  texte  montre  qu'il  s'agit  d*Urselle  dont  le  tnuluc- 
tcur  d'Aimé  oublie  d'écrire  le  nom. 

(2)  G.  Malaterra  —  Historia  Sicula,  II,  a3  ;  dans  Muiutoki, 
R.  I.  SS.,  V,  568,  —  rapporte  qu'en  xo63  «  Uraellus  de  Balid  »  aida 
grandement  le  comte  Roger  à  gagner  sur  les  Sarratina  de  Sicile  la 
bataille  de  Cerami.  N.  Bryenne  —  Commentar,,  H,  4,  p.  58,  ^9  ^  en 
désaccord  sur  ce  point  avec  Aimé,  dit  qu'Oursel  ou  Uradle  entn 
au  service  de  l'empereur  d*Oricnt,  du  vivant  de  Crespin,  et  qu'à  la 
mort  de  ce  dernier,  il  lui  succéda  dans  le  commandement  de  aa 
phalange  :  «  '0  4»piyyoi  OCpaiX^o;,  tt^ç  iraipia^  ^  toS  KptvKivou  »al 
T/,c  cusîvou  X3T3P/WV  si^sf^o;  ëxt  ^xcCvou  TO  XP*^^   iicoTCvauTOÇ.  » 

(3)  Aimé  parle  de  l'expédition  que  fit  contre  les  Turcs,  en  1071, 
l'empereur  romain  Diogène  et  qui  se  termina,  le  a6  août,  fiar  la 
défaite  de  Mantzikiert  et  la  captivité  de  l'empereur.  ScvLrrkKS  — 
H\storia,  t.  II  des  œuvres  de  Cedrbmus,  p.  691,  éd.  Bonn,  —  dît 
qu'avant  la  bataille,  R.  Diogène  détacha  de  l'armée  les  contingents 
mercenaires  des  Ouzes  et  des  Francs  et  qu'il  les  envoya  à  Ghliat, 


ï5 

autre  chose  est  a  entendre,  que  autre  choze  est  Auguste  et 
autre  cose  Cesare  :  Auguste  et  impereor  est  une  cose 
corne  est  dit  devant;  mes  Cesaire  est  aucune  cose  manque 
en  cellui  temps;  .ij.  empereor  ou  Auguste;  et  cestui  qui 
estoient  sur  la  Turquie  estoient  patrie,  et  un  autre  qui 
estoient  Cesaire;  si  que  alore  estoient  .ij.  empereor  et  .ij. 
Cesaire  veraiement  (  i  ). 

Cap.  io.  Cestui  que  je  vouz  ai  devant  dit  atehdoient 
Tayde  de  Tempereor,  et  entrevint  lo  contraire  par  lo  con- 
seill  de  un,  loquel  lui  estoit  patri  qui  estoit  Cesaire;  et 
oiant  par  veraie  famé  que  sa  mère  estoit  en  prison, 
laquelle  estoit  moillier  de  lo  sage  Cesaire,  elle  se  pela  la 

80U8  la  conduite  de  Roussel  ou  Oursel,  homme  belliqueux  et  plein 
d*audace  ;  «  t6  {AiTBoçopixôv  tûv  OO^cov  xolI  toù;  <^piy5ou<  at»v 
'Pouac^Cu  ivSpl  yew'^aiîù  xal  'icoXep.'.xîo  Sia^ÎT^ai  xaxdb  toO  x'^^''^  ^'^^ 
«povoi&V*  »  Peu  après,  R.  Diogène  fit  partir  dans  la  même  direction 
une  autre  portion  de  ses  troupes,  commandées  par  Tarchaniota  ; 
mais,  lorsqu'il  se  vit  aux  prises  avec  le  sultan  et  le  gros  de  Tarmée 
turque,  il  expédia  vers  Ctliat  des  aides  de  camp,  chargés  de  notifier 
à  Oiirsel  et  à  Tarchaniota  de  venir  le  rejoindre  avec  les  forces  dont 
ils  disposaient.  Ils  n*en  firent  rien  ni  l'un  ni  Tautre  et,  traversant  la 
Mésopotamie,  ils  se  replièrent  avec  leurs  soldats,  sur  le  territoire  de 
l'empire.  De  son  côté,  Attaliota  —  Historia,  p.  148-158, —  reproche 
à  Oursel  et  à  Tarchaniota  d'avoir  abandonné  l'empereur  et  de  s'être 
enfui  à  travers  la  Mésopotamie.  N.  Bryenne  —  Commentar.  1.  I,  16, 
p.  40  sq.,  —  prétend  que  R.  Diogène,  persuadé  qu'il  pouvait,  avec 
ses  propres  forces,  vaincre  les  Turcs,  n'appela  à  son  aide  ni  Oursel, 
ni  Tarchaniota.  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  dernière  hypothèse,  favo- 
rable à  Oursel,  on  voit  que  Scylitzès,  Attaliota  et  Bryenne  contre- 
disent l'assertion  d'Aimé,  disant  qu'Oursel  avait  été  fait  prisonnier 
avec  R.  Diogène  à  Mantzikiert. 

(i)  Aimé  ou  plutôt  son  traducteur  se  trompe  ;  il  y  avait  l'empereur 
R.  Diogène  ou  Romain  IV,  alors  prisonnier  des  Turcs,  puis  l'empe- 
reur Michel  Ducas  ou  Michel  VII,  proclamé  à  Constantinople  à  la 
nouvelle  de  la  captivité  de  Romain  IV,  et  enfin  le  César  Jean,  oncle 
de  Michel  VII^  mais  on  ne  voit  pas  d'autre  César. 


i6 

teste  et  se  bâti  lo  pet  pour  son  marit,  et  se  fist  monacha; 
et  la  moillier  Urselle,  famé  molt  noble,  mist  en  prison. 
Mes  lo  conseill  de  Dieu  non  faut  de  aidier  dont  la  malice 
de  Tome  cerche  la  malice  de  destruire. 

Cap.  1 1 .  Lo  impeor,  liquel  estoit  en  prison,  dont  son 
iilz  pour  marit  a  la  fille  alo  roy  de  Thurquie,  laquelle  estoit 
baptizié  et  faite  christianc,  pour  laquel  choze  il  et  Urselle 
furent  délivré  et  mandé  honorablement.  Et  non  petite 
part  de  lo  impiere  raquesterent  o  l'aide  de  li  Turchi. 

Cap.  12.  Et  Cesaire,  loquel  avoit  contre  Auguste  son 
patrie,  fu  prison  et  chaï  en  la  fosse  laquelle  il  avoit  faite 
a  autre.  Et  toutez  foiz  fu  en  prison  non  a  Tompator  mes 
a  altre  gent;  et  por  molt  or  et  argent  qu^ildona  fu  délivré 
de  la  prison. 

Cap.  i3.  Et  a  ceste  choze  fu  aoint  major  mal  qua  par 
substrattion  de  lo  fillastre  Cesare  ;  par  commandement 
de  lo  autre  impereor,  fu  a  lo  impeor  patrie  de  Cesare 
crevés  les  oillz;  et  pour  la  dolor  fu  mort.  Cestui  moine 
qui  compila  cest  ystoire  fait  mention  de  moult  empereour, 
mes  de  Cesaire  non  fait  mention  de  li  nom,  comment  se 
clamoicnt  1 1  *. 

Cap.  14.  Et  Urssclle,  home  de  grant  cuer  et  fort  com- 
bateor^  en  celui  temps,  conquesta  Hermenie,  et  puiz  lui 
fist  tribut,  et  vint  en  Costentinoble  pour  délivrer  la  moil- 
lier, et  mist  son  siège,  et  fist  tant  de  damage  qu'il  desro- 
boit  et  occioit  et  ardoit  quant  qu'il  trovoit;  et  tant  fu  son 
ire  contre  li  Grez,  que  la  moillier,  laquelle  li  empeor 
non  lui  vouloit  rendra  par  sa  volenté,  covint  qu'il  lui 
rendist  contre  sa  volenté. 

(i)  Le  César  Jean  empêcha  en  effet  qu'on  vint  au  secourt  de  Ro- 
main IV  et  la  femme  de  cclui<i,  Timpératrice  Eudoxie,  fut  obligée 


17 

Cap.  i5.  Et  que  li  Grex  molt  de  foiz  par  maliciouz 
argument  et  o  subtil  tradement  avoient  usance  de  vein- 
chere  lor  anemis,  escristrent  a  li  Turchi.  Avec  ceauz 
estoient  souz  pat  Ursselle,  quar  il  lui  estoient  traitor,  et 
par  dompsde  molt  or  ordenerent  que  Urselle  fust  prison 
de  li  Turchi,  et  fu  liez  o  fortes  chaenes  (i).  Qui  bien  cer- 

de  quitter  le  pouvoir  et  de  se  retirer  dans  un  monastère  ;  la  femme 
d'Oursel  fut  emprisonnée,  mais  très  probablement  plus  tard  que  ne 
le  dit  Aimé;  les  auteurs  cités  plus  haut' prouvent  qu'Oursel  n'a  pas 
été  délivré  avec  Romain  IV  puisqu'il  n'était  pas  prisonnier.  Aimé  est 
seul  à  prétendre  que  Romain  IV  ait  marié  son  fils  avec  la  fille  du 
sultan.  Après  huit  jours  de  captivité,  le  sultan  rendit  la  liberté  à 
Romain  IV,  qui,  jusqu'à  sa  mort,  juillet  107a,  chercha  à  reconquérir 
son  empire  usurpé  par  Michel  Ducas.  Attaliota  et  Sctlitzès  — 
Historia^  p.  170  et  171  et  Historia^  p.  70^,  703,  —  disent  que 
Crespin  et  ses  Francs  se  tournèrent  alors  contre  Romain  IV  et  com- 
battirent pour  Michel  Ducas.  Il  est  peu  probable,  comme  l'insinue  Aimé, 
qu'Oursel  soit  resté  fidèle  à  Romain  et  se  soit  séparé  alors  de  ses 
compatriotes.  Comme  le  dit  Aimé,  Romain  IV  mourut  après  avoir 
eu  les  yeux  crevés. 

(i)  En  1073,  Michel  Ducas  chargea  Isaac  Comnène  et  Oursel, 
devenu,  après  la  mort  de  Crespin,  le  chef  des  troupes  franques,  de 
repousser  une  invasion  des  Turcs  ;  mais  Oursel  ne  tarda  à  se  brouiller 
avec  I.  Comnène  et  battit  tour  à  tour  les  Turcs  et  les  Grecs.  Ce  fut 
alors  probablement  que  Michel  Ducas  fit  emprisonner  la  femme  et 
les  enfants  d'Oursel,  pour  le  punir  de  sa  révolte  ;  en  outre,  le  César 
Jean,  oncle  de  l'empereur,  marcha  contre  lui  avec  une  armée,  mais 
Oursel  le  vainquit  et  le  fit  prisonnier.  L'heureux  aventurier  prit 
ensuite  le  chemin  de  Constantinople  et  brûla,  sur  son  passage,  une 
grande  partie  de  la  ville  de  Chrysopolis.  L'empereur  effrayé  lui  ren- 
voya sa  femme  et  ses  enfants  et  lui  donna  la  dignité  de  Curbpalate. 
Aimé,  on  le  voit,  a  quelque  notion  de  ces  événements  mais  une 
notion  confuse  ;  ainsi  il  place  à  tort  l'emprisonnement  du  César  Jean 
avant  la  mort  de  Romain  IV  ;  sa  notice  sur  Oursel  ne  peut  donc 
être  d'une  grande  utilité,  car  elle  ne  fournit  aucun  fait  qui  n'ait  été 
mentionné  par  les  Byzantins ,  il  la  termine,  sans  parler  des  dernières 
aventures  et  de  la  mort   d'Oursel,  en  disant  que,  par  trahison,  les 

2 


i8 

chera  li  auter  et  Tystoire  especialement  de  Troya,  trovera 
que  li  Grex  ont  plus  soven^  vainchut  per  malice  et  par 
traison  que  par  vaillantizc. 

Cap.  i6.  Non  se  pense  cil  qui  cest  livre  lege,  quecestui 
moine  procède  mal  en  son  dit,  pour  ce  quMl  entreprent 
d'une  part  et  de  autre  a  dire;  quar  tout  est  de  une  ystoire, 
et  quant  est  de  la  victoire  de  une  gent,  c^est  de  li  Normant. 
Et  adont  se  laisse  lo  dire  de  Urselle  et  conte  altre  deli 
Longobart  1 1  ),  non  est  de  merveiller  dont  se  eicuse.  Cest 
auttor  dit  que  vole  dire  comment  vinrent  a  li  part  de 
Ytalie  et  de  lo  règne,  et  quel  pueple  veinchirent,  et  cornent 
veinchijent  la  superbe  de  li  non  fidel. 

Cap.  17.  Avan  mille  puis  que  Christ  lo  nostre  Seignor 
prist  char  en  la  virgine  Marie,  apparurent  en  lo  monde 
.xl.  vaillant  pèlerin  ;  venoient  del  sain  sépulcre  de  Jéru- 
salem pour  aorerJ  h  ucrist.  Etvindrent  a  Salerne,  laquelle 
estoit  assegic  de  Sarrasin,  et  tant  mené  mal  qu'il  se  vou* 
loicnt  rendre.  Et  avant,  Salerne  estoit  faîte  tributaire  de 
li  Sarrazin.  Mes  se  tardèrent  qu'il  non  paierent  chascun 
an  li  tribut  a  lor  terme,  et  encontinent  venoient  li  Sarrazin 
o  tout  molt  de  nefs,  et  tailloient  et  occioient,  et  gastoient 
la  terre.  Et  li  pelegrin  de  Normendie  vindrent  la,  non 


Turcs  livrèrent  Oursel  aux  Grecs  qui  le  gardèrent  en  prison.  Anne 
Comnùne  a  raconté  en  détail,  dans  le  premier  livre  de  VAlexiade, 
l'histoire  de  cette  trahison  et  Tcmprisonnenicnt  d'Oursel.  Plus  tird, 
lorsque  les  Turcs  mirent  de  nouveau  Tempirc  aux  abois,  Tempereur 
s'empressa  de  délivrer  Oursel  et  le  supplia  de  se  mettre  à  la  tête  des 
troupes  et  lie  repousser  l'ennemi.  Dans  la  Revue  historique,  t.  XVI, 
2e  fasc.,  G.  SciiLL'MBERGER  a  donné  le  fac-similé  d'un  sceau  d'Ourtel 
de  Baillcul  et  Ta  accompagné  d'une  intéressante  notice  sur  le  vaillant 
condottiere, 
(i)  Lisez  :  «deli  Normant  », 


19 

porent  soustenirtant  injure  de  la  seignorie  de  H  Sarrazin, 
ne  que  li  chrestiens  en  fussent  subject  a  li  Sarrazin.  Ces- 
tui  pelegrin  alerent  a  Guaimarie  (  i)  serenissime  principe, 
liquel  governoitSalerneo  droite  justice,  et  proierent  qu'il 
lor  fust  donné  arme  et  chevauz,  et  qu'il  vouloient  com- 
batre  contre  li  Sarrazin,  et  non  pour  pris  de  monoie,  mes 
qu^il  non  pooient  soustenir  tant  superbe  de  li  Sarrazin  ; 
et  demandoient  chevaux.  Et  quant  il  orent  pris  armes  et 
chevaux,  ils  assallirent  li  Sarrazin  et  molt  en  occistrent, 
et  molt  s'encorurent  vers  la  marine,  et  li  autre  fouirent 
par  li  camp  ;  et  cnsi  li  vaillant  Normant  furent  veinceor. 
Et  furent  li  Salernitain  délivré  de  la  servitute  de  li  pagan. 

Cap.  i8.  Et  quant  ceste  grant  vittoire  fu  ensi  faite  par 
la  vallantise  de  ces  .xl.  Normant  pelegrin,  lo  prince  et  tuit 
li  pueple  de  Salerne  les  regracierent  molt,  et  lor  offrirent 
domps,  et  lor  prometoient  rendre  grant  guerredon.  Et  lor 
prièrent  qu^il  demorassent  a  deffendre  li  chrestien.  Mes 
li  Normant  non  vouloient  prendre  mérite  de  deniers  de 
ce  qu^il  avoient  fait  por  lo  amor  de  Dieu.  Et  se  excusèrent 
qu'il  non  pooient  demorer. 

Cap.  19.  Après  ce  orent  conseill  li  Normant  que  la 
ventssent  tuit  li  principe  de  Normendie  ;  et  les  enviterent  ; 
et  alcun  se  donnèrent  bone  volenté  et  corage  a  venir  en 
cez  partiez  de  sa,  pour  la  ricchece  qui  i  estoit.  Et  man- 
dèrent lor  messages  avec  ces  victoriouz  Normans,  et  man- 
dèrent citre,  agmidole,  noiz  confites,  pailles  imperials, 


(i)  Ce  siège  de  Salerne  par  les  Sarrasins  eut  lieu,  comme  nous  le 
verrons,  en  1016  ;  à  cette  date,  le  prince  lombard,  Guaimar  III, 
était  depuis  dix-sept  ans  prince  de  Salerne  et  venait  d'associer  au 
pouvoir  son  fils  Jean.  Codex  diplomaticus  Cavensis;  tabula  chro- 
nologica,  p.  iv,  t.  I,  in-4'>,  Neapoli,  1873. 


20 


ystrutncns  de  fer  aortié  d'or,  et  ensi  les  damèrent  qu*il 
deussent  venir  a  la  terre  qui  mené  lac  et  miel  et  tant 
belles  coses.  Et  que  ceste  cosez  fussent  voires,  cestui  Nor- 
mant  veinceor  lo  testificarent  en  Normendie  (i). 


(i)  Dans  sa  seconde  rédaction  de  la  Chronicon  Casinense  —  II» 
37,  —  Léo  de*  Marsi  reproduit,  comme  il  suit,  les  données  d*Aimé  : 
«  Septimo  hujus  abbatis  (Atenulfi)  anno  (10 17)  cœpenint  Normanni, 
Mclo  duce,  expugnare  Apuliam.  Qualiter  autem  vel  qua  occaskme, 
Normanni  ad  istas  partes  primo  devenerint  et  quii  vel  unde  Bdelus 
hic  fiierit,  quave  de  causa  eisdem  Normannis  adhseserit,  opportune 
référendum  videtur.  Ante  hos  circiter  1 6  annos,  quadraginta  numéro 
Normanni  in  habitu  peregrino  ab  Jerosolimis  revertentcs,  Salemum 
applicuerunt,  viri  equidem  et  statura  proceri  et  specie  pulchri,  et 
armorum  experientia  summi.  Q,uam  a  Saracenis  obsessam  repe» 
ricntes,  accensis  nutu  Dei  animis,  a  Guaimaro  majore,  qui  tune 
Salerni  principabatur  equis  armisque  expostulatls,  tnopinate  super 
illos  irruunt,  et  pluribus  eorum  peremptis,  ccteris  que  fugatis,  mira» 
bilem  victoriam  Deo  pnestante  adepti  sunt.  Attolu  ntur  ab  omnibua 
in  triumphum,  donis  a  principe  amplissimis  honorantur,  ut  que 
secum  manere  debeant  multis  precibus  invitantur.  Uli  vero  amore 
tantum  Dei  et  christianae  tîdei  hoc  se  fedsse  asseverantes,  et  dona 
rcwusant  et  ibi  mancrc  possc  se  denegant.  Princeps  itaque,  habite 
cum  suis  consilio,  simul  cum  eisdem  Normannis  legatot  suot  in  Nor- 
manniam  dirigit,  et  veluti  altcr  Narsis  poma  per  cos  cedrina,  amtg» 
dalas  quoquc,  et  deauratas  nuccs,  ac  pallia  imperialia,  nec  non  et 
equorum  instrumenta  auro  purissimu  insignita,  illuc  transmittens, 
ad  terram  talia  gignentem  ilIos  transire  non  tam  invitabat  qnam  et 
trahebat.  »  MG.  SS.,  VII,  G5i.  L*Anonymus  Casinbnsis  porte  éga- 
lement ad  an,  1000  ;  «  Quidam  Normanni  Hierosolymis  venientea, 
Salernum  a  Sarracenis  liberarunt.  •  Chronisti NapoUtani,  éd.  dbl  Rk, 
p.  462. 

Malgré  l'assertion  d*AiMé,  acceptée  par  Léo  de*  Marii  et  par 
TAnonymus  Casinensis,  il  n*est  pas  possible  de  placer  vert  Tan  mille 
ce  siège  de  Salerne  et  sa  délivrance  par  les  Normands  ;  la  véritable 
date  de  cet  événement  a  été  donnée  par  Lupus  lorsqu'il  écrit,  ad.  am, 
1016  :  «  Civitas  Salerni  obsessa  est  a  Sarracenis  per  mare  et  per 
terram  et  nihil  profecerunt.  »  Lupi,  Annales,  MG.  SS.,  V,  57.  Remar- 


21 

Cap.  20.  Et  en  cellui  temps  estoit  rumor  et  odie  entre 
.îj.  princes  de  Normendie,  c'est  Gisilberte  et  Guillerme. 
Et  Gisilberte^  loquel  estoit  clamé  Buatere,  prist  volenté 

quonsque  ce  siège  de  Salerne,  placé  par  Lupus  en  1016,  est  le  seul 
mentionné  par  les  annalistes  de  l'Italie  du  Sud  pour  les  dernières 
années  du  x*  et  les  premières  années  du  xie  siècle  ;  Lupus  et  Aimé 
parlent  donc  du  même  fait,  mais  comme  Lupus  est  ordinairement 
précis  au  point  de  vue  de  la  chronologie  et  qu*Aimé,  au  contraire, 
procède  souvent  par  chiffres  ronds,  assez  fantaisistes,  en  bonne  cri- 
tique c'est  l'indication  de  Lupus  qui  doit  l'emporter.  Du  reste,  d'après 
le  récit  d'Aimé,  les  exploits  des  Normands  au  siège  de  Salerne  ont 
été  le  prélude  de  la  première  émigration  des  Normands  en  Italie  et 
de  la  campagne  que  firent  les  premiers  émigrés  avec  Mélès  contre 
les  Grecs;  or,  nous  verrons  que  cette  campagne  débuta  en  10 17. 

Avant  d'adopter  le  sentiment  d'Aimé  et  dans  la  première  rédaction 
de  la  Chronicon  Casinense,  Léo  db'  Marsi  avait  ainsi  rapporté  la 
première  apparition  des  Normands  en  Italie  :  «  Melus  interea  Capuœ 
cum  principe  morabatur.  His  primum  diebus  venerunt  Capuam  Nor- 
manni  aliquot,  quadraginta  fere  numéro  ;  qui  domini  sui  comitis 
Normannise  iram  fugientes,  tam  ipsi  quam  plures  eorum  socii  qua- 
qua  vorsum  dispersi,  sicubi  reperirent  qui  eos  ad  se  reciperet, 
requirebant  ;  vin  equidem  et  statura  procera  et  habitu  pulchri  et 
armis  experientissimi  quorum  prœcipui  erant  vocabulo  Gislebertus 
Botericus,  Rodulfus  Todinensis,  Gosmanus,  Rufinns  atque  Stigan- 
dus.  Hoc  cognito  Melus  mox  illos  accersit,  eorum  que,  etc..  »  Léo 
de'  Marsi,  Chron,  Casin,,  II,  Sy,  MG.  SS.,  VII,  65 1.  Léo  plaçait  donc 
immédiatement  avant  Texpédition  de  Mélès  contre  les  Grecs,  en  1017, 
la  première  apparition  des  Normands  en  Italie,  c'est-à-dire  vers  10 16 
(Voyez  les  préliminaires  de  l'édition  de  Leo  de'  Marsi  par  Wattbn- 
BACH,  MG.  SS.,  VII,  p.  555  sqq.). 

Quant  à  I'Anonymus  Casinensis,  les  archives  du  Mont-Cassin 
avaient,  avant  la  Révolution  française,  trois  manuscrits  de  cette 
chronique,  rangés  sous  les  numéros  47,  199  et  85 1.  Le  premier  allait 
de  l'an  1000  à  11 5a,  le  second  de  l'an  1000  à  1195,  le  troisième  de 
iiaS  à  iai2.  Le  manuscrit  199  a  depuis  disparu  et  il  ne  reste  au 
Mont-Cassin  que  les  manuscrits  47  et  85 1  ;  mais  le  manuscrit  47 
est  évidemment  le  plus- ancien  puisqu'il  ne  va  que  jusqu'en  11 5a, 
tandis  que  le  second  allait  jusqu'en  11 95,  et  que  le  troisième  ne 


h't   tr,lii  ISSU  l'in.  L-fi  r:cî.t  "r.ir:  ôrct  il  fa  mort.  Ei 

ne."*  ri  iicti  11  isrrt.  Ec  ?.:c«r:    :    cccs  de  la  terre 
ri"  =':cl:  :rî  fi  li  n-icr  6;  iïs::iî.  se  "^rwhj  de  ocdre 


• 


-î=»  .\.-=e  tz  zjk^s  A  it^.r  j£  rf:t>-^iT  iî  *-ec  o* 

5Ji  Téi2'=^  X-jêœ  i  MCii  !^  rrî=L-sr  CiSs  îi«  irtitiiîre  de 
l'î-  :.•:•:  p:~  li  rmiir;  irçartr;:c  ie»  N:c=ii^js  en  lulie,  nuis 
Lr>-. »  «:  li=id=T*.i    i:5  n-ts  zrz(^-itzz  :;j.z  i2zz  es:  U  Téntable 

Mï::i:tr-i:::,  q-illî  is:  Il  ïïliur  'n-scrclq,»  is  es  réôi  ^u  siège  die 
Siltrtit  rirpmi  par  .Mt.c  Z  Tz=Sir=:A  jenaizâsent  des  esagén- 
ii'ir.s  :ar,  ccrr.=:£=.:  ic=:£ttrs  qu£  q.irir:e  pcl^rins  aomuuids  aîeot 
-.lir.ru  une  arrzt^  J£  Sîrriiczs  :  Us  cri:  iû  u:ir  cazunes  auziUaxres 
::*  G-.:i:rr.ir  et  ies  54l£r=^M.ns,  c.=:  le  rdie  est  passé  sous  silence. 
Gts  rcscTi-cs  faites,  il  fi-t  r£»::-ia!tre  qu'Aimé  1  été  sor  ce  point 
!  t^h-F  i'ur.e  ira»ii'^c»n  =.rTr.ani*,  car  Okaeuc  Vital,  qui  TÎTnit  en 
Nrmand.'e  a-j  m?  sitxle.  2  auss;  riconic  cette  déUrrance  deSeleme 
avi:  l'al-e  des  Norn::-nis  r=Ter.ar.l  iu  S.  Scpulcre,  cf.  O.  Vitaus, 
Ilût,  ecclesiastic,  1.  III,  t.  II,  p.  33  de  leditioo  Le  Prévost.  Difie- 
rentts  sur  des  dcuils  secondaires,  les  ceux  nirrations  sont  identiques 
^jir  le  fond.  Seulement  O.  Vital  se  tn.*mpe  en  plaçant  le  siige  de 
.S^ilcrneaprjs  une  première  émigrati'^n  en  Italie  du  normand  OsnxKid 
Drcnçot.  Comme,  d'après  lui,  Osmond  Drengot  serait  allé  en  Italie 
lorvjuc  Robcrt-le-Diablv  était  duc  de  Normandie,  c'est-à-dire  après 
i'i2»i,  date  uj  l'avcnement  de  ce  prince,  il  s'ensuivrait  que  la  déli- 
vrinc^  ri:  ^alcrne  par  l-s  Norm^nii  aurait  eu  lieu,  au  plus  tôt,  en 
l'/S^tf  ce  qui  est  inadmissible. 

(i;  Il  faut  Kicîiard  et  non  pas  Robert  ;  Richard,  duc  de  Normandie, 
.1  rtgné  >ic  rjijû  à  1028  et  a  ^u  pour  successeur  Robert,  dit  Robert* 
1c  Diable. 


23 

cellui  qui  avoit  fait  celle  homicide;  quar  se  ceste  offense 
non  fusse  punie,  parroit  que  licence  fust  de  toutes  pars  de 
occirre  li  viceconte.  Et  Gisilberte  avoit  .iiij.  frères,  c^est 
Raynolfe,  Aseligime,  Osmude  et  Lofulde.  Et  avieingne 
quecestui  n^avoient colpe  delà  mort  de  Guillerme  toutes 
foiz  foyrent  avec  lo  frère  et  vindrent  auvec  lo  message 
del  prince  de  Salerne.  Et  vindrent  armés  non  corne  ane- 
mis,  mes  come  angele,  dont  par  toute  Ytalie  furent 
receuz  (i).  Les  coses  neccessaire  de  mengier  et  de  boire 

(i)  Lbo  de*  Marsi,  II,  37,  reproduit  ce  passage.  O.  Vital  con- 
firme, en  les  répétant,  quelques-unes  des  données  d'Aiité;  il  écrit 
—  Histor,  ecclesiast.f  1.  III,  t.  II,  p.  53  —  :  «  His  diebus, 
Osmundus  cognomento  Drengotus  Willermum  Repostellum,  qui 
sese  de  stupro  filiae  ejus,  in  audientia  opùmatum  Normannis 
arroganter  jactaverat,  inter  manus  Rotberti  ducis,  in  sylva  ubi  vena- 
batur,  occidit,  pro  que  reatu  a  facie  ejus  prius  in  Britanniam,  deinde 
in  Angliam,  postremo  Beneventum  cum  fîliis  et  nepotibus  aufugit. 
Hic  primus  Normannorum  sedem  in  Apulia  sibi  delegit  et  a  principe 
Beneventanorum  oppidum  ad  manendum  sibi,  suisque  hœredibus 
accepit.  »  Pour  O.  Vital  comme  pour  Aimé,  le  meurtre  de  G.  Répos- 
telle  aurait  donc  été  la  cause  d*une  première  émigration  des  Nor- 
mands en  Italie,  seulement  Aimé  aurait  fait  tuer  Répostelle  par 
Gilbert  Buatère,  tandis  que  O.  Vital  désigne  comme  meurtrier 
Osmond,  qu'Aimé  énumère  comme  frère  de  ce  même  Gilbert 
Buatère.  Dans  les  autres  parties  de  leur  récita  les  deux  chroniqueurs 
ne  sont  guère  d*accord,  mais  il  faut  avouer  que  celui  d*0.  Vital 
fourmille  d'erreurs. 

Guillaume  de  Jumièges  écrit  :  «  Temporibus....,  Roberti  Norman- 
norum ducis,  Osmundus  Drengotus  audax  miles  Apuliam  adiit  cum 
quibusdam  aliis  Normannis.  Nam  Willelmum  cognomento  Repos- 
tellum militcm  darissimum  in  venatione,  in  prssentia  Roberti  ducis 
occiderat^  metuensque  animositatem  ducis  et  insignis  equitis  nobi- 
lium  parentum  iras,  in  Apuliam  secessit  et  propter  magnam  probi- 
tatem  ejus  a  Beneventanis  honorifice  detentus  est.  »  Hist.  Norman. , 
VII,  3o.  —  Cest,  on  le  voit,  un  témoignage  analogue  à  celui 
d'O.  Vital. 

Enfin,  d'après  Adémar  de  Chabanais,  -—  Historiœ,  1.  III,  55,  —  et 


24 

furent  données  de  li  signor  et  bone  gent  de  Ytalie,  et  pas- 
sèrent la  cité  Rome  et  vindrent  a  Capue  et  troverent  que 
que  un  de  Pu i lie,  qui  se  clamoit  Melo,  estoit  là  chacié,  et 
estoit  chaciépource  qu'il  avoitesté  rebelle  contre  lo  empe- 
reror  de  Costentinople  ( i ). 

d*après  Raoul  Glabbr  —  Historiammy  L.  III,  i.  —  c'est  un  seigneur 
Normand  du  nom  de  Raoul  qui,  ayant  des  discussions  avec  Richard, 
duc  de  Normandie,  passe  en  Italie  avec  les  siens,  vient  à  Rome  où 
le  pape  Benoît  VII  rengage  à  faire  la  guerre  aux  Grecs  de  la  PouiUe. 
Ce  Raoul  est  évidemment  le  Rajmolfe  du  traducteur  d'Aimé,  Léo  de* 
Marsi  écrit  Rodulfus. 

Remarquons  enfin  que  le  Gislebertus  Botericus  de  la  première 
rédaction  de  Léo  de*  Marsi  correspond  au  GisUbene  Buatère  d'Aimé. 

Il  est  donc  aisé  de  conclure  que,  malgré  quelques  erreurs  de 
détail,  ce  chap.  ao^  d*Aimé  repose  sur  une  base  historique  incontes- 
table. 

(i)  Dans  la  première  rédaaion  de  sa  chronique,  Léo  de'  Marsi  place 
aussi  à  Capoue  la  rencontre  des  émigrés  Normands  et  de  Melo  ou 
Mélès,  c'était  donc  là  la  tradition  du  Mont-Cassin  ;  Guillaume  de 
Fouille  dit  également  qu'elle  eut  lieu  en  Campanie  ;  mais,  d*aprèt  ce 
dernier  auteur,  Mélè^  environ  un  an  auparavant,  s*était  abouché 
déjà  une  première  fois,  au  sanctuaire  de  S.  Michel  au  mont  Gargano 
avec  les  Normands  et  leur  avait  proposé  de  s'unir  avec  les  Lombards 
contre  les  Grecs.  Voici  les  vers  du  poète  I,  1 1-47  : 

«  Horum  (Normannorum)  nonnuUi  GarganI  culmina  montis 

Conscendere,  tibi,  Michael  archangele,  voti 

Débita  solventcs.  Ibi  quendam  conspicientes 

More  virum  Graeco  vestitum,  nomine  Melum, 

ExuHs  ignotam  vestem  capitique  ligato 

Insolitos  mitnc  mirantur  adcssc  rotatus. 

Hune  diim  conspiciunt,  quis  et  unde  sit  ipsc,  requirunt. 

Se  Langobardum  natu  civemquc  fuisse 

Ingenuum  Bari,  patriis  respondit  at  esse 

Fini  bus  ex  terre  m  Graeca  fcritatc  caoctum. 

Exilio  cujus  dum  Galli  compaterentur, 

Quam  facilem  rcditum,  si  vos  velletis,  habercm. 

Nos  aliquot  vestra  de  gente  juvantibus,  inquit. 


dire  que  par  hardiesce  de  chevalerie  estoit  sa  terre  assallie, 
manda  contre  li  Normant  li  plus  fort  home  qu'il  put 
trover.  Et  puiz  la  venue  de  ces  autres  ordenant  la  seconde 
bataille.  Mes  li  Grex  perdirent  et  li  Normant  estoient 
touzjors  ferme.  Et  de  ce  ot  grant  dolor  Pempeor  (i).  Et 
manda  grant  multitude  de  gent,  et  ordena  la  tierce  de 
bataille,  et  la  quarte,  et  quinte,  et  tout  veincirent  li  Nor- 


d'ftccord  en  cela  avec  Aimé,  dit  qu'elle  se  .  termina  à  Tavantage  de 
Mélès  et  des  Normands  :  «  Tribus  itaque  vicibus  cum  Grecis,  primo 
apud  Arenolam,  secundo  apud  Civitatem,  tertio  apud  Vaccariciam 
campestri  certomine  dimicans  (Melus),  tribus  eos  vicibus  superavit  ; 
multos  que  ex  his  interficiens,  et  usque  ad  Tranum  eos  contringens, 
omnes  ex  hac  parte  quas  invaserant  Apulis  civitates  et  oppida 
rcccpît.  n  Chron.  Casin.,  Il,  Sy,  MG.  SS.,  VU,  653.  On  voit 
que  dans  ce  passage,  Léo  de*  Marsi  ne  s'inspire  en  aucune  façon 
d'Aimé.  Lupus  parle  aussi  de  Turnicius  et  de  Pacianus  et  ne  dit  pas 
quelle  fut  l'issue  de  la  première  bataille;  il  écrit  ad  an,  1017  :  «  In 
hoc  anno  descendit  Turnichi  catepani  mense  Mali.  Et  fecit  pralium 
cum  Mêle  et  Normannis  Léo  Patiano  exubitus.  MG.  SS.,  V,  by. 

(1)  D'après  Léo  de'  Marsi,  cette  seconde  bataille  eut  lieu  près  de 
Gvitate.  Cf.  la  note  précédente  ;  Guillaume  de  Fouille  constate  que 
les  Normands  y  furent  vainqueurs  : 

«  Auctis  militibus  comités  fuit  inde  secutus 
Turnicius,  sed  terga  dédit  virtusque  recessit. 
Conflictu  belli  Pacianus  corruit  hujus. 
Normannis  auget  validas  Victoria  vires, 
Expertis  Graecos  nullius  roboris  esse, 
Q,uos  non  audaces,  sed  cognovere  fugaces.  » 

G.  R.  Wiscardi,  1.  I,  v.  74  sqq.,  MG.  SS.,  IX,  243. —  Lupus,  en 
désaccord  avec  Aimé,  Léo  de'  Marsi  et  Guillaume  de  Pouille,  prétend 
que  Mélès  et  les  Normands  furent  vaincus  dans  la  seconde  bataille  : 
«  Iterum  m  mense  Junii  22  die  prœlium  fecit  prsfatus  Turnichi 
catepani  ;  et  vicit  Melem  et  Normannos  et  mortuus  est  Patiano  ibi 
et  Condoleo  descendit  in  ipso  anno.  Lupus,  ad  an.  10 17.  MG.  SS., 
V,  p.  57. 


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Gtcc^,  U  biuLV.t  j'Ar^cuU  scri::  docj  restée  iaiédse;  Léo  de* 


2/ 


dire  que  par  hardiesce  de  chevalerie  estoit  sa  terre  assaille, 
manda  contre  H  Normant  li  plus  fort  home  qu'il  put 
trover.  Et  puiz  la  venue  de  ces  autres  ordenant  la  seconde 
bataille.  Mes  li  Grex  perdirent  et  li  Normant  estoient 
touzjors  ferme.  Et  de  ce  ot  grant  dolor  Tempeor  (i).  Et 
manda  grant  multitude  de  gent,  et  ordena  la  tierce  de 
bataille,  et  la  quarte,  et  quinte,  et  tout  veincirent  li  Nor- 


d'accord  en  cela  avec  Aimé,  dit  qu'elle  se .  termina  à  l'avantage  de 
Mélès  et  des  Normands  :  «  Tribus  itaque  vicibus  cum  Grecis,  primo 
apud  Arenolam,  secundo  apud  Civitatem,  tertio  apud  Vaccariciam 
campestri  certomine  dimicans  (Melus),  tribus  eos  vicibus  superavit; 
multos  que  ex  his  interficiens,  et  usque  ad  Tranum  eos  contringens, 
omnes  ex  hac  parte  quas  invaserant  Apulis  civitates  et  oppida 
receph.  »  Chron.  Casin,,  II,  37,  MG.  SS.,  VII,  653.  On  voit 
que  dans  ce  passage,  Léo  de'  Marsi  ne  s'inspire  en  aucune  façon 
d'Aimé.  Lupus  parle  aussi  de  Turnicius  et  de  Pacianus  et  ne  dit  pas 
quelle  fut  l'issue  de  la  première  bataille;  il  écrit  ad  an,  1017  :  «  In 
hoc  anno  descendit  Turnichi  catepani  mense  Maii.  Et  fecit  pralium 
cum  Mêle  et  Normannis  Léo  Patiano  exubitus.  MG.  SS.,  V,  bj. 

(i)  D'après  Léo  de'  Marsi,  cette  seconde  bataille  eut  lieu  près  de 
CivUate.  Cf.  la  note  précédente  ;  Guillaume  de  Pouillc  constate  que 
les  Normands  y  furent  vainqueurs  : 

«  Auctis  militibus  comités  fuit  inde  secutus 
Turnicius,  sed  terga  dédit  virtusque  recessit. 
Conflictu  belli  Pacianus  corruit  hujus. 
Normannis  auget  validas  Victoria  vires, 
Expertis  Graecos  nullius  roboris  esse, 
Quos  non  audaces,  sed  cognovere  fugaces,  i* 

G.  R.  Wiscardi,  1.  I,  v.  74  sqq.,  MG.  SS.,  IX,  243. —  Lupus,  en 
désaccord  avec  Aimé,  Léo  de'  Marsi  et  Guillaume  de  Pouille,  prétend 
que  Mélès  et  les  Normands  furent  vaincus  dans  la  seconde  bataille  : 
«  Iterum  m  mense  Junii  22  die  prœlium  fecit  prsfatus  Turnichi 
catepani  ;  et  vicit  Melem  et  Normannos  et  mortuus  est  Patiano  ibi 
etCondoleo  descendit  in  ipso  anno.  Lupus,  ad  an.  10 17.  MG.  SS., 
V,  p.  57. 


-rj— .     .«.  .r*î    irtr  TXT  -*  J3T=i  ic  li  Nornant  fu  en  lo 


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^.       .  r—  -.-.~r — 5  .  ^TBL  -.=srr  1  aserr  ie  Sût  lien  qaant 

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: -t  .-.  ..r^tt^--.  r;.  Tir*  as  çmz -pcnl  de  mon, 

,^^  V..  i      **v-mir.  -iirsr:  ncr^  acît  de  anemis, 

.  .    ^..  -r  :  ^^  -.ic-rt  iK  .:.  ^  I.  Nonnant  non 

x>^  V  -.-  -^  *,-.  .«   ^  c^  «  5CC  j;  Oi^ibre  qoant 

.  .    .      -^^   .      -  T  -^'T   •.r^sr:  œt:  ^«  nombre  non 

.  ,^  >^-     -T.r^  «^^^x^œCl^.  cea  escriptor 

^      ..^,  ^.  -.-t.   .«   ^.-oaàjae  JwnBÎTtft  r'jnt  dû  être 

•■-^    r>c^  c^ïT^  jce  ^uiLs  îcaopBtret  t^ 
^      -  ^^        ,-i^  Vi— ruTii    &»  :«bBcs  i*Aftiiultlt 

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^.^,  .         ,"^-x^  siï"  fc  Tr«s  iwK  de IXMuiir 
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^^.\s    «fci-i    »•»•&  *t:  k 


4 


29 

de  Tystoire,  non  met  se  ceste  multitude  de  li  Normant 
vindrent  novellement  de  Normendie,  ou  se  a  Capue  se 
partirent  li  Normant.  Et  aucun  vindrent  en  l^aide  de 
Melo,  et  li  autre  alerent  avec  li  me'ssagier  de  lo  prince  de 
Salerne. 

Mes  quant  fu  seu  a  Salerne  que  ensi  avoient  combatu 
li  Normant  por  aidier  a  Melo  et  estoient  mort,  vindrent 
cil  Normant  de  Salerne;  de  li  Normant  vint  grant  exercit, 
et  emplirent  la  contrée  de  fortissimes  chevaliers.  Et  Melo 
prist  une  autre  bataille  contre  li  Grex^  et  s'encontrerent 
li  Normant  contre  li  Grcx  en  un  lieu  qui  se  clamoit  Vac- 
carice^  c'est  en  PuiUe  a  Melfe,  ou. maintenant  sont  gentil 

Si  capitur,  capitis  fieri  cœsura  jubetur. 
.  Multa  Grœcorum  cum  gente  Basilius  ire 
Jussus,  in  hune  audax  anno  movet  arma  sequenti  : 
Cui  catapan  facto  cognomen  erat  Bagianus. 
Qjaod  catapan  Graeci,  nos  juxta  dicimus  omne. 
Quisquis  apud  Danaos  vice  fungitur  hujus  honoris 
Dispositor  populi  parat  omne  quod  expedit  illi 
Et  juxta  quod  cuique  dari  decet,  omne  ministrat. 
Vicinus  Cannis  qua  defluit  Aufidus  amnis 
Circiter  octobris  pugnatur  utrinque  Kalendas. 
Cum  modica  non  gente  valens  obsistere  Melus 
Terga  dédit,  magna  spoliatus  parte  suorum.  » 

Gesta  R,  Wiscardi,  1.  I,  v.  80  sqq.,  MO.  SS.,  IX,  243.  «  Quana 
demum  pugna  apud  Cannas,  Romanorum  olim  clade  famosas, 
Boiano  catapani  insidiis  atque  ingeniis  superatus,  universa  quœ 
facile  receperat  facilius  perdidit.  Feruntur  in  ea  pugna  Normannorum 
ex  ducentis  quinquaginta  numéro,  decem  tantummodo  remansisse, 
de  Grscia  autem  innumerabilem  turbam  occubuisse.  »  Chroniam 
Casin.,  H,  37,  auctore  Leone;  MG.  SS.,  VII,  653.  L'identité 
du  chiffre  des  pertes  des  Normands,  donné  par  Aimé  et  Léo  de* 
Marsi,  prouve  bien  qu'ils  parlent  de  la  même  journée.  La  bataille 
eut  lieu  en  octobre  1019  ;  VAnonymus  Barensis  écrit,  ad  an,  1019, 
indict.  lia  :  «  Fecit  prœlium  Bugiano  catp.  cum  Franci  in  Canni  et 


home  qui  se  darren:  Vaccaîre.  Et  li  Gm  tant  cornent  il 
en  estoi:  reziez  ie  rautre  bataille  furent  mort.  Et  de  li 
Nonnan:«  liqueî  avoxent  esté  troiz  mille,  non  remainstrent 
se  non  cinc  cent  ':   :  et  .tj.  grant  home  de  li  Normant 

TÎzit  ;  Mi-YATou.  R.  I.  SS.,  t.  V.  p.  149;  —  de  mêmeLurct  ad  an. 
loio  :  «  Fect  prxlium  supniictus  Bugiuio  in  mense Oaobrâ cum 
Frsii^as  et  vLrl: .  •  MO.  SS..  V.  p.  57.  Les  Ammaies  Baremses  placent 
p\T  erreur  la  bataille  Je  Can.-es  en  1021  :  •  Hic  fedt  prœlium  Basi* 
II'js  Vulcar.o  cum  Fr:Lncis;  et  vîcît  illos  in  cîriute  Canni  ;  »  MG.  SS.» 
i.  V,  p.  54. 

(i  II  y  a  bien  eu  une  bataille  entre  Mélès  et  les  Grecs  i  Vaccaricîa 
'maintenant  Bicoui,  au  norJ-ouest  de  Troja).  Léo  de*  Marai  la  men- 
tionne également  fcf.  supra,  p.  26,  note  i);  nuûs,  au  lieu  de  la 
placer,  comme  le  fait  Aimé,  après  la  bataille  de  Cannes,  il  la  place 
avant  et  avec  raison,  ainsi  que  le  prouve  le  document  suivant  :  Au 
mois  de  juin  10 19,  c'est-à-dire  avant  la  bataille  de  Cannes,  puisque 
cette  bataille  est  du  mois  d'octobre  1019  (voyez  la  note  précédente), 
le  catapan  Basile  Bojoannès  définit  par  une  charte  que  nous  avons 
encore  les  limites  du  territoire  de  la  ville  de  Troja  qull  venait  de 
faire  restaurer  et  fortifier.  —  Tri.hchera,  Syllabus  Grœcarum^  etc.,. 
Napoli,  in-4«,  i863,  p.  18  sqq.  —  Or,  dans  cette  charte  se  trouve  la 
phrase  suivante  :  «  xzl  irooiôs:  cl;  vt.v  iax^kr^viav  Tf,v  s-]^:av  i'j^ûorxv 
£v  u  iv-vETO  ô  r^Atjio;  in  tosv^xîo'j  rswTOTCxOspiou  «si  aartcivov 
vjvovÔTo;  IrsAÎa;  ro*^  xovtoXéovto;.  »  11  s*agit  bien  de  la  bataille  de 
Vaccaricia  car  les  territoires  de  Troja  et  de  Vaccaricia  sont  contî- 
gus;  nous  voyons  mcme,  d'après  cette  charte,  que  certains  pâturages 
étaient  communs  aux  deux  villes.  Léo  de'  Marsi  est  donc  dans  le 
vrai  en  plaçant  la  bataille  de  Vaccaricia  avant  celle  de  Cannes,  On 
ne  saurait  supposer  qu'il  y  ait  eu,  après  la  bataille  de  Cannes,  une 
seconde  bataille  de  Vaccaricia,  car  nous  savons  par  Guillaume  de 
Fouille,  par  Léo  de'  Marsi,  par  VAnnoymus  Barensis,  par  Lupus, 
qu'après  sa  défaite  à  Cannes,  Mélès  alla  en  Germanie  implorer  le 
secours  de  l'empereur  et  qu'il  mourut  à  Bamberg.  Maintenant,  que 
faut-il  penser  de  cette  donnée  d'Aimé,  affirmant  que  3,ooo  Normands 
sont  venus  de  Salcrne  au  secours  de  Mélès,  avant  la  dernière  bataille 
décisive  ?  Évidemment  il  y  a  dans  ce  chiffre  beaucoup  d'exagération, 
mais  le  chroniqueur  fait  sans  doute  allusion  à  cette  nouvelle  émigre* 
tion  des  Normands  en  Italie  dont  parle  Raoul  Glaber  et  qui  partit  de 


31 

remeinstrent,  de  liquel  .ij.  remaînrent  avec  Athenulfe 
abbé  de  mont  de  Cassin,  et  li  autre  avec  li  sien  chevalier 
a  faire  chevalerie  avec  lo  prince  de  Salerne  (i).  Et  secont 
ceste  ultime  parole,  pert  que  cestui  troiz  mille  Normant 
venissent  novelement  de  Normendie. 

Cap.  23.  Et  quant  Melo  se  senti  abandoné  de  Taide  de 
li  chevalier,  il  s'en  ala  cori  de  lo  empeor  et  requist  misé- 
ricorde. Et  la  bénignité  de  lo  impereor  H  promist  de  faire 
ce  que  Melo  requeroit.  Et  lo  impereor  fu  guarde  de  li 
prince  de  li  Thodés,  coment  de  certe  chevalier  se  appa- 

Normandie  lorsque  Tod  connut  les  premiers  succès  de  Mélès  et  des 
Normands  contre  les  Grecs  ;  R.  Glaber  écrit  :  «  Interea  cum  auditum 
esset  ubique  quoniam  paucis  Normannorum  concessa  fuisset  des 
superbientibus  Grecis  Victoria,  innumerabilis  multitudo  etiam  cum 
uxoribus  et  liberis  prosecuta  est  a  patria  de  qua  egressus  fuerat,  Ro- 
dulfiim,  non  solum  permittente  sed  etiam  compellente  ut  îrent 
Richardo,  illorum  comité.  »  Après  avoir  traversé  le  Mont-Joux,  ces 
émigrants  viennent  trouver  Raoul  qui  combat  contre  les  Grecs 
(Raoul  Glaber  ne  dit  rien  de  Mélès),  assistent  à  plusieurs  batailles, 
et  comme  Raoul  ne  peut  l'emporter  définitivement  sur  les  Grecs,  il 
se  décide  à  aller  en  Germanie,  implorer  le  secours  de  l'empereur  ; 
R.  Glabri,  Historiarunif  1.  III,  c.  I.  Aimé  est  donc  en  résumé  un 
guide  peu  sûr  sur  ces  événements  et  en  général  sur  la  seconde  guerre 
de  Mélès  avec  les  Grecs,  il  n*a  reproduit  que  des  données  ou  exagé- 
rées ou  trop  vagues. 

(t)  Lbo  de*  Marsi  —  Chronicon  Cos.,  1.  II,  3j  et  38  —  donne  plus 
de  détails  qu'Aimé  :  «  Melus  vero  cernens  se  militum  auxiliis  desti- 
tutum,  Normannos  superstites  partim  apud  Guaimarium,  partim 
apud  Pandulfîim  constituens,  ipse  ultra  montes  ad  imperatorem  pro- 

fectus  est Abbas  (Atenulfus)  necessitate  coactus  (pour  défendre 

les  biens  du  Mont-Cassin  contre  les  comtes  d*Aquino)  fortissimos 
aliquot  sibi  ex  prasdictis  Normannis  ascivit,  eosque  in  oppido  quod 
Piniatarium  nuncupatur  (Pignataro,  sur  les  bords  du  Garigliano),  ad 
monasterii  bona  tutanda  constituit  ;  quod  quîdem  illi,  quandiu  abbas 
ipse  superfuit,  strenue  satis  et  fidcliter  executi  sunt.  »  MG.  SS.,  VII, 
p.  653. 


32 

reilla  d'aler  a  restituer  Melo  en  sa  propre  honor.  Et  la 
cnidele  s'en  rit  de  ceste  covenance,  quar  Melo  fii  mort,  et 
fu  sousterré  en  Teglise  de  Babipga,  laqjuelle  avoit  faite 
cestui  impeor,  et  en  lo  sépulcre  de  li  noble  fu  mis  ;  et 
en  et  tristece  remperor  et  tout  son  excercit  (i). 

Cap.  24.  La  vertu  impérial  non  voloit  muer  la  dispo- 
sition de  veniren  Ytalie  (2).  Etpuiz  ala  citédeTroie  (3), 

(0       «  Et  puduit  (Melum)  victum  patria  tellure  morari  ; 
Samnites  adiit  superatus,  ibique  moratur 
Post  Alemannorum  pctiit  suffragia  régis 
Henrici,  solito  placidus  qui  more  precantem 
Suscipity  auxilii  promittens  dona  propinqui. 
At  Melus  regrcdi  prsvcntus  morte  nequivit. 
Henricus  sepelit  rex  hune,  ut  regius  est  mos. 
Funeris  exequias  comitatus  adusque  sepulcrum 
Carminé  regali  tumulum  decoravit  humad.  » 

Gesta  R.  Wiscardi^  1.  1,  v.  95-104.  Voyez  dans  la  note  précé- 
dente le  texte  de  Léo  de*  Marsi  ;  ce  chroniqueur  dit  plut  loin,  n*  39, 
que  Mélès  mourut  pendant  son  ambassade  :  «  Cum  jam  bit  ad  eum 
(imperatorem)  Melus  hac  de  causa  profectut  ultra  montes  deiunaus 
fuissct,  etc.  »  —  «  Mel  fugit  et  ibit  ad  Enrico  imp.  »  Anxmymus  Barem» 
sis,  ad  an.  1019,  dans  Muratori,  R.  I.  SS.,  t.  V,  p.  149.  «  Et  Mel 
fugit  cum  aliquamis  Francis  ad  Enerichum  imperatorem.  »  Luruf* 
ad  an,  10 19,  MG.  SS.,  V,  67.  Voyez  dans  les  Afofii/meii/tf  Bomber' 
gcnsia  de  Jaffe,  p.  ^7*  la  curieuse  lettre  par  laquelle,  en  1054, 
Tcmpcreur  Henri  III  prescrit  que  Ton  respecte  à  tout  jamais  la  tombe 
de  Mélès  dans  h  cathédrale  de  Bambcrg;  le  Nécrologe  de  Bamberg, 
ibid,,  p.  558,  place  au  23  avril  1020  la  mort  de  Mélès.  11  résulte- 
rait du  passage  de  R.  Glaber  déjà  cité  (cf.  supra,  p.  19,  note  1),  que 
Raoul  serait  probablement  allé  avec  Mélès  trouver  rempereur  i 
Bamberg. 

(2)  Henri  II,  saint  Plenri,  duc  de  Bavière  de  995  à  1004,  roi  de 
Germanie  en  1002,  empereur  en  10 14;  il  mourut  le  i3  juillet  1014. 
C*était  le  troisième  voyage  d*Henri  11  en  Italie. 

(S)  Troja  compte  actuellement  plus  de  6,000  habitants  et  est  située 
entre  Foggia  et  Bénévent  ;  sur  sa  fondation  ou  plutôt  sa  restauration 


3.3 

pource  que  li  Grez  Tavoient  mise  en  lo  tenement  de  Boni- 
vem>  et  la  prist.  Et  en  celui  temps,  manda  lo  combatant 
arcbevesque  de  Coloingne,  a  prendre  li  prince  de  Capue, 
et  puiz  devoit  aler  a  prendre  Salerne.  Et  fu  pris  lo  prince 
de  Capue  ;  et  .xl.  jors  fu  assegié  Salerne.  Mes  por  ce  que 
la  cité  estoit  forte  a  prendre,  prist  ostage  del  filz  de  lo 
prince  de  Salerne.  Et  o  gloire  de  triumphe  retorna  a  la 
cort  de  lo  impeor.  Et  puiz»  par  examination  de  juste 
jugement,  Pandulfe,  prince  de  Capue^  fu  jugié  a  mort. 
Mes,  par  prière  de  Tarchevesche  de  Coloingne,  fu  délivré 
de  celle  sentence  ;  toutes  foiz  fu-il  porté  delà  de  li  Alpe 
liez  de  une  catene  en  lo  col.  Et  lo  fil  de  lo  prince  de  Sa- 
lerne, loquel  prince  se  clamoit  Guaymarie,  fu  recom- 
mandé a  lo  pape  Benedit  (i  ). 

Cap.  25.  Cestui  moine storiographe  rent  la  rayson  pour 
quoi  li  empeor  fu  irés  contre  li  prince  de  Capue,  Pan- 

en  10 19,  par  le  catapan  Basile  Bojoannès,  voyez  la  charte  déjà  citée 
(p.  19,  note  i)  et  imprimée  dans  Trinchera,  Syllabus  Grœcarum 
membranarum,  p.  18  sqq. 

(t)  Sans  s'inspirer  d'Aimé,  Léo  de'  Marsi  confirme  plusieurs  des 
assertions  de  ce  chapitre  ;  il  écrit  que  Piligrim  (archevêque  de  Cologne 
de  to2i  à  io36)  «  Capuam  festinan^er  adiit,  eam  que  mox  undique 
armato  milite  cinxit.  »  Le  prince  de  Capoue,  Pandulfe,  se  voyant 
perdu,  car  l'archevêque  avait  une  armée  de  20,000  hommes,  se  livra 
spontanément,  et  Piligrim  le  conduisit  à  l'empereur  occupé  au  siège 
de  Troja.  Pandulfe  fut  jugé  et  condamné  à  mort  ;  il  obtint  à  grand 
peine  que  la  sentence  ne  fut  pas  exécutée  et  l'empereur  l'amena  en- 
chaîné en  Germanie.  Chron.  Casin,,  1.  II,  c.  40,  MG.  SS.,  VU, 
654.  Léo  de'  Marsi  ne  parle  ni  de  Salerne  ni  de  Guaimar,  les  Annales 
de  S.  Gall  disent  seulement  qu'Henri  II  fit  rentrer  Salerne  sous 
l'obéissance  :  «  Henricus...  Trojam,  Capuam,  Salernam,  Neapolim 
urbes  imperii  sui  ad  Grecos  déficientes  ad  deditionem  coegit.  » 
Annales  SangalUnses  majores  ad  an.  1022,  MG.  SS.,  I,  p.  82.  Cf. 
Casuum  S.  Galli  contin.y  U,  4,  MG.  SS.,  II,  p.  i55,  et  Herim.  Au- 
GiENsis  Chronicon,  ad  an,  1022^  MG.  SS.,  V,  p.  120. 

3 


furent  données  de  li  signor  et  bone  gent  de  Ytalie,  et  pas- 
sèrent la  cité  Rome  et  vindrent  a  Capue  et  troverent  que 
que  un  de  Puille,  qui  se  clamoit  Melo,  estoit  là  chacié,  et 
estoit  chacié  pource  qu^il  avoit  esté  rebelle  contre  lo  empe* 
reror  de  Costentinople  (  i  ) . 

d*après  Raoul  Glabbr  —  Historiamm,  L.  III,  i.  —  c'est  un  seigneur 
Normand  du  nom  de  Raoul  qui,  ayant  des  discussions  avec  Richard, 
duc  de  Normandie,  passe  en  Italie  avec  les  tiens,  vient  à  Rome  où 
le  pape  Benoît  VII  rengage  à  faire  la  guerre  aux  Grecs  de  la  Fouille. 
Ce  Raoul  est  évidemment  le  Raynolfc  du  traducteur  d*Aimé,  Léo  de* 
Marsi  écrit  Rodulfus. 

Remarquons  enfin  que  le  Gislebertus  Botericus  de  la  première 
rédaction  de  Léo  de*  Marsi  correspond  au  Gisilberte  Buatère  d*Aimé. 

Il  est  donc  aisé  de  conclure  que,  malgré  quelques  erreurs  de 
détail,  ce  chap.  20e  d*Aimé  repose  sur  une  base  historique  incontes- 
table. 

(i)  Dans  la  première  rédaction  de  sa  chronique,  Léo  de*  Marsi  place 
aussi  à  Capoue  la  rencontre  des  émigrés  Normands  et  de  Melo  ou 
Mélès,  c*était  donc  là  la  tradition  du  Mont-Cassin  ;  Guillaume  de 
Fouille  dit  également  qu'elle  eut  lieu  en  Campanie  ;  mais,  d'après  ce 
dernier  auteur,  Mélè^,  environ  un  an  auparavant,  s'était  abouché 
déjà  une  première  fois,  au  sanctuaire  de  S.  Michel  au  mont  Gargano 
avec  les  Normands  et  leur  avait  proposé  de  s'unir  avec  les  Lombards 
contre  les  Grecs.  Voici  les  vers  du  poète  I,  1 1  -47  : 

«  Horum  (Normannorum)  nonnulli  Gargani  culmina  montis 

G>nscendere,  tibi,  Michael  archangele,  voti 

Débita  solventes.  Ibi  quendam  conspicientes 

More  virum  Graeco  vestitum,  nomine  Melum, 

Exulis  ignotam  vcstem  capitique  ligato 

Insolitos  mitrs  mirantur  adcssc  rotatus. 

Hune  dîim  conspiciunt,  quis  et  unde  sit  ipsc,  requirunt. 

Se  Langobardum  natu  civemque  fuisse 

Ingenuum  Bari,  patriis  respondit  at  esse 

Finibus  cxtorrcm  Graeca  feritatc  caoctum. 

Exilio  cujus  dum  Galli  compaterentur, 

Quam  facilem  reditum,  si  vos  velletis,  habercm, 

Nos  aliquot  vestra  de  gente  juvantibus,  inquit. 


25 

f 

Cap.  21.  Cestui  furent  en  aide  de  Melo  et  entrèrent  en 
la  fin  de  Puille  auvec  lui.  Et  commencèrent  a  combatre 
contre  li  Grez,  et  virent  qu^il  estoient  comme  famés.  Et 

Testabatur  enim,  cito  Graecos  esse  fugandos 
Auxiliift  horum,  facili  comitante  labore. 
Illi  donandum  patriae  munimine  gentis 
Hune  céleri  spondent,  ubi  forte  redire  licebit. 
Ad  fines  igitur  postquam  rediere  paternos 
^  Cœperunt  animos  mox  sollicitare  suorum, 
Italiam  secum  peterent.  Narratur  et  Ulis 
Appula  fertilitas  ignavia  que  insita  genti. 
Sola  quibus  peragi  possit  via,  ferre  moventur  ; 
Tutor  ibi  prudens  promittitur  inveniendus. 
Quo  duce  de  Greecis  facilts  Victoria  fiât. 
Arrectis  igitur  multorum  mentibus  ire 
Pars  parât,  exigus  vel  opes  aderant  quia  nullae 
Pars  quia  de  magnis  majora  subire  vôlebant  : 
E^t  adquirendi  simul  omnibus  una  libido. 
Aggrediuntur  iter,  sumptis  qus  cuique  videtur 
Ferre  necesse  viam  pro  viribus  ad  peragendam. 
Postquam  gens  Romam  Normannica  transit  inermis, 
Fessa  labore  vis  Campanis  substitit  horis  : 
Fama  volât,  Latio  Normannos  applicuisse. 
Melus  ut  Italiam  Gallos  cognovit  adisse, 
Ocius  accessit,  dédit  arma  carentibus  armis 
Armatos  secum  comités  properare  coegit.  » 

Ce  récit  de  Guillaume  de  Pouille  ne  contredit  pas  celui  d*Aimé, 
car  il  se  peut  très  bien  qu'après  avoir  aidé  à  délivrer  Salerne,  les 
pèlerins  Normands,  revenant  de  Jérusalem,  soient  ensuite  allés  au 
Mont-Gargano  ;  bien  des  pèlerins  au  moyen  âge  ont  ainsi  parcouru 
la  chrétienté  en  se  rendant  d*un  sanctuaire  à  Tautre.  Quant  au  passé 
de  ce  Mélès  dont  Aimé  parle  ici,  pour  la  première  fois,  nous  savons 
qu'en  ion,  ce  citoyen  de  Bari  avait  essayé  de  chasser  les  Grecs  de 
l'Italie  et  de  reconquérir  l'indépendance  de  sa  patrie.  Il  livra  bataille 
aux  Grecs  à  Bitecto  près  de  Bari  en  ion,  au  mois  de  mai,  et  cette 
journée  coûta  la  vie  à  beaucoup  d'habitants  de  Bari  —  Annales  Ba- 
renses,  ad  an.  ion  et  ioi3,  MG.  SS.,  V.  53.  —En  ioi3,  au  mois 


26 

par  li  camp  arenouz  de  Puille  font  gésir  lor  anetnis  sans 
esperit.  Et  pour  la  mort  de  ces^  est  occasion  de  grant  tris- 
tece,  et  plus  en  remanda  a  combatre  (i).  Et  quant  il  ci 

d*avril,  assiégé  dans  Bari  par  le  catapan  Basile  le  Macédonien  et  se 
sentant  entouré  de  traîtres  qui  projetaient  de  le  livrer  à  Tennemi, 
Mélès  s'enfuit  secrètement  la  nuit,  avec  son  beau-frère  DattOt  gagna 
Ascoli  et  successivement  Bénévcnt,  Salerne  et  Campoue.  Sa  femme 
Maralda  et  son  fils  Argyros  furent  pris  par  les  Grecs  et  envoyés  à 
Constantinople.  Cf.  Leo  de'  Marsi,  1.  II,  Sj,  MG.  SS.,  VII,  65a. 

(i)  Voici,  d'après  Guillaume  de  Fouille,  bien  plus  précis  qu'Aimé 
sur  ce  point,  les  débuts  de  cette  guerre  dans  la  Fouille  : 

tt  Emptis  Normannos  Campanis  partibus  armis 
Invadenda  furcns  loca  duxit  ad  Appula  Melus. 
Hune  habuerc  ducem  sibi  gens  Normannica  primum 
Fartibus  Italiae.  Gallos  tremit  Appulus  omnis, 
Quorum  prsvalido  multi  periere  rigore. 
Turnicii  tandem  rumor  pervenit  ad  aures, 
Qui  catapan  fuerat  Grscorum,  missus  ab  urbe 
Cui  Constantinus  nomen  dédit  editor  urbis, 
Et  Constantinus  pariter  que  Basilius  illi 
Tune  dominabantur  —  Gallos  venisse  féroces 
Conductu  Meli,  qui  factus  utrique  rebellis 
Appula  Normannis  loca  depopulanda  monebat. 
His  ita  Turnicio  fama  referente  rclatis, 
Agmina  Grsecorum  propere  direxit  in  hostet. 
Non  etenim  per  se  certamina  prima  paravit, 
Sed  per  legatum,  cognomen  cui  Facianus 
Et  Leo  nomen  erat,  qui  juxta  fluminis  undam 
Nomine  Fertorii  —  locus  est  Arenula  dictus 
Deduxit  secum  multos  ad  bella  Felasgos. 
Maii  mcnsis  erant  aptisstma  tempora  Marti, 
Hoc  ad  bella  soient  procedere  tempore  reges, 
Fortuna  que  pari  primo  pugnatur  utrimque.  » 

Gesta  R.  Wiscardi,  1.  I,  v.  5a  sqq.,  MG.  SS.,  IX,  p.  242  sq. 
D'aprcs  Guillaume  de  Fouille,  la  première  bataille  entre  Mélès  et  les 
Grecs,  la  bataille  d'Arenula  serait  donc  restée  indécise  ;  Leo  de*  Mtrsi, 


^7 


dire  que  par  hardiesce  de  chevalerie  estoit  sa  terre  assallie, 
manda  contre  li  Normant  11  plus  fort  home  qu'il  put 
trover.  Et  puiz  la  venue  de  ces  autres  ordenant  la  seconde 
bataille.  Mes  lî  Grex  perdirent  et  li  Normant  estoient 
touzjors  ferme.  Et  de  ce  ot  grant  dolor  Tempeor  (i).  Et 
manda  grant  multitude  de  gent,  et  ordena  la  tierce  de 
bataille,  et  la  quarte,  et  quinte,  et  tout  veincirent  li  Nor- 


d'accord  en  cela  avec  Aimé,  dit  qu'elle  se  .  termina  à  l'avantage  de 
Mélès  et  des  Normands  :  «  Tribus  itaque  vicibus  cum  Grecis,  primo 
apud  Arenolam,  secundo  apud  Civitatem,  tertio  apud  Vaccariciam 
campestri  certomine  dimicans  (Melus),  tribus  eos  vicibus  superavit; 
multos  que  ex  his  interficiens,  et  usque  ad  Tranum  eos  contringens, 
omnes  ex  hac  parte  quas  invaserant  Apulis  civitates  et  oppida 
recepît.  »  Chron.  Casitt.,  Il,  3 7,  MG.  SS.,  VII,  653.  On  voit 
que  dans  ce  passage,  Léo  de*  Mars!  ne  s'inspire  en  aucune  façon 
d'Aimé.  Lupus  parle  aussi  de  Turnicius  et  de  Pacianus  et  ne  dit  pas 
quelle  fut  l'issue  de  la  première  bataille;  il  écrit  ad  an.  1 017  :  u  In 
hoc  anno  descendit  Turnichi  catepani  mense  Maii.  Et  fecit  prcelium 
cum  Mêle  et  Normannis  Léo  Patiano  exubitus.  MG.  SS.,  V,  57. 

(i)  D'après  Léo  de*  Marsi,  cette  seconde  bataille  eut  lieu  près  de 
Civitate.  Cf.  la  note  précédente  ;  Guillaume  de  Fouille  constate  que 
les  Normands  y  furent  vainqueurs  : 

«  Auctis  militibus  comités  fuit  inde  secutus 
Turnicius,  sed  terga  dédit  virtusque  recessit. 
Conflictu  belli  Pacianus  corruit  hujus. 
Normannis  auget  validas  Victoria  vires, 
Expertis  Graecos  nullius  roboris  esse, 
Q,uos  non  audaces,  sed  cognovcre  fugaces.  » 

G.  R,  Wiscardiy  1.  I,  v.  74  sqq.,  MG.  SS.,  IX,  243.  —  Lupus,  en 
désaccord  avec  Aimé,  Léo  de'  Marsi  et  Guillaume  de  Pouille,  prétend 
que  Mélès  et  les  Normands  furent  vaincus  dans  la  seconde  bataille  : 
«  Iterum  m  mense  Junii  22  die  prœlium  fecit  prsefatus  Turnichi 
catepani  ;  et  vicit  Melem  et  Normannus  et  mortuus  est  Patiano  ibi 
etCondoleo  descendit  in  ipso  anno.  Lupus,  ad  an.  10 17.  MG.  SS., 
V,  p.  57. 


28 

mant;  et  ensi  Melo  par  la  force  de  li  Normant  fu  en  lo 
tronc  de  son  honor  (i). 

Cap.  2  2.  Apres  ce  li  empeor  manda  domps  et  manda 
tribut  en  toutes  pars.  Et  ovri  son  thesaure  et  trova  cheva- 
liers pour  monoie,  et  combatirent  contre  li  fort  Normant. 
Mes  li  Normant  en  veinchurent  sans  nombre.  Et  tant 
vindrent  de  gent  sanz  nombre,  et  lo  champ  fu  tôt  plein 
de  la  multitude  de  lo  cxercit  de  Tempeor,  et  sontveues 
les  lances  estroitcs  corne  les  canes  sont  en  lo  lieu  ou  il 
croissent,  et  venant  encontre  petit  de  Normant  en  Taide 
de  Mclo  ;  et  la  multitude  de  la  gent  de  Tempeor  aloient 
par  lo  camp  comme  li  ape  quant  il  issent  de  lor  lieu  quant 
il  est  plein.  Et  que  vousdiroie-je?  Li  Normant  sont  appa- 
reilliez de  morir  avant  que  fouir.  Et  se  fist  la  .vj«.  bataille 
molt  forte,  et  de  chascune  part  est  grant^peril  de  mon. 
Mes  pour  un  de  li  Normant  furent  mort  molt  de  anemis^ 
et  en  tant  fu  forte  la  bataille  que  de  .ij.  c.  1.  Normant  non 
remestrent  se  non  .x.,  et  de  ces  se  sot  lo  nombre  quant 
furent  ;  mes  de  l'autre  part  furent  tant  que  nombre  non 
s'en  trove  (2).  Cestui  moine  storiographe^  cest  escriptor 

(i)  Ces  troisième,  quatrième  et  cinquième  batailles  n'ont  dû  être 
que  des  combats  de  peu  dUmportance,  car  Aimé  est  seul  à  en  ptricr; 
nous  savons  par  les  autres  chroniqueurs,  par  Léo  de'  Marsi,  par 
exemple,  qu'il  n'y  eut  dans  cette  guerre  que  quatre  rencontres  sé- 
rieuses entre  les  Grecs  et  les  Normands,  les  batailles  d'Arenuls  et 
de  Civitate  dont  il  a  déjà  été  question  et  celles  de  Vacctricia  et  de 
Cannes  dont  Aimé  va  parler. 

(2)  11  s*agit  de  la  bataille  de  Cannes,  sur  la  rive  droite  de  l'Ofanto 
(maintenant  Canosa  di  Puglia).  Voici  sur  cette  journée  les  vers  4e 
Guillaume  de  Fouille,  le  poète  parle  aussi  de  la  multitude  des  Grecs 
et  confirme  la  défaite  de  Mélès  et  des  Normands  : 

«  Impcrii  fama  insinuât  rectoribus  arva 
Appula  Normannos  Melo  duce  depopulari. 
Hune,  his  auditis,  sibi  curia  judicat  hostem  ; 


29 

de  l'ystoire,  non  met  se  ceste  multitude  de  li  Normant 
vindrent  novellement  de  Normendîe,  ou  se  a  Capue  se 
partirent  li  Normant.  Et  aucun  vindrent  en  Paide  de 
Melo,  et  li  autre  alerent  avec  li  messagier  de  lo  prince  de 
Saleme. 

Mes  quant  fu  seu  a  Salerne  que  ensi  avoient  combatu 
li  Normant  por  aidier  a  Melo  et  estoient  mort,  vindrent 
cil  Normant  de  Salerne;  de  li  Normant  vint  grant  exercit, 
et  emplirent  la  contrée  de  fortissimes  chevaliers.  Et  Melo 
prist  une  autre  bataille  contre  li  Grex^  et  s'encontrerent 
li  Normant  contre  li  Grex  en  un  lieu  qui  se  clamoît  Vac- 
carice^  c'est  en  Puille  a  Melfe,  ou. maintenant  sont  gentil 

Si  capitur,  capitis  fieri  cœsura  jubetur. 
.  Multa  Grscorum  cum  gente  Basilius  ire 
Jussus,  in  hune  audax  anno  movet  arma  sequenti  : 
Cui  catapan  facto  cognomen  erat  Bagianus. 
Quod  catapan  Grsci^  nos  juxta  dicimus  omne. 
Quiaquis  apud  Danaos  vice  fiingitur  hujus  honoris 
Dispositor  populi  parât  omne  quod  expedit  illi 
Et  juxta  quod  cuique  dari  decet,  omne  ministrat. 
Vicinus  Cannis  qua  defluit  Aufidus  amnis 
Circiter  octobris  pugnatur  utrinque  Kalendas. 
Cum  modica  non  gente  valens  obsistere  Melus 
Terga  dédit,  magna  spoliatus  parte  suorum.  » 

Gesta  R.  Wiscardi,  1.  I,  v.  80  sqq.,  MG.  SS.,  IX^  243.  «  Quarta 
demum  pugna  apud  Cannas,  Romanorum  olim  clade  famosas, 
Boiano  catapani  insidiis  atque  ingeniis  superatus,  universa  quae 
facile  receperat  facilius  perdidit.  Feruntur  in  ea  pugna  Normannonim 
ex  ducentis  quinquaginta  numéro,  decem  tantummodo  remansisse, 
de  Gnecitautem  innumerabilem  turbam  occubuisse.  »  Chronicon 
Casin.,  II,  37,  auctore  Leone;  MG.  SS.,  VII,  653.  L'identité 
du  chiffre  des  pertes  des  Normands,  donné  par  Aimé  et  Léo  de* 
Marsi,  prouve  bien  qu'ils  parlent  de  la  même  journée.  La  bataille 
eut  lieu  en  octobre  10x9  ;  ÏAnonymus  Barensis  écrit,  ad  an.  10 19, 
indict.  lia  :  «  Fecit  prœlium  Bugiano  catp.  cum  Franci  in  Canni  et 


30 

home  qui  se  clament  Vaccaire.  Et  li  Grex  tant  cornent  il 
en  estoit  rcmez  de  l'autre  bataille  furent  mort.  Et  de  li 
Normant,  liquel  avoient  esté  troiz  mille^  non  remainstrent 
se  non  cinc  cent  (i);  et  .vj.  grant  home  de  li  Normant 

vicit  ;  MuRATOu,  R.  I.  SS.,  t.  V,  p.  149;  —  de  mêmeLuFrs  €id  an, 
1019  :  «c  Fecit  prœlium  supradictut  Bugiano  in  mense  Octobris  cum 
Francis  et  vicit ,  »  MG.  SS..  V,  p.  57.  Les  Annales  Barenses  placent 
par  erreur  la  bataille  de  Cannes  en  102 1  :  «  Hic  fecit  prœlium  Basi- 
lius  Vulcano  cum  Francis;  et  vicit  illos  in  civitate  Canni  ;  »  MG.  SS., 
t.  V,  p.  54. 

(i)  Il  y  a  bien  eu  une  bataille  entre  Mélèt  et  les  Grecs  à  Vaccaricia 
(maintenant  Biccari,  au  nord-ouest  de  Troja).  Léo  de'  Marsi  la  men- 
tionne également  (cf.  supra,  p.  26,  note  i);  mais,  au  lieu  de  la 
placer,  comme  le  fait  Aimé,  après  la  bataille  de  Cannes,  il  la  place 
avant  et  avec  raison,  ainsi  que  le  prouve  le  document  suivant  :  Au 
mois  de  juin  10 ig,  c'est-à-dire  avant  la  bataille  de  Cannes^  puisque 
cette  bataille  est  du  mois  d'octobre  10 19  (voyez  la  note  précédente), 
le  catapan  Basile  Bojoannès  définit  par  une  charte  que  nous  avons 
encore  les  limites  du  territoire  de  la  ville  de  Troja  qu'il  venait  de 
faire  restaurer  et  fortifier.  — Trinchera,  Syllabus  Grœcarym,  etc... 
Napoli,  in-4«,  i865,  p.  18  sqq.  —  Or,  dans  cette  charte  se  trouve  la 
phrase  suivante  :  «  xxl  aicooîSsi  el;  Tt,v  ixxXT^9{sv  Ti,v  àr*\.9>t  iuvoûTVxv 
£v  (u  syivsTO  ô  r^Xejio;  trt  TOpv.xCou  i:p(i>T09iixOxpîo*j  «si  xxtcicIvO'j 
vsvovdTo;  ÎTsXCs;  tov>  xovToXéovTo;.  w  II  s'agit  bien  de  la  bataille  de 
Vaccaricia  car  les  territoires  de  Troja  et  de  Vaccaricia  sont  contî- 
gus  ;  nous  voyons  même,  d'après  cette  charte,  que  certains  pAtunges 
étaient  communs  aux  deux  villes.  Léo  de'  Marsi  est  donc  dans  le 
vrai  en  plaçant  la  bataille  de  Vaccaricia  avant  celle  de  Cannes.  On 
ne  saurait  supposer  qu'il  y  ait  eu,  après  la  bataille  de  Cannes,  une 
seconde  bataille  de  Vaccaricia,  car  nous  savons  par  Guillaume  de 
Fouille,  par  Léo  de'  Marsi,  par  YAnnoymus  Barensis,  par  Lupus, 
qu'après  sa  défaite  à  Cannes,  Mélès  alla  en  Germanie  implorer  le 
secours  de  l'empereur  et  qu'il  mourut  à  Bamberg.  Maintenant,  que 
faut-il  penser  de  cette  donnée  d'Aimé,  affirmant  que  3, 000  Normands 
sont  venus  de  Salcrne  au  secours  de  Mélès,  avant  la  dernière  bataille 
décisive  ?  Évidemment  il  y  a  dans  ce  chiffre  beaucoup  d'exagération, 
mais  le  chroniqueur  fait  sans  doute  allusion  à  cette  nouvelle  émign* 
tion  des  Normands  en  Italie  dont  parle  Raoul  Glaber  et  qui  partit  de 


3î 

remeinstrent,  de  liquel  .ij.  remainrent  avec  Athenulfe 
abbé  de  mont  de  Cassin,  et  li  autre  avec  li  sien  chevalier 
a  faire  chevalerie  avec  lo  prince  de  Salerne  (i).  Et  secont 
ceste  ultime  parole,  pert  que  cestui  troiz  mille  Normant 
venissent  novelement  de  Normendie. 

Cap.  23.  Et  quant  Melo  se  senti  abandoné  de  Taide  de 
li  chevalier,  il  s'en  ala  cort  de  lo  empeor  et  requist  misé- 
ricorde. Et  la  bénignité  de  lo  impereor  li  promist  de  faire 
ce  que  Melo  requeroit.  Et  lo  impereor  fu  guarde  de  li 
prince  de  li  Thodés,  coment  de  certe  chevalier  se  appa- 

Normandie  lorsque  Ton  connut  les  premiers  succès  de  Mélès  et  des 
Normands  contre  les  Grecs  ;  R.  Glaber  écrit  :  «  Interea  cum  auditum 
esset  ubique  quoniam  paucis  Normannorum  concessa  fuisset  des 
superbientibus  Grecis  Victoria,  innumerabilis  multitudo  etiam  cum 
uxoribus  et  liberis  prosecuta  est  a  patria  de  qua  egressus  fuerat,  Ro- 
dulfum,  non  solum  permittente  sed  etiam  compellente  ut  irent 
Richardo,  illonim  comité.  »  Après  avoir  traversé  le  Mont-Joux,  ces 
émigrants  viennent  trouver  Raoul  qui  combat  contre  les  Grecs 
(Raoul  Glaber  ne  dit  rien  de  Mélès),  assistent  à  plusieurs  batailles, 
et  comme  Raoul  ne  peut  remporter  définitivement  sur  les  Grecs,  il 
te  décide  à  aller  en  Germanie,  implorer  le  secours  de  l'empereur  ; 
R.  Glabri,  Historiarum,  1.  III,  c.  I.  Aimé  est  donc  en  résumé  un 
guide  peu  sûr  sur  ces  événements  et  en  général  sur  la  seconde  guerre 
de  Mélès  avec  les  Grecs,  il  n*a  reproduit  que  des  données  ou  exagé- 
rées ou  trop  vagues. 

(i)  Lko  de*  Marsi  —  Chronicon  Cos.,  1.  II,  37  et  38  —  donne  plus 
de  détails  qu*Aimé  :  «  Melus  vero  cernens  se  militum  auxiliis  desti- 
tutum,  Normannos  superstites  partim  apud  Guaimarium,  partim 
apud  Pandulfum  constituens,  ipsc  ultra  montes  ad  imperatorem  pro- 

fecttis  est Abbas  (Atenulfus)  necessitate  coactus  (pour  défendre 

les  biens  du  Mont-Cassin  contre  les  comtes  d*Aquino)  fortissimos 
aliquot  sibi  ex  praedictis  Normannis  asdvit,  cosque  in  oppido  quod 
Piniatarium  nuncupatur  (Pignataro,  sur  les  bords  du  Garigliano),  ad 
monasterii  bona  tutanda  constituit  ;  quod  quidem  illi,  quandiu  abbas 
ipse  tuperfuit,  strenue  satis  et  fidcliter  executi  sunt.  >  MG.  SS.,  VII^ 
p.  653. 


32 

reilla  dealer  a  restituer  Melo  en  sa  propre  honor.  Et  la 
cnidele  s'en  rit  de  ceste  covenance,  quar  Melo  fu  inort^  et 
fu  sousterré  en  Teglise  de  Babipga,  laquelle  avoit  faîte 
cestui  impeor,  et  en  lo  sépulcre  de  li  noble  fîi  mis  ;  et 
en  et  tristece  Temperor  et  tout  son  excercit  (i). 

Cap.  24.  La  vertu  impérial  non  voloit  muer  la  dispo- 
sition de  venir  en  Ytalie  (2).  Et  puiz  ala  cité  de  Troie  (3), 

(  I  )      «  Et  puduit  (Melum)  victum  patria  tellure  morari  ; 
Samnites  adiit  superatus,  ibique  moratur 
Post  Alemannorum  pctiit  suffragia  régis 
Henrici,  solito  placidus  qui  more  precantem 
Suscipît,  auxilii  promittens  dona  propinqui. 
At  Mclus  regrcdi  prsventus  morte  nequivit. 
Henricus  sepelit  rcx  hune,  ut  regius  est  mos. 
Funeris  exequias  comitatus  adusque  sepulcrum 
Carminc  regjli  tumulum  dccoravit  humati.  » 

Gesta  R.  Wiscardi,  1.  1,  v.  95-104.  Voyez  dans  la  note  précé- 
dente le  texte  de  Léo  de*  Marsi  ;  ce  chroniqueur  dit  plus  loin,  n*  39, 
que  Mélès  mourut  pendant  son  ambassade  :  «  Cum  jam  bit  ad  eum 
(imperatorcm)  Melus  hac  de  causa  profectus  ultra  montes  defunaut 
fuisset,  etc.  »  —  «  Mel  fugit  et  ibit  ad  Enrico  imp.  »  Anonjrmus  Baren» 
sis,  ad  an.  loiç,  dans  Muratori,  R.  I.  SS.,  t.  V,  p.  149.  «  Et  Mel 
fugit  cum  aliquantis  Francis  ad  Enerichum  imperatorem.  »  Luput« 
ad  an,  loiq,  MG.  SS.,  V,  37.  Voyez  dans  les  Monumenta  Bomber" 
gensia  de  Jaffe,  p.  1^7,  la  curieuse  lettre  par  laquelle,  en  10S4, 
l'empereur  Henri  III  prescrit  que  Ton  respecte  à  tout  jamais  la  tombe 
de  Mélès  dans  la  cathédrale  de  Bambcrg;  le  Nécrologe  de  Bomber  g, 
ibid,,  p.  558,  place  au  23  avril  1020  la  mort  de  Mélès.  U  résulte- 
rait du  passage  de  R.  Glaber  déjà  cité  (cf.  supra,  p.  19,  note  i),  que 
Raoul  serait  probablement  allé  avec  Mélès  trouver  Tempereur  i 
Bamberg. 

(2)  Henri  II,  saint  Henri,  duc  de  Bavière  de  99S  à  1004,  roi  de 
Germanie  en  1002,  empereur  en  10 14;  il  mourut  le  i3  juillet  1024. 
C'était  le  troisième  voyage  d*Henri  11  en  Italie. 

(3)  Troja  compte  actuellement  plus  de  6,000  habitants  et  est  située 
entre  Foggia  et  Bénévent  ;  sur  sa  fondation  ou  plutôt  sa  restauration 


3.3 

pource  que  li  Grez  Tavoient  mise  en  lo  tenement  de  Boni- 
vent>  et  la  prist.  Et  en  celui  temps,  manda  lo  combatant 
archevesque  de  Coloingne,  a  prendre  li  prince  de  Capue, 
et  puiz  devoit  aler  a  prendre  Salerne.  Et  fu  pris  lo  prince 
de  Capue  ;  et  .xl.  jors  fu  assegié  Salerne.  Mes  por  ce  que 
la  cité  estoit  forte  a  prendre,  prist  ostage  del  filz  de  lo 
prince  de  Salerne.  Et  o  gloire  de  triumphe  retorna  a  la 
cort  de  lo  impeor.  Et  puiz»  par  examination  de  juste 
jugement,  Pandulfe,  prince  de  Capue,  fu  jugié  a  mort. 
Mes,  par  prière  de  Tarchevesche  de  Coloingne,  fu  délivré 
de  celle  sentence  ;  toutes  foiz  fu-il  porté  delà  de  li  Alpe 
liez  de  une  catene  en  lo  col.  Et  lo  fil  de  lo  prince  de  Sa- 
lerne, loquel  prince  se  clamoit  Guaymarie,  fu  recom- 
mandé a  lo  pape  Benedit  (i  ). 

Cap.  25.  Cestui  moine storiographe  rentla  rayson  pour 
quoi  li  empeor  fu  irés  contre  li  prince  de  Capue,  Pan- 

en  toig,  par  le  catapan  Basile  Bojoannès,  voyez  la  charte  déjà  citée 
(p.  19,  note  t)  et  imprimée  dans  Trinchera,  Syllahus  Grœcarum 
membranarunif  p.  18  sqq. 

(i)  Sans  s'inspirer  d*Aimé,  Léo  de'  Marsi  confirme  plusieurs  des 
assertions  de  ce  chapitre;  il  écrit  que  Piligrim  (archevêque  de  Cologne 
de  t02i  à  io36)  «  Capuam  festinan^er  adiit,  eara  que  mox  undique 
annato  milite  cinxit.  »  Le  prince  de  Capoue,  Pandulfe,  se  voyant 
perdu,  car  Tarchevéque  avait  une  armée  de  20,000  hommes,  se  livra 
spontanément,  et  Piligrim  le  conduisit  à  l'empereur  occupé  au  siège 
de  Troja.  Pandulfe  fut  jugé  et  condamné  à  mort  ;  il  obtint  à  grand 
peine  que  la  sentence  ne  fut  pas  exécutée  et  l'empereur  l'amena  en- 
chaîné en  Germanie.  Chron.  Casin.,  1.  II,  c.  40,  MG.  SS.,  VU, 
654.  Léo  de'  Marsi  ne  parle  ni  de  Salerne  ni  de  Guaimar,  les  Annales 
de  S.  Gall  disent  seulement  qu'Henri  II  fit  rentrer  Salerne  sous 
l'obéissance  :  «  Henricus...  Trojam,  Capuam,  Salernam,  Neapolim 
urbes  imperii  sui  ad  Grecos  déficientes  ad  deditionem  coegit.  » 
Annales  Sangallenses  majores  ad  an.  102a,  MG.  SS.,  I,  p.  82.  Cf. 
Casuwn  S.  Galli  contin,,  II,  4,  MG.  SS.,  II,  p.  i55,  et  Herim.  Au- 
GiBNsis  Chronicon,  ad  an.  1022,  MG.  SS.,  V,  p.  120. 

3 


dulfe:  lo  frère  carnel  de  la  moillier  de  Melo,  de  loquel 
nouz  avons  d'il  desus  laquelle  se  clamoit  Dato,  et.  par  lo 
ccmandement  de  lo  pape,  estoit  montée  en  la  tor  de  GariU 
gîjne  envers  la  rip^  :  et  Pandulfe  desirrant  la  mort  lui 
vint  sur  o  li  Grex.  et  vainchi  la  tor,  et  dona  Datte  inno- 
cente a  li  Grex,  liquel.  par  commandement  de  li  impe* 
reour  de  li  Grex,  fu  noiez  en  mer  i  >.  Et  pour  ceste  cose 
fu  mandé  Pandulte  de  Tautre  empereor  a  lo  pape.  Assez 
brevement  cestuî  moine  a  mis  la  raison  porquoi  li  empeor, 
qui  non  estoit  Grec,  fu  corrocié  contre  cestui  Pan- 
d  u  Ife  ;  toutez  foiz  non  met  que  ce  fust  lo  empere  de  li  Grex  ; 
mcspert  que  li  empeor  venoit  en  Ytalie  por  remetre  Melo 
en  son  estât,  quar  Melo  loquel  s*éstoit  rebellé  contre  Tem- 
peor  de  Costenti noble;  et  quant  sust  ce  que  Pandulfe 
fust  coingnat  a  Melo,  toutes  foiz  estoit  Pandulfe  contraire 
a  Melo  qui  estoit  frère  de  sa  moillier. 

Cap.  26.  Après  ces  chozes  faites,  Enulfe,  frère  de  Pan- 
dulfe, pour  paour  de  ce  qui  fu  fait  à  son  frère,  se  mist  en 

(i)  Lco  de*  Marsi  ne  dit  pas,  comme  le  fait  Aimé,  que  Pandulfe  de 
Capoue  soit  venu  lui-même  avec  les  Grecs,  s*emparer  de  Datto  dans 
dans  la  tour  de  Gariglione  et  qu'il  l'ait  ensuite  livré  aux  Grecs  ;  U 
se  borne  à  affirmer  Qu*après  la  chute  de  Mélès,  Pandulfe  prit  le 
parti  de  l'empereur  de  Constantinople,  auquel  il  envoya  des  clés  d*or 
c<jmme  preuve  de  sa  soumission,  et  qu'ayant  reçu  de  l'argent  du 
cat  ipan  Bojoannès,  il  lui  permit  de  traverser  avec  ses  troupes  k  ter- 
ritoire de  sa  principauté,  pour  aller  s'emparer  par  surprise  de  Dstto. 
Cht'onicon  Casin.,  II.  38,  ex  Desiderii,  Dialos^h,  II,  22;  MG.  SS., 
VII,  633.  Il  se  peut  très  bien  que  Pandulfe  ait  accompagné  Bojosnoès 
dans  cette  expcdition.  Lupus  ccrit,  ad  an,  loi  i  :  «  Captus  est  Dsctus 
et  intravit  in  civitatem  Bari  equitatus  in  asina,  i5  mensis  Junii.  » 
MG.  SS.,  V,  57.  De  même  TAnonymus  Barensis,  o^  on.  loat,  indkt. 
IV  :  «  Dattus  captus  est,  et  intravit  in  Bari,  in  asino  super.  »  MtTKA- 
TORi  :  R.  I.  SS.,  V,  p.  149.  —  Inutile  de  dire  que  la  glose  du 
ducteur  à  la  fin  de  ce  chapitre  n*a  vraiment  pas  de  sens. 


35 

mer,  et  voloit  foyr  en  Costcntinople  a  lo  empeor  loquel 
s'en  vint  en  Ytalie,  si  corne  est  dit  ;  mes  par  pestilence  fu 
noiez  en  mer.  Et  ensi  en  diverse  manière  furent  .ij.  frère 
charnel  mort  malement  (  i  ) . 

Cap.  27.  Et  Troiens,  pardebilitéde  ceuz  qui  l'asegerent, 
ne  par  force  de  ceuz  qui  dedens  estoient,  mes  pour  lo  fort 
lieu  ou  elle  estoit,  non  pot  estre  prise  :  ou  Troie  fu  apert 
Tantique  fabrique,  et  non  pas  la  ou  elle  est  maintenant^ 
quar  en  plus  vill  lieu  est  ore  (2). 

(i)  Léo  de*  Marsi  a  raconté  avec  plus  de  détails  cette  mort  d'Até- 
nulfe,  abbé  du  Mont-Cassin  et  frère  de  Pandulfe,  prince  deCapoue; 
Chronicon  Casinense,  1.  H,  B9;  MG.  SS.,  VIII,  654.  Aimé  suppose 
qu*Aténulfe  n*a  pris  la  fuite  et  ne  s'est  noyé  qu'après  la  prise  et  la 
condamnation  de  son  frère  Pandulfe  ;  mais  le  Necrologium  Casi- 
nense (MuRATORi,  R.  I.  SS.,  t.  VII,  p.  941)  dit  qu'Aténulfe  s'est  noyé 
le  3o  mars  loai  ;  par  conséquent  il  a  dû  quitter  le  Mont-Cassin 
vers  le  1 5  mars  ;  or,  à  cette  dernière  date,  Tempereur  Henri  était  à 
peine  arrivé  devant  Troja  (Boehmer  :  Regesta^  p.  63,  no  1226)  et 
Pandulfe  n'a  été  pris  et  jugé  que  pendant  le  siège  de  Troja  par  l'em- 
pereur. Aténulfe  était  donc  parti  avant  ces  événements. 

(2)  Les  chroniqueurs  ne  sont  pas  d'accord  sur  l'issue  du  siège  de 
Troja  par  Henri  II  ;  Lupus  et  VAnonymus  Casinensis  se  bornent  à 
mentionner  le  siège,  sans  dire  que  la  ville  fut  prise  ;  Lupus,  ad  an. 
1022;  MG.,  V,  p.  57;  Anonymus  Casinensis  dans  Muratori,  R.  I. 
SS.,  t.  V,  p.  i3g.  —  Au  contraire,  un  grand  nombre  de  chroniques 
de  la  Germanie  affirment  que  la  ville  fut  prise  par  l'empereur,  ainsi 
Hbrmann  de  Reichenau  écrit  dans  la  Chronicon^  ad  an,  1022  : 
«  Henricus  imperator  Campaniam  petens,  Beneventum  intravit, 
Troiam  oppugnavit  et  cepit.  »  MG.  SS.,  V,  p.  120.  Lso  de'  Marsi 
qui,  sur  ce  point,  diffère  un  peu  d'Aimé,  donne  la  version  suivante  : 
«  Post  paucos  dies,  sponte  Troianis  deditionem  sui  facientibus,  et  ad 
Augusti  vestigia  universis  suppliciter  procumbentibus,  impérial! 
clementia  veniam  tribuit.  Et  quoniam  propter  estivum  tempus  gens 
continuis  assueta  frigoribus  diu  in  partibus  istis  commorari  non 
poterat,  reditum  in  dies  singulos  maturabat.  »  Chronicon  Casin.,  II, 
41.  11  semblerait  d*après  ce  texte  que  l'empereur,  pressé  de  repartir, 


36 

Cap.  28.  Et  li  relîgiouz  impereor  se  parti  de  la  et  ala  a 
mont  de  Cassin  ;  et  li  frère  qui  estoient  la  le  visitoient,  et 
o  diligence  et  service  lui  faisoient  obédience.  Et  fu  proie 


se  serait  contenté  des  hommages  et  de  la  soumission,  quelque  peu 
platonique,  des  habitants  de  Troja,  sans  prendre  possestioto  de  leur 
ville.  Raoul  Glaber  —  Historiarum,  1.  III,  c.  I,  —  a  parlé  en  détail 
du  siège  de  Troja  par  Tempereur  Henri  ;  il  se  peut  qu*un  peu  de 
fantaisie  se  soit  glissé  dans  le  récit  qu*il  en  fait,  néanmoins  le  fond 
même  de  ce  récit  n*a  rien  d'invraisemblable  et  concorde  assez  avec 
ce  que  dit  Léo  de*  Marsi.  D*après  ce  chroniqueur,  les  habitants  de 
Troja,  épuisés  par  un  long  siège  et  ayant  tout  à  craindre  de  la  colère 
iic  Tempereur,  auraient,  par  le  procédé  suivant,  apaisé  le  ressenti- 
ment impérial.  Avec  tous  les  enfants  de  Troja,  ils  formèrent  une 
procession  à  la  tcte  de  laquelle  marchait,  portant  la  croix,  un  pauvre 
ermite,  revêtu  d*un  habit  de  moine.  Deux  jours  de  suite,  cette  pro- 
cession se  rendit  au  camp  impérial  en  chantant  Kyrie  eleison; 
Tempereur  ému  par  cette  double  manifestation,  finit  par  panionner 
aux  habitants  de  Troja;  il  se  contenta  de  demander  des  otages  et 
partit  sans  entrer  dans  la  ville.  Mais  le  document  le  plus  décisif  sur 
Tissuc  du  siège  de  Troja  est  une  charte  de  Basile  Bojoannès,  du 
mois  de  janvier  1024,  indic,  Vn*  —  Trinchera,  Syllabus,  etc.,  do- 
cument XX,  p.  21.  •  Par  cette  charte,  le  catapan  accorde  aux  habi- 
tants de  Troja  de  nouveaux  privilèges  pour  les  récompenser  de  U 
bravoure  dont  ils  ont  fait  preuve  pendant  le  siège  de  Troja  et  de  leur 
inviolable  fidélité  à  Tempcreur  de  Constantinople.  Il  écrit  :  «  Noa 
cognosccntes  (il  ne  reste  qu*une  traduction  latine  de  ce  document) 
eorum  accusatorum  (les  accusations  de  ceux  qui  avaient  vu  avec 
inquiétude  rétablissement  d*une  colonie  normande  à  Troja)  diximua 
quod  Troiani  nec  fecerunt  nec  facient  contra  voluntatem  imperii 
sanctorum  imperatorum  nostrorum.  Scd  potius  pro  amore  imperii 
se  morti  tradiderunt.  Quando  rex  francorum  cum  toto  exerdtu  suo 
vcnit  et  obsedit  civitatcm  illorum  et  ipsi  fidelissimi  ita  obstiterunt 
régi.  Quod  rex  nichil  eis  nocere  valuit,  bene  civitatem  eorum  defèn* 
dentés,  sicut  servi  sanctissimi  domini  imperatoris,  et  licet  omnes  res 
suas  de  foris  perdiderint,  proptcr  hoc  servitium  domini  imperatoris 
non  dimiserunt,  nec  ab  ejus  tidelitate  discesserunt.  Ob  hanc  igitur 
hdelitatem  et  bfinum  servitium,  precepto  domini  imperatoris,  dedimus 


37 

de  tout  lo  collège  de  li  moine,  conferma  en  abbé  Theo- 
balde  home  noble  de  lignage  et  plus  de  costume,  et  lui 
donna  la  croce,  c'est  lo  baston  ecclésiastique  (i). 

Cap.  29.  Jesu-Crist,  qui  est  retributor  de  toutes  bones 
chozeset  est  gloriouz  en  touz  ses  sains,  pour  la  mérite  de 
saint  Benedit  mérita  cestui  empereor  ;  quar  un  jor  senti 
grant  dolor  a  lo  flanc  et  plus  grave  que  non  soloit ,  quar  es- 
toit  acostumé  d^avoir  celle  dolor.  Eten  celle  dolor  manifesta 
lo  secret  de  son  cuer  a  ceus  qui  continuelment  en  avoient 
compassion,  et  dist  :  «  Coment  lo  impere  romain,  loquel 
est  subjett  a  nous  entre  li  autre  royalme  de  lo  monde,  est 
haucié  par  la  clef  de  saint  Pierre  apostole  et  par  la  doc- 
trine de  saint  Paul  ;  ensi,  par  la  religion  de  lo  saint  père 
Benedit  croirons  aacroistre  lo  impere,  se  avisons  avec  vous 
présentement  son  cors  ;  quar,  por  la  prédication  de  ces 
.ij.  apostole,  partout  lo  monde  fu  espasselafoi;  mes  pour 
la  maistrie  de  lo  Père  donna  commencement  de  religion 
et  comencement  et  donna  manière  de  conversation  a  tuit  li 
moine.  »  Et  quant  il  ot  dite  ceste  parole  ils^endormi.  Saint 
Benoît  lui  apparut,  et  lo  manesa,  et  lo  gari,  et  lui  dist  : 
€  O  empereor,  pourquoi  desires-rtu  la  présence  moe  cor- 


eis  largitatem  hanc.  »  Si,  comme  l'affirment  les  chroniqueurs  de  la 
Germanie,  Henri  II  avait  pris  la  ville  de  Troja,  Basile  Bojoannès  n'au- 
rait pas  loué  et  récompensé  les  habitants  de  cette  ville.  Ces  éloges 
et  ces  récompenses  prouvent  que  l'attitude  des  Normands  de  Troja, 
vis-à-vis  de  Tempereur,  ne  fut  pas  aussi  humble  et  aussi  suppliante 
que  Léo  de*  Marsi  et  R.  Glaber  le  supposent  ;  c'est  bien  probable- 
ment Aimé  qui,  malgré  so4i  laconisme,  est,  sur  cette  question,  le  plus 
près  de  la  vérité. 

(i)  D'après  Léo  de*  Marsi,  quelques  moines  auraient  voulu  de  l'an- 
cien et  vieil  abbé  Jean,  à  la  place  de  Théobald  ;  Chronicon  Casin., 
1.  Il,  42,  première  rédaction.  Dans  la  seconde  rédaction,  ibid.j  Léo 
de'  Marsi  est  d'accord  avec  Aimé. 


38 

poral;  crois  que  je  voille  laissîer  lo  lieu  ou  je  fu  amené 
de  li  angele^  ou  la  régule  de  li  moine  et  la  vie  je  escris, 
dont  la  masse  de  mon  cors  fu  souterrce  ?»  Et  en  cc^te 
parole  se  moustre  que  quant  li  os  d'aucun  saint  sont  trans- 
late de  un  lieu  en  autre,  toutes  voiez  lo  lieu  ou  a  esté 
premerement  pour  la  char  qui  est  faite  terre,  doit  estre  a 
Tomme  en  révérence.  Et  plus  se  moustre  par  ce  que  je 
sequterai.  Et  lo  impeor  de  loquel  avoit  paour  lo  règne, 
ot  paour  de  un  moine.  Et  lo  saint  lui  dist  que  c  sans  nulle 
doute  tu  saches  que  mon  cors  veut  ici  ester,  et  de  ce  te 
donrai-je  manifeste  signe  o  la  verge  pastoral,  lequel  signe 
sera  manifeste  »,  c'est  o  la  croce  laquelle  tenojt  en  main 
li  saint,  et  iist  la  croiz  a  lo  costé  de  Tempereor,  en  loquel 
lui  tenoit  lo  mal,  et  lui  dist  :  «  Resveille-toi  sain  et  salve, 
et  quar  ccste  enfermeté  non  auras-tu  plus.  »  Et  mainte- 
nant li  cmpereor  se  resveilla  sain  et  salve.  Et  si  coment  H 
saint  lui  promisse,  de  celle  cnfermetc  non  ot  onques  puiz 
dolor  ;  et  pour  cest  miracle  tant  ot  dévotion  a  lo  monas- 
lier,  quar  coment  il  dist  qu'il  vouloit  laissier  la  dignité 
impérial,  ei  vivre  en  lo  monastier  come  moine  (i). 

Cap.  3o.  Et  puiz  que  li  empereor  ot  recovrce  sa  santé, 
lui  recorda  de  la  promission  qu'il  avoit  faite  a  Melo,  la 
vouloit  aemplir  a  son  neveu,  et  que  non  la  pot  recovrer 
la  lor  cose,  lui  donna  de  lo  sien  propre  la  terre  laquelle  se 
clame  lo  Comune,  avec  lui  chastel  qui  i  apartcnoient  lor 
donna.  Et  lor  donna  en  aide  Trostaync  avec  .xxiiij.  Nor- 
manl.  ¥a  li  autre  Normant  laissa  por  défendre  la  foy  et  a 

(i)  Léo  de'  Marsi  —  Chronicon  Casin.,  1.  II»  4^,  —  raconte  égale*- 
ment  ce  miracle;  la  Vita  Henrici  11^  c.  23,  24,  par  Adaibert,  le 
rapporte  aussi  et  aj<jutc  cette  note  :  «  Use  in  Cassino  monte  scripta 
inveniuntur,  ut  et  modcrni  magnalia  Dei  in  memoria  habeart.  » 
M(f.  SS.,  IV,  p.  806  sq. 


39 

contrester  contre  li  Sarrasin;  et  il  s'en  ala  de  li  mont  o  sa 
chevalerie  { i  ) . 

Cap.  3i.  Quant  li  Normant  furent  ferme  en  la  foi  de 
i'Eclize  emperiere,  s'efforcèrent  de  faire  lo  commande- 
ment de  Tempereor,  et  vindrent  en  la  terre  qui  dcvoit 
estre  de  li  neveu  de  Melo,  et  entrèrent  en  lo  castel  Galli- 
narc  (2),  et  firent  paour  a  tuit  cil  qui  habitoient  entor. 
Mes  que  ceste  choze  estoit  petite,  ces  chastelz  d'entor 
voloient  par  bataille,  requerirent  aide  de  li  marchis 
Reynicr,  et  lor  manda  .ij.  de  sez  frères,  c'est  Pierre  et 
Melo;  et  Stéphane  remaist  avec  li  Normant.  Etponerent 
lo  commandement  de  lo  impereor  loquel  disoit  que  s'il 
requeroient  aide  no  lor  deuissent  noier.  Et  lo  marchizfist 
lo  comandement  de  lo  impeor  cornent  fidel  (3). 

Cap.  32.  Et  la  superbe  de  un  autre  Pierre,  filz  de 
Reynier  (4),  non  reposa;  et  quar  entre  ceaux  de  celle 

(i)  «  Stephano  Melo  et  Petro  nepotibus  prsfati  Meli,  quoniam 
propria  illis  ad  prssens  restituere  non  potuit  comitatum  Cominensis 
tcrrs  concessit;  quibus  etiam  in  auxilium  Normannos  Giselbertum, 
Gosmannum,  Stigaudum,  Torstainum  balbum,  Gualterium  de 
Canosa  et  Ugonem  Falluccam  cum  aliis  decem  et  octo  reliquat.  » 
Chronicon  Casin,^  ^^>  41»  MO.  SS.,  VII,  655.  Le  pays  de  Comino, 
celui  qu'Aimé  appelle  «  la  Comune  »  esc  une  dénomination  du 
comté  de  Sora,  au  nord  du  Mont-Cassin,  dans  les  Abruzzes.  La 
charte  6x9  du  Regestum  inédit  de  Pierre  Diacre  (archives  du  Mont- 
Cassin)  porte  :  «  Comitato  Sorano  qui  dicitur  Comino.  » 

(2)  Les  ruines  du  château  de  Gallinare  se  voient  encore  à  peu  de 
distance  de  la  route  qui  va  de  San-Germano-Cassino  à  Sora,  dans 
l'ancien  pays  de  Comino. 

(3)  Aimé  ne  dit  pas  le  nom  du  marquisat  de  ce  Reynier^  mais  il 
s'agit  sans  doute  de  Reynier,  marquis  et  duc  de  Toscane,  de  Spolète 
et  de  Camerino;  cf.  De  Blasiis  :  La  Insurreiçione  Pugliese,  etc., 
t.  I,  p.  102,  note  4. 

(4)  Léo  de*  Marsi  appelle  le  père  de  ce  Reynier  :  «  gastaldeus 


4<^ 

contrée  estoit  lenui  lo  rocillor,  vouloit  contrcster  contre 
la  maiesté  impérial,  et  se  appaleilla  et  assembla  de  sa  gent 
et  de  ses  amis.  Et  disoii  .qu*il  non  vouloit  soustenir  que  H 
héritage  de  ses  ancessors  fust  de  gent  estrange  ;  et  mesura 
la  gent  qu'il  avoii  assemblé,  et  atendi  ceuz  qu^il  avoit 
priez  de  lui  aidier.  Et  se  assemble  por  occirreli  Normant, 
liquel  de  la  vie  et  de  la  terre  ensemble  lo  privèrent.  Et 
mandèrent  petit  de  gent  devant  por  faire  proie,  et  remeis- 
trent  assez  pour  faire  la  garde.  Et  H  Normant  non  pen* 
soient  ce,  mes  secuterent  cil  qui  faisoient  la  proie,  et  vin- 
drent  a  ceaux  qui  les  insidioient.  Et  quant  il  virent  tant 
grant  congrégation  et  multitude  se  merN'eillerent  molt, 
disireni  parole  de  paiz,  et  Pierre  lor  promettoit  la  mort. 
Li  Normant  mostrerent  la  main  sans  arme,  et  lor  col 
mostroient,  et  voleniiers  fugissent  ;  mes  il  n'avoient  qui 
le  rcceust.  Et  quant  il  virent  qu'il  non  pooient  avoir 
autre  aide,  il  clamèrent  Faide  de  Dieu,  par  laquel  ajutoire 
un  en  persécuta  mil.  et  .x.  mille  enfugirent  devant  duî  ; 
ils  distrcnt  a  Stéphane  qu'il  requerist  Tayde  de  Dieu,  et 
tuii  crient.  Et  lautrc  pan  se  contidoicnt  en  lor  venu,  non 
cherca  autre  aide;  et  de  ces  .xxv.  Normant,  liquelle 
tcnoient  lo  gofanon  fu  mort  et  non  plus.  Et  de  Tautre 
pan  de  .ij.c  et  .1.  non  remestrent  se  non  .c.  nouante,  et  li 
autre  s'cnfoirent  par  lo  camp,  et  lessèrent  l'arme  et  lo 
cheval,  et  se  rcscontrent  par  les  crotes  et  par  les  fossez 

Soranac  civitatis:  i*  Chronicon  Casin.,  II,  3a,  MG.  SS.,  VII,  649. 
On  lit  en  un  nutrc  endroit  de  la  Chronicon  Casm.,  II,  35  :.  «  Petrus 
v]U(K^ue  Hlius  R.tinerii  de  ci  vitale  Sorana  oblationem  fedi  huic 
monastcriu.  *»  MG.  SS..  VII,  p.  ôôd.  Di  Meo.  Annali  del  regno  di 
XapoUf  t.  VU,  p.  I  j{o,  cite  une  ch.irte  du  mois  de  septembre  1029, 
dans  l.tqucllc  ce  Pierre  est  appelé  :  «  Dominus  Petrus  senior  Sont 
et  Arpini  tîlius  b.  m.  domni  Rainerii.  »  Sa  femme  s'appelhit  Doda 
et  étiit  tille  d*Oderisius,  comte  des  Marses. 


41 

pour  escamper  la  vie.  Et  de  li  arme  de  li  anemis,  et  de  la 
robe  furent  ricche  li  Normant.  Et  li  Longobart,  liquel 
porent  eschamper  la  vie,  o  grant  vergoingne  foirent.  Et 
li  Normant  veinceor  orent  tant  miséricorde  en  celle 
bataille,  car  coment  ce  fust  cose  que  li  camp  fust  plein  de 
.ij.  mille  pedon,  et  .v.  cent,  nul  non  vouloient  tochier  li 
Normant.  Et  puiz  vint  la  triumphal  bataille  de  lo 
marchiz  Renier,  et  ot  grant  joie  de  la  victoire  de  ses  amis 
siens  Normant,  à  liquel  puiz  donnèrent  aide.  Et  subjuga- 
rent  lo  castel  a  ces  troiz  frères,  coment  rayson  estoit  (i). 

Cap.  33.  Puiz  que  cestq  cose  fu  faite,  li  Normant  se 
recuillirent  de  totes  pars  et  se  mistrent  en  volenté  de 
faire  chevalerie  souz  lo  grant  prince  de  Salerne  Guay- 
marie  (2),  loquel  en  cellui  temps,  par  lo  senge  et  par 
prierie  de  la  moillier  laquel  estoit  soror  de  Pandulfe, 
manda  domps  a  la  majesté  impérial  (3)  et  a  touz  li  grant 
home  de  la  cort.  Et  lui  manda  priant  qu^il  lui  pleust  de 
délivrer  Pandulfe  et  lo  privast  de  honor.  Et  li  prince 
ot  la  grâce  laquelle  avoit  requise  a  lo  impeor;  et  puiz 
retorna  Pandulfe.  Gaymarie  soUao  o  deniers  li  Grex,  et 
racuilli  a  soi  lo  exercit  de  li  Normant,  et  asseia  Capue, 
laquelle  prist  par  la  industrie  de  li  citadin  plus  que  par 
force  de  arme,  et  Pandulfe,  loquel  lui  estoit  donné  de  lo 
impeor,  chasa  de  lo  principe  et  fist  prince  lo  frère 
charnel  de  Pandulfe,  loquel  estoit  petit  et  iovencel  (4). 

(t)  Aimé  est  seul  à  parler  de  cet  épisode  du  séjour  des  Normands 
dans  le  comté  de  Comino. 

(2)  Guaimar  III,  prince  de  Salerne,  qui  avait  épousé  la  sœur  de 
Pandulfe  IV,  prince  de  Capoue,  celui  que  l'empereur  Henri  II  avait 
déporté  en  Germanie. 

(3)  Conrad  le  Salique  qui  succéda  à  Henri  II,  mort  en  1024; 
Conrad  devint  empereur  du  Saint-Empire  le  26  mars.  1027. 

(4)  Après  avoir  dit  qu'en  revenant  de  sa  captivité  en  Germanie, 


42 

I 

Cap.  34.  Et  après  ce,  descorda  a  Pandulfe  la  paor  de 
Dieu,  et  sa  misère  quant  il  fu  en  prison  ;  puis  recovra  la 
grandesce  de  son  principée.  Et,  par  li  conseill  de  li 
malvaiz,  estoit  en  la  voie  de  li  pecheor,  et  seoiten  la  siège 
de  li  pecheor  et  de  pestilence.  En  prime,  comensa  a 
combatre  contre  Dieu  et  contre  li  saint,  et  leva  li  abbé  de 
mont  de  Cassin,  abbé  Theobalde,  liquel  estoit  cslit  de  li 
frcrc  et  vestu  de  la  dignité  de  part  de  Fempereor,  et  con- 
fermé  de  par  lo  pape.  Et  ordcna  qu'il  habîtast  en  la  celle 
de  saint  Benedit,  laquelle  se  clamoit  Capusita  (  i  ).  Et  par 
son  iniquité  commist  la  cure  de  Tabbeie  a  un  de  li  sien, 

Pandulfe  IV  était  allé  au  Mont-Cassin  et  avait  assuré  Tabbé  du 
monattère  de  ses  dispositioos  bienveillantes,  Léo  ds*  Maksi  pour- 
suit :  •  Mox  itaque  pristinos  illos  suos  fiiutores  de  Apulia  unacum 
Boiano  Grecos  ascisceos  (Pandulfus)  Guaimario  quoque  cognato  suo 
eu  m  Normannis  Rainulfo  et  Arnolino  et  ceteris  à  Coinino  cumt» 
tibut  que  Marsorum  omni  conamine  annitentibus,  Capuam  per 
annum  integrum  atque  dimidium  obsessam  et  expugnatum,  tandem 
ingreditur.  »(Msii  ioa6,  Di  Mec,  Annali  del  regno  di  Napoli,  ad 
an.  ioa6).  «  Fandulfus  autem  Tcanensis  quem  principem  Capu«e 
factum  ab  imperatore  pnediximut,  receptut  îh  fide  a  pisfato 
Boiano  unacum  omnibus  suis  Neapolim  est  perductus.  »  Ckrxmiam 
Casin,,  II,  36.  Il  y  a,  on  le  voit,  une  divergence  entre  Aimé  et  Léo 
de*  Marti  ;  Aimé  suppose  qu'après  la  prise  de  Capoue,  Guaimar  III 
de  Saleme  établit  souverain  de  la  ville,  non  paa  Pandulfe  IV  mais 
un  jeune  frère  de  celui-ci.  Léo  de*  Marsi  rapporte  au  contraire  qifê 
ce  fut  Pandulfe  IV  qui  recouvra  le  pouvoir.  Un  document  analysé 
par  Di  Meo  :  Annali  dcl  regno  di  Napoli,  t.  VII,  p.  111,  montre 
que  Léo  de'  Marsi  est  dans  le  vrai.  Ce  document  fiait  à  Capoue,  au 
mois  de  mai  1026,  c'est-à-dire  aussitôt  après  la  reddition  de  la  ville, 
est  date,  comme  suit  :  «  Anno  XI  prin.  D.  n.  Pandolfi,  gL  pr.  et 
VII  pr.  D.  Pandolfî  cjus  tîl.  gl.  pr.  mcnse  madio,  IX  ind.  •  Le  père 
et  le  tils  (celui-ci  avait  été  associe  au  pouvoir  avant  la  chute  de  son 
père)  furent  donc  rétablis  dans  leur  principauté,  après  la  prise  de 
Capoue. 
(i)  [^  monastère  de  S.  Benoit  à  Capoue. 


45 

et  lo  fist  abbé,  liquel  se  clamoit  Basilie.  Et  H  abbé  estoit 

constraiot  de  fadre  tout  ce  que  cestui  Basile  commandoit, 

qui  estoit  de  la  part  de  lo  prince  ;  loquel  autresi  de  lo 

nombre  de  li  frère  leva  la  décime,  ou  la  décime  part  lo 

reduze.  Et  en  lo  monastier  de  mont  de  Cassin  tant  petit 

de  moines  i  remestrent  pour  la  sœ  iniquité  le  chasoit,  que 

a  pêne  pooient  complir  de  dire  .xij.  leccions;  si  que  de 

ces  fratres  s'en  partirent  .ij.  liquel  estoient  acte  de  dire 

J'office,  et  cil  qui  remainstrent  estoient  vilanement  traitié; 

li  possession  de  Teglize  comment  li  plaisoit  retenoit  a 

son  service,  et  des  choze  de  Dieu  li  et  li  sien  se  sacioient. 

LtL  terre  et  lo  offerte  de  Tautel  estoient  donné  a  lo  prestre 

de  lo  prince  ;  li  servicial  de  lo  monastier  estoient  à  son 

service  ;  et  lui  et  cil  qui  estoient  auvec  lui,  metoient  en 

^ice  de  luxure  li  jovene  qui  la  habitoient.  Toutes  les 

bestes  de  Tabbée  avoit  faites  soes,  et  li  frère  qui  la  estoient 

remez  estoient  consumés  de  toute  chetivité.  Et  quant  il 

estoient  a  lo  service  de  Dieu  non  lor  era  donné  a  mengier 

quant  il  venoient  a  refettoire  secont  Tusance,  mes  puiz 

que  li  ministre  de  lo  prince  avoient  mengié,  alor  estoit 

apprté  de  mengier.  Et  avoient  emplie  la  rocche  de  son 

diasteî  de  coses  de  vivre,  de  salmes,  de  divers  domps  et 

de  dras  de  lin.  Mes  puiz  vous  diroi-je  quel  fin  orent  ces 

chozes  mal  acquestées.  Et  en  ceste  office  avoient  eslit  un 

pervers  officiai  de  lo  monastier;  cestui  estoit  prélat  sur 

toute  la  poverté  de  li  servicialz  de  Dieu,  et  pour  ce  que 

cestui  estoit  molt  grant  maistre  de  lo  monastier.  Et  dist 

que  corne  estoit  lo  seignor  ensi  dévoient  li  serf  (i). 


(x)  Léo  de*  Marsi  a  raconté  avec  des  détails  plus  précis  que  ceux 
qui  nous  sont  fournis  par  Aimé  cette  persécution  de  Pandulfe  IV 
de  Capoue  contre  le  Mont-Cassîn;  Chronicon  Casin,,  II,  56-63. 
Didier  en  parle  aussi  dans  ses  Dialogues,  niais  plus  succinctement  : 


44 

Cap.  35.  Et  li  vaillant  abbé  non  soustenant  la  ver- 
goingne  del  saint  monastier,  s^en  ala  a  la  marche  a  lo 
monastier  de  Saint-Liberator  (  i  )  ;  et  li  conte  de  celle 
terre  lui  fist  grant  honor.  Et  tuit  li  gentil  bonne  lui 
obeissoient  comme  a  pere,  et  li  autre  cornent  a  seignor;  et 
pour  ce  qu^il  ala  là,  fist  coment  comanda  nostre  Seignor, 
qui  dist  :  «  Se  vouz  se  chaciez  d^une  cité,  foiez  en 
Tautre  (2)  »  :  et  que  fist  ce  que  Dieu  avoit  mandé,  ot  ce 
que  Dieu  avoit  promis;  quar  alla  sans  burse  et  sac  et  nulle 
cose  non  lui  manca,  quar  vivoit  avec  Dieu  et  li  frère  qui 
estoient  en  sa  cure,  quar  non  les  pooit  veoir  par  fitce  les 
consolloit  par  letre  molt  sovent,  et  les  esmovoit  à  lo  ser- 
vice de  Dieu.  Et  puiz  aucun  an  fu  mort  Pabbé,  et  molt 
en  furent  triste  sa  gent  et  sez  frères.  Et  Pandulfe  en  fu 
molt  alegre  et  joiouz,  quar  se  creoit  que  fust  finie  toute 
la  malice  qu'il  avoit  fait  a  lo  monastier  et  en  autre 
part  (3). 

Cap.  36.  Mes  a  ce  que  sa  perversité  et  malvaistié 
parisse  que  fust  sanz  colpe,  et  non  avisse  vergoingne  a  ce 
que  lo  monastier  de  mont  de  Cassin  non  remanist  sanz 
abbé,  loquelle  monastier  estoit  chief  de  tout  li  autre 


VicTORis  PAP4£  dialogi,  1.  II,  dans  Migne,  Patro.  lai,,  t  149, 
col.  675. 

(i)  Ce  fut  après  avoir  enduré,  pendant  quatre  ans,  à  Capoue,  la 
tyrannie  de  Pandulfe  IV,  que  Théobald,  abbé  du  Mont-Caistn,  par* 
vint  à  se  réfugier  dans  ce  monastère  :  «  In  Marchiam  est  profectus, 
écrit  Léo  de*  Marsi,  ubi  in  pnedicto  monasterio  sancti  Libentom, 
in  quo  prius  prspositus  fuerat,  pcr  quinque  circiter  annos  uique  ad 
obitum  est  honestissime  conversatus.  >  Chronicon  Casin,,  II,  58. 

(a)  S.  Matthieu,  X,  23. 

(3)  «  Praefatus  autem  abbas  senex  (Theobaldus)  jam  et  pleout 
dierum  apud  supradictum  Sancti  Liberatoris  monasterium  defunctut 
est,  3  nonas  Junii  (en  io36).  >  Chron.  Cos.,  II,  61. 


45 

abbaïes,  si  voloit  faire  une  abbé  par  sa  volenté  et  par  son 
commandement.  Et  adont  fu  fait  abbé  cellui  Basilie, 
dont  nous  avons  devant  parlé,  de  cest  saint  monastier.  Et 
tant  estoit  cestui  abbé  presié  cornent  sMl  fust  droit  et  vraiz 
abbé.  Et  quant  venoit  la  feste  sollempnei  de  Capue,  là 
ou  habitoit  a  lo  monastier  et  par  tout  li  confin  de  saint 
Benedit,  non  estoient  données  le  cosez  neccessaires,  ne 
erent  servit  ceaux  qui  aloient  avec  lui  (i  ). 

Cap.  37.  Et  autresi  encontinent  abbaissa  lo  religiouz 
Ylaire,  abbé  de  Saint- Vincent  martyre,  et  ensi  se  glorifia 
li  pervers  prince  a  ce  que  Dieu  lui  meist  iniquité  sur 
iniquité  (2).  Mes  ce  qu'il  cerca  trovera.  Cestui  archipape, 
c^est  sur-pape,  laquel  choze  non  est  licite  de  dire,  se 
hauça  tant  qui  paroît  qu'il  deust  sallir  supre  la  poesté  del 
ciel,  quar  fist  molt  piz.  Lo  filz  soe  bastart,  ioquel  se 
clamoit  Eldeprande,  fist  clerc,  liquel  estoit  usé  de  fait  de 
chevalerie  ;  et  lo  archevesque  de  Capue,  home  religiouz, 
loque!  se  clamoit  Adinulfe,  mist  en  prison  o  li  fer  as  pies 
et  as  mains  fortement. 

Cap.  38.  En  cellui  jor  que  li  Redemptor  de  lo  monde 
rachata  la  humane  génération  et  exulta  la  char,  laquelle 


(i)  Sur  Télection  simoniaque  de  ce  Basile  comme  abbé  du  Mont- 
Casiin,  cf.  Léo  de*  Marsi,  Chron,  Cas»  y  II,  61  ;  Léo  termine  son 
récit  par  cette  phrase  caractéristique,  au  sujet  du  nouvel  abbé  : 
«  praebito  prius  suis  manibus  satis  turpiter  principi  sacramento,  ut 
ultra  viginti  solidos  per  annum  de  rébus  monasterii  omnibus  ei  tra- 
ditis  nil  retineret.  » 

(a)  La  Chronicon  Vultumeuse  (Muratori,  R.  I.  SS.,  t.  I,  Pars  II, 
col.  5 1 2),  rapporte  en  détail  cette  attaque  de  Pandulfe  IV  contre  le 
monastère  de  S.  Vincent  sur  le  Vultume  et  la  délivrance  du  cou- 
vent par  le  comte  Rainulfe  et  ses  Normands,  envoyés  par  Guaimar  III, 
de  Salerne. 


i6 

il  avoit  prise  en  la  Virge  Marie,  sur  li  angele,  c^est  en  lo 
jor  de  rAscension.  H  dyable  dona  conseill  a  Pandufe. 
Son  devant  dist  rilz  Heldeprande  fist  eslire  et  fu  fait 
archevesque,  liquel  avoit  tait  clerc,  et  fist  chanter  cornent 
il  est  usance  une  hymne,  laquelle  se  commence  Te  Deum 
laudamus;  et  la  compaignie  perverse  molt  en  ot  grant 
joie,  et  li  peccorel  de  Dieu  en  furent  dolent.  Et  fu  mis  en 
lo  siège  et  en  io  trône  de  lo  archevesqae.  Li  archevesque. 
liq  jcl  estoît  en  prison,  est  dezlîez  des  fers  qu^il  tenoit,  et 
fu  trait  hors  :  et  filz  de  Pandelphe  vit  en  lo  siège,  et  lo 
père  stant  devant  la  tribunal  justice  de  lo  djrable.  Lo 
archevesque  lui  cstoit  devant  a  genolz,  et  atendi  li  juge^ 
ment  o  grant  paor  :  et  lui  fii  commandé  qu'ail  lui  donnast 
Tanel  et  la  croce  et  puiz  lui  baisast  li  dui  pié.  Et  Tultime 
fu  remené  en  la  prison  (  i  j. 

Cap.  39.  Et  puiz  la  rage  de  fortissime  loupe  se  mostra 
a  ceaux  de  la  cité,  et  estraingnoit  les  dens  corne  home 
esragié  ;  et  quant  li  home,  quant  li  famé  faisoit  prendre; 
et  ensi  estoit  li  pueple  tormenté  de  prison  et  de  neccessité 
sanz  fin.  Non  ooit  prédication  de  prestre,  et  avoit  close 
Torelle  pour  non  oîr  la  parole  de  TEvangile,  com  lo 


(i)  Sur  les  deux  archevêques  de  Capoue,  Adénulfeet  Hilldebrind 
(FKleprande),  vuyez  les  notices  d*Ughelli,  ïtalia  sacra,  t.  VI, 
Kofn;£,  1659,  col.  393  sqq.  Aimé  est  seul  à  parler  de  ces  méfUts 
de  Pandulfe  :  il  n*est  donc  pas  possible  de  contrôler  ses  données  sur 
ce  point  ;  VAnonymus  Casinensis  écrit  cependant^  ad,  an,  io38  : 
«  Chuonradus  imperator  ingressus  est  Capuam,  Adenulfut  episcoput 
rcconciliatur,  Pandulfus  princeps  exîliatur.  »  Muratom,  R.  I.  SS.,  V, 
p.  I  ii).  Il  ne  semble  pas  que  les  débuts  de  la  cicricature  de  Hilde- 
branJ,  fils  naturel  de  Pandulfe,  aient  été  aussi  mauvais  que  le  pré- 
tend Aimé,  puisque,  comme  nous  le  verrons,  ce  même  Hfldcbnnd 
fut  plus  tard  accepté,  après  examen,  par  Léon  IX  et  ses  successeurs, 
comme  archevêque  de  Capoue. 


47 

aspide  sort  pour  non  oïr  la  voiz  de  cellui  qui  Pencante. 
El  en  toutes  manières  mostrason  iniquité;  et  mut  guerre 
contre  li  parent  soe,  quar  queroit  de  cachier  de  Tonor  de 
Bonivent  son  coingnat,  et  lo  frère  de  celui  qui  Tavoit  mis 
en  hautesce.  Mes  quant  Dieu  est  avec  Tome,  nul  non  lui 
puet  nuire  ne  mal  faire  (i). 

Cap.  40.  Puiz  cesie  chose,  cestui  malvaiz  home,  lo 
prince  de  Capue,  Pandulfe,  chaza  Sierge,  maistre  de  la 
chevalerie  de  la  cité  soe.  Et  la  grant  cité  de  Naple  o  Paide 
de  cens  de  la  cité  mist  souz  sa  poeste  [2).  Mes  petit  de 
temps  cestui  maistre  de  la  chevalerie  honorablement, 
rentra  en  sa  cité.  Et  a  ce  que  non  lui  peust  mal  faire  la 
malice  de  cestui  Pandulfe,  ala  a  Ranolfe  home  aorné  de 
toutes  vertus  qui  covenent  a  chevalier,  et  lui  dona  sa 
soror  por  moillier,  laquelle  novellement  estoit  faite  vidue 


(x)  Annales  Beneventani,  ad  an.  io36  :  «  Anno  a5  domni  Pan- 
dolfi  et  Pandolfus  Capuanus  Beneventum  obsedit  mense  Augusto.  m 

(2)  Aimé  se  trompe  en  plaçant  la  prise  de  Naples  par  Pandulfe  IV 
de  Capoue  après  le  siège  de  Bénévent  par  ce  même  prince  ;  nous 
avons  vu  que  ce  siège  est  de  io36,  tandis  que  Pandulfe  prit  Naples 
dès  X027  ;  VAnonymus  Casinensis  porte  :  «  An.  1027,  idem  Pan- 
dolfus princeps  ingressus  est  Neapolim  et  optinuit  eam  anno  uno  et 
mensibus  quinque.  »  Dans  la  première  rédaction  de  sa  chronique, 
Leo  dk*  Maksi,  d'accord  avec  VAnonymus  Casinensis ,  avait  écrit  : 
«  Anno  uno  et  mensibus  quioque.  »  Dans  ses  Monumenta  ad 
Neapolitani  ducatus  historiam  pertinentia,  I,  p.  i3i,  B.  Capasso 
cite  diverses  chartes,  rédigées  pendant  que  Pandulfe  IV  était  duc  de 
Naples,  deux  chartes  extraites  de  la  Chronicon  Vultumeuse,  elles 
portent  Tune  et  Tautre  :  «  Primo  anno  ducatus  Neapolttanorum 
ipsorum  gloriosorum  principum  »  (les  deux  Pandul/e  père  et  fils, 
princes  de  Capoue);  une  charte  du  Mont-Cassin,  insérée  par  Gattola, 
Accessiones  ad  histor.  Cassin.,  p.  x32,  et  ainsi  datée  :  «  Secundo 
anno  ducatus  Neapolttanorum  ipsorum  gloriosorum  principum  (les 
Pandulfe  de  Capoue).  » 


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«.titf*^  7./.  ••:««:itr!rit  fic>i  V.rrzîiaiTiir'iar  IjTinBn^  acrxetiCBA 
t-rtii.     •    Kl    '  '.  :<-     -    7    mi'    D'-iai  vjiiç  as   ^ 

•  uf^tUut:!'*  A  i^tii    '^«x  t  f«:  :rs:siA3£  fi.  it  :i:fiL  ^~A 

«••«.•.-*  '  rv.  .  '.c^'.utr  ptr  ^  q=  t£i£  i^tl::  AÀmir  se  riycnr  Aimé 
t  tjv^  c?  {/.vrt  I:,  :*',  k'.^T  =:ksts  szr  ce  pôat.  D  ctt  vnî 
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•  îl  \.  %','.,  l'*s.  Uk,  i'ir£voftT.  I'«r  Fomtomif  O.  Mnl  entend  sans 
<://>j«^  }'  4  .f«':i^tfj<:t  rr«a;»  comm^  Léon  IX  a  été  p>pe  de  1048  à  1054, 
'/f«  r'/)t  '|i;<:  '<:  <.hrorâ'|«jeur  ftc  trompe  d'au  moins  Jîx-huit  ans,  tou- 
'ti^f.i  li  '41'-  'le  b  f'.ri'latiort  î'Aversa. 


49 

dolent  de  la  mort  de  la  dame.  Mes  plus  en  est  triste  lo 
maistre  de  la  milicie,  mes  Pandulfe  en  fu  alegre  et  joiant, 
quar  cherca  la  division  et  Panimistié  de  ces  .i).  amis. 

Cap^  42.  Cestui  prince  Pandulfe  manda  messages  a  lo 
conte  Raydolfe,  qu^il  desirroit  molt  a  parler  a  lui,  et 
lo  parlement  fu  qu'il  lui  voloit  donner  une  parente  soe 
pour  moillier.  Et  ensi  déterminèrent. 

Cap.  43.  Le  conte  prist  por  moillier  la  fille  de  lo 
patriciede  Umalfe  (i),  laquelle  estoit  nièce  de  lo  prince 
Pandulfe,  quar  la  moillier  de  lo  patricie  estoit  seror  a  lo 
prince.  Et  ensi  l'alegrece  de  lo  maistre  de  la  chevalerie  de 
Naple  torna  en  plor,  et  li  cânt  de  lo  prince  de  Capue  se 
exaltoient  ;  kar  la  cité  laquelle  avoit  faite  lo  maistre  de  la 
chevalerie  en  sa  terre,  estoit  en  la  servitude  de  lo  prince 
son  anemi.  Lo  maistre  de  la  chevalerie  fu  malade,  et  dui 
foiz  fu  fait  moinne,  et  puiz  fu  mort  (2). 

Explicit  liber  primus. 


(i)  La  fille  du  patrice  d'Amalfi. 

(a)  B.  Capasso  rapporte,  comme  il  suit,  la  fin  de  Serge,  duc  de 
Naples  :  «  In  monasterio  S.  Salvatoris  in  insulta  maris  monachum 
induit.  Id  inter  an.  io33et  io36  evenisse  ex  docu mentis  erui  potest; 
nam  in  a.  io33  diploma  dat  cum  filio  Johanne,  et  in  a.  io36  jam 
monachus  dicitur.  Postea  iterum  imperium  adsumsisse  videtur  nam, 
praeterquam  quod  Amatus  bis  monachum  eum  fuisse  dicit,  in 
diplomate  supra  laudato  anni  io36,  Sergius  nepos  ejus  Constantin 
nopolim  profectus  esset,  sub  tutcla  Sergii  avii  sui,  olim  ducis,  tune 
monachi,  privilegium  concedit  monasterio  S.  Salvatoris  in  insula 
maris.  Cum  autem  anno  deinde  io38  Johannem  solum  ducem  invc- 
niam,  aut  Sergium  tune  in  monasterium  reversum  rursus  fuisse, 
aut  mortem  obiisse  dicendum  est.  Certe  documentum  anni  1044 
eum  jam  mortuum  fuisse  aperte  testatur.  »  Monumenta,  etc., 
p.  i3a  sq. 

4 


a  COMENT  LI  CAPITULE  DE  LO  SECONT  LIVRE. 


Cap.  I.  Cornent  lo  temps  s'aproxîma  de  rendre  a  Pandulfe 
prince  de  Capue  ce  qu'il  avoit  deservî. 

Cap.  2.  Cornent  mort  Guaymario  et  succedi  a  lui  Guay- 
marie  son  fîlz  et  fist  pacce  auvec  lo  prince  Pandulfe. 

Cap.  3.  Come  la  famé  de  Guaymarie  vint  a  lo  impeor 
Corrade.  Cornent  lo  impeor  fist  abbé  de  mont  de  Cassin 
Riccherie,  et  Pandulfe  foy  a  Sainte-Agatha.  . 

Cap.  4.  Coment  Guaymarie  fu  fait  prince  de  Capue  et  de 
Salerne  et  conferma  Raynolfe  et  restitui  en  Tarcheveschié 
Adenulfe. 

Cap.  5.  Coment  Amelfe  et  Sorrente  furent  conjoint  a  Guay- 
marie. Coment  Guillerme,  par  commandement  de  Guaymarie, 
o  troiz  cent  Normant  contre  li  Grex. 
^   Gap.  6.  Coment  lo  cors  de  sainte  Lucie  fu  trouvé. 

Cap.  7.  Coment  Moniaco  vint  pour  estre  imperepur  et  li 
Sarraziz  récupérant  la  terre. 

Cap.  8.  Coment  de  lo  grain  et  de  la  farine  de  Pandulfe  fu 
fait  cendre. 

Cap.  9.  Coment  Pandulfe  foy  a  Tempereour  de  Costenti- 
noble  et  Tempereor  lo  manda  en  exill. 

Cap.  10.  Coment  Theodine  fu  restitué  en  son  premier 
estât. 


52 

Cap.  1 1.  Cornent  un  qui  se  clamoit  Arduine  fut  battut  tout 
nude  de  li  Grex. 

Cap.  12.  Cornent  fut  vainchue  Sicile  et  retomercnt  la 
gent  et  puiz  fu  occis  Monialie  et  fu  mis  en  son  lieu 
Dueliane. 

Cap.  i3.  Cornent  se  porta  Arduyne  et  pouix  en  porta 
Tonnor. 

Cap.  14.  Cornent  se  mostra  de  vouloir  aler  a  Rome  et  vint 
ad  Averse. 

Cap.  i5.  Cornent  Raynolfe  manda  avec  Arduyne  .xi). 
pari. 

Cap.  16.  Cornent  fu  prise  Melfe,  a  laquelle  cité  chevau- 
chèrent li  Normant,  et  cornent  il  mandèrent  lo  légat  a  lo 
impeor. 

Cap.  17.  Cornent  li  impeor  manda  contre  li  Normant  et 
furent  de  li  Normant  veinchut  la  gent  de  l'impereor. 

Cai>.  18.  Cornent  muée  la  dignité  de  estre  auguste. 

Cap.  19.  Cornent  li  Normant  pristrent  molt  de  compain- 
gnons  o  dons. 

Cap.  20.  Cornent  en  la  bataille  de  li  Normant  et  de  li  Grex 
fu  pris  Tempeor  ou  auguste. 

Cap.  21.  Coment  Athenulfe  puiz  qu'il  fu  auguste  ala  à 
Bonivent. 

Cap.  22.  Coment  li  Normant  firent  lor  prince  Agyre  et 
puiz  non  lo  volirent. 

Cap.  23.  Coment  fu  fait  lor  conte  Guillerme  et  Guaymarie 
et  Raynulfe  judice. 

Cap.  24.  Coment  daine  a  Raynorlfe  Sipont  et  Mont  de 
Gargane. 

Cap.  25.  Coment  partirent  la  terre.  Coment  Raynulfe  fu 
fait  dux  de  Gayte  et  puiz  sa  mort  fu  eslit  conte  Asclicien. 

Cap.  2G.  Coment  puiz  la  mort  Asclicien,  Raulfe  fîi  fidt 
conte  de  Averse. 

Cap.  27.  Coment  Rodulfe  et  Hugo  furent  délivré  de  ia 
prison  Guaymarie. 

Cap.  28.  Corne  mort  le  conte  de  Puille,  subcedi  Drogo. 


55 

Cap.  29.  Cornent  fu  chacié  Raul,  et  Rodulfe  Trincanocte  fu 
fait  conte  de  Adverse  et  menachia  sur  Salerno. 

Cap.  3o.  Cornent  Raynulfe  fîst  cesser  Drago,  liquel  venott 
en  aide  de  Gyamario. 

Ci  finissent  li  capitule  de  lo  premier  livre  (i). 

(i)  n  faut  :  «  de  lo  second  liTre.  »  Le  sommaire  n'indique  que 
trente  chapitres  au  lirre  second,  tandis  qu'en  réalité  il  en  a  quarante» 
cinq;  les  trente  premiers  chapitres  du  texte  ne  coïncident  pas  non 
plus  avec  les  numéros  correspondants  du  sommaire. 


54 


COMMENCE  LO  SECONT  LIVRE. 


Cap.  I.  Li  temps  estoit  ja  aprocié  que  la  malice  de 
Pandulfe  devoit  estre  punie,  et  que  fust  fait  en  lui  ce  que 
Dieu  dist  ;  car  nostre  Seignor  Jeshucrist  si  dist  en  TEvan- 
gile  :  «  De  celle  mesure  que  vouz  mesurés  a  autre  sera 
mesuré  a  vouz  (i)  ;  >  et  lo  Evangile  non  doit  mentir. 

Cap.  2.  Puiz  la  mon  au  grant  Guaymarie  subcedi  a  li 
Guamerie  son  filz,  loquel  Guaymarie  estoit  prince  de  la 
cité  de  Salerne  (2).  Cestui  Gamérie  son  fillz  estoit  plus 
vaillant  que  lo  père  et  plus  libéral  et  cortoiz  a  donner, 
liquel  estoit  aorné  de  toutes  les  vertus  que  home  seculer 
doit  avoir,  fors  de  tant  que  molt  se  delictoit  de  avoir 
molt  de  famés.  Cestui  avoi  fait  convenances  avec  Pan- 
dulfe son  oncle,  et  se  entreamoient  ensemble;  cestui 
cstoient  d^une  volenté,  et  par  commun  conseill  dispo- 
noient  lor  possessions. 

(r)  «  In  qua  mensura  mcnsi  fueritis  rcmctictur  vobit.  »  S.  Makc, 
IV,  24. 

(2)  Guaimar  111  dut  quitter  le  pouvoir  en  1027,  à  la  suite  d'un 
soulèvement  de  la  ville  de  Salerne  et  eut  pour  successeur  son  fils 
Guaimar  IV,  déjà  associé  au  pouvoir  depuis  le  mots  de  novembre 
1018.  Gaitclgrima^  femme  de  Guaimar  III^  et  mère  de  Guaimar  IV, 
gouverna  quelques  mois  avec  son  fils.  Cf.  Codex  diplomaticus 
CavensiSf  tabula  chronologica,  t.  1,  p.  iv  ;  voyez  aussi,  t.  V,  p.  six 
et  i3o. 


i  ss 

Cap.  3.  Mes  que  non  amoient  Dieu  equalement» 
nasqui  entre  eaux  dissention  et  brigue.  La  soror  de  la 
moillier  de  Guaymere  estoit  moillierdel  dux  de  Sorrente, 
et  lu  duc  de  Sorrente  Tavoit  chacié,  et  Pandulfe  assaia  a 
avoir  a  faire  carnalment  avec  la  fille  de  celle  dame  moil- 
lier del  duc  de  Sorrente  ;  dont  Guaimere  se  corroda  et 
appareilla  de  revengier  son  infâme.  Et  traist  forslo  avoir, 
demostra  li  cheval,  et  espandi  divers  pailles,  et  clama  li 
Normant  à  ces  domps.  Et  li  Normant  non  furent  lent, 
eorurent  et  pristrent  les  domps,  et  haucèrent  lo  seignorie 
sur  touz  li  princes  ( i  ). 

Cap.  4.  De  toutes  pars  sonne  lo  nom  de  Guaymere  et 
vint  a  Corrat  I2]  impereor,  loquel  subcedia  Henri,  come 
Guamarie  o  grant  compaingnie  de  bons  chevaliers  res- 
plendissoit  en  Ytalie,  Corrat  empereour  manda  par  mes- 
sages avant  a  Guaymere  comment  il  venoit  en  Ytalie. 

Cap.  5.  Et  quant  li  emperor  fu  venus  en  Ytalie,  il 
monta  a  mont  de  Cassin  ;  et  Basilie,  liquel  estoit  injuste- 
ment ordené  abblé,  si  foy.  Et  lo  impeor  toutes  les  coses 
que  avoit  prises  Pandulfe  restitui  a  lo  monastier,  et  favo- 
rablement a  la  pétition  de  li  frère  lor  dona  pour  abbé 

(])  Après  avoir  parlé  de  Tarrivée  en  Italie  des  trois  fils  aînés  de 
Tancrède  de  Hauteville,  Guillaume  Bras-de-Fer,  Drogo  et  Humfroy, 
G.  Malaterra,  I,  6,  dit  qu'ils  furent  quelque  temps  au  service  de 
Pandulfe  IV  de  Capoue  et  qu*ils  se  mirent  ensuite  à  la  solde  de 
Guaimar  IV  de  Salerne,  puis  il  écrit  :  «  Salernitani  passim  injurias 
principis  ulciscentes,  indefessi  idem  facere  adiverunt  (id  est  :  filii 
Tancredi)  intantumque  rebellantes  antea  principi  compescuerunt  ut 
omnia  circumquaque  se  pacata  silerent.  »  11  semblera.!  que  Mala- 
terra  fiEÛt,  dans  ce  passage,  allusion  à  l'expédition  contre  Pandulfe  IV 
de  Capoue. 

(a)  Conrad  lé  Salique,  roi  de  Germanie  et  empereur  depuis  le 
a6  mars  1027. 


46 

il  avoit  prise  en  la  Virge  Marie,  sur  li  angele,  c^est  en  lo 
jor  de  TAscension,  li  dyable  dona  conseill  a  Pandufe. 
Son  devant  dist  tilz  Heldeprande  fist  eslire  et  fu  foit 
archevesque,  liquel  avoit  fait  clerc,  et  fist  chanter  cornent 
il  est  usance  une  hymne,  laquelle  se  commence  Te  Deum 
laudamus;  et  la  compaignie  perverse  molt  en  otgrant 
joie,  et  li  peccorel  de  Dieu  en  furent  dolent.  Et  fu  mis  en 
lo  siège  et  en  lo  trône  de  lo  archevesque.  Li  archevesque, 
liquel  estoit  en  prison,  est  dezliez  des  fers  qu'il  tenoît,  et 
fu  irait  hors  ;  et  filz  de  Pandelphe  vit  en  lo  siège,  et  lo 
père  stant  devant  la  tribunal  justice  de  lo  dyable.  Lo 
archevesque  lui  estoit  devant  a  genolz,  et  atendi  li  juge^ 
ment  o  grant  paor  ;  et  lui  fu  commandé  qu^il  lui  donnast 
Tanel  et  la  croce  et  puiz  lui  baisast  li  dui  pié.  Et  Tultime 
fu  remené  en  la  prison  (  i  ). 

Cap.  Sq.  Et  puiz  la  rage  de  fortissime  loupe  se  mostra 
a  ceaux  de  la  cité,  et  estraingnoit  les  dens  corne  home 
esragié  ;  et  quant  li  home,  quant  li  famé  faisoit  prendre; 
et  ensi  estoit  li  pueple  tormenté  de  prison  et  de  neccessité 
sanz  fin.  Non  ooit  prédication  de  prestre,  et  avoit  close 
Torelle  pour  non  oïr  la  parole  de  TEvangile,  corn  lo 


(i)  Sur  les  deux  archevêques  de  Capouc,  Adénulfeet  Hilldebrand 
(KUleprande),  voyez  les  notices  d'Ughblli,  ïtalia  sacrai  t.  VI, 
Ronia^  i63g,  col.  M  sqq.  Aimé  est  seul  à  parler  de  ces  méftiu 
de  Pandulfe  :  il  n*est  donc  pas  possible  de  contrôler  set  données  sur 
ce  point  ;  VAnonymus  Casinensis  écrit  cependant,  ad,  on.  io38  : 
H  Chuonradus  imperator  ingressus  est  Capuam,  Adenulfus  epîscopus 
reconciliatur,  Pandulfus  princeps  exiliatur.  »  Muratow,  R.  I.  SS.,  V, 
p.  139.  11  ne  semble  pas  que  les  débuts  de  la  déricature  de  Hîlde- 
branJ,  fils  naturel  de  Pandulfe,  aient  été  aussi  mauvais  que  le  pré- 
tend Aimé,  puisque,  comme  nous  le  verrons,  ce  même  Hfldcbrand 
fut  plus  tard  accepté,  après  examen,  par  Léon  IX  et  ses  suaesseurs, 
comme  archevêque  de  Capoue. 


47 

aspide  sort  pour  non  oïr  la  voiz  de  cellui  qui  Pencante. 
Et  en  toutes  manières  mostra  son  iniquité;  et  mut  guerre 
contre  li  parent  soe,  quar  queroit  de  cachier  de  Tonor  de 
Bonivent  son  coingnat,  et  lo  frère  de  celui  qui  Pavoit  mis 
en  hautesce.  Mes  quant  Dieu  est  avec  Tome,  nul  non  lui 
puet  nuire  ne  mal  faire  (i). 

Cap.  40.  Puiz  ceste  chose,  cestui  malvaiz  home,  lo 
prince  de  Capue,  Pandulfe,  cbaza  Sierge,  maistre  de  la 
chevalerie  de  la  cité  soe.  Et  la  grant  cité  de  Naple  o  Paide 
de  ceus  de  la  cité  mist  souz  sa  poeste  (2).  Mes  petit  de 
temps  cestui  maistre  de  la  chevalerie  honorablement^ 
rentra  en  sa  cité.  Et  a  ce  que  non  lui  peust  mal  faire  la 
malice  de  cestui  Pandulfe,  ala  a  Ranolfe  home  aorné  de 
toutes  vertus  qui  covenent  a  chevalier,  et  lui  dona  sa 
soror  por  moillier,  laquelle  novellement  estoit  faite  vidue 


(i)  Annales  Beneventani,  ad  an.  io36  :  «  Anno  a5  domni  Pan- 
dolfi  et  Pandolflis  Capuanus  Beneventum  obsedit  mense  Âugusto.  >• 

(2)  Aimé  se  trompe  en  plaçant  la  prise  de  Naples  par  Pandulfe  IV 
de  Capoue  après  le  siège  de  Bénévent  par  ce  même  prince;  nous 
avons  vu  que  ce  siège  est  de  xo36,  tandis  que  Pandulfe  prit  Naples 
dès  X027  ;  VAnonymus  Casinensis  porte  :  «  An.  1027,  idem  Pan- 
dolfus  princeps  ingressus  est  Neapolim  et  optinuit  eam  anno  uno  et 
mensibus  quinque.  »  Dans  la  première  rédaction  de  sa  chronique, 
Leo  de*  Maksi,  d'accord  avec  VAnonymus  Casinensis,  avait  écrit  : 
«  Anno  uno  et  mensibus  quinque.  >»  Dans  ses  Monumenta  ad 
Neapolitani  ducatus  historiam  pertinentia,  I,  p.  i3x,  B.  Capasso 
cite  diverses  chartes,  rédigées  pendant  que  Pandulfe  IV  était  duc  de 
Naples,  deux  chartes  extraites  de  la  Chronicon  Vultumeuse,  elles 
portent  Tune  et  l'autre  :  «  Primo  anno  ducatus  Neapolttanorum 
ipsonim  gloriosorum  principum  >»  (les  deux  Pandul/e  père  et  fils, 
princes  de  Capoue);  une  charte  du  Mont-Cassin,  insérée  par  Gattola, 
Accessiones  ad  histor.  Cassin.,  p.  i32,  et  ainsi  datée  :  «  Secundo 
anno  ducatus  Neapolitanorum  ipsorum  gloriosorum  principum  (les 
Pandulfe  de  Capoue).  » 


48 

par  la  mort  de  lo  conte  de  Gaîte,  et  lui  demanda  qu'il 
fust  contre  la  superbe  de  lo  prince  Pandulfe.  Et  pour 
reprendere  la  férocité  de  cest  anemi,  fist  Adverse  atornoier 
de  fossez  et  de  hautes  siepe,  et  une  part  ricchissime  de 
terre  de  Labor  lui  fu  donnée  que  lui  feist  tribut  ;  et  là  fist 
habiter  lo  coingnat  lo  conte  Raynolfe,  et  ceste  part 
d'Averse  tributaire  sont  molt  de  casai  qui  i  sont  (i). 

Cap.  41.  Li  honor  de  li  Normant  cressoit  chascun  jor, 
et  li  chevalier  fortissime  multiplioient  chascun  jor.  Et  a 
pêne  pooit  Pandulfe  restrendre  ne  contrester  a  lo  pooir 
lor,  anchoiz  prenoit  li  autrui.  Mes  une  choze  entrevint 
que  la  moillier  de  Ranolfe  vint  à  mort,  de  là  dont  la  con- 
corde de  la  paiz   non  fu  ferme,  et  molt  fu  Raynolfe 


f 

(1)  Aversa,  ville  qui  compte  actuellement  a  1,000  habitants,  au 
nord  et  à  une  faible  distance  de  Naples.  Aversa  et  la  plaine  qui 
l'entoure  méritent  encore  la  riante  description  que  Guillaume  de 
Fouille  en  faisait  au  xi*  siècle.  Une  charte  analysée  pa^  Di  Mao^ 
Annal  i  del  regno  di  Napoli,  t.  VII,  p.  3ia,  établit  qu'Amena  a  été 
fondée  en  i  o3o  ;  cette  charte  est  datée  :  «  Anno  ML,  régnante  vener. 
viro  Henrico  Teutonia  tertius  Augustus,  sub  ejus  tempofe  )am  oUm 
anno  XX  résidente  gens  Normannorum  Liguriam,  per  urbem  Ayct- 
sam.  M  En  io5o,  il  y  avait  donc  vingt,  ans  que  les  Nonnandt 
habitaient  Aversa.  On  s*est  demandé  si  le  nom  d' A  versa  n'avait  pu 
été  donné  par  les  Normands  à  leur  nouvelle  fondation  et  s'ils 
avaient  voulu  indiquer  par  là  qu^elle  serait  adverse  de  Capoue.  Aimé 
et  Léo  de'  Marsi,  H,  56,  sont  muets  sur  ce  point.  Il  est  vni 
qu'OnDéaic  Vital  dit,  en  parlant  d' A  versa  :  «  Hcc  urbs,  tempore 
Leonis  papae  noni  a  Normannis  qui  primo  Apuliam  incoluerunt, 
constructa  est,  et  a  Romanis,  quia  ab  adversis  sibi  cietibus  cdifica- 
batur  Adversis  dicta  est.  »  O.  VrrAL,  Hist.  ecclesioMt.,  1.  IV,  i3, 
t.  II,  p.  a33,  éd.  Le  Prévost.  Par  Romani,  O.  Vital  entend  sans 
doute  les  indigènes,  mais  comme  Léon  IX  a  été  pape  de  1048  à  1054, 
on  voit  que  ce  chroniqueur  se  trompe  d'au  moins  dix-huit  ans,  tou- 
chant la  date  de  la  fondation  «J'Aversa. 


49 

dolent  de  la  mort  de  la  dame.  Mes  plus  en  est  triste  lo 
maistre  de  la  milicie,  mes  Pandulfe  en  fu  alegre  et  joiant, 
quar  cherca  la  division  et  Tanimistié  de  ces  .ij.  amis. 

CaP;.  42.  Cestui  prince  Pandulfe  manda  messages  a  lo 
conte  Raydolfe,  qu'il  desirroit  molt  a  parler  a  lui,  et 
lo  parlement  fu  qu'il  lui  voloit  donner  une  parente  soe 
pour  moillier.  Et  ensi  déterminèrent. 

Cap.  43.  Le  conte  prist  por  moillier  la  fille  de  lo 
patriciede  Umalfe  (i),  laquelle  estoit  nièce  de  lo  prince 
Pandulfe,  quar  la  moillier  de  lo  patricie  estoit  seror  a  lo 
prince.  Et  ensi  l'alegrece  de  lo  maistre  de  la  chevalerie  de 
Naple  torna  en  plor,  et  li  cànt  de  lo  prince  de  Capue  se 
exaltoient  ;  kar  la  cité  laquelle  avoit  faite  lo  maistre  de  la 
chevalerie  en  sa  terre^  estoit  en  la  servitude  de  lo  prince 
son  anemi.  Lo  maistre  de  la  chevalerie  fu  malade,  et  dui 
foiz  fu  fait  moinne,  et  puiz  fu  mort  (2). 

Explicit  liber  primus. 


(i)  La  fille  du  patrice  d'Âmalfi. 

(2)  B.  Capasso  rapporte,  comme  il  suit,  la  fin  de  Serge,  duc  de 
Naples  :  «  In  monasterio  S.  Salvatoris  in  insulta  maris  monachum 
induit.  Id  inter  an.  io33  et  io36  evenisse  ex  documentis  erui  potest; 
nam  In  a.  io33  diploma  dat  cum  filio  Johanne,  et  in  a.  io36  jam 
monachus  dicitur.  Postea  iterum  imperium  adsumsisse  videtur  nam, 
prsterquam  quod  Amatus  bis  monachum  eum  fuisse  dicit,  in 
diplomate  supra  laudato  anni  io36,  Sergius  nepos  ejus  Constanti- 
nopolim  profectus  esset,  sub  tutela  Sergii  avii  sui,  olim  ducis,  tune 
monachi,  privilegium  concedit  monasterio  S.  Salvatoris  in  insuia 
maris.  Cum  autem  anno  deinde  io38  Johannem  solum  ducem  invc- 
niam,  aut  Sergium  tune  in  monasterium  reversum  rursus  fuisse, 
aut  mortem  obiisse  dicendum  est.  Certe  documentum  anni  1044 
eum  jam  mortuum  fuisse  aperte  testatur.  »  Monumenta,  etc., 
p.  i32  sq. 

4 


CI  COMENT  LI  CAPITULE  DE  LO  SECONT  LIVRE. 


r-  ' 


Cap.  I .  Cornent  lô  temps  s'aproxima  de  rendre  a  Pandulfe 
prince  de  Capue  ce  qu'il  avoit  deservi. 

Cap.  2.  Cornent  mort  Guaymario  et  succedi  a  lui  Guay- 
marie  son  fik  et  fîst  pacce  auvec  lo  prince  Pandulfe. 

Cap.  3.  Come  la  famé  de  Guaymarie  vint  a  lo  impeor 
Corrade.  Cornent  lo  impeor  fîst  abbé  de  mont  de  Cassin 
Riccherie,  et  Pandulfe  foy  a  Sainte- Agatha.  . 

Cap.  4.  Coment  Guaymarie  fu  fait  prince  de  Capue  et  de 
Salerne  et  conferma  Raynolfe  et  restitui  en  Tarcheveschié 
Adenulfe. 

Cap.  5.  Coment  Amelfe  et  Sorrente  furent  conjoint  a  Guay- 
marie. Coment  Guillerme,  par  commandement  de  Guaymarie, 
o  troiz  cent  Normant  contre  H  Grex. 
^   Cap.  6.  Coment  lo  cors  de  sainte  Lucie  fu  trouvé. 

Cap.  7.  Coment  Moniaco  vint  pour  estre  imperepur  et  li 
Sarraziz  récupérant  la  terre. 

Cap.  s.  Coment  de  lo  grain  et  de  la  farine  de  Pandulfe  fu 
feit  cendre. 

Cap.  9.  Coment  Pandulfe  foy  a  Tempereour  de  Costenti- 
noble  et  Tempereor  lo  manda  en  exill. 

Cap.  10.  Coment  Theodine  fu  restitué  en  son  premier 
estât. 


52 

Cap.  1 1 .  Cornent  un  qui  se  clamoit  Arduine  fut  battut  tout 
nude  de  li  Grex. 

Cap.  12.  Cornent  fut  vainchue  Sicile  et  retomerent  la 
gent  et  puiz  fu  occis  Manialie  et  fu  mis  en  son  lieu 
Dueliane. 

Cap.  i3.  Cornent  se  porta  Arduyne  et  pouix  en  porta 
Tonnor. 

Cap.  14.  Cornent  se  mostra  de  vouloir  aler  a  Rome  et  vint 
ad  Averse. 

Cap.  i5.  Coment  Raynolfe  manda  avec  Arduyne  .xi). 
pari. 

Cap.  16.  Coment  fu  prise  Melfe,  a  laquelle  cité  chevau- 
chèrent li  Normant,  et  coment  il  mandèrent  lo  légat  a  io 
impeor. 

Cap.  17.  Coment  li  impeor  manda  contre  li  Normant  et 
furent  de  li  Normant  veinchut  la  gent  de  l'impereor. 

Cap.  18.  Coment  muée  la  dignité  de  estre  auguste. 

Cap.  19.  Coment  li  Normant  pristrent  molt  de  compain- 
gnons  o  dons. 

Cap.  20.  Coment  en  la  bataille  de  li  Normant  et  de  li  Grex 
fu  pris  Tempeor  ou  auguste. 

Cap.  21.  Coment  Athenulfe  pulx  qu'il  fu  auguste  ala  à 
Bonivent. 

Cap.  22.  Coment  li  Normant  firent  lor  prince  Agyre  et 
puiz  non  lo  volirent. 

Cap.  23.  Coment  fu  fait  lor  conte  Guillerme  et  Guaymarie 
et  Raynulfe  judice. 

Cap.  24.  Coment  daine  a  Raynorlfe  Sipont  et  Mont  de 
Gargane. 

Cap.  25.  Coment  partirent  la  terre.  Coment  Raynulfe  fu 
fait  dux  de  Gayte  et  puiz  sa  mort  fu  eslit  conte  Asdicien. 

Cap.  2G.  Coment  puiz  la  mort  Asclicien,  Raulfe  fîi  ùâi 
conte  de  Averse. 

Cap.  27.  Coment  Rodulfe  et  Hugo  furent  délivré  de  la 
prison  Guaymarie. 

Cap.  28.  Come  mort  le  conte  de  Puille,  subcedi  Drogo. 


55 

Cap.  29.  Cornent  fu  chacié  Raul,  et  Rodulfe  Trincanocte  fu 
fait  conte  de  Adverse  et  menachia  sur  Salerno. 

Cap.  3o.  Cornent  Raynulfe  Bst  cesser  Drago,  liquel  venoit 
en  aide  de  Gyamario. 

Ci  finissent  H  capitule  de  lo  premier  livre  (i). 

(i)  Il  faut  :  A  de  lo  second  lirre.  »  Le  sommaire  n'indique  que 
trente  chapitres  au  lirre  second,  tandis  qu*en  réalité  il  en  a  quarante- 
cinq;  les  trente  premiers  chapitres  du  texte  ne  coïncident  pas  non 
plus  avec  les  numéros  correspondants  du  sommaire. 


54 


COMMENCE  LO  SECONT  UVRE. 


Cap.  I.  Li  temps  estoit  ja  aprocié  que  la  malice  de 
Pandulfe  devoit  estre  punie,  et  que  fust  fait  en  lui  ce  que 
Dieu  dist  ;  car  nostre  Seignor  Jeshucrist  si  dist  en  TEvan- 
gile  :  «  De  celle  mesure  que  vouz  mesurés  a  autre  sera 
mesuré  a  vouz  (i)  ;  >  et  lo  Evangile  non  doit  mentir. 

Cap.  2.  Puiz  la  mort  au  grant  Guaymarie  subcedi  a  li 
Guamerie  son  filz,  loquel  Guaymarie  estoit  prince  de  la 
cite  de  Salerne  (2).  Cestui  Gamérie  son  fillz  estoit  plus 
vaillant  que  lo  père  et  plus  libéral  et  cortoiz  a  donner, 
liquel  estoit  aorné  de  toutes  les  vertus  que  home  seculer 
doit  avoir,  fors  de  tant  que  molt  se  delictoit  de  avoir 
molt  de  famés.  Cestui  avoi  fait  convenances  avec  Pan- 
dulfe son  oncle,  et  se  entreamoient  ensemble;  cestui 
estoient  d'une  volenté,  et  par  commun  conseill  dispo- 
noient  lor  possessions. 

(r)  «  In  qua  mensura  mcnsi  fueritîs  rcmctictur  vobit.  »  S.  Marc, 
IV,  24. 

(2)  Guaimar  111  dut  quitter  le  pouvoir  en  1027,  à  la  suite  d*un 
soulcvemcnt  de  la  ville  de  Salerne  et  eut  pour  successeur  son  fils 
Guaimar  IV,  déjà  associé  au  pouvoir  depuis  le  mois  de  novembre 
10 18.  Gaitclgrimn,  femme  de  Guaimar  lll^  et  mure  de  Guaimar  IV, 
gouverna  quelques  mois  avec  son  fils.  Cf.  Codex  diplomaticus 
CavensiSt  tabula  chronologicay  t.  1,  p.  iv  ;  voyez  aussi,  t.  V,  p.  six 
et  i3o. 


V  SS 

Cap.  3.  Mes  que  non  amoient  Dieu  equalement, 
nasqui  entre  eaux  dissention  et  brigue.  La  soror  de  la 
moillier  de  Guaymere  estoit  moillierdelduxde  Sorrente, 
et  lu  duc  de  Sorrente  Pavoit  chacié,  et  Pandulfe  assaia  a 
avoir  a  faire  camalment  avec  la  fille  de  celle  dame  moil- 
lier del  duc  de  Sorrente  ;  dont  Guaimere  se  corroda  et 
appareilla  de  revengier  son  infâme.  Et  traist  forslo  avoir, 
demostra  li  cheval,  et  espandi  divers  pailles,  et  clama  li 
Normant  à  ces  domps.  Et  li  Normant  non  furent  lent, 
eorurent  et  pristrent  les  domps,  et  haucèrent  lo  seignorie 
sur  touz  li  princes  ( i ). 

Cap.  4.  De  toutes  pars  sonne  lo  nom  de  Guaymere  et 
vint  a  Corrat  I2]  impereor,  loquel  subcedia  Henri,  corne 
Guamarie  o  grant  compaingnie  de  bons  chevaliers  res- 
plendissoit  en  Ytalie,  Corrat  empereour  manda  par  mes- 
sages avant  a  Guaymere  comment  il  venoit  en  Ytalie. 

Cap.  5.  Et  quant  li  emperor  fu  venus  en  Ytalie,  il 
monta  a  mont  de  Cassin  ;  et  Basilie,  liquel  estoit  injuste- 
ment ordené  abbé,  si  foy.  Et  lo  impeor  toutes  les  coses 
que  avoit  prises  Pandulfe  restitui  a  lo  monastier,  et  favo- 
rablement a  la  pétition  de  li  frère  lor  dona  pour  abbé 

(i)  Après  avoir  parlé  de  l'arrivée  en  Italie  des  trois  fils  aînés  de 
Tancrède  de  Hauteville,  Guillaume  Bras-de-Fer,  Drogo  et  Humfroy, 
G.  Malaterra,  I,  6,  dit  qu'ils  furent  quelque  temps  au  service  de 
Pandulfe  IV  de  Capoue  et  qu*ils  se  mirent  ensuite  à  la  solde  de 
Guaimar  IV  de  Salerne,  puis  il  écrit  :  «  Salernitani  passim  injurias 
principis  ulciscentes,  indefessi  idem  facere  adiverunt  (id  est  :  filii 
Tancredi)  intantumque  rebellantes  antea  principi  compescuerunt  ut 
omnia  circuroquaque  se  pacata  silerent.  »  11  semblera.!  que  Mala- 
terra  fait,  dans  ce  passage,  allusion  à  l'expédition  contre  Pandulfe  IV 
de  Capoue. 

(a)  Conrad  lé  Salique,  roi  de  Germanie  et  empereur  depuis  le 
a6  mars  1027. 


56 

Richier  de  Bergarie,  de  noble  gent  et  vaillant  personne. 
Et  Pandulfe,  plein  de  tout  pechîé  et  de  malvaistie,  timant 
lo  jugement  de  lo  impeor,  fuy  avec  sa  gent  a  la  rocche 
de  Sainte- Agathe;  et  s'il  fouy  non  est  merveille,  quar  nul 
larron  non  veut  veoir  la  face  de  son  jugement  (i). 

(i)  L'Anonyml'8  Casinensis,  ad  an,  io37  (pour  io38)y  résume 
ainsi  les  résultats  du  voyage  de  rempereur  Conrad  dans  Tltalie  du 
sud  :  «  Conradus  impcrator  ingressus  est  Capuam  in  vigiliis  Pen- 
tecostcs  et  in  Pentecoste  coronatus  est.  Adenulfus  episcopus 
rcconciliatur.  Pandulfus  princeps  exiliatur.  Guaimarius  fit  prin^ 
ceps  et  Richerius  abbas.  n  Leo  de'  Marsi,  II,  63,  raconte 
d'après  les  Dialogues  de  Didier'  l'élection  de  Richer  à  la 
dignité  d*abbé  du  Mont-Cassin;  ainsi  que  Didier,  il  suppose  que 
cette  élection  a  eu  lieu  à  Capouc.  Les  Annales  Altahenses  majores, 
ad  an.  io38,  retrouvées  à  notre  époque,  ajoutent  quelques  détails  : 
«  Cssar  in  Sudrum  prope  Romam  pascha  peregit.  Inde  exiens 
Troiam  tetcndit,  ibique  Pandulfî  ducis  uxor  cum  filio  suo  et  fiUa 
vcnit,  maximum  thcsaurum  afferens  et  pignora  sua  vades  imperatori 
rclinqucns;  postquam  gratiam  sibi  maritoquc  impetravit,  domum 
remcavit.  Ipse  cnim  dux  ideo  non  venit,  quia  numquam  se  cuius- 
quam  imperatoris  faciem  videre  praesumptururo  firmavit.  Postea 
vero  filius  ejus  quem  obsidem  miserat,  ncscio*quo  terrore  perter- 
ritus  fugam  incit,  set  soror  ejus  remanisit.  Hinc  Cssar  intelligens 
cum  dolose  agcntem,  cum  nullo  modo  posset  eum  revocare,  ducatum 
nepoti  ipsius,  nomine  Wcimaro,  tradidit,  indcque  in  montem  Casst- 
num  perrcxit,  quo  ut  pervenit,  omnia  a  prœdicto  Pandulfo  vastata 
reppcrit,  rcs  monasterii  Jistractas,  monachos  fugatos.  Et  quia  rector 
ibi  defuit,  ipse  abbatem  substituit,  Rihherium  scilicet  abbatem 
Lconenscm,  monachum  vero  Altahensem,  ipsumque  una  cum 
Wcimaro  persecutorem  facit  Pandulfo  malo.  Hîs  itaque  compotitU 
repatriare  disposuit  temporibus  augusti  mensis,  unde  et  maxîmam 
partcm  cxercitus  perdidit,  quos  horrenda  testatis  rabics  miserabiliter 
cxtinxit.  n  Les  Annales  Altahenses  sont  seules  à  parler  du  voyage 
de  l'empereur  Conrad  à  Troja;  Aimé,  Leo  de'  Marsi,  Didier  et 
TAnonymus  Casinensis  n*cn  disent  rien  ;  ne  serait-ce  pas  le  sou- 
venir de  Tempcreur  Henri  H  en  Italie,  en  1022,  qui  aurait  induit  en 
erreur  le  chroniqueur  d'Altaîch  ?  on  voit  que^  d'après  ce  chroniqueur, 
l'élection  de  Richer  eut  lieu  au  Mont-Cassin  même# 


57 

Cap.  6.  Après  ce  vint  li  empeor  a  Capue,  et  atendoit 
que  li  prince  deuissent  venir  a  lui  ;  mes  chascun  se  ren- 
closte  en  sa  propre  possession^  et  solement  Guaymere 
vint  a  lui  o  tout  li  sien  fortissime  chevalier  de  li  Nor- 
mant.  Et  honorablement  fu  receu  de  lo  impeor^  et  plus 
honorablement  fu  traitié  de  touz  ;  et  dona  grans  presens 
et  nobles  a  lo  empereor;  et  tote  la  cort  se  senti  de  ses 
domps,  et  de  touz  fu  loé  ;  et  tuit  proient  a  lo  impeor 
qu^il  soit  exalté  et  essaucié  et  honoré.  Et  li  impeor 
empli  la  volenté  de  tuit  li  fidel  soy,  et  lo  fist  fill  adoptive, 
et  lo  fist  prince  de  Capue,  et  lo  revesti  de  ces  .ij.  dignités^ 
et  lui  dona  lo  gafanon  en  main.  Et  puiz  quant  il  fu  en 
tant  de  grâce,  procura  que  li  emperor  fust  en  bone 
volenté  vers  Raynulfe,  quar  sanz  la  volenté  de  li  Nor- 
mant  ne  les  choses  soes  pooit  defTendre,  ne  autres  poit 
cestui  prince  conquester.  Et  lo  impereor  s^enclina  a  la 
volenté  de  lo  prince,  et  o  une  lance  publica  et  o  un  gofa- 
non  dont  estoit  Parme  impérial  conferma  a  Raynolfe  la 
conté  d'Averse  et  de  son  territoire.  Et  après  ce,  li 
empereor  délivra  de  la  prison  obscure  o  grant  miséri- 
corde Adinulfe,  archevesque  de  Capue,  et  lo  remist  glo- 
riousement  en  son  siège.  Et  ensi  li  empeor  Corrat  s'en 
toma  en  Alemaingne,  et  Guaimere  et  Raynolfe  furent 
exaltât  o  grant  honor,  et  s'en  alerent  chascun  en  son 
lieu  (i). 

Cap.  7.  Et  cestui  conte  Raynolfe  persévéra  en  loialté  a 
lo  prince,  et  se  fatigoient  de  accroistre  lor  honor,  et 
s'efforçoient  de  oppremere  la  superbe  de  li  anemis  de  lo 
principe.  Et  alerent  à  Sorrente,  loquel  avoit  fait  injure  a 
Guaimere  et  laissié  la  moillier  o  la  soror  et  la  mère  et  lo 

(i)  Léo  de*  Marsi,  II,  63,  a  reproduit  les  données  d'Aimé  sur  l'in- 
vestiture du  comté  d*Aversa  à  Rainulfe  par  Tempereur  Conrad. 


58 

frère,  lo  duc  fut  pris^  et  fu  condempné  en  prison  touz  les 
jors  de  sa  vie.  Et  toutes  voiez  donna  la  dignité  de  la  cité 
a  Guide  son  frère  charnel,  et  la  cité  de  Amalfe,  riche  de 
or  et  des  dras,  subjuga  a  sa  seignorie  (i).  Et  est  à  noter 
que  il  sont  .ij.  Melfe,  quar  est  Melfe  et  Amelfe  :  Melfe 
est  en  la  confine  de  Puille,  et  Amelfe  est  vers  Salerne  et 
Naple.  Mes  or  retornons  a  nostre  ystoire.  quar  de  cestui 
Guaymerie  que  nous  avons  devant  dit|  continuelment 
cressoit  sa  bone  renomée,  et  li  pueple  lui  venoit  o  aques- 
tement  de  monoie,  et  touz  lui  donnoient  li  seignor  de  la 
terre,  et  noient  non  chercoit.  Li  conte  Pandulfe  (2) 
monstroit  sa  vertu,  et  Guaimaire  estoit  torné  a  gloire  et 
a  honor  et  hautesce. 

Cap.  8.  En  cellui  temps,  lo  exercit  de  li  Grex  estoit 
mandé  en  Sycille  pour  la  veinchre,  et  a  si  fatigose  bataille 
estoient  constreint  li  Puilloiz  et  li  Calabroiz  o  solde  et 
deniers  de  li  impereor,  et  li  gentil  et  lo  pueple  estoit 
excité  a  ceste  chose.  Mes  que  la  protervité  de  li  Sarrazin 

(i)  Sur  la  conquête  d*Amalfi  par  Guaimar  IV,  la  Ckronicom 
Amaljlt.  ig,  porte  :  «r  Post  hsc  autem,  anno  Domini  loBg,  d.  Guat* 
marius  princeps  Salcrni  factus  est  duz  Amalphis  de  mense  aprîlis, 
indict.  7.  »  Le  Codex  Cavensis  diptomaticus,  t.  VI,  p.  117  ■qq», 
renferme  de  nombreuses  chartes  donnant  à  Guatmar  IV  les  titres  de 
prince  de  Salerne,  prince  de  Capoue,  duc  d'Amalfi,  duc  de  Sorrente; 
la  première,  qui  est  du  mois  de  mai  loSg,  porte  :  «  Vicestmo 
secundo  anno  principatus  Salerni  domni  nostri  Guaimarii  et  secundo 
anno  principatus  ejus  Capuc  et  primo  anno  ducatus  ejus  AiAalfi  et 
Sirento  glorioso  princeps.  »  La  suite  des  dates  placées  en  t6te  de  ces 
chartes  montre  que  Guaimar  IV  s*est  emparé  d*Amalfi  en  loSg  et 
de  Sorrente  au  mois  de  juillet  de  la  môme  année.  Di  Mbo,  Anrnali 
del  regno  di  Napoli,  t.  Vil,  p.  agg,  analyse  une  charte  de  Guai- 
mar IV,  du  mois  de  décembre  104g,  laquelle  montre  que  ce  prince 
avait,  en  effet,  donné  à  son  frère  Guido  le  duché  de  Sorrente.    . 

(2)  n  fiaut  Rainulfe. 


59 

non  se  pooit  domer  par  fieble  main,  la  poteste  impérial  se 
humilia  a  proier  Taide  de  Guaimere,  laquel  pétition  vou- 
loit  Gaymere  aemplir,  et  fist  capitain  Guillerme  filz  de 
Tancrede  liquelle  novellement  estoit  venut  des  partiez  de 
Normendie  avec  .ij.  frerez,  Drugone  et  Unfroide  ;  avec 
liquel  manda  trois  .c.  Normant.  Et  a  dire  la  vérité,  plus 
valut  la  hardiece  et  la  prouesce  de  ces  petit  de  Normans 
que  la  multitude  de  li  Grex,  et  ont  combatu  a  la  cité,  et 
ont  vainchut  lo  chastel  de  li  Sarrasin,  et  la  superbe  de  li 
Turmagni  gist  par  li  camp,  li  gofanon  de  li  chrestien 
sont  efforciez^  et  la  gloire  de  la  victoire  est  donnée  a  li 
fortissime  Normant  (i). 


(i)  KiuÈ  et  Léo  de*  Marsi,  II,  66,  nUndiquent  pas  la  date  du 
début  de  l'expédition  des  Grecs  en  Sicile  ;  d'après  Lupus,  elle  com- 
mença en  io38  :  «  Descendit  Michael  patricius  et  duz^  qui  et 
sfrondili  vocabatur,  et  transfretavit  cum  Maniachi  patricio  in  Sicilia.  » 
Chronicon^  ad  an,  io3^.  Cedrenus,  t.  II,  p.  5  20,  place  aussi,  en 
io38,  les  débuts  de  la  guerre  de  Sicile;  il  écrit  :  «  Tc^  8è  ffcpfi^ 
Itii.  îv8txT;wvoç  ff',  »  c'est-à-dire  :  «  anno  mundi  6546,  indictione 
6  »;  or,  Tannée  byzantine  6546  correspond  à  io37-38.  Cedrenus 
dit  également  qu'un  contingent  Normand  fit  partie  de  l'expédi- 
tion et  l'évalue  à  5 00  hommes.  «  (tu^*  icpO98T0(tpi9à(jLevo{  (6  Maviiuv^c) 
XII  ^piyyoui  icevToixoviouc  dcitô  tûv  TtipoN  tcÔv  *AXite(ov  raiXXicâv 
{teToiiretf^BsvTac  xotl  «px^lY®^  Ixovxaç  'ApSouîvov  x^v  xX-J^aiv,  x*^P^ 
Tivôç  ipxo^'f*  X*^  ^"^^  piTl5fivô;  àY(5[nvov,  {jieO'wv  Ta  tûv  Soipaxv^vûv 
ilpfaffaTo  Tp(Jitaia.  »  T.  Il,  p.  545.  —  Malaterra,  I,  7,  parle  aussi  des 
Normands  ayant  fait,  avec  les  Grecs,  l'expédition  de  Sicile  et  raconte 
leurs  exploits,  surtout  ceux  de  Guillaume  Bras-de-Fer  au  siège  de 
Syracuse,  mais  il  ne  dit  pas  combien  étaient  les  Normands.  Le  mot 
Turmagni  dont  Aimé  se  sert  dans  cette  phrase  :  «  et  la  superbe  de 
li  Turmagni  gist  par  li  camp,  »  vient  sans  doute  du  grec  Touppiip^^at, 
en  latin  Turmarcha  et  signifie  turmee  seu  regionis  praefectus.  Cf.  Du 
Gange,  ad  h,  v.  Glossariwn  m.  et  1.  latinitatis,  t.  VI,  p.  70a,  éd. 
DiDOT  de  1846. 


Cap.  9.  Puiz  que  la  cité  de  Sarragosse  (i)  fii  prise  et 
vainchue,  vint  un  home  cristien  a  Maniachin,  duc  de 
lout  Tost  et  lo  exercit;  home  aorné  de  une  honorable 
canicie,  et  il  soui  afferma  quMl  savoit  ou  estoit  li  cors  de 
sainte  Lucie,  virge  et  martyre;  et  lo  duc  fu  molt  liez, 
puiz  la  victoire,  de  reporter  les  reliques  de  la  sainte.  Et  a 
trover  cest  grant  trésor  prist  la  testemoniance  de  li  Nor- 
mant,  et  s'avuerent  alla  eclize  pour  la  destration;  de 
Tome  vieill  chrestien  fu  mostré  lo  sépulcre,  de  lequel 
trairent  la  sainte  pucelle,  autresi  entière  et  fresche  com- 
ment lo  premier  jor  qu'elle  i  fu  mise.  Et  se  rapareilla  de 
argent  la  casse  ou  li  saint  cors  de  la  benedite  vierge 
estoit,  et  fu  mandé  en  Costentinoble  (2). 

Cap.  10.  Et  entretant  come  ces  choses  se  faisoient  en 
Sycille,  li  matrimoine  *de  Temperatrix  de  Costentinoble 
et  de  Tempercor  fu  departut,  quar  moillier  chasa  lo 
marit  de  lo  siège  royal,  et  au  damage  de  lo  marit  la  Came 
fu  plus,  et  fu  clamé  lo  duc  qui  se  clamoit  Monacho  qa^il 
seroit  impereor  et  auroit  Timperatrix  pour  moillier  s'il 
s^avanchoit  et  fcstinoit  de  venir.  Et  lo  duc  ce  croiant  le 
vouloit  faire,  et  considéra  la  major  honor  et  laxa  la 
menor,  et  laissa  Sycille  laquelle  il  avoit  jà  aquestée.  Et  li 
Normant  remanda  a  lor  prince,  et  se  hasta  molt  dealer 
en  Costentinoble  por  prendre  la  dignité  impérial.  Mes 
quant  il  vint  là,  il  trova  que  de  lo  département  de  Pem- 
peor  et  de  Timperatrix  estoit  faite  la  paiz  :  toutes  foiz  li 


(1)  Liiez  Syracuse. 

{%)  Lko  dk'  Marsi,  II,  63,  d*après  Xiué.  U  8*agit  de  sainte  Lucie, 
vierge,  maityritée  à  Syracuse  le  1 3  décembre  3o3  ;  il  ne  faut  pat  la 
confondre  avec  sainte  Lucie  martyrisée  à  Rome  le  16  septembre, 
Sfius  Dioctétien. 


6i 

Sarrazin  recovrerent  lor  héritage  qu^il  avoient  perdu  (i). 

Cap.  I  t  .  Et  Gaymére  se  délittoit  par  large  planîere^  et 
s^espandoit  la  victoire  de  sez  chevaliers.  Et  par  lo  con- 
traire de  Pandulfe  toutes  les  coses  qui  estoient  a 
Averse  (2),  quar  lo  grain  et  lo  mil,  loquel  avoit  aUné  de 
la  rente  del  monastier  de  saint  Benedit  puis  dui  ans,  ensi 
fu  trouvé  en  cendre  que  ne  porc  ne  vasce  afamée  non  en 
vouloit  mengier,  et  lo  pane  et  dras  de  soie  tuit  furent 
consumé  de  teingne  et  de  vers. 

Cap.  12^  Et  pour  ceste  choze  Pandulfe  cercha  que  la 
ire  de  Guaymarie  se  deust  encliner  a  miséricorde,  et 
alega  miséricorde  de  parentece.  Mes  lo  neveu  non  s^en 
clina  a  la  prière  de  son  oncle,  pour  laquel  choze  s^en  ala 
en  Costentinoble  a  lo  impeor  ;  et  puiz  après  lui  ala  lo 
message  de  Guaymarie,  loquel,  plus  manechant  que 
proiant,  ordena  que  li  empereor  n^eust  miséricorde  de 
Pandulfe.  Dont,  quant  li  empeor  ot  entendu  ce  que 
Guaymarie  lui  mandoit,  il  prist  Pandulfe  et  le  manda  en 
exil.  Et  quant  lo  impeor  fu    mort,    Pandulfe,  avec  li 

(i)  Il  se  peut  que  pour  tromper  Maniacès  et  le  décider  à  quitter 
son  armée  et  à  venir  à  G)nstantinople,  Zoé  lui  ait  fait  espérer  sa 
main  et  la  couronne  impériale  ;  toutefois  Cedrenus  dit  que  Maniacès, 
dénoncé  à  la  cour  de  Constantinoplc  par  son  lieutenant,  le  patrice 
Stéphane,  fut  destitué  de  son  commandement  et  amené  captif  à 
Constantinople,  où  il  resta  quelque  temps  en  prison,  Cedbeni, 
Hutor.  Compend.,  t.  Il,  p.  522  et  p.  545.  On  voit  qu'Aimé  ne  parle 
que  d*une  manière  très  vague  de  la  fin  de  la  guerre  de  Sicile.  Cest 
seulement  au  mois  de  novembre  1041  que  Michel  IV  laissa  le  pou- 
voir à  sa  femme,  l'impératrice  Zoé,  il  mourut  le  10  décembre  sui- 
vant, Cedren.,  t.  U,  p.  533;  or,  Maniacès  dut  rentrer  à  Constan- 
tinople dès  la  fin  de  loSç  ou  au  commencement  de  1040. 

(2)  Au  lieu  d'Averse,  qui  n'appartenait  pas  à  Pandulfe  IV,  lisez 
la  roche  Sainte^Agathe,  où,  d'après  Aimé  lui-même,  Pandulfe  IV 
s'était  réfugié  (Cf.  supra,  1.  II,  c.  5). 


62 


autre  liquel  esnxtc  ckiII.  f=  rzrçick^  de  lo  cxill,  liqoel 
esioit  prrreeaftci:  macxll,  a  espôoii  sTI  poist  noire  t 
Guarmarîe  •:  .  Mes  rrr^^nnî  ih  rcKripaire  :  c  Ne 
cooidl  x^  saptsace  nz:  csonc  Li  paîsmcede  Diea  (2).  i 


CâF.  ::.  Mes  li  supertie  de  Î3  perrets  et  nuhniz 
Tbeodine,  loquel  nooz  itoqs  dit  desas,  plus  est  tornée 
en  misère  que  la  Pandalx  :  quar  la  TÛnne  gloire  de 
cestai  Tbeodîne,  lîqoel  entre  II  princes  fsioit  grant  et 
puissant,  est  tant  enclinée  a  ant  humilité,  qo^il  estoit 
o  la  barbe  rcse  et  la  teste  pdlée,  laqoel  cose  est  grant  ver- 
goingne  entre  les  Grex  :  et  teooit  la  teste  œperte  d^one 
pd  de  lotre,  estoit  £ait  cemator  de  £uine  et  Ctisoit  pain  : 
et  cornent  ce  fost  cose  qa^il  contast  et  mesurast  lo  pain 
pour  son  seignor,  misérable  receroit  sa  pan,  et  de  cestui 
se  dira  puiz  '3  . 


(1)  Léo  de*  Maisi,  H,  63,  cTaprès  Aiai  :  «  Pandolfas  Capuanos 
reYertuA  est  a  Constantiiiopolim.  •  AnmaUs  BemofoUami^  ad  om,  1041 . 
Ijck  Annales  de  Bénév'ent  commencent  Tannée  au  mois  de  man 
(Cf.  Weiveeich,  de  comditione  Ualiœ  inferioris,  Gregorio  VU 
pont,,  I  111,  auctorem  Annalium  Bene?entanoruiii  annum  caleadis 
Martîi  incipere  demonstratur),  et  Tempereur  Michel  IV,  le  Paphia- 
gonien,  étant  mort  le  10  décembre  1041  (CaraEifi»,  t.  Il,  p.  535), 
Rindulfe  IV  a  dû  revenir  en  Italie  du  10  décembre  au  icr  mars  sui- 
vant, c'est-à-dire  après  la  mort  de  l'empereur,  comme  le  dit  Aimé, 
et  encfjre  en  1041,  d*après  la  manière  de  compter  des  Amialcs  de 
Bénévent. 

(1)  m  Non  est  sapientia,  non  est  prudentia,  non  est  oontilîam 
contra  Dominum.  »  PaovEaB.,  XXI,  3o. 

(3)  I^rs  du  voyage  de  Tempereur  Conrad  dans  Tltalie  du  Sud, 
'IVidinus  s*était  réfugié  au  château  de  Vantra.  D*après  Lbo  dk*  Maks^ 
Chronicon  Casin,,  II,  67,  Tabbé  Richer  avait  promis  à  Todinua  le 
CatttUum  tancti  Ileliœ,  s'il  consentait  à  rendre  le  château  de 
Vantra.  Todinus  s'exécuta  mais,  d'après  ce  passage  d'Aimé,  il  sem- 
bleruit  que  la  promesse  qui  lui  avait  été  faite  ne  fut  pas  tenue. 


^3 

Cap.  14.  Quant  la  bataille  de  Sycille,  dont  nouz  avons 
parlé  devant,  se  faisoit,  un  qui  se  clamoit  Arduyn  (i), 
senricial  de  saint  Ambroise  archevesque  de  Melan,  com- 
batant  soi  en  celle  bataille,  et  abati  un  Sarrazin  ;  et  lo 
caval  de  li  Sarrazin  estoit  molt  bel,  si  lo  mena  a  son 
hostel  ;  et  li  duc  de  la  militie  troiz  foiz  manda  pour  lo 
cheval,  et  Arduine  non  lui  vouloît  mander,  e  dist  que  o 
sa  main  victoriose  Tavoit  conquesté  et  o  Taide  de  Dieu. 
Et  parlo  commandement  de  lo  superbe  duc,  injuriose- 
ment  fu  mené  Arduino  et  lo  cheval  ;  et  secont  la  pessime 
costumance  de  li  Grex,  fu  batut  tout  nu,  et  li  cheval  lui 
fil  levé.  Et  ensi  ot  vergoingne  ne  son  cors  pour  ce  qu'il 
non  voloit  donner  lo  cheval  de  sa  volenté  ;  il  s'apensa  et 
s^appareilla  de  soi  vengier.  Mes  en  ceste  manière  remainst 
ceste  cose,  et  souffri  Tynjure,  et  toutes  voiez  la  tint  en  son 
cuer  qu^il  devoit  faire  puiz  (2). 

(a)  Nous  avons  vu  que,  d'après  Cedrenus,  Ârdouin  était  le  com- 
mandant du  contingent  normand  (Cedreni,  Hist,  compen,,  t.  II, 
p.  545);  Terreur  de  Cedrenus  vient  sans  doute  de  ce  que  Ardouin 
sachant  le  grec,  servait  d'intermédiaire  entre  les  Normands  et  les 
Bizantins.  Malaterra,  I,  8,  écrit  avec  plus  d'exactitude  :  «  Ardui- 
num  quemdam  Italum,  qui  ex  nostris  erat,  quia  Grsci  sermonis 
peritiam  habebat.  » 

(3)  Lko  db'  Marsi,  Malaterra,  Cedrenus,  la  Chronique  de 
Robert  Viscart  (en  latin  dans  Caruso,  p.  832,  en  français  dans 
Chamfollion,  I,  5,  p.  270)  et  Guillaume  de  Fouille  (1.  I,  v.  ao6 
84q.)  racontent  à  peu  près  comme  Aimé  le  mauvais  traitement 
infligé  à  Ardouin,  mais  ils  varient  sur  d'autres  points.  Tandis 
qu'Aimé,  Léo  de'  Marsi,  Malaterra,  la  Chronique  de  R.  Guiscard 
disent  que  G.  Maniacès  fit  infliger  cette  peine  à  Ardouin,  en  Sicile, 
Guillaume  de  Fouille  et  Cedrenus  racontent  qu'Ardouin  fut  puni 
sur  le  continent  italien  par  ordre  de  Michel  Dokeianos,  successeur 
de  Maniacès.  La  première  tradition  paraît  bien  préférable  à  la 
seconde,  celle-ci  a  contre  elle  un  texte  très  explicite  de  V Anonyme 
de  Bari  :  «  Et  Arduino  Lanbardo  intravit  in  Melfi,  erat  Tepoteriti 


64 

C«AP.  i5.  Puiz  que  la  Sicylle  fu  vaincu,  tout  lo  exercii 
rctorna  en  Puiilc;  et  corne  nouz  avons  dit,  Manachiapor 
cstrc  cmpereour  ala  en  G>stentinoble  ;  mes  là  fu  crudde- 
mcnt  taiIli<S,  et  en  lo  lieu  de  cestui  fu  mis  Docliane  cap- 
tapan  est  constitui  en  Puille  (i). 

Ckp,  lô.  El  Arduyn,  loquel  avoit  en  lo  cuer  l^njure 
qu'il  avoii  rcccue,  ala  a  cestui  Ducliane,  et  lui  dona  molt 
or.  et  fu  honorablement  receu,  et  fu  en  hautesce  de 
honor  fait,  et  fu  fait  préfet  de  molt  de  citez.  Cestui  se 
inoustra  hicnvoillant  a  tuit  li  subjette,  et  se  mostra  mise- 
ricordiouz  a  ceuz  qui  lui  ofTendoient  ;  et  faisoit  sovent 
convit,  li  gcntilhome  et  li  non  gentil  envitoit  a  son 
i'onvii.  Cl  lor  donoit  delicioses  viandez;  et  puiz  quant 
avoiciu  mcngié  parloii  de  amicables  paroles,  et  ensi  plus 
M*  nuuistroit  frcre  que  judice  de  eaux.  Et  parlant  a  eauz 
nuMoii  paroles  de  compassion,  et  feingnoit  quMl  estoit 
dolent  de  la  grevance  qu^il  souffroient  de  la  seignorie  de 

^ioR»\f\pttr,{.  lieutenant)  de  ipso  catapano  et  coadunavît  ubicumque 
|Niiult  l'iuncoM  et  rebellium  cxegit  contra  ipsum  catapanum.  » 
A»oH\mus  llif'fHsiSt  ad  an.  1041,  Muratoei,  R.  I.  SS.,  t.  V, 
p.  I  'm».  l.nrRi]uo  Ariiouin  se  révolta  contre  son  chef,  Michel  DokeU- 
iiim.  il  otait  iloiu-  lieutenant  de  celui-ci  et  jouissait  de  sa  confiance. 
r*iMunient  Hup(HMicr  alors  que  peu  auparavant  Dokeianos  eut  fait 
iiilliftrr  i\  Ai'douin,  devant  les  troupes  réunies,  une  punition  aussi 
i|{itiMuiniruM*  {  (îuillaume  de  Fouille  dit  que  Michel  Dokeianos, 
ifvcnu  vainqueur  de  Texpédition  de  Sicile,  distribua  à  Reggîo  les 
dvpdUitli'H  de  rcimemt  et  qu*Ardouin  et  ses  amis  furent  mis  de  côté 
iliiiiK  ic  pitrtngc.  I.a  tournure  que  prirent  les  affaires  des  Grecs  en 
Siiltr.  nprèii  lo  rappel  de  Maniacès,  fait  voir  au  contraire  que  le 
|Ni^ii'  a  01^  induit  en  erreur;  le  retour  de  Sicile  fut  rien  moins  que 
tiiniiipltiil  |Hmr  Icit  Grecs. 

(I)  l.iiru»,  aJ  iiN.  1039  :  ■  In  mcnse  Februarii  descendit  Ntchifbras 
tHtc|mni  (|ui  ut  Dulchiano  dicebatur.  »  Ad  an,  1041  :  «  Descendit 
Dulchiuno  u  Si\:illa  ivit  que  Ascolum.  »  ' 


6s 

li  Grex,  et  Tinjure  qu'il  faisoient  a  lor  moilliers  a  lor 
famés,  et  faingnoit  de  souspirer  et  de  penser  a  Tinjure 
qu'il  souffroîent  de  li  Grex  ;  et  lor  prometoit  de  vouloir 
fatiguier  et  travallier  pour  lor  délibération.  Ha!  quel 
sage  soutillesce  pour  lever  la  seignorie  a  li  seignor  qui  lui 
firent  injure,  et  émut  lo  puple  contre  eauz!  Ha  !  ire  for- 
tissime  non  mostrée  defors,  mes  la  gardoit  en  cuer, 
coment  lo  fqu  copert  de  cendre  qui  fait  secce  la  laingne, 
subite  t'alumera  o  feu  ardant.  Certes,  jà  estoit  la  laingne 
qui  touz  les  ardra,  quar  comment  saint  touz  lo  desirrent 
pour  seignor,  et  touz  affermoient  a  lui  Arduyne  que  lo 
vouloient  a  obedir.  Et  quant  ce  vit  Arduine,  soulfla  pour 
alumer  lo  feu  ;  coment  lo  capitule  de  après  nous  mos- 
trera,  souHa  et  aluma,  toutes  foiz  a  cens  qui  a  lui  se 
offroient  rendi  grâce  et  amor. 

Cap.  17.  Apres  ce,  Arduine  fist  semblant  d'aler  a  Rome 
a  la  pardonnace  ;  et  ensi  s'appareilla  a  guaitier  a  li  Grex; 
et  ala  a  la  cité  d'Averse,  plenc  de  chevalerie,  et  parla  a  lo 
conte  Raynulfe,  et  lui  dist  :  a  Je  sui  venu  pour  accroistre 
lo  honor  de  vostre  majesté  et  seignorie  ;  je  me  diletto  de 
conjoindre  lo  mien  estât  petit  avec  vosire  grant  amistié, 
et  se  volez  donner  foi  a  ce  que  je  vouz  conseillerai,  vouz 
serez  accressut  en  grant  utilité.  Lonc  temps  est  que  vouz 
entrastes  en  ceste  terre,  et  force  en  la  contrée  ou  vouz 
fustez  nez  lessattes  poi  de  héritage,  et'sa  en  avez  acquesté 
meins,  et  persone,  'quant  laisse  sa  propre  terre,  doit 
chercier  pour  soi  accroistre  honor  et  puissance.  Vouz 
encoire  estes  en  ceste  terre  qui  vouz  a  été  donée  et  vouz  i 
habitez  comme  la  sorice  qui  est  en  lo  partus,  en  cest 
estroit  lieu,  quar  lo  pueple  te  croist  li  part  de  li  bénéfice 
de  la  terre  ;  entre  il  covient  que  faille  estende  vostre  main 
forte  et  dont  je  vouz  mènerai  ;  venez  après  moi,  et  je  irai 

5 


zt'^iT.:  ti  Tz^zi  Â?c^ .  tz  vjiiz  ziTjd  pourquoi  |e  voiz 
^L-iMc:.  ;->  s^z:.:£^  -^i  t£  t:>ux  z^ena*^  «  homes  femi- 


ri! nés.  j'£sc  s.  b:>=r£s  zz-ziZDt  farres,  lîquel  demorent  en 


Cv?.  :>.  Q::=-:  l:  rc^nte  entend:  la  parole  de  cestui 
E:Ju^-r.e  :'.  rrls:  1;  =:e:llûr  ât  son  conseil],  ei  sur  ceste 
r^rcie  se  rcnstilla  c:  n:::  s^n:  en  volemc.  El  prometent 
I:  Norrr.2n:  cjIct  i  ceste  cose  a  bquelle  sont  envités  et  font 
une  con: piîngnîe  e:  &acrez:en:  ensemble  avec  Arduyne^ 
c:  juren:  ;^ue  .ie  re  ^u':l  aquesreroient  donroient  la 
moitié  a  Ariuyne.  El  es!'«:i  li  conie  .xij.  pare  a  lîquel 
comanda  que  equalez^.en:  deuisent  partir  ce  qu'ail  aques- 
leroîent.  E;  lor  donna  troiz  cens  fortîssimes  Nqpnans,  a 
liquel  dona  li  gof^anon  por  veinchre,  et  le  baissa  en 
bocche,  et  les  manda  a  I2  bataille  por  corn batre  fortement 
en  la  cornpaingnie  de  Erduyne,  liquel  avoitgrant  volenté 
de  soi  vengîer    i  . 

(i)  GuilbuTTie  ùc  PcuîMc.  I,  r.  229  sqq.,  fmit  aire  les  douze  chefs 
par  les  Normands  eui-nîcnîes  et  non  par  Rainulfe. 

«  Normanni,  quamris  Danaum  Tirtute  coacti, 
Appula  rura  prius  Jimittere,  rursus  adiré 
II1K-  stimulante  parant.  Numéro  ai  m  viribus  aucio, 
Omnes  a.nvcniunt,  et  bis  sex  nubjliores, 
Quus  i;cnus  et  gravitJS  monim  Jccâb.u  et  xias, 
Klepere  duces.  Pr-vectis  ad  cumitatum 
His  alii  parent.  Comitatus  nomen  honoris 
Quo  donantur,  ent  —  hi  tutas  undiquc  terras 
Diviserc  sibi,  nisi  sors  inimica  repugnct. 
Singula  proponunt  loca,  qua:  contingcre  sorte 
Cuiquc  duci  debent  et  qudcque  tributa  locorum  : 
Hac  ad  bella  simul  fcstinant  condictionc.  » 

Dans  la  seconde  rédaction  de  sa  chronique,  I^eo  de*  Marsi  suit 
Aimé,  mais  voici  le  texte  de  sa  première  rédaction  :  «  Normanni 


^7 

Cap.  19.  La  cité  de  Melfe  est  assize  en  un  lieu  haut, 
laquelle  de  divers  flumes  est  atornoié  et  entor  et  guarnie. 
Et  aviegne  que  lo  lieu  ou  est  la  cité  s'estent  en  hautesce; 
toutes  voies  pour  aler  la  est  legiere  sallute  et  e$t  cloze  de 
mur  non  haut;  mes  plus  sont  appareillié  de  bellece  et  de 
fortesce  que  de  hautesce.  Geste  cité  est  autresi  comme  une 
porte   de   Puille    moult   forte^    laquelle   contresta  a   li 

interea  qui  cum  Rainulfo  comité  apud  Aversam  manebant,  id  est 
Guilelmus  et  Drogo  filii  Tancridi  et  fîlii  Âmici  Gualteruset  Petrones, 
consilio  habito,  relicta  Âversa,  filium  Beneventani  prindpis  Atenul- 
phum  seniorem  super  se  facientes,  ad  Apuliam  adquirendam, 
animum  intendenint,  pergentes  que  applicuerunt  Melphin,  con- 
juoctis  que  sibi  Lombardis  quos  illic  repererant^  ceperunt  pugnare 
cum  Grscis.  »  Chronicon  Casin.,  11,  66,  Comme  nous  le  verrons, 
Léo  se  trompe  en  plaçant  au  début  de  l'expédition  l'élection  d'Adé- 
nulfe  de  Bénévent.  D'après  Malaterra,  l,  8,  ]es  Normands  ne 
seraient  pas  partis  d'Aversa  pour  aller  s'emparer  de  Melfi  et  con- 
quérir la  Pouille.  11  raconte  qu'en  revenant  de  Sicile  et  après  avoir 
passé  le  Faro,  Ardouin  et  les  Normands  auraient  fait  la  guerre  aux 
Grecs,  parcouru  en  ennemis  toutes  les  Calabres  et  ne  se  seraient 
arrêtés  qu'à  Melfi  qu'ils  auraient  fondé  pour  avoir  une  position  for- 
tifiée. Malaterra  se  trompe;  Melfi  était  fondé  et  fortifié  bien  avant 
l'arrivée  des  Normands,  et  nous  avons  vu  qu'Ardouin  fut,  après  son 
retour  de  la  Sicile,  le  flatteur  et  le  lieutenant  de  Dokeianos.  Com- 
ment en  outre  admettre  qu'une  poignée  de  Normands,  venant  de 
supporter  les  rudes  fatigues  d'une  campagne  en  Sicile,  ait  traversé, 
en  tenant  campagne,  toutes  les  Calabres  et  se  soii  arrêtée  seule- 
ment à  Melfi  ? 

Le  texte  de  VAnonymus  Barensis  que  nous  avons  donné  plus  haut, 
p.  63,  note  3,  ne  permet  pas  non  plus  de  regarder  comme  fondée  la 
version  de  Guillaume  de  Pouille,  d'après  laquelle,  Ardouin,  laissé 
de  côté,  ainsi  que  ses  amis,  lorsque  Dokeianos  avait  fait  à  Reggio 
le  partage  du  butin  conquis  durant  l'expédition  de  Sicile,  aurait 
aussitôt  commencé  la  lutte  contre  les  Grecs  et  serait  venu  précipi- 
tamment à  Aversa  pour  décider  les  Normands  à  faire  cause  commune 
avec  lui.  D'accord  avec  ,Aimé,  ce  texte  de  VAnonymus  Barensis 
montre  qu'Ardouin  était  en  Italie,  avant  sa  rébellion,  l'ami  et  le  lieu- 


ancmis,  et  est  refuge  et  réceptacle  de  H  amis  i  >.  En  ceste 
cité  ii  Normant  entrèrent  de  nuit,  et  Arduine  proia  li 
Normant  que  o  paiz  la  deussent  garder.  Mes  cil  de  la 
cité  se  levèrent  o  grant  multitude  et  prîstrent  Tarme  et  se 
appareillèrent  de  eaux  deffendre.  Et  Aldovne  se  met 
entre  eaux,  et  parla  à  haute  vois  :  «  Ceste  est  la  liberté 
laquelle  vouz  avez  chercié;  cestui  non  sont  anemis,  mes 
grani  amis,  et  je  ai  fait  ce  que  je  vouz  avoîe  promis,  et 
vous,  faciès  ce  que  m'avez  promis.  Cestui  vienent  pour 
desjoindre  lo  jog  dont  vous  estiez  loiez,  de  liquel  se  tenez 
mon  conseil,  joingncz  auvecces.  Dieu  est  avec  vouz;  Dieu 
a  miséricorde  de  la  servitute  et  vergoigne  que  vous  touz 
les  jors,  et  pour  ce  a  mandé  ces  chevaliers  pour  vouz 
délivrer.  »  Et  quant  il  oïrent  ensi  parler  Arduyne,  se 
consentirent  a  lui.  Et  font  sacrement  de  fidélité  de  chas- 


tenant  (le  Dokeianos.  Voyez  le  récit  de  Guillaume  de  Fouille,  I, 
V.  2of}  sqq.  : 

«  Cumque  triumphato  rediens  Dochianus  ab  hotte 

Frxmia  militibus  Rcgina  solveret  urbe, 

Groîcis  donatis  nichil  Ârdoinus  habere 

Dunorum  potuit,  miser  immunisque  rcmansit,  etc.  » 

Jkan  Scylitzes  dit  i:galement  que  Tune  des  causes  de  la  guerre 
entre  les  Cîrccs  et  les  Normands  fut  le  traitement  ignominieux 
intli^L  ù  Ardouin;  mais  J.  Scyclitzcs,  n'ayant  eu  à  sa  disposition  que 
des  traditions  très  confuses,  n*a  guère  fourni  sur  ce  point  que  des 
doimces  sans  valeur,  ainsi  il  foit  de  Robert  Guiscard  le  fils  d*un 
trèrc  d'Ârdouin.  J.  Curopalat^,  Historia,  t.  Il,  des  œuvres  de 
Ci.UKKNus,  p.  720,  éd.  Bonn. 

(1)  Mklfi,  sur  la  rive  droite  de  TOfanto,  bâti  sur  un  contrefort 
du  VuUurnc,  fait  actuellement  partie  de  la  Basilicate  et  est  à  41  kil. 
N.-O.  de  Potenza. 


69 

cune  part  de  paîz  (i).  Se  la  terre  non  avoit  autre  seignor 
que  ou  a  cui  face  tribut  se  clame  tributaire.  Et  en  ceste 
règne  se  clame  terre  de  demainne,  et  se  autre  seignorie, 
se  clame  colonie>  corne  sont  en  cest  règne  la  terre  qui  a 
autre  seignorie.  Et  sanz  lo  roy  estoit  seignor  Arduyne,  et 
en  celle  part  se  clament  colone. 

Cap.  20.  Et'lo  matin  li  Normant  s'en  aloient  solachant 


(i)  Malaterra,  I,  9,  croit  à  tort  que  Melfi  a  été  construit  par  les 
Normands  :  «  Castnim  quod  Melfa  dicitur,  construzerunt.  »  Guil- 
laume DE  PouiLLE,  I,  V.  245,  est  TTiieux  renseigné  lorsqu'il  écrit  en 
parlant  de  Melfi  : 

«  Appula  Normannis  intrantibus  arva  repente 
Melfia  capta  fuit.  Quidquid  praedantur  ad  illam 
Urbem  deducunt.  Hac  sede  Basilius  ante 
Quem  super  memini,  modicas  fabncaverat  sdes 
Esse  locum  cernehs  inopinée  commoditatis.  » 

Di  Meo  (Annali  del  regno  di  Napoli,  t.  Vil,  p.  206),  dit  que  les 
Normands  ont  pris  Melfi  en  1040  et  non  en  1041  ;  il  s'appuie  sur 
cette  phrase  de  Léo  de'  Marsi  :  «  Ânno  dominics  nativitatis  1041, 
quo  videlicet  anno  dies  paschalis  sabbati  ipso  die  festivitatis  sancti 
Benedicti  evenit  (21  mars),  Ârduino  duce  Melphiam  capiunt;  »  et 
sur  ce  fait  que,  dans  sa  chronique,  Léo  de'  Marsi  commence  tou- 
jours l'année  le  25  mars.  Dans  son  édition  de  Léo  de*  Marsi,  MG., 
SS.,  Vn,  675,  note  85,  Wattenbach  adhère  au  sentiment  de  Di 
Meo  ainsi  que  Wilmanns  dans  son  édition  de  Guillaume  de  Fouille, 
MG.  SS.,  IX,  p.  246,  note  3y.  Mais  Di  Meo  se  trompe  et  avec  lui 
Wattenbach  et  Wilmanns  ;  Hirsch  {de  Italice  inferions  Annalibus 
saculi  X  et  XI,  p.  58  sq.)  a  établi  par  de  nombreuses  comparaisons 
que  presque  toujours  et  en  particulier  pour  1041,  Léo  de'  Marsi 
commence  Tannée  en  janvier,  comme  nous  le  faisons.  L'Anonymus 
Barensis  déjà  cité  (p.  63,  note  3)  donne  1041  comme  date  de  la 
prise  de  Melfi,  et  de  même  Lupus  écrit,  ad  an,  1041  :  «  In  mense 
Martii  Arduinus  Lombardus  convocavit  Normannos  in  Apuliam  in 
civitate  Malfîs.  » 


70 

par  li  camp,  et  par  li  jardin  lo  menoit  a  Vcnozc  (i) 
laquelle  estoit  de  près  de  Melfe,  liez  et  joians  sur  lor 
chevaux,  et  vont  corrant  çà  et  là  ;  et  li  citadin  de  la  cité 
virent  cil  chevalier  liquel  non  cognossoient,  si  s'en  mer- 
veilloient  et  orent  paour.  Et  li  Normant  a  une  proie 
grandissime  et  sanz  nulle  brigue  la  menoient  ad  Melfe. 
Et  lo  secont  jor  alerent  a  Ascle  (2),  oix  il  trovcrent  homes 
plus  flcbes.  Et  d'iluec  sVn  vont  a  Labelle  (3)  Puille,  ei 
celles  choses  qui  lor  plaisoit  prcnoient,  et  celle  qui  ne 
lor  plaisoient  ieisoient.  Mes  non  combatoient,  quar  non 
trovoient  qui  lor  contrestast.  Et  partoient  ce  qu'il  avoient 
pris,  et  s'appareillèrent  de  prendre  lo  remcs  et  s'aturerent 
la  famé  de  ceuz  de  Melfe,  et  molt  s^alegrerent  de  la 
débilité  de  li  home  qu^il  troverent,  et  confidant  soi  en  la 
potence  de  Dieu  et  en  lor  vertu,  creoîent  ja  avoir  vain- 
chut  les  cités  de  Puille  et  les  creoient  avoir  subjugate,  et 
il  meismes  creoient  cstre  subjugate.  Et  mandèrent  legat  a 
lo  duc  Dvoclicien,  et  lui  annuncierent  lor  misère  et  lo 
damage  qu'il  avoicnt  receu,  et  encore  piz  qu'il  atendoient 
de  recevoir  ;  et  rcqucroient  qu'il  deust  mander  a  lo 
impcor  por  aidier  lor. 

Cap.  21.  Et  comanda  li  empcor  a  Dyoclicien  qu'il 
appareillast  grant  bataille  contre  li  Normant,  et  cil  qui 
remaindroient  de  la  bataille,  por  exemple  de  li  autre, 
legat  o  chainncs  doient  estre  mandés  a  lo  impeor.  Lo 
cxcrcii  innumcrable  pueple  alina,  et  lo  duc  grec  se  glo- 
rifia en   la  grant  multitude   des   homes,    qui   cstoient 

(lî  Vkn(isa,  l'antiiiiic  Vcniisia.  à  TKst  et  à  y€u  de  distance  de 
Mclti. 

(2)  Ascom  di  Satriano,  au  Nord  de  Mclfi,  maintenant  sur  le  che- 
min de  fer  de  Mcltî  à  Candcin. 

{^)  Laveli.o,  Labcllum  dans  Léo  de'  Marsi,  au  Nord-Est  de  Melfi. 


71 

autres!  cornent  famés,  et  se  pensa  de  humilier  ceus  qui 
puiz  humilièrent  son  orgoill.  Et  matida  comandement  a 
li  Normant  qu'il  deussent  laissier  la  terre  laquelle  il 
tenoient  injustement,  et  il  les  leroit  aler  en  lorpalz;  et 
lor  manda  disant  qu^il  estoit  acompaingnié  avec  la  gent 
de  l-ympeor,  et  que  vergoingne  lui  estoit  de  combatre 
contre  eaux  qui  estoient  petit  de  gent  et  poure,  et  autresi 
s'il  le  vençoit  plus  lui  seroit  vergoingne  que  honor.  Et  li 
Normant  lui  respondirent  :  «  Se  tu  non  daingnes  venir 
sur  nouz,  ccrtenement  irons  sur  toy  a  bataille,  quar  plus 
nouz  confidons  de  la  miséricorde  de  Dieu  que  de  la  mul- 
titude de  la  gent.  Nouz  non  intrames  en  la  terre  pour 
issirent  si  logement  ;  et  molt  nous  seront  loing  a 
retorner  là  dont  nouz  venîmes;  et  que  tu,  duc  de  lo 
impeor,  as  vergoingne  se  tu  nous  veinces,  et  tant  s^ra 
plus  grant  gloire  a  nouz  veinchons  toi  et  la  multitude  de 
la  gent  de  Tempeor.  Nous  volons  paiz  se  vous  nous 
laissiez  la  terre  que  nouz  tenons,  et  en  ferons  service  a  lo 
empeor.  »  Et  quant  lo  duc  de  lo  empeor  vi  et  entend i 
lo  grant  cora^e  et  la  grant  hardiesce  de  li  vaillant  cheva- 
lier Normant,  et  qu'il  non  vouloicnt  laissier  la  terre 
qu^il  par  force  avoient  gaaingnié,  il  fu  molt  corrocié.  Et 
cria  et  comanda  que  maintenant  la  gent  s^armassent 
pour  combatre  li  Normant,  liquel  non  vouloient  obéir  a 
lo  comandement  de  lo  impeor,  et  ordena  lo  leu  ou 
dévoient  combatre,  et  fu  defuinie  lo  jor  et  Tore  de  faire 
la  bataille,  de  Tune  part  et  de  l'autre.  Et  quant  lo  jor  et 
lo  terme  fu  venu  de  combatre,  la  gent  de  Tempeor 
entrererit  en  champ  de  bataille  contre  la  bone  et  forte 
compaingnie  de  li  Normant,  qui  molt  estoit  petite,  quar 
li  autre  estoient  cent  pour  un.  Et  li  host  de  li  Grex, 
liquel  non  se  pooit  nombrer,  se  prinstrent  la  hautesce 
del  mont  ;  et  molt  desprizèrent  li  Normant  por  ce  qu'il 


72 

estoient  petit  de  gent.  Et  manda  lo  duc  de  lo  impereor 
une  soe  bataille  contre  li  Normant;  et  commanda  que  cil 
de  li  Normant  qui  remandroit  vif  fussent  mandés  em 
prison  et  encainnés,  et  mandés  a  lo  impereor.  Et  manda 
lo  duc  manda  son  message  pour  savoir  quant  il  en 
estoient  remez  en  prison.  Et  puiz  manda  une  autre 
bataille  plus  grande  et  plus  fon,  quant  la  première 
bataille  fu  vainchue  et  toute  taillié,  et  commanda  ce  qu^il 
avoit  fait  a  la  première  bataille,  que  cil  qui  remain- 
droient  vif  fussent  menez  en  prison,  mes  non  vint  lo 
message,  quar  de  li  sien  nul  en  estoit  remez  vif.  Et 
encore  remanda  lo  duc  Tautrc  bataille  plus  vaillante  et 
plus  grant,  et  lors  comanda  comment  il  avoit  commandé 
as  premiers.  Et  li  premer  qui  jesoient  en  lo  camp, 
loquel  estoit  contre  lo  Hume,  car  là  estoit  lo  camp  ou 
combatirent,  remainrcnt  covert  de  li  secont  qui  furent 
occis  sur  eaux.  Et  lo  duc,  quant  il  vit  ce,  fouy  o  tout  lo 
remanant;  et  li  Normant  o  victoire  grande  et  merveil- 
louse  retornèrent  a  lor  meisons  (i). 

Cap.  22.  Ccste  rumor  et  ccste  grant  mortalité  fu  escripte 
a  lo  cmpeor,  et  la  forte  victoire  de  li  vaillant  chevalier 
normant,  et  a  touz  li  princes  anuncié.  Et  quant  lo 
impeor  entend  i  ceste  novelle,  il  se  feri  de  la  main  el 
front  pour  la  grant  dolor  qu'il  ot,  et  par  grant  ire  quMl 
ot  se  desrompi  sa  robe  et  se  donna  de  la  main  contre 
la  poitrine,  et  dist  :  «  Certencment  par  ceste  gent  serai-jc 
prive  cl  chacic  de  la  digniié  de  mon  empicrc.  »  Et  pour 
ce,  lo  plorer  et  conturbation  coniurba  toute  la  cite  royal, 

(i)  Aimé  dit  que  l'empereur  de  Constant! noplc  prescrivit  à  Dokci- 
anos  de  marcher  C(mtre  les  Normands;  c'est  là  une  erreur;  les 
Normands,  nous  Tavons  vu,  sont  entrés  en  PouîUe  au  mois  de  mars 
io.|i,  et,  des  le  17  du  même  mois,  Dokeianos  leur  livre  bataille.  Il 


/  ) 


et  a  lo  conseil  de  Pimpereor  furent  clamés  cil  de  la  cité, 
cil  qui  estoient  de  plus  grant  puissance  et  plus  sages.  Et 
quant  il  furent  ensi  asemblez  pour  prendre  conseil  quMl 

n'a  donc  pu,  en  si  peu  de  temps,  informer  son  gouvernement  et  en 
recevoir  des  ordres.  Les  Annales  Barenses,  ad  an.  1041,  résument 
ainsi  Thistoire  de  cette  bataille  :  «  Mense  Martio,  decimo  septimo 
intrante,  factum  est  prœlium  Normannorum  et  Grscorum  |uxta 
fluvium  Dulibentis.  Dulkiano  cum  reliquo  exercitu  qui  remanserat 
ex  ipso  prœlio,  fugam  petierunt  in  Montera  Pelosum.  »  MG.  SS., 
V.  54.  La  bataille  entre  les  Grecs  et  les  Normands,  livrée  après  la 
prise  de  Melfi,  ayant  eu  lieu  le  1 7  mars,  il  faut  en  conclure  que  les 
Normands  sont  entrés  à  Melfi  dès  les  premiers  jours  de  mars. 
D'accord  avec  les  Annales  Barenses^  Léo  de'  Marsi,  II,  66,  dit  que 
la  bataille  eut  lieu  :  «  Juxta  fluvium  scilicet  Oliventum  (l'Olivento, 
un  affluent  de  TOfanto,  à  l'Est  et  à  proximité  de  Melfi).  »  Guillaume 
DE  Fouille  :  «  Juxta  rapidas  Lebenti  fluminis  undas,  »  1.  1.  v.  282  ; 
G.  Malaterra,  I,  9,  «  In  flumine  quod  Oliventum  dicitur.  »  Il  est 
certain  que  les  Apuliens,  révoltés  contre  Constantinople,  ceux  qu'on 
désignait  sous  le  nom  de  Conterati,  ont  combattu  avec  les  Nor- 
mands ;  d'après  Lupus,  il  y  aurait  eu,  dès  le  début,  neuf  Apuliens 
et,  d'après  Guillaume  de  Fouille,  trois  pour  un  Normand.  Qjuant 
au  nombre  des  Grecs  qui  prirent  part  à  cette  première  bataille, 
Malaterra  (Historia  Si  cula,  1,  9),  l'évalue  à  «  sexaginta  millia 
armatonim  »,  ce  qui  est  inadmissible;  il  n'est  guère  possible 
d'admettre  avec  Aimé  qu'ils  étaient  cent  pour  un  adversaire. 
Cedrenus,  t.  II,  p.  546,  reproche  au  contraire  à  Dokeianos  d'avoir 
livré  bataille  contre  les  Normands  sans  avoir  réuni  assez  de 
troupes.  Malaterra  a  aussi  raconté  qu'avant  d'en  venir  aux  mains, 
Dokeianos  et  les  Normands  échangèrent  divers  messages  ;  c'est  alors 
qu'un  Normand  du  nom  de  Hugo  Tudextifen  (ou  Tudebufem,  Hugo 
Tutabovi  dans  Léo  de'  Marsi  et  Hugo  toute  Bone  (!)  dans  Aimé, 
Ut  3o)  assomma  d'un  coup  de  poing  le  cheval  que  montait  le  parle- 
mentaire grec,  parce  qu'il  trouvait  blessantes  les  propositions  faites 
au  nom  du  catapan  par  ce  parlementaire.  Malaterra,  Hist. 
Sicula,  I,  9.  Qiiant  à  la  marche  même 'de  la  bataille,  Aimé  est 
d'accord  avec  Guillaume  de  Fouille,  lequel  rapporte  également  que 
les  Grecs  n'engagèrent  leurs  troupes  que  graduellement,  dans  des 
attaques  successives. 


74 

porroient  faire  contre  cil  devant  dit  Normant,  et  dist  lo 
impeor  :  «  La  sapience  de  li  Grex,  et  la  discrétion  de  ii 
chevalier,  et  lor  proesce  et  lor  sage  conseill  maintenant 
se  doit  dcmostrer,  quar  grant  besoigne  i  fait.  »  Et  puiz  si 
dist  :  c  Seignors,  or  m^entendez  ;  je  me  suis  mis  eu  cuer 
et  en  volenté  de  laissier  toute  avarice,  et  voill  mcstrcr  a 
li  chevalier  mien  toute  largesce,  et  voil  que  la  porte  de 
mon  trésor  soit  aperte  et  soit  despendu  a  ceaux  qui  se 
voudront  combatre  contre  la  hardiesce  et  force  de  ceste 
gent  de  Normendie.  Et  se  mon  trésor  non  souffit  je  me 
ferai  prcster  des  ecglizes  de  la  foi  nostre  ;  car  en  toutes 
manières  je  voill  lever  de  terre  et  destniire^  se  je  puiz» 
ccus  qui  me  volent  destruirc  et  tollir  la  noble  honor 
impérial,  et  contrester  contre  moi.  »  Et  quant  lo  impeor 
ot  cnsi  parlé  et  moustré  sa  volenté  a  li  conseil  soe  et  au 
pueple,  tuit  s'acorderent  a  la  parole  de  Pimpeor,  grant 
et  petit,  poure  et  riche,  et  promistrent  de  faire  aide  de 
argent  a  lo  impeor  chascun  secont  son  pooir^  et  si 
firent.  Et  cnsi  H  empereour  dona  a  li  chevalier  double 
solde  a  ce  que  venissent  a  de  meillor  cuer  et  de  meillor 
volonté  a  combatre  contre  la  grant  hardiesce  et  vaillantize 
de  li  fort  Normant.  Quant  li  empeor  ot  ensi  fait  et 
ordené  avec  son  pueple  et  ses  chevaliers,  mes  li  Grez  non 
se  assemblèrent  pas  particulerement  pour  aler  a  la 
bataille;  mes  touz  ensemble  s^asemblerent;  et  de  Fautre 
part  contraire  o  grant  cuer  et  hardiesce  estoient  li  vaillant 
et  fort  chevalier  veinccor  Normant.  Et  a  ce  qu'il  douas- 
sent ferme  cuer  a  li  colone  de  celle  terre»  lo  prince  de 
Bonivent,  home  bon  et  vaillant,  liquel  estoit  frère 
Adinulfe,  firent  lor  duc  a  loquel  servoient  copment  servi- 
cial  cl  lo  honoroient  con^ment  seignor.  Et  puiz  quant  il 
orent  fait  lor  duc  il  vindrent  a  la  bataille,  et  se  comen- 
cercnt  a  assembler;  et  la  compaignie  de  li  chevalier  de 


75 

l'empcour  a  turme  a  turme  estoient  abatut  ;  et  Dul- 
canie,  liquel  esto  prince  de  l'ost  de  Tempecr,  quant  il 
vit  ce,  si  commensa  a  fouir  por  eschaper  la  vie  et  lo  péril 
de  mort.  Et  cil  qui  venoient  derrière,  c'est  a  dire  li  vail- 
lent et  poissant  chevalier  normant,  non  fuioient  pas,  mes 
paroît  qu'il  volassent.  Et  apparut  un  tel  miracle  et  vertu 
de  Dieu  si  bel,  que  nul  ne  se  poiroit  penser.  Or  dist  ensi 
li  conte  que  quant  li  Grex  vindrent  por  combatre  contre 
li  vaillant  Normant,  lo  flume,  liquel  se  clame  lo  Affide, 
estoit  tante  petit  et  bas  que  li  cheval  n'i  venoient  fors 
jusquez  a  la  cuisse  en  Teauc;  et  quant  il  furent  vaincus  a 
la  bataille  et  il  retornoient  pour  fouir,  tant  i  avoit  de 
aiguë,  que  lo  flume  issoit  defors  la  ripe.  Et  toutes  foies  li 
air  avoit  esté  bel  et  serin,  et  nulle  pluie  avoit  esté,  dont 
il  avint  que  plus  furent  cil  qui  furent  noiez  que  cil 
/]ui  furent  mort  en  la  bataille.  Si  que  foyant  la  hardiece 
de  ceus  qui  les  secutoient  troverent  li  élément  inrationable 
qui  les  affeca.  Et  li  vaillant  et  puissant  Normant  de 
diverses  richesces  sont  fait  riches  de  vestimens  de  diverses 
colorouz,  de  aornemens,  de  paveillons,  de  vaisselle  d'or 
et  d'argent,  de  chevaux  et  de  armes  preciouses  ;  et  espe- 
cialment  furent  fait  ricche,  quar  l'usance  de  li  Grex  est 
quant  il  vont  en  bataille  de  porter  toute  masserie  néces- 
saire avec  eaux  (i). 


(i)  Voici  sur  cette  journée  le  récit  des  Annales  Barenses,  ad 
an.  1041  :  h  Deinde  collectis  mense  Maii  in  unum  omnibus  Gsecis 
apud  Montem  Majore  m  juxta  fluenta  Aufidi,  initiatum  est  prœlium 
quarto  die  intrante,  ubi  perierunt  plurimi  Natulichi  et  Obsequiani, 
Russi,  Trachici,  Calabrici,  Longobardi,  Capitanates.  Et  Angélus 
presbyter  episcopus  Troianus  atque  Stephanus  Acherontinus  epis- 
copus  ibi  interfccti  sunt.  Nam  nempe,  ut  dictum  est  ab  omnibus 
qui  hsec  noverunt,  aut  (haud)  pliires  quam   duo  millia  Normandi 


76 

Cap.  2  3.  Apres  ceste  confusion  et  destruction  de  li 
Grex,  et  la  grant  victoire  de  li  fortissime  Normant,  Tire 
de  lo  impeor  vint  sur  Dycclicien,  le  leva  de  son  office 
que  non  fust  duc,  et  le  fist  son  vicaire  et  lui  manda 

• 

fuenint.  Grsci  vero  decem  et  octo  milia,  exceptit  aei  viloribut.  » 
Lupus,  ad  an,  1041  :  «  Mense  maii,  iterum  prœliati  sunt  Nonnanni 
feria  4*  cum  Graecis  et  fugit  Dulchianus  in  Baro.  »  Guuxatimb  dc 
Fouille,  I,  v.  3o3  sqq.,  indique  le  lieu  de  la  bataille  et  dit  que  les 
Normands  en  sortirent  vainqueurs  : 

«  Agminc  collecto  Graecorum,  rursusad  amnem 
Cannis  ad  fînem,  qui  dicitur  Aufidus,  omnes 
Quos  secum  potuit  Michsl  deducere  duzit. 
Ad  pugnam  Galli  redeunt.  Ut  cesserat  ante, 

Cedit  eis  Michael,  victi  fugere  Pelasgi ; 

Pelusii  montis  Michael  petit  ardua  victus.  • 

Ceorenus  se  trompe  plusieurs  fois  en  parlant  de  cette  campagne 
entre  Dokeianos  et  les  Normands;  c'est  à  Cannes  qu*il  place  non  pas 
la  seconde  mais  la  première  bataille  :  «  cv  Kivvaic  tctpl  xhr*  ^AitçvSov 
'noTajxov,  {vOa  xal  xsTà  toù;  xiXai  ^povou;  'Avv(6a{  xàç  tcoXXà^  tmv 
'P(i>|ixVx(âv  9Tp3Tcu|iiT(>)v  xsTi/o^'c  |iupii83{  ».  Il  dit  que  la  seconde 
bataille  a  eu  lieu  «  iccpl  to^  Xc^opLcva;  *llps;.  »  Hist,  Compend.^ 
p.  546  du  t.  H. 

Si,  comme  le  suppose  Wilmanns  dans  ses  notes  sur  Guillaums 
DE  Fouille  (MG.  SS.,  IX,  p.  247,  n.  41),  Cedrenus  désigne  par 
"ûpx;  la  ville  d*Ona,  au  sud  de  Tltalie,  entre  Tarente  et  Brindisi, 
une  telle  donnée  prouverait  que  Cedrenus  n'était  guère  bien 
informé;  Oria  était  fort  loin  du  théâtre  de  la  guerre  et  n'avait  alors 
rien  à  craindre  de  l'invasion  normande.  Aimé  suppose,  dans  ce 
même  chapitre,  que,  lors  dc  la  seconde  bataille,  les  Normands  avaient 
iléjà  mis  à  leur  tête  Adénulfe,  prince  de  la  dynastie  lombarde  de 
Bénévent;  d'après  Guillaume  de  Fouille,  11,  v.  3a3  sqq.,  et  d'après 
TAnonymus  Barensis,  il  semblerait  cependant  qu'Adénulfe  n'est 
devenu  leur  chef  qu'entre  la  seconde  et  la  troisième  bataille  ;  cette 
dernière  chronique  porte,  ad  an.  104a  :  «  Iterum  fecitpraelium  cum 
Norman nis  et  cum  Atinolfo  dux  lonim  de  Venebento,  sub  monte 
Feloso.  *> 


77 

Guarain  et  altre  gent;  quar  veoit  que  par  lui  non  comba- 
toient  bien  Grex.  Et  lor  dona  a  cesti  exauguste  ou  vicaire 
de  auguste  molt  de  argent  ;  et  lui  commanda  que  quant 
de  chevaliers  il  trouverait  expert  de  bataille  part  tout  son 
tenement^  les  deust  prendre  a  solde  pour  aler  contre  li 
Normant  (i). 

Cap.  24.  Et  li  Normant  d'autre  part  non  cessoient  de 
querre  li  confin  de  principat  pour  home  fort  et  suffisant 
decombatre;  et  donnoient  et  faisoient  doner  chevauz  de 
la  ricchesce  de  li  Grex  qu'il  avoient  veinchut  en  bataille, 
et  prometoient  de  doner  pan  de  ce  qu'il  acquesteroient,  a 
ceaux  qui  lor  aideroient  contre  li  Grex.  Et  ensi  orent 
la  gent  cuer  et  volenté  de  combatre  contre  li  Grex. 

Cap.  25.  A  la  forte  Melfe  s'asemblerent  toute  la  multi- 
tude et  vindrent  a  conseil,  et  pensèrent  que  il  dévoient 
faire  contre  la  force  de  lor  anemis.  Et  exaguste  se  appa-* 
reilla  auvec  sa  gent  pour  les  prendre  de  dentre  la  cité.  Et 
li  Normant,  qui  bien  le  sorent,  issirent  decosté.  Etentre- 
tant  que  lo  exercit  de  Tempereor  estoit  en  lo  secret  de 
mont  Pelouz  (2),  li  Normant  par  grant  hardiesce  s'en 

(i)  «  ToÛTO  Si  itu6(J{xevo;  6  paatXeùç  Mc^^'h^  toCtov  |xiv  [uxi^Tt^at 
TTjÇ  àpyjf^iy  iictiL^t  5è  tôv  BoVuivvT^v,  SoxoOvTa  itpaxTixov  ivSpa  «îvoii 
x*l  «V  icoX<|xoi<:  8u6(Jxt|iov.  »  G.  Cedreni,  Hist.  Comp.,  t.  H,  p.  546. 

«  Hune  (Michaelem)  tamen  esse  ducem  vetat  amplius  agminis  hujus, 

Imperii  sub  quo  Romani  cura  manebat. 

G)ntra  Normannos  quia  nullum  prosperitatis 

Successum  obtinuit,  jubet,  Exaugustus  ut  hujus 

Officium  subeat,  Danaos  in  prœlia  ducat. 

Dicitur  hune  vtctor  genuisse  Basilius  ille, 

Qui  duce  sub  Melo  Gallos  dare  terga  cœgit.  » 

Guillaume  de  Fouille,  I,  v.  347  sqq. 
(a)  Monte  Peloso. 


76 

Cap.  2  3.  Apres  ceste  confusion  et  destruction  de  11 
Grex,  et  la  grant  victoire  de  li  fortissime  Normant^  Tire 
de  lo  impeor  vint  sur  Dycclicien,  le  leva  de  son  office 
que  non  fust  duc,  et  le  fist  son  vicaire  et  lui  manda 

• 

fuerunt.  Graeci  vero  decem  et  octo  milia,  exceptis  servi toribus.  ■> 
Lupus,  ad  an,  1041  :  «  Mense  maii,  tterum  prœliati  sunt  Normanni 
feria  4*  cum  Greecis  et  fugit  Dulchianus  in  Baro.  »  Guillaume  de 
Fouille,  I,  v.  3o3  sqq.,  indique  le  Heu  de  la  bataille  et  dit  que  les 
Normands  en  sortirent  vainqueurs  : 

«  Agminc  collecto  Graecorum,  rursus  ad  amnem 
Cannis  ad  fînem,  qui  dicitur  Aufidus,  omnes 
Quos  secum  potuit  Michael  deduccre  duxit. 
Ad  pugnam  Galli  redeunt.  Ut  cesserai  ante, 

Cedit  eis  Michael,  victi  fugere  Pelasgi ; 

Pelusii  montis  Michael  petit  ardua  victus.  • 

Cedrenus  se  trompe  plusieurs  fois  en  parlant  de  cette  campagne 
entre  Dokeianos  et  les  Normands;  c'est  à  Cannes  qu*il  place  non  pas 
la  seconde  mais  la  première  bataille  :  «  cv  Kivvxi;  rspl  tôv  *A|i?i8ov 
'::oT3|xoVy  IvOa  xxl  xxTà  toù;  riXai  /povou;  'Avv(6a;  Ta;  xoXXà;  xwv 
'P(()|i3ïxûv  fftpaTeuuiTeav  xaté/o^c  iiupiiox;  ».  Il  dit  que  la  seconde 
bataille  a  eu  lieu  «  rcpl  ts;  Xsyoulcvx;  "Qps;.  »  Hist,  Cottqfend., 
p.  546  du  t.  II. 

Si,  comme  le  suppose  Wilmanns  dans  ses  notes  sur  Guillaume 
de  Poi'ille  (MG.  SS.,  IX,  p.  247,  n.  41),  Cedrenus  désigne  par 
"ûps;  la  ville  d'Oria,  au  sud  de  Tltalie,  entre  Tarente  et  Brindtst, 
une  telle  donnée  prouverait  que  Cedrenus  n'était  guère  bien 
informé;  Oria  était  fort  loin  du  théâtre  de  la  guerre  et  n'avait  alors 
rien  à  craindre  de  l'invasion  normande.  Aimé  suppose,  dans  ce 
même  chapitre,  que,  lurs  de  la  seconde  bataille,  les  Normands  avaient 
déjà  mis  à  leur  tête  Adénulfe,  prince  de  la  dynastie  lombarde  de 
Bénévcnt;  d'après  Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  3a3  sqq.»  et  d'après 
I'Anonymus  Barensis,  il  semblerait  cependant  qu*Adénulfe  n*est 
devenu  leur  chef  qu'entre  la  seconde  et  la  troisième  bataille  ;  cette 
dernière  chronique  porte,  ad  an.  1 04a  :  «  Itenim  fecit  praelium  cum 
Normannis  et  cum  Atinolfo  dux  lorum  de  Venebento,  sub  monte 
Peloso.  w 


77 

Guarain  et  altre  gent;  quar  veoit  que  par  lui  non  comba- 
toient  bien  Grex.  Et  lor  dona  a  cesti  exauguste  ou  vicaire 
de  auguste  mol t  de  argent  ;  et  lui  commanda  que  quant 
de  chevaliers  il  trouveroit  expert  de  bataille  part  tout  son 
tenement^  les  deust  prendre  a  solde  pour  aler  contre  li 
Normant  (i). 

Cap.  24.  Et  li  Normant  d'autre  part  non  cessoieni  de 
querre  li  confin  de  principat  pour  home  fort  et  soffisant 
decombatre;  et  donnoient  et  faisoient  doner  chevauz  de 
la  ricchesce  de  li  Grex  qu'il  avoient  veinchut  en  bataille, 
et  prometoient  de  doner  part  de  ce  qu'il  acquesteroient,  a 
ceaux  qui  lor  aideroient  contre  li  Grex.  Et  ensi  orent 
la  gent  cuer  et  volenté  de  combatre  contre  li  Grex. 

Cap.  25.  A  la  forte  Melfe  s'asemblerent  toute  la  multi- 
tude et  vindrent  a  conseil,  et  pensèrent  que  il  dévoient 
faire  contre  la  force  de  lor  anemis.  Et  exaguste  se  appa-* 
reilla  auvec  sa  gent  pour  les  prendre  de  dentre  la  cité.  Et 
li  Normant,  qui  bien  le  sorent,  issirent  decosté.  Etentre- 
tant  que  lo  exercit  de  Tempereor  estoit  en  lo  secret  de 
mont  Pelouz  (2),  li  Normant  par  grant  hardiesce  s'en 

(i)  «  TouTO  81  'nuO(S(i€vo;  6  pa^iXeù;  Mc^^'h^  toutov  (liv  \Ltxi9Tt\9i 
Tt,ç  ipy.tiç,  ïic«{i<j"  5^  ^^^  BoïwdEvvtiv,  SoxoOvTa  itpaxTixov  ivSpa  «îvat 
xal  £v  icoX<|xoic  euSdxtjiov.  »  G.  Cedreni,  Hist,  Comp.,  t.  II,  p.  546. 

a  Hune  (Michaelem)  tamen  esse  ducem  vetat  amplius  agminis  hujus, 

imperii  sub  quo  Romani  cura  manebat. 

Contra  Normannos  quia  nullum  prosperitatis 

Successum  obtinuit,  jubet,  Exaugustus  ut  hujus 

Officium  subeat,  Danaos  in  prœlia  ducat. 

Dicitur  hune  victor  genuisse  Basilius  ille, 

Qui  duce  sub  Melo  Galles  dare  terga  cœgit.  » 

Guillaume  de  Fouille,  I,  v.  347  sqq. 
(2)  Monte  Peloso. 


78 

vont  c\  mont  Soricoy  (  i  )  apre;^  lo  lieu  ou  li  Grex  estoient, 
et  li  Grex  non  s'en  donnèrent  garde  quant  il  passèrent 
diaprés,  quar  li  Grex  estoient  molt  abscons  pour  non 
estre  veuz  :  et  li  Normant  passant  pristrent  .v.  cent  gen- 
nille  et  autre  bestcs^  liquel  aloient  pour  fein,  et  autre  cose 
nécessaires  a  Tost  de  li  Grex.  Et  quant  H  Grex  lo  senti- 
rent, corurent  a  combatre  contre  li  Normant;  et  li  Nor- 
mant compostement  et  non  corrant  lor  vont  encontre.  Et 
li  Grex  lor  ccrcherent  de  tirer  derrière  en  cert  lieu  molt 
corrant,  et  li  Normant  o  douz  pas  les  sequtoient  ;  et  li 
Grex  non  cessoient  de  corre  por  alienir  a  li  pas  dont  il  se 
confidoicnt  plus  que  en  Dieu.  Et  li  Normant  haucerent 
lo  gofanon  autrcsi  coment  pour  demander  bataille  :  «  Ou 
nouz  avons  vainchut  poi  vouz  fuiez.  »  Et  quant  li  Grex 
virent  ce,  il  haucerent  lor  gofanon,  et  cnsi  li  Normant  et 
li  Grézois  assemblèrent  a  bataille.  Et  li  vaillant  Nor- 
mant, fort,  hardi  comc  lyon,  batoient  et  estreingnoient  li 
dent,  et  drechoient  la  haste  contre  li  Grézois,  et  comen- 
cerent  fortement  a  combatre,  et  comencèrent  a  veincbre. 
Mes  li  Grex,  pour  miex  deffendre  lor  vie,  entrèrent  en 
lo  fort  de  la  silve,  et  li  bon  Normand  vaillant  et  hardi 
n'orent  pas  paor  d'aler  après,  mes  o  grant  cuer  et  harde- 
ment  les  secutercnt,  et  li  Guarani  sont  occis,  et  Puilloîz 
sont  mort  et  Calabrois;  et  tuit  cil  qui  pour  or  et  pour 
argent  estoient  vcnut  a  lo  péril  de  la  bataille,  sans  arme 
et  sans  sépulture  gesoient  mort.  Et  lo  exauguste,  loquel 
avant  avoit  este  duc,  sentant  la  lance  qui  lui  venoit  droit 
a  ferir  o  Icngue  barbare  ensi  coment  pot  parler  cria  : 
catapan,  catapan,  et  ensi  manifesta  estre  vainchut  a 
celle  bataille.  Et  après  ce  li  Normant  o  victoire  retorne- 
rent  a  mont  Sarchio,  dont  avoient  mis  li  paveillon;  mes 

(i)  Monte  Siricolu. 


79 

> 

pour  ce  que  lo  chastel  estoit  garni  de  granz  fossez  et  de 
autres  forteresces,  estoit  deifendu  par  gent  qui  estoient 
dedens,  quar  non  se  pooit  prendre  ne  desrober,  li  Nor- 
mant  o  tout  la  bandiere  de  lor  anemis  et  o  tout  lor  sei- 
gnor  quUl  menèrent  en  prison,  s'entornerent  liez  et 
joaoz;  et  par  ceste  manière  comëncerent  a  seignorier 
Puille  en  paiz  (i). 

(i)  Cedrbnus  place  à  tort  à  Monopolis  «  xolxol  ttiv  MovdicoXiv,  » 
cette  troisième  bataille  entre  les  Grecs  et  les  Normands;  il  avoue  du 
reste  que  les  Normands  y  furent  vainqueurs  etique  Bojoannès  y  fut 
fait  prisonnier;  Hist.  Comp.,  t.  II,  p.  547.  Guillaume  de  Fouille, 
I,  V.  355-401,  donne  une  allocution  de  Bojoannès  à  ses  troupes 
avant  la  bataille,  dit  que  cette  bataille  fut  acharnée  et  que  ce  fut 
surtout  Gauthier,  fils  d*Ami,  qui  décida  du  sort  de  la  journée.  Les 
Annales  Barenses,  ad  an,  1041,  résument  ainsi  les  événements 
survenus  après  la  seconde  bataille  :  «  Hinc  redicns  Michael  confusus 
cum  paucis,  relictis  semivivis  pro  pavore  Normannorum  sevientium, 
scripsit  ad  Siciliam  et  venerunt  ipsi  miseri  Macedones  et  Paulikani 
et  Calabrcnses;  et  collectis  insimul  cum  reliquis  in  catuna  Montis 
Piloti,  tune  descendit  Catepanus  filius  Budiano  in  Apuliam  ;  Michael 
rediit  ad  Siciliam,  jubente  imperatore,  unde  venerat.  n  An,  104a 
(les  Annales  Barenses  commencent  Tannée  avec  le  mois  de  sep- 
tembre) «  Hoc  anno  tertia  die  intrante  mense  septembri  Grsecorum 
exercitus  dcscendenint  ex  monte  Peloso,  et  Normanni  ex  castello 
Siricolo;  inter  duos  montes  inierunt  conflictum  maximum,  in  quo 
omnes  miseri  Macedones  ceciderunt,  et  pauci  de  reliquo  remanserunt 
exercitu.  Ibi  quippe  Bugiano  vivus  captus,  et  porta  tus  est  per 
totam  Apuliam  usque  Beneventi  patriam.  Nam  ut  aiunt  vera- 
citer  qui  in  ipso  belle  inventi  sunt,  Normanni  septingenti  et 
Graeci  decem  milia  fuerunt.  »  Lupus,  ad  an.  1042  (même  remarque 
que  pour  les  Annales  Barenses)  «  Venit  Exaugusto  fedt  que  bellum 
cum  Normannis  3  die  intrante  mense  septembris,  et  comprehensus 
est  ibi  et  in  Melfia  deportatus  est.  »  L'Anonymus  Barensis,  plus 
exact  que  Lupus,  dit  que  le  Catapan  prisonnier  fut  conduit  à  Béné- 
vent.  «  Et  captus  est  Catapanus  in  Benevento.  »  Malaterra,  I,  10, 
attribue  à  Guillaume  Bras-de-Fer^  le  rôle  que  Guillaume  de  Fouille 
prête  à  Gauthier,  fils  d'Ami,  à  la  bataille  de  Montepeloso.  Il  est 


Ko 

Cap.  26.  Et  après  ceste  victoire  sVntomercnt  li  Nor- 
mant  a  Melfe.  et  se  raysonnerent  ensemble  qu^il  dévoient 
faire  de  lor  prison,  et  lo  donerent  a  Athenulfe  lor  prince, 
qu'il  lo  doust  examiner  et  jugier  comentil  le  parust  de 
faire  ;  et  Athenulfo  croiant  soi  estre  ricche  de  celui  prison. 
laissa  li  Normant  et  s'en  torna  a  Bonivent  ou  il  habitoit, 
vcndi  lo  prison  et  assembla  deniers;  mes  ces  deniers  non 
assembla  (X)ur  lui  mes  pour  autre.  Quar  poi  après  fu 
prive,  de  li  Normant,  de  richesce  et  de  castel;  et  fu  cons- 
traini  de  soustenir  la  misère  de  sa  poureté  o  adjutoire 
d'autrui  (i). 

Cap.  27.  Kt  quant  li  Normant  orent  perdu  lor  duc  qui 
poi  avoii  de  foi,  si  se  tornerent  a  lo  fil  de  Melo»  Argiro, 
de  del  quel  nouz  avons  devant  dit,  et  cestui  eslurent 
pour  lor  prince  (2).  Et  puiz  alerent  la  voie  de  cestui  duc, 

viiiblc  que  Malaterni  ne  perd  aucune  occasion  d*exalter  les  Tan- 
crcdc,  arrivés  au  scmvcrain  pouvoir  lorsqu'il  écrivait  son  Historia 
Sicula.  On  voit  en  résumé  que  les  données  d*Aiiné  sur  cette  troi- 
sième bataille  sont  en  harmonie  avec  celles  des  chroniqueurs  con- 
tcmporuins  les  mieux  renseignés. 

(1)  D*après  GuiLLArME  de  Fouille,  I,  v.  419  sqq.,  c*est  surtout 
(luaimnr  IV  de  Salcrne  qui  aurait  décidé  les  Normands  à  rompre 
avec  Adénulfc  de  Bénévent  : 

•  Multa  pcr  hoc  tcmpus  sibi  promittente  Salemi 
Principe  Guaimario,  Normannica  gens  famulatum 
Spernit  Adenolfî.  ■ 

Léo  dk*  Marsi,  II,  66,  résume  ce  que  dit  Aimé  :  «  Detnde  oonsîlio 
habito  (Normanni)  Gnccorum  ducem  (Bojoannem)  dud  suo  (Ate- 
nulfo)  contradunt.  Qiio  ille  accepto,  sperans  se  multis  ab  eo  divîtiîs 
K»cupletandum,  relictis  Normannis,  Bcncventum  revertus  est  eumque 
non  parva  pccunia  vendidit.  » 

(2)  Annales  Barenses,  ad  an.  1042  :  «  Mense  februarii,  Normanni 
et  cives  Barisani  elegerunt  Argiro,  qui  et  Mel,  prindpem  et 
scniorem  sibi.  »  Lupus,  ad  an.  1042  :  «  In  mense  febru.  fiKtus 


8i 

et  aloient  secur,  et  toutes  les  cités  d^eluec  entor  constrein- 
gnoient,  qui  estoîent  al  lo  commandement,  et  a  la  rayson 
et  statu  te  que  estoient;  ensi  alcun  volontairement  se  soû- 
mettoient,  et  alcun  de  force,  et  alcun  paioient  tribut  de 
denaviers  chascun  an.  Li  Normant  âlarent  a  la  famose 
cité  de  Trane,  contre  laquelle  combatirent  molt  forte- 
ment, et  poi  s'en  failli  qu'il  non  la  pristrent  par 
bataille^;  et  s'enclinerent  cil  de  Trane,  et  se  laissèrent 
prendre,  et  lesserent  li  arme  et  o  li  bras  ploiez  allèrent, 
puis  requerent  pardonnance.  Et  un  Normant,  qui  se  cla- 
moit  Argira,  par  sa  folie  destruit  la  victoire  (i)  :  quar  o 
la  hautesce  de  sa  voiz  et  o  son  criement  opprisse  la  victo- 
rioseiredeli  Normant;  un  de  li  .xij.  eslit,  qui  semoit 
Pierre  de  Gautier,  en  ot  tel  dolor,  qu'il  vouloit  occidre 
Argiro,  se  ne  fust  ce  que  par  force  li  compaingnon  le 
retenirent  (2). 


Argiro  Barensis  princeps  et  dux  Italiae.  »  Après  avoir  dit  que  Guai- 
mac  avait  décidé  les  Normands  à  se  séparer  d*Adenulfe,  Guillaume 
DE  PouiLLE,  I,  V.  42  3  sqq.,  ajoute  : 

«  Galli  quos  Appula  terra  tenebat 

Argyro  Meli  genito  servire  volebant 
Nam  pater  ipsius  prior  introducere  Gallos 
His  et  in  Italia  studuit  dare  munera  primus.  » 

Le  poète  rapporte  ensuite  comment  se  fit  à  Bari  même,  dans 
Téglise  de  S.  Appollinaire,  Télection  d*Argyros.  Léo  de*  Marsi 
résume  dans  sa  seconde  rédaction  le  récit  d*Aimé  ;  dans  la  première 
il  s*était  borné  à  écrire  :  «  E  quibus  (Grecis)  fréquent!  potiti  (Nor- 
manni)  Victoria,  demum  recedente  ab  eis  Atenulfo,  Guillelmum 
filium  Tancridi  comitem  sibi  fecerunt.  »  II,  66. 

(i)  Argira  n'était  pas  Norniand;  c'est  là  une  des  nombreuses  dis- 
tractions du  traducteur. 

(a)  Les  Annales  Barenses  parlent  de  ce  siège  de  Trani  (sur  TAdria- 
tique  entre  Barletta  et  Bari)  et  expliquent  ce  qu*il  peut  y  avoir 
d'obscur  dans  ce  passage  de  la  traduction  d'Aimé  :  «  Postea  vero 

6 


82 


Cap.  28.  Et  li  Normant  non  penioient  aler  par  vanité 
et  a  cose  non  cène,  et  retornerent  a  lor  cuer,  et  ordene- 
rent  entre  eaux  ensemble  de  faire  sur  eaux  un  conte.  Et 
ensi  fu,  quar  ii  firent  lor  conte  Guillerme  fil  de  Tan- 
crède,  home  vaillantîssime  en  armes  et  aomé  de  toutes 
bones  costumes,  et  beauz,  et  gentil,  et  jovene  (1).  Et 
quant  li  Normant  orent  ensi  fait  et  ordené  lor  conte,  il  lo 
mistrent  et  se  devant,  et  s'en  alerent  a  la  cort  Guaymarie 
prince  de  Saleme,  et  lo  prince  les  rechut  autresi  cornent 
filz,  et  lor  donna  grandissimes  domps,  et  a  ce  qu^il  fus- 
sent plus  honorés  de  toz,  dona  a  moiUier  a  Guillerme 

(après  la  prise  de  Giovenazzo  sur  rAdriatiqQe  par  Argjroa  et  les 
NormaDcis  en  juillet  1042),  dum  Tranenset  non  acquiescèrent  Bare- 
sanis  malum  ingerere,  ultima  hebJomada  menais  junîi  (julii)  ipse 
princeps  cum  Normannis  et  Barcnsibus  obsedenint  eam  trigentaiex 
diebus.  Quam  procliis  vcl  aliis  calamitatibus  angustiavit  eamdem 
fortiter.  Nam  talem  lurrem  ex  stnie  lignorum  ibidem  compooere 
fccit,  qualis  humanis  oculis  nusquam  visa  est  modemis  teroporibus. 
Sed  ipse  Argiro,  susceptis  imperialibus  litteris  foederatis  et  patridatus 
an  cathcpanus  vel  vestati  honoribus,  jussît  argumenta  incendi.  Et 
rcversi  Bari,  ad  laudem  dédit  sancto  tmperatori  Conatantino  Mono- 
macho cum  suis  concivibus.  •  Argyroa  a  donc  formellement  trahi 
les  Normands,  lors  du  siège  de  Tnuii  et  a  embrassé  le  parti  du 
nouvel  empereur  de  Constantinople,  Constantin  Monomaque. 

(i)  Lupus,  ad  an.  1042  :  «  Et  in  mense  septembris  Guillelmus 
electus  est  cornes  a  Matera.  »  Hirsch  suppose  que  Lupus  a  puiaé  ce 
renseignement  dans  une  chronique  de  Matera,  maintenant  perdue» 
et  que  cette  chronique  portait  seulement  :  Guilielmus  electus  est 
cornes.  Croyant  qu'il  s'agissait  uniquement  de  la  ville  de  Matera, 
Lupus  aurait  ajoute  ces  deux  mots  au  texte  de  la  chronique  : 
«  a  Matera  ».  La  Chronicon  brève  Nortmannicum,  ad  an.  1045,  dit  en 
parlant  de  Guillaume  Rras-de-Fer  :  «  Duce  Guillelmo  Ferrebrachio, 
qui  intitulatus  est  primus  comes  Apulis.  »  Le  texte  de  la  première 
rédaction  de  Léo  de'  Marsi,  cité  dans  la  note  précédentCi  dit  paie- 
ment qu'après  Aténulfe  (et  Argyros),  Guillaume,  fils  de  Tancrkde, 
devint  le  comte  des  Normands. 


N 


83 


Bovel  conte,  la  fille  de  son  frère,  laquelle  se  clamoit 
Guide.  Li  Normant  orent  grant  joie  de  li  domps  qui  lor 
furent  fait,  et  autres!  orent  grant  joie  de  lor  conte  qui 
avoii  noble  parentece.  Dont  de  celle  hore  en  avant  Guay- 
mere  lo  clama  pour  prince,  et  Guaymere  se  clamoit  pour 
reaor,  et  Tenvita  a  partir  la  terre  tant  de  celle  aquestée 
quant  de  celle  quMl  devoit  acquester,  O  liquel  autresi 
demandoient  que  i  soit  Raynolfe  conte  sur  touz  eaux,  et 
cestui  Raynolfe  estoit  conte  de  Averse  dont  se  partirent 
quant  il  alerent  a  aquester  avec  Arduine,  si  come  il 
est  dit  desur.  Et  tant  a  lo  prince  de  Salerne,  quant  a  lo 
conte  de  Averse,  satisferent  a  la  pétition  de  li  fidel  Nor- 
mant, et  s'en  alerent  li  Normant  a  Melfef  o  tout  lor  conte 
Guillerme,  et  la  furent  receuz  comme  seignor.  Et  li 
Normant  li  obedirent  coment  servicial,  et  li  meillor  de  li 
Normant  portoit  la  viande,  et  estoit  bottellier,  et  avoient 
molt  chier  de  faire  celle  ville  office.  Et  lui  appa- 
reilloient  domps  devant  lui,  et  o  grant  dévotion  reque- 
roient  humilement  qu'il  lo  deust  prendre,  et  lo  prince  et 
lo  conte  les  refusoient  moult  liement  et  donoient  à  li 
Normant  dou  lor  propre  trésor  ( i ). 

Cap.  29.  Et  anchoiz  que  venissent  a  la  division,  quar 
non  avoient  oblié  lo  bénéfice  de  lo  conte  Raynolfe,  si 
regardèrent  de  lo  glorifier  de  celle  cose  qu'il  avoient  con- 
questé^  et  li  proierent  qu'il  deust  recevoir  la  cité  de 
Syponte,  qui  maintenant  est  clamée  Manfredone,  et 
Mont  de  Gargane,  liquel  lui  est  après,  en  loquel  mont  en 
haut  est  Peglize  de  Saint-Micbiel  archange,  laquelle  non 
fil  consacrée  de  main  de  evesque,  mes  il  archangele  la 

(i)  A  partir  du  mois  de  février  1043,  Guaimar  prend  dans  ses 
thartes  le  titre  de  :  «  Dux  Apulie  et  Calabrie  »  ;  Codex  diplomaticus 
Cavensis,  t.  VI,  p.  a3o  sqq. 


8.1 

consecra  en  son  nom  comme  lit  et  tient  la  sainte  eclize  de 
Dieu.  Et  dévisse  recevoir  de  cestui  mont  et  toz  li  chtstel 
d^entor;  et  lo  conte  rechut  ce  que  de  li  fidel  Normant  de 
bone  volenté  lui  fu  donné  (i). 

Cap.  3o.  Et  li  autre  terre  aquestées  et  a  aquester  par- 
toient  entre  eaux  de  bone  volenté,  et  en  paiz  et  bone  con- 
corde. Et  en  ccste  manière  Guillerme  ot  Ascle;  Drc^o  ot 
Vcnoze;  Arnolinc  ot  la  Belle;  Hugo  toute  Bove  et  ot 
Monopoli;  Rodulfe  ot  Canne;  Gautier  La  Cité;  Pierre 
Trane;  RodoITc,  fill  de  Bebena,  Saint  Archangele; 
Tristan  Monte  Pelouz;  Arbeo  Argynese;  Ascletine  la 


(i)  M.  DE  Blasiis  (La  Insurre^ione  Pugliese^  t.  I,  p.  177, 
note  a)  ne  croit  pas  que  le  Montc-Gargano  ait  été  adjugé  à  Rainulfe 
d*A versa,  parce  qu*il  appartenait  au  duché  de  Bénévent  et  à  Tarche- 
vcque  lie  cette  ville  ;  mais,  à  ce  moment  là,  il  y  avait,  après  l'tffiiîre 
d'Adcnulfc,  rupture  complète  entre  les  Normands  et  Bénévent.  Que 
CCS  derniers  aient  alors  disposé  de  villes  et  de  chftteaux  apparte- 
nant aux  Bcn<5vcntins,  il  n*y  a  là  rien  de  surprenant  à  qui  connaît 
leurs  proccd<îs  peu  scrupuleux.  Gattola  a  publié  {Aecessi<mes  ad 
historiam  Cassinensem,  1. 1,  p.  161)  une  charte  de  Richard,  succes- 
seur de  Kainulfc,  comme  comte  d'Aversa,  par  laquelle  il  donné  à 
Didier,  abbé  du  Mont-Cassin,  Tabbaye  de  Santa-Maria-in-Calena, 
lui  appartenant  et  située  entre  le  Montc-Gargano  et  l'Adriatique.  Ce 
document  établit  donc  que  les  comtes  d*A versa  étaient  propriétaires 
au  Monte-Gargano  et  témoigne  par  là  même  en  faveur  de  la  véracité 
du  récit  d*Aimé,  car  à  l'exception  du  partage  de  1043,  Thistoire  ne 
signale  aucune  autre  circonstance  ayant  permis  aux  comtes  d'Aversa 
d'acquérir  des  biens  considérables  au  Gargano,  c'est-à-dire  à  une 
distance  considérable  de  leur  comté.  Di  Mso  (Annali  del  regno  di 
Xapoli,  ad  an.  loSij)  et  De  Blasiis  (La  Insurreiçione  Pugliese,  etc., 
p.  177,  note  a)  ont,  il  est  vrai,  émis  des  doutes  sur  Tauthenticité 
de  cette  charte,  mais  nous  croyons  que  les  anomalies  qu'elle  con- 
tient peuvent  s'expliquer  sans  qu'il  soit,  en  aucune  façon,  nécessaire 
de  la  regarder  comme  apocryphe;  voyez  cette  démonstration  dans  les 
Normands  en  Italie,  par  l'abbé  Delarc,  p.  3 29  sqq.,  note. 


8s 

Cerre;  Ramfrede  ot  Malarbine,  c'est  Monnerbin^  et 
Arduyne,  secont  lo  sacrement,  donnèrent  sa  part,  c^est  la 
moitié  de  toutez  choses,  si  come  fu  la  convenance.  Et 
Melfe,  pour  ce  que  estoit  la  principal  cité,  fu  commune  a 
touz;  et  que  non  vaut  la  possession  sans  prince,  secont  la 
loy  que  fist  Guaymarie  prince  de  Salerne,  il  en  vestit 
chascun  ;  et  puiz  torna  le  prince  a  Salerne,  et  lo  conte  ad 
Averse  sain  et  sauf  (i). 

Cap.  3 1 .  Or  dit  ensi  li  conte  de  ceste  cronica  que  quant 
ceste  cose  que  nouz  avons  devant  dites  furent  faites  et 

(i)  Indépendamment  du  commandement  suprême,  Guillaume 
Bras-de-Fer  eut  donc  la  ville  d*Âscoli;  Drogo,  Venosa  ;  Ârnol^n, 
Lavello;  Hugo  Toutebove,  Monopolis;  Rodolphe,  Cannes;  Gautier, 
Qvitate;  Pierre,  Trani;  Rodolfe  fils  de  Bébéna,  S.  Archangelo; 
Tristan,  Montepeloso  ;  Hervé  Argynèse  (Grigentum  d'après  Léo  de* 
Marii,  il  s'agit  probablement  de  Frigento);  Asdltine,  Acerensa; 
Rainfiroy,  Minervino;  enfin  Ardouin  aurait  eu  la  moitié  qu*on  lui 
avait  promise  et  la  ville  de  Melfi  serait  restée  indivise.  Il  est  certain 
que  plusieurs  de  ces  villes  n'étaient  pas,  en  1043,  au  pouvoir  des 
Normands,  mais  Aimé  a  soin  de  nous  prévenir  que,  dans  ce  partage, 
les  Normands  avaient  disposé  des  terres  «  aquestées  et  à  aquester.  » 
Léo  de'  Marsi,  II,  66,  reproduit,  sans  le  modifier,  le  partage  rapporté 
par  Aimé;  Guillaume  de  Fouille,  I,  v.  32 i  sqq.,  dit  que  chacun 
des  douze  chefs  des  Normands  eut  une  partie  de  la  ville  de  Melfi  et 
ne  parle  pas  du  partage  du  pays  : 

«  Pro  numéro  comitum  bis  sex  statuere  plateas 
Atque  domus  comitum  totidem  fabricantur  in  urbe 
Sed  quia  terrigenis  terreni  semper  honores 
Invidiam  pariunt,  comitum  mandata  récusant.  » 

La  difficulté  de  ce  passage  d'Aimé  c*est  qu'on  ne  sait  où  placer 
cette  moitié  de  territoire  qui,  d'après  lui,  aurait  été  donnée  à 
Ardouin  ;  à  partir  de  ce  partage  Ardouin  disparait  complètement  de 
l'histoire,  il  n'en  est  plus  question;  peut-être  est-il  mort  sur  ces 
entrefaites  ou  bien  Aimé  aura  parlé  de  cette  donation  surtout  à 
cause  de  la  promesse  foite  par  les  Normands  à  Aversa. 


i6 

acomplies,  que  pour  l'aide  de  lo  prince  Gaimare  le 
conte  Raynolfe  de  Averse  fu  fait  duc  de  Gayte  (i),  et 
cnsi  en  bone  villesce  et  prospérité  de  fortune  et  en 
mémoire  de  paiz  fu  mort  Raynulfe  (2)  ;  et  après  li  fidel 
Normant,  quant  il  virent  qu'il  orent  perdu  lo  vaillant 
conte  Raynolfe  d'Averse  et  duc  de  Gayte,  alvindrent  a  lo 
prince  de  Salerne,  et  requistrent  subcessor  de  lor  seignor 
qui  estoit  mort.  Quar,  corne  il  disoient,  plus  se  faisoit 
amer  come  père  que  timer  corne  segnor.  Et  li  bon  prince 
Guaymarie  fu  molt  liez  et  alegre  de  lor  pétition  ;  et  soi 
recordant  de  la  fidélité  et  bone  mémoire  de  lo  conte 


(1)  FBDERia  {Duchi  e'Ipati  di  Gaéta,  p.  353)  dte  un  diplôme 
daté  de  la  manière  suivante  :  «  Secundo  anno  reaedentibus  Gaïeta 
civitate  domno  Rainulfus  dux  et  consul,  mense  decembrîs;  lodîe- 
tione  XI*.  »  Un  autre  diplôme,  également  indiqué  par  FsDKua, 
p.  349,  et  correspondant  à  Tannée  1040,  prouve  qu'avant  Tavène- 
ment  de  Rainulfe  d'Âversa,  l'autorité  de  Guaimar  fiit  pendant 
quelque  temps  reconnue  à  Gaéte  ;  on  jr  Ut  :  «  Primo  prindpatus 
domno  Guaimorio,  Dei  gratia  princeps  et  dux,  mense  junio, 
indict.  VIII,  Cajeta.  »  Ce  dernier  diplôme  £eiit  voir  qu'Aimé  est  tout 
À  fait  dans  le  vrai  lorsqu'il  écrit  :  «  Pour  l'aide  de  lo  prince  Gai- 
mare,  lo  conte  Raynolfe  de  Averse  fu  fait  duc  de  Gajrte.  » 

(a)  Sans  indiquer  l'année,  le  nécrologe  de  S.  Benoit  de  Capoue  dit 
que  Rainulfe,  comte  d'Aversa,  mourut  en  juin.  Comme  au  début  de 
1047,  lors  du  voyage  de  l'empereur  Henri  III  dans  l'Italie  du  Sud, 
un  autre  Rainulfe  (Rainulfe  Trincanocte)  était  comte  d'Aversa  et 
qu'entre  ces  deux  Rainulfe  il  y  a  eu  le  jeune  comte  Asclltine  qui  a 
gouverné  fort  peu  de  temps,  et  Raoul,  fils  d'Odon,  rapidement  ren- 
versé par  Rainulfe  Trincanocte,  c'est  en  juin  1045  que  se  place  le 
plus  vraisemblablement  la  mort  du  premier  comte  d'Aversa.  Cette 
induction  s'appuie  sur  un  autre  argument.  Aimé  dit  que  Rainulfe 
garda  jusqu'à  sa  mort  le  duché  de  Gaéte;  d'un  autre  côté,  Adinulfe 
d'Aquino,  qui  lui  succéda  à  Gaéte,  dit  dans  un  diplôme  de  io53 
qu'il  possède  le  duché  depuis  huit  ans.  Cest  donc  en  1045  qu'il 
avait  succédé  à  Rainulfe  d'Aversa.  Cf.  Fedbrio,  Duchi  e  ipuÈi  di 
Gaita,  p.  359. 


87 

Rajnolfe,  et  proia  li  prince  li  Normant  qu^il  dient  loquel 
il  desiderent  a  haucier  en  ceste  honor.  Liquel  Normant 
eslurent  Asclitunie,  fill  de  lo  frère  de  lor  seignor  lo  conte 
Raynolfe  qui  mort  estoit.  Et  a  lui  confermerent  qu^il  lo 
vouloient  servir,  et  mandèrent  a  lui  un  legat>  et  lui  escri- 
verent  de  la  soe  hautesce,  et  lui  mandèrent  disant  qu^il 
s'appareillast  de  recevoi/ ceste  dignité  et  honor.  Et  cestui 
Asclitune  encontinent  sanz  demore  se  appareilla  de  venir; 
et  s^en  va  a  la  grâce  del  prince  Guaymarie;  et  lo  prince 
lo  rechut  corne  &\z,  et  lui  aporta  granz  domps;  et  alerent 
ces  .ij.  en  Averse,  asquels  vient  après  o  grant  joie  et 
alegrece  li  Normant  et  li  homes  de  la  cité.  Et  portoient  li 
Normant  lo  gonfanon  d'or,  de  loquel  de  la  main  droite 
lo  prince  en  revesti  Asclitine  ;  et  il  lo  prist  a  grant  joie 
et  a  grant  alegresce.  Et  Guaymere  se  merveilla  de  la 
belleze  de  si  élégant  jovene.  Et  lo  conte  se  merveilla  de 
tant,  et  lo  puple  furent  molt   content  que  cestui  fust 
successor  a  lo  conte  Raynolfe  son  oncle,  quar  bien  en 
estoit  dignes  pour  sa  proesce  et  pour  sa  biauté.  Cestui  por 
la  biauté  de  sa  juventute  et  pour  Tantiquité  de  Tautre 
conte  fu  clamé  lo  conte  jovene.  Et  toutez  foiz  non  estoit 
meins  aorné  de  sens  et  de  toutes  bones  manières  que  son 
oncle  lo  conte  Raynolfe;  car,  pour  la  bellece  de  son  cors 
Tamoit  li  prince  Guaymere  :  quar  a  exemple  de  son 
oncle  avoit  semblace  de  fidélité.  Mes  la  mort  fu  trop  après 
qui  départi  ceste  amistié  et  mist  fin  a  la  vie  (i),  quar  fu 
mort  et  de  ceste  mort  fu  molt  conturbé  lo  prince  Guay- 
mere. Et  autresi  ceste  crudele  mort  donna  grant  tristesce 

(i)  Sur  Asclitine,  comte  d*Â versa,  Léo  de'  Marsi  avait  écrit  dans 
sa  première  rédaction,  II,  66  :  «  Âpud  Âversam  autem  mortuo 
comité  R  (ainulfo)  successit  ei  Aschettinus  Rodelgeri.  »  La  première 
rédaction  portait  :  «  Apud  Aversam  autem  defuncto  Rainulfb, 
successit  ei  Asclittinus  qui  cognominatus  est  cornes  juvenis.  » 


88 

a  li  fidel  Normant  et  a  tout  lo  pueple,  quar  fu  giant 
damage^  quar  tant  cstoit  biauz,  fors  et  cortoiz,  et  sages, 
et  plein  de  toutes  bontés  que  jovene  doit  avoir  en  sa  per- 
sone. 

Cap.  32.  Apres  ce  que  cestui  bel  jovene  Asclitine, 
conte  de  li  vaillant  et  fidel  Normant,  fu  mon  cornent 
nouz  avons  devant  dit,  Guaymere,  lo  prince  de  Saleme, 
se  fcstina  et  hasta  de  faire  conte  sur  li  Normant,  et  non 
lo  fist  de  celle  gent  qui  avoient  esté  avant,  mes  de  un 
autre  lignage  fist  prince  un  qui  se  damoit  Raul  (i);  et 
non  o  grant  volenté  de  lo  pueple  fu  fait  conte  de  Averse. 

Cap.  33.  Et  faisant  ceste  choze,  la  prospérité  de  Guay- 
mcrc  accressoit.  Cestui,  lo  neveu  del  major  conte  Ray- 
nolfc,  liqucl  se  clamoit  Tridinocte  (2),  et  Hugo  loqud 
avoit  souprenom  Fallacia  (3),  ot  en  prison,  liquel  ende- 
mentrc  quMl  les  faisoit  destreindre  en  prison  en  la  roche 
delà  cité,  laqucl  rocche  se  clamoit  la  Major  Torre,  avec 
moit  autres,  lor  donoit  pêne  et  torment;  et  estoit  en 
celle  prison  Johan  Pantaleon  (4),  et  Costentin  fill  de 
Tuisco,  home  moIt  sage,  et  estoit  deMalfe(5).  Et  cestui, 

<i)  AiuK  est  d'accord  avec  Léo  de*  Marsi  dont  voici  la  première 
rcdaction,  II,  66  ;  «  Dchinc  Rodulfus,  filius  Oddonis,  cognomento 
Capcllusqucm  postpaucum  tcmpus  Aversani  de  honore  projidentesy 
Koiliilfuin  Trincanoctc  prxfccerunt.  »  La  seconde  rédaction  est  à  peu 
près  bcnihlablc  :  «  Dchinc  Rodulfus  cognomento  Capellus,  que  ab 
Avcrsanis  cxpulso  Raidulfus  Trindinoctc  cornes  cffcctus  est.  » 

(2)  Sur  ce  Tridinocte  ou  phitôt  Trincanoctc,  voyez  la  note  précé- 
dente; il  était  tils  d'un  frère  de  Rainulfe,  premier  conte  d*Aversa. 

(S)  Ce  Hugo  Fallacia  doit  être  le  même  que  Hugo  Falluca  quî^ 
d'après  Léo  de*  Marsi,  II,  41,  fît  partie  de  la  colonie  normande  de 
Comino. 

(4)  Kils  de  Maurus  et  membre  de  l'illustre  famille  Pantaléo  d*A- 
malfi. 

(5)  Amalfî  sans  doute,  et  non  pas  Meifî. 


89 

puiz  longue  prison,  prièrent  Martin  guarde  de  la  prison 
et  portier  de  la  de  toute  la  roche,  et  lui  prometerent 
molt  de  domps,  et  li  jurèrent  de  faire  lo  seignor  de  tôt 
ce  qu^il  avoient  s^il  vouloir  entendre  à  lor  délibération. 
Et  quant  Martin  entendi  et  sot  la  promesse  que  cil  lui 
prometoient,  il  s^nclina  et  pensa  a  eaux  délivrer,  et  pour 
dui  raysons  :  Tune  porce  quUl  avoit  compassion  de  lor 
misère,  et  Tautre  pour  la  espérance  de  la  grant  promis- 
sion; et  envita  a  cestui  fait  Randulfe  et  Hugo;  jura  Ray- 
nolfe  et  jura  Hugo  ;  et  promistrent  coment  li  autre  a 
Martin,  autresi  comment  li  autre,  et  de  lui  aidier  a  toutes 
chozes  qui  mestier  lor  feroit  come  a  lor  persones.  Et  li 
Normant,  coment  se  monstre  à  lire  en  lo  livre,  estoient 
tenut  plus  vaillant  et  de  plus  grant  force  et  fidélité  que  cil 
de  ces  parties  de  cà,  et  vouloit  Martin  ces  dui  délivrer 
autresi  coment  li  autre.  Et  autresi  cestui  lui  promistrent 
de  aidier  lui  come  a  eaux  meisme,  et  en  toutes  coses  quHl 
porroient  faire  et  gaingnier  l'en  feroient  participant  Et 
puiz  tuit  pensèrent  en  lor  corage  et  volenté  coment 
il  dévoient  faire.  Gel  de  Amalfe  orderent  bevrage,  et  li 
Normant  clamèrent  Taide  de  li  amis.  Et  ordenant  lo  jor 
à  ce  que  li  amis  de  li  Normant  seussent  quant  li  Amalfe- 
tain  dévoient  ordener  lo  trait,  et  li  parent  lor  vindrent 
apareillez  o  tout  li  cheval,  a  ce  qu^il  peussent  fouir.  Et 
quant  tout  ce  fu  ordené,  li  Amalfetain  orent  clarere  pour 
donner  a  bevre,  et  orent  subtillissime  peperce  pour  men- 
gier  avec  la  char,  et  toute  li  guarde  qui  lor  parut  clamèrent 
a  boire.  Et  Costentin  faisoit  Tovre  et  Jehan  donnoit  a 
boire,  et  les  prioit  qu^il  bevissent  bien  ;  et  tant  bevoicnt 
plus,  plus  vouloient  boire,  et  aucuns  furent  purgié  pour 
les  noiceles  qu^il  mengerent,  et  menjoient  la  pevrée  ou 
est  autresi  la  medicine.  Etencor  lor  proia  en  charité  qu^il 
bevissent,  et  a  Tultime  se  cochèrent  touz  yvres.  Et  adont 


00 

s'aproxima  Tore  que  H  galle  chantoient,  et  Martin  les 
(ocha  et  non  lo  sentoient,  et  a  l'un  traoit  li  brague,  et  à 
l'autre  tiroit  lo  nez,  et  Tautre  prennoit  par  lo  pié  et  le 
trainoit  par  la  maison,  et  toutes  voiez  noient  nVn  sentoit. 
Kt  quant  Martin  vit  ce,  ovri  la  prison,  et  délivra  11  prison 
ile  la  cathene,  et  ovri  la  porte.  Et  chevaucerent  li  cherauz 
qui  lor  estoient  appareilliez,  et  s^en  vont  a  lo  ckastel  de 
Matelone  ^i).  Je  croi  que  veut  dire  Madalone,  quar  ja 
estoit  faite  Caser  te  et  Magdalone,  cornent  ai-ge  dit  en 
Tystoire  de  H  Longobart,  liquel  vindrent  en  Ytalie  avant 
que  li  Normant.  Guaymere  se  leva  au  matin  et  vit  lo 
chastel  rout,  et  li  garde  trova  a  la  porte  cornent  se  il 
eussent  esté  batus  de  lo  dyable,  et  li  prison  sont  délivré. 
Remest  triste  Gua)-marie;  et  Pandulfe,  loquel  estoit  ez- 
principe.  ce  est  ce  que  estoit  chacié  de  son  princepée  de 
Capuc  et  anemi  de  Guaymere,  fu  molt  al^re  et  joiant, 
les  rechut  gratiosement,  et  lor  promist  ^  qu^il  avoit  et 
devoit  avoir,  quar  par  eaux  pensse,(ft  tecovrer  Ponor  et 
Capue,  cVst  la  seignorie  de  prince. 

Cap.  34.  En  cellui  temps  meismes,  si  comme  nous 
trovons  escript  en  ceste  cronica,  fu  mort  Guillerme  conte 
de  Puillc  (2K  home  sage  et  singuler,  et  a  lui  succedi  son 
frcrc  liquel  se  clamoit  Drogo,  et  fu  fait  conte  de  Puille  de 
li  vaillant  chevalier  normant,  et  estoit  apprové  de  Guaj- 

(1)  MavIJaloni  au  8ud«est  de  Caserta. 

(a)  La  date  de  la  mort  de  Guillaume  bras-de-fer  est  donnée  par 
Luriis,  ad  an,  1046  :  «  Et  hoc  anno  obiit  GutUelmut  et  lirater  ejui 
Drago  factus  est  cornes  ».  ~  Malatekra,  1,  la,  a  |Nirlé  de  lui  avec 
éloge,  (u'iLLAUMB  DB  PouiLLB,  II,  ▼.  20-27,  également;  le  poète  ter* 
mine  par  ces  vers  : 

«  cui  vivere  si  lîcuisset 

Nemo  pocta  suas  posset  depromcre  laudes 
Tanta  fuit  probitas  animi  tam  vivida  virtus  >•. 


91 

mère.  Cestui  Drogo  estoit  sage  chevalier,  singuler,  et  ti- 
moit  et  avoit  paoï^r  de  Dieu;  et  Guaymere  lui  donna  sa 
fille  pour  moillier  a  cestui  Drogo,  et  la  dota  moult  gran- 
dement. Et  lo  conte  Drogo  avoit  tant  de  dévotion  et  fidé- 
lité en  lo  prince,  que  molt  de  foiz  Guaymere  lui  faisoit 
contraire  et  jamaiz  non  lo  pooit  faire  décliner  de  la  fidé- 
lité. Et  nul  non  pooit  esmoir  Drogo  qu^il  feist  nulle  choze 
contre  la  volenté  de  Guyamere.  Et  amoit  molt  tuit  li 
Normant  et  lor  donoit  granz  domps,  deffendoit  son  païz 
et  opprimoit  ses  anemis.  La  cort  sœ  estoit  fréquentée 
corne  cort  de  impereor;  li  conte  de  Marsico  (i),  li  potent 
fil  de  Burielle  (2),  et  tuit  li  grant  home  liquel  habitoient 
entof  lui,  se  âiisoient  chevalier  de  sa  main  et  recévoient 
granz  dons.  Lo  marchiz  Boniface,  loquel  est  le  plus  grant 
de  Ytalie  de  ricchesce  et  o  plus  chevaliers,  fist  amistié 
caritative  et  ferma  unité  avec  eauz  (3).  Dui  foiz  Tân  o 
présent  precious  par  ses  messages  visitoit  Tempeor 
dentre  Alemaingne,  et  autresi  lo  impeor  lui  mandoit 
présent  de  Alemaingne,  et  en  loés  Guaymere  par  tout  le 
monde  pour  la  bone  famé  de  Drogo. 

Cap.  35.  Quant  li  Normant  estoient  ad  Averse,  non 

(i)  Les  comtes  des  Marses  au  nord  de  Sora,  près  du  lac  Fucino; 
la  Chronicon  Casinense  parle  à  plusieurs  reprises  de  leurs  rapports 
avec  le  Mont-Cassin,  et  Gattola  a  publié  quelques  chartes  provenant 
d'eux,  notamment,  Accessiones  ad  hist.  Cassin,,  p.  igS,  une  charte 
de  Bérard,  comte  des  Marses  en  1048. 

(a)  Ces  fils  de  Borel,  plusieurs  fois  mentionnés  par  les  annalistes 
de  l'Italie  du  Sud  dans  la  seconde  moitié  du  xie  siècle,  dominaient 
les  vallées  du  Haut-Sangro.  Aimé  ne  veut  pas  dire  que  ces  seigneurs 
fussent  devenus  les  vassaux  de  Guaimar  de  Salerne,  mais  simplement 
qu'ils  avaient  avec  lui  des  rapports  de  bonne  amitié. 

(3)  Le  marquis  Bonificice,  le  plus  puissant  seigneur  de  l'Italie  du 
Nord  ;  il  épousa  la  duchesse  Béatrix  de  Lorraine,  et  fut  le  père  de 
l'illustre  comtesse  Mathilde. 


:.:.^r  ,-%nî:  .ic  AXJWT  jpeni  OU  lignage,  orcm  con- 

>j:r^i::'t     Û:  Jti  \c  ÎTCK  de  lo  grUlt  Rj^OOife 

-.<s^    :   .-nn:.  .-iz  m»  païens  l'i).  Et  cesmî  enm 

-.^    ,-K:r.  or.  jman.  Et Pandulfe  (2)  donni 

r^t.^-   .--irr..   :  jfRngra  Randnlfe,  et  conferipii  k 

.   -«  «;     T.r-^vTt'  le  iuauff.  et  oestai  fiaisoit  oooe 

•TNiî.    ^^w-^r.-i.-ij:  A^ene.  Pandulfe  avoit  o^ 

^.  —  .r.-    /j»-\iv    fz  k  nuii  Randulfe  entra  en 

:    TA-  V    mn:  «-tiTraernem  de  ceauz  de  la  cité. 

i.  r.  -..        î.-ir.  ,-vw«Tï  U  volenté  Gnajmere;  et 

".-:    :.  ,nt,-v  ,1;  AcgTK  e:  ftmi  :  dont  dqmiz  fa 

.  ..-in  .i.  f.  «v.r:ha  Randulfe  de  mené 

^  >c  «.-  -^  r   mr.jwîsr.  ^  soi  Tcngier  de  Gnay- 


V  - 


^  v^  'S.  î.-s:.r^'  A  4Jefciidre  la  iniurede 
V.    s.  V, -.-  ,  rx   .    .    --irux  nrfvggmem  :  «  Alons 

V-  r.  .>^  ::  --^--  ,-  -•-.rs^irvM^  ic  auiaoe  soe;  alons 
.  V  •.    -        -vc%    ',-i:^.   .-^    -^  mosirons  U  vertu 

>v  ,    ,    .  ,«    :   x:^..;,  ,-   «^  juineriv de cestui  pit- 

^  .  •-..  ,^v  -■  ^^•^v  , .-  rrw..  «?!»:  a  Sarne  (4I 
^.  ,   ,^"v-.     -.•  -  ^•,v  o  sncnsi  \:cnisaent,  et  Ran- 

-w'     -  ■.•v%.-v—.v.-.     .'i-^*  X  r^ândulfe  feilliicnt 

■-  .^  ^  ,  ^  -^  V-.  •,  ^^-.^;.x^^ll;  ne  la  lent  non 
.^.,*    s.       -^v  «  .'    .    ^-^v^    ^.'éi.  £  pADdulfe,  dont 

.'.'-.    .'^.'v.r     ..'.'K  V    ,    "S.-  ro.;„  Ci  ..  US  hrigoc  a  nul 


•V  ■■    v*r,-, 't.    ,-.    *.-•    ranAuI^   3a:'£  mil  Int. 


93 

Cap.  37.  En  cellui  temps  meismes  que  li  prince  ter- 
rien se  combatoîent  pour  accrestre  la  lor  prospérité.  Dieu 
qui  est  creator  de  touz  les  rois  et  les  princes^  non  laissa 
de  faire  son  opération.  Un  jovene  qui  seclamoit  Acchilles 
estgabédela  perversité  de  li  Judée,  en  tel  manière  qu'il 
non  creoit  que  lo  Filz  eust  prisse  char  en  la  virge  Marie, 
estre  apparut  visiblement  en  cest  monde.  Et  ce  enirevint 
que  cestui  Achilles  se  creoit  chacîer  H  Judée  de  lor  mal- 
vaize  créance  et  de  lor  malvase  foy,  dont  li  Judée  chace- 
rent  lui  de  la  veraie  foy  christiane  ;  lui  appareilloient 
mel,  et  li  Judée  lui  donoient  venim.  Proia  li  christient 
que  li  Judée  croissent  lo  Filz  de  Dieu,  et  li  Judée  amo- 
nestent  li  chrestien  quHl  lesse  ester  lo  Fill,  et  croie  tant 
soulement  lo  Père;  et  de  ceste  cose  li  chrestien  lor  parla  o 
la  boche,  et  li  Judée  li  tocha  lo  cuer.  Et  lo  chrestien  retor- 
nant  en  soi  alcune  fois,  manifesta  sa  cogitation  a  lo  père 
espirituel,  est  amonesté,  et  molt  souvent  est  enformé  par 
la  prédication  de  lo  prestre.  Toutes  voies,  a  la  manière 
de  lo  chien  qui  mange  ce  qu'il  vomist  par  la  bouche  (  i  ), 
retorne  la  anime  soe  a  li  herror,  et  se  combat  entre  soi 
meismes,  et  come  de  doi  home  fait  bataille.  Toutez  foia 
la  malice  de  la  supplantation  de  li  Judée  vainchi  la  dévo- 
tion de  la  religion  de  la  foi,  se  efforza  lo  misère  de  traire 
de  mente  ceste  cogitation  que  pert  que  movist  de  la  foi  et 
conscience.  Mes  lo  dyable  Tavoit  lié  avec  lo  argument  de 
li  Judée.  Le  obscurité  .de  tant  de  dubie  se  prolongue. 
Mes  ceste  infirmeté  que  mire  non  set  garir,  sera  garie  de 
Dieu.  Quant  ces  choses  se  faisoient  de  li  principe,  cestui 
christien  estoit  un  de  li  satellite,  c'est  de  li  ministre;  o 
armes  servoit  a  Dieu  fidèlement,  toutez  voiez  la  cogitation 

(i)  <c   Sicut   canis  qui  revertitur  ad  vomitum    suum.    »  Prov^^ 
XXVI,  II. 


94 

heretice  non  lui  issoit  de  sa  pensée.  Un  jor  dost  la  porte 
et  estoit  sol  en  l*eclize  ;  et  se  sentoît  offendu  en  sa  cons- 
cience, et  non  se  approchoit  ains  se  tenoit  loing  de  Pautel. 
Et  o  ceste  parole  demandoit  Taide  de  Dieu.  Et  a  lui  fii 
dit  :  «  O  tu  que  demandez  tu  et  voy  k)  cuer,  a  loquel 
nulle  cose  se  puet  abscondre  !  Tu  sezlo  intention  mie,  et 
non  ne  la  te  puiz  celer;  je  voudroie  croire  en  toi  ensi  co- 
rnent la  sainte  Eglize  Tensaingne,  et  voudroie  aemplir  ce 
que  appromisseen  lo  saint  baptisme;  la  error  antique  m*a 
assalli,  et  la  ferute  de  H  Judée  m'a  navrée  la  moie  pensée, 
et  estoie  purgié  de  la  purité  de  la  foi  christiane.  Mes  la 
venimoze  dolceze  de  la  parole  de  lo  Judée  m^a  tout  fût 
orde  et  brut.  O  pitouz  Jeshu-Christ,  aiude  a  ma  maladie 
o  medicine  de  salut,  a  ce  que  non  pense  je  qui  sui  rachaté 
de  ton  precious  sang,  aide-moi  o  la  main  droite  toc  >.  Et 
puiz  quant  il  ot  ditte  choze,  la  semblance  de  l'ymage  de 
Jeshu-Crist  descend!  de  la  ou  estoit,  et  vint  la  ou  cestui 
estoit  jovene,  et  lo  conforta  par  ceste  parole  :  c  Sacer  que 
je  suis  parfait  Dieu  et  parfait  home.  »  Et  lo  retoma  a  sa 
droite  foi  et  créance  christiane,  et  ensi  lo  jovene  fu  fors  de 
toute  error  et  de  toute  hérésie  (i).  Mes  or  laisserons  a 
parler  de  ceste  matière  et  retornerons  a  Tystoire  que  nouz 
avons  devant  lessié. 

Cap.  38.  Et  cestui  Randulfe  de  qui  nous  avons  devant 
parlé,  a  ce  qu'il  peust  avoir  la  grâce  de  Guayme,  prince 

(i)  Cet  indice  de  la  propagande  juive  au  xie  siècle  dans  Tltalie 
méridionale  est  curieux  à  constater.  A  propos  des  Juifs  dans  œ  pajs 
et  dans  ce  siècle,  voir  un  passage  de  la  Chroniam  Catsùt,,  U,  43  ;  on 
y  lit  que  l'empereur  Henri  II,  étant  venu  au  Mont-Cassin,  racheti 
aux  Juifs,  en  loaa,  une  nappe  de  Tautel  de  S.  Bencnt  au  Mont-Casstn, 
Junnéc  autrefois  par  Charlemagne,  et  sur  laquelle  les  Juifs  avaient 
prcté  aux  moines  «  quingentos  aureos  »  ;  le  saint  empereur  rendit  la 
nappe  au  Mont-Cassin. 


9$ 

de  Salerne,  se  sousmist  a  Drogo,  qu^il  prie  pour  lui  a  ce 
qu'il  puisse  avoir  la  grâce  de  Guaymere  ;  et  Drogo  lui 
prpmist  pour  exemple  de  li  auue  parent  soe  obedir  fidèle- 
ment. Et  Drogo  proia  pour  Raynolfe.  Mes  non  fu  proiere, 
ains  fu  comandement,  car  il  enclina  la  volenté  de  prince 
o  ce  quMl  vouloit^  et  fu  clamé  Raynolfe  devant  lo  prince 
Guaymere^  et  devant  Drogo.  Et  encontinent  qu^il  fu 
clamé,  il  vint  et  sub  sacrament  se  mist  souz  la  seignorie 
de  lo  prince.  Et  ensi  fu  investut  de  la  main  de  lo  prince 
o  confanon  et  molt  de  domps.  Et  ensi  reifiest  Pandulfe 
gabé  de  son  entention  et  la  soe  malvaisti  charra;  et  hono- 
rablement lo  remanda  Drogo  Averse  o  granz  dons  (i). 

Cip.  39.  Une  autre  briga  leva  contre  Guaymere  Guil* 
lerme  Barbote,  liquel  avoit  esté  norri  en  la  cort  de  lo 
prince  auvec  ses  filz,  et  ce  fu  par  Tamonestement  de  Pan- 
dulfe, et  s'enclina  a  sa  povreté  et  entra  en  lo  castel  de 
Belvédère,  et  faisoit  damage  a  lo  principat  de  Capue 
quan  qu'il  pooit.  Et  Drogo  fu  clamé,  et  vint  ad  Averse  o 
tout  li  Normant  en  adjutoire  de  Guaymaîre,  et  mist  son 
ost  et  ses  paveillons  entor  et  restrainst  Guillerme  entre  li 
mur  de  li  castel  et  reprist  que  non  faisoit  damage.  Mes  lo 
chastel  pour  la  hautesce  de  lo  mont  non  se  pooit  prendre, 
et  o  feu  de  un  vilain  fu  ars  ;  et  fu  fait  un  fas  de  branchez 
cT arbre,  et  il  se  mist  dedens,  et  poi  a  poi  va  portant  la 
laingne,  et  lo  lieu  de  lo  castel  garni,  et  o  une  pingnote 
qu'il  portoit  lo  feu  arst  tout  lo  chastel,  et  foy  Barbotte  ad 
Argire  pour  estre  son  chevalier.  Et  Argire  lo  prist  mali- 
tiousement,  et  bien  lié  lo  manda  en  Costentinoble.  Et 
pour  la  victoire  faite  de  cellui  vilain,  Guaymere  et  sagent 


(i)  Aimé  est  seul  à  parler  de  cette  réconciliation  du  nouveau  comte 
d'Aversa  avec  Guaimar  par  Tintermédiaire  de  Drogo. 


y* 

r:^7orna  veiacheour.  Et  ensi  Li  idoîre  de  Pandulfe  fu  aai- 
chillée  en  routes  choses  ■  i  . 

Cap.  40.  Doi  rreres  contes  d'Aquin -2 ;.  c est  Adinnlfe 
et  Laudé,  por  ce  qu'il  avoient  .ij.  filiez  de  Paadulfeiui 
estoient  tjvorables.  Et  Adenulfe  tu  pris  de  li  cbeiralier  de 
Gu.^imere.  et  xa  mis  en  prison.  Et  Laude  son  frère  ccr- 
choit  de  lui  délivrer,  et  prist  Richerie  sînguler  abbé  de 
Mont-Cassin  e:  le  tenoit  por  faire  délivrer  son  frère.  Etli 
prince  amoî:  mole  cestui  abbé,  quaracelluî  temps  quant 
lo  empeor  Tordena  prince,  et  cestui  abbé  lo  avoit  doné 
et  recommandé  a  lo  empeor.  Et  li  triste  moine  aten- 
doient  laide  de  Guaymere,  et  se  lamentoient  à  Goaymere 
de  là  prison  ou  lor  abbé  estoit,  et  lui  prioieat  qall  k 
vousist  délivrer  lo  abbé  liquel  il  lor  avoit  donné.  Et  a 
pétition  S;  de  li  moine  Guaymere  laissa  Adenulfe  et  prist 
Tabbé. 

C\p.  4r.  Lo  chastel  de  saint-Benedit,  loquel  est  après 
lo  monastier  de  Mont  de  Cassyn,  en  cellui  temps  habi- 
toient  ilucc  li  Normant  et  avoient  la  seignorie;  de  loquel 
fais^iient  dampnc  a  li  povre.  Li  abbé  pensoit  cornent  il  les 

0)  Hne  charte  de  Tancien  couvent  de  S.  Biaise  à  A  versa,  analysée 
fur  F)i  M  KO  {Annali  del  regno  di  Xapoli,  t.  Vil,  p.  3ti),  montre 
'{ti'cri  io3o,  Guiliclmus  Barbotus,  ■  unus  de  militihus  de  Averta  •» 
\  li^iif  une  donation  à  ce  couvent  ;  en  outre,  nous  Itsoni  dans  FAik»* 
NVMtjs  IUrkjvsis,  ad  an,  io3i  :  «  Et  Argiro  comprebens  Barbooca.  • 
r.Vftt  donc  seulement  un  peu  avant  cette  derniire  date  qu*i]  frut 
f>liir/:r  lit  révolte  dont  parle  Aimé. 

(2)  Adenulfe  et  Landon,  comtes  d*Aquino,  et,  d'après  Aimé, 
cendre»  Ttin  et  Tautrc  de  Pandulfc  IV,  prince  dépossédé  de  Capoue. 

({)  I.Ko  iifc'  Marsi,  1[|  68,  rapporte  ces  mêmes  incidents  en  ajou- 
tant quelques  détails  qui  concernent  plus  spécialement  le  Mont- 
Cassin  et  qu'Aimé  n'avait  pas  à  reproduire;  les  deux  rédts  sont 
iilcntiqucs  pour  le  fond. 


97 

en  porroit  cachier;  quar  cornent  se  dit,  aucun  pensoit 
contre  Tabbé,  Et  vindrent  li  moine  a  la  cité  de  Saint-Ger- 
main autresi  comme  par  lo  commandement  de  Tabbé  (i)  ; 
et  descendirent  de  li  chevalz  et  desceinstrent  lor  espées  et 
entrèrent  en  Teglize  pour  proier  Dieu.  Toutes  voiez  a  la 
port  sont  li  guarde  et  cloirent  la  porte  ;  li  Normant  se 
pristre  a  deffendre,  mes  pour  ce  qu'il  non  avoient,  alcun 
en  furent  mort,  et  alcun  pris  :  laquel  cose  non  de  croire 
que  ce  fust  sans  la  volenté  de  Dieu,  quar  li  fort  Normant 
liquelle  aloient  vainchant  les  terres,  ne  nul  home  pooit 
contrester  contre  eaux,  que  por  .x.  ou  .xij.  moines  fu- 
gisent.  Et  en  jor  touz  les  chasteauz  de  saint-Behedit 
furent  recovré,  liquel  li  empereor  non  peut  o  armes 
prendre  en  un  an  (2). 

Cap.  42.  Et  lo  abbé  sage,  a  ce  que  li  petit  de  Normant 
liquel  estoient  fouy  ne  retornassent  o  molt  de  gent  et 
occupassent  la  terre  molt  fortement,  rompi  la  visselle 
d^or  et  d'argent,  liquel  avoient  esté  fait  a  l'onor  de  Dieu, 
et  les  parti  a  11  chevalier  d'ilec  entor,  liquel  il  assembla 
contre  la  force  de  li  Normant.  L'une  part  et  l'autre  s'a- 
semblerent  et  vindrent  lendemain  a  la  bataille;  cestui 
combatoient  pour  deffendre  la  terre  de  Dieu,  et  cil  pour 

(i)  Le  sens  de  la  phrase  et  du  contexte  montre  qu'il  faut  «  li  Nor- 
mant »  au  lieu  de  «  li  moine.  » 

(a)  Didier,  abbé  du  Mont-Cassin  (Dia/o^i,  L  II,  dans  Migne,  Pa/r. 
lat.,  t.  149,  999)  et  Léo  de'  Marsi,  II,  71,  ont  également  raconté 
cette  expulsion  des  Normands  des  châteaux  et  domaines  du  Mont* 
Cassin.  On  voit  par  le  récit  de  Léo  de'  Marsi,  que  la  population  de 
San-Germano  combattit  avec  les  moines  contre  les  Normands  dans 
l'église  de  San-Germano  ;  il  n'est  donc  pas  exact  de  dire  que  dix  ou 
douze  moines  ont  eu  raison  d'eux.  De  même  tous  les  châteaux  du 
Mont-Cassin  ne  furent  pas  délivrés  en  un  seul  jour,  ceux  de  S.  Victor 
et  de  S.  André  résistèrent  pendant  quelque  temps  encore. 

7 


88 

a  li  fidel  Normant  et  a  tout  lo  pueple,  quar  fu  grant 
damage^  quar  tant  estoit  biauz,  fors  et  cortoiz,  et  sages, 
et  plein  de  toutes  bontés  que  jovene  doit  avoir  en  sa  per- 
sone. 

Cap.  32.  Âpres  ce  que  cestui  bel  jovene  Asditine, 
conte  de  li  vaillant  et  fidel  Normant,  fu  mort  cornent 
nouz  avons  devant  dit,  Guaymere,  lo  prince  de  Saleme, 
se  festina  et  hasta  de  faire  conte  sur  ii  Normant,  et  non 
lo  fist  de  celle  gent  qui  avoient  esté  avant,  mes  de  un 
autre  lignage  fist  prince  un  qui  se  damoit  Raul  (i);  et 
non  o  grant  volenté  de  lo  pueple  fu  fait  conte  de  Averse. 

Cap.  33.  Et  faisant  ceste  choze,  la  prospérité  de  Guay- 
mere  accressoit.  Cestui,  lo  neveu  del  major  conte  Ray- 
nolfe,  liquel  se  clamoit  Tridinocte  (2),  et  Hugo  lequel 
avoit  souprenom  Fallacia  (3),  ot  en  prison,  liquel  ende- 
mentrc  quMl  les  faisoit  destreindre  en  prison  en  la  roche 
de  la  cité,  laquel  rocche  se  clamoit  la  Major  Torre,  avec 
molt  autres,  lor  donoit  penc  et  torment;  et  estoit  en 
celle  prison  Johan  Pantaleon  (4),  et  Costentin  fill  de 
Tuisco,  home  molt  sage,  et  estoit  deMalfe(5).  Et  cestui, 

(i)  Aimé  est  d*accord  avec  Léo  de*  Marsi  dont  voici  la  première 
rédaction,  II,  66;  «  Dehine  Rodulfus,  filius  Oddonis,  cognomento 
Capollus  quem  post  paucum  tcmpus  Âvcrsani  de  honore  projidentes, 
Rodulfum  Trincanoctc  prscfcccrunt.  »  La  seconde  rédaction  est  à  peu 
près  semblable  :  «  Dchinc  Rodulfus  cognomento  Capellus,  quo  ab 
Aversanis  expulso  Raidulfus  Trindinoctc  cornes  cffcctus  est.  >• 

(2)  Sur  ce  Tridinocte  ou  plutôt  Trincanoctc,  voyez  la  note  précé- 
dente; il  était  tîls  d'un  frère  de  Rainulfe,  premier  conte  d'A versa. 

(3)  Ce  Hugo  Fallacia  doit  être  le  même  que  Hugo  Falluca  qui, 
d'après  Léo  de*  Marsi,  II,  41,  fît  partie  de  la  colonie  normande  de 
Comino. 

(4)  Fils  de  Maurus  et  membre  de  l'illustre  famille  Pantaléo  d*A- 
malfi. 

(5)  Amalfî  sans  doute,  et  non  pas  Melfî. 


f 


89 

puiz  longue  prison,  prièrent  Martin  guarde  de  la  prison 
et  portier  de  la  de  toute  la  roche,  et  lui  prometerent 
molt  de  domps,  et  li  jurèrent  de  faire  lo  seignor  de  tôt 
ce  qu^il  avoient  s^il  vouloir  entendre  à  lor  délibération. 
Et  quant  Martin  entendi  et  sot  la  promesse  que  cil  lui 
prometoient,  il  s^endina  et  pensa  a  eaux  délivrer,  et  pour 
dui  raysons  :  l'une  porce  quUl  avoit  compassion  de  lor 
misère,  et  Pautre  pour  la  espérance  de  la  grant  promis- 
sion; et  envita  a  cestui  fait  Ràndulfe  et  Hugo;  jura  Ray- 
nolfe  et  jura  Hugo  ;  et  promistrent  coment  li  autre  a 
Martin,  autresi  comment  li  autre,  et  de  lui  aidier  a  toutes 
cbozes  qui  mestier  lor  feroit  come  a  lor  persones.  Et  li 
Normant,  coment  se  monstre  à  lire  en  lo  livre,  estoient 
tenut  plus  vaillant  et  de  plus  grant  force  et  fidélité  que  cil 
de  ces  parties  de  câ,  et  vouloit  Martin  ces  dui  délivrer 
autresi  coment  li  autre.  Et  autresi  cestui  lui  promistrent 
de  aidier  lui  come  a  eaux  meisme,  et  en  toutes  coses  quUl 
porroient  faire  et  gainghier  l'en  feroient  participant  Et 
puiz  tuit  pensèrent  en  lor  corage  et  volenté  coment 
il  dévoient  faire.  Gel  de  Amalfe  orderent  bevrage,  et  li 
Normant  clamèrent  Paide  de  li  amis.  Et  ordenant  lo  jor 
à  ce  que  li  amis  de  li  Normant  seussent  quant  li  Amalfe- 
lain  dévoient  ordener  lo  trait,  et  li  parentf  lor  vindrent 
apareillez  o  tout  11  cheval,  a  ce  qu^il  peussent  fouir.  Et 
quant  tout  ce  fu  ordené,  li  Amalfetain  orent  clarere  pour 
donner  a  bevre,  et  orent  subtillissime  peperce  pour  men- 
gier  avec  la  char,  et  toute  li  guarde  qui  lor  parut  clamèrent 
a  boire.  Et  Costentîn  faisoit  Povre  et  Jehan  donnoit  a 
boire,  et  les  prioit  qu'il  bevissent  bien;  et  tant  bevoient 
plus,  plus  vouloient  boire,  et  aucuns  furent  purgié  pour 
les  noiceles  qu'il  mengerent,  et  menjoient  la  pevrée  ou 
est  autresi  la  medicine.  Etencor  lor  proia  en  charité  qu'il 
bevissent,  et  a  Pultime  se  cochèrent  touz  yvres.  Et  adont 


90 

s'aproxima  l^ore  que  li  galle  chantoient,  et  Martin  les 
locha  et  non  lo  sentoient,  et  a  Tun  traoit  li  brague,  et  i 
l'autre  tiroit  lo  nez,  et  Tautre  prennoit  par  lo  pié  et  le 
trainoit  par  la  maison,  et  toutes  voiez  noient  n^en  sentoit. 
Et  quant  Martin  vit  ce,  ovri  la  prison,  et  délivra  li  prison 
de  la  cathene,  et  ovri  la  porte.  Et  chevaucerent  li  chevaux 
qui  lor  estoient  appareilliez,  et  s^en  vont  a  lo  ckastel  de 
Matelone  (i).  Je  croi  que  veut  dire  Madalone,  quar  ja 
estoit  faite  Caserte  et  Magdalone,  cornent  ai«f  e  dit  en 
Tystoire  de  li  Longobart,  liquel  vindrent  en  Ytalie  avant 
que  li  Normant.  Guaymere  se  leva  au  matin  et  vit  lo 
chastel  rout,  et  li  garde  trova  a  la  porte  coment  se  il 
eussent  esté  batus  de  lo  dyable,  et  li  prison  sont  déUvré. 
Remest  triste  Guaymarie;  et  Pandulfe,  loquel  estoit  ex- 
principe,  ce  est  ce  que  estoit  chacié  de  son  princepée  de 
Capue  et  anemi  de  Guaymere,  fu  molt  al^re  et  joiant, 
les  rechut  gratiosement,  et  lor  promist  ^  qu^il  avoit  et 
devoit  avoir,  quar  par  eaux  pensse.de  fecovrer  Ponor  it 
Capue,  c^est  la  seignorie  de  prince. 

Cap.  34.  En  cellui  temps  meismes,  si  comme  nous 
trovons  escript  en  ceste  cronica,  fu  mort  Guillerme  conte 
de  Puillc  (2),  home  sage  et  singuler,  et  a  lui  succedi  son 
frère  liquel  se  clamoit  Drogo,  et  fu  fait  conte  de  Puille  de 
li  vaillant  chevalier  normant,  et  estoit  apprové  de  Guay- 

(i)  Maddaloni  au  sud-est  de  Caterta. 

(2)  La  date  de  la  mort  de  Guillaume  bras-de-fer  est  dcMUiée  par 
Lupus,  ad  an,  1046  :  «  Et  hoc  anno  obiit  Guillelmus  et  frater  ejttt 
Drago  factus  est  cornes  ».  —  Malaterra,  I,  la,  a  parlé  de  lui  avec 
éloge,  GufLLAUMB  DE  PouiLLB,  U,  V.  lo-sy,  également;  le  poète  ter* 
mine  par  ces  vers  : 

«  cui  vivere  si  licuisset 

Nemo  pocta  suas  posset  depromere  laudes 
Tanta  fuit  probitas  animt  tam  vivida  virtus  ». 


91 

tnere.  Cestui  Drogo  estoit  sage  chevalier,  singuler,  et  ti- 
moit  et  avoit  paoï^r  de  Dieu  ;  et  Guaymere  lui  donna  sa 
fille  pour  moillier  a  cestui  Drogo,  et  la  dota  moult  gran- 
dement. Et  lo  conte  Drogo  avoit  tant  de  dévotion  et  fidé- 
lité en  lo  prince,  que  molt  de  foiz  Guaymere  lui  faisoit 
contraire  et  jamaiz  non  lo  pooit  faire  décliner  de  la  fidé- 
lité. Et  nul  non  pooit  esmoir  Drogo  qu^il  feist  nulle  choze 
contre  la  volenté  de  Guyamere.  Et  amoit  molt  tuit  li 
Normant  et  lor  donoit  granz  domps,  deffendoit  son  paiz 
et  opprimoit  ses  anemis.  La  cort  soe  estoit  fréquentée 
corne  cort  de  impereor;  li  conte  de  Marsico  (i),  li  potent 
fil  de  Burielle  (2),  et  tuit  li  grant  home  liquel  habitoient 
entor  lui,  se  âiisoient  chevalier  de  sa  main  et  recevoient 
granz  dons.  Lo  marchiz  Boniface,  loquel  est  le  plus  grant 
de  Ytalie  de  ricchesce  et  o  plus  chevaliers,  fist  amistié 
caritative  et  ferma  unité  avec  eauz  (3).  Dui  foiz  Tân  o 
présent  precious  par  ses  messages  visitoit  Tempeor 
dentre  Alemaingne,  et  autresi  lo  impeor  lui  mandoit 
présent  de  Alemaingne,  et  en  loés  Guaymere  par  tout  le 
monde  pour  la  bone  famé  de  Drogo. 

Cap.  35.  Quant  li  Normant  estoient  ad  Averse,  non 

(i)  Les  comtes  des  Marses  au  nord  de  Sora,  près  du  lac  Fucino; 
la  Chronicon  Casinense  parle  à  plusieurs  reprises  de  leurs  rapports 
avec  le  Mont-Cassin,  et  Gattola  a  publié  quelques  chartes  provenant 
d'eux,  notamment,  Accessiones  ad  hist,  Cassin,,  p.  ig5,  une  charte 
de  Bérard,  comte  des  Marses  en  1 048. 

(2)  Ces  fils  de  Borel,  plusieurs  fois  mentionnés  par  les  annalistes 
de  ntalie  du  Sud  dans  la  seconde  moitié  du  xie  siècle,  dominaient 
les  vallées  du  Haut-Sangro.  Aimé  ne  veut  pas  dire  que  ces  seigneurs 
fussent  devenus  les  vassaux  de  Guaimar  de  Salerne,  mais  simplement 
quUls  avaient  avec  lui  des  rapports  de  bonne  amitié. 

(3)  Le  marquis  Boniface,  le  plus  puissant  seigneur  de  Tltalie  du 
Nord  ;  il  épousa  la  duchesse  Béatrix  de  Lorraine^  et  fut  le  père  de 
rillustre  comtesse  Mathilde. 


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93 

Cap.  37.  En  cellui  temps  meismes  que  li  prince  ter- 
rien se  combatoient  pour  accrestre  la  lor  prospérité.  Dieu 
qui  est  creator  de  touz  les  rois  et  les  princes,  non  laissa 
de  faire  son  opération.  Un  jovene  qui  seclamoit  Acchilles 
estgabédela  perversité  de  li  Judée,  en  tel  manière  qu'il 
non  creoit  que  lo  Filz  eust  prisse  char  en  la  virge  Marie, 
estre  apparut  visiblement  en  cest  monde.  Et  ce  enirevint 
que  cestui  Achilles  se  creoit  chacier  li  Judée  de  lor  mal- 
vaize  créance  et  de  lor  malvase  foy,  dont  li  Judée  chace- 
rent  lui  de  la  veraie  foy  christiane  ;  lui  appareilloient 
mely  et  li  Judée  lui  donoient  venim.  Proia  li  christient 
que  li  Judée  croissent  lo  Filz  de  Dieu,  et  li  Judée  amo- 
nestent  li  chrestien  qu^il  lesse  ester  lo  Fill,  et  croie  tant 
soulement  lo  Père;  et  de  ceste  cose  li  chrestien  lor  parla  o 
la  boche,  et  li  Judée  li  tocha  lo  cuer.  Et  lo  chrestien  retor* 
nant  en  soi  alcune  fois,  manifesta  sa  cogitation  a  lo  père 
espirituel,  est  amonesté,  et  molt  souvent  est  enformé  par 
la  prédication  de  lo  prestre.  Toutes  voies,  a  la  manière 
de  lo  chien  qui  mange  ce  qu'il  vomist  par  la  bouche  (  i  ), 
retome  la  anime  soe  a  li  herror,  et  se  combat  entre  soi 
meismes,  et  come  de  doi  home  fait  bataille.  Toutez  foia 
la  malice  de  la  supplantation  de  li  Judée  vainchi  la  dévo- 
tion de  la  religion  de  la  foi,  se  eSbrza  lo  misère  de  traire 
de  mente  ceste  cogitation  que  pert  que  movist  de  la  foi  et 
conscience.  Mes  lo  dyable  Tavoit  lié  avec  lo  argument  de 
11  Judée.  Le  obscurité  ,de  tant  de  dubie  se  prolongue. 
Mes  ceste  infirmeté  que  mire  non  set  garir,  sera  garie  de 
Dieu.  Quant  ces  choses  se  faisoient  de  li  principe,  cestui 
cbristien  estoit  un  de  li  satellite,  c'est  de  li  ministre  ;  o 
armes  servoit  a  Dieu  fidèlement,  toutez  voiez  la  cogitation 


(1)  «   Sicut   canis  qui  revertitur  ad  vomitum    suum.    »  Prov.^ 
XXVI,  II. 


94 

heretice  non  lui  issoit  4e  sa  pensée.  Un  jor  dost  la  porte 
et  estoit  sol  en  l'eclize  ;  et  se  sentoit  offendu  en  sa  cons- 
cience, et  non  se  approcboit  ains  se  tenoit  loing  de  Pautel. 
Et  o  ceste  parole  demandoit  Taide  de  Dieu.  Et  a  lui  fu 
dit  :  c  O  tu  que  demandez  tu  et  voy  lo  cuer,  a  loquet 
nulle  cose  se  puet  abscondre  !  Tu  sez  lo  intention  mie,  et 
non  ne  la  te  puiz  celer;  je  voudroie  croire  en  toi  ensi  co- 
rnent la  sainte  Eglize  Tensaingne,  et  voudroie  aemplir  ce 
que  appromisseen  lo  saint  baptisme;  la  error  antique  ni*a 
assalli,  et  la  ferute  de  li  Judée  m^a  navrée  la  moie  pensée, 
et  estoie  purgié  de  la  purité  de  la  foi  christiane.  Mes  la 
venimoze  dolceze  de  la  parole  de  lo  Judée  m^a  tout  fiût 
orde  et  brut.  O  pitouz  Jeshu-Christ,  aiude  a  ma  maladie 
o  medicine  de  salut,  a  ce  que  non  perise  je  qui  sui  rachaté 
de  ton  precious  sang,  aide-moi  o  la  main  droite  toe  •.  Et 
puiz  quant  il  ot  diae  choze,  la  semblance  de  Tymage  de 
Jeshu-Crist  descendi  de  la  ou  estoit^  et  vint  la  ou  cesrai 
estoit  jovene,  et  lo  conforta  par  ceste  parole  :  c  Saces  que 
je  suis  parfait  Dieu  et  parfait  home,  b  Et  lo  retoma  a  sa 
droite  foi  et  créance  christiane,  et  ensi  lo  jovene  fu  fers  de 
toute  error  et  de  toute  hérésie  (i).  Mes  or  laisserons  a 
parler  de  ceste  matière  et  retornerons  a  Tystoire  que  nous 
avons  devant  lessié. 

Cap.  38.  Et  cestui  Randulfe  de  qui  nous  avons  devant 
parlé,  a  ce  quMl  peust  avoir  la  grâce  de  Guayme,  prince 

(i)  Cet  indice  de  la  propagande  juive  au  xie  siècle  dans  l'Italie 
méridionale  est  curieux  à  constater.  A  propos  des  Juifs  dans  œ  pajs 
et  dans  ce  siècle,  voir  un  passage  de  la  Chronicon  Cassim.,  D»  43  ;  on 
y  lit  que  Tcmpcreur  Henri  II,  étant  venu  au  Mont-Gissiiiy  ncheia 
aux  Juifs,  en  1022,  une  nappe  de  Tautel  de  S.  Benoit  au  Mont-Cassin, 
donnée  autrefois  par  Charlemagne,  et  sur  laquelle  les  Juifs  avaient 
prcté  aux  moines  «  quingentos  aureos  »  ;  le  saint  empereur  rendit  la 
nappe  au  Mont-Cassin. 


9  s 

\ 

I 

de  Salerne,  se  sousmist  a  Drogo,  qu^il  prie  pour  lui  a  ce 
qu'il  puisse  avoir  la  grâce  de  Guaymere  ;  et  Drogo  lui 
prpmist  pour  exemple  de  li  autre  parent  soe  obedir  fidèle- 
ment. Et  Drogo  proia  pour  Raynolfe.  Mes  non  fu  proîere, 
ains  fu  comandement,  car  il  enclina  la  volenté  de  prince 
o  ce  qu^il  vouloit,  et  fii  clamé  Raynolfe  devant  lo  prince 
Guaymere,  et  devant  Drogo.  Et  encontinent  qu^il  fu 
clamé,  il  vint  et  sub  sacrament  se  mist  souz  la  seignorie 
de  lo  prince.  Et  ensi  fu  investut  de  la  main  de  lo  prince 
o  confanon  et  molt  de  domps.  Et  ensi  reiàest  Pandulfe 
gabé  de  son  entention  et  la  soe  malvaisti  charra;  et  hono- 
rablement lo  remanda  Drogo  Averse  o  granz  dons  (i). 

Cap.  39.  Une  autre  briga  leva  contre  Guaymere  GuiU 
lerme  Barbote,  liquel  avoit  esté  norri  en  la  cort  de  lo 
prince  auvec  ses  filz,  et  cefu  par  l'amonestement  de  Pan- 
dulfe, et  s'enclina  a  sa  povreté  et  entra  en  lo  castel  de 
Belvédère,  et  faisoit  damage  a  lo  principat  de  Capue 
quan  qu'il  pooit.  Et  Drogo  fu  clamé,  et  vînt  ad  Averse  o 
tout  li  Normant  en  adjutoire  de  Guaymaire,  et  mist  son 
ost  et  ses  paveiilons  entor  et  restrainst  Guillerme  entre  li 
mur  de  li  castel  et  reprist  que  non  faisoit  damage.  Mes  lo 
chastel  pour  la  hautesce  de  lo  mont  non  se  pooit  prendre, 
et  o  feu  de  un  vilain  fu  ars  ;  et  fu  fait  un  fas  de  branchez 
cfarbre,  et  il  se  mist  dedens,  et  poi  a  poi  va  portant  la 
laingne,  et  lo  lieu  de  lo  castel  garni,  et  o  une  pingnote 
qu'il  portott  lo  feu  arst  tout  lo  chastel,  et  foy  Barbotte  ad 
Argire  pour  estre  son  chevalier.  Et  Argire  lo  prist  mali- 
tiousement,  et  bien  lié  lo  manda  en  Costentinoble.  Et 
pour  la  victoire  faite  de  cellui  vilain,  Guaymere  et  sagent 


(i)  Aimé  est  seul  à  parler  de  cette  réconciliation  du  nouveau  comte  ' 
d' A  versa  avec  Guaimar  par  Tintermédiaire  de  Drogo. 


96 

rctorna  veincheour.  Et  ensi  la  gloire  de  Pandulfe  fu  ani* 
chillée  en  toutes  choses  (i). 

Cap.  40.  Doi  frères  contes  d^Aqu in  (2),  c'est  Adinnlfe 
et  Laude,  por  ce  qu'il  avoient  .ij.  filiez  de  Pandulfe  lui 
estoîent  favorables.  Et  Adenulfe  fu  pris  de  li  chevalier  de 
Guaimere,  et  fu  mis  en  prison.  Et  Laude  son  frère  cer- 
choit  de  lui  délivrer,  et  prist  Richerie  singuler  abbë  de 
Mont-Cassin  et  le  tenoit  por  faire  délivrer  son  frère.  Et  H 
prince  amoit  molt  cestui  abbé,  quaracellui  temps  quant 
lo  empeor  Tordena  prince,  et  cestui  abbé  lo  avoit  doné 
et  recommandé  a  lo  empeor.  Et  li  triste  moine  aten- 
doient  Taide  de  Guaymere,  et  se  lamentoient  à  Guaymere 
de  la  prison  ou  lor  abbé  estoit,  et  lui  prioiem  qu*il  le 
vousist  délivrer  lo  abbé  liquel  il  lor  avoit  donné.  Et  a 
pétition  (3)  de  li  moine  Guaymere  laissa  Adenulfe  et  prist 
Tabbé. 

Cap.  41.  Lo  chastel  de  saint- Benedit,  loquel  est  après 
lo  monasiier  de  Mont  de  Cassyn,  en  cellui  temps  babi- 
toient  iluec  li  Normant  et  avoient  la  seignorie;  de  loquel 
faisoicnt  dampne  a  li  povre.  Li  abbépensoit  cornent  il  les 

(i)  Une  charte  de  Tanden  couvent  de  S.  Biaise  à  Aversa,  analysée 
par  Di  Meo  {Annali  del  regno  di  Napoli,  t.  Vil,  p.  3iiX  montre 
quVn  io3o,  Guilielmus  Barbotus,  ■  unus  de  militihus  de  Aversa  •. 
faisait  une  donation  à  ce  couvent  ;  en  outre,  nous  lisons  dans  rAiK>- 
NVMU8  Bareitsis,  ûd  an,  io5i  :  «  Et  Argiro  comprchens  Barbooca.  ■ 
(Vcst  donc  seulement  un  peu  avant  cette  derniire  date  qu'il  faut 
placer  la  ré\'oIte  dont  parle  Aimé. 

(2)  Adenulfe  et  Landon,  comtes  d*AquinOy  et,  d*sprès  Aimé, 
gendres  Tun  et  l'autre  de  Pandulfe  IV,  prince  dépossédé  de  Capoae. 

(3)  Léo  dk*  Marsi,  II,  68,  rapporte  ces  mêmes  incidents  en  alou- 
tant  quelques  détails  qui  concernent  plus  spécialement  le  àkwt- 
Cassin  et  qu'Aimé  n'avait  pas  à  reproduire;  les  deux  rédts  sont 
identiques  pour  le  fond. 


97 

en  porroit  cachier;  quar  cornent  se  dit,  aucun  pensoit 
contre  Tabbé,  Et  vindrent  li  moine  a  la  cité  de  Saint-Ger- 
main autresi  comme  par  lo  commandement  de  Tabbé  (i)  ; 
et  descendirent  de  il  chevalz  et  desceinstrent  lor  espées  et 
entrèrent  en  Teglize  pour  proier  Dieu.  Toutes  voiez  a  la 
port  sont  li  guarde  et  cloirent  la  porte  ;  li  Normant  se 
pristre  a  deffendre,  mes  pour  ce  qu'il  non  avoient,  alcun 
en  furent  mort,  et  alcun  pris  :  laquel  cose  non  de  croire 
que  ce  fust  sans  la  volenté  de  Dieu,  quar  li  fort  Normant 
liquelle  aloient  vainchant  les  terres,  ne  nul  home  pooit 
contrester  contre  eaux,  que  por  .x.  ou  .xij.  moines  fu- 
gisent.  Et  en  jor  touz  les  chasteauz  de  saint-Beriedit 
furent  recovré,  liquel  li  empereor  non  peut  o  armes 
prendre  en  un  an  (2). 

Cap.  42.  Et  lo  abbé  sage,  a  ce  que  li  petit  de  Normant 
liquel  estoient  fouy  ne  retornassent  o  molt  de  gent  et 
occupassent  la  terre  molt  fortement,  rompi  la  visselle 
d^or  et  d'argent,  liquel  avoient  esté  fait  a  Tonor  de  Dieu, 
et  les  parti  a  li  chevalier  d'ilec  entor,  liquel  il  assembla 
contre  la  force  de  li  Normant,  L'une  part  et  l'autre  s'a- 
semblerent  et  vindrent  lendemain  a  la  bataille;  cestui 
combatoient  pour  deffendre  la  terre  de  Dieu,  et  cil  pour 

(i)  Le  sens  de  la  phrase  et  du  contexte  montre  qu'il  faut  «  li  Nor- 
mant »  au  lieu  de  «  li  moine.  » 

(2}  Didier,  abbé  du  Mont-Cassin  (Diâ/o^i,  L  il,  dans  Migne,  Piifr. 
lat,,  t.  149,  999)  et  Léo  de*  Marsi,  II,  71,  ont  également  raconté 
cette  expulsion  des  Normands  des  châteaux  et  domaines  du  Mont- 
Cassin.  On  voit  par  le  récit  de  Léo  de*  Marsi,  que  la  population  de 
San-Germano  combattit  avec  les  moines  contre  les  Normands  dans 
Téglise  de  San-Germano  ;  il  n*est  donc  pas  exact  de  dire  que  dix  ou 
douze  moines  ont  eu  raison  d*eux.  De  même  tous  les  châteaux  du 
Mont-Cassin  ne  furent  pas  délivrés  en  un  seul  jour,  ceux  de  S.  Victor 
et  de  S.  André  résistèrent  pendant  quelque  temps  encore. 

7 


88 

a  li  fidel  Normant  et  a  tout  lo  pueple,  quar  fu  grant 
damage,  quar  tant  estoit  biauz,  fors  et  cortoiz,  et  sages, 
et  plein  de  toutes  bontés  que  jovene  doit  avoir  en  sa  per- 
sone. 

Cap.  32.  Apres  ce  que  cestui  bel  jovene  Asclitîne, 
conte  de  li  vaillant  et  fidel  Normant,  fu  mort  cornent 
nouz  avons  devant  dit,  Guaymere,  lo  prince  de  Salerae, 
se  festina  et  hasta  de  faire  conte  sur  li  Normant,  et  non 
lo  fist  de  celle  gent  qui  avoient  esté  avant,  mes  de  un 
autre  lignage  fist  prince  un  qui  se  claraoit  Haut  (i);  et 
non  o  grant  volenté  de  lo  pueple  fu  fait  conte  de  Averse. 

Cap.  33.  Et  faisant  ceste  choze,  la  prospérité  de  Guay- 
mere accressoit.  Cestui,  lo  neveu  del  major  conte  Ray- 
nolfe,  liquel  se  clamoit  Tridinocte  (2),  et  Hugo  loquel 
avoit  souprenom  Fallacia  (3),  ot  en  prison,  liquel  ende- 
mentre  quMl  les  faisoit  destreindre  en  prison  en  la  roche 
de  la  cité,  laquel  rocche  se  clamoit  la  Major  Torre,  avec 
molt  autres,  lor  donoit  pêne  et  torment;  et  estoit  en 
celle  prison  Johan  Pantaleon  (4),  et  Costentin  fill  de 
Tuisco,  home  molt  sage,  et  estoit  deMalfe(5).  Et  cestui, 

(i)  AiMK  est  d'accord  avec  Léo  de*  Mabsi  dont  voici  la  première 
rédaction,  II,  06;  «  Dchinc  Rodulfus,  filius  Oddônis,  cognomento 
Ca poilus  qucm  post  paucum  tempus  Avcrsani  de  honore  projicientes» 
Rodulfum  Trincanocte  pracfccerunt.  »  La  seconde  rédaction  est  à  peu 
prcs  semblable  :  u  Dchinc  Rodulfus  cognomcnto  Capellus,  que  ab 
Avcrsanis  cxpulso  Raidulfus  Trindinoctc  cornes  cflfectus  est.  » 

(2)  Sur  ce  Tridinocte  ou  plutôt  Trincanocte,  voyez  la  note  précé- 
dente; il  était  tils  d'un  frère  de  Rainulfe,  premier  conte  d*A versa. 

(.>)  Ce  Hugo  Fallacia  doit  être  le  même  que  Hugo  Falluca  qui, 
d'après  Léo  de'  Marsi,  II,  41,  fit  partie  de  la  colonie  normande  de 
Cominu. 

(4)  Fils  de  Maurus  et  membre  de  Tillustre  famille  Panlaléo  d*A> 
malfi. 

(5)  Amalfi  sans  doute,  et  non  pas  MelA. 


89 

puiz  longue  prison,  prièrent  Martin  guarde  de  la  prison 
et  portier  de  la  de  toute  la  roche,  et  lui  prometerent 
molt  de  domps,  et  li  jurèrent  de  faire  lo  seignor  de  tôt 
ce  qu^il  avoient  s^il  vouloir  entendre  à  lor  délibération. 
Et  quant  Martin  entendi  et  sot  la  promesse  que  cil  lui 
prometoient,  il  s^enclina  et  pensa  a  eaux  délivrer,  et  pour 
dui  raysons  :  Tune  porce  qu^il  avoit  compassion  de  lor 
misère,  et  Pautre  pour  la  espérance  de  la  grant  promis- 
sion; et  envita  a  cestui  fait  Randulfe  et  Hugo;  jura  Ray- 
nolfe  et  jura  Hugo;  et  promistrent  coment  li  autre  a 
Martin,  autresi  comment  li  autre,  et  de  lui  aidier  a  toutes 
chozes  qui  mestier  lor  feroit  come  a  lor  persones.  Et  li 
Normant,  coment  se  monstre  à  lire  en  lo  livre,  estoient 
tenut  plus  vaillant  et  de  plus  grant  force  et  fidélité  que  cil 
de  ces  parties  de  cà,  et  vouloit  Martin  ces  dui  délivrer 
autresi  coment  li  autre.  Et  autresi  cestui  lui  promistrent 
de  aidier  lui  come  a  eaux  meisme,  et  en  toutes  coses  qu^il 
porroient  faire  et  gainghier  l'en  feroient  participant  Et 
puiz  tuit  pensèrent  en  lor  corage  et  volenté  coment 
il  dévoient  faire.  Gel  de  Amalfe  orderent  bevrage,  et  li 
Normant  clamèrent  Paide  de  li  amis.  Et  ordenant  lo  jor 
à  ce  que  li  amis  de  li  Normant  seussent  quant  li  Amalfe- 
tain  dévoient  ordener  lo  trait,  et  li  parent"  lor  vindrcnt 
apareillez  o  tout  li  cheval,  a  ce  qu^il  peussent  fouir.  Et 
quant  tout  ce  fu  ordené,  li  Amalfetain  orent  clarere  pour 
donner  a  bevre,  et  orent  subtillissime  peperce  pour  men- 
gier  avec  la  char,  et  toute  li  guarde  qui  lor  parut  clamèrent 
a  boire.  Et  Costentin  faisoit  Tovre  et  Jehan  donnoit  a 
boire,  et  les  prioit  quMl  bevissent  bien;  et  tant  bevoient 
plus,  plus  vouloient  boire,  et  aucuns  furent  purgié  pour 
les  noiceles  qu'il  mengerent,  et  menjoient  la  pevrée  ou 
est  autresi  la  medicine.  Etencor  lor  proia  en  charité  qu^il 
bevissent,  et  a  Tultime  se  cochèrent  touz  yvres.  Et  adont 


t  aproxima  Tore  que  li  galle  chantoient,  et  Martin  les 
"xha  et  non  lo  scntoient,  et  a  l'un  traoit  li  brugae,  et  i 
:  autre  tiroit  lo  nez,  et  Tautre  prennoit  par  lo  pie  etk 
-  rainoft  par  la  maison,  et  toutes  voiez  noient  n^n  sentoit. 
Va  quant  Martin  vit  ce,  ovri  la  prison,  et  délivra  li  priaoo 
dt  la  cathene,  et  ovri  la  porte.  Etchevaucerent  li  chevaux 
<^iui  lor  estoient  appareilliez,  et  sVn  vont  a  lo  ckasiel  de 
Matelone  M).  Je  croi  que  veut  dire  Madalone,  quar  ja 
ettoit  faite  Caserte  et  Magdalone,  cornent  aî-ge  dit  eo 
l'ystoire  de  li  Longoban,  liquel  vindrent  en  Ytalie avant 
que  li  Normant.  Guaymere  se  leva  au  matin  et  vit  lo 
chastel  rout,  et  li  garde  trova  a  la  porte  coment  ae  il 
eussent  esté  batus  de  lo  dyable,  et  li  prison  sont  délivré. 
Remest  triste  Guaymarie;  et  Pandulfe,  loquel  estoit  ex- 
principe,  ce  est  ce  que  estoit  chacié  de  son  princepée  de 
Capuc  et  anemi  de  Guaymere,  fu  molt  alegre  et  joiant, 
les  rechut  gratiosement,  et  lor  promist  ^  qu^il  avoit  et 
devoit  avoir,  quar  par  eaux  pensse.cft  fecovrer  Ponordt 
Capue,  cVst  la  seignorie  de  prince. 

Cap.  34.  En  cellui  temps  meismes,  si  comme  nous 
trovons  escript  en  ceste  cronica,  fu  mort  Guillerme  conte 
de  Puillc  (2),  home  sage  et  singuler,  et  a  lui  succedi  son 
frcrc  liquel  se  clamoit  Drogo,  et  fu  fait  conte  de  Puille  de 
li  vaillant  chevalier  normant,  et  estoit  apprové  de  Guay- 

(i)  Maddaloni  au  sud-est  de  Caterta. 

(2)  La  date  de  la  mort  de  Guillaume  bras-de-fer  est  dcMUiée  par 
Lupus,  ad  an,  1046  :  «  Et  hoc  anno  obiit  Guillelmus  et  firater  ejtu 
Drago  factus  est  cornes  ».  —  Malatbsra,  I,  i  a,  a  parlé  de  lui  avec 
cloge,  GuiLLAUMB  DE  PouiLLE,  II,  V.  20- 37,  également;  le  poète  ter- 
mine par  ces  vers  : 

«  cui  vivere  si  licuisset 

Ncmo  pocta  suas  posset  depromere  laudes 
Tanta  fuit  probitas  animi  tam  vivida  virtus  •». 


91 

mère.  Cestui  Drogo  estoit  sage  chevalier,  singuler,  et  ti- 
moitet  avoitpaou^r  de  Dieu;  et  Guaymere  lui  donna  sa 
fille  pour  moillier  a  cestui  Drogo,  et  la  dota  moult  gran- 
dement. Et  lo  conte  Drogo  avoit  tant  de  dévotion  et  fidé- 
lité en  lo  prince,  que  molt  de  foiz  Guaymere  lui  faisoit 
contraire  et  jamaiz  non  lo  pooit  faire  décliner  de  la  fidé- 
lité. Et  nul  non  pooit  esmoir  Drogo  qu^il  feist  nulle  choze 
contre  la  volenté  de  Guyamere.  Et  amoit  molt  tuit  li 
Normant  et  lor  donoit  granz  domps,  deffendoit  son  paîz 
et  opprimoit  ses  anemis.  La  cort  soe  estoit  fréquentée 
corne  cort  de  impereor;  li  conte  de  Marsico  (i),  li  potent 
fil  de  Burielle  (2),  et  tuit  li  grant  home  liquel  habitoient 
entor  lui,  se  âiisoient  chevalier  de  sa  main  et  recevoient 
granz  dons.  Lo  marchiz  Boniface,  loquel  est  le  plus  grant 
de  Ytalie  de  ricchesce  et  o  plus  chevaliers,  fist  amistié 
caritative  et  ferma  unité  avec  eauz  (3).  Dui  foiz  Tân  o 
présent  precious  par  ses  messages  visitoit  Tempeor 
dentre  Alemaingne,  et  autresi  lo  impeor  lui  mandoit 
présent  de  Alemaingne,  et  en  loés  Guaymere  par  tout  le 
monde  pour  la  bone  famé  de  Drogo. 

Cap.  35.  Quant  li  Normant  estoient  ad  Averse,  non 

(i)  Les  comtes  des  Marses  au  nord  de  Sora,  près  du  lac  Fucino; 
la  Chronicon  Casinense  parle  à  plusieurs  reprises  de  leurs  rapports 
avec  le  Mont-Cassin,  et  Gattola  a  publié  quelques  chartes  provenant 
d'eux,  notamment,  Accessiones  ad  hist.  Cassin,,  p.  ig5,  une  charte 
de  Bérard,  comte  des  Marses  en  1 048. 

(2)  Ces  fils  de  Borel,  plusieurs  fois  mentionnés  par  les  annalistes 
de  ntalie  du  Sud  dans  la  seconde  moitié  du  xie  siècle,  dominaient 
les  vallées  du  Haut-Sangro.  Aimé  ne  veut  pas  dire  que  ces  seigneurs 
fussent  devenus  les  vassaux  de  Guaimar  de  Salerne,  mais  simplement 
qu'ils  avaient  avec  lui  des  rapports  de  bonne  amitié. 

(3)  Le  marquis  Bonifisice,  le  plus  puissant  seigneur  de  Tltalie  du 
Nord  ;  il  épousa  la  duchesse  Béatrix  de  Lorraine,  et  fut  le  père  de 
l'illustre  comtesse  Mathilde. 


92 

voloient  autre  conte  de  autre  gent  ou  lignage,  orent  con- 
seill  avec  Pand\ilfe  filz  de  lo  frère  de  lo  grant  Raynolfe 
que  acquesté  la  conté  de  ses  parens  (i).  Et  cestui  estoit 
cellui  qui  avoit  esté  em  prison.  Et  Pandulfe  (2)  donna 
tant  de  argent  corne  il  donnera  Randulfe,  et  confortoit  le 
qu^il  alast  pour  recovrer  lo  honor,  et  cestui  faisoit  come 
est  dit  se  cestui  seignorioit  Averse.  Pandulfe  avoit  espé- 
rance de  recovrer  Capue.  Et  la  nuit  Randulfe  entra  en 
Averse,  et  fu  receu  molt  dévotement  de  ceaux  de  la  cité. 
Et  conseillèrent^  et  font  contre  la  volenté  Guaymere;  et 
li  autre  conte  fu  chacié  de  Averse  et  foui  :  dont  depuiz  fu 
clamé  conte  Cappille  (3).  Et  cercha  Randulfe  de  mètre 
siège  contre  Salerne,  et  manesa  de  soi  vengier  de  Guay- 
mere et  de  la  injure  de  la  prison. 

Cap.  36.  Et  Drogo  se  festina  de  deffendre  la  injure  de 
son  seignor,  et  dist  a  lo  prince  priveement  :  c  Alons 
contre  nostre  anemi,  et  opprimons  lo  audace  soe;  alons 
lui  a  rencontre  a  mege  voie,  et  la  mostrons  la  vertu 
nostre,  et  la  fin  de  la  bataille  o  la  superbe  de  cestui  pie- 
suntuouz  déterminons.  »  Lo  mont  après  a  Sarne  (4) 
sallirent,  et  espcctoient  que  loranemis  venissent,  et  Ran* 
dulfc  muta  son  proponement;  quar  a  Pandulfe  feillirent 
deniers  et  lo  grain  non  lui  habundoit,  ne  la  terre  non 
estoit  seminée,  et  lo  vin  lui  estoit  failli  a  Pandulfe,  dont 
non  pooit  mostrer  a  Raynolfe  quHl  face  brigue  a  nul 
home. 

(i)  Ccst  évidemment  Randulfe  et  non  Pandulfe  qu'il  faut  lire» 
puisqu'il  8*agit  de  Randulfe  ou  Raynolfe  Trincanocte. 

(2)  Pandulfe,  prince  dépo&sédé  de.  Capouc  et  Tennemi  de  Guai- 
mar. 

(3)  Cf.  supra,  p.  88,  note  i,  les  textes  de  la  première  et  de  la 
seconde  rédaction  de  Léo  de'  Marsi. 

(4)  Le  Monto-Scarno,  non  loin  et  à  Test  du  Vésuve. 


93 

Cap.  37.  En  cellui  temps  meismes  que  li  prince  ter- 
rien se  combatoient  pour  accrestre  la  lor  prospérité.  Dieu 
qui  est  creator  de  touz  les  rois  et  les  princes,  non  laissa 
de  faire  son  opération.  Un  jovene  qui  seclamoit  Acchilles 
estgabédela  perversité  de  li  Judée,  en  tel  manière  qu'il 
non  creoit  que  lo  Filz  eust  prisse  char  en  la  virge  Marie, 
estre  apparut  visiblement  en  cest  monde.  Et  ce  enirevint 
que  cestui  Achilles  se  creoit  chacier  li  Judée  de  lor  mal- 
vaize  créance  et  de  lor  mal  vase  foy,  dont  li  Judée  chace- 
rent  lui  de  la  veraie  foy  christiane  ;  lui  appareilloient 
mel,  et  li  Judée  lui  donoient  venim.  Proia  li  christient 
que  li  Judée  croissent  lo  Filz  de  Dieu,  et  li  Judée  amo- 
nestent  li  chrestien  qu^il  lesse  ester  lo  Fill,  et  croie  tant 
seulement  lo  Père;  et  de  ceste  cose  li  chrestien  lor  parla  o 
la  boche,  et  li  Judée  li  tocha  lo  cuer.  Et  lo  chrestien  retor- 
nant  en  soi  alcune  fois,  manifesta  sa  cogitation  a  lo  père 
espirituel,  est  amonesté,  et  molt  souvent  est  enformé  par 
la  prédication  de  lo  prestre.  Toutes  voies,  a  la  manière 
de  lo  chien  qui  mange  ce  qu^il  vomist  par  la  bouche  (  i  ), 
retome  la  anime  soe  a  li  herror,  et  se  combat  entre  soi 
meismes,  et  come  de  doi  home  fait  bataille.  Toutez  foia 
la  malice  de  la  supplantation  de  li  Judée  vainchi  la  dévo- 
tion de  la  religion  de  la  foi,  se  eSbrza  lo  misère  de  traire 
de  mente  ceste  cogitation  que  pert  que  movist  de  la  foi  et 
conscience.  Mes  lo  dyable  Tavoit  lié  avec  lo  argument  de 
li  Judée.  Le  obscurité  .de  tant  de  dubie  se  prolongue. 
Mes  ceste  infirmeté  que  mire  non  set  garir,  sera  garie  de 
Dieu.  Quant  ces  choses  se  faisoient  de  li  principe,  cestui 
christien  estoit  un  de  li  satellite,  c^est  de  li  ministre  ;  o 
armes  servoit  a  Dieu  fidèlement,  toutez  voiez  la  cogitation 

(i)  «   Sicut   canis  qui  revertitur  ad  vomitum    suum.    »  Prov.^ 
XXVI,  II. 


94 

hcretice  non  lui  issoît  de  sa  pensée.  Un  jor  dost  la  pone 
et  estoit  sol  en  Teclize  ;  et  se  sentoit  offendu  en  sa  cons- 
cience, et  non  se  approcboit  ains  se  tenoii  loîng  de  Tautel. 
Ft  o  ceste  parole  demandoit  Taide  de  Dieu.  Et  a  lui  fit 
dit  :  c  O  tu  que  demandez  tu  et  V07  lo  cuer,  a  loque] 
nulle  cose  se  puet  abscondre  !  Tu  sezlo  intention  mie,  et 
non  ne  la  te  puiz  celer;  je  voudroie  croire  en  toi  ensi  co- 
rnent la  sainte  Eglize  1  ensaingne,  et  voudroie  aemplir  ce 
que  appromisseen  lo  saint  baptisme;  la  error  antique  in*a 
assalli,  et  la  ferute  de  li  Judée  m'a  navrée  la  moie  pensée, 
et  estoie  purgié  de  la  purité  de  la  foi  christiane.  Mes  la 
venimoze  dolceze  de  la  parole  de  lo  Judée  m'a  tout  fût 
orde  et  brut.  O  pitouz  Jeshu-Chribt,  aiude  a  ma  maladie 
o  medicine  de  salut,  a  ce  que  non  perise  je  qui  sui  rachaté 
de  ton  precious  sang,  aide-moi  o  la  main  droite  toe  ».  Et 
puiz  quant  il  ot  ditte  choze,  la  semblance  de  Tymage  de 
Jeshu-Crist  descend!  de  la  ou  estoit^  et  vint  la  ou  cestui 
estoit  jovene,  et  lo  conforta  par  ceste  parole  :  c  Saces  que 
je  suis  parfait  Dieu  et  parfait  home,  b  Et  lo  retoma  a  sa 
droite  foi  et  créance  christiane,  et  ensi  lo  jovene  fu  fers  de 
toute  error  et  de  toute  hérésie  (i).  Mes  or  laisserons  a 
parler  de  ceste  matière  et  retornerons  a  Tystoire  que  nouz 
avons  devant  lessié. 

Cap.  38.  Et  cestui  Randulfe  de  qui  nous  avons  devant 
parlé,  a  ce  qu^il  peust  avoir  la  grâce  de  Guayme,  prince 

(i)  Cet  indice  de  la  propagande  juive  au  xie  siècle  dans  Fltalie 
méridionale  est  curieux  à  constater.  A  propos  des  Juifs  dans  œ  pays 
et  dans  ce  siècle,  voir  un  passage  de  la  Chronicon  Cassim.,  0,  43  ;  00 
y  lit  que  Tcmpcreur  Henri  II,  étant  venu  au  Mont-Gissin,  racheta 
aux  Juifs,  en  102a,  une  nappe  de  Tautel  de  S.  Benoit  au  Mont«Castio, 
dtmnéc  autrefois  par  Charlemagne,  et  sur  laquelle  les  Juifs  avaient 
prcté  aux  moines  «  quingentos  aureos  »  ;  le  saint  empereur  rendit  U 
nappe  au  Mont-Cassin. 


î>5 

de  Salerne,  se  sousmist  a  Drogo,  qu^il  prie  pour  lui  a  ce 
qu*il  puisse  avoir  la  grâce  de  Guaymere  ;  et  Drogo  lui 
prpmist  pour  exemple  de  li  autre  parent  soe  obedir  fidèle- 
ment. Et  Drogo  proia  pour  Raynolfe.  Mes  non  fu  proiere, 
ains  fu  comandement,  car  il  enclina  la  volenté  de  prince 
o  ce  quMl  vouloit,  et  fii  clamé  Raynolfe  devant  lo  prince 
Guaymere,  et  devant  Drogo.  Et  encontinent  qu'il  fu 
clamé,  il  vint  et  sub  sacrament  se  mist  souz  la  seignorie 
de  lo  prince.  Et  ensi  fu  investut  de  la  main  de  lo  prince 
o  confanon  et  molt  de  domps.  Et  ensi  renfiest  Pandulfe 
gabé  de  son  entention  et  la  soe  malvaisti  charra;  et  hono- 
rablement lo  remanda  Drogo  Averse  o  granz  dons  (i). 

CàP.  39.  Une  autre  briga  leva  contre  Guaymere  GuiU 
lerme  Barbote,  liquel  avoit  esté  norri  en  la  cort  de  lo 
prince  auvec  ses  filz,  et  cefu  par  l'amonestement  de  Pan- 
dulfe, et  s'enclina  a  sa  povreté  et  entra  en  lo  castel  de 
Belvédère,  et  faisoit  damage  a  lo  principat  de  Capue 
quan  qu'il  pooit.  Et  Drogo  fu  clamé,  et  vînt  ad  Averse  o 
tout  li  Normant  en  adjutoire  de  Guaymaire,  et  mist  son 
ost  et  ses  paveillons  entor  et  restrainst  Guillerme  entre  li 
mur  de  li  castel  et  reprist  que  non  faisoit  damage.  Mes  lo 
chastel  pour  la  hautesce  de  lo  mont  non  se  pooit  prendre, 
et  o  feu  de  un  vilain  fu  ars  ;  et  fu  fait  un  fas  de  branchez 
cf'arbre,  et  il  se  mist  dedens,  et  poi  a  poi  va  portant ,  la 
laingne,  et  lo  lieu  de  lo  castel  garni,  et  o  une  pingnote 
qu'il  portoît  lo  feu  arst  tout  lo  chastel,  et  foy  Barbotte  ad 
Argire  pour  estre  son  chevalier.  Et  Argire  lo  prist  mali- 
tiousement,  et  bien  lié  lo  manda  en  Costentinoble.  Et 
pour  la  victoire  faite  de  cellui  vilain,  Guaymere  et  sagent 


(1)  Aimé  est  seul  à  parler  de  cette  réconciliation  du  nouveau  comte  ' 
d*Aversa  avec  Guaimar  par  Tintermédiaire  de  Drogo. 


96 

retorna  veincheour.  Et  ensi  la  gloire  de  Pandulfe  fu  ani- 
chillée  en  toutes  choses  ( i  ). 

Cap.  40.  Doi  frères  contes  d'Aquin  (2),  c'est  Adinuife 
et  Laude,  por  ce  qu'il  avoient  .ij.  filiez  de  Pandulfe  lui 
estoient  favorables.  Et  Adenulfe  fu  pris  de  H  chevalier  de 
Guaimere,  et  fu  mis  en  prison.  Et  Laude  son  frère  cer- 
choit  de  lui  délivrer,  et  prist  Richerie  singuler  abbé  de 
Mont-Cassin  et  le  tenoit  por  faire  délivrer  son  frère.  Etli 
prince  amoit  molt  cestui  abbé,  quaracellui  temps  quant 
lo  empcor  Tordena  prince,  et  cestui  abbé  lo  avoit  doné 
et  recommandé  a  lo  empeor.  Et  li  triste  moine  aten- 
doient  Taide  de  Guaymere,  et  se  lamentoient  à  Guaymere 
de  la  prison  ou  lor  abbé  estoit,  et  lui  prioient  qu'il  le 
vousist  délivrer  lo  abbé  liquel  il  lor  avoit  donné.  Et  a 
pétition  (3)  de  li  moine  Guaymere  laissa  Adenulfe  et  prist 
Tabbé. 

Cap.  41.  Lo  chastel  de  saint-Benedit,  loquel  est  après 
lo  monastier  de  Mont  de  Cassyn,  en  cellui  temps  babi- 
toient  iluec  li  Normant  et  avoient  la  seignorie;  de  loquel 
faisoient  dampne  a  li  povre.  Li  abbé  pensoit  cornent  il  les 

(1)  Une  charte  de  rancicn  couvent  de  S.  Biaise  à  Aversa,  analysée 
par  Di  Meo  {Annal i  del  regno  di  Napoîi,  t.  Vil,  p.  3 11),  montre 
qu*cn  io3o,  Guiliclmus  Barbotus,  «  unus  de  militibus  de  Aversa  ■, 
faisait  une  donation  à  ce  couvent  ;  en  outre,  nous  lisons  dans  TAvo- 
NVMUS  Barehsis,  ad  an,  io5i  :  «  Et  Argiro  comprehens  Btrbooca.  ■ 
Cest  donc  seulement  un  peu  avant  cette  dernière  date  qu*i]  faut 
placer  la  révolte  dont  parle  Aimé. 

(2)  Adenulfe  et  Landon,  comtes  d^Aquino,  et,  d'après  Aimé, 
gendres  Pun  et  Tautre  de  Pandulfe  IV,  prince  dépossédé  de  Capoue. 

(3)  Léo  de*  Marsi,  II,  68,  rapporte  ces  mêmes  incidents  en  ajou- 
tant quelques  détails  qui  concernent  plus  spécialement  le  Mont- 
Cassin  et  qu'Aimé  n'avait  pas  à  reproduire;  les  deux  rédts  sont 
identiques  pour  le  fond. 


97 

en  porroit  cachier;  quar  cornent  se  dit,  aucun  pensoit 
contre  Pabbé.  Et  vindrent  li  moine  a  la  cité  de  Saint-Ger- 
main autresi  comme  par  lo  commandement  de  Tabbé  (i)  ; 
et  descendirent  de  li  chevalz  et  desceinstrent  lor  espées  et 
entrèrent  en  Peglize  pour  proier  Dieu.  Toutes  voiez  a  la 
port  sont  li  guarde  et  cloirent  la  porte  ;  li  Normant  se 
pristre  a  deffendre,  mes  pour  ce  qu'il  non  avoient,  alcun 
en  furent  mort,  et  alcun  pris  :  laquel  cose  non  de  croire 
que  ce  fust  sans  la  volenté  de  Dieu,  quar  li  fort  Normant 
liquelle  aloient  vainchant  les  terres,  ne  nul  home  pooit 
contrester  contre  eaux,  que  por  .x.  ou  .xij.  moines  fu- 
gisent.  Et  en  jor  touz  les  chasteauz  de  saint-Beriedit 
furent  recovré,  liquel  li  empereor  non  peut  o  armes 
prendre  en  un  an  (2). 

Cap.  42.  Et  lo  abbé  sage,  a  ce  que  li  petit  de  Normant 
liquel  estoient  fouy  ne  retornassent  o  molt  de  gent  et 
occupassent  la  terre  molt  fortement,  rompi  la  visselle 
d^or  et  d'argent^  liquel  avoient  esté  fait  a  l'onor  de  Dieu, 
et  les  parti  a  li  chevalier  d'ilec  entor,  liquel  il  assembla 
contre  la  force  de  li  Normant.  L'une  part  et  l'autre  s'a- 
semblerent  et  vindrent  lendemain  a  la  bataille;  cestui 
combatoient  pour  deffendre  la  terre  de  Dieu,  et  cil  pour 

(i)  Le  sens  de  la  phrase  et  du  contexte  montre  qu'il  faut  «  li  Nor- 
mant •  au  lieu  de  «  li  moine.  » 

(2)  Didier,  abbé  du  Mont-Cassin  (Dm/o^t,  L  II,  dans  Migne^  Pafr. 
lût.,  t.  14g,  999)  et  Léo  de*  Marsi,  II,  71,  ont  également  raconté 
cette  expulsion  des  Normands  des  châteaux  et  domaines  du  Mont* 
Cassin.  On  voit  par  le  récit  de  Léo  de*  Marsi,  que  la  population  de 
San-Germano  combattit  avec  les  moines  contre  les  Normands  dans 
Téglise  de  San-Germano  ;  il  n*est  donc  pas  exact  de  dire  que  dix  ou 
douze  moines  ont  eu  raison  d'eux.  De  même  tous  les  châteaux  du 
Mont-Cassin  ne  furent  pas  délivrés  en  un  seul  jour,  ceux  de  S.  Victor 
et  de  S.  André  résistèrent  pendant  quelque  temps  encore. 

7 


98 

vengier  la  injure  de  lor  parens.  Mes  Dieu  s^apparut  en 
megc,  saint  Benedit  en  celle  bataille  se  mostra  gofanon- 
nier.  Et  a  ce  que  non  fust  espandu  tant  de  sanc  tuit  li 
Normant  furent  liés  de  petit  de  lignement.  Et  li  abbé 
puiz  tmt  securetnent  la  terre,  et  puiz  celle  hore  non  rece- 
pirent  nul  contraire  en  lor  terre  (i). 

Cap.  43.  En  celui  temps  vint  Ricchart  fill  de  Asdi- 
tine  (2),  bel  de  forme  et  de  belle  estature  de  seignor, 
jovcne  home  et  clere  face  et  resplendissant  de  bellesce, 
liquel  estoit  amé  de  toute  f>ersone  qui  lo  véoit  ;  liquel 
estoit  secute  de  molt  de  chevaliers  et  dé  pueple.  Cestui 
par  industrie  chevauchoit  un  petit  cheval,  si  que  petit  s^en 
failloit  que  li  pié  ne  feroient  a  terre.  Cestui  pour  Tamor 
de  son  oncle  et  de  lo  frerc  et  pour  la  beauté  de  sa  juven- 
tute  laquelle  non  se  pooit  estimer  de  tout  lo  monde, 
estoit  amé  et  honoré.  Touz  disirroient  qu'il  fust  conte,  et 
tuit  corne  a  conte  lui  aloient  après.  Et  son  cosin  Ray- 
dulfe  (3)  se  prist  garde  de  celle  honor  que  chascun  lui 
faisoit,  si  en  fu  molt  dolent,  si  lui  pria  qu^il  se  partist 
de  lui  ;  quar  il  creoit  cstre  privé  de  son  honor  pour  lui, 
puiz  qu'il  veoit  qu'il  estoit  plus  amé  de  touz  que  lui.  Et 
se  parti  Ricchart  de  son  émule,  c'est  qu^il  avoit  envie  de 
lui,  et  s'en  alla  a  son  ami  Unfroi,  frère  de  Drogo,  et  lo 

(i)  Léo  de*  Marsi,  H,  71,  dit  aussi  que  Dieu  se  p^nonçt  contre 
les  Normands,  lorsque  les  fidèles  du  Mont-Cassin  s'emparèrent,  après 
treize  jours  de  siège,  du  château  de  S.  André.  Diaprés  Léo  de*  Mant, 
cette  expulsion  des  Normands  eut  lieu  au  mois  de  mai  1045. 

(2)  Le  comte  Asclitine,  qui  avait  eu  Accrcnza  au  partage  de  1043; 
Richard  était  donc  frère  d*Asclitine  le  jeune,  comte  d*  A  versa,  et  mort 
peu  auparavant. 

(3)  Il  s*agit  de  Rodolphe  ou  Ranulphe  Trincanocte,  alors  comte  | 
d*A versa;  on  voit  que  le  traducteur  d*Aimé  écrit  ce  nom  de  bien  des  \ 
façons. 


99 

rechut  gratiosement  et  lo  traita  honorablement  cornent 
parent.  Lo  bel  jovene  se  delictoit  de  sa  juventute  de  lo 
autre,  et  partout  il  aloit  non  lui  failloit  palme  de  victoire 
tant  estoit  vaillant. 

Cap.  44.  Un  home  qui  se  clamoît  Sarule  tenoit  une 
cité  qui  se  clamoit  lézane  (ij,  laquel  avoit  esté  de  son 
frère  loquel  estoit  mort  et  se  cla  sclite  (2),  loquel  Sarule 
amoit  Asclitine  come  encoire  fust  vif  et  li  portoit  foi. 
Cestui  senti  puiz  que  Ricchart  estoit  en  la  compaingnie  de 
Umfroy.  Cestui  ala  la  ou  estoit  Ricchart,  et  si  tost  come 
il  lo  vît  il  lo  connut  por  la  bone  famé  qu'il  en  avoit  oï 
dire,  et  il  seaprocha  de  Richartetlui  proia  qu'il  eustson 
amistié,  et  lui  proia  qu'il  venist  avec  lui  a  sa  cité,  et  ensi 
fu  fait.  Et  quant  il  furent  à  lézane,  Sarule  clama  ses 
chevaliers*  et  de  autre  gent  non  petite  multitude,  et  lor 
dit  :  «  Ça  est  venu  lo  frère  de  son  seignor  ;  et  confessa  que 
celle  cité  estait  de  celui  ploiez  les  bras  et  faites  lo  cheva- 
lier Richart.  d  Et  non  atendi  dom  coment  est  usance, 
mes  offri  à  Richart  toutes  les  coses  soes.  Et  proia  tuit  li 
chevalier  que  ce  qu'il  avoit  fait  feissent  tuit;  quar  firent 
don  a  Richart  de  il  meisme,  et  autresi  constraint  la  cité 
de  jurer  lui  fidélité.  La  terre  et  toute  la  forteresce  qui 
estoit  en  la  terre  mist  en  la  poesté  de  Richart.  Et  lui  vou- 
loit  Sarule  leissier  la  terre,  et  Richart  lui  prie  qu'il  mé- 
maigne  auvec  lui,  et  celles  choses  qu'il  lui  avoit  donée 
ait  auvec  soi  et  se  délecte  avec  lui.  Et  Sarule  se  consenti 
et  serva  lo  comandement  se  son  seignor.  Non  se  expetta 
jusque  a  lo  jor  sequent  :  en  celle  nuit  lo  cercha  autre  cité 

(  I  )  Genzano  de  Fouille,  au  nord-est  d'Acerenza,  sur  la  rive  gauche 
et  non  loin  du  haut  Bradano. 

(2)  Le  manuscrit  est  défectueux  ;  il  faut  lire  évidemment  «  et  se 
clamoit  Asclitine.  » 


100 

et  une  proie  sans  nombre  aporterent  li  chevalier  et  satura 
plenement  li  citadin  de  la  terre;  et  as  domps  que  fist  Ric- 
chart  corurent  moult  de  chevaliers.  L^un  jor  donnoit  ce 
qu^il  avoit^  et  lo  jour  après  se  demoroit  aucune  cose  a 
donner  non  le  leissoit  ;  ce  qu^il  pooit  lever  donoit  et  non 
lo  leissoit;  et  la  nuit  prenoit  ce  que  remanoit.  Et  en  ceste 
manière  toute  la  terre  d^entor  va  proiant  et  li  chevalier 
multiploicnt  continuelment.  Et  la  table  soe  avoit  plus 
gcnt  a  mengier,  avoit  tidue  .Ix.  cavaliers,  et  maintenant 
Tavoit  entornoié  de  .c.  sans  li  voizin  ;  non  laissa  lo  sien  a 
ceuz  de  longe  :  mes  piz  fait  a  lo  conte  de  Averse.  Mes 
que  non  pooit  ne  par  manace  ne  par  parenté  celui  vein- 
chre,  usa  sage  consel,  lo  fist  son  ami  et  lui  dona  la  soror 
pour  moillier  (i),  et  lui  donna  lo  bénéfice  de  lo  frère  qui 
estoit  mort.  Et  en  ceste  manière  ceuz  qui  avoient  ane* 
mistié  gauderent  en  amor.  Comme  cestui  Richart  par- 
vint a  estre  conte  et  de  conte  a  estre  piince  dirai-)e  puiz. 

Cap.  45.  Et  en  cellui  temps  meismes  que  je  vous  di, 
vint  de  Normandie  qui  se  clamoit  Robert  (2),  liqud 
dcpuiz  fu  dit  Viscart,  et  vint  en  Tajutoire  de  lo  frère,  et 
demande  qu^il  lui  donne  alcun  bénéfice  de  terre;  non 
solcment  ot  en  adjutoire  lo  frère,  mes  autresi  non  otcon- 

(i)  Nous  savons  que  la  première  femme  de  Richard  s'appelait  Fré- 
desinde,  mais  Aimé  se  trompe  en  disant  que  cette  Frédesinde  était 
la  sœur  de  Rodolphe  Trincanocte,  c'est-à-dire  la  cousine  germaine 
de  Richard  ;  la  législation  canonique  de  Tépoque  n'aurait  pas  permis 
un  tel  mariage.  Un  autre  passage  d'Aimé  (cf.  infra,  1.  Vil,  a),  dit  que 
cette  première  femme  de  Richard  était  une  sœur  du  duc  Robert 
Guiscard,  c'est-à-dire  une  fille  de  Tancrède  de  Hauteville  et  de  ta 
seconde  femme,  qui  avait  ce  même  nom  de  Frédesinde  (Fransenda). 
Cf.  Malatemra,  1,  4. 

(2)  Nous  ne  savons  pas  la  date  de  la  venue  de  Robert  Guiscard  en 
Italie;  Aimé  dit  que  lors  de  son  arrivée,  Drogo  n'était  pat  mort  (il 
mourut  le  10  août  io5i). 


lOI 

seill,  et  avieingne  que  lo  livre  non  lo  met,  cestui  frère 
soe  fu  Umfrede,  conte,  corne  il  se  dira  el  lo  quart  livre  ; 
Drogo  loquel  non  estoit  encoire  mort,  et  Unfroi,  et  cestui 
Robert  estoient  frère.  Cestui  Robert  s'en  va  entor  11  seî- 
gnor,  a  liquel  o  dévote  foi  serve  ces  chavaliers.  Et  lui  dole 
lo  cuer  qu'il  voit  ceuz  qui  ne  sont  son  per  qui  ont  forte- 
resces  et  diverses  terres;  et  que  est  vaillant  frère  de  conte^ 
et  va  après  la  chevalerie  de  autre;  lonc  temps  ala  come 
cellui  qui  va  sans  voie  pour  Tamor  de  avoir  tere,  et  est 
constraint  de  povreté  de  choses  de  terre  :  mes  la  présence 
de  Dieu  dispona  cestui  de  diverses  gens  la  soe  dispo- 
sition. 

Explicit  liber  secundus. 


INCIPIUNT   CAPITULA   TERTII    UBRI 


Cap,  I .  Cornent  lo  impcrcor  vint  à  Rome  et  cassa  trois 
papes  qu'il  trova  et  fist  lo  quart  pape  à  Rome. 

Cap.  2.  Cornent  nul  prince  vint  a  lo  impereor  senonGay- 
mcre,  et  sol  Drogo  et  Raynolfe  furent  investut  de  la  main  de 
lo  impcor. 

Cap.  3.  Cornent  se  rendit  Capue  et  de  la  dolor  que  en 
orent  cil  de  Capue. 

Cap.  4.  Que  fist  Gay mare  ù  Capue  puiz  queTempcor  sefu 
parti. 

Cap.  5.  Comcnt  li  conte  del  royalme  vouloient  chacier 
Pandulfc  et  4etrendre  Guaymere. 

Cap.  t).  Comcnt  Guaymere  trahi  a  soi  cert  home  et  Pan- 
el ulfe  traxc  a  soi  Robert,  et  coment  se  parjura  lo  prince  Pan- 
dulfc. 

Cap.  7.  Comcnt  Robert  ala  a  lo  frere  et  fu  mis  en  posses- 
sion de  la  roche  de  Saint-Martin. 

Cap.  8.  Et  de  toute  Calabre. 

Cap.  ().  De  la  povrctc  de  Robert. 

Cap.  10.  Coment  Robert  torna  a  lo  frcre,  et  estoit  povre 
qu'il  non  avoit  noient,  et  de  la  proie  qu*il  fist  au  retorner 
qu'il  fist. 

Cap.  1 1.  Comcnt  Robert  trahi  Pierre,  et  coment  puiz  lui 
vousi  bien. 

Cap.  12.  Comcnt  Girart  de  Bone  Herberge  fu  cslit  de 
Robcn  chevalier  et  ot  la  tante  pour  moillier. 


104 

Cap.  i3.  Cornent  Richart  fu  pris  de  Drogo  et  puiz  fit  fait 
conte  de  Averse. 

Cap.  14.  Cornent  après  la  mort  Pandulfe  fu  prince  io  fil2. 

Cap.  i5.  Cornent  Damasse  succedi  a  Lion  et  comment 
combati  contre  Tercsie  symonaice  et  tuit  li  autre  mal,  et 
cornent  Guaymere  11  dona  et  fu  fait  chevalier. 

Cap.  16.  Comentil  vint  a  Melfe  et  predica  à  li  evesque  et 
li  Normant,  et  puiz  s'en  ala  en  autre  contrée  por  predi- 
care. 

Cap.  17.  Cornent  li  pape  vint  après  de  Bonivent  et  co- 
rnent il  proia  Guaymere  et  Drogo  qu*il  lo  deffendissent. 

Cap.  18.  Coment  li  Normant  non  tratterent  bien  Boni- 
vent. 

Coment  covint  a  Robert  de  torner  a  Faide  de  li  firere  et  lui 
pria  qu'il  lui  donnast  terre.  Et  lo  conte  non  voit  qu'il  lui 
poist  doner  alcune.  Et  ccrcha  et  pensa  coment  il  peust  aidier 
a  la  povreté  de  son  frère.  £t  s^cn  va  en  la  fin  de  Calabre  et 
la  trova  un  mont  molt  fort.  Et  Tappareilla  de  Icingname  et 
lui  mist  non  la  roche  Saint-Martin.  Ceste  donna  a  lo  frère  et 
lo  mist  en  possession  de  toute  Calabre.  Et  puis  se  parti  Ro- 
bert et  esgarda  et  vit  terre  moult  large  et  ricches  cités  et 
villes  espesses  et  les  champs  pleins  de  molt  de  bestes  et 
regarda  de  loing  (i). 

(i)  Sommaire  défectueux  et  incomplet;  le  III*  livre  a  53  chft» 
pitres,  et  ceux  du  sommaire  ne  correspondent  pas  toujours  à  ceux 
du  texte,  par  exemple  ]cs  chapitres  9,  10,  11,  12,  i3,  14,  etc.;  ptr 
une  erreur  du  copiste,  ce  sommaire  se  termine  par  quelques  lignes 
du  texte  que  Ton  retrouvera  plus  loin. 


105 


CI   SE  COMENCE  LI  TIERS  LIVRE  ET  FINISSENT  LI  CAPITULE 

DE  LO  SECONT 


Cap.  I.  En  Tan  de  Pincarnation  de  nostre  seignor 
Jhu-Crist  mille  .xlvij.  Corrat^  fil  de  lo  impeor  auguste  de 
bone  recordation  et  mémoire,  voulant  saillir  à  la  dignité 
de  lo  impere,  et  vint  a  Rome  pour  prendre  la  corone, 
trova  la  injustement  troiz  papes  lesquelz  il  cassa,  et  fist  lo 
quart  justement  estre  pape  (i). 

Cap.  2.  Et  adont  la  paour  de  Pempereour  estoit  en  lo 
cuer  de  li  princes,  dont  ceux  qui  sentoient  que  avoient 
fait  mal  avoient  paour  de  venir  a  la  cort  de  lo  impereour. 
Et  avec  li  conte  et  li  baron  soe  vint  molt  honorablement 
et  gloriousement,  et  ensi  comme  fu  receu  lo  père  fu  receu 
lo  filz.  Guaymere  se  glorifia  en  la  compaingnie  de  li  Nor- 
mant,  et  li  Normant  se  magnificoient  en  li  don  de  lor 
prince.  Drogo  et  Ranulfe  furent  glorifiez  de  Tempeour  et 
mis  en  possession  de  lor  contés. 

Cap.  3.  Et  malitiousement  failli  Guaymere  que  rendi 
Capue  a  lo  impereour,  et  trahi  la  cité,  et  fu  rendue  a 

(i)  Ce  n*est  pas  «  Corrat  »  mais  Henri  III,  fils  de  Tempereur  Con- 
rad, qui,  à  la  Noël  de  1046,  a  renversé  les  trois  prétendants  à  la 
papauté  Benoit  IX,  Sylvestre  III  et  Grégoire  VI,  et  a  nommé  à  leur 
place,  sous  le  nom  de  Clément  II»  Suidger,  évêque  de  Bamberg. 


io6 

Pandulfe,  sanz  provision  de  justice  s^il  avoit  mal  fait  a  la 
cité  ou  non.  Grant  dolor  orent  cil  de  Capue,  car  il  aten- 
doient  mort  et  pêne;  ma  Tire  del  home  non  lor  pot  nuire, 
mes  celle  de  Dieu  i  p. 

Cap.  4.  Et  pulz  que  se  fu  parti  rempeor,  si  se  repenti 
Gaymere  de  ce  qu'il  avoit  rendu  Capue  a  Fempeour  et 
cercha  de  la  recouvrer,  et  assembla  trois  eschilles  de  Nor- 
mans,  et  mist  siège  a  la  cité  de  Capue,  et  comforta  li  fiort 


(i)  Léo  de*  MâRSi,  II,  78,  répète  les  données  d'Aimé  :  «  Impo- 
rator...  Capuam  abiit.  Ibi  icaque  Guaimario  réfutante,  Capuamquam 
per  novem  jam  annos  tenuerat,  Pandulfo  illam  scpe  dicto  amiiil 
cum  filio,  naulto  ab  eis  auro  suscepto,  restituit  :  Drogonî  ApulÎK  et 
Rainuifo  Averse  comitibus  ad  se  convenientibut    et    equot   îlli 
plurimos   et  pecuniam  maximam  offereiitibuft,    univenam    qnam 
nunc  tenebant  terrain  imperiali  investitura  finnavit.  »  Hnuuim  m 
Rbichenau  —  ad  an,  1Ç47  ~  parle  aussi  de  l'investiture  des  chefs 
Normands  par  Tempereur  :  «  Imperator  vero  Rome  egressus,  non- 
nulla  castella  sibi  rebellantia  cepit,  provindas  illas,  sicut  vîddMtor 
disponit,  duces  Nordmannis  qui  in  illis  partibus  commorantur  et 
aliis  eo  loconim  instituit.  »  A  la  suite  de  cette  investiture  des  Nor- 
roands  par  l'empereur,  Guaimar  ne  prit  plus  le  titre  de  duc  de  Ci- 
labre  et  de  PouUle;  la  dernière  charte  où  il  le  porte  encore  est  du 
mois  de  janvier  1047.  Voici  l'en-têtede  la  charte  :  ■  In  nomine  do- 
mini  vicesimo  hanno  (pour  vigesimo  nono)  prindpatus  domni  nosiri 
Guaimani,  et  nono  anno  princtpatus  ejus  Capue  (pour  et  octiTo)  et 
ducatus  cjus  Amalh  et  Surrentum  et  quinto  anno  supra  scriptorum 
principatus  et  ipsorum  ducatus  domni  Gisulfi  filio  ejus,  ^orio> 
sorum  eximit  principis  et  ducis   et  quinto  anno  ducatus  illorum 
Apulie   et  Kalabrie,  mense  juanarius,  quintadecima  indictionc.  ■ 
—  La  charte  qui  vient  immédiatement  après,  et  les  suÎTtnteSi  nVNit 
plus  que  cette  formule  :  «  In  nomine  domini  yicesimo  anno  prind- 
patus Salerni    domni    nostri  Guaimani   et   octabo    anno   ducatus 
ejus  Amalfî  et  Sirrcntum,  et  quinto  anno  supra  scriptorum  prind- 
patum  et  ducatum  domni  Gisolfî  eximii  prindpis  et  duds  filit  cjoSy 
mcnsc   martius,  quinta  dedma  indictione.  »  Codex  dipiomâijcmt 
Cavcnsis,  t.  VU,  p.  26  et  28,  in-40,  Milan,  1888. 


chevalier,  et  la  pristrent.  Pandulfe  se  humilia  et  requist 
concorde  et  paiz^  et  vindrent  covenances,  et  avieingne  que 
non  fussent  clerez  les  covenances;  toutes  voies  se  partirent 
o  paiz  et  concorde  (i). 

Cap.  5.  La  malice  de  Pandulfe  avoit  afflit  li  conte  de 
Tien  par  fers  et  par  fain  et  par  hateures  par  molt  ans. 
Et  par  la  vertu  de  Guymarie  estoit  délivré.  Cestui  non  se 
partoit  maiz  de  la  fidélité  Guaymere  dont  Pandulfe  lo 
cercha  de  chacier,  mes  que  nul  non  lo  pooit  chacier  ne 
Pautre  deffendre  sans  l'aide  de  li  Nôrmant,  tant  Guay- 
mere quant  Pandulfe^  et  se  recovra  o  deniers  à  li  fortis- 
sime  Normant  (2). 

Cap.  6.  Guaymere  fist  la  force  soe  o  tout  ses  contes,  et 
Pandulfe  tyra  a  soi  Robert  et  lui  fist  les  despens,  et  lui 
donna  lo  fort  chastel  appareillié,  et  li  promist  par  jurement 

(i)  A  la  suite  de  cette  concorde  et  paix,  Guaimar  dut  rendre  Capoue 
à  Pandulfe,  car  nous  savons  que  ce  dernier  était  quelque  temps 
après  en  possession  de  ses  États. 

(a)  Un  document  analysé  par  Di  Meo,  t.  Vlil,  p.  294,  montre 
qu'en  1049  il  y  avait  trois  comtes  de  Teano,  Landulfe  et  ses  deux 
neveux  Pandulfe  et  Landulfe.  Hirsch,  p.  276,  croit  qu*Aimé  exagère 
les  torts  de  Pandulfe  de  Capoue  contre  le  comte  de  Teano,  et  cite  à 
l*appui  de  son  opinion  divers  textes  de  Léo  de*  Marsi;  ces  textes 
prouvent  que  les  comtes  de  Teano  furent  pour  Guaimar  contre  Pan- 
dulfe de  Capoue  dans  les  hostilités  à  propos  des  Normands  établis 
sur  les  terres  du  Mont-Cassin,  qu'une  sœur  des  comtes  de  Teano  fut 
flûte  prisonnière  par  Pandulfe  de  Capoue,  qui  refusa  de  l'échanger 
contre  son  allié  Landulfe  d'Aquino,  fait  prisonnier  par  Guaimar, 
enfin  qu'un  comte  de  Teano  fîit  fait  prisonnier  par  Richer,  abbé 
du  Mont-Cassin.  Rien  dans  tout  cela  n'infirme  la  donnée  d'Aimé  ; 
Léo  de'  Marsi  montre  au  contraire  que  les  comtes  de  Teano  et  Pan- 
dulfe de  Capoue  étaient  ennemis  déclarés^  il  se  peut  donc  très  bien 
que  vers  1047,  l'un  de  ces  comtes  ait  été,  pendant  quelque  temps, 
prisonnier  de  Pandulfe  de  Capoue. 


io8 

de  donner  lui  la  fille  pour  moillier.  Et  vint  le  jour  déter- 
miné; Robert  cercha  la  promission  et  requist  lo  chastel 
qui  lui  estoit  promis;  mes  Pandulfe  lui  noia.  Geste  prière 
et  moult  autre  si  engana  Pandulfe  :  «  Provoie  soi  Dieu  de 
la  destruction  de  la  maison  de  Pandulfe,  que  me  promist 
lo  mariage  et  non  lo  compli.  » 

Cap.  7.  Et  covint  a  Robert  de  retomer  a  Taide  de  son 
frère,  et  lui  proia  qu^il  lui  donast  terre;  et  lo  conte  non 
voit  qu^il  Tempisse  donner  alcune.  Et  cerca  et  pensa  dont 
puisse  aidier  a  la  povreté  de  son  frère;  et  sVn  ala  en  la  fin 
de  Calabre,  et  trova  un  mont  molt  focjt,  et  la  appareilli 
de  laigname,  et  lui  mist  nom  la  rocche  Saint-Martin  (i); 
cestui  donna  a  lo  frère,  et  lo  mist  en  possession  de  tonte 
la  Calabre;  et  puiz  s^en  parti  et  s^en  toma  en  sa  terre. 

Cap.  8.  Robert  regarda  et  vit  terre  molt  large,  et 
riches  citez,  et  villes  espessez,  et  les  pleins  de  molt  de 
bestes.  Et  regarda  en  loing  tant  cornent  pot  regarder,  et 
pensa  que  faisoit  lo  povre,  prist  voie  de  larron,  chevalier 
son  petit,  povreté  est  de  la  cose  de  vivre,  li  faillirent  les 
deniers  a  la  bourse.  Et  come  ce  fust  cose  que  toutes  choses 
lui  failloient,  fors  tant  solement  qu^il  avoit  abundanoe  de 

(i)  Malatcrra,  I,  16,  qui  a  également  raconté  cette  partie  de  la 
vie  de  Robert,  donne  le  nom  de  San  Marco  à  ce  premier  établiiie- 
mcnt  de  Robert  dans  les  Calabres;  Aimé,  on  le  Toit»  prétend  qoe 
Robert  l'appela  Saint  Martin.  Nous  savons  que  cet  établinement 
se  trouvait  dans  la  vallée  du  Crati,  au  nord  de  Goaeiiza,  non  Ioîd 
de  Bisignano,  et,  quoi  qu'il  y  ait  un  San  Martino  dans  cet  panges, 
il  est  bien  probable  que  Malaterra  est  dans  le  vrai,  et  que  cet 
établissement  s'appelait  San  Marco  et  non  San  Martino.  Plus  lard,  en 
effet,  Robert  faisant  bâtir  une  forteresse  en  Sidle  dans  le  Val- 
Dcmone,  lui  donna  le  nom  de  San  Marco,  en  souvenir,  dit  Aimé 
lui-m£me,  du  premier  établissement  qu'il  avait  fondé  en  Calabre. 
—  Aimé,  V,  25. 


109 

char;  cornent  li  filz  de  Israël  vesquîrent  eh  lo  désert,  ensi 
vivoit  Roben  en  lo  mont;  ceaux  menjoient  la  char  a 
mesure,  cestui  se  o  une  savour  toutes  manières  de  char; 
et  lo  boire  d^estui  Robert  estoit  Taigue  de  la  pure  fon- 
tainne. 

Cap.  9.  Et  puiz  torna  Robert  a  son  frère  et  lui  dist  sa 
povreté,  et  cellui  dist  de  sa  bouche  moustra  par  la  face, 
quar  estoit  moult  maicre.  Mes  voulta  Robert  la  face,  et 
voûtèrent  la  face  tuit  cil  de  cil  de  la  maison.  Et  retorna 
Roben  a  la  roche  soe,  et  aloit  par  les  lieuz  ou  il  creoit 
trbver  de  lo  pain.  Et  cornent  lui  plaisoit  prenoit  proie 
continuelment,  et  touties  les  chozes  qu^il  avoit  faites 
absconsement,  maintenant  fist  manifestement.  Et  prenoit 
li  buef  por  arer,  et  li  jument  qui  faisoit  bons  poUistre, 
gras  pors  .x.,  et  peccoires  .xxx.;  et  de  toutes  cescosesnon 
pooit  avoir  senon  .xxx.  besant,  et  autresi  prenoit  Robert 
li  home  liquel  se  rachatarent  de  pain  et  de  vin;  et  toutes 
voies  de  toutes  cestes  coses  non  se  sacioit  Robert. 

Cap.  10.  En  une  cité  qui  lui  estoit  après,  laquelle  se 
clamoit  Visimane  (i),  riche  de  or  et  de  bestes,  et  de  dras 
preciouz,  habitait  Pierre  fil  de  Tyre.  Robert  fist  covc- 
nance  auvec  cestui,  lo  prist  pour  père,  et  Pierre  Tavoit 
pris  pour  filz,  et  se  covenirent  pour  parler  ensemble. 
Perreet  sagent  se  mist  en  lieu  secur,  et  Robert  et  sa  gent 
vont  alant  par  li  camp,  et  Robert  comanda  a  sa  gent  quMl 
se  traissent  arrière.  Et  Pierre  fist  autresi.  Et  li  seignor  se 
convindrent  a  parler  ensemble;  et  Piere  lui  offri  la  bouche 
pour  baisier,  et  Robert  lui  tendi  les  bras  au  col,  et  ces 
dui  chairent  de  li  chavail.  Mes  Piere  estoit  desouz,  Ro- 


(i)  Il  8'agit  de  ]a  ville  de  Bisignano,  dans  la  vallée  du  Crati|  au 
nord  de  Cosenza. 


!IO 

ben  lo  preme  desoupre:  et  corirent  lî  Normant,  et  folfent 
cil  de  Calabre.  Et  Pierre  fii  mené  à  la  roccbe  de  saint- 
Manin  et  est  bien  gardé.  Puiz  Robert  va  agenoillié,  ci 
ploia  les  bras,  et  requist  miséricorde,  et  confessa  «  quil 
a  voit  fait  pechié:  mes  la  richesce  de  Pierre  et  la  povitté 
soe  lui  avoit  fait  consiraindre  a  ce  faire;  mes  tu  es  père, 
mes  que  tu  me  es  père  covient  que  aide  a  lo  filz  poTR. 
Cesti  comanda  la  loi  de  lo  rov,  ceste  cose,  que  lo  père  qui 
es:  riche  en  toutes  chozes  aidier  a  la  povreté  de  son  filz.  > 
Et  Pierre  promet  de  emplir  la  promission,  et  .xx.  mille 
solde  de  or  paia  Pierre.  Et  ensi  s'en  ala,  et  sain  et  sa)ve 
fu  délivré  de  la  prison.  Et  Robert  donna  liberté  a  Pierre 
et  a  les  coses  soes.  Et  coment  ce  fust  cose  que  les  bestes 
socs  tant  en  temps  de  paiz  tant  en  temps  de  guerre  allasr 
sent  securement.  Et  comanda  Richard  que  bedifiast  h 
maison  en  celle  fort  roche  ou  avoit  tôt  assegurance  et 
seurté  (  i  : . 

Cap.   1 1 .  Apres  ces  chozes  faites  sicome  dit  restoire, 

(i)  Mal.\terra,  I,  17,  a  aussi  raconté  cette  aventure  de  Robert; 
son  récit,  identique  pour  le  fond  avec  celui  d*Aiiné,  cherche  cepen- 
dant dans  quelques  détails  à  atténuer  la  culpabilité  du  pillard  nor- 
mand. Dans  les  livraisons  de  juin,  juillet  et  août  1881  de  la  Revue 
russe  du  ministère  de  l'Instruction  publique,  M.  Vasilievtky  a  publié 
les  Récits  et  Conseils  d'un  grand  seigneur  iyjamim  ém 
XJc  siècle,  d'après  un  manuscrit  grec  inédit  du  xv*  siècle.  Ce 
manuscrit  se  trouve  à  la  bibliothèque  synodale  de  Moscou  ;  il  pro- 
vient du  couvent  d'Iviron  au  mont  Athos;  sans  compter  d'autres 
ouvrages,  il  renferme  ces  Récits  et  Conseils,  sorte  de  court  de  stra- 
tégie, avec  des  traits  historiques  racontés  par  l'auteur,  pour  prouver 
le  bien  fondé  de  ses  préceptes.  Le  §  83  des  Récits  et  Conseils  ra- 
conte Taventure  de  Robert  et  de  Tira  le  Calabrais,  gardien  de  la 
ville  de  Bisignano.  Abstraction  faîte  de  quelques  particularités 
secondaires,  le  récit  du  grand  seigneur  byzantin  est  tout  à  &it  sem- 
blable à  celui  Je  Malaterra  et  d*Aimé. 


m 


Robert  vint  en  Puille  pour  veoir  son  frère;  et  Gyrart  lui 
vint  qui  se  clamoit  de  Bone  Herberge,  et  cornent  se  dist, 
cestui  Gyrart  lo  clama  premièrement  Viscart,  et  lui  dist  : 
«  O  Viscart  !  porquoi  vas  çà  et  là  ;  pren  ma  tante  soror  de 
mon  père  pour  moillîer,  et  je  serai  ton  chevalier;  et  ven- 
dra auvec  toi  pour  aquester  Calabre,  et  auvec  moi  .ij.c. 
chevaliers.  »  Et  Robert  fu  alegre  de  ceste  parole,  et  se 
appareilla  de  aler  a  lo  conte  son  frère,  et  demanda  a  son 
frère  licence  de  cest  mariage.  Mes  a  lo  conte  non  plaisoit, 
et  deffendi  cest  mariage.  Et  une  autre  foiz  li  pria  Robert 
a  genoilz  que  a  li  plasist  lo  mariage;  mes  lo  conte  lochasa 
et  dist  et  li  commanda  que  en  nulle  manière  devist  faire 
ceste  parentesce.  Et  pria  les  plus  grans  de  la  cort  qu'il 
priassent  a  son  frère  lo  conte  qu'il  non  soie  si  astere,  et 
que  non  lui  face  perdre  ceste  adjutoire.  Et  a  Tultime  se 
consenti  lo  conte.  Et  adont  prist  Robert  la  moillier, 
laquelle  se  clamoit  Adverarde  et  fu  Girart  son  chevalier 
de  Robert,  et  puiz  vint  en  Calabrc  et  acquesta  villes  et 
chasteaux,  et  dévora  la  terre.  Ceste  choze  fu  lo  comence- 
ment  de  accresire  de  tout  bien  à  Robert  Viscart.  La  ba- 
taille et  li  autre  coses  triumphal  que  fist  sa  et  la,  et  puiz 
en  lieu  et  en  temps  lo  vouz  dirons  ;  mes  or  lesserons  ci 
endroit  a  parler  de  Robert  Viscart  et  de  son  fait,  et  retor- 
nons  a  la  ystoire  de  Drogo  et  de  Ricchart  (i). 


(i)  Le  surnom  de  Guiscard,  en  latin  Guiscardus,  Viscardus,  que 
Robert  a  immortalisé,  est  une  forme  ancienne  du  mot  français 
avisé;  Robert  Guiscard  signifie  donc  Robert  l'avisé^  c*est-à-dire  fin^ 
rusé,  plein  d*expédients  et  de  ressources.  La  racine  de  ce  mot  est 
germanique  (voyez  les  mots  allemands  :  weise,  weisen,  wissen, 
wissenschaft),  elle  exprime  Tidée  de  science,  connaissance,  sagesse, 
prudence.  —  Léo  de'  Marsi,  Malaterra  et  Guillaume  de  Fouille  n'ont 
pas  parlé  du  premier  mariage  de  Robert  Guiscard,  aussi  n'est-il  pas 
possible  de  contrôler  sur  ce  point  les  données  d'Aimé.  D'abord  quel 


112 

Cap.  1 2.  Ore  nous  dît  et  raconte  ceste ystoire queentre 
Drogo  et  Ricchan  naschi  une  brigue,  et  en  celle  brigue 
Drogo  prist  Ricchart  et  lo  misten  prison.  Et  au  teins  que 

était  ce  Ginrd  di  Buonilbcrgo  ?  Ce  dernier  nom  est  celui  du  chfttetu 
au  nord  et  prcs  de  Bénévent,  non  loin  d*Ariano  ;  ett«ce  à  ciuse  de 
ce  voisinage  que,  sans  donner  des  preuves  de  son  assertion,  M.  de 
Blasiis  (op.  cit.,  t.  II,  p.  14)  en  fait  un  comte  d'Arisno  ?  Ce  qui  est 
plus  certain,  c'est  que  Girard  di  Buonalbergo  et  sa  tante  Adverude 
ou  Albérada,  d'après  Torthographe  de  Malatem,  étalent  Normands 
et  parents  de  R.  Guiscard  ;  celui-ci  fit  valoir  plus  tard  ces  liens  de 
parenté  pour  rompre  ce  mariage,  lorsquil  voulut  épouser  Sikelgutt. 
cf.  Aimé,  IV,  18,  Malatbrra,  1,  3o.  Nous  ne  connaissons  pas  ladite 
du  mariage  de  Robert  Guiscard,  mais  Aimé  disant  que  ce  mariage 
«  fu  lo  comencemcnt  de  accrestre  de  tout  bien  à  Robert  Viscart  •, 
il  a  du  avoir  lieu  lorsque  Robert  n'était  pas  encore  un  personnage, 
vers  io5o,  et  avant  les  luttes  entre  Léon  IX  et  les  Normands,  car 
CCS  luttes  le  mirent  très  vite  en  évidence.  En  acceptant  cette  date 
approximative  de  io5o,  comme  celle  du  mariage  de  R.  Guiscard 
avec  Alberada,  on  est  tout  surpris  de  voir,  soixante-douze  ans  plut 
tard,  en  1122,  cette  même  Alberada  faire  une  donation  à  l'abbaye 
de  la  Gava,  près  de  Saleme.  La  charte  de  cette  donation  se  trouve 
encore  dans  les  archives  du  couvent  de  la  Cava,  et  son  contenu 
prouve  bien  qu'il  s'agit  de  la  première  femme  de  R.  Guiscard.  En 
voici  le  début  :  «  Anno  incarnationis  dominicae  1122,  mense  Julio  : 
ego  Albereda  Colubrarii  PoUicorii  que  domina,  pro  meonim  defunc- 
torum  parentum  animarum  remedio,  Roberti  Guiscardi  duds  iavîc* 
tissimi  bonœ  memoriœ  viri,  dominique  Boamundi,  nec  non  Rogerii 
de  FomarcJa  charissimi  mci  quondam  viri,  domini  que  Ugonia  Qa- 
rimontis,  pro  mcorum  quoque  delictorum,  dominique  Alezandri 
Clarimontis  suique  fratris  domini  Riccardi  meorum  videlicet  nepotum 
prœsentia  subscriptorum  bonorum  hominum  testium,  dono,  etc.  »  — 
Il  résulte  donc  que  vers  io5o,  Alberada  était  la  tante  d'un  arigncor 
important  du  pays  de  Bénévent,  de  Girard  di  BuonalbergOy  et  que, 
soixante-douze  ans  plus  tard,  en  11 22,  cette  même  tante  était  en- 
core de  ce  monde  et  faisait  une  donation  à  la  Cava.  N'est-ce  pas  le 
cas  de  dire  que  le  vrai  peut  quelquefois  n'être  pas  vraisemblable  i 
Anne  Comnènc  (Alexiades,  I,  1 1)  a  aussi  parlé  du  mariage  de  Ro- 
bert Gui  SCI  rd,  mais  cllo  confond  Girard  de  Buonalbergo  avec  Pierre 


"3 

Rîcchart  estoît  en  prison,  Raynolfe  conte  d'Averse  fu 
mort,  et  adont  li  Normant  prièrent  la  bone  volenté  de 
Guaymere  que  Ricchart,  loquel  il  avoient  fait  conte  vi- 
vant son  oncle  Raynulfe,  il  lor  deust  donner,  puizque 
estoit  mort  Raynulfe.  Et  lo  prince  Guaymere  requist 
Drogo  qu'il  lui  donnast  Ricchart,  ^t  Drogo  cornent  loial 
conte  lui  donna  volentiers;  et  fu  mené  Ricchart  a  Sa- 
lerne,  loquel  Guaymere  fist  vestir  de  soie  et  lo  mena  ad 
Adverse,  et  de  la  volenté  et  alegresce  de  lo  pueple  lo  fist 
conte.  Et  Ricchart  se  humilia  a  la  fidélité  de  lo  prince, 
et  lo  prince  se  alegra  de  la  prospérité  de  Ricchart  (  i  ). 

Cap.  i3.  En  celui  temps  meismes  fu  mort  Pandulfe 
prince  de  Capue,  et  fu  ordené  et  fait  prince  son  filz  liquel 
autres!  come  lo  père  clamoit  Pandulfe.  Cestui  Pandulfe 


de  Turra,  seigneur  de  Bisignano,  elle  donne  à  ce  personnage  imagi- 
naire le  nom  de  Guillaume  Mascabélès,  et  ne  fournit  que  des  don- 
nées erronées  ou  incomplètes. 

(i)  Trois  documents  permettent  de  rectifier  les  erreurs  commises 
par  Aimé  dans  ce  chapitre  :  !<>  Une  charte  d*A versa  du  21  mars 
1048,  analysée  par  Di  Meo,  t.  Vil,  p.  283,  mentionne  deux  comtes 
d'Aversa  :  m  G)mitante  d.  Guilelmo  et  d.  Herimanno  in  Castro 
Aversae,  quod  est  finis  Liguriae,  anno  primo;  »  20  Une  autre  charte 
d'Aversa,  également  analysée  par  Di  Meo,  t.  Vil,  p.  3 12,  par 
laquelle  Guillaume  Barbotus,  «  unus  de  militibus  de  Aversa,  »  fait 
une  donation;  cette  charte  porte  :  «  Anno  ML.,  cum  esset  in  co- 
roitatu  Herimanno  puenilo  et  primo  anno  domno  Riccardo  comiti 
ejus  avunculo  »  ;  3»  Lko  de'  Marsi,  II,  66,  première  rédaction,  com- 
plétant ces  renseignements,  écrit  :  «  Quem  (Rodulfus  cognomento 
Capellus)  post  paucum  tempus,  Aversani  de  honore  projicientes, 
Rodulphum  Trincanocte  prsceferunt.  Post  quem  Guilelmum  Bella- 
bocca  de  cognatione  Tancredi.  Deinde  Aversani  expulso  illo,  Richar- 
dum  filium  Aschettini  ab  Apulir  evocantes  comitem  sibi  institue- 
nint.  »  Ces  textes  montrent  qu'Aimé  a  tort  de  dire  que  Richard 
succéda  à  Rodolphe  Trincanocte;  il  y  a  entre  les  deux,  Hermann  et 

8 


II.I 


fu  semblable  a  lo  père  non  solement  en  seignorie  de  di- 
gnité et  por  nom,  mes  autresi  de  coustumes  (  i). 

Cap.  14.  En  celui  temps,  papa  Qement,  dequel  est 
dit  que  fu  ordené  de  Tempereor  Henri  et  fu  mon  delà  de 
li  mont  et  ala  a  Dieu  (2),  et  fu  fait  pape  Damasco,  loquel 
non  pot  mostrerlo  effetce  de  sondesidere.  Cestui  Damase 
estoit  evesquc  de  Bresce  (3),  loquel  dedens  troîz  jors  puiz 

Guillaume  Bcllabocca,  en  outre,  il  fait  de  Rodolphe  Tnncoaocte 
l'onde  de  Richard,  c'était  son  cousin  germain, 
Vuici  la  série  des  premiers  comtes  d*A versa  : 

N 


Kaimulfb 

i**  comte  d'Aversâ, 

«lue  de  GtCte. 

■|-  vers  104J. 


1043.  AscLimm 


ASCUTTINE  RlCHAKD 

2"^  comte  J'A versa,  seigneur  de  Genuno, 

auparavant  5**  comte  d'Avenu, 

seigneur  de  Genzano,  prince  de  Capone, 
•j-  vers  104;. 


K. 


l 


3"*  cooiie  d'Avtna, 
f  en  1047. 


GailUi 

pour  Rjfcnt. 

Cf.  HiRscii,  /.  c.  p.  281. 

(i)  HiRScii,  p.  282,  place  au  19  février  1049  la  mort  de  Pan- 
dulfe  IV,  prince  de  Capoue  ;  i!  cite,  pour  établir  cette  date,  une 
phrase  de  Leo  de*  iMarsi,  II,  79,  première  rédaction,  lequel  dit  que 
Léon  IX  étant  venu  à  Capoue,  Tannée  de  son  élévation  au  sourenin 
pontihcit  (au  mois  de  mars  1049),  le  vieux  Pandulfe  était  mort 
avant  l'arrivée  du  pontife.  Hirsch  reproche  à  Aimé,  à  Leo  de*  Marsi 
et  à  Didier  d'avoir  chargé  à  plaisir  la  mémoire  de  Pandulfe  IV  de 
Capoue;  il  paraît  bien  cependant  que  ce  fut  un  abominable  tyran, 
ainsi  les  Annales  Altahenses  majores  rapportent  que  lorsque  Tem- 
pereur  Conrad  vint  au  Mont-Cassin,  en  io38,  «  omnia  a  pnedicto 
Pandulfo  vastita  reppcrit,  res  monasterii  distractas,  monachot  fa- 
gatos  »;  les  annalistes  du  Mont-Cassin  n'avaient  pas  dit  autre  chose. 

(2)  Le  pape  Clément  II  est  mort  le  9  octobre  1047,  au  mdhaatère 
de  S.  Thomas,  sur  les  bords  de  TAposclIe,  dans  le  comté  de  Peaaro. 

(.    Fî::\t .-;,  .î.ins  li  N.iique.  actuellement  le  T>Tol  autrichien. 


11$ 

I 

la  mort  de  Clément  ot  la  dignité  papal,  et  a  lo  .xxiij.  jors 
puiz  qu'il  fu  pape  fu  mort  a  Penestrine  après  de  Rome  (  i  ). 

Cap.  i5.  Apres  cestui  Damase  fu  fait  pape  Lion,  lo- 
quel  estoit  evesque  de  Tholose  et  estoit  nez  de  lingnage 
d'empereor  (2).  Cestui  Lion  estoit  molt  bel  et  estoit 
rouz,  et  estoit  de  stature  seignoriable,  et  estoit  de  letre 
bon  maistre.  Cestui  pape  Lyon  estoit  amé  de  lo  im- 
pereor  et  de  toute  Peglize  de  Rome,  et  estoit  venut  a  Rome 
come  peregrin.  Puiz  fu  ordené  por  pape,  et  mut  bataille 
contre  la  perversité  de  la  Symon,  c'est  contre  symonie. 
Et  a  ce  entendre,  est  de  noter  fu  premier  disciple  de  saint 
Pierre,  et  voiant  que  saint  Pierre  donnoit  la  grâce  de  lo 
Saint-Esperit,  Symon  vouloit  donner  a  saint  Pierre  qu'il 
lui  vendis!  celle  grâce.  Car  non  se  estoit  fait  son  desciple 
pour  droite  foi,  mes  pour  aprendre  aucune  cose.'  Quar  il 
creoit  que  li  miracle  que  saint  Pierre  faisoit  et  li  apostole 
fussent  par  malice.  Et  saint  Pierre  lui  dist  -:  «  Tes  deniers 
soient  avec  toi  en  perdition  ;  quar  la  grâce  del  Saint- 
Esperit  non  se  puet  vendre  (3)  ».  Et  que  Symon  premere- 
ment  vouloit  achater  la  grâce  del  Saint-Esperit  fu  clamée 
symonie.  Mes  or  laisserons  a  parler  de  cestui  Symon,  et 
retornerons  a  parler  de  pape  Lyon.  Cestui  pape  Lyon 
combati  contre  la  symonie,  et  ala  par  les  cités,  et  o  saintes 
prédications  rempli  Teclize  de  la  foi  de  Christe;   il  fist  li 

(i)  Aimé  se  trompe;  Clément  II  était  mort  le  9  octobre,  et  son 
successeur  Damase  II  fut  élu,  non  pas  trois  jours  après  cette  mort, 
mais  le  25  décembre  suivant.  Damase  II  a  été  sacré  le  17  juillet 
1048,  et  est  mort  à  Préneste,  le  9  août  suivant. 

(2)  Léon  IX,  auparavant  évéque  de  Toul,  désigné  à  Worms,  en 
décembre  1 048,  par  l'empereur  Henri  III  et  par  les  légats  romains 
pour  succéder  au  pape  Damase  II. 

(3)  M  Pecunia  tua  tecum  sit  in  perditionem,  donum  Dei  existi- 
masti  pecunia  possideri  ».  Actus  ApostoU,  VIII,  18. 


ii6 

synode,  c*cst  la  congrégation  de  Salerne  (i),  et  trova  que 
toutes  li  ordene  de  T^Iize  estoient  toute  occupée  de  la 
fausse  symonie.  Mes  corne  li  bon  ortellain,  a  ce  que  non 
périsse  la  plante  qui  novellement  est  plantée  la  va  dre- 
chant  que  chié,  sur  lo  poiz  deli  pecbeour  tient  Tespaule, 
et  espart  lo  pesant  faiz  a  ce  que  non  rompe  Tespaule  de 
cellui  qui  lo  porte;  c'est  que  non  punisse  a  touz,  proia  et 
amonesta,  et  liga  o  excommunication.  Et  puiz  absolve  li 
ligat  par  convenance  que  plus  non  le  facent cellui  pechié. 
Lo  parjure  fait  avec  alcune  penitance  pardoné  ;  li  adultère 
fait  entre  parent  sur  pêne  de  excommunication  départ.  Et 
quant  li  saint  pape  vit  la  confusion  et  lo  pechié  de  toute 
la  christienté,  il  plora  et  proia  Dieu  qu^il  lui  moustre 
qu'il  doie  faire.  Et  clama  Tajutoire  de  la  puissance  de 
Tajutoire  de  saint  Pierre  apostole  et  de  saint  Paul.  Et  de 
lo  pechié  passé  fist  lo  miex  qu'il  pot,  lo  destruist  et  def* 
fendi  ;  et  cellui  qui  dcvoit  venir  deffendi  o  excommuni- 
cation. Et  conforta  lo  pueple  qu'il  doient  donnera  sainte 
cclize  li  primicic  et  li  décime,  et  predica  secont  lodit  de  lo 
saint  perc.  Guaymarie  li  donna  molt  preciouz  dompset 
lui  promist  de  soumetre  soi  a  cstre  fidel  a  li  commande- 
ment. 

Cap.  i6.  Et  puiz  s'en  ala  a  Melfc  opponere  contre  li 
fait  de  li  fortissime  Normant,  et  lor  proia  qu'il  se  deuis- 
sent  panir  de  la  crudelité,  et  laissier  la  moleste  de  li 
povre.  Et  lor  mostra  comc  Dieu  est  persécuté  quant  li 
povrc  sont  persécutez,  et  coment  Dieu  est  content  quant 
est  bien  fait  a  li  povre;  et  lor  comment  que  fidèle- 
ment doient  guarder  li  prestre  et  les  choses  de 
leglize.  Et  les  conforta  en  faire  bien  et  offerte  a  Dieu,  et 

(  I  )  Aime  est  seul  à  parler  de  ce  synode  de  Salerne  ;  nous  verront 
dans  la  note  suivante  à  quelle  date  il  a  eu  lieu. 


117 

qu^il  soient  continent  et  caste  envers  lor  voizins  et  lor 
proxime,  et  en  toute  vertu  les  conferma.  Et  reprist  lo 
deffette  des  evesques,  et  fai  qu^il  non  soient  taisant,  mes 
ensaigna  lor  langue  a  preccier.  Et  puiz  s'en  torna  a 
Rome;  et  puiz  se  remist  à  la  voie  pour  corrigier  les 
autres  cités. 

Cap.  17.  Et  quant  cil  de  Bonivent  oïrent  tant  de  per- 
fection et  de  santtité  en  lo  pape,  chacerent  lo  prince,  et 
sousmistrent  soi  a  la  fidélité  soe,  eaux  et  la  cité.  Et  re- 
torna  lo  pape  en  celle  part,  et  rechut  gratîousement  ce 
qui  luii-estQit  donné.  Gaymere  et  li  Normant  qui  furent 
damés  vindrent  a  Bonivent  et  servirent  fidèlement  a  lo 
pape.  Et  proia  lo  pape  Guaymere  et  Drago  qu'il  doient 
deffendre  la  cité  et  les  enforma  qu'il  doient  ordener  que 
cil  de  la  cité  non  soient  grevé  ne  afflit.  Drogo  promet  de 
faire  ce  que  li  pape  a  commandé,  et  a  ce  qu'il  aie  remis- 
sion de  ses  péchiez,  promet  a  combatre  pour  la  deffension 
de  la  cité  de  Bonivent. 

Cap.  18.  Mes  que  li  Normant  non  se  porent  si  delo- 
gier  coment  li  autre  gent  restreindre.  Puiz  se  parti  Drogo 
de  Salerne,  et  lo  pape  s'en  ala  avec  lo  prince  Guaymere. 
Ceuz  qui  sont  entor  de  Bonivent  assaillirent  de  bataillire 
caus  de  Bonivent,  et  la  rumor  en  va  a  l'oreille  de  lo  pape  , 
coment  lo  promission  de  lo  conte  estoit  cassée.  Et  lo  pape 
souspirant  et  dolent  de  lo  damage,  et  dist  :  «  Je  troverai 
voie  commenf  sera  deffendue  la  cité  et  abatue  la  superbe 
de  li  Normant  ».  Guaymere  deffent  Drogo,  et  o  terrible 
sacrement  jura,  et  lo  excusa  que  ces  chozes  non  sont  de 
la  volenté  de  lo  conte  Drogo,  quar  molt  estoit  pro- 
dome  (i).    • 

(i)  La  chronologie  des  voyages  de  Léon  IX  dans  l'Italie  du  sud, 
en  1049,  io5o,    io5i,  n'est  pas  facile  à  établir;  voici,  à  cet  égard, 


ii8 

Cap.  19.  Li  messages  furent  mandé  a  Drogo  pour  faire 
li  assavoir  la  moleste  qui  avoit  esté  faite  a  ceaux  de  Boni- 
vent.  Mes  avant  que  lo  message,  venîst  a  lui  la  novele 

quelques  éclaircissements  pour  coordonner  les  données  fournies  sur 
CCS  voyages  par  Aimé.  Léo  de*  Marsi,  H,  79,  rapporte  que  pen- 
dant la  première  année  de  son  pontificat,  le  pape  Léon  IX  (il  ivait 
été  sacré  le  12  février  1049)  fit  le  pèlerinage  du  Mont-Gargano  ;  en 
revenant,  il  passa  au  Mont-Cassin,  où  il  se  trouvait  le  dimanche  des 
Rameaux,  19  mars  1049;  le  lendenudn,  Il  consacra  Téglise  de 
S.  Maurice,  dans  Tile  de  Limata,  et  partit  ensuite  pour  Rome  où  il 
cfficia  le  jour  de  Pâques,  26  mars  1049.  H erimanni  A ugibhsis  CAro- 
nicon,  ad  an,  1049.  Les  vo>'ages  de  Léon  IX,  en  1049,  <^^^*  Htalie 
du  Nord,  en  Germanie  et  dans  les  Gaules,  prouvent  que  l'excurnon 
du  mois  de  mars  au  Mont-Gargano  et  au  Mont-Cassin  est  la  seule 
qu'il  ait  faite  dans  Tltalie  du  sud  en  1049. 

Au  mois  de  mars  loSo,  le  pape  reparut  dans  l'Italie  du  sud;  nous 
ne  savons  s'il  visita  de  nouveau  alors  le  Mont-Cassin,  mais  il  vint 
à  Cîtpoue  (première  rédaction  de  Leo  de*  Marsi,  II,  79),  et  de  là 
gagna  Salerne.  C'est  alors  qu'il  tint  ce  synode,  cette  «  congrégation 
(le  Salerne  »  dont  parle  Aimé,  et  que  nous  ne  connaissons  que  par 
lui  ;  la  conduite  et  les  sentiments  qu'Aimé  prête  au  pape  dans  ce 
synode,  sont  du  reste  bien  en  harmonie  avec  ce  que  nous  savons  par 
ailleurs  sur  Léon  IX. 

De  Salerne,  Léon  IX  ne  se  rendit  pas  directement  à  Melfi,  comme 
Aimé  le  suppose,  il  passa  par  Déncvent,  où  les  Annales  Benepen- 
tant  signalent  sa  présence  au  mois  d'avril,  durant  le  carême  de  io5o; 
CCS  annales  ajoutent  que  Pandulfe,  prince  ^c  Bénévent,  n'ayant  pas 
voulu,  comme  le  demandaient  les  Bénéventins,  soumettre  sa  princi- 
pauté au  Saint-Siégc,  il  fut  expulsé  avec  ses  soldats  {Annales  Bene- 
ventani,  ad  an.  io5o). 

A  Mclfi,  où  vint  ensuite  Léon  IX,  il  essaya,  comme  le  rapporte 
Aime,  de  corriger  par  ses  exhortations  la  brutalité  et  la  rapacité  des 
Nt)rmantls;  Wibert  (Leonis  IX  vita,  II,  6)  et  le  moine  anonyme^ 
édité  p,ir  Watterich,  confirment  sur  ce  point  les  données  d'Aimé. 
Je  semis  porté  à  croire  qu'Aimé  est  dans  le  vrai  lorsqu'il  dit  que  de 
Melfi,  le  p.tpe  revint  directement  ù  Rome,  car  nous  savons  que  le 
29  avril  io5o,  quinze  jours  après  Pâques,  il  présidait  un  synode 
diins  cetto  dernière  ville  (Anselmi  Historia  dedicationis  5.  Re~ 


119 

cornent  Drogo  estoit  occis.  Adont'  retorna  lo  message 
arrière,  et  lo  dist  a  lo  pape  et  a  lo  prince.  Li  pape  plora 
et  plus  plora  Guaymere  quant  oïrent  la  novele  de  la  mort 
DrogOy  quar  rechut  ferutes  sans  remède.  Quar  il  a  paour 


migii).  Comme  Hermann  de  Reichenau  dit  qu*après  ce  synode 
pascal,  Léon  IX  fit  un  nouveau  voyage  dans  l'Italie  du  Sud 
{Chron,,  ad  an,  io5o),  on  pourrait  placer  durant  ce  voyage,  le 
synode  de  Siponto,  présidé  par  Léon  IX,  et  dont  parle  Wibert, 
/.  c,  et  le  pèlerinage  du  pape  au  Mont-Gargano,  mentionné  par  les 
{Annales  Beneventani,  ad  an.  io5o).  > 

Les  dates  fournies  par  Léo  de'  Marsi,  par  Aimé  et  par  les  An- 
nales Beneventani,  permettent  de  préciser  les  incidents  du  voyage 
de  Léon  IX  dans  l'Italie  du  sud,  en  io5i.  D'après  Léo  de'  Marsi, 
II,  8i,  le  pape  arriva  au  Mont-Cassin  le  28  juin,  veille  de  la  fête 
de  S.  Pierre  et  de  S.  Paul,  et  resta  trois  jours  au  monastère;  il 
partit  ensuite  pour  Bénévent  et,  ajoute  le  même  chroniqueur,  il 
releva  la  ville  de  Bénévent  de  l'excommunication  prononcée  contre 
elle  par  le  pape  Clément  II.  Les  Annales  de  Bénévent,  ad  an, 
io5i,  tout  à  fait  en  harmonie  avec  Léo  de'  Marsi,  rapportent  que 
le  pape,  venant  du  Mont-Cassin,  fit,  le  5  juillet,  son  entrée  à 
Bénévent  et  qu'il  resta  dans  cette  ville  jusqu'au  8  août  suivant  ; 
il  partit  alors  pour  Salerne.  C'était  à  la  demande  des  Bénéventins 
que  le  pape  venait  dans  leur  ville;  au  commencement  de  io5i,  ils 
lui  avaient  envoyé  à  Rome  une  ambassade  proposant  la  soumission 
de  la  ville  au  Saint-Siège  ;  le  pape,  pour  s'assurer  de  ces  dispositions, 
avait  chargé  deux  prélats  de  se  rendre  à  Bénévent,  ils  avaient 
reçu  le  serment  de  fidélité  des  Bénéventins  et,  sur  leur  rapport 
favorable,  il  s'était  décidé  à  se  rendre  de  sa  personne  à  Bénévent, 
devenue  une  possession  du  Saint-Siège.  Nous  voyons  par  Aimé 
que  Guaimar  et  Drogo  firent  visite  au  pape  à  Bénévent,  et  qu'ils 
lui  promirent  de  préserver  la  ville  de  toute  attaque  des  Normands  ; 
mais  avec  la  turbulence  et  l'indiscipline  des  Normands,  la  promesse 
était  plus  fàci\e  à  faire  qu'à  tenir.  Telle  paraît  être  la  chronologie 
la  plus  plausible  des  voyages  de  Léon  IX  dans  l'Italie  du  sàd  en 
1049,  io3o,  io5i;  ces  conclusions  sont  à  peu  près  identiques  à 
celles  de  Ernest  Steindorf  dans  les  Jahrhûcher  des  deutschen 
Reichs  unter  Heinrich  JIJ,  Leipzig,  1881,  t.  Il,  p.  456  sq. 


zzt  Ir  r:':r.  zt  Dtdc:  2:»-  soi:  pesdjcncc  a  lui.  et  voit  que 

es:  nanrbtr^î^:  £  Iz:  dt  boDor  «  de  «race. 


Cjj?.  z::.  En  j?  '?:  dt  î'Asnxption  de  sainte  Marie 
V:rf:r-e.  1=  r:::zz  p2?e  chanta  la  messe  et  proia  Dieu 
r^rur  1»  péchiez  c-e  Dr:**:^  avoi:  fait:  et  raunorité  apos- 
::l:zuÊ  ::»  as:I:  ie  :;  .12  ses  recbicz.  Et  dîne  la  messe,  lo 
rc?r«  retcma  s  Br^iven:  n  esta  la  un  ton  tems.  Et  Dieu, 
2  ce  qu'il  mizsTfiS:  de  eue!  amie  et  de  quel  béatitude 
cs:o:i  1:  sain:  pêpe.  iros'^a  molt  de  miracles  pour  sa 
sa.-r^:é  e:  tone  tî*    :  . 

Cu>.  2:.  Un  jor  es:o::  li  saint  pape  a  mengier  avec 
au'j-es  evesques  e:  homes  rel^giouz,  et  comanda  que  lui 
fusi  aponé  lo  henap  loquel  avoit  aponé  del  monastierde 
Sa:n>Rcmi.  El  lo  boieLlicr  lui  apporta  cautement,  et 
par  avanrure  lu:  cha:  de  la  main,  et  fu  rout  lo  henap  en 
mol:  de  pars.  Li  bouteillier  prist  les  pièces  de  lo  henap 
c!  le  abscondî,  et  dist  au  cancelier  ce  que  lui  estoit  avenu» 
liquel  cancelier  se  ciamoit  Federic,  et  a  lo  evesque  Ro> 
ben  o  grani  paour.  Lo  seignor  atendoit  lo  vin,  et  li 
botcilier  tarda.  Toutes  voiez  pour  ceus  qui  menjoient  là 
:u  dit  a  lo  pape,  et  il  en  fu  dolent^  quar  il  amoit  cellui 
henap  de  laingne  plus  que  touz  les  henaps  d'or  et  d^ar- 
gent  pour  Tamor  de  lo  saint  ;  et  se  iîst  venir  les  pièces  et 
ordeneement  les  ordena  comment  avoient  esté  devant;  et 
plora  et  clama  dévotement  la  miséricorde  de  Dieu,  et  la 
mérite  de  saint  Romie  prie  que  li  vaisscl  qui  estoit  rout 

(\)  Drugo  a  tt-j  cssassiné  le  10  août  io5i  ;  Aimé  est  donc  bien 
informé  lor»qij*!l  eau  qut  le  i3  août  suivant  le  pape  célébra  la 
mcss'j  pour  k  repos  de  l'ànic  uu  whcf  normand;  on  6*explique ausai 
q>j'a  cette  nouvelle,  Léon  IX  ait  eu  hâte  de  revenir  de  Saleme  a 
1^  ne  vent  pour  prcscn'er  cette  dernière  yiHc  des  attaques  des  Nor- 
liiandb. 


121 

liquel  tenoit  en  sa  main  fu  garri.  Et  maintenant  fii  gari. 
Et  il  conjura  et  pria  a  li  fidel  soe  qui  lo  savoient  non  lo 
deuissent  dire  a  nulle  personne  tant  come  il  fust  vif.  Une 
foiz  estoit  malade  un  poi,  et  fu  guari  paV  la  saingnie;  et 
cornent  ce  soit  cose  que  li  sanç  soit  plus  corruptible^  puiz 
moult  de  jors  fu  trové  autre  pur  comme  lo  premier  jor  qu'il 
fu  saingnié.  Mes  or  est  temps  que  nouz  laissons  a  parler 
de  cest  pape  Lion  et  de  ses  bones  opérations,  et  que  nous 
rctornons  a  Pystoire  laquelle  nous  avions  laissié  devant 
pour  parler  et  dire  de  cest  saint  pape  Lyon  (i). 

Cap.  22.  Or  dit  ensi  li  conte,  que  puiz  que  lo  conte  se 
fu  parti  de  lo  pape,  il  vint  a  un  chastel  loquel  se  clame 
Mont-Alegre.  Et  vouloit  la  ester  a  sa  delictattion  ;  il  avoit 
en  costumance  de  aler  a  la  feste  soUempnel  a  Tofice  et 
aorner  Teglize,  et  de  jejuner  et  enviter  li  povre  a  mengier 
et  donner  offerte  a  li  povre.  Et  avint  que  fu  la  feste  de 
saint  Laurens  martyr.  Et  Drogo  rechut  cellui  jor  molt 
sollempnelment  a  Tonor  de  missire  saint  Laurens  martyr, 
et  furent  appareilliez  les  chozes  nécessaires  pour  li  povre, 
et  furent  invitez  et  appareilliés  toutes  les  coses  necces- 
saires.  Et  la  nuit  se  leva  Drogo  pour  aler  a  la  vigile,  et  a 
ce  que  sa  dévotion  non  fust  révélée  ne  dite,  ala  tout  soûl 
a  Teglize,  et  Taposterent  ses  anemis.  Non  se  trove  escript 
qui  furent  ces  anemis,  mes  cestui  fu  un  compère  sien, 
liquel  se  clamoit  Riso^  avec  autres  de  ses  compaingnons, 

(i)  Le  premier  de  ces  deux  miracles,  celui  du  vase  restauré,  a  été 
rapporté  par  le  moine  Anselme  dans  son  histoire  de  la  dédicace  de 
réglise  de  S.  Rémi,  à  Reims  (Watterich,  t.  I,  p.  iiS);  Tabbé  Di- 
dier l'a  également  raconté  dans  ses  Dialogues,  1.  III.  Aimé  est  seul 
à  parler  du  second  miracle.  Ce  Frédéric,  chancelier  de  Léon  IX,  est 
Frédéric  de  Lorraine,  frère  de  Gottfried,  duc  de  Lorraine,  marquis 
de  Toscane  et  mari  de  la  comtesse  Mathilde  ;  il  devint  plus  tard 
pape  sous  le  nom  d'Etienne  IX. 


125 

Cap.  26.  En  celiui  temps  se  tratoit  la  rumor  de  toute 
Ytalie;  etveez  ci  que  li  home  seminoient  malice,  et  orde- 
noient  a  donner  tristece  a  ceauz  qui  habîtoient  en  la 
terre.  Et  veez  ci  la  misère  laquelle  donne  impedlment  a 
Talegresce  de  la  santé,  et  la  discorde  lac]uel  destruisoit  la 
paizy  et  la  povreté  guaste  la  ricchesce.  La  crudele  mort 
met  fin  a  la  vite.  Car  lo  principe  de  Salerne  par  la  potence 
et  sapience  de  loquel  estoit  governé,  fu  gaitié  de  ses  pa« 
rens;  par  quel  signe  Dieu  lui  mostra,  et  en  lo  capitule 
après  se  déclarera. 

Cap.  27.  En  celiui  an  que  li  parent  et  familiare  de  lo 
prince  pensoient  de  sa  mort,  a  Salerne  et  en  Jérusalem 
moh  de  signez  merveillouz  avindrent.  Un  enfant  fu  nez 
o  .]'.  oill,  et  cel  oill  non  estoit  la  ou  devoit  estre,  mes 
estoit  en  mege  lo  front.  La  teste  et  la  bouche  de  home 
avoit,  et  li  pié  et  la  coe  de  buef.  Et  autresi  nasqui  un  en- 
fant qui  avoit  .ij.  testes;  et  plus  que  Tespasce  de  une 
hore  lo  flume  pure  fu  fait  sanc.  Et  apparut  un  autre 
signe  :  la  lampe  qui  estoit  appareillé  au  soir  o  aiguë  et 
oiUe,  a  lo  matin  fu  trovée  plene  de  lacté,  laquelle  lampe 
estoit  en  Teglize  de  saint-Benedit.  Et  toutes  ces  chozes 
estoient  signes  de  la  mort  de  lo  prince  Guaymere,  pour 
laquel  mort  molt  de  signes  apparurent. 

Léon  IX  contre  les  Normands,  et  ce  qu'il  dit  n'est  nullement  en 
désaccord  avec  les  renseignements  qui  nous  sont  fournis  par  ailleurs. 
Ainsi,  nous  savons  que  le  20  mai  io52,  le  pape  se  trouvait  à  San 
Germano  (MiGNE  :  Patr,  lat,,  t.  143,  p.  690)  dans  ce  même  mois 
de  mai  au  Mont-Cassin  {Chronica  S,  Benigni  Divion.,  MG.  SS.  VII, 
237);  Léo  de*  Marsi,  II,  82,  rapporte  que  durant  le  voyage  il  est  allé 
à  Capoue;  le  i*"*  juillet  il  était  à  Bénévent  (Migne,  Patr,  lot., 
t.  143,  p.  693)  et  de  Bénévent  il  a  gagné  Salerne;  nous  voyons 
par  Aimé  que  ses  négociations  avec  Guaimar  de  Salerne  ajrant 
échoué,  il  est  allé  à  Naples. 


122 


corne  se  trove  en  autre  estoxrc.  Mes  puiz  fu  uillië 
pièce  a  pièce,  et  tuit  H  sien  compiingnon  furent  mort. 
Et  furent  pris  a  Mont-Al^re  de  li  Nomuint  et  de  lo 
frère  de  Drogo.  Et  lo  matin,  quant  ses  scrviciabE  lo  sorent 
et  lo  trovcreni  occis  et  taxllié,  et  li  Nonnant  quant  il 
virent  lor  seignor  ensi  en  tralion  occis,  il  s'asemUerent 
et  pristrent  Drogo  et  le  poncrent  a  son  hostel  grant  plor 
et  o  grant  dolor,  et  puiz  fu  ensepeli  et  assoult  de  lo  pape 
si  corne  je  vouz  devant  dit  •  i  .  Et  une  famé  laquelle  avoit 
nom  Noëmi,  Noëmi  vaut  autant  a  dire  come  belle,  puiz 
que  ses  filz  furent  mort  non  voloit  avoirnora  Noêmi  (2). 
Ensi  cestui  mont  pour  lo  nom  de  Drogo  non  se  daraa 
plus  Mont-Alegre,  triste  13\.  Et  s'asemblerent  li  Nor- 

(i)  GUILLAUME  DE  PouiLLE,  1.  II,  ▼.  78  sq.,  dit  également  que 
Drogo  a  été  assassiné  à  Monte-llaro  : 

«  Alter  (Drogo)  ab  indigenis,  nimium  qiua  credulut  illit. 

Pontilari  (pour  Montilari)  cssus....  » 

De  même,  Lupus  dans  sa  chronique,  ad  an,  io5i  :  ■  Hoc  anno 
Drogo  occisus  est  in  monte  Ilari  a  suo  compatre  Concilio  ».  Mala- 
TERRA,  I,  i3,  indique  un  autre  endroit  :  «  Castrum  montis  Oleî, 
quoJ  cornrpte  ab  incolis  Montolium  dicitur  ».  Guiixaumb  dk  Ju- 
MiÈGES  est  d'accord  avec  Aimé  pour  dire  que  Drogo  est  mort  le 
10  août,  fcte  de  S.  Laurent,  enfin  les  Annales  de  Béniveni  et 
RoMUALD  DE  Salerke  rapportent  que  le  meurtre  fut  commis  au 
mois  J*août  io5 1.  On  voit  que  ce  n*est  pas  Aimé  qui  donne  le  nom 
du  meurtrier  de  Drogo,  c'est  le  traducteur  qui  prend  ce  renseigne- 
ment  dans  V Anonyme  historia  Sicula,  c'est-A-dire  dans  Mala* 
terra. 

(a)  Livre  de  Ruth,  l,  20. 

(3)  Aimé  se  trompe;  Di  Meo  a  analysé,  t.  VII,  p.  3 17,  une  charte 
de  1118  qui  prouve  que  le  Monte^Ilaro  portait  toujours  le  même 
nom.  Aujourd'hui  encore,  on  l'appelle  Montellia;  MO.  SS.,  t.  IX, 
p.  355,  note  84.  —  L'erreur  d'Aimé  provient  sans  doute  de  ce  qu'il 
connaissait  la  tradition  qui  faisait  mourir  Drogo  à  Montolium,  qu'il 
aura  pris  pour  une  corruption  de  Monte-Doglioso,  ie  tmont  triste f  et 
il  aura  voulu  harmoniser  les  deux  traditions  en  disant  qu'après  la 


123 

mant  puiz  la  mort  de  Drogo  et  Guaymere,  et  fu  fait  conte 
Umfroi,  frère  de  Drogo  (i). 

Cap.  2  3.  Et  Léo  pape,  puiz  qu'il  fu  parti  de  Borîivent, 
desirroit  la  confusion  et  la  dispersion  de  li  Normant,  et 
demanda  Taide  de  lo  empereor  Federic  (2),  et  del  roy  de 
France  (3),  et  del  duc  de  Marcelle  (4),  et  de  toutes  pars 
requeroit  aide.  Et  lor  promet  a  donner  absolution  de  lor 
péchiez,  et  de  doner  lor  grans  doris,  et  qu'il  délivrassent 
la  terre  de  la  malice  de  li  Normant.  Et  aucun  pour  ce 
qu'il  timoient  la  force  de  li  Normant,  et  li  autre  pour 
ammistié  qu'il  avoient,  et  aucun  que  il  non  estoicnt  proie, 
non  estoit  qui  feist  lo  comandement  de  lo  pape. 


mort  de  Drogo,  le  Monte-Uaro  avait  été  appelé  Monte-Doglioso, 
mais  là  encore  il  se  trompe,  car,  comme  le  dit  Malaterra,  Monto- 
lium  vient  de  Mons-Olei. 

(i)  La  Chronîcon  brève  Nortmannicum  porte  ad  an,  lobi  :  «  Drogo 
interficitur  in  Apulia  et  succedit  Humphredus  ».  De  même 
Lupus,  ad  an.  io5i  :  «Hoc  anno  Drago  occisus  est  in  Monte 
Ilari  a  suo  compatre  Q>ncilio  et  frater  ejus  Umfreda  factus  est 
comes  ».  On  voit  également  dans  Malaterra,  I,  i3,  qu*aussitôt 
après  la  mort  de  Drogo,  Humfroy  prit  la  direction  des  affaires; 
aussi  on  ne  s'explique  pas  pourquoi  Guillaume  de  Fouille  repré- 
sente les  Normands  comme  n'ayant  pas  de  chef  suprême  lorsque, 
après  la  mort  de  Drogon,  survinrent  de  graves  démêlés  entre  ces 
mêmes  Normands  et  Léon  IX;  il  écrit,  1.  II,  v«  79  : 

« Se  gens  rectore  carentem 

Gallica  conqueritur.  Papae  tamen  obvia  venit.  » 

(2)  11  faut  :  de  l'empereur  Henri  III  (1046- 10 56). 

(3)  Le  roi  Henri  I  (io3 1-1060). 

(4)  Peut-être  faut-il  entendre  par  là  '  non  pas  le  duc  mais  le 
vicomte  de  Marseille;  c'était  Guillaume  III  dit  le  jeune  qui,  pen- 
dant le  pontificat  dé  Léon  IX,  était  revêtu  de  cette  dignité.  — 
H.  Bouche,  Chrorographie  et  Histoire  de  Provence,  t.  1,  p.  870. 
Aix,   1664,  in-fol. 


124 

Cap.  24.  Et  li  cancelier  de  Federic  se  donna  guarde 
solement  de  la  malice  de  li  Normant»  et  non  de  la  ini- 
quité de  li  autre  qui  habitoient  en  celle  part,  et  dist  :  «  Se 
je  avisse  cent  chevaliers  etTeminat,  je  combatroîe  contre 
tuit  li  chevalier  de  Normendie  (i)  >.  Et  adont  conirenta 
Parme  et  as  lances,  et  assemblèrent  de  Gaieté,  de  Valbine 
et  de  la  Marche  (2);  i  sont  ajoint  homes  de  Mars!  (5),  et 
de  autre  contés^  et  comment  mansuete  peccoire  sont  man- 
dés contre  li  fort  lop,  la  vertu  de  liquel  et  la  potence 
coment  nous  cscrivons  se  manifeste. 

Cap.  25.  Li  message  de  lo  prince  de  Saleme  vint  a  lo 
pape  et  lui  dist  que  lo  prince  de  Saleme  non  se  vouloit 
consentir  a  la  destruction  de  li  Normant,  car  il  avoit  mis 
grant  temps  a  les  assembler,  et  les  avoit  rachatez  de  molt 
monoie,  et  les  tenoit  coment  pretiouz  trésor.  Et  manda  a 
dire  a  ceux  qui  venoient  contre  li  Normant  :  «  Vouz 
trouvères  ce  que  vouz  alez  querant;  o  triste!  vous  serez 
viande  de  li  devorator  lion^  liquel  quant  vouz  tocheront 
o  alcunc  moziche  vous  saurez  quel  force  et  quel  vertu  il  a 
en  eauz;  alcz  et  provcz  la  folie  de  li  Normant,  et  sentirez 
que  en  vous  sera  comptée  la  parole  que  dist  David  lo 
prophète  :  Un  en  persécutera  mil,  et  dui  en  moveront 
.X.  mille  (4).  Et  quant  lo  pueple  oîrent  ce,  si  furent 
molt  triste,  et  li  chevalier  remainrent  sans  cuer  et  com- 
mencèrent a  retorner.  Et  la  compaingnie  de  li  fortissime 
et  vaillant  Normant  sont  assemblé  :  mes  li  pape  fu  leissié 
de  sa  gent  et  s'entorna  a  Naple  (5). 

(1)  Il  s*agit  de  Frcdéric  de  Lorraine,  le  futur  pape  Etienne  \X. 

(2)  Gaete,  le  pays  de  Balva,  au  nord  de  Sora  et  à  Test  de  Rome, 
et  la  Marche  de  Firmo  à  Test  de  l'Italie  centrale. 

(3)  Le  pays  des  Marses  au  nord  du  lac  Fucino. 

(4)  Deutéronome,  XXXII,  3o. 

(5)  Nous  ne  connaissons  que  par  Aimé  cette  première  tentative  de 


"5 

Cap.  26.  En  cellui  temps  se  tratoit  la  rumor  de  toute 
Ytalie  ;  et  veez  ci  que  li  home  seminoîent  malice,  et  orde- 
noient  a  donner  trîstece  a  ceauz  qui  habitoient  en  la 
terre.  Et  veez  ci  la  misère  laquelle  donne  impediment  a 
Falegresce  de  la  santé,  et  la  discorde  la(]uel  destruisoit  la 
paiz,  et  la  povreté  guaste  la  ricchesce.  La  crudele  mort 
met  fin  a  la  vite.  Car  lo  principe  de  Salerne  par  la  potence 
et  sapience  de  loquel  estoit  governé,  fu  gaitié  de  ses  pa« 
rens;  par  quel  signe  Dieu  lui  mostra,  et  en  lo  capitule 
après  se  déclarera. 

Cap.  27.  En  cellui  an  que  li  parent  et  familiare  de  lo 
prince  pensoient  de  sa  mort,  a  Salerne  et  en  Jérusalem 
moh  de  signez  merveillouz  avindrent.  Un  enfant  fu  nez 
o  .j.  oill,  et  cel  oill  non  estoit  la  ou  devoit  estre,  mes 
estoit  en  mege  lo  front.  La  teste  et  la  bouche  de  home 
avoit,  et  li  pié  et  la  coe  de  buef.  Et  autresi  nasqui  un  en- 
fant qui  avoit  .ij.  testes;  et  plus  que  Tespasce  de  une 
hore  lo  flume  pure  fu  fait  sanc.  Et  apparut  un  autre 
signe  :  la  lampe  qui  estoit  appareillé  au  soir  o  aiguë  et 
oille,  a  lo  matin  fu  trovée  plene  de  lacté,  laquelle  lampe 
estoit  en  Peglize  de  saint-Benedit.  Et  toutes  ces  chozes 
estoient  signes  de  la  mort  de  lo  prince  Guaymere,  pour 
laquel  mort  molt  de  signes  apparurent. 

Léon  IX  contre  les  Normands,  et  ce  quUl  dit  n'est  nullement  en 
désaccord  avec  les  renseignements  qui  nous  sont  fournis  par  ailleurs. 
Ainsi,  nous  savons  que  le  20  mai  io52,  le  pape  se  trouvait  à  San 
Germano  (MiONE  :  Patr,  lat.,  t  143,  p.  690)  dans  ce  même  mois 
de  mai  au  Mont-Cassin  {Chronica  5.  Benigni  Divion,,  MG.  SS.  VII, 
237);  Léo  de*  Marsi,  II,  82,  rapporte  que  durant  le  voyage  il  est  allé 
à  Capoue;  le  i^^  juillet  il  était  à  Bénévent  (Migne,  Patr.  lat.j 
t.  143,  p.  693)  et  de  Bénévent  il  a  gagné  Salerne;  nous  voyons 
par  Aimé  que  ses  négociations  avec  Guaimar  de  Salerne  ayant 
échoué,  il  est  allé  à  Naples. 


126 

Cap.  28.  Et  cil  de  Amafe  furent  constraint  par  sacre- 
ment et  jurement  pour  lo  mal  intollerablequ^il  cherçoient 
a  faire  a  li  ministre  de  li  principe,  a  ce  que  non  soit  plus 
obedi  a  cestui  prince  Guaymere;  quar  cestui  ministre 
estoient  autresi  corne  de  Amalfe.  Et  damèrent  li  Salerni- 
tain  pour  combatre  par  mer,  et  o  grant  vitupe  et  injure 
vergoingnerent  lo  prince,  et  dont  pooient  lui  iaisoient 
damage  par  mer.  Lo  prince  se  appareilla  de  revengier 
soi,  et  clama  Tajutoire  de  li  Normant.  Mes  porce  qu^il 
non  recevoit  les  deniers  de  Amalfe  non  pooit  complir  sa 
volentë.  Puiz  li  sien  assembla  la  grandesce  de  lo  principe, 
et  virent  que  lui  estoit  faillie  la  fidélité  de  cil  de  Amalfei 
et  lui  estoient  failli  li  deniers,  non  lui  furent  tant  fidel; 
mes  pour  la  ricchesce  qui  lor  estoit  promise  del  trere  de 
la  moillier,  ce  est  de  Raynolfe  conte  de  Averse,  se  accor- 
dèrent a  la  mort  de  Guaymere  (i).  Mes  pour  ce  que 
Guaymere  avoient  molt  fidel  amis,  avoient  paour  de 
cest  homicide;  et  vont  commovant  la  volenté  de  li  amis 
et  parent  de  Guaymere,  et  lor  prometoit  s*il  venoit  a  la 
dignité  de  estre  prince,  de  faire  lor  molt  bénéfice.  Et  en 
ceste  manière  se  trahirent  arrière  de  la  fidélité  de  Guay- 
mere, et  se  acorderent  a  la  mort  de  Guaymere.  Et  ceste 
cose  vint  a  Toreille  de  Guaymere;  mes  que  se  confidoit 
en  sa  vertu  et  qu'il  non  se  pooit  humilier,  comme  servicial 
les  dcspriza  et  non  s  en  cura.  Et  vint  li  jor,  liquel  estoit 

(1)  Raynolfe  ou  Raynulfe,  comte  d*  A  versa,  était  mort  depuis  plu- 
sieurs années  lorsque  s'ourdissait  cette  conspiration  contre  Guainiar 
(Cf.  supra,  p.  1 13»  note  i);  Aimé  dit  lui-mâme  que  les  cheiii  de  la 
conjuration  étaient  les  quatre  frères  de  la  femme  de  Guaimar;  or 
celui-ci  avait  épousé  Gemma,  tîlle  de  Landulfe,  comte  de  Teano 
(voyez  un  document  de  Guaimar  du  mois  de  mai  loSa,  analjrsé  par 
Di  Meo,  Vil,  p.  i53);  il  ne  s*agit  donc  pas  de  Rainulfe  d*  A  versa,  mais 
du  fils  Ju  cûmtc  Je  Tcano. 


127 

lo  tiers  jor  de  juing;  ce  fu  lo  jor  de  plorer  et  plein  de 
amaritude!  et  li  Amalfitain  o  vaissel  armez  vont  par  mer 
après  la  ripe  de  Salerne  et  commencèrent  la  bataille.  Et  * 
li  chevalier  de  Salerne  vont  contre  lo  navie  a  la  rippe;  et 
li  principe  commanda  que  li  chevalier  qui  lo  dévoient 
occirre  dépendissent  la  rippe;  et  ceuz  virent  Guaymere  o 
cellui  qui  lui  portoient  Tarme  estoit  sol  entre  eaux  ;  et 
demanda  li  pourquoi  avoient  juré  de  occidere  lo,  et  ceuz 
lo  negarent.  Et  lo  prince  manechia,  li  chevalier  prioient 
et  prometent  a  lo  principe  de  cercier  lo  en  cellui  jor  et 
crièrent  :  «  Soit  occis  cil  qui  ci  veut  cecare  ».  Et  li  quatre 
frères  de  la  moillier,  Landulfe  plus  jovene  de  touz  pre- 
merement  estendi  la  main  et  lo  feri  de  la  lance;  et  puiz 
tuit  cil  qui  la  estoient  en  celle  ligue  lo  ferirent,  et  si  qu^il 
rechut  trente  et  sez  feruez;  et  alerent  pour  occirre  lo  frère 
Guide,  mes  il  eshca.  Pandulfe  fu  occis^  et  autres!  fuoccis 
.  lo  cambrier  de  lo  prince  (  i  ) . 

(i)  Les  Annales  Beneventani,  ad  an.  io52,  disent  que  Guaimar 
fut  tué  le  a  et  non  le  3  juin  :  «  Guaymarius  princeps  a  suis  occisus 
est  a  die  intrantc  mense  Junio  ».  —  Malaterra^  III,  a,  atteste  la  paN 
ticipation  des  Amalfitains  à  ce  crime  :  «  Malfetani  vero  Gisulfiim 
exosum  habentes,  timebant  quippe  ab  eo  puniri  eo  quod  interfectores 
patris  ipsiuSy  dum  eos  ad  subjugandum  sibi  impugnaret,  extiterant.  » 
Léo  de'  Marsi,  II,  8a,  première  rédaction,  accuse  également  les 
Amalfitains  :  «  Guaimarius  conjuratione  Amalphitanorum  quos 
niroif  indique  tractabat,  nec  non  et  Salernitanorum  quorumdam 
juxta  ora  maris  occisus  est  ».  Enfin  Guillaume  de  Fouille,  1.  II,  v.  76, 
dit  que  les  parents  de  Guaimar  ont  participé  à  sa  mort  : 

« A  civibus  alter 

Et  consanguineis  occisus  fraude  Salerni  » 

De  même  l'archevêque  Âlfane  (Migne,  Pair,  lat.,  t.  147,  p.  ia57)  : 

«  Sed  postquam  patrise  pater  et  tuus  ante  suorum 
Ora  propinquorum  confoditur  gladiis.  » 


C*».  2>.  Fr  mairijer-in:  nren:  prince  FaxkialK.  Hqœl 
eiV'V.:  :o  3r*T.:er  nez  de  tcz  de  cooz  les  fineres.  ec  lai  rart- 
r-sTi"  ndeliti.  e:  enTerea:  ea  U  dœ.  et  requiscrent  ccrax 
:^à:î  v/.en:  rendiirli  heri'aze  a  li  6Lz  deceaoz  a  eu;  Goaj- 
rr«<*re  I  avoir  tûlu:  et  furear  retidat  lî  herediiage,  et  lo 
puepU  :l2  apaiez  et  ialliren:  a  U  roche  de  b  cité,  laquelle 
non  ie  pet  tenir,  quar  non  avoienc  fomement  de  TkniaUe. 
ht  priârrent  la  suer  de  Guavmere  et  la  xnoillier  de  \o 
ner/eu  o  roat  lor  ti!z.  et  les  cindrenr  en  prison  laidement 
et  non  honeste  prison,  et  mistrent  autres  goardes  en  la 
roche. 


Cap.  3o.  Et  quant  Guide  fu  par  la  miséricorde  de 
délivré  de  cest  péril,  il  s*en  ala  a  li  Normant,  liqud 
cstoient  assemblez  pour  ce  qu'il  atendoient  a  combatte 
contre  11  chc^'alier  de  lo  pape  i;.  Et  plorant  et  doierouz 
ne  jetta  a  terre  devant  li  Normant.  et  en  plorant  raconte 
ce  qui  lui  estoit  avenut,  etdist  :  «  Je  mevienga  lamenter 
a  vouz  et  dire  de  la  mon  de  mon  frère  Guaymere,  non 
Vilement  mort,  mes  crudele  occision.  Et  avieîngne  que 
mon  frerc  fust  digne  d'estre  occis,  toutes  voiez  non  devoit 
cstrc  <x:cis  de  cil  qui  lui  estoient  parent,  et  par  divers  béné- 
fices qu'il  lor  donna  estoient  par  lui  riches.  Et  maintenant 
est  temps  que  se  mostrc  lo  trésor  liquel  avoit  assemblé  lo 
prince  et  la  ricchcscc  qu'il  avoit  assemblé  et  aquestée. 
Vou/  estiez  lo  sien  trésor,  vous  estiez  la  soe  richesce  pour 
VamoT  de  vostre  fortesce,  et  il  estoit  croissut  en  honor  en 
la  incorruptible  prospérité  de  vostre  bonté;  estoit  sur  tuit 
li  prince  on  dignité.  Or  aprendent  H  rey  par  vostre 
exemple  dcsovcnir  a  li  estrangier,  et  sachent  tuit  li  seignor 
que  vous  amcz  vostre  seignor  après  sa  mort.  Adont  vouz 

ii)  Aime  a  parlé  plus  haut,  chap.  24  et  suivants  des  prépara- 
lifH  militaires  de  L^éon  IX  contre  les  Normands. 


129 

appareilliez,  et  faitez  ceste  venjance  de  ceste  grant  mau- 
vaistié  !  Et  sentent  cil  mauvez  occidental  que  doivent 
recevoir  por  si  grande  tralson.  Je  sai  bien  autresi  que  mi 
frère  sont  mort,  je  non  les  puiz  resusciter,  mes  securrons 
li  filz  qu^il  non  périssent  en  la  prison  !  » 

Cap.  3 1 ,  Quant  li  Normant  entendirent  la  parole  de 
Guide,  il  furent  molt  dolent,  et  li  prièrent  qu'il  se  live 
de  terre.  Et  non  plorent  li  Normant  manco  de  lui,  et 
laissent  toute  choze  et  vont  pour  faire  venjance  de  li 
prince,  Et  a  la  sexte  yde  de  juing  (i)  sont  li  Normant 
entor  li  mur  de  Salerne,  et  o  Paide  de  ceuz  qui  avoient 
porté  foy  a  li  prince  a  lo  secont  jor  fu  prise.  La  porte  fu 
aperte  a  Guide,  et  li  malvaiz  traitor  fouirent  pour  reco- 
vrer  la  roche.  Mes  par  famé  seront  veinchut,  et  li  filz  et 
lor  moilliers  de  li  traitor  furent  pris  et  lor  trésor  fii  donné 
a  ceuz  de  la  cité  de  Salerne. 

Cap.  32.  Guide  laissa  li  filz  de  li  nepote  et  la  moillier, 
et  toz  quant  il  furent,  fors  tant  solement  lo  filz  de  lo  frère 
sien,  liquel  se  clamoit  Gisolfe,  desidera  que  fust  prince, 
et  pour  cestui  li  soit  rendu  de  li  traditor  qui  estoient  en 
la  tor  de  la  rocche,  donna  li  fill  et  li  moillier  de  li  traitor. 
Et  coment  ce  fust  chose  que  li  Normant  vollissent  faire 
prince  de  cestui  Guide,  et  dist  Guide  :  «  Dieu  m'en  gart 
que  je  soustieingne  que  mon  neveu  perde  Ponor  de  son 
père.  »  Et  quant  il  ot  dite  ceste  parole,  il  prist  li  jovene  et 
lo  mist  en  un  lieu  haut;  et  ploiant  li  bras  fu  fait  son  che- 
valier, et  Guide  li  jura  sacrement  de  fidélité.  Et  quant  li 
Normant  virent  tant  de  bonté  et  de  loialté  en  Guide, 
furent  autresi  fait  chevalier  de  Gisolfe,  et  se  firent  investir 
de  la  main  de  lo  prince  Gisolfe  de  celle  terre  qu'il 
tenoient. 

(i)  8  juin  io52. 


I50 

Cap.  3?.  Homes  pour  faire  pais  entre  li  Guide  et  li 
traitor  montoieni  et  descendoient  de  la  roche.  Jura  Guide 
et  autres',  rïst  Gilsolte.  non  remeist  saint  par  loquel  non 
aient  juré  :  jurèrent  li  juge  et  li  autre  gentilhome  de  lais- 
sier  en  aler  salve  li  homicide  sans  nulle  cose;  descende  li 
chevalier  sain  et  salve  arme  et  s'en  voise  sauf  et  secur  la  il 
lui  plaira. 

C\p.  34.  Et  a  lui  tidel  Normant  non  plot  celle  paiz  ne 
celle  concorde,  étalèrent  contre  li  malvaiz  traitor  et  homi- 
cide, et  o  Taide  de  cil  de  la  cité  taillèrent  tuit  li  traitor  et 
tout  les  occistrcnt  et  misirent  en  une  sépulture.  Mal  fu 
ordene  Laindulfe  pour  cstrc  prince  o  troiz  frères  siens, 
quar  .xxxvj.  en  furent  occis  en  une  hore  liquel  avoient 
esté  a  la  mort  de  Guaymere.  Et  pour  la  mor  de  Guaymere 
remaînreni  tidel  tant  de  Guide  quant  de  Gisolfe,  et  les 
haucerent  en  prospérité  a  lor  honor.  Et  porceque  Unfroy 
avoit  pour  moillier  la  suer  del  duc  de  Sorrente,  proia  li 
conte  que  lo  duc  fust  laissié  et  recovra  la  dignité  soe. 

Cap.  35.  Sagement  se  portoit  Guide  et  il  sol  faisoit  celle 
cose  laquelle  faisoit  lo  prince  Guaymere  et  tuit  li  frère. 
Malement  traitoit  lo  aornement  pour  marier  la  fille  soe, 
quar  non  laissa  en  disposite  ou  en  arche  aucun  aornement. 
La  moillier  et  fille  toutes  despoilla,  ce  que  il  pooit  leva  et 
donnoit  a  li  Normant  pour  conserver  Tonorde  son  neveu. 
Mes  quelle  en  ot  ccstui  oncle  de  tant  come  fist  pour  lo 
neveu,  encore  se  dira  sa  en  avant  en  lo  ystoire  (1). 

(i)  Léo  d-.'*  M^rsi,  11,  Sa,  i**  réJac,  résume  ainsi  ces  incidents  : 
«  Sed  post  quintum  diem  (après  la  mort  de  Guaimar)  Normannis 
auxillantibus,  a  GuiJone  fratrc  ipsius  principis  eadem  recepta  cîti- 
tas  (Salerni)  et  Gisulfo  tilio  ejus  reddita  est,  trucidatis  auctoribus 
tanti  t'acinuris,  quattuor  scilicct  cognatis  ojusdcm  Guaimarii  et  tri- 
ginta  scx  r.liis.  »  Contrairement  a  Aimé  et  à  Lco  de*  Manî,  le 


131 

Cap.  36.  Avant  la  mort  de  Guaymere,  un  jovene,  atte 
a  chevalerie  et  aorné  de  vertu,  estoit  venut  a  Robert  frère 
carnel  de  Ricchart  conte,  dontcestui  non  estoit  lo  Viscart 
de  loquel  est  dit.  Et  a  cestui  Guaymere  avoit  donné  pour 
moillier  la  fille  de  Drogo  conte  (i  ). 

Cap.  37.  Et  quant  lo  pape  vit  que  lo  prince  Guaymere 
estoit  mon,  loquel  estoit  en  Payde  de  li  Normant,  se 
appareilla  de  destruire  li  Normant;  il  asembla  plus  de 
gent  qu'il  n'avoit  avant,  et  avoit  o  lui  .ccc.  Todesque  et 
comensa  a  venir  contre  li  Normant  (2). 

Catalogus  principum  Salerni  porte  que  Gisulfe  ne  succéda  pas 
immédiatement  à  son  père  mais  que  Gui,  frère  de  Guaimar  fut, 
pendant  deux  mois,  prince  de  Salerne.  «  Wido,  alter  Weimarii  frater, 
per  menses  2,  et  ipse  erat  thius  Gesulfi  prindpis.  »  MG.  SS.,  III, 
p.  211.  Comme  il  n'existe  pas  de  charte  des  princes  de  Salerne  pen- 
dant les  deux  mois  qui  suivirent  la  mort  de  Guaimar  {Codex  diplo» 
maticus  Cavensis,  t.  VII,  Index  chronol.  membrc^arum,  p.  xxii),  il 
n'est  pas  possible  de  dire  si  Terfeur  est  du  côté  d'Aimé  et  de  Léo 
de'  Marsi  ou  du  côté  du  Catalogus  principum  Salerni^  mais  il  est 
probable  que  ce  dernier  document  fait  simplement  allusion  à  la  part 
importante  que  Gui  prit  aux  affaires  du  gouvernement  lorsque,  grâce 
à  ses  efforts,  son  neveu  Gisulfe  recouvra  Théritage  de  son  père.  Gui 
aura  été  quelque  temps  régent  de  la  principauté  pour  le  compte  de 
Gisulfe  ;  c'est  du  reste  ce  qu'Aimé  insinue  dans  l'appréciation  qu'il 
&it  du  rôle  de  Gui,  après  la  mort  de  Guaimar. 

(1)  Gattola  {Accessiones  ad  hist.  Cassinensem,  t.  I,  p.  a  18)  repro- 
duit une  charte  par  laquelle  une  fille  de  Drogo  nommée  Rocca, 
parle  de  son  mari  Ubbert. 

(2)  Léo  de'  Marsi,  II,  81,  dit  que  le  pape  avait  avec  lui  dans  cette 
campagne  non  pas  3 00  mais  environ  5oo  Allemands  :  «  de  propin- 
quis  tantum  et  amicis  Apostolici  quingentis  circiter  illum  in  partes 
bas  comitantibus,  »  Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  i5i  sqq.,  dit  700  : 

u  Guarnerius  Teutonicorum 

Albertus  que  duces  non  adduxere  Suevos, 
Plus  septingentos.  » 

Les  Annales  Romani  et  Hermann  de  Reichenau  se  contentent  de 
parler  d'un  grand  nombre  d'Allemands. 


1Î2 


Cap.  38.  Puiz  que  fu  seu  par  publica  famé  que  li  pape 
venoit,  molt  en  estoient  alegre.  Mes  Jehan,  evesque  de 
Salerne,  non  avoit  petit  de  tribulation  pour  la  vision  qui 
lui  apparut;  quar  stant  afflit  par  dolor  de  santé  laquelle 
avoit  acostunié  d'avoir,  se  fist  porter  la  ou  gîst  lo  cors  de 
saint  Mathic  apostole  et  lui  dist  ce  qui  estoit  a  entrevenir,  et 
entre  celle  dolor  s'cndormi.  A  loqualle  s^apparut  saint 
Mathie  apostole,  et  lui  dist  ce  qui  devoit  avenir.  Et  lui 
dist  :  c  Je  te  promet  que  tu  es  guari  de  ton  infermeté.  Mes 
je  te  prophctizc  que  la  mort  non  est  trop  long.  Li  pape 
vient  avec  vilz  chavaliers  pour  chacier,  mes  li  sien  seront 
destruit,  et  espars,  et  en  prison,  et  mort.  Et  puiz  ceste 
cose  rctorncra  à  Rome  et  sera  mort.  Et  puiz  la  venue  soc 
pcti  vivra  :  quar  c'est  ordenc  devant  la  présence  de  Dieu, 
quar  quicunqucs  sera  contre  li  Normant  pour  les  chacier 
ou  tost  morira,  ou  grant  affliction  aura.  Quar  ceste  terre 
de  Dieu  est  donnée  a  li  Normant,  quar  la  perversité  de 
ceus  qui  la  tcnoient  et  pour  la  parenteze  qu^il  avoient  faite 
avec  eaux,  la  juste  volenté  de  Dieu  a  convertut  la  terre  a 
eaux  ;  quar  la  loy  de  Dieu  et  la  loy  de  li  impeor  com- 
mande lo  till  succède  a  lo  héritage  de  lo  père.  »  Et  puiz 
lo  evesque  se  resvcilla  tôt  sain  et  salve  ;  etensi  comme  lui 
lu  dit  en  avision,  cnsi  fu  fait  (  i  ). 

Cai>.  3o.  Lo  pape  fu  acompaingnic  de  ceste  chevalerie, 
cl  avant  qu'il  vcnist  a  La  Cité  assembla  li  gentilhome  et 
list  gofanonier  de  La  Cité  et  de  la  bataille  Robert  loquei 
se  clamoit  de  Octomarset.  Et  puiz  vindrent  a  La  Cité, 
c*esi  a  un  chastel  qui  se  clame  La  Cité.  Quar  la  lui 
vinJîcnî  encontre  li  Normant  comment  se  trove  en  autre 

(i)  Sur  ce  Jean,  archevêque  de  Salcrnc  et  prédécesseur  d*AIfiuke, 
voyez  :  «  Mcmorie  délia  Chiesa  Salernitana  di  G.  Pabsano,  t.  I, 

Napoli,  in-8o,  184G,  p.  loô  sqq. 


133 

ystoire  (  i).  Et  lo  pape  et  li  chevalier  avoient  espérance  de 
veinchre  pour  la  multitude  de  lo  pueple.  Et  li  Normant 
puiz  qu^il  vindrent  mandèrent  message  a  lo  pape  et  cer- 
choient  paiz  et  concorde,  et  prometoient  chascun  an  de 
donner  incense  et  tribut  a  la  sainte  eclize,  et  celles  terres 
qu'il  ont  veincues  par  armes  volaient  revoir  les  par  la 
main  de  lo  vicaire  de  Teglize.  Et  mostrerent  lo  confanon 
coment  il  furent  revestut  de  la  terre  par  la  main  de  lo 
impeor,  et  coment  lor  estoit  confermée.  Lo  pape  non 
parla,  ainz  parla  lo  câncelier  et  les  manesa  de  mort,  et  lor 
propona  qu'il  doientfugir;  et  Tun  et  Tautre  est  molt 
moleste  a  li  Normant  ;  et  encoire  o  ces  messages  parla  par 
manacha,  et  lor  fist  vergoingne.  Li  légat  de  li  Normant 
s'en  retornerent  et  reponerent  lor  message,  loquel  molt 
lor  desplaist  (2). 

Cap.  40.  La  neccessité  de  la  famé  moleste  li  Normant, 
et  par  lo  exemple  de  li  apostole  prenoient  li  espic  de  lo 
grain  et  frotoient  o  la  main,  et  ensi  menjoientlo  grain,  et 
afflit  pour  la  famé  requerent  que  ceste  brigue  se  départe 
ou  combatent.  Et  li  pape  avec  li  evesque  sallirent  sur  lo 
mur  de  La  Cité,  et  regarda  a  la  multitude  de  ses  cavaliers 


(i)  C*est  en  effet  à  Civitatc,  sur  les  bords  du  Fortore,  et  dans  la 
Capitanate  qu'eut  lieu,  le  18  juin  io53,  la  bataille  entre  les  Normands 
et  les  troupes  de  Léon  IX;  Léo  de*Marsi,  II,  84  :  «  Inito  autem  cer- 
tamine  in  planitie  maxima  qus  juxta  Civitatem  est  »;  Malaterra^ 
I.  14;  «  Âpostolicus  fuga  vitsea  sylum  expetens,  intraurbem  provincise 
Capitanatffi  quœ  Cimitata  (Civitata)  dicitur,  se  se  profugus  recepit.  » 
De  même  la  Vita  Leonis  IX  ab  anonymo  (Watterich,  t.  I,  p.  lUc). 

(2)  Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  85  sqq.  dit  également  que  les 
Normands  firent,  avant  la  bataille,  une  démarche  de  conciliation  au- 
près du  pape,  mais  sans  succès  ;  d*après  TAnonyme  de  BéNévENT,  ce 
furent  les  ambassadeurs  du  pape  qui  allèrent  dans  le  camp  normand, 
mais  le  résultat  fut  le  même,  Watterich,  t.  I,  p.  me 


134 

pour  les  absolvere  de  lor  péchiez,  et  pardonna  la  penancc 
que  pour  lor  pechié  dévoient  faire.  Et  lor  fait  la  croiz  et  lo 
commanda  de  boche  qu'il  aient  combatre  (i).  Raynolfeet 
Raynier  furent  eslit  principe  de  ceste  part,  liquel  levèrent 
en  haut  li  gofanon,  et  vont  devant  o  molt  grant  multi- 
tude de  gent,  mes  petit  de  Toudeschi  solement  les  secuta. 
Et  li  Normantfont  trotzcompaîngniez  desquelles  une  en 
esi  régie  et  governée  par  la  main  del  conte  Unfroy,  et 
lautre  par  lo  conie  Ricchan,  et  a  la  tierce  par  Robert 
Viscart.  Et  li  Thodeschi  se  mctent  Tescu  en  bras  et 
crollent  Tespée;  et  li  Normant  et  hardi  cornent  lyon 
prenent  la  haste.  Et  lo  conte  Richart  despart  li  Todcschi 
ei  passe  parmi  eaux  ;  et  de  Tautre  part  fiert  lo-conte  Unfiroy 
et  de  Tautre  entre  Robert  Viscart  ;  et  li  Thodeschi  se  rc- 
guardent  derrière  pour  veoir  lor  compaingnie  ;  mes  nul 
Longobart  venoit  après  eauz,  quar  tuit  s^enestoient  foui. 
Cestui  Todeschî  qui  iluec  se  troverent  furent  tuit  mort, 
nul  non  eschappa  se  non  aucun  a  qui  li  Normant  vou- 
loient  pour  pitié  pardoner  ;  et  secuterent  ceus  qui  fuyoient, 
et  les  prenoient  et  occioient.  La  masserie  de  lo  pape  et  de 
tout  li  soi,  et  li  trésor  de  la  chapelle  soe  lui  fu  levé  de 
ceus  de  La  Cité  (2). 

(i)  Guillaume  de  Fouille,  11,  11 5  sqq. 

«  Tcmpus  erat  triticeis  confine  metcnJis 
Fnigibus,  at  viridcs  nondum  legcrc  maniplos 
Agricolx,  quos  Francigenx,  quia  pane  carcbant, 
Igni  torrcbant  et  vess:cbantur  adustis.  » 

L'Anonyme  de  Benévent  Jit  aussi  que  le  pape  s*cst  retire  à  Gvîtate 
pen  înnt  la  bataille  —  Watthrich,  t.  I,  p.  iiir  ;  Mai.aterra,  I,  14  et 
Gt'ill^ime  de  PoiriLLK,  H,  V.  2  58,  suppost^nt,  au  contraire,  que  le 
pape  serait  reste  sur  le  champ  de  bataille  jusqu^à  la  défaîte  de  tes 
troupes.  WiBERT,  11,  11,  confirme  la  donnée  d'Aimé. 

(2)  L'expose,  assez  laconique  du  reste,  qu'Aimé  fait  de  U  bataille 


I3S 

Cap.  41.  Et  quant  ce  fu  fait  li  Normant  s^en  alerent  a 
lor  terre  ;  li  pape  avoit  paour  et  li  clerc  trembloient.  Et  li 
Normant  vinceor  lui  donnèrent  sperance,  et  proierent  que 
securement  venist  lopape,  liquel  mèneront  o  tout  sagent 
jusque  a  Bonivenc,  et  lui  aministroient  continuelment 
pain  et  vin  et  toute  choze  neccessaire,  et  pour  ce  que 
Rodolfe  estoit  o  coultel  fist  archevesque  de  la  cité  Boo- 
garie(i). 

Cap.  42.  Et  o  la  favor  de  li  Normant  torna  a  Rome  a 
li  .X.  mois  (2)  puiz  que  avoit  esté  la  bataille.  A  li  .xiij. 
kalende  de  mai,  c'est  d'apvril  a  li  .xviiij.  jor,  fu  mort  et 
fist  molt  miracle  (3).  Et  lo  archevesque  de  Salerne  loquel 

I 

de  Civitate  est,  pour  le  fond,  en  harmonie  avec  ce  que  nou$  savons 
par  ailleurs;  Guillaume  de  Pouille,  G.  Malaterra,  TÂnonyme  de 
Bénévent  ont  donné  plus  de  détails  que  n*en  fournit  Aimé,  mais  sans 
contredire  ses  assertions  sur  la  marche  et  Tissue  de  la  bataille  ;  ce 
fait  historique  est  en  définitive  un  des  mieux  connus  du  xic  siècle. 
Au  sujet  de  la  conduite  des  habitants  de  Civitate  à  l'égard  du  pape, 
Guillaume  de  Pouille,  11,  v.  iSg  sqq.  écrit  de  son  côté  : 

«  Sed  cives  papam  non  excepere  decenter 
Normannis  veriti  grave  ne  victoribus  esset.  » 

(i)  Léon  IX  fit  son  entrée  à  Bénévent  cinq  jours  après  la  bataille 
de  Gvitate^  le  23  juin  io53,  et  restadanscette  ville  jusqu'au  12  mars 
de  Tannée  suivante.  On  s*est  demandé  si  le  pape  avait  été  à  Bénévent 
prisonnier  des  Normands  ou  s'il  était  .de  son  plein  gré  et  en  toute 
liberté  resté  dans  cette  ville.  Il  semblerait,  d'après  le  texte  d'Aimé, 
que  le  pape,  nourri  par  les  Normands,  ait  été  à  Bénévent  dans  une 
certaine  mesure  sous  leur  dépendance  ;  Hirsch,  l.  c.  p.  288,  exagère 
cependant  lorsqu'il  interprète  ces  paroles  «  o  la  favor  de  li  Normant 
torna  à  Rome  »  en  disant  que  le  pape  demanda  aux  Normands  la  per- 
mission de  revenir  à  Rome,  le  sens  est  plutôt  «  avec  le  concours  des 
Normands.  » 

(2)  C'est  vers  le  3  avril  1054  qu'il  est  rentré  à  Rome,  «  instanti 
paschali  tempore.  »  Hbrim.  Augibnsis,  CAron.  ad  an.  1054. 

(3)  La  date  est  exacte,  Léon  IX  est  mort  le  19  avril  1054. 


126 

Cap.  28.  Et  cil  de  Amafe  furent  constraint  par  sacre- 
ment et  jurement  pour  lo  mal  intollerablequ^il  cherçoient 
a  faire  a  li  ministre  de  li  principe,  a  ce  que  non  soit  plus 
obedi  a  cestui  prince  Guaymere;  quar  cestui  ministre 
estoient  autresi  come  de  Amalfe.  Et  clamèrent  li  Salerni- 
tain  pour  combatre  par  mer,  et  o  grant  vitupe  et  injure 
vergoingnerent  lo  prince,  et  dont  pooient  lui  faisoient 
damage  par  mer.  Lo  prince  se  appareilla  de  revengier 
soi,  et  clama  1  ajutoire  de  li  Normant.  Mes  porte  qu'il 
non  recevoit  les  deniers  de  Amalfe  non  pooit  complir  sa 
volenté.  Puiz  li  sien  assembla  la  grandesce  de  lo  principe, 
et  virent  que  lui  estoit  faillie  la  fidélité  de  cil  de  Amalfe, 
et  lui  estoient  failli  li  deniers,  non  lui  furent  tant  fidel  ; 
mes  pour  la  ricchesce  qui  lor  estoit  promise  del  irere  de 
la  moillier,  ce  est  de  Raynolfe  conte  de  Averse,  se  accor* 
derent  a  la  mort  de  Guaymere  (i).  Mes  pour  ce  que 
Guaymere  avoient  molt  fidel  amis,  avoient  paour  de 
cest  homicide;  et  vont  commovant  la  volenté  de  li  amis 
et  parent  de  Guaymere,  et  lor  prometoit  s'il  venoit  a  la 
dignité  de  estre  prince,  de  faire  lor  molt  bénéfice.  Et  en 
ceste  manière  se  trahirent  arrière  de  la  fidélité  de  Guay- 
mere, et  se  acorderent  a  la  mort  de  Guaymere.  Et  ceste 
cose  vint  a  Toreille  de  Guaymere;  mes  que  se  confidoit 
en  sa  vertu  et  qu'il  non  se  pooit  humilier,  comme  servicial 
les  despriza  et  non  s*en  cura.  Et  vint  li  jor,  liquel  estoit 

(1)  Raynolfe  ou  Raynulfe,  comte  d'Averea,  était  mort  depuis  plu- 
sieurs années  lorsque  s*ourdissait  cette  conspiration  contre  Guaimar 
(Cf.  supra,  p.  1 13,  note  i);  Aimé  dit  lui-même  que  les  chels  de  la 
conjuration  étaient  les  quatre  frères  de  la  femme  de  Guaimtr  ;  or 
celui-ci  avait  épousé  Gemma,  fille  de  Landulfe,  comte  de  Tewio 
(voyez  un  document  de  Guaimar  du  mois  de  mai  loSa,  analysé  par 
Di  Meo,  VII,  p.  1 53)  ;  il  ne  s*agit  donc  pas  de  Rainulfe  d*Avena,  mais 
du  fils  du  comte  de  Tcano. 


127 

lo  tiers  jor  de  juing;  ce  fu  lo  jor  de  plorer  et  plein  de 
amaritude!  et  li  Amalfitain  o  vaissel  armez  vont  par  mer 
après  la  ripe  de  Salerne  et  commencèrent  la  bataille.  Et  * 
li  chevalier  de  Salerne  vont  contre  lo  navie  a  la  rippe;  et 
li  principe  commanda  que  li  chevalier  qui  lo  dévoient 
occirre  defTendissent  la  rippe;  et  ceuz  virent  Guaymere  o 
cellui  qui  lui  portoient  Tarme  estoit  sol  entre  eaux  ;  et 
demanda  li  pourquoi  avoient  juré  de  occidere  lo,  et  ceuz 
lo  negarent.  Et  lo  prince  manechia,  li  chevalier  prioient 
et  prometent  a  lo  principe  de  cercler  lo  en  cellui  jor  et 
crièrent  :  «  Soit  occis  cil  qui  ci  veut  cecare  ».  Et  li  quatre 
frères  de  la  moillier,  Landulfe  plus  jovene  de  touz  pre- 
merement  estendi  la  main  et  lo  feri  de  la  lance;  et  puiz 
tuit  cil  qui  la  estoient  en  celle  ligue  lo  ferirent,  et  si  qu^il 
rechut  trente  et  sez  feruez;  et  alerent  pour  occirre  lo  frère 
Guide,  mes  il  eshca.  Pandulfe  fu  occis^  et  autresi  fuoccis 
lo  cambrier  de  lo  prince  ( i ). 

(i)  Les  Annales  Beneventani,  ad  an.  io52,  disent  que  Guaimar 
fut  tué  le  a  et  non  le  3  juin  :  «  Guaymarius  princeps  a  suis  occisus 
est  a  die  intrantc  mense  Junio  ».  —  Malaterra,  III,  2,  atteste  la  par- 
ticipation des  Amalfîtains  à  ce  crime  :  «  Malfetani  vero  Gisulfum 
exosum  habentes,  timebant  quippe  ab  eo  puniri  eo  quod  interfectores 
patris  ipsius,  dum  eos  ad  subjugandum  sibi  impugnaret,  extiterant.  » 
Léo  de'  Marsi,  II,  82,  première  rédaction,  accuse  également  les 
Amalfitains  :  «  Guaimarius  conjuratione  Amalphitanorum  quos 
nîmi^  indique  tractabat,  nec  non  et  Salernitanorum  quorumdam 
juxta  ora  maris  occisus  est  ».  Enfin  Guillaume  de  Fouille,  1.  II,  v.  76, 
dit  que  les  parents  de  Guaimar  ont  participé  à  sa  mort  : 

« A  civibus  alter 

Et  consanguineis  occisus  fraude  Salerni  » 

De  même  l'archevêque  Alfane  (Migne,  Patr.  lat.,  t.  147,  p.  1257)  : 

<c  Sed  postquam  patris  pater  et  tuus  ante  suorum 
Ora  propinquorum  confoditur  gladiîs.  » 


128 

Cap.  29.  Et  maintenant  firent  prince  Pandulfe,  iique! 
estoit  lo  premier  nez  de  toz  de  touz  les  frères,  et  lui  jure* 
rent  fidélité,  et  entrèrent  en  la  cité,  et  requistrent  ceaux 
que  soient  rendutli  héritage  a  li  filz  deceauz  a  cui  Guay- 
mere  Tavoit  tolut  ;  et  furent  rendut  li  hereditage,  et  lo 
pueple  fu  apaiez,  et  sallirent  a  la  roche  de  la  cité,  laquelle 
non  se  pot  tenir,  quar  non  avoient  fornement  de  viaualle. 
Et  pristrcnt  la  suer  de  Guaymere  et  la  moillier  de  lo 
neveu  o  tout  lor  filz,  et  les  tindrent  en  prison  laidement 
et  non  honeste  prison,  et  mistrent  autres  guardes  en  la 
roche. 

Cap.  3o.  Et  quant  Guide  fu  par  la  miséricorde  de  Dieu 
délivré  de  cest  péril,  il  s'en  ala  a  li  Normant,  liquel 
cstoient  assemblez  pour  ce  qu^il  atendoient  a  combatre 
contre  li  chevalier  de  lo  pape  (i).  Et  plorant  et  dolerouz 
se  jetta  a  terre  devant  li  Normant,  et  en  plorant  raconte 
ce  qui  lui  estoit  avenut,  etdist  :  «  Je  me  vieng  a  lamenter 
a  vouz  et  dire  de  la  mort  de  mon  frère  Guaymere,  non 
solemcnt  mort,  mes  crudele  occision.  Et  avieingne  que 
mon  frère  fust  digne  d'estre  occis,  toutes  voiez  non  devoit 
cstre  occis  de  cil  qui  lui  estoient  parent,  et  par  divers  béné- 
fices qu'il  lor  donna  estoient  par  lui  riches.  Et  maintenant 
est  temps  que  se  mostre  lo  trésor  liquel  avoit  assemblé  lo 
prince  et  la  ricchescc  qu'il  avoit  assemblé  et  aquestée. 
Vouz  estiez  lo  sien  trésor,  vous  estiez  la  soe  ricbesce  pour 
Tamor  de  vostre  fortesce,  et  il  estoit  croissut  en  honor  en 
la  incorruptible  prospérité  de  vostre  bonté  ;  estoit  sur  tuit 
li  prince  en  dignité.  Or  aprendent  li  rey  par  vostre 
exemple  desovcnir  a  li  estrangier,  et  sachent  tuit liseignor 
que  vous  amez  vostre  seignor  après  sa  mort.  Adont  vouz 

(1)  Aime  a  parlé  plus  haut,  chap.  24  et  suivants  des  prépara- 
tifs  militaires  de  Léon  IX  contre  les  Normands. 


129 

appareilliez,  et  faitez  ceste  venjance  de  ceste  grant  mau- 
vaistié!  Et  sentent  cil  mauvez  occidental  que  doivent 
recevoir  por  si  grande  traïson.  Je  sai  bien  autres!  que  mi 
frère  sont  mort,  je  non  les  puiz  resusciter,  mes  securrons 
li  filz  qu^il  non  périssent  en  la  prison  !  > 

Cap.  3 1,  Quant  li  Normant  entendirent  la  parole  de 
Guide,  il  furent  molt  dolent,  et  li  prièrent  qu^il  se  live 
de  terre.  Et  non  plorent  11  Normant  manco  de  lui,  et 
laissent  toute  choze  et  vont  pour  faire  venjance  de  li 
prince,  Et  a  la  sexte  yde  de  juing  (i)  sont  li  Normant 
entor  li  mur  de  Salerne,  et  o  Paide  de  ceuz  qui  avoient 
porté  foy  a  li  prince  a  lo  secont  jor  fu  prise.  La  porte  fu 
aperte  a  Guide,  et  li  malvaiz  traitor  fouirent  pour  reco- 
vrerla  roche.  Mes  par  famé  seront  veinchut,  et  li  filz  et 
lor  moilliers  de  li  traitor  furent  pris  et  lor  trésor  fu  donné 
a  ceuz  de  la  cité  de  Saleme. 

Cap.  32.  Guide  laissa  li  filz  de  li  nepote  et  la  moillier, 
et  toz  quant  il  furent,  fors  tant  solement  lo  filz  de  lo  frère 
sien,  liquel  se  clamoit  Gisolfe,  desidera  que  fust  prince, 
et  pour  cestui  li  soit  rendu  de  li  traditor  qui  estoient  en 
la  tor  de  la  rocche,  donna  li  fill  et  li  moillier  de  li  traitor. 
Et  coment  ce  fust  chose  que  li  Normant  vollissent  faire 
prince  de  cestui  Guide,  et  dist  Guide  :  «  Dieu  m'en  gart 
que  je  soustieingne  que  mon  neveu  perde  Tonor  de  son 
père.  »  Et  quant  il  ot  dite  ceste  parole,  il  prist  li  jovene  et 
lo  mist  en  un  lieu  haut;  et  ploiant  li  bras  fii  fait  son  che- 
valier, et  Guide  li  jura  sacrement  de  fidélité.  Et  quant  li 
Normant  virent  tant  de  bonté  et  de  loialté  en  Guide, 
furent  autresi  fait  chevalier  de  Gisolfe,  et  se  firent  investir 
de  la  main  de  lo  prince  Gisolfe  de  celle  terre  qu^il 
tenoient. 

(i)  8  juin  io52. 


Cap.  33.  Homes  pour  faire  pais  entre  li  Guide  et  li 
traitor  montoient  et  descendoient  de  la  roche.  Jura  Guide 
et  autres!  Hst  Gilsolfe,  non  remeist  saint  par  loquet  non 
aient  juré  ;  jurèrent  li  juge  et  li  autre  gentilbome  de  lii»- 
sicr  en  aler  salve  li  homicide  sans  nulle  cose;  descende  li 
chevalier  sain  et  salve  arme  et  s'^en  voise  sauf  et  secur  la  il 
lui  plaira. 

Cap.  34.  Et  a  lui  fidel  Normant  non  plot  celle  paiz  ne 
celle  concorde,  étalèrent  contre  li  malvaiz  traitor  et  homi* 
cide,  et  o  Taidc  de  cil  de  la  cité  taillèrent  tuit  li  traitor  et 
tout  les  occistrent  et  mistrent  en  une  sépulture.  Mal  fu 
ordene  Laindulfe  pour  cstre  prince  o  troiz  frères  siens, 
quar  .xxxvj.  en  furent  occis  en  une  hore  liquel  avoient 
esté  a  la  mort  de  Guaymere.  Et  pour  la  mor  de  Guaymere 
remainrent  fidel  tant  de  Guide  quant  de  Gisolfe,  et  les 
haucerent  en  prospérité  a  lor  honor.  Et  porceque  Unfroy 
avoit  pour  moillierla  suer  del  duc  de  Sorrente,  proiali 
conte  que  lo  duc  fust  laissié  et  recovra  la  dignité  soe. 

Cap.  35.  Sagement  se  portoit  Guide  et  il  sol  faisoit  celle 
cose  laquelle  faisoit  lo  prince  Guaymere  et  tuit  li  frère. 
Malement  iraitoit  lo  aornement  pour  marier  la  fille  soe, 
quar  non  laissa  en  disposite  ou  en  arche  aucun  aornement. 
La  moillier  et  fille  toutes  despoilla,  ce  que  il  pooit  leva  et 
donnoit  a  li  Normant  pour  conserver  Tonorde  son  neveu. 
Mes  quelle  en  ot  cestui  oncle  de  tant  corne  fist  pour  lo 
neveu,  encore  se  dira  sa  en  avant  en  lo  ystoire  (i). 

(i)  Lcu  d-j*  Mirsi,  II,  8a,  i^^  réJac,  résume  ainsi  ces  incidents  : 
«  Scd  post  quintum  dicm  (aprcs  la  mort  de  Guaimar)  Normannis 
auxiltantibus,  :i  (itii.ione  fr.itrc  ipsius  principis  eadem  recepta  civi- 
tas  (Salcrni)  et  (iisulfo  tîlio  ejus  rcddita  est,  trucidatis  auctoribns 
tanti  tacinoris,  quattuur  scilicct  cognatis  cjusdem  Guaimarii  et  tri- 
giiua  sox  :;Iiis.  »  Contrairement  à  Aimé  et  à  Lco  de*  Marsi,  le 


131 

Cap.  36.  Avant  la  mort  de  Guaymere,  un  jovene,  atte 
a  chevalerie  et  aorné  de  vertu,  estoit  venut  a  Robert  frère 
carnel  de  Ricchart  conte,  dontcestui  non  estoit  lo  Viscart 
de  loquel  est  dit.  Et  a  cestui  Guaymere  avoit  donné  f>our 
moillierla  fille  de  Drogo  conte  (i). 

Cap.  37.  Et  quant  lo  pape  vit  que  lo  prince  Guaymere 
estoit  mort,  loquel  estoit  en  Payde  de  ii  Normant,  se 
appareilla  de  destruire  li  Normant;  il  asembla  plus  de 
gent  qu'il  n'avoit  avant,  et  avoit  o  lui  .ccc.  Todesque  et 
comensa  a  venir  contre  li  Normant  (2). 

Catalogus  principum  Salerni  porte  que  Gisulfe  ne  succéda  pas 
immédiatement  à  son  père  mais  que  Gui,  frère  de  Guaimar  fut, 
pendant  deux  mois,  prince  de  Salerne.  «  Wido»  alter  Weimarii  frater, 
per  menses  2,  et  ipse  erat  thius  Gesulfî  prindpis.  »  MG.  SS.,  III, 
p.  211.  Comme  il  n'existe  pas  de  charte  des  princes  de  Salerne  pen- 
dant les  deux  mois  qui  suivirent  la  mort  de  Guaimar  (Codex  diplO' 
maticus  Cavensis,  t.  VII,  Index  chronoL  memhrqnarum,  p.  xxii),  il 
n*est  pas  possible  de  dire  si  Terreur  est  du  côté  d*Aimé  et  de  Lco 
de*  Marsi  ou  du  côté  du  Catalogus  principum  Salerni^  mais  il  est 
probable  que  ce  dernier  document  fait  simplement  allusion  à  la  part 
importante  que  Gui  prit  aux  affaires  du  gouvernement  lorsque,  grâce 
à  ses  efforts,  son  neveu  Gisulfe  recouvra  l'héritage  de  son  p>ère.  Gui 
aura  été  quelque  temps  régent  de  la  principauté  pour  le  compte  de 
Gisulfe  ;  c'est  du  reste  ce  qu'Aimé  insinue  dans  l'appréciation  qu'il 
fait  du  rôle  de  Gui,  après  la  mort  de  Guaimar. 

(i)  Gattola  [Accessiones  ad  hist,  Cassinensem^  t.  I,  p.  218)  repro- 
duit une  charte  par  laquelle  une  fille  de  Drogo  nommée  Rocca, 
parle  de  son  mari  Ubbert. 

(2)  Léo  de*  Marsi,  II,  81^  dit  que  le  pape  avait  avec  lui  dans  cette 
campagne  non  pas  3oo  mais  environ  5oo  Allemands  :  «  de  propin- 
quis  tantum  et  amicis  Apostolici  quingentis  circiter  illum  in  partes 
bas  comitantibus,  »  Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  i5i  sqq.,  dit  700  : 

« Guarnerius  Teutonicorum 

Albertus  que  duces  non  adduxere  Suevos, 
Plus  septingentos.  » 

Les  Annales  Romani  et  Hermann  de  Reichenau  se  contentent  de 
parler  d'un  grand  nombre  d'Allemands. 


132 

Cap.  38.  Puiz  que  fu  seu  par  publica  famé  que  li  pape 
venoit,  molt  en  estoient  alegre.  Mes  Jehan,  evesque  de 
Salerne^  non  avoit  petit  de  tribulation  pour  la  vision  qui 
lui  apparut;  quar  stant  afflît  par  dolor  de  santé  laquelle 
avoit  acostumé  d'avoir,  se  fist  porter  la  ou  gist  lo  cors  de 
saint  Mathie  apostole  et  lui  dist  ce  qui  estoit  a  entrevenir,  et 
entre  celje  dolor  s^endormi.  A  loqualle  s^apparut  saint 
Mathie  apostole,  et  lui  dist  ce  qui  devoit  avenir.  Et  lui 
dist  :  «  Je  te  promet  que  tu  es  guari  de  ton  infermeté.  Mes 
je  te  prophetize  que  la  mort  non  est  trop  long.  Li  pape 
vient  avec  vilz  chavaliers  pour  chacier,  mes  li  sien  seront 
destruit,  et  espars,  et  en  prison,  et  mort.  Et  puiz  ceste 
cose  rctornera  à  Rome  et  sera  mort.  Et  puiz  la  venue  soe 
peti  vivra  :  quar  c'est  ordené  devant  la  présence  de  Dieu, 
quar  quîcunqucs  sera  contre  li  Normant  pour  leschacier 
ou  tost  morira,  ou  grant  affliction  aura.  Quar  ceste  terre 
de  Dieu  est  donnée  a  li  Normant,  quar  la  perversité  de 
ceus  qui  la  tenoientet  pour  la  parenteze  qu^il  avoient  faite 
avec  eaux,  la  juste  volenté  de  Dieu  a  convertut  la  terre  a 
eaux  ;  quar  la  loy  de  Dieu  et  la  loy  de  li  impeor  com- 
mande  lo  fill  succède  a  lo  héritage  de  lo  père.  »  Et  puiz 
lo  evesque  se  resvcilla  tôt  sain  et  salve  ;  etensi  comme  lui 
fu  dit  en  avision,  cnsi  fu  fait  (  1 1. 

Cap.  Sq.  Lo  pape  fu  acompaingnié  de  ceste  chevalerie, 
ei  avant  qu'il  vcnist  a  La  Cité  assembla  li  gentilhome  et 
iist  gof:inonier  de  La  Cité  et  de  la  bataille  Robert  lequel 
se  clamoit  de  Octomarset.  Et  puiz  vindrent  a  La  Cité, 
c*cst  a  un  chastel  qui  se  clame  La  Cité.  Quar  la  lui 
vindrent  encontre  li  Normant  comment  se  trove  en  autre 

(i)  Sur  ce  Jean,  archevêque  de  Salerne  et  prédécesteur  d'Alfiue, 
voyez  :  «  Memoric  délia  Chiesa  Salernitana  di  G.  Pabsano  ,  t.  1, 
Napoli,  in-80,  184Û,  p.  106  sqq. 


133 

ysioire  (  i).  Et  lo  pape  et  li  chevalier  avoieni  espérance  de 
veinchre  pour  la  multitude  de  lo  pueple.  Et  li  Normant 
puiz  qu^il  vindrent  mandèrent  message  a  lo  pape  et  cer- 
choient  paiz  et  concorde,  et  prometoient  chascun  an  de 
donner  incense  et  tribut  a  la  sainte  eclize,  et  celles  terres 
qu'il  ont  veincues  par  armes  volaient  revoir  les  par  la 
main  de  lo  vicaire  de  Teglize.  Et  mostrerent  lo  confanon 
coment  il  furent  revestut  de  la  terre  par  la  main  de  lo 
impeor,  et  coment  lor  estoit  confermée.  Lo  pape  non 
parla,  ainz  parla  lo  câncelier  et  les  manesa  de  mort,  et  lor 
propona  qu'il  doientfugir;  et  Tun  et  l'autre  est  molt 
moleste  a  li  Normant  ;  et  encoire  o  ces  messages  parla  par 
manacha,  et  lor  fist  vergoingne.  Li  légat  de  li  Normant 
s'en  retornerent  et  reportèrent  lor  message,  loquel  molt 
lor  desplaist  (2). 

Cap.  40.  La  neccessité  de  la  famé  moleste  li  Normant, 
et  par  lo  exemple  de  li  apostole  prcnoient  li  espic  de  lo 
grain  et  frotoient  o  la  main,  et  cnsi  menjoientlo  grain,  et 
afflit  pour  la  famé  requerent  que  ceste  brigue  se  départe 
ou  combatent.  Et  li  pape  avec  li  evesque  sallirent  sur  lo 
mur  de  La  Cité,  et  regarda  a  la  multitude  de  ses  cavaliers 


(i)  C'est  en  effet  à  Civitate,  sur  les  bords  du  Fortore,  et  dans  la 
Capitanate  qu*eut  lieu,  le  18  juin  io53,  la  bataille  entre  les  Normands 
et  les  troupes  de  Léon  IX;  Léo  de*  Marsi,  H,  84  :  «  Inito  autem  cer- 
tamine  in  planifie  maxima  qus  juxta  Civitatem  est  »  ;  Malaterra  ^ 
I.  14;  «  Apostolicus  fuga  vitaea  sylum  expetens,  intraurbem  provinciae 
Capitanatœ  quae  Cimitata  (Civitata)  dicitur,  se  se  profugus  recepit.  »» 
De  même  la  Vita  Leonis  IX  ab  anonymo  (Watterich,  t.  I,  p.  me). 

(2)  Guillaume  de  Pouille,  II,  v.  85  sqq.  dit  également  que  les 
Normands  firent,  avant  la  bataille,  une  démarche  de  conciliation  au- 
près du  pape,  mais  sans  succès  ;  d'après  TAnonyme  de  Bénévent,  ce 
furent  les  ambassadeurs  du  pape  qui  allèrent  dans  le  camp  normand, 
mais  le  résultat  fut  le  même,  Watterich,  1. 1,  p.  me 


134 

pour  les  absolvere  de  lor  pcchiez,  et  pardonna  la  pcnancc 
que  pour  lor  pechié  dévoient  faire.  Et  lor  fait  la  croîz  et  lo 
commanda  de  boche  qu'il  aient  combatre  (i).  Raynolfeet 
Raynier  furent  eslit  principe  de  ceste  part,  liquel  levèrent 
en  haut  li  gofanon,  et  vont  devant  o  molt  grant  multi- 
tude de  gent,  mes  petit  de  Toudeschi  solement  les  secuta. 
Et  li  Normant  font  troiz  compaingniez  desquelles  une  en 
est  régie  et  governcc  par  la  main  del  conte  Unfroy,  et 
l'autre  par  lo  conte  Ricchart,  et  a  la  tierce  par  Robert 
Viscart.  Et  li  Thodeschi  se  mctent  Tescu  en  bras  et 
crollent  Tespéc;  et  li  Normant  et  hardi  cornent  lyon 
prenent  la  haste.  Et  lo  conîe  Richart  despart  li  Todeschî 
et  passe  parmi  eaux  ;  et  de  l'autre  part  fiert  lo-conte  Unfroy 
et  de  Tautre  entre  Robert  Viscart;  et  li  Thodeschi  se  re- 
guardent  derrière  pour  veoir  lor  compaingnie;  mes  nul 
Longobart  venoit  après  eauz,  quar  tuit  s'en  cstoient  foui. 
Cestui  Todeschi  qui  iluec  se  troverent  furent  tuit  mort, 
nul  non  eschappa  se  non  aucun  a  qui  li  Normant  vou- 
loient  pour  pitié  pardoner  ;  et  secuterent  ceus  qui  fuyoient, 
et  les  prenoient  et  occioient.  La  masserie  de  lo  pape  et  de 
tout  li  soi,  et  li  trésor  de  la  chapelle  soe  lui  fu  levé  de 
ceus  de  La  Cite  (2). 

(T'  Guillaume  dk  Fouille,  II,  ii3  sqq. 

«  Tompus  crat  triticcts  contîne  metcnJis 
Frugibiis,  at  viriJcs  nonJum  Icgcrc  manîplos 
Agricole,  quos  Francigcnx,  quia  pane  carubant, 
Ignt  torrobant  lI  vcsvicbantur  aJustis.  » 

L'Anonyme  dk  Benkvfnt  i!it  aussi  que  \c  pnpc  s'est  rciirtS  à  Gvitate 
peu  !int  la  batùll-j  —  Watthrich,  t.  l,  p.  iiii:  ;  Malaterka,  I,  14  et 
OfiLLAiME  HE  PoriLLK,  II,  V.  2  58,  suppos<:nt,  au  contraire,  que  le 
pape  serait  reste  sur  lo  champ  de  bataille  jusqu'à  la  défaite  de  tes 
troupes.  WinERT,  II,  1 1,  confirme  la  donn<5e  d'Aimé. 

(2)  L'expose,  nss'.'z  hconique  du  reste,  qu'Aimé  fait  de  la  bataille 


I3S 

Cap.  41.  Et  quant  ce  fu  fait  li  Normant  s^en  alerent  a 
lor  terre  ;  li  pape  avoit  paour  et  li  clerc  trembloient.  Et  li 
Normant  vinceor  lui  donnèrent  sperance,  et  proierent  que 
securement  venist  lo  pape,  liquel  mèneront  o  tout  sa  gent 
jusque  a  Bonivenc,  et  lui  aministroient  continuelment 
pain  et  vin  et  toute  choze  neccessaire,  et  pour  ce  que 
Rodolfe  estoit  o  coultel  fist  archevesquc  de  la  cité  Boo- 
garie(i). 

Cap.  42.  Et  o  la  favor  de  li  Normant  torna  a  Rome  a 
li  .X.  mois  (2)  puiz  que  avoit  esté  la  bataille.  A  li  .xiij. 
kalende  de  mai,  c'est  d'apvril  a  li  .xviiij.  jor,  fu  mort  et 
fist  molt  miracle  (3).  Et  lo  archevesque  de  Salerne  loquel 

I 

de  Civitate  est,  pour  le  fond,  en  harmonie  avec  ce  que  nous  savons 
par  ailleurs;  Guillaume  de  Fouille,  G.  Malaterra,  TÂnonyme  de 
Bénévent  ont  donné  plus  de  détails  que  n'en  fournit  Aimé,  mais  sans 
contredire  ses  assertions  sur  la  marche  et  Tissue  de  la  bataille  ;  ce 
fait  historique  est  en  définitive  un  des  mieux  connus  du  xie  siècle. 
Au  sujet  de  la  conduite  des  habitants  de  Civitate  à  Tégard  du  pape, 
Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  iSg  sqq.  écrit  de  son  côté  : 

«  Sed  cives  papam  non  excepere  decenter 
Normannis  veriti  grave  ne  victoribus  esset.  » 

(i)  Léon  IX  fît  son  entrée  à  Bénévent  cinq  jours  après  la  bataille 
de  Gvitate^  le  2  3  juin  io53,  et  resta  dans  cette  ville  jusqu'au  la  mars 
de  Tannée  suivante.  On  s*est  demandé  si  le  pape  avait  été  à  Bénévent 
prisonnier  des  Normands  ou  s'il  était  de  son  plein  gré  et  en  toute 
liberté  resté  dans  cette  ville.  Il  semblerait,  d'après  le  texte  d'Aimé, 
que  le  pape,  nourri  par  les  Normands,  ait  été  à  Bénévent  dans  une 
certaine  mesure  sous  leur  dépendance  ;  Hirsch,  l,  c.  p.  288,  exagère 
cependant  lorsqu'il  interprète  ces  paroles  «  o  la  favor  de  li  Normant 
torna  à  Rome  »  en  disant  que  le  pape  demanda  aux  Normands  la  per- 
mission de  revenir  à  Rome,  le  sens  est  plutôt  «  avec  le  concours  des 
Normands.  >• 

(2)  C'est  vers  le  3  avril  1054  qu'il  est  rentré  à  Rome,  «  instanti 
paschali  tempore.  »  Herim.  Augibnsis,  Chron.  ad  an.  1054. 

(3)  La  date  est  exacte,  Léon  IX  est  mort  le  19  avril  1054. 


5v.>::  Tfuf  celle  avisiwi.  a  lî  .v.  mois  et  vj  yde  de  sep- 
lerr^ne  r-  :^^^:    *  . 

CèP-  -t?.  A  1;  cc::îe  de  PuiUe  rindrent  autre  frcrc  de  la 
conrree  de  Ncmeniie.  c'est  assavoir  Malgere,  Gofrede, 
GuilIiTine  k  Roder  2  - 

C&r.  x^.  Cesmi  Gisolfe  de  loquel  nous  avons  devant 
parle,  li^uel  de  la  pan  de  la  mère  estoit  nez  de  gent  vipé- 
rine 5  .  en  prime  comensa  a  estre  jovene  et  petit  a  petit 
comensj  a  vor:!Îr  lo  venin.  Molestament  soustint  la  mais- 
trie  de  so  oncle  Guide  et  lo  pensa  de  priver  de*  toute 
honor.  E:  toutes  foîz  il  esioit  en  Tomorde  prince  par  son 
oncle  Guide,  quar  par  lui  Tavoit  eue.  Mes  pour  covrir 
œste  iniquité  qu'il  vouloit  taire,  il  se  ordena  de  traire  de 
saiete  et  faire  !r.al  a  doi  frères,  c>stà  Mansone  et  a  Lyon. 

vO  Ccst  «ior.c  le  S  septembre  io54  qu'Aimé  fait  mourir  Jean, 
ârchcxrque  ùe  Saleme  :  c'est  probablement  là  une  erreur,  car  G.  Pae- 
s-iRc^.  «ijir.s  l'ouvreur?  dê?À  cité  (wf.  supra^  p.  91,  note  i),  cite  un 
J.vument  de  io57  dans  lequel  il  est  parlé  de  Jean  comme  occupant 
cncocv  le  sièi;c«!e  Silcme^t.  I,  p.  11  a. 

^2^  NUlatekra.  I.  i5.  dit  également  qu*aprc8  la  bataille  de  Gvi- 
t.ne,  K'  comte  l'mfroy  s'occupa  d'établir  ses  frères  dans  lltalie  du 
sud.  il  écrit  :  «  Ducs  itaque  fmtres  suos  comités  fecit  Malgerium 
Capitinats.  Giiillclmum  vcro  in  princtpatu.  Sed  Malgerius  moriens 
eu  m  omncm  comitatum  suum  Guilielmo  fratri  suo  reliquisset,  Gui- 
lielmus  Gaufrcdum  fratrem  suum  diligens  sibi  concessit.  »  D'après 
ce  mcmo  Mal.itcrra,  I.  19,  Roger  ne  serait  venu  en  Italie  qu*après 
la  mort  d'I'mîroy  et  lorsque  Robert  Gutscard  lui  avait  succédé 
comme  comte  de  Pouillc. 

{^)  Nous  avons  vu  que  Guaimar  IV  avait  épousé  Gemma,  fille  du 
comte  do  Tcuno,  Gisulfc  descendait  donc  des  comtes  de  Teano  par 
sa  mère,  et  comme  ces  comtes  étaient  d'assez  mauvais  voisins  de 
Tabbaye  du  Mont-Cassin,  Aimé  ne  se  gcnc  pas  pour  déclarer  que 
par  sa  mère,  le  nouveau  prince  de  Salerne  descendait  de  geni 
vipérane. 


137 

Et  toutes  voies  par  le  conseill  de  ces  .ij.  frères  Tonor  de 
li  frerc  et  li  sien  avoient  esté  accressut.  Et  princement 
cesti  Gisolfe  esmutcil  de  la  cité  contre  ces  dui,  et  lor  pro- 
metoit  de  donner  lor  chozes.  Mes  pour  ce  que  ces  .ij. 
frères  avoient  Tajutore  de  lo  conte  Ricchart,  non  veoit 
cornent  ceste  cose  bonement  se  peust  faire  sans  Tajutore 
de  alcun  altre  de  li  Normant.  Adunque  a  ceste  cose  faire 
appella  Robert  frère  de  lo  prince  Ricchart,  et  li  promist 
par  sacrement  de  donner  lui  la  moitié  de  la  ricchesce  de 
ces  .ij.  frères;  et  cestui  estoient  moult  riche,  et  avoient 
grans  possessions.  Mes  ces  .ij.  frères  sorent  lo  conseill  qui 
estoit  fait  contre  eaux.  Et  après  de  la  cité  avoient  une 
roche  molt  secure  et  moult  fortissime  de  grant  manière, 
et  en  celle  roche  avoient  mise  lor  ricchece,  et  la  estoient 
la  ville  et  la  maison,  et  se  partirent  de  lor  anemis,  et  lo 
bestiame  delquel  se  trovoient  abondance  sans  nombre. 
Toutes  foiz  remainstrent  vacant  et  gabe  de  ceux  qui  desi- 
deroient  de  faire  mal  a  la  persone  lor.  Partirent  toutes 
voies  quant  sesperoient  départir,  et  la  cose  qu'il  partirent 
fu  moult  petite.  Et  Richart  estoit  immobile  por  deffendre 
li  fidel  de  ceste  injure.  La  prospérité  de  Guide  estoit 
abassié  pour  lo  oppression  de  ces  .ij.  frères,  liquel  se  te- 
noient  ensemble,  et  Gisolfe  son  neveu  ot  sa  compaingnie 
en  despit  (i). 

Cap.  45.  Et  vint  lo  conte  Umfre,  et  demanda  lo  don' 
qu'il  soloit  avoir,  et  vint  o  son  frère  Guillerme,  demanda 
lo  chastel  qui  lui  fu  promis  o  sacrement.  Li  prince 
dampna  la  pétition  de  ces  .ij.,  et  onques  ne  les  vouloit 
voier,  ne  de  bone  et  alegre  face  non  lor  voust  plaisir.  Et 
se  partirent   ces   .ij.  frères  molt  corrociez  et  cerche  et 

(i)  Aimé  est  seul  à  parler  de  ces  premiers  actes  de  Gisulfe. 


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z/ùtr-jjtr.:  zt  z-'^t  sEr.K;art}s»rL  E:  en  jrunc  dooereni 
«TiiV-t  c  j^  rfcsitl  -i  sL:i:>Nir.r.Erie,  ce  pniz  Tarn  derc^ 
rtr.:  i:  rr.rir.ps:  i:.-  E:  çutn:  GjDlie  oi  cesic  noveUe 
v.t  Ur::r:v  t:  G-ilJîrr  t  £>oer:î  eii^i  çasiam  sa  tare  il 
i'trrj  r.i;:  zî:»iT-t  e:  :::c:  s" te  £s:  ssnz^n  rire  «  lom  dm  a 
*:if-.  Mes  lo::!»  fcflz  prlsrï=2:  CAsit^-Mel  «  Facose4e- 
N'int.  t:  ii^j:es  les  c:i£s  qc:  esiD^es:  après chascon  yores- 
r.'ien;:  asscMies.  en  les  cbozes  qn:  csioleni  fois  des  mon 
furem:  prises  e:  desu^jnes.  Mes  qnasi  les  £:cns  des  cfaas- 
teaux  surem:  certe  cera-uction,  îî  pirnizeni  lor  terres  et 
]or  char^âux  ce  murs  e:  de  palis,  et  lo  prince  corne 
jovencd  se  jcpe  dedens  ies  muTs  et  sesoiace. 

Cap.  4^.  Ces*x  vsToîre  nous  dit  et  raconte  que  k)  œnte 
Kichan  vin:  a  Saleme  et  demanda  lo  domp  que  Goaj- 
marie  lui  soloît  donner.  Mes  il  ot  makment  son  enten- 
dement, ne  ce  qu'il  demandoit,  quarpor  Tor  qu*il  deman- 
doit  lui  furent  getéez  pierrez.  et  pour  li  chcTal  lui  furent 
traites  sajetes.  Et  Richan  conte  vît  ceste  deshonor  que  lui 
faisoit  lo  prince:  il  lui  manda  disant  qu'il  non  estoit 
digne  de  pierre  ne  de  sajettes.  quar  il  avoit  revengié  la 
mort  de  lo  père,  et  lo  fist  prince.  Lo  soir  lo  conte  ordena 
lo  agait,  et  lo  prince  che^'aucba  securement  au  matin,  et 
clama  li  jovencel  avec  lui  qui  ponoient  fronde  et  arc  pour 
traire.  Et  li  chevalier  del  conte,  quant  il  virent  que  lo 
prince  estoit  issut  de  la  cité,  par  fraude  commencèrent  a 
a  fouir,  et  ccauz  de  la  cité  de  Salerne,  liquel  estoient  vestut 
de  dras  de  lin,  les  secutoient  jusques  au  lieu  ou  estoit  fiait 
Tcsguait  ;  et  cil  qui  faisoient  Tesguait  virent  cil  de  Salerne, 
il  lor  cfirurent  sus,  et  cil  non  porent  fuir,  et  alcun  se  jet- 
tcrcnt  en  mer,  et  alcun  furent  occis,  si  que  furent  mort 
.C.V.  ;  et  ccst  fu  lo  premier  plor  de  li  Salernitain  morant 
en  bataille  h). 

(i)  Les  rcvcndicatton&  du  comte  de  Pouille  et  du  comte  d*Avena 


139 

Cap.  47.  Puiz  que  fu  mort  li  pape  Lion  delquel  nouz 
avons  devant  parlé,  fu  fait  pape  lo  evesquede  Estitanse  (  i  ), 
liquel  se  clamoit  Geobarde  ou  Victore  (2).  Cestui  pape 
Victore  fu  molt  cortoiz,  et  molt  large  et  fu  molt  grant  ami 
de  Tempeor;  cestui  contre  la  chevalerie  de  li  Normant  non 
esmutinémistié,  mes  ot  sage  conseil,  quar  il  fist  amicable 
paiz  avec  li  Normant. 

Cap.  48.  Cestui  pape  ala  a  là  cort  de  Tempeor  pour  de- 
mander li  passage  de  la  terre  et  de  li  Arpc,  laquel  terre 
apanient  a  la  raison  de  Teglizede  Saint-Pierre  de  Rome; 
il  fu  honorablement  receu  de  lo  impeor^  et  lui  promist  io 
impereor  de  faire  sa  pétition.  Mes  li  empeor  fu  malade,  et 
fu  mort,  et  fu  absolz  de  lo  pape  et  de  lo  patriarcha  de  pcne 
et  de  coulpe,  et  fu  enterres  ad  Spiram  oti  estoit  souterré 
son  père,  et  fu  portez  de  Ponte-Feltro  o(^  avoit  esté 
mort  (3).  Etquantliempereor  fu  sousterrés  si  corne  nouz 

montrent  combien  la  puissance  des  Normands  avait  fait  des  progrès 
par  suite  de  la  défaite  des  troupes  de  Léon  IX  et  de  la  mort  de 
Guaimar  IV  ;  c'est  en  maîtres  qu'ils  parlent  à  Gisulfe,  Umfroy  prend 
San  Nicandro  à  Test  d'Eboli,  Castel-Vecchio  et  Paccosa-Nuova^  Ri- 
chard tue  les  soldats  de  Gisulfe  et  celui-ci  ne  peut  venger  de  telles 
attaques  et  de  tels  affronts  ;  si  le  prince  de  Salerne  a  été  un  souve- 
rain détestable,  il  faut  avouer  que,  dès  le  début,  sa  situation  vis-à- 
vis  des  Normands,  rapaces  et  insolents,  était  de  nature  à  Tirriter 
profondément, 
(i)  Eichstâtt,  évêchéde  Bavière. 

(2)  Gebhart,  évêque  d'Eichstâtt  qui  devint  pape  sous  le  nom  de 
Victor  II  et  fut  sacré  à  S.  Pierre  de  Rome  le  i3  avril  io55,  près 
d'un  an  après  la  mort  de  Léon  IX. 

(3)  Il  est  certain  que,  durant  son  court  pontificat,  Victor  11  n'eut 
pas  de  démêlés  avec  les  Normands;  mais  peut-être  aurait-il  fini, 
s'il  avait  vécu  plus  longtemps,  par  se  brouiller,  lui  aussi,  avec  eut  ; 
les  Annales  Romani  disent  qu'en  allant  ainsi  trouver  l'empereur, 
Victor  II  voulait  obtenir  son  concours  pour  chasser  les  Agarenos, 
c'est-à-dire  les  Normands  ;  Aimé  croit  que  le  pape  revendiquait  sim« 


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141 

dignité  prist  lo  cancellier,  liquel  estoit  noble  home  et 
moine  de  cellui  meismes  monastier.  Et  quant  il  fu  eslit 
d^estre  abbé,  il  atendoit  la  bénédiction  de  lo  pape  ;  mes  lo 
pape  Victor  fu  mort.  Et  après  luifu  eslit  cestui  abbé  pour 
estre  pape  et  fu  clamez  pape  Stéphane  (  i). 

Cap.  5o.  Nous  trouvons  en  ceste  cronica  que  cestui  abbé 
avant  qu'il  fust  pape  si  esmovoit  toute  la  gent  qu^il  pooit 
avoir,  et  faisoit  son  pooir  de  destruire  li  Normant;  puiz 
qu^il  fil  pape  o  toute  la  mort  soe  pensa  de  les  destruire. 
Mes  pource  que  la  mort  lui  estoit  voisine,  non  pot  complir 
sa  volenté.  Et  pour  ce  qu'il  non  avoit  plenement  argent 
pour  ce  faire,  fu  mis  main  a  lo  trésor  de  Saint-Benedit. 
Et  pour  cest  trésor  voloit  scomovere  son  frère  qui  se 
clamoit  Gotherico  et  autre  grant  home  a  destruire  li  Nor- 
mant. Et  ceste  choze  non  estoit  faite  par  consentement  de 
li  frère,  se  non  tant  seulement  que  lo  savoit  lo  propost  et 
lo  deen  (2). 

successeur  de  Tabbé  Pierre,  —  Mignb,  Pair,  lat.,  143,  p.  83 1,  — 
montre  que  la  version  de  Léo  de*  Marsi  est  la  vraie,  car  cette  bulle 
n'admet  même  pas  la  validité  de  l'élection  de  Tabbé  Pierre. 

(i)  Le  22  mai  loSy,  Tabbé  Pierre  avait  renoncé  à  sa  dignité  et  le 
lendemain,  Frédéric  de  Lorraine,  frère  du  duc  Gottfiried,  fut  élu  en 
chapitre  abbé  du  Mont-Cassin  ;  Victor  II,  heureux  de  cette  élection, 
nomma  le  nouvel  abbé,  cardinal  le  14  juin  loSy,  et  le  24  du  même 
mois^  jour  de  S.  Jean<Baptiste,  il  le  sacra  de  ses  propres  mains. 
Aimé  est  donc  dans  Terreur  en  disant  que  la  mort  a  empêché  Victor  II 
de  sacrer  (bénir)  Frédéric  de  Lorraine  (Léo  de*  Marsi,  II,  93). 
Comme  nous  Tavons  déjà  dit,  Victor  II  mourut  peu  après  ce  sacre, 
le  28  juillet  loSy  et,  le  2  août  de  la  même  année,  ce  même  Frédéric 
de  Lorraine  lui  succédait  et  prenait  le  nom. d'Etienne  IX. 

(2)  Aimé  avait  déjà  fait  connaître,  cf.  supra,  III,  24,  39,  les  senti- 
ments hostiles  de  Frédéric  de  Lorraine  contre  les  Normands,  avant 
qu'il  ne  devint  pape.  Au  sujet  de  ce  trésor  du  Mont-Cassin,  réclamé 
par  le  pape  Etienne  IX,  Léo  de'  Marsi,  II,  97,  écrit  :  «  Disponebat 


142 

Cap.  ?!.  Et  la  nui:  quant  lo  trésor  fu  enporté,  un 
moine  de  Fabbaie  vit  ceste  re\'e]ation  en  somne.  Et  lui 
estoit  avis  qu'il  veoit  desouz  Tautel  ou  gîst  saint  Benoît 
avec  sa  suer,  laquelle  se  clamoit  sainte  Scolastice,  issoit 
un  moine  deschauz  et  la  teste  descovene,  et  ploroit  forte- 
ment, et  d'isoit  qu'il  estoit  desrobé  et  toutes  ces  chozes  lui 
estoient  levées  :  et  s'en  vouloit  aler  reclamer  a  la  justice. 
Et  un  moine  le  secutoit  et  lui  disoît  qu^il  non  plorast, 
quar  il  lui  prometoit  de  raporter  lui  lo  trésor  qui  lui  avoit 
esté  levé,  et  disoit  que  celui  estoit  concedut  de  la  pitié  de 
Dieu  que  nul  home  ne  te  lo  puet  lever.  Et  après  ce  se  rcs- 
veilla  lo  frère,  et  dist  ceste  avision  a  molt,  et  ensi  ce  qui 
avoit  esté  fait  absconsement  vint  publiquement.  Et  dist 
cestui  moine  escriptor  et  exponitor  de  ceste  cronîca  que 
bien  estoit  certain  et  secur  que  celui  moine  qui  confortoit 
Tautre  moine  qui  ploroit  que  ce  fu  saint  Benoît,  par  laquel 
mérite  et  ordination  lo  trésor  qui  en  estoit  porté  de  lo  mo- 
nastier.  si  coment  je  vouz  ai  devant  dit,  fu  retorné  puiz 
la  mort  de  lo  pape    i , . 

C\r.  52.  Cestui  capitule  si  dit  en  que  quant  cest  pape, 
liquel  avoit  este  avant  abbé  de  lo  monastierdemisire  saint 

autcm  fratri  suo  Juji  Gutfriio  apud  Tusciam  in  colloquium  jungî  d 
que  ut  fcrebatur  impcrialcm  coronam  largiri;  demum  vero  ad  Nor- 
mannos  [talia  cxpcllcndus  qui  maximo  illi  odio  crant,  una  cum  eo 
rcverti.  »  Aime  iiit,  ce  qui  n'est  guère  probable,  que  le  duc  Gott* 
fri.'J  connaissait  les  projets  du  pape,  mais  n  avait  pas  promit  de  les 
scci>nder. 

(i)  Il  y  a  dans  Léo  de'  Marsi,  II,  97,  le  récit  d'une  viûon  à  peu 
près  semblable  et  sur  le  même  sujet  ;  mais  dans  Léo  de*  Mard,  ce 
ne  sont  pas  deux  moinus  inconnus,  c'est  S.  Benoît  et  Su  Scholaa- 
tique  qui  pleurent  parce  que  te  pape  a  fait  enlever  le  trésor  du  Mont- 
Cissin.  Aimé  dit  que  le  trésor  ne  fut  rendu  à  Mont-Casaîn  qu'aprta 
la  nK)rt  d'Etienne  IX,  tandis  que  Léo  de*  Marsi  rapporte  que  ce  pope 
le  renvoya  lui-même  à  l'abbaye,  avant  de  passer  de  vie  à  trépas. 


143 

Benedit  de  Mont  de  Cassin,  vindrent  a  la  ultime  terme 
de  sa  mort,  les  frères  qui  estoient  avec  lui  en  compaingnie 
et  lui  demandèrent  conseil  qu^îl  lui  plaisoit  qui  fust  abbé 
de  lo  devant  dit  monastier  de  Saint-Benoît  après  sa  mort. 
Et  respondi  cil  loquel  estoit  pape  et  abbé  del  dit  monas- 
tier, que  cellui  del  covent  de  li  moine  a  cui  il  auront  plus 
grant  dévotion  qu'il  soit  abbé,  cellui  sera  le  meillor.  Et 
puiz  si  dist  li  dit  meisme  pape  :  c  Comment  ce  soit  choze 
que  je  ay  eues  dui  dignités  molt  grandes  en  la  sainte 
eglize  de  Dieu,  tout  soit  ce  choze  que  je  non  estoie  digne, 
je  sui  tenut  de  ces  dui  grandes  et  excellentes  rendre  raison 
jusque  a  la  ultime  quadrante,  c^est  a  la  plus  petite  monoie 
qui  se  trove,  devant  un  destroit  juge  liquel  me  demandera 
l'usure.  ï»  Et  ce  est  a  entendre  que  es  une  manière  de  mesure 
de  pain  laquelle  mesure  de  pain  est  encoire  a  Rome,  et  se 
clame  justice.  Et  pour  ce  se  clame  justice,  quar  est  un  pain 
partuten  quatre  parties;  eten  celluitempscelluipain  valoit 
un  denier,  si  que  lo  povre  home  en  pooit  dui  foiz  ou  quatre 
mengier,  si  que  la  ultime  quadrante,  la  quarte  part  d'un 
denier  petit.  Et  en  aucune  part  se  trove  que  une  géné- 
ration de  meallezde  liquelle  se  trove  quatre  por  un  denier. 
Et  pour  ce  dist  lo  pape  que  de  ces  .ij.  grans  et  excellentes 
offices  de  la  eglize  de  Dieu  lui  covenoit  rendre  rayson 
jusque  a  lo  plus  petit  denier  qui  se  trove  par  tout  lo 
monde,  dont  li  bon  pape  non  vouloit  grever  Tarme  soe. 
Et  puiz  si  dist  :  «  Quar  quiconques  est  clamé  a  si  hautes 
offices  et  excellentes  de  la  sainte  Eglize  de  Dieu  non  doit 
amer  nulle  choze  se  non  Dieu.  Et  pour  ce  ipe  pert  et  me 
plaist  bien  que  cellui  qui  es^  plus  amé  soit  fait  abbé.  » 
.  Et  puiz  si  dist  :  «  Coment  se  soit  chozes  que  frère  Desi- 
dere  soit  plus  amé,  je  vouz  conseille  que  de  lui  faciès 
vostre  abbé  et  pastor,  quar  il  est  de  noble  gent  et  de  bones 
costumes.  »  Et  quant  li  frère  entendirent  lo  conseil  et  la 


144 

volenté  de  cestui  pape  et  abbé,  cil  qui  ploroient  por  sa 
mon  orent  grant  joie  et  furent  tuît  reconfonez  en  Dieu, 
et  furent  liez  et  joians  cil  qui  estoient  tristez  et  dolent  de 
la  mon  de  lor  bon  père  et  pastor  ;  tuit  furent  reconfonés 
en  la  vie  de  cellui  qu*il  dévoient  eslire  pour  estre  lor  père 
et  lor  abbé.  Et  quant  li  papes  ot  ensi  parié  cornent  je  vouz 
ay  dit,  et  ordené  avec  ses  frères,  la  maladie  lui  enforza^  et 
trespassa  de  ceste  mortel  vie  et  s*en  ala  a  la  miséricorde 
de  lo  nostre  Salveor  Jsbu-Crist  [i  i.  Et  quant  li  pape  et 
abbé  fu  enterrez  honorablement  a  Saint-Pierre  de  Rome, 
si  cornent  il  est  usance  de  faire  honor  au  saint  père  (2), 
ses  frères  moines  lîquel  estoient  avec  lui  sVn  retornerent 
a  lor  abbeic  de  monseignor  saint  Benedit  de  Mont  de 
Cassyn,  et  raponcrent  tôt  le  trésor  loquel  il  en  avoient 
porte  de  lo  saint  monastier  (3).  Et  quant  li  frère  furent 
venus  audit  monastier,  il  annoncierent  a  lor  autres  frères 
la  mort  de  lor  pape  et  abbé,  et  lor  distrent  coment  li  pape 
lor  avoit  donné  en  conseil  qu^il  feissent  abbé  de  firere  Desi- 

(i)  Léo  de*  Marsi,  III,  9,  qui  a  également  rapporté  ces  divers  mci- 
dents  est,  sur  plusieurs  points,  en  désaccord  avec  Aimé.  Il  place  aux 
environs  de  la  Noél  et  au  .Mont-Cassin,  la  réunion  des  moiiMS  pré* 
sidéc  par  le  pape,  dans  laquelle,  du  consentement  de  ce  dernier, 
Désidèrc  ou  Didier  fut  élu  futur  abbé  du  Mont-Cassin.  Etienne  IX 
étant  mort  le  ag  mars  io58,  cette  réunion  n*a  donc  pu  eu  lieu  «  à 
la  ultime  terme  de  sa  mort  »  ;  en  outre,  les  moines  n*ont  pts  eu  à 
revenir  au  Mont-Cassin  après  la  mort  d*Etienne  IX  pour  annoncer  le 
résultat  de  la  conférence,  puisqu*elle  avait  eu  lieu  à  l'abbaye  mime 
et  plusieurs  mois  avant  le  décès  du  pontife.  Aimé  et  Léo  de'  Maru 
sont  du  moins  d*accord  pour  affirmer  qu*£tienne  IX  voulut  rester 
jusqu'à  sa  mort  abbé  du  Mont-Cassin,  tout  en  approuvant  qu'on  lui 
dcjnnût,  après  sa  mort,  pour  successeur,  Tabbé  Didier. 

(2)  Etienne  IX  ne  fut  pas  enterré  à  S.  Pierre  de  Rome,  mais  dans 
l'église  de  Santa  Reparata,  à  Florence. 

(3)  Nous  avons  vu  que  d*après  Léo  de'  Marsi,  le  trésor  aurait  été 
rapporte  au  monastcre,  du  vivant  d'Etienne  IX. 


H5 

dere^  liquel  estoit  plus  amé  :  mes  estoit  ensi  que  cestui 
frère  Desidere  estoit  alez  en  Costentinople  a  lo  empeor, 
ambassator  por  lo  pape,  mes  li  frère  de  lo  monastier  tout 
maintenant  a  grant  joie  mandèrent  a  frère  Desidere  que 
li  papes  estoit  mon,  et  que  sans  demorance  s'en  venist. 
Et  quant  frère  Desidere  entendi  li  mandement  de  ses 
frères,  il  se  mist  en  mer  et  vînt  jusque  après  de  Rome,  et 
puiz  ot  lo  vent  contraire  qui  le  retorna  jusques  au  Bar. 
Et  iluec,  de  sez  frères  qui  Tatendoient  et  a  grant  joie  lo 
rechurent,  et  la  fu  faite  la  élection  secont  lo  commande- 
ment de  lo  pape.  Et  en  lo  jor  de  la  pasca  de  la  Résur- 
rection monta  a  Mont  de  Cassin,  et  li  moine  o  grant  joie 
et  loant  Dieu  lo  firent  abbé  (  i  j .  Mes  vouz  qui  ceste  ystoire 


(i)  D*après  Lbo  de*  Marsi,  III,  g,  Etienne  IX  était  encore  au  Mont- 
Cassin  lorsque  Didier  partit  pour  Constantinople  avec  les  deux 
autres  légats,  le  cardinal  Etienne  et  Mainard,  promu  nouyellement  à 
l'évêché  de  Silva-Candida,  par  conséquent  en  février  ou  dans  les 
premiers  jours  de  mars  io58  ;  il  s*embarqua  à  Siponto,  sur  im  navire 
qui  se  rendait  à  Ban,  où,  retenu  par  des  vents  contraires,  il  envoya 
un  messager  au  Mont-Cassin  dire  qu'il  n'avait  pas  encore  pu  partir 
pour  Constantinople.  Comme  on  avait,  sur  ces  entrefaites,  appris  au 
Mont-Cassin  la  mort  du  pape,  deux  frères  furent  en  toute  hâte 
envoyés  à  Bari,  annoncer  cette  nouvelle  à  Didier  et  lui  mander  de 
revenir.  Il  revint  en  effet,  et,  le  jour  de  Pâques,  19  avril  io58,  il 
était  élu  abbé  du  Mont-Cassin  et  prenait  possession  de  sa  charge.  Ce 
récit,  on  le  voit,  diffère  sur  plusieurs  points  de  celui  d*Aimé  ;  il 
n'est  guère  admissible  qu'à  la  nouvelle  de  la  mort  du  pape,  Didier, 
alors  à  Bari  selon  toute  apparence,  ait  songé  à  venir  à  Rome  par  la 
voie  de  mer,  pourquoi  à  Rome  et  comment  par  mer  ?  l'édition  de 
Champollion  portait  par  erreur  «  et  puiz  ot  lo  vent  contraire  qui  le 
retorna  jusques  au  bas  »  le  manuscrit  porte  «  jusques  au  Bar,  »  c'est- 
à-dire  jusqu'à  Bari  où  nous  avons  vu  en  effet  que,  d'après  Léo  de' 
Marsi,  Didier  était  venu  par  mer  sur  un  navire  de  Siponto.  Je  serais 
porté  à  croire  que  tout  ce  passage  a  été  mal  compris  et  mal  rendu 
par  le  traducteur. 

10 


Cap.  38.  Puiz  que  fu  seu  par  publica  famé  que  H  pape 
vcnoît,  molt  en  estoîent  alegre.  Mes  Jehan,  evesque  de 
Salerne^  non  avoit  petit  de  tribulation  pour  la  vision  qui 
lui  apparut;  quar  stant  afflit  par  dolor  de  santé  laquelle 
avoii  acostumé  d'avoir,  se  fist  porter  la  ou  gist  lo  cors  de 
saint  Mathic  apostole  et  lui  dist  ce  qui  estoit  a  entrevenir,  et 
entre  celle  dolor  s'endormi.  A  loqualle  s^apparut  saint 
Mathie  apostole,  et  lui  dist  ce  qui  devoit  avenir.  Et  lui 
dist  :  c  Je  te  promet  que  tu  es  guari  de  ton  infermeté.  Mes 
je  te  prophetize  que  la  mort  non  est  trop  long.  Li  pape 
vient  avec  vilz  chavaliers  pour  chacicr,  mes  li  sien  seront 
destruit,  et  espars,  et  en  prison,  et  mort.  Et  puiz  ceste 
cose  retorncra  à  Rome  et  sera  mort.  Et  puiz  la  venue  soe 
peti  vivra  :  quar  c'est  ordené  devant  la  présence  de  Dieu, 
quar  quicunques  sera  contre  li  Normant  pour  leschacier 
ou  tost  morira,  ou  grant  afflialon  aura.  Quar  ceste  terre 
de  Dieu  est  donnée  a  li  Normant,  quar  la  perversité  de 
ceus  qui  la  tenoient  et  pour  la  parenteze  qu^il  avoient  faite 
avec  eatfx,  la  juste  volenté  de  Dieu  a  convertut  la  terre  a 
eaux  ;  quar  la  loy  de  Dieu  et  la  loy  de  li  impeor  com- 
mande lo  fin  succède  a  lo  héritage  de  lo  père.  »  Et  puiz 
lo  evesque  se  rcsvcilla  tôt  sain  et  salve  ;  etensi  comme  lui 
fu  dit  en  avision,  cnsi  fu  fait  (  i  j. 

Cap.  3o.  Lo  pape  fu  acompaingnié  de  ceste  chevalerie, 
et  avant  qu'il  vcnist  a  La  Cité  assembla  li  gentilhome  et 
Hst  gofLmonier  de  La  Cité  et  de  la  bataille  Robert  lequel 
se  clamoit  de  Octomarset.  Et  puiz  vindrent  a  La  Cité^ 
c'est  a  un  chastel  qui  se  clame  La  Cité.  Quar  la  lui 
vinJrcnt  encontre  li  Normant  comment  se  trove  en  autre 

(i)  Sur  ce  Jean,  archevêque  de  Salcrnc  et  préJéceftscur  d*AIfiuie, 
vuyez  :  u  Memorie  délia  Chiesa  Salemitana  di  G.  Pabsano  ,  t.  I, 
Napoli,  in-8o,  184C,  p.  106  sqq. 


133 

ystoire  (  i).  Et  lo  papp  et  li  chevalier  avoient  espérance  de 
veincbre  pour  la  multitude  de  lo  pueple.  Et  li  Normant 
puiz  qu^il  vindrent  mandèrent  message  a  lo  pape  et  cer- 
choient  paiz  et  concorde,  et  prometoient  chascun  an  de 
donner  incense  et  tribut  a  la  sainte  eclize,  et  celles  terres 
qu^il  ont  veincues  par  armes  voloient  revoir  les  par  la 
main  de  lo  vicaire  de  Feglize.  Et  mostrerent  lo  confanon 
coment  il  furent  revestut  de  la  terre  par  la  main  de  lo 
impeor^  et  coment  lor  estoit  confermée.  Lo  pape  non 
parla,  ainz  parla  lo  câncelier  et  les  manesa  de  mort,  et  lor 
propona  qu'il  doientfugir;  et  Tun  et  Tautre  est  molt 
moleste  a  li  Normant  ;  et  encoire  o  ces  messages  parla  par 
manacha,  et  lor  fist  vergoingne.  Li  légat  de  li  Normant 
s'en  retornerent  et  reportèrent  lor  message,  loquel  molt 
lor  desplaist  (2). 

Gip.  40.  La  neccessité  de  la  famé  moleste  li  Normant, 
et  par  lo  exemple  de  li  apostole  prenoient  li  espic  de  lo 
grain  et  frotoient  o  la  main,  et  ensi  menjoientlo  grain,  et 
afHit  pour  la  famé  requerent  que  ceste  brigue  se  départe 
ou  combatent.  Et  li  pape  avec  li  evesque  sallirent  sur  lo 
mur  de  La  Cité,  et  regarda  a  la  multitude  de  ses  cavaliers 


(i)  C*est  en  effet  à  Civitate,  sur  les  bords  du  Fortore,  et  dans  la 
Capitanate  qu*eut  lieu^  le  18  juin  io53,  la  bataille  entre  les  Normands 
et  les  troupes  de  Léon  IX;  Léo  de*  Marsi,  II,  84  :  «  Inito  autem  cer- 
tamine  in  planitie  maxima  quae  juxta  Civitatem  est  »  ;  M^ulaterra  ^ 
\.  14;  «  Âpostolicus  fuga  vitsa  syjum  expetens,  intraurbem  provincis 
Capitanats  quae  Cimitata  (Civitata)  dicitur,  se  se  profugus  recepit.  » 
De  môme  la  Vita  Leonis  IX  ab  anonymo  (Watterich,  t.  I,  p.  luc). 

(2)  Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  85  sqq.  dit  également  que  les 
Normands  firent,  avant  la  bataille,  une  démarche  de  conciliation  au- 
près du  pape,  mais  sans  succès  ;  d'après  Tânonyme  de  Bénévent,  ce 
furent  les  ambassadeurs  du  pape  qui  allèrent  dans  le  camp  normand, 
mais  le  résultat  fut  le  même,  Watterich,  1. 1,  p.  iiic 


134 

pour  les  absolvere  de  lor  pcchiez,  et  pardonna  la  pcnancc 
que  pour  lor  pechié  dévoient  faire.  Et  lor  fait  la  croîz  et  lo 
commanda  de  boche  qu'il  aient  combatre  (i).  Raynolfeet 
Raynier  furent  eslit  principe  deceste  part,  liquel  levèrent 
en  haut  li  gofanon,  et  vont  devant  o  molt  grant  multi- 
tude de  gent,  mes  petit  de  Toudeschi  solement  les  secuta. 
Et  li  Normantfont  iroiz  compaîngniez  desquelles  une  en 
esi  régie  et  governéc  par  la  main  del  conte  Unfroy,  et 
l'autre  par  lo  conte  Ricchart,  et  a  la  tierce  par  Robert 
Viscart.  Et  li  Thodeschi  se  mctent  Tescu  en  bras  et 
croUent  Tespée;  et  li  Normant  et  hardi  cornent  lyon 
prenent  la  haste.  Et  lo  conte  Richart  despart  II  Todcschi 
ei  passe  parmi  eaux  ;  et  de  Tautre  part  fiert  lo-conte  Unfh)y 
et  de  l'autre  entre  Robert  Viscart  ;  et  li  Thodeschi  se  rc- 
guardent  derrière  pour  veoir  lor  compaingnie  ;  mes  nul 
Longobart  venoit  après  eauz,  quar  tuit  s'en  cstoient  foui. 
Cestui  Todeschi  qui  iluec  se  iroverent  furent  tuit  mort, 
nul  non  eschappa  se  non  aucun  a  qui  li  Normant  vou- 
loient  pour  pitié  pardoner  ;  et  secuterent  ceus  qui  fuyoient, 
et  les  prenoient  et  occioient.  La  masserie  de  lo  pape  et  de 
tout  li  soi,  et  li  trésor  de  la  chapelle  soe  lui  fu  levé  de 
ceus  de  La  Cité  (2). 

(i)  Guillaume  db  Fouille,  II,  ii5  sqq. 

«  Tcmpus  crat  triticeis  confine  metcndis 
Frugibus,  at  viridcs  nondum  légère  maniplos 
Agricolx,  quo8  Francigcnx,  quia  pane  carcbant, 
Igni  torrcbant  et  vcscebantur  adustis.  » 

L'Anonyme  de  Benévent  dit  aussi  que  le  pape  s*est  relire  à  Gvitate 
pen  Innt  la  bataille  —  Wattf.ricii,  t.  1,  p.  iiic  ;  Malaterra,  I,  14  et 
Gttillaume  de  Poutllk,  h,  V.  208,  supposent,  au  contraire ,  que  le 
pape  serait  resté  sur  le  champ  de  bataille  jusqu'à  la  défaite  de  tes 
troupes.  Wibert,  II,  11,  confirme  la  donnée  d'Aimé. 

(2)  L'expose,  assez  laconique  du  reste,  qu'Aimé  fait  de  la  bataille 


I3S 

Cap.  41.  Et  quant  ce  fu  fait  li  Normant  s'^en  alerent  a 
lor  terre  ;  li  pape  avoit  paour  et  li  clerc  trembloient.  Et  li 
Normant  vinceor  lui  donnèrent  sperance,  et  proierent  que 
securement  venîst  lopape,  liquel  mèneront  o  tout  sagent 
jusque  a  Bonivenc,  et  lui  aministroient  continuelment 
pain  et  vin  et  toute  choze  neccessaire,  et  pour  ce  que 
Rodolfe  estoit  o  coultel  iist  archevesque  de  la  cité  Boo- 
garie  (i). 

Cap.  42.  Et  o  la  favor  de  li  Normant  torna  à  Rome  a 
H  .X.  mois  (2)  puiz  que  avoit  esté  la  bataille.  A  li  .xiij. 
kalende  de  mai,  c^est  d'apvril  a  li  .xviiij.  jor,  fu  mort  et 
fist  molt  miracle  (3).  Et  lo  archevesque  de  Salerne  loquel 

I 

de  Civitate  est,  pour  le  fond,  en  harmonie  avec  ce  que  nous  savons 
par  ailleurs;  Guillaume  de  Fouille,  G.  Malaterra,  l'Anonyme  de 
Bénévent  ont  donné  plus  de  détails  que  n'en  fournit  Aimé,  mais  sans 
contredire  ses  assertions  sur  la  marche  et  l'issue  de  la  bataille  ;  ce 
fait  historique  est  en  définitive  un  des  mieux  connus  du  xie  siècle. 
Au  sujet  de  la  conduite  des  habitants  de  Civitate  à  l'égard  du  pape, 
GuiHaume  de  Fouille,  II,  v.  iSg  sqq.  écrit  de  son  côté  : 

«  Sed  cives  papa  m  non  excepere  decenter 
Normannis  veriti  grave  ne  victoribus  esset.  » 

(i)  Léon  IX  fit  son  entrée  à  Bénévent  cinq  jours  après  la  bataille 
de  Qvitate,  le  23  juin  io53,  et  resta  dans  cette  ville  jusqu'au  12  mars 
de  l'année  suivante.  On  s'est  demandé  si  le  pape  avait  été  à  Bénévent 
prisonnier  des  Normands  ou  s'il  était  .de  son  plein  gré  et  en  toute 
liberté  resté  dans  cette  ville.  Il  semblerait,  d'après  le  texte  d'Aimé, 
que  le  pape,  nourri  par  les  Normands,  ait  été  à  Bénévent  dans  une 
certaine  mesure  sous  leur  dépendance  ;  Hirsch,  {.  c.  p.  288,  exagère 
cependant  lorsqu'il  interprète  ces  paroles  m  o  la  favor  de  li  Normant 
torna  à  Rome  »  en  disant  que  le  pape  demanda  aux  Normands  la  per- 
mission de  revenir  à  Rome,  le  sens  est  plutôt  «  avec  le  concours  des 
Normands.  » 

(2)  C'est  vers  le  3  avril  1054  qu'il  est  rentré  à  Rome,  «  instanti 
paschali  tempore.  »  Hbrim.  Augiensis,  Chron.  ad  an.  1054. 

(3)  La  date  est  exacte,  Léon  IX  est  mort  le  19  avril  1054. 


£.,•,.-  •  *-^»  -»:_j»  r"is  rî-    i  —    *    3*n»  s 


iicrrst  et  >' :r^:în.i-t    risr  ff=y^:c  ALtîœre.  GoÊrode. 

rî.'jt  1  : -fl  it  lé  pLr:  ;t  ^  n-sr^  ssïi'i:  nez  de  |>miTip^- 
zk-r^t  :  îre  rr  rr*  ::  — r'iit  £  ssrt  îrvrDc  c  prax  a  périt 
1'.  — îmsi  i.  Ti  —  _r  L:  ^  M_r.  WzyssitTDcz:  sdisrini  îa  xaaîs- 
vit  rt  S'-  :C:r!it  3-:zt  s:  1:  -per.sik  zt  prÎTtr  de  toaie 
b'.ci-'-c  E:  -.:.-•-£$  :Vj:  11  se:;:  n  Torrîar  de  priacc  pir  soo 
',':>  Gulit  :-5rrir  ':::  l'sr^-.r.  tue.  Mes  pour  corrir 
zts'*:  :r.:  :;::::  r_';l  t:j1:':  fLr*  il  «  arioa  de  tnire  de 
ic'etî  «r:  :£;rt  ml  £  dr:  Trtrts.  c*£r.  à  Massone  «  a  Ltcxi. 


■;  Cts:  ii:.;  It  *  t-r^ty^rre  ::5i  r-"Airaé  fmii  moorir  Jean, 
trchff^t-q-t  i;  Silsr^t  :  c  *«:  rr:ôtrlr:::dî  li  zae errruff  cv  G-  Pae- 
s*r.'-,  dsr.1  I'c-ttît;  is^i  r.:t  ::.  /a/^j,  r.  Çii,  DOie  T,  cite  na 
C'x  jmtr.:  et  :^:7  ^^:i£  îriutl  :!  tsi  parlé  zt  Ican  comme  occupui 

^2  Malatckpa,  I.  z5.  i::  c£&^t:3£c:  qu'après  la  bataille  de  Gvi- 
wte,  le  cc:r.:t  L'r^fr'-v  s*>rrjpa  -'établir  ses  frère»  dans  Iltatie  du 
fcuJ,  :I  écrit  :  «  Djc-s  iuquï  fr^tres  S'jcs  comités  fedt  Malgerhim 
Capitinatae.  G:::!!elniur::  vero  in  principatu.  Sed  Malgerius  moriens 
cum  omr.'jrn  co-nitamm  s.: un::  Guilieimo  fratri  suc  reliquisset,  Gui- 
lielmus  Gaufr-^dum  fratrem  suum  ji!igens  sibî  concessit.  ■  D'après 
ce  mcmc  Maiaterra,  I.  lo,  Roger  ne  serait  venu  en  Italie  qu'après 
la  mort  d'L'mfroy  et  lorsque  Robert  Guiscard  lui  avait  succédé 
comme  comte  de  Pouillc. 

li)  Nous  avrins  vu  que  Guaimar  IV  avait  épousé  Gemma,  fille  du 
comte  >!e  Tcano,  Gisulfc  descendait  donc  des  comtes  de  Teano  par 
sa  mer*.-,  et  comme  ces  comtes  ctafcnt  d*asse2  mauvais  voisins  de 
rahb.iyc  du  Mont-Cissin,  Aimé  ne  se  gcnc  pas  pour  déclarer  que 
par  sa  mère,  le  nouveau  prince  de  Salernc  descendait  de  gemt 
vipérane. 


137 

Et  toutes  voies  par  le  conseill  de  ces  .ij.  frères  Tonor  de 
li  frère  et  li  sien  avoient  esté  accressut.  Et  princement 
cesti  Gisolfe  esmutcil  de  la  cité  contre  ces  dui,  et  lor  pro- 
metoit  de  donner  lor  chozes.  Mes  pour  ce  que  ces  .ij. 
frères  avoient  Tajutore  de  lo  conte  Ricchart,  non  veoît 
cornent  ceste  cose  bonement  se  peust  faire  sans  Tajutore 
de  alcun  altre  de  li  Normant.  Adunque  a  ceste  cose  faire 
appella  Robert  frère  de  lo  prince  Ricchart,  et  li  promist 
par  sacrement  de  donner  lui  la  moitié  de  la  ricchesce  de 
ces  .ij.  frères;  et  cestui  estoient  moult  riche,  et  avoient 
grans  possessions.  Mes  ces  .ij.  frères  sorent  lo  conseill  qui 
estoit  fait  contre  eaux.  Et  après  de  la  cité  avoient  une 
roche  molt  secure  et  moult  fortissime  de  grant  manière, 
et  en  celle  roche  avoient  mise  lor  ricchece,  et  la  estoient 
la  ville  et  la  maison,  et  se.  partirent  de  lor  anemis,  et  lo 
bestiame  delquel  se  trovoient  abondance  sans  nombre. 
Toutes  foiz  remainstrent  vacant  et  gabe  de  ceux  qui  desi- 
deroient  de  faire  mal  a  la  persone  lor.  Partirent  toutes 
voies  quant  sesperoient  départir,  et  la  cose  quUl  partirent 
fu  moult  petite.  Et  Richart  estoit  immobile  por  deffendre 
li  fidel  de  ceste  injure.  La  prospérité  de  Guide  estoit 
abassié  pour  lo  oppression  de  ces  .ij.  frères,  liquel  se  te- 
noient  ensemble,  et  Gisolfe  son  neveu  ot  sa  compaingnie 
en  despit  (i). 

Cap.  45.  Et  vint  lo  conte  Umfre,  et  demanda  lo  don' 
qu^il  soloit  avoir,  et  vint  o  son  frère  Guillerme,  demanda 
lo  chastel  qui  lui  fu  promis  o  sacrement.  Li  prince 
dampna  la  pétition  de  ces  .ij.,  et  onques  ne  les  vouloit 
voier,  ne  de  bone  et  alegre  face  non  lor  voust  plaisir.  Et 
se  partirent   ces   .ij.  frères  molt  corrodez  et  cerche  et 

(i)  Aimé  est  seul  à  parler  de  ces  premiers  actes  de  Gisulfe. 


138 

qucroient  de  avoir  satisfacÛQn.  Et  en  prime  donerent 
esmote  a  lo  castel  de  saint-Nicharde,  et  puiz  vont  dévo- 
rant lo  principal  tout.  Et  quant  Gisolfe  oï  ceste  novelle 
que  Umfroi  et  Guillerme  aloient  ensi  gastant  sa  terre  il 
s*en  fist  gaberie  et  non  s'en  fist  senon  rire  et  tout  tint  a 
gieu.  Mes  toutes  foîz  pristrent  Castel- Viel  et  Facose-le- 
Nove,  et  toutes  les  cités  qui  estoient  après  chascun  jor  es- 
toient  assaillies,  et  les  chozes  qui  estoient  fors  des  murs 
furent  prises  et  destructes.  Mes  quant  les  gens  des  chas- 
teaux  surent  ceste  destruction,  il  garnirent  lor  terres  et 
lor  chasteaux  de  murs  et  de  palis,  et  lo  prince  corne 
jovencel  se  joe  dedens  les  murs  et  se  solace. 

Cap.  46.  Ceste  ystoire  nous  dit  et  raconte  que  lo  conte 
Richart  vint  a  Salerne  et  demanda  lo  domp  que  Guay- 
marie  lui  soloit  donner.  Mes  il  ot  malement  son  enten- 
dement, ne  ce  qu'il  demandoit,  quarpor  Por  qu^il  deman- 
doit  lui  furent  getéez  pierrez,  et  pour  li  cheval  lui  furent 
traites  sajetes.  Et  Richan  conte  vit  ceste  deshonor  que  lui 
faisoit  lo  prince;  il  lui  manda  disant  quHl  non  estoit 
digne  de  pierre  ne  de  sa  jettes,  quar  il  avoit  revengié  la 
mort  de  lo  père,  et  lo  fist  prince.  Lo  soir  lo  conte  ordena 
lo  agait,  et  lo  prince  chevaucha  securement  au  matin,  et 
clama  li  jovencel  avec  lui  quiportoient  fronde  et  arc  pour 
traire.  Et  li  chevalier  del  conte,  quant  il  virent  que  lo 
prince  estoit  issut  de  la  cité,  par  fraude  commencèrent  a 
a  fouir,  et  ceauz  de  la  cité  de  Salerne,  liquel  estoient  vestut 
de  dras  de  lin,  les  secutoient  jusques  au  lieu  ou  estoit  fiait 
Tesguait  ;  et  cil  qui  faisoient  Tcsguait  virent  cil  de  Salerne, 
il  lor  corureni  sus.  et  cil  non  porent  fuir,  et  alcun  se  jet- 
terent  en  mer,  et  alcun  furent  occis,  si  que  furent  mort 
.C.V.  ;  et  ccst  fu  lo  premier  plor  de  li  Salernitain  morant 
en  bataille  (i). 

(i)  Les  revendications  du  comte  de  Pouillc  et  du  comte  d*Averst 


139 

Cap.  47.  Puiz  que  fu  mort  li  pape  Lion  delquel  nouz 
avons  devant  parlé,  fu  fait  pape  lo  evesque  de  Estitanse  (  i  ), 
liquel  se  clamoît  Geobarde  ou  Victore  (2).  Cestui  pape 
Victore  fu  molt  cortoiz,  et  molt  large  et  fu  molt  grant  ami 
de  Tempeor;  cestui  contre  la  chevalerie  de  li  Normant  non 
esmut  inémistié,  mes  ot  sage  conseil,  quar  il  fist  amicable 
paiz  avec  li  Normant. 

Cap.  48.  Cestui  pape  ala  a  là  cort  de  Tempeor  pour  de- 
mander li  passage  de  la  terre  et  de  li  Arpe,  laquel  terre 
apartient  a  la  raison  de  Teglizede  Saint-Pierre  de  Rome; 
il  fu  honorablement  receu  de  lo  impeor,  et  lui  promist  lo 
impereor  de  faire  sa  pétition.  Mes  li  empeor  fu  malade,  et 
fu  mort,  et  fu  absolz  de  lo  pape  et  de  lo  patriarcha  de  pêne 
et  de  coulpe,  et  fu  enterres  ad  Spiram  oîi  estoit  souterré 
son  père,  et  fu  portez  de  Ponte-Feltro  oif  avoit  esté 
mort  (3).  Et  quant  liempereor  fu  sousterrés  si  corne  nouz 

montrent  combien  la  puistonce  des  Normands  avait  fait  des  progrès 
par  suite  de  la  défaite  des  troupes  de  Léon  IX  et  de  la  mort  de 
Guaimar  IV  ;  c'est  en  maîtres  qu'ils  parlent  à  Gisulfe,  Umfroy  prend 
San  Nicandro  à  Test  d'Eboli,  Castel-Vecchio  et  Paccosa-Nuova,  Ri- 
chard tue  les  soldats  de  Gisulfe  et  celui-ci  ne  peut  venger  de  telles 
attaques  et  de  tels  affronts  ;  si  le  prince  de  Salerne  a  été  un  souve- 
rain détestable^  il  faut  avouer  que,  dès  le  début,  sa  situation  vis-à- 
vis  des  Normands^  rapaces  et  insolents,  était  de  nature  à  Tirriter 
profondément, 
(i)  Eichstâtt,  évêchéde  Bavière. 

(2)  Gebhart^  évêque  d'Eichstâtt  qui  devint  pape  sous  le  nom  de 
Victor  II  et  fut  sacré  à  S.  Pierre  de  Rome  le  i3  avril  io55,  près 
d'un  an  après  la  mort  de  Léon  IX. 

(3)  II  est  certain  que,  durant  son  court  pontificat,  Victor  II  n'eut 
pas  de  démêlés  avec  les  Normands;  mais  peut-être  aurait-il  fini, 
s'il  avait  vécu  plus  longtemps,  par  se  brouiller,  lui  aussi,  avec  eut  ; 
les  Annales  Romani  disent  qu'en  allant  ainsi  trouver  l'empereur, 
Victor  II  voulait  obtenir  son  concours  pour  chasser  les  Agarenos, 
c'est-à-dire  les  Normands  ;  Aimé  croit  que  le  pape  revendiquait  sim- 


I40 

avons  dit  devant,  li  pape  Victor  s'en  torna  a  Rome,  et 
puiz  poi  de   temps  après  fu  mon  et  s'en  ala  a  Jesu- 

Cbrist   I;. 

Cap.  49.  En  celui  temps  fu  mort  lo  abbé  Richier  de 
Mont  de  Cassin  '2).  Et  a  cestui  abbé  Richier  succedi 
Pierre  religious  moine,  mes  non  fu  trop  expert  de  chozes 
seculeres.  Et  pour  ce  que  pape  Victor  lo  reprennoit  des 
chozes  seculeres  desquelles  il  o  non  curoit,  il  renuntia  a 
la  croce  et  a  la  dignité  d^estre  abbé  (3).  Laquelle  croce  et 

plement  comme  possessions  du  Saint-Siège,  les  défilés  du  pays 
d*Arpino,  au  sud  de  Sora,  c'était  bien  peu  de  chose  en  vérité.  Qpoi 
qu'il  en  soit,  Victor  II  arriva  le  8  septembre  io56  à  Goslar  auprès 
de  Henri  III,  et  celui-d  mourut  à  Bodfeld  (Ponte-Feltro)  le  5  octobre 
de  la  même  année,  et  fut  en  effet  enseveli  i]cdté  de  ses  ancêtres,  dans 
la  cathédrale  de  Spire. 

(i)  Victor  II  est  mort  à  Arezzo,  en  Toscane*  le  28  juillet  1 067,  le 
texte  d'Aimé  laisserait  croire  qu'il  est  mort  à  Rome. 

(2)  Richer,  abbé  du  Mont-Cassin  est  mort  le  1 1  décembre  io55  ; 
Léo  de*  Marsi,  II,  88. 

(3)  Léo  de'  Marsi,  If,  89,  90,  91, 92,  qui  donne  sur  Tabbé  Pierre 
de  curieux  détails  et  qui  paraît  bien  informé,  explique  autrement  la 
démission  de  cet  abbé  du  Mont-Cassin.  Il  dit  que  le  pape  Victor  H 
vit  de  mauvais  œil  son  élection,  parce  qu'elle  avait  eu  lieu  sans 
l'agrément  du  Saint-Siège  et  sans  celui  de  l'empereur  et  qui!  envoja 
au  Mont-Cassin,  au  mois  de  mai  1037,  l'évêque  Humbert  avec  la 
mission  de  faire  une  enquête.  Les  témoignages  recueillis  par  le  légat 
Humbert  furent  favorables  à  l'abbé  Pierre  et  l'on  pouvait  espérer 
qu'il  garderait  la  crosse  abbatiale,  lorsque  quelques  religieux  du 
Munt-Cassin,  persuadés  que  le  pape  voulait  porter  atteinte  à  leur 
ilroit  d'clirc  librement  leur  abbé,  excitèrent  un  soulèvement  parmi 
les  vassaux  du  Mont-Cassin.  Ils  accoururent  à  l'abbaye,  armés  et 
menaçant  des  effets  de  leur  colère  quiconque  voudrait  leur  enlever 
leur  abbé;  devant  une  telle  mise  en  demeure,  le  légat  Humbert 
n'hésita  pas  et  fit  comprendre  à  Pierre  qu'il  devait  donner  immédia- 
tement sa  démission  et  celui-ci  se  résignant  déposa  sa  crosse  sur 
rnutel  de  S.  Benoit.  —  La  bulle  adressée  ensuite  par  Victor  II  au 


141 

dignité  prist  lo  canceliier,  liquel  estoit  noble  home  et 
moine  de  cellui  meismes  monastier.  Et  quant  il  fu  eslit 
d^estre  abbé,  il  atendoit  la  bénédiction  de  lo  pape  ;  mes  lo 
pape  Victor  fu  mort.  Et  après  lui  fu  eslit  cestui  abbé  pour 
estre  pape  et  fu  clamez  pape  Stéphane  (  i). 

Cap.  5o.  Nous  trouvons  en  ceste  cronica  que  cestui  abbé 
avant  qu*il  fust  pape  si  esmovoit  toute  la  gent  qu^il  pooit 
avoir,  et  faisoit  son  pooir  de  destruire  li  Normant;  puiz 
qu^il  fil  pape  o  toute  la  mort  soe  pensa  de  les  destruire. 
Mes  pource  que  la  mortlui  estoit  voisine,  non  pot  complir 
sa  volenté.  Et  pour  ce  qu'il  non  avoit  plenement  argent 
pour  ce  faire,  fu  mis  main  a  lo  trésor  de  Saint-Benedit. 
Et  pour  cest  trésor  voloît  scomovere  son  frère  qui  se 
clamoit  Goiherico  et  autre  grant  home  a  destruire  li  Nor- 
mant. Et  ceste  choze  non  estoit  faite  par  consentement  de 
li  frère,  se  non  tant  seulement  que  lo  savoit  lo  propost  et 
lo  deen  (2). 

successeur  de  l'abbé  Pierre,  —  Mignb,  Patr.  lat.^  143,  p.  83 1,  — 
montre  que  la  version  de  Léo  de*  Marsi  est  la  vraie,  car  cette  bulle 
n*admet  même  pas  la  validité  de  l'élection  de  Tabbé  Pierre. 

(i)  Le  22  mai  loSy,  Tabbé  Pierre  avait  renoncé  à  sa  dignité  et  le 
lendemain,  Frédéric  de  Lorraine,  frère  du  duc  Gottfried,  fut  élu  en 
chapitre  abbé  du  Mont-Cassin;  Victor  II,  heureux  de  cette  élection, 
nomma  le  nouvel  abbé,  cardinal  le  14  juin  loSy,  et  le  24  du  même 
mois^  jour  de  S.  Jean-Baptiste,  il  le  sacra  de  ses  propres  mains. 
Aimé  est  donc  dans  Terreur  en  disant  que  la  mort  a  empêché  Victor  II 
de  sacrer  (bénir)  Frédéric  de  Lorraine  (Léo  de*  Marsi,  II,  93). 
Comme  nous  Tavons  déjà  dit,  Victor  II  mourut  peu  après  ce  sacre, 
le  28  juillet  1057  et,  le  2  août  de  la  même  année,  ce  même  Frédéric 
de  Lorraine  lui  succédait  et  prenait  le  nom.d*Etienne  IX. 

(2)  Aimé  avait  déjà  fait  connaître,  cf.  supra,  III,  24,  39,  les  senti- 
ments hostiles  de  Frédéric  de  Lorraine  contre  les  Normands,  avant 
qu'il  ne  devint  pape.  Au  sujet  de  ce  trésor  du  Mont-Cassin,  réclamé 
par  le  pape  Etienne  IX,  Léo  de*  Marsi^  II,  97,  écrit  :  «  Disponebat 


132 

Cap.  38.  Puiz  que  fu  seu  par  publica  famé  que  H  pape 
venoit,  molt  en  estoîent  alegre.  Mes  Jehan,  evesque  de 
Salerne^  non  avoit  petit  de  tribulation  pour  la  vision  qui 
lui  apparut;  quar  stant  afflit  par  dolor  de  santé  laquelle 
avoii  acostumé  d'avoir,  se  fist  porter  la  ou  gist  lo  cors  de 
saint  Mathic  apostole  et  lui  dist  ce  qui  estoit  a  entrevenir,  et 
entre  celie  dolor  s^endormi.  A  loqualle  s^apparut  saint 
Matbie  apostole,  et  lui  dist  ce  qui  devoit  avenir.  Et  lui 
dist  :  c  Je  te  promet  que  tu  es  guari  de  ton  infermeté.  Mes 
je  te  prophetize  que  la  mort  non  est  trop  long.  Li  pape 
vient  avec  vilz  chavaliers  pour  chacier,  mes  li  sien  seront 
destruit,  et  espars,  et  en  prison,  et  mort.  Et  puiz  ceste 
cose  retorncra  à  Rome  et  sera  mort.  Et  puiz  la  venue  soe 
pcii  vivra  :  quar  c'est  ordenc  devant  la  présence  de  Dieu, 
quar  quîcunques  sera  contre  li  Normant  pour  les  chacier 
ou  tost  morira,  ou  grant  affliction  aura.  Quar  ceste  terre 
de  Dieu  est  donnée  a  li  Normant,  quar  la  perversité  de 
ceus  qui  la  tcnoient  et  pour  la  parenteze  qu^il  avoient  faite 
avec  eaux,  la  juste  volenté  de  Dieu  a  convertut  la  terre  a 
eaux  ;  quar  la  loy  de  Dieu  et  la  loy  de  li  impeor  com- 
mande lo  fill  succède  a  lo  héritage  de  lo  père.  »  Et  puiz 
lo  evesque  se  resvcilla  tôt  sain  et  salve  ;  et  ensi  comme  lui 
fu  dit  en  avision,  ensi  fu  fait  (  1 1. 

Cap.  39.  Lo  pape  fu  acompaingnié  de  ceste  chevalerie, 
et  avant  qu'il  venist  a  La  Cité  assembla  li  gentilhome  et 
iist  gofanonîer  de  La  Cité  et  de  la  bataille  Robert  lequel 
se  clamoit  de  Octomarset.  Et  puiz  vindrent  a  La  Cité, 
c*est  a  un  chastel  qui  se  clame  La  Cité.  Quar  la  lui 
vinJrcnt  encontre  li  Normant  comment  se  trove  en  autre 

(i)  Sur  ce  Jean,  archevêque  de  Salcrnc  et  prédécesseur  d*Alfiuie, 
voyez  :  «  Memorie  délia  Chiesa  Salernitana  di  G.  Pabsano  ,  t.  I, 
Napoli,  in-80,  1846,  p.  106  sqq. 


133 

ystoire  (  i).  Et  lo  pap^  et  li  chevalier  avoient  espérance  de 
veinchre  pour  la  multitude  de  lo  pueple.  Et  li  Normant 
puiz  quMl  vindrent  mandèrent  message  a  lo  pape  et  cer- 
choient  paiz  et  concorde,  et  prometoient  chascun  an  de 
donner  incense  et  tribut  a  la  sainte  eclize,  et  celles  terres 
qu'il  ont  veincues  par  armes  voloient  revoir  les  par  la 
main  de  lo  vicaire  de  Teglize.  Et  mostrerent  lo  confanon 
coment  il  furent  revestut  de  la  terre  par  la  main  de  lo 
impeor,  et  coment  lor  estoit  confermée.  Lo  pape  non 
parla,  ainz  parla  lo  cancelier  et  les  manesa  de  mort,  et  lor 
propona  qu'il  doientfugir;  et  Tun  et  l'autre  est  molt 
moleste  a  li  Normant  ;  et  encoire  o  ces  messages  parla  par 
manacha,  et  lor  fist  vergoingne.  Li  légat  de  li  Normant 
s'en  retornerent  et  reportèrent  lor  message,  loquel  molt 
lor  desplaist  (2). 

GkP.  40.  La  neccessité  de  la  famé  moleste  li  Normant, 
et  par  lo  exemple  de  li  apostole  prenoient  li  espic  de  lo 
grain  et  frotoient  o  la  main,  et  ensi  menjoient  lo  grain,  et 
afHit  pour  la  famé  requerent  que  ceste  brigue  se  départe 
ou  combatent.  Et  li  pape  avec  li  evesque  sallirent  sur  lo 
mur  de  La  Cité,  et  regarda  a  la  multitude  de  ses  cavaliers 


(i)  C'est  en  effet  à  Civitate,  sur  les  bords  du  Fortore,  et  dans  la 
Capitanate  qu*eut  lieu,  le  18  juin  io53,  la  bataille  entre  les  Normands 
et  les  troupes  de  Léon  IX;  Léo  de*  Marsi,  II,  84  :  «  Inito  autem  cer- 
tamine  in  planitie  maxima  quae  juxta  Civitatem  est  »  ;  Malaterra  ^ 
I.  14;  «  Âpostolicus  fuga  vitaea  syium  expetens,  intraurbem  provincisc 
Capitanats  qus  Ci  mita  ta  (Civitata)  dicitur,  se  se  profugus  recepit.  » 
De  même  la  Vita  Leonis  IX  ab  anonymo  (Watterich,  t.  I,  p.  iiic). 

(2)  Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  85  sqq.  dit  également  que  les 
Normands  firent,  avant  la  bataille,  une  démarche  de  conciliation  au- 
près du  pape,  mais  sans  succès  ;  d'après  Tânonyme  de  BÉNévENT,  ce 
furent  les  ambassadeurs  du  pape  qui  allèrent  dans  le  camp  normand, 
mais  le  résultat  fut  le  même,  Watterich,  1. 1,  p.  me. 


134 

pour  les  absolvere  de  lor  péchiez,  et  pardonna  la  pcnancc 
que  pour  lor  pechié  dévoient  faire.  Et  lor  fait  la  croîz  et  lo 
commanda  de  boche  qu'il  aient  combatrc  (i).  Raynolfeet 
Raynier  furent  eslit  principe  de  ceste  part,  liquel  levèrent 
en  haut  li  gofanon,  et  vont  devant  o  molt  grant  multi- 
tude de  gent,  mes  petit  de  Toudeschi  solement  les  secuta. 
Et  li  Normantfont  troizcompaingniez  desquelles  une  en 
csi  régie  et  govcrnéc  par  la  main  del  conte  Unfroy,  et 
l'autre  par  lo  conte  Ricchart,  et  a  la  tierce  par  Robert 
Viscart.  Et  li  Thodeschi  se  metent  Tescu  en  bras  et 
croUent  Tespëe;  et  li  Normant  et  hardi  cornent  lyon 
prenent  la  haste.  Et  lo  conte  Richart  despart  li  Todcschi 
et  passe  parmi  eaux  ;  et  de  l'autre  part  fiert  lo-conte  Unfroy 
et  de  l'autre  entre  Robert  Viscart  ;  et  li  Thodeschi  se  re- 
guardent  derrière  pour  veoir  lor  compaingnie;  mds  nul 
Longobart  venoit  après  eauz,  quar  tuit  s'enestoient  foui. 
Cestui  Todeschi  qui  iluec  se  troverent  furent  tuit  mort, 
nul  non  eschappa  se  non  aucun  a  qui  li  Normant  vou- 
loient  pour  pitié  pardoner  ;  et  secuterent  ceus  qui  fuyoient, 
et  les  prenoient  et  occioient.  La  masserie  de  lo  pape  et  de 
tout  li  soi»  et  li  trésor  de  la  chapelle  soe  lui  fu  levé  de 
ceus  de  La  Cité  (2). 

(i)  Guillaume  de  Fouille,  II,  ii5  sqq. 

m  Tcmpus  crat  triticcis  confine  meten Jis 
Frugibiis,  at  viridcs  nondum  Icgcrc  maniplos 
Agricols,  quos  Francigcnac,  quia  pane  carcbant, 
Igni  torrobant  et  vesccbantur  adustis.  » 

L'Anonyme  dk  Denévrnt  i!it  aussi  que  le  pnpc  s*cst  retire  à  Civitate 
pen  lint  la  bai;iille  —  Watthrich,  t.  I,  p.  iiic  ;  Malaterra,  I,  14  et 
GriLLAUME  DE  PouiLLK,  II,  V.  2  38,  suppo&.'nt,  a u  Contraire,  que  le 
pape  serait  reste  sur  le  champ  de  bataille  jusqu'à  la  défaite  de  tes 
troupes.  WiBERT,  II,  1 1,  confirme  la  donnée  d'Aimé. 

(2)  L'expose,  assez  laconique  du  reste,  qu*Aimé  fait  de  U  battille 


I3S 

Cap.  41.  Et  quant  ce  fu  fait  li  Normant  s^en  alerent  a 
lor  terre  ;  li  pape  avoit  paour  et  li  clerc  trembloient.  Et  li 
Normant  vinceor  lui  donnèrent  sperance,  et  proierent  que 
securement  venîst  lo  pape,  liquel  mèneront  o  tout  sa  gent 
jusque  a  Bonivenc,  et  lui  aministroient  continuelment 
pain  et  vin  et  toute  choze  neccessaire,  et  pour  ce  que 
Rodolfe  estoit  o  coultel  fist  archevesque  de  la  cité  Boo- 
garie(i). 

Cap.  42.  Et  o  la  favor  de  li  Normant  torna  a  Rome  a 
li  .X.  mois  (2)  puiz  que  avoit  esté  la  bataille.  A  li  .xiij. 
kalende  de  mai,  c'est  d'apvril  a  li  .xviiij.  jor,  fu  mort  et 
fist  molt  miracle  (3).  Et  lo  archevesque  de  Salerne  loquel 

I 

de  Civitate  est,  pour  le  fond,  en  harmonie  avec  ce  que  nous  savons 
par  ailleurs;  Guillaume  de  Fouille,  G.  Malaterra,  l'Anonyme  de 
Bénévent  ont  donné  plus  de  détails  que  n*en  fournit  Aimé,  mais  sans 
contredire  ses  assertions  sur  la  marche  et  Tissue  de  la  bataille  ;  ce 
fîeût  historique  est  en  définitive  un  des  mieux  connus  du  xie  siècle. 
Au  sujet  de  la  conduite  des  habitants  de  Civitate  à  l'égard  du  pape, 
Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  269  sqq.  écrit  de  son  côté  : 

«  Sed  cives  papam  non  excepere  decenter 
Normannis  veriti  grave  ne  victoribus  esset.  » 

(i)  Léon  IX  fit  son  entrée  à  Bénévent  cinq  jours  après  la  bataille 
de  Gvitate^  le  2  3  juin  io53,  et  resta  dans  cette  ville  jusqu'au  12  mars 
de  l'année  suivante.  On  s'est  demandé  si  le  pape  avait  été  à  Bénévent 
prisonnier  des  Normands  ou  s'il  était  .de  son  plein  gré  et  en  toute 
liberté  resté  dans  cette  ville.  Il  semblerait,  d'après  le  texte  d'Aimé, 
que  le  pape,  nourri  par  les  Normands,  ait  été  à  Bénévent  dans  une 
certaine  mesure  sous  leur  dépendance  ;  Hirsch,  l,  c,  p.  288,  exagère 
cependant  lorsqu'il  interprète  ces  paroles  «  o  la  favor  de  li  Normant 
torna  à  Rome  »  en  disant  que  le  pape  demanda  aux  Normands  la  per- 
mission de  revenir  à  Rome,  le  sens  est  plutôt  «  avec  le  concours  des 
Normands.  » 

(2)  C'est  vers  le  3  avril  1054  qu'il  est  rentré  à  Rome,  «  instanti 
paschali  tempore.  »  Hbrim.  Augibnsis,  C/tron.  ad  an.  1054. 

(3)  La  date  est  exacte,  Léon  IX  est  mort  le  19  avril  1054. 


134 

pour  les  absolvere  de  lor  péchiez,  et  pardonna  la  pcnancc 
que  pour  lor  pechié  dévoient  faire.  Et  lor  fait  la  croîz  et  lo 
commanda  de  boche  qu'il  aient  combatre  (i).  Raynolfeet 
Raynier  furent  eslit  principe  de  ceste  part,  liquel  levèrent 
en  haut  li  gofanon,  et  vont  devant  o  molt  grant  multi- 
tude de  gent,  mes  petit  de  Toudeschi  solement  les  secuta. 
Et  11  Normanifont  troizcompaingniez  desquelles  une  en 
est  régie  et  governcc  par  la  main  del  conte  Unfroy,  et 
l'autre  par  lo  conte  Ricchart,  et  a  la  tierce  par  Robert 
Viscart.  Et  li  Thodeschi  se  metent  Tescu  en  bras  et 
crollent  Tespëe;  et  li  Normant  et  hardi  coment  lyon 
prenent  la  haste.  Et  lo  conie  Richart  despart  li  Todeschi 
et  passe  parmi  eaux  ;  et  de  l'autre  part  fiert  lo-conte  Unfroy 
et  de  l'autre  entre  Robert  Viscart  ;  et  li  Thodeschi  se  rc- 
guardent  derrière  pour  veoir  lor  compaingnie;  mes  nul 
Longobart  venoit  après  eauz,  quar  tuit  s'enestoient  foui. 
Cestui  Todeschi  qui  iluec  se  troverent  furent  tuit  mort, 
nul  non  eschappa  se  non  aucun  a  qui  li  Normant  vou- 
loient  pour  pitié  pardoner  ;  et  secuterent  ceus  qui  fuyoient, 
et  les  prenoient  et  occioient.  La  masserie  de  lo  pape  et  de 
tout  li  soi,  et  li  trésor  de  la  chapelle  soe  lui  fu  levé  de 
ceus  de  La  Cité  (2). 

(i)  Guillaume  de  Fouille,  II,  ii5  sqq. 

m  Tempus  crat  triticcis  confine  metcndis 
Frugibus,  at  viridcs  nondum  Icgcrc  maniplos 
Agricols,  quos  Francigcnflc,  quia  pane  carcbant, 
Igni  torrcbant  et  vesccbantur  adustis.  » 

L*Anonymb  de  Denévknt  dit  aussi  que  le  pnpe  s*est  retire  à  Civitate 
pen  Innt  la  batnille  —  Watttrich,  t.  1,  p.  iiir,  ;  Malaterra,  1,  14  et 
GtMLLAiTME  DE  PouiLLK,  II,  V.  2  58,  suppos<:nt,  au  contraire,  que  le 
pape  serait  resté  sur  le  champ  de  bataille  jusqu*à  la  défaite  de  tes 
troupes.  WiBERT,  II,  1 1,  confirme  la  donnée  d'Aimé. 

(2)  L*cxposc,  assez  laconique  du  reste,  qu*Aimé  fait  de  la  bataille 


I3S 

Cap.  41.  Et  quant  ce  fu  fait  li  Normant  s^en  alerent  a 
lor  terre  ;  li  pape  avoit  paour  et  li  clerc  trembloient.  Et  li 
Normant  vinceor  lui  donnèrent  sperance,  et  proierent  que 
securement  venist  lo  pape,  liquel  mèneront  o  tout  sa  gent 
jusque  a  Bonivenc,  et  lui  aministroient  continuelment 
pain  et  vin  et  toute  choze  neccessaire,  et  pour  ce  que 
Rodolfe  estoit  o  coultel  fist  archevesque  de  la  cité  Boo- 
garie(i). 

Cap.  42.  Et  o  la  favor  de  li  Normant  torna  a  Rome  a 
li  .X.  mois  (2)  puiz  que  avoit  esté  la  bataille.  A  li  .xiij. 
kalende  de  mai,  c'est  d'apvril  a  li  .xviiij.  jor,  fu  mort  et 
fist  molt  miracle  (3).  Et  lo  archevesque  deSalerne  loquel 


de  Civitate  est,  pour  le  fond,  en  harmonie  avec  ce  que  nous  savons 
par  ailleurs;  Guillaume  de  Fouille,  G.  Malaterra,  TAnonyme  de 
Béncvent  ont  donné  plus  de  détails  que  n'en  fournit  Aimé,  mais  sans 
contredire  ses  assertions  sur  la  marche  et  Tissue  de  la  bataille  ;  ce 
fait  historique  est  en  définitive  un  des  mieux  connus  du  xie  siècle. 
Au  sujet  de  la  conduite  des  habitants  de  Civitate  à  Tégard  du  pape, 
Guillaume  de  Fouille,  II,  v.  269  sqq.  écrit  de  son  côté  : 

«  Sed  cives  papam  non  exceperc  decenter 
Normannis  veriti  grave  ne  victoribus  esset.  » 

(i)  Léon  IX  fit  son  entrée  à  Bénévcnt  cinq  jours  après  la  bataille 
de  Gvitate,  le  23  juin  io53,  et  resta  dans  cette  ville  jusqu'au  12  mars 
de  Tannée  suivante.  On  s*est  demandé  si  le  pape  avait  été  à  Bénévent 
prisonnier  des  Normands  ou  s'il  était  .de  son  plein  gré  et  en  toute 
liberté  resté  dans  cette  ville.  Il  semblerait,  d'après  le  texte  d'Aimé, 
que  le  pape,  nourri  par  les  Normands,  ait  été  à  Bénévent  dans  une 
certaine  mesure  sous  leur  dépendance  ;  Hirsch,  l.  c.  p.  288,  exagère 
cependant  lorsqu'il  interprète  ces  paroles  «  o  la  favor  de  li  Normant 
torna  à  Rome  »  en  disant  que  le  pape  demanda  aux  Normands  la  per- 
mission de  revenir  à  Rome,  le  sens  est  plutôt  «  avec  le  concours  des 
Normands.  >• 

(2)  C'est  vers  le  3  avril  1064  qu'il  est  rentré  à  Rome,  «  instant! 
paschali  tempore.  »  Hbrim.  Augibnsis,  C/tron.  ad  an.  1054. 

(3)  La  date  est  exacte,  Léon  IX  est  mort  le  19  avril  1054. 


I3é 

avoit  veue  celle  avision,  a  H  .v.  mois  et  vj  yde  de  sep- 
tembre fu  mort  (i). 

Cap.  43.  A  li  conte  de  Puille  vindrent  autre  frere  de  la 
contrée  de  Normendie,  c'est  assavoir  Malgere,  Gofrede, 
Guillcrme  et  Rogier  (2). 

Cap.  44.  Cestui  Gisolfe  de  loquel  nous  avons  devant 
parlé,  liquel  de  la  part  de  la  mère  estoit  nez  de  gent  vipe- 
rane  (3),  en  prime  comensa  a  estre  jovene  et  petit  a  petit 
comensa  a  vomir  lo  venin.  Molestament  soustint  la  mais* 
trie  de  so  oncle  Guide  et  lo  pensa  de  priver  de*  toute 
honor.  Et  toutes  foiz  il  estoit  en  Tornor  de  prince  par  son 
oncle  Guide,  quar  par  lui  Tavoit  eue.  Mes  pour  covrir 
ceste  iniquité  qu'il  vouloit  faire,  il  se  ordena  de  traire  de 
sajetc  et  faire  mal  a  doi  frères,  c*est  à  Mansone  et  a  Lyon. 

(i)  Cc8t  donc  le  8  septembre  1054  qu*Aimé  fait  mourir  Jean, 
archevêque  de  Salernc  ;  c'est  probablement  là  une  erreur,  car  G.  Pae- 
sano,  dans  Touvmge  déjà  cité  (cf.  supra,  p.  93,  note  i),  cite  un 
document  de  io37  dans  lequel  il  est  parlé  de  Jean  comme  occupant 
encore  le  siège  de  Salcme,  t.  1,  p.  11 2. 

(2)  Malaterra,  1,  i5,  dit  également  qu^après  la  bataille  de  Civi- 
tnte,  le  comte  Umfroy  s*occupa  d'établir  ses  frères  dans  l'Italie  du 
sud,  il  écrit  :  «  Duos  itaque  fratres  suos  comités  fecit  Malgerium 
Capitinatx,  Guillclmum  vcro  in  principatu.  Scd  Malgerius  moriens 
cum  omncm  comitatum  suum  Guilielmo  fratri  suo  reliquisset,  Gui- 
lielmus  Gaufrcdum  fratrem  suum  diligcns  sibi  concesait.  »  D'après 
ce  même  Malaterra^  I,  19,  Roger  ne  serait  venu  en  Italie  qu'après 
la  mort  d^Umfroy  et  lorsque  Robert  Guiscard  lui  avait  succédé 
comme  comte  de  Pouille. 

('^)  Nous  avons  vu  que  Guaimar  IV  avait  épousé  Gemma,  fille  du 
comte  de  Tcano,  Gisulfc  descendait  donc  des  comtes  de  Teano  par 
sa  mère,  et  comme  ces  comtes  c-taient  d'assez  mauvais  voisins  de 
Tabb.iye  du  Mont-Cassin,  Aimé  ne  se  gcnc  pas  pour  déclarer  que 
par  sa  mère,  le  nouveau  prince  de  Salerne  descendait  de  getU 
vipérane. 


137 

Et  toutes  voies  par  le  conseill  de  ces  .ij.  frères  Tonor  de 
li  frère  et  li  sien  avoient  esté  accressut.  Et  princement 
cesti  Gisolfe  esmutcil  de  la  cité  contre  ces  dui,  et  lor  pro- 
metoit  de  donner  lor  chozes.  Mes  pour  ce  que  ces  .ij. 
frères  avoient  Tajutore  de  lo  conte  Ricchart,  non  veoit 
cornent  ceste  cose  bonement  se  peust  faire  sans  Tajutore 
de  alcun  altre  de  li  Normant.  Adunque  a  ceste  cose  faire 
appella  Robert  frère  de  lo  prince  Ricchart,  et  li  promist 
par  sacrement  de  donner  lui  la  moitié  de  la  ricchesce  de 
ces  .ij.  frères;  et  cestui  estoient  moult  riche,  et  avoient 
grans  possessions.  Mes  ces  .ij.  frères  sorent  lo  conseill  qui 
estoit  fait  contre  eaux.  Et  après  de  la  cité  avoient  une 
roche  molt  secure  et  moult  fortissime  de  grant  manière, 
et  en  celle  roche  avoient  mise  lor  ricchece,  et  la  estoient 
la  ville  et  la  maison,  et  se.  partirent  de  lor  anemis,  et  lo 
bestiame  delquel  se  trovoient  abondance  sans  nombre. 
Toutes  foiz  remainstrent  vacant  et  gabe  de  ceux  qui  desi- 
deroient  de  faire  mal  a  la  persone  lor.  Partirent  toutes 
voies  quant  sesperoient  départir,  et  la  cose  qu'il  partirent 
fu  moult  petite.  Et  Richart  estoit  immobile  por  defifendre 
li  fidel  de  ceste  injure.  La  prospérité  de  Guide  estoit 
abassié  pour  lo  oppression  de  ces  .ij.  frères,  liquel  se  t&- 
noient  ensemble,  et  Gisolfe  son  neveu  ot  sa  compaingnie 
en  despit  (i). 

Cap.  45.  Et  vint  lo  conte  Umfre,  et  demanda  lo  don' 
quMl  soloit  avoir,  et  vint  o  son  frère  Guillerme,  demanda 
lo  chastel  qui  lui  fu  promis  o  sacrement.  Li  prince 
dampna  la  pétition  de  ces  .ij.,  et  onques  ne  les  vouloit 
voier,  ne  de  bone  et  alegre  face  non  lor  voust  plaisir.  Et 
se  partirent   ces   .ij.  frères  molt  corrociez  et  cerche  et 

(i)  Aimé  est  seul  à  parler  de  ces  premiers  actes  de  Gisulfe. 


I5S 

queroicnc  de  jvoîr  sdiiszajtioa.  Et  en  prime  donerent 
esmote  a  lo  cascel  i^  5a:r.:-N:charde,  ei  puiz  ront  dévo- 
rant lo  pnncipd:  :cu:.  E:  qujni  Gisolie  oî  ccsie  novelle 
que  Umrro:  e:  Guillirr/e  ilolent  easi  gastant  sa  terre  il 
s'en  tîsr  j;2S:ne  e:  non  s'en  ûsz  senon  rire  cl  tout  tint  a 
iîieu.  Niés  routes  loiz  prlstrecit  Castel-Viel  et  Facose-1^ 
Nove.  et  tou:e$  les  cités  qui  estoîent  après  chascun  jor  es- 
toient  assaillies,  ec  les  chozes  qui  estoîent  fors  des  murs 
furent  prises  et  destnictes.  Mes  quant  les  gens  des  chas- 
teaux  surent  ceste  destructioa.  il  garnirent  lor  terres  et 
lor  chastejux  de  murs  e:  de  palis,  et  lo  prince  corne 
jovencel  se  joe  dedens  les  murs  et  se  soiace. 

Cvp.  4Ô.  Ceste  ystoire  nous  dit  et  raconte  que  lo  conte 
Richan  vint  a  Saleme  et  demanda  lo  domp  que  Guay- 
marie  lui  soloit  donner.  Mes  il  ot  makment  son  enten- 
dement, ne  ce  qu*iî  demandoit.  quarporTor  qu*il  deman- 
doit  lui  turent  î:etée2  pierrez.  et  pour  li  cheval  lui  furent 
traites  saietes.  Et  Richan  conte  vît  ceste  deshonor  que  lui 
taisoit  lo  prince:  il  lui  manda  disant  qu'il  non  estoit 
digne  de  pierre  ne  de  saiettes.  quar  il  avoit  revengié  la 
mort  de  lo  père,  et  lo  tist  prince.  Lo  soir  lo  conte  ordena 
lo  agait,  et  lo  prince  che\'aucha  securement  au  matin,  et 
clama  li  jovencel  avec  lui  qui  portoient  fronde  et  arc  pour 
traire.  Et  li  chevalier  del  conte,  quant  il  ^nrent  que  lo 
prince  estoit  issut  de  la  cité,  par  fraude  commencèrent  a 
a  fouir,  et  ceauz  de  la  cité  de  Saleme.  liquel  estoîent  vestut 
de  dras  de  lin.  les  secutoient  jusques  au  lieu  ou  estoit  fiait 
res4:uait  :  et  cil  qui  laisoient  Tesguait  virent dl  de  Salerne, 
il  lor  c^rureni  sus.  et  cil  non  porent  fuîr.  et  alcun  se  jct- 
toreni  en  mer.  e:  ak'un  fu-ent  occis,  si  que  furent  mort 
.C.V.  ;  et  cest  tu  lo  premier  plor  de  li  Salernîtain  morant 
en  bataille    1  . 

(  I  ':  Les  revendications  d\i  comte  Je  Pou:lle  et  du  comte  J'Avcm 


139 

Cap.  47.  Puiz  que  fu  mort  li  pape  Lion  delquel  nouz 
avons  devant  parlé,  fu  fait  pape  lo  evesque  de  Estitanse  (  1  ), 
liquel  se  clamoît  Geobarde  ou  Victore  (2).  Cestui  pape 
Victore  fu  molt  cortoiz,  et  molt  large  et  fu  molt  grant  ami 
de  rempeor  ;  cestui  contre  la  chevalerie  de  li  Normant  non 
esmut  inémistié,  mes  ot  sage  conseil,  quar  il  fist  amixrable 
paiz  avec  li  Normant. 

Cap.  48.  Cestui  pape  ala  a  là  cort  de  Tempeor  pour  de- 
mander li  passage  de  la  terre  et  de  li  Arpe,  laquel  terre 
apartient  a  la  raison  de  Teglizede  Saint-Pierre  de  Rome; 
il  fu  honorablement  receu  de  lo  impeor^  et  lui  promist  lo 
impereor  de  faire  sa  pétition.  Mes  li  empeor  fu  malade,  et 
fu  mort,  et  fu  absolz  de  lo  pape  et  de  lo  patriarcha  de  pêne 
et  de  coulpe,  et  fu  enterres  ad  Spiram  où  estoit  souterré 
son  père,  et  fu  portez  de  Ponte-Feltro  o(^  avoit  esté 
mort  (3).  Etquantliempereor  fu  sousterrés  si  corne  nouz 

montrent  combien  la  puis^nce  des  Normands  avait  fait  des  progrès 
par  suite  de  la  défaite  des  troupes  de  Léon  IX  et  de  la  mort  de 
Guaimar  IV  ;  c'est  en  maîtres  qu'ils  parlent  à  Gisulfe,  Umiroy  prend 
San  Nicandro  à  Test  d'Eboli,  Castel-Vecchio  et  Paccosa-Nuova,  Ri- 
chard tue  les  soldats  de  Gisulfe  et  celui-ci  ne  peut  venger  de  telles 
attaques  et  de  tels  affronts  ;  si  le  prince  de  Salerne  a  été  un  souve- 
rain détestable^  il  faut  avouer  que,  dès  le  début,  sa  situation  vis-à- 
vis  des  Normands^  rapaces  et  insolents,  était  de  nature  à  l'irriter 
profondément, 
(i)  Eichstâtt,  évêché  de  Bavière. 

(2)  Gebhart^  évêque  d'Eichstâtt  qui  devint  pape  sous  lé  nom  de 
Victor  II  et  fut  sacré  à  S.  Pierre  de  Rome  le  i3  avril  io55,  près 
d'un  an  après  la  mort  de  Léon  IX. 

(3)  II  est  certain  que,  durant  son  court  pontificat,  Victor  II  n'eut 
pas  de  démêlés  avec  les  Normands;  mais  peut-être  aurait-il  fini, 
s'il  avait  vécu  plus  longtemps,  par  se  brouiller,  lui  aussi,  avec  eut  ; 
les  Annales  Romani  disent  qu'en  allant  ainsi  trouver  l'empereur, 
Victor  II  voulait  obtenir  son  concours  pour  chasser  les  Agarenos, 
c'est-à-dire  les  Normands  ;  Aimé  croit  que  le  pape  revendiquait  sim- 


I40 

avons  dit  devant.  li  pape  Victor  s'en  torna  a  Rome,  et 
puiz  poi  de  temps  après  fu  mort  et  s^en  ala  a  Jesu- 
Christ  II). 

Cap.  49.  En  celui  temps  fu  mort  lo  abbé  Richier  de 
Mont  de  Cassin  (2).  Et  a  cestui  abbé  Richier  succedi 
Pierre  religious  moine,  mes  non  fu  trop  expen  de  chozes 
seculeres.  Et  pour  ce  que  pape  Victor  lo  reprennoit  des 
chozes  seculeres  desquelles  il  o  non  curoit,  il  renuntia  a 
la  croce  et  a  la  dignité  d'oestre  abbé  (3).  Laquelle  croce  et 

plcment  comme  possessions  du  Saint-Siège,  les  défilés  du  pays 
d*Arpino,  au  sud  de  Sora,  c'était  bien  peu  de  chose  en  vérité.  Qyoi 
qu'il  en  soit,  Victor  II  am\*a  le  8  septembre  io56  à  Goslar  auprès 
de  Henri  III,  et  celui-d  mourut  à  Bodfeld  (Ponte-Feltro)  le  5  octobre 
de  la  même  annexe,  et  fut  en  effet  enseveli  àcdté  de  set  ancêtres,  dans 
la  cathédrale  de  Spire. 

(i)  Victor  II  est  mort  à  Arezzo,  en  Toscane,  le  a8  |uillet  loSy,  le 
texte  d*Aimé  laisserait  croire  qu*il  est  mort  à  Rome. 

(a)  Richer,  abbé  du  Mont-Cassin  est  mort  le  11  décembre  io55; 
Léo  de*  Marsi,  II,  88. 

(3)  Léo  de*  Marsi,  H,  89,  90,  91,  ga,  qui  donne  sur  Tabbé  Pierre 
de  curieux  détails  et  qui  parait  bien  informé,  explique  autrement  la 
démission  de  cet  abbé  du  Mont-Cassin.  11  dit  que  le  pape  Victor  II 
vit  de  mauvais  oeil  son  élection,  parce  qu'elle  avait  eu  lieu  sans 
Tagrémcnt  du  Saint-Siège  et  sans  celui  de  Tempereur  et  qu'il  envoya 
au  Mont-Cassin,  au  mois  de  mai  1037,  Tévêque  Humbert  avec  k 
mission  de  faire  une  enquête.  Les  témoignages  recueillit  par  le  l^t 
Humbert  furent  favorables  à  Tabbé  Pierre  et  Ton  pouvait  espérer 
qu*il  garderait  la  crosse  abbatiale,  lorsque  quelques  religieux  du 
Mont-Cassin,  persuadés  que  le  pape  voulait  porter  atteinte  à  leur 
iiroit  dVlirc  librement  leur  abbé,  excitèrent  un  soulèvement  parmi 
les  vassaux  du  Mont-Cassin.  Ils  accoururent  à  Tabbaye,  armét  et 
menaçant  des  effets  de  leur  colère  quiconque  voudrait  leur  enlever 
leur  abbé;  devant  une  telle  mise  en  demeure,  le  légat  Humbert 
n*hésita  pas  et  fit  comprendre  à  Pierre  qu*il  devait  donner  immédia- 
tement sa  démission  et  celui-ci  se  résignant  déposa  ta  crotte  tur 
l'autel  de  S.  Benoît.  —  La  bulle  adrestée  ensuite  par  Victor  II  au 


141 

dignité  prist  lo  cancellier,  liquel  estoit  noble  home  et 
moine  de  cellui  meismes  monastier.  Et  quant  il  fu  eslit 
d^estre  abbé,  il  atendoit  la  bénédiction  de  lo  pape  ;  mes  lo 
pape  Victor  fu  mort.  Et  après  lui  fu  eslit  cestui  abbé  pour 
estre  pape  et  fu  clamez  pape  Stéphane  (  i ). 

Ca.p.  5o.  Nous  trouvons  en  ceste  cronica  que  cestui  abbé 
avant  qu*il  fust  pape  si  esmovoit  toute  la  gent  qu^il  pooit 
avoir,  et  faisoit  son  pooir  de  destruire  li  Normant;  puiz 
qu'il  fu  pape  o  toute  la  mort  soe  pensa  de  les  destruire. 
Mes  pource  que  la  mort  lui  estoit  voisine,  non  pot  complir 
sa  volenté.  Et  pour  ce  qu'il  non  avoit  plenement  argent 
pour  ce  faire,  fu  mis  main  a  lo  trésor  de  Saint-Benedit. 
Et  pour  cest  trésor  voloit  scomovere  son  frère  qui  se 
clamoit  Gotherico  et  autre  grant  home  a  destruire  li  Nor- 
mant. Et  ceste  choze  non  estoit  faite  par  consentement  de 
li  frère,  se  non  tant  seulement  que  lo  savoit  lo  propost  et 
lo  deen  (2). 

successeur  de  l'abbé  Pierre,  —  Migne,  Pair,  lat.j  143,  p.  83 1,  — 
montre  que  la  version  de  Léo  de*  Marst  est  la  vraie,  car  cette  bulle 
n'admet  même  pas  la  validité  de  l'élection  de  l'abbé  Pierre. 

(i)  Le  22  mai  1057,  l'abbé  Pierre  avait  renoncé  à  sa  dignité  et  le 
lendemain,  Frédéric  de  Lorraine,  frère  du  duc  Gottfried,  fut  élu  en 
chapitre  abbé  du  Mont-Cassin  ;  Victor  II,  heureux  de  cette  élection, 
nomma  le  nouvel  abbé,  cardinal  le  14  juin  loSy,  et  le  24  du  même 
mois,  jour  de  S.  Jean-Baptiste,  il  le  sacra  de  ses  propres  mains. 
Aimé  est  donc  dans  Terreur  en  disant  que  la  mort  a  empêché  Victor  II 
de  sacrer  (bénir)  Frédéric  de  Lorraine  (Léo  de'  Marsi,  II,  93). 
Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  Victor  II  mourut  peu  après  ce  sacre, 
le  28  juillet  1057  et,  le  2  août  de  la  même  année,  ce  même  Frédéric 
de  Lorraine  lui  succédait  et  prenait  le  nom.d*Etienne  IX. 

(2)  Aimé  avait  déjà  fait  connaître,  cf.  supra,  III,  24,  39,  les  senti- 
ments hostiles  de  Frédéric  de  Lorraine  contre  les  Normands,  avant 
qu'il  ne  devint  pape.  Au  sujet  de  ce  trésor  du  Mont-Cassin,  réclamé 
par  le  pape  Etienne  IX,  Léo  de'  Marsi,  II,  97,  écrit  :  «  Disponebat 


142 

Cap.  5i.  Et  la  nuit  quant  lo  trésor  fu  enporté,  un 
moine  de  Tabbaie  vit  ceste  révélation  en  somne.  Et  lui 
cstoit  avis  qu'il  veoit  desouz  Tautel  ou  gist  saint  Benoit 
avec  sa  suer,  laquelle  se  clamoit  sainte  Scolastice,  issoit 
un  moine  deschauz  et  la  teste  descovene,  et  ploroit  forte- 
ment, et  disoit  qu'il  estoit  desrobé  et  toutes  ces  chozes  lui 
cstoicnt  levées  ;  et  s'en  vouloit  aler  reclamer  a  la  justice. 
Et  un  moine  le  secutoit  et  lui  disoit  qu^il  non  plorast, 
quar  il  lui  prometoit  de  raporter  lui  lo  trésor  qui  lui  avoit 
esté  levé,  et  disoit  que  celui  estoit  concedut  de  la  pitié  de 
Dieu  que  nul  home  ne  te  lo  puet  lever.  Et  après  ce  se  res- 
veilla  lo  frère,  et  dist  ceste  avision  a  molt,  et  ensi  ce  qui 
avoit  esté  fait  abscoiisement  vint  publiquement.  Et  dist 
ccstui  moine  escriptor  et  exponitor  de  ceste  cronica  que 
bien  estoit  certain  et  secur  que  celui  moine  qui  confortoit 
Tautrc  moine  qui  ploroit  que  ce  fu  saint  Benoit,  par  laquel 
mérite  et  ordination  lo  trésor  qui  en  estoit  porté  de  lo  mo- 
nastier,  si  coment  je  vouz  ai  devant  dit,  fu  retorné  puiz 
la  mort  de  lo  pape  (i). 

Cap.  53.  Cestui  capitule  si  dit  en  que  quant  cest  pape, 
liquel  avoit  este  avant  abbé  de  lo  monastierdemisire  saint 

nutcm  fratri  suo  duci  Gutfrido  apud  Tusciam  in  coUoquium  jungi  d 
que  ut  fcrebatur  impcrialcm  coronam  largiri  ;  demum  vcro  ad  No^ 
mannos  Itulia  cxpcllcndus  qui  maximo  illi  odio  crant,  una  cum  eo 
rcvcrti.  »  Aime  dit,  ce  qui  n*cst  guère  probable,  que  le  duc  Gotl- 
fri'.'d  connaissait  les  projets  du  pape,  mais  navait  pas  promis  de  les 
seconder. 

(i)  Il  y  a  dans  Léo  de*  Marsi,  H,  97,  le  récit  d'une  viùon  à  peu 
près  semblable  et  sur  le  même  sujet  ;  mais  dans  Léo  de'  Marti,  ce 
ne  sont  pas  deux  moines  inconnus,  c*cst  S.  Benoît  et  St^  Scholas- 
tique  qui  pleurent  parce  que  le  pape  a  fait  enlever  le  trésor  du  Mont- 
Ctiïsin.  Aimé  dit  que  le  trésor  ne  fut  rendu  à  Mont-Caasin  qu'après 
la  mort  d'l£ticnne  IX,  tandis  que  Léo  de*  Marsi  rapporte  que  ce  pope 
le  renvoya  lui-même  à  Tabbaye,  avant  de  passer  de  vie  à  trépas. 


143 

Benedit  de  Mont  de  Cassîn,  vindrent  a  la  ultime  terme 
de  sa  mort,  les  frères  qui  estoient  avec  lui  en  compaingnie 
et  lui  demandèrent  conseil  qu'il  lui  plaisoit  qui  fust  abbé 
de  lo  devant  dit  monastier  de  Saint-Benoît  après  sa  mort. 
Et  respondi  cil  loquel  estoit  pape  et  abbé  del  dit  monas- 
tier, que  cellui  del  covent  de  li  moine  a  cui  il  auront  plus 
grant  dévotion  qu'il  soit  abbé,  cellui  sera  le  meillor.  Et 
puiz  si  dist  li  dit  meisme  pape  :  c  Comment  ce  soit  choze 
que  je  ay  eues  dui  dignités  molt  grandes  en  la  sainte 
eglize  de  Dieu,  tout  soit  ce  choze  que  je  non  estoie  digne, 
je  sui  tenut  de  ces  dui  grandes  et  excellentes  rendre  raison 
jusque  a  la  ultime  quadrante,  c'est  a  la  plus  petite  monoie 
qui  se  trove,  devant  un  destroit  juge  liquel  me  demandera 
l'usure,  w  Et  ce  est  a  entendre  que  es  une  manière  de  mesure 
de  pain  laquelle  mesure  de  pain  est  encoire  a  Rome,  et  se 
clame  justice.  Et  pour  ce  se  clame  justice,  quar  est  un  pain 
partut en  quatre  parties;  eten  celluitempscelluipain  valoit 
un  denier,  si  que  lo  povre  home  en  pooit  dui  foiz  ou  quatre 
mengier,  si  que  la  ultime  quadrante,  la  quarte  part  d'un 
denier  petit.  Et  en  aucune  part  se  trove  que  une  géné- 
ration de  meallezde  liquelle  se  trove  quatre  por  un  denier. 
Et  pour  ce  dist  lo  pape  que  de  ces  .ij.  grans  et  excellentes 
offices  de  la  eglize  de  Dieu  lui  covenoit  rendre  rayson 
jusque  a  lo  plus  petit  denier  qui  se  trove  par  tout  lo 
monde,  dont  li  bon  pape  non  vouloit  grever  Tarme  soe. 
Et  puiz  si  dist  :  «  Quar  quiconques  est  clamé  a  si  hautes 
offices  et  excellentes  de  la  sainte  Eglize  de  Dieu  non  doit 
amer  nulle  choze  se  non  Dieu.  Et  pour  ce  ipe  pert  et  me 
plaist  bien  que  cellui  qui  es^  plus  amé  soit  fait  abbé.  » 
Et  puiz  si  dist  :  a  Coment  se  soit  chozes  que  frère  Desi- 
dere  soit  plus  amé,  je  vouz  conseille  que  de  lui  faciès 
vostreabbé  et  pastor,  quar  il  est  de  noble  gent  et  de  bones 
costumes.  »  Et  quant  li  frère  entendirent  lo  conseil  et  la 


volenté  de  cestui  pape  et  abbé,  cil  qui  ploroient  por  sa 
mort  orent  grant  joie  et  furent  tuit  reconfortez  en  Dieu, 
et  furent  liez  et  joians  cil  qui  estoient  tristez  et  dolent  de 
la  mort  de  lor  bon  père  et  pastor  ;  tuit  furent  réconfortés 
en  la  vie  de  cellui  quMl  dévoient  eslire  pour  estre  lor  père 
et  lor  abbé.  Et  quant  li  papes  ot  ensi  parlé  cornent  je  vouz 
ay  dit,  et  ordené  avec  ses  frères,  la  maladie  lui  enforza,  et 
trespassa  de  ceste  mortel  vie  et  s'en  ala  a  la  miséricorde 
de  lo  nostre  Salveor  Jsbu-Crist  (i).  Et  quant  li  pape  et 
abbé  fu  enterrez  honorablement  a  Saint-Pierre  de  Rome, 
si  coment  il  est  usance  de  faire  honor  au  saint  père  (2), 
ses  frcres  moines  liquel  estoient  avec  lui  s^en  retornerent 
a  lor  abbeie  de  monseignor  saint  Benedit  de  Mont  de 
Cassyn,  et  ra portèrent  tôt  le  trésor  loquel  il  en  avoient 
porté  de  lo  saint  monastier  (3).  Et  quant  li  frère  furent 
venus  audit  monastier,  il  annoncierent  a  lor  autres  frères 
la  mort  de  lor  pape  et  abbé,  et  lor  distrent  coment  li  pape 
lor  avoit  donné  en  conseil  qu^il  feissent  abbé  de  frère  Desi- 

(i)  Lbo  de*  Marsi,  ni,  9,  qui  a  également  rapporté  ces  divers  inci- 
dents est,  sur  plusieurs  points,  en  désaccord  avec  Aimé.  U  place  aux 
environs  de  la  Nocl  et  au  Mont-Cassin,  la  réunion  des  moines  pré- 
sidée par  le  pape,  dans  laquelle,  du  consentement  de  ce  dernier) 
Désidère  ou  Didier  fut  <îlu  futur  abbé  du  Mont-Cassin.  Etienne  IX 
étant  mort  le  29  mars  io58,  cette  réunion  n*a  donc  pas  eu  lieu  «  à 
la  ultime  terme  de  sa  mort  »  ;  en  outre,  les  moines  n'ont  pas  eu  à 
revenir  au  Mont-Cassin  après  la  mort  d'Etienne  IX  pour  annoncer  le 
résultat  de  la  conférence^  puisqu'elle  avait  eu  lieu  à  l'abbaye  même 
et  plusieurs  mois  avant  le  décès  du  pontife.  Aimé  et  Léo  de'  Marsi 
sont  du  moins  d*accord  pour  affirmer  qu'Etienne  IX  voulut  rester 
jusqu'à  sa  mort  abbé  du  Mont-Cassin,  tout  en  approuvant  qu'on  lui 
donnât,  après  sa  mort,  pour  successeur,  l'abbé  Didier. 

(2)  Etienne  IX  ne  fut  pas  enterré  à  S.  Pierre  de  Rome,  mais  dans 
réglisc  de  Santa  Reparata,  à  Florence. 

(3)  Nous  avons  vu  que  d'aprèà  Léo  de'  Marsi,  le  trésor  aurait  été 
rapporte  au  monastère,  du  vivant  d'Etienne  IX. 


145 

dere,  liquel  estoit  plus  amé  :  mes  estoit  ensi  que  cestui 
frère  Desidere  estoit  alez  en  Costentinople  a  lo  empeor, 
ambassator  por  lo  pape,  mes  H  frère  de  lo  monastier  tout 
maintenant  a  grant  joie  mandèrent  a  frère  Desidere  que 
li  papes  estoit  mort,  et  que  sans  demorance  s'en  venist. 
Et  quant  frère  Desidere  entendi  li  mandement  de  ses 
frères,  il  se  mist  en  mer  et  vint  jusque  après  de  Rome,  et 
puiz  ot  lo  vent  contraire  qui  le  retorna  jusques  au  Bar. 
Et  iluec,  de  sez  frères  qui  Tatendoient  et  a  grant  joie  lo 
rechurent,  et  la  fu  faite  la  élection  secont  lo  commande- 
ment de  lo  pape.  Et  en  lo  jor  de  la  pasca  de  la  Résur- 
rection monta  a  Mont  de  Cassin,  et  li  moine  o  grant  joie 
et  loant  Dieu  lo  firent  abbé  (  i  ) .  Mes  vouz  qui  ceste  ystoire 


(i)  D*aprè8  Lbo  de*  Marsi,  III,  g,  Etienne  IX  était  encore  au  Mont- 
Cassin  lorsque  Didier  partit  pour  Constantinople  avec  les  deux 
autres  légats,  le  cardinal  Etienne  et  Mainard,  promu  nouvellement  à 
révéché  de  Silva-Candida,  par  conséquent  en  février  ou  dans  les 
premiers  jours  de  mars  io58  ;  il  s*embarqua  à  Siponto,  sur  im  navire 
qui  se  rendait  à  Ban,  où,  retenu  par  des  vents  contraires,  il  envoya 
un  messager  au  Mont-Cassin  dire  qu'il  n'avait  pas  encore  pu  partir 
pour  Constantinople.  Comme  on  avait,  sur  ces  entrefaites,  appris  au 
Mont-Cassin  la  mort  du  pape,  deux  frères  furent  en  toute  hâte 
envoyés  à  Bari,  annoncer  cette  nouvelle  à  Didier  et  lui  mander  de 
revenir.  Il  revint  en  effet,  et,  le  jour  de  Pâques,  19  avril  io58,  il 
était  élu  abbé  du  Mont-Cassin  et  prenait  possession  de  sa  charge.  Ce 
rédt,  on  le  voit,  diffère  sur  plusieurs  points  de  celui  d*Aimé  ;  il 
n*est  guère  admissible  qu*à  la  nouvelle  de  la  mort  du  pape,  Didier, 
alors  à  Bari  selon  toute  apparence,  ait  songé  à  venir  à  Rome  par  la 
voie  de  mer,  pourquoi  à  Rome  et  comment  par  mer  ?  l'édition  de 
ChampoUion  portait  par  erreur  «  et  puiz  ot  lo  vent  contraire  qui  le 
retorna  jusques  au  bas  »  le  manuscrit  porte  «  jusques  au  Bar,  »  c'est- 
à-dire  jusqu'à  Bari  où  nous  avons  vu  en  effet  que,  d'après  Léo  de' 
Marsi,  Didier  était  venu  par  mer  sur  un  navire  de  Siponto.  Je  serais 
porté  à  croire  que  tout  ce  passage  a  été  mal  compris  et  mal  rendu 
par  le  traducteur. 

10 


14^ 

lizics,  notés  ceste  parole  que  jamaiz  home  fust  pape  et 
abbc,  quar  mais  non  se  recorde  que  home  qui  fiist  fiait 
pape  se  reservast  la  dignité  laquelle  avoit  eue  devant,  nul 
non  s'en  trove  qui  fust  archevesque  et  pape  ensemble,  ou 
cardinal  et  pape,  fors  solement  cestui  qui  fu  pape  et  abbé, 
mes  force  qu^il  vesqui  tant  petit  de  temps  qu^il  non  pot 
ordener  a  sa  volenté  autre  abbé;  ou  fu  traittement  qu^il 
fu  abbé  tant  que  lo  fust  abbé  Desidere  de  loquel  Pestoire 
parle  après  (  i  ) .  Or  dit  ensi  H  escriptor  et  li  translatator  de 
ceste  cronica,  quMl  veult  dire  Tordre  de  la  conversation  et 
la  prospère  subcession  de  cestui  abbé,  kar  se  non  laissa  de 
dire  la  nativité  et  la  vie  de  li  autre  home,  coment  se  veult 
tacer  de  cestui  qui  fu  abbé  et  père  de  lo  monasticr  dont  il 
meismes  estoit  moines?  Et  espccialment  qu^il  fu  tel  et 
tant  qu'il  est  digne  choze  d'escrivre  de  lui,  quar  il  fu 
molt  gentilhome  et  fu  son  pore  conte  de  Bonivent  (2)  et 
touz  temps  fu  norri  de  gentil  gent  et  fu  enseingniez  de 
bones  costumes;  et  quant  son  perc  fu  mort,  il  toute  Tonor 
de  estre  conte  prist  et  tout  lo  héritage.  Et  la  mcre,  pour 
ce  que  elle  non  avoit  plus,  consentoit  a  son  filz  ce  qu^il 
vouloit.  Et  cestui  prenoit  et  que  la  mère  avoit  et  donnoit 
a  li  povre  continuelmcnt,  et  de  son  preciouz  vestement 
covroit  li  povre.  Et  quant  sa  mère  vit  tant  substrattion  de 
sa  richcscc,  por  non  destorbcr  lo  de  faire  sa  volenté  et  son 


(1)  C'est  une  erreur  ;  bien  des  papes,  nu  moyen  ftgc,  ont  gardé  après 
leur  avènement  sur  le  Saint-Sicge,  des  bdncticcs  qu*ils  avaient  aupa* 
ravant,  abbayes,  cvcchés,  archevêchés. 

(2)  Lko  dk*  Marsi,  III,  I,  dcrit  :  «  Is  ex  nobilissima  Bcncventano- 
rum  principum  origine  sanguinis  lincim  duccns.  »  Son  père  n'était 
cependant  pas  prince  souverain  de  Bénévent;  il  faisait  seulement 
partie  de  la  famille  princicrc.  Nous  savons  par  Lio  de*  Marsi,  III,  1| 
qu'il  fut  tu(3  dans  une  rencontre  avec  les  Normands,  et  lorsque  le 
futur  abbé  du  Mont-Cassin  était  encore  bien  jeune. 


147 

plaisir,  lui  leissoit  faire  tout  ce  qu^il  vouloit,  quar  molt 
Tamoit  de  grant  amour,  quar  bien  avoit  rayson  de  amer 
de  bon  cuer  tant  et  tel  saint  et  bel  et  bon  et  gentil  joven- 
cel,  et  especialment  qu'il  estoit  son  filz,  et  plus  non  avoit; 
et  si  non  estoit  nul  home  ne  famé  qui  lo  coneust  qui  non 
Tamastde  bon  cuer.  Et  quant  li  parant  de  son  père  virent 
et  sa  mère  que  cestui  jovencel  estoit  si  large  et  plein  de  si 
grant  charité,  il  s'asemblerent  ensemble  et  pristrent  con- 
seil de  donner  lui  famé  pour  moillier.  Mes  lo  corage  et  la 
volenté  de  lo  jovencel  estoit  molt  loing  de  faire  cest  ma- 
riage, et  comensa  a  concevoir  et  a  penser  en  son  cuer  quel 
fruttedevoit  parturir.  Quant  il  vit  que  lo  mariage  se  devoit 
apareiller,  et  que  la  mère  et  li  parent  estoient  assemblez 
pour  faire  lo  mariage  et  pour  lui  donner  famé,  il-  s'en  foy 
a  lo  hermitageou  ildesirroitdeester,  etdespoille  li  noble 
et  riche  vestement  qu'il  avoit  devant,  et  se  vesti  de  sac 
comme  hermite.  Et  quant  la  mère  et  li  parent  furent  asem- 
blés  pour  faire  lo  mariage,  il  fu  cerchié  par  la  cité  et  par 
la  conté,  mes  il  non  se  pot  trover,  quar  il  estoit  en  la 
montaingne  de  lo  hermitage.  Et  quant  li  parent  sorent 
qu'il  estoit  là,  il  i  alerent  et  lo  troverent  vestu  de  sac  corne 
un  hermite  cellui  qui  souloit  estre  vestu  et  adorné  de 
paille  de  or.  Et  quant  il  le  virent  ensi  vestu,  il  lui  osierent 
et  despollerent  cellui  vestement  et  lo  vestirent  autrement; 
et  ramenèrent  a  sa  mère,  qui  molt  estoit  dolente,  pour 
réconforter  sa  dolor  (  i  ).  Et  li  parent  pensèrent  de  faire  lui 
muer  son  proposement  a  cestui  jovencel.  Mes  il  pensa  de 
estre  fort  en  son  proposement.  Li  parent  li  cercherent 

(i)  Léo  de*  Marsi,  III,  2,  3,  4,  a  aussi  raconté  cette  fuite  du  jeune 
homme  au  désert,  chez  un  ermite  du  nom  de  Santari  ;  une. moine 
du  nom  de  Jaquinto  lui  donna  son  concours  dans  cette  tentative 
d'évasion.  Les  deux  récits  de  Léo  et  d'Aimé  sont  identiques  pour  le 
fond. 


148 

famcz  les  plus  belles  qu^ils  porent  trover,  lesquelles 
estoient  avec  lui  de  nuit  et  de  jor  et  a  boire  et  a  mengier, 
pour  savoir  s'il  preist  amor  ne  délectation  de  famé  car 
nclle,  et  lo  pcussent  retorner  de  son  opinion  et  de  sa 
volenté  ;  mes  lo  jovencel  o  la  vertu  de  Dieu  pense  en  son 
cuer  de  garder  a  Dieu  sa  chastee.  Et  orent  conseil!  li 
parent  de  faire  les  noces,  ordinant  lo  jor,  et  entrèrent  li 
espouse  et  li  cspoux  ensemble  en  chambre.  Mes  jà  non  fu 
entre  il  doi  parole  de  luxure  ne  alcune  volenté  de  la  pan 
de  li  saint  jovene;  quar  Jshu-Christ  liquei  combatoit 
pour  son  servicial  (i).  Et  puizqueli  parent  virent  et  sen- 
tirent  ce,  lo  gardèrent  qu'il  non  retomast  a  son  propose- 
mcnt.  Mes,  comme  dist  TEscripture,  non  est  conseiii 
contre  Dieu  (2),  quar  li  seignor  Dieu  Jshu-Christ  compli 
la  volenté  de  lo  saint  et  bon  jovene  ;  quar  il  Dieu  Tavoit 
pris  pour  hostie  sanz  macule.  Et  pour  ce  li  devant  bon 
jovene  prist  lo  habit  de  coi\versation  ;  c^est  que  lo  habit 
de  conversation  est  avant  qu'il  feist  profession  en  Sainte^ 
Sophie  de  Bonivent  ;  mes  en  Teglise  de  Saint-Benedit  de 
Mont-Cassin  prisi  la  grâce  de  consécration.  Et  pour  la 
grant  obédience  et  pure  humilité  que  avoit  la  grâce  et  la 
bénignité  de  lo  pape,  et  lui  concedi  a  ce  qu^il  avist  amistié 
et  toute  poesté  avisse  de  grant  home  a  recevoir  lo  tribut 
de  toute  la  province.  Et  alant  a  Rome  pour  soi  faire  con- 

(1)  «  Intactam  sponsam,  matrem  patriamque  propinquos 

Spcrncns  hue  propero,  monachus  cfiicior.  » 

Ces  doux  vers  «.le  I  cpitaphe  qu*on  écrivit  plus  tard  sur  le  tombeau 
de  Didier  (Wattericm,  t  I,  p.  570),  confirment  la  véracité  de  ce 
récit  d'Aimé.  I.co  de*  Marti  se  contente  d'cîcrirc  :  III,  3,  «Nullutque 
illi  nequc  de  nuptiis  nequc  de  actu  aliquo  mundiali  persuadere  ali- 
quatcnus  yxituit.  » 

(2)  ti  Non  estsapientia,  non  est  prudentia,  non  est  consilium  oontni 
Doininum.  »  Pîw.  XXI,   So, 


149 

secrer  abbé,  fu  fait  de  lo  pape  abbéetprestre  cardinal  (i). 
Et  ensi  cestui  fut  fait  cardinal  et  abbé  ensemble.  Et  puiz 
toma  toute  sa  cure  en  accroistre  la  religion  de  lo  monas- 
tier,  et  noblement  enrichi  et  aorna  lo  eglize  et  ot  en  despit 
Tor  et  Pargent.  Et  tuit  li  sage  home  et  bon  clerc  qu^il 
pooit  trover  assembloit  en  son  eglize,  a  ce  que  son  eglize 
fust  adornée;  mes  tant  plus  despendoit  a  faire  honora 
Dieu,  tant  plus  les  chozes  del  monastier  multiplicoient.  Et 
autres!  toutes  lescoses  qui  estoient  por  chaier  les  fist  rehe- 
difier  et  faire  toutes  noves.  Et  pour  ce  qu'il  non  trova  in 
Ytalie  homes  de  ccst  art,  manda  en  Costentinnoble  et  en 
Alixandre  pour  homes  grex  et  sarrazins,  liquel  pour  aor- 
ner  lo  pavement  de  lo  eglize  de  marmoire  entaillié  et 
diverses  paintures,  laquelle  nous  clamons  opère  de  mosy, 
ovre  de  pierre  de  diverses  colors  (2).  Et  la  nonor  dePeglize 
cressoit  de  jor  en  jor  avec  la  religion,  et  jamaiz  la  posses- 
sion de  lo  monastier  non  se  gastoit,  et  molt  est  monte- 
ploié  pour  la  offerte  de  li  Normant.  Mes  se  je  vouloie 
escrivre  toutes  les  bones  coses  que  fist  cest  saint  et  bon 
abbé,  trop  longue  cose  seroit.  Mes  qui  voudra  savoir  tout 
lo  bien  qu'il  fist  a  lo  monastier,  voise  un  jor  sollempnel, 
et  il  porra  veoir  lo  bien  qu'il  fist  a  lo  hedifice  et  en  lo 
trésor  de  Teglize,  quar  toutes  les  chozes  que  tu  verras  en 

(i)  Ce  ne  fut  pas  à  Rome,  mais  à  Osimo  que,  le  6  mars  loSg, 
Didier  fut  sacré  par  le  pape  Nicolas  II,  cardinal-prêtre  ad  titulum 
sanctce  Cœciliœ  et  abbé  du  Mont-Cassin.  Léo  dé*  Marsi,  III,  i  a  ; 
voyez  dans  Migne  :  Patr,  lat.,  t.  143,  col.  i3o5  sqq.,  la  bulle  de 
Nicolas  II,  donnée  à  cette  occasion,  et  confirmant  les  possessions  et 
privilèges  du  Mont-Cassin. 

(a)  Dans  les  premiers  chapitres  du  1.  III,  Léo  de*  Marsi  a  donné 
d*amples  détails  sur  les  travaux  d'architecture,  de  sculpture,  de 
mosaïque,  que  Didier  fit  exécuter  au  Mont-Cassin.  11  dit,  comme 
Aimé,  que  l'intelligent  abbé  fit  venir  des  mosaïstes  de  Constan- 
tinople. 


la  église  ou  sont  acquestées  par  lui  ou  sontrenovelées.  Et 
par  exemple  de  cestui  abbé  molt  s^efforccrent  de  appa- 
reiller lor  choses  en  la  manière  qu^il  faisoit,  et  gardoient 
a  sa  maistrise  aucuns  a  faire  bel  hediiice,  et  se  delittoient 
de  lor  habitation  adorner.  Et  molt  abbés  se  combatoient 
de  deffendre  les  coses  de  Peglize  avec  chevaliers  et  armes  ; 
mes  cestui  abbé  estant  avec  la  congrégation  de  li  moine 
vainchoit  tuit  si  anemi  et  deffendoit  la  possession  de 
Teglize.  Et  de  bone  volenté  lui  sont  donnez  li  trevage.  Et 
a  ce  quMl  non  fust  sanz  langue  en  carité  ou  en  parler  par 
letre,  cestui  liquel  estoit  premerement  abbé,  estoit  li  plus 
sages  de  touz  li  monastier,  et  evesque  (  i  )  et  cardinal  de 
cort  de  Rome.  Et  quant  il  estoit  autresi  corne  de  .xl.  ans, 
il  aprist  plenement  grammaire  et  retorica  en  tel  manière 
qu^il  passa  touz  ceux  qui  cestc  science  avoient  de  lor  ju- 
ventute  estudiée.  Et  qui  lo  veut  savoir  coment  fu  amagis 
tré,  garde  a  lo  cant  q.uil  componi  de  saint  Mauor  confesser, 
et  de  lo  livre  de  lo  dyalogue  en  loqucl  est  la  delictance  de 
la  régule  de  Tart  de  grammeire,  et  con  voce  de  concor- 
dance de  un  son  iluec  verra  sa  science  (2).  Et  dist  cestui 
moine  liquel  compila  ceste  ystoire  :  «  Je  desirre  de  morir 

(i)  Didier  n'était  pas  évêque;  il  n'était,  à  l'époque  dont  parle  Aimé, 
que  cardinal-prêtre  et  abbé  du  Mont-Cassin,  sans  avoir  le  caractère 
épiscopal. 

(2)  «  De  miraculis  praeterea,  quae  a  b.  Benedicto  et  a  monachit 
Casinensibus  gesta  sunt,  una  cum  Theophilo  diacono  libres  edîdit 
quatuor.  Cantum  etiam  b.  Mauri  composuit,  in  quibut  qui  vult 
artis  grammatics  tramitem,  et  monochordi  sonori  magade  reperiet 
notas.  »  P.  Di AGONI  de  viris  illustribus  Casin,,  c.  XVIII,  MinuTOU, 
R.  1.  âS.,  t.  VI,  32.  —  De  cet  ouvrage,  composé  en  quatre  livres 
par  Didier  et  connu  sous  le  nom  de  Dialogi,  nous  n*avont  plut  que 
les  deux  premiers  livres  et  une  partie  du  troisième.  Mignb  :  Ptttr* 
lat,,  t.  149,  col.  963-1018.  Le  manuscrit  de  la  manque  en 
riionneur  de  S.  Maur  n'a  pas  été  publié,  existe-t-il  encore? 


151 

alo  temps  de  cestui  saint  abbé,  et  voil  qu'il  vive  après  ma 
mort.  Et  que  cestui  a  l'ultime  jor  de  ma  vie  me  face  l'ab- 
solution de  mes  péchiez.  »  Et  par  ceste  parole  se  mostre 
que  cestui  moine  translateor  de  ceste  ystoire  fu  a  lo  temps 
de  cestui  abbé  Desidere,  loquel  fu  tant  saint  home  et  de 
bone  vie,  et  plein  de  grant  sapience. 

Cap.  53.  Or  non  parlons  plus  de  la  fama  et  de  la  sub- 
cession de  li  pontifice  de  Rome,  quar  l'onor  défailli  a 
Rome  puiz  que  faillirent  li  Thodesque,  quar  se  je  voill 
dire  la  costume  et  lo  élection  lor,  ou  me  covient  mentir, 
et  se  je  di  la  vérité,  aurai-je  l'yre  de  li  Romain  (3). 

Cijinist  lo  tiers  livre, 

(i)  Ce  court  chapitre  est  assez  étrange  sous  la  plume  d*Aimé  et  se 
ressent  sans  doute  de  Tinfluence  de  Tabbé  Didier  sur  son  auteur. 
Dans  la  seconde  moitié  du  xie  siècle,  plusieurs  serviteurs  dévoués  de 
réglise,  notamment  S.  Pierre  Damiani  et  Tabbé  Didier  désiraient  que 
la  couronne  de  Germanie  gardât  une  certaine  influence  sur  les  élec- 
tions à  la  papauté  ;  une  autre  école,  à  la  tête  de  laquelle  se  trouvait 
Hildebrand,  le  futur  Grégoire  VII,  tendait  au  contraire  à  revendiquer 
la  pleine  liberté  électorale  de  Téglise  de  Rome,  et  le  synode  romain, 
tenu  le  i3  avril  loSg,  c'est-à-dire  à  peu  près  à  l'époque  où  Aimé  est 
arrivé  dans  son  récit,  montre  que  le  programme  de  Hildebrand  ga- 
gnait du  terrain.  De  là,  je  crois,  la  mauvaise  humeur  qui  se  traduit 
dans  ce  chapitre.  Aimé  ne  dut  cependant  pas  persister  dans  ces  sen- 
timents, car  nous  savons  qu'il  a  écrit  des  vers  en  l'honneur  de 
Grégoire  Vil  ;  cf.  supra.  Introduction,  p.  ix. 


s 


CI  COMMENCENT  LI   CAPITULE  DE  LO  QUART  LIVRE 


Cap.  I.  La  comemoration  de  ceste  choze  qui  sont  dites  de 
Robert  et  de  Richart,  et  que  est  de  dire  : 

Cap.  2.  Cornent  Robert  fu  fait  conte  et  rechut  ii  ostage  de 
li  frère  de  Gisolfe. 

Cap.  3.  Cornent  Robert  acquesta  Calabre  et  se  clama  duc 
de  Rege,  et  puiz  vainchi  Troie. 

Cap.  4.  Cornent  Robert  ala  a  Salerne  et  rendi  ii  ostage. 

Cap.  5.  Cornent  Robert  entra  furtivement  a  M  elfe,  et  puiz 
lo  sacrement  perdi  la  cité. 

Cap.  6.  Coment  puiz  la  longue  brigue  Pierre  et  Robert 
firent  paiz. 

Cap.  7.  Coment  Robert  fist  tuit  li  Normant  chevaliers 
senon  Richart. 

Cap.  8.  Coment  Robert  asseia  Capue. 

Cap.  9.  Coment  Richart  asseia  Salerne.  Coment  Gisolfe  fist 
paiz  avec  cil  de  Amalfe. 

Cap.  10.  Coment  mort  Pandulfe,  Richart  tant  asseia  Capue 
qu'il  fu  prince. 

Cap.  II.  Cornent  lo  prince  asseia  Aquin. 

Cap.  12.  Coment  salli  a  Mont-Cassyn. 

Cap.  i3.  Coment  Richart  tant  asseia  Aquin  jusque  a  tant 
que  lo  duc  Aynolfe  lui  rendi  li  deniers  qu'il  lui  devoit  donner. 

Cap.  14.  Coment  firent  paiz  Richart  et  Gisolfe,  et  puiz  la 
paiz  fu  rote. 

Cap.  i5.  Coment  s'aproxima  le  jor  de  la  prospérité  de  Gi- 
solfe. 


Cu».  :ô.  Cccetir  fa  Robert  poû  qall  oc  Tainchat  Cafaibre 

Ci?.  [7.  Gscneat  ni  deparmr  de  AlTcninie  poor  oequll  lui 
eazoiz  parsnr,  et  pnst  pour  moillier  la  soror  de  GtsoUe. 

Ca?.  cî.  Cotnen:  jura  lo  prince  ec  Lo  doc  ensemble. 

Cap.  l'j.  Coccear  lo  dac  Tint  poor  prendre  la  motllier. 

Caj».  2G.  Comer.t  Gaîde  corrocîé  de  li  noce  dooa  sa  fille  a 
Goillerme  poar  Lime. 

Cap.  2[.  Cornent  lo  duc  enrichi  sa  moîllier  et  Alberade 
donna  son  champ. 

Cap.  32.  Cornent  Gaolû  fist  amistiê  avec  Richaxs  li  prince 
de  Capne. 

Cap.  23.  Cornent  Richart  assallie  la  terre  dd  fil  de  BnreUe. 

Cap.  24.  Cocne  Richarde  ala  a  la  retomée,  et  a  coi  Tonloît 
donner  sa  fille  pour  moillier. 

Cap.  25.  Quelle  bauille  ta  entre  Richart  et  sil  de  Capue 
jusque  a  tant  qu'il  prist  la  porte  et  la  forteresce  de  Capne. 

Cap.  26.  Cornent  cil  de  Capue  demandèrent  pardonnante  a 
lo  arche^esque. 

Cap.  27.  Cornent  vit  ardre  Tyen  et  puiz  lo  conquesta  (i). 

Cap.  28.  Cornent  ama  a  conquester  et  deffendre  lo  monas- 
tier  de  Mont  de  Cassyn. 

Cap.  20.  Cornent  lo  duc  tomant  en  Ruille  mérita  ses  amis 
et  ses  anemîs. 

Cap.  3o.  Cornent  se  défient  li  escriptor  que  non  soit  dit 
mençongier  ou  dit  traitor. 

Cap  2 1 .  De  la  mémoire  de  la  iniquité  de  Gysolfe  et  de  tout 
son  fait.  De  ce  que  entrevint  de  la  invidie  laquelle  estoit 
montée.  Que  fist  en  feingnant  ce  que  non  estoit. 

Cap.  32.  Que  fist  pour  son  arrogance  et  par  b  (^)eratîon 
de  la  superbe. 

(i)  L'édition  de  ChampoUion  portait  Ardretytn  en  un  teoi  mot 
et  avec  une  majuicule,  ce  qui  était  un  non  sens  ;  il  tuffiaaît  de  con- 
sulter le  texte  du  livre  pour  voir  qu*Aimé  parlait  de  rinondie 
de  la  ville  de  Teano. 


ISS 

Cap.  33.  Que  fist  par  son  avarice. 

Cap.  34.  Cornent  seignorioit  en  lui  avarice  et  goule. 

Cap.  35.  Quel  homicide  fist  faire. 
.  Cap.  36.  Tant  de  malvaistié  il  ot,  et  rendoit  mal  pour  bien. 

Cap.  37.  Cornent  persécuta  Dieu  en  ses  membres,  et  tant 
fist  mal  a  lo  abbé  Guayferie. 

Cap.  38.  De  la  vie  et  de  la  mort  de  cestui  abbé  Guayferie. 

Cap.  39.  La  part  et  la  Visitation  de  Alberique. 

Cap.  40.  Lo  dire  qui  se  fait  de  Guayferie.  Lo  assaillement 
qui  fu  fait  contre  Gisolfe. 

Cap.  41.  Coment  Gisolfe  metoit  discorde  entre  li  amis. 
Coment  Gisolfe  se  feingnoit  Êiussement  d'estre  caste. 

Ci  se  fenissent  li  capitule  de  tiers  livre  (i). 

(i)  Il  faut  M  de  quart  livre  »  et  non  «  de  tiers  livre  ».  Ce  sommaire 
n'a,  on  le  voit,  que  quarante  et  un  numéros,  tandis  que  le  chapitre 
quatrième  a  quarante-neuf  chapitres  ;  c'est  dire  que  ces  numéros  du 
somnmire,  surtout  les  derniers,  ne  correspondent  pas  exactement  aux 
chapitres  du  texte.  , 


156 


SE  COMENCE  LO  Q.UART  LIVRE 


Cap.  I .  Et  pour  ce  que  fu  promis  a  lo  comencement  de 
cest  livre  de  declarier  lo  glorious  triumphe  et  les  cités  qui 
furent  veinchues  de  li  Normant  (  i  ),  temps  est  de  dire  des 
fortes  batailles  de  cestui  gloriouz  et  victorious  principe. 
Et  après  la  proie,  laquelle  avoit  faite  Robert,  et  puiz  la 
prison,  doit  se  dire  coment  vint  a  estre  conte  et  cornent 
puiz  vint  a  estre  prince.  Mes  pour  escrire  li  autre  chozes 
coment  furent  faites,  furent  arrestées  et  parlongiez,  dont 
maintenant  est  temps  et  hore  de  dire  les  vittoires  et  les 
faiz  del  devant  dit  Robert  ;  car  jusques  a  maintenant  avons 
dit  la  famé  et  la  povretc  et  solitudine  de  Robert  liquel  est 
dit  Biscart.  Et  maintenant  devons  dire  comment,  par  la 
miséricorde  de  Dieu,  o  molt  multiplication  de  molt 
forte  gent  fu  exalté,  et  comment  il  soumist  et  doma  li  su- 
perbe. Mes  comment  dient  alcun  :  Non  puet  saillir  un  en 
grant  estât  se  autre  non  descent,  comment  nous  dirons  la 
exaltation  de  ces  .ij.  princes  (2),  ensi  se  manificstera  la 
desccnsion  de  li  autre  principe  et  seignor. 

Cap.  2.  Or  dit  ensi  ceste  ystoire  que  quant  lo  conte 

(i)  Voyez  au  commencement  de  Touvrage  la  dédicace  à  Didier. 
(2)  Robert  Guiscard  et  Richard  de    Capoue  ;  cf.  la  dédicace  à 
Didier. 


157 

Umfroi  fu  mort  (i),  Robert  son  frère  rechut  Ponor  de  la 
conié  et  la  cure  de  estre  conte  (2).  A  loquel  vint  mainte- 
nant Gisolfe  prince  de  Salerne,  et  lui  donna  pour  ostage 
son  frere  charnel  et  lo  neveu,  ce  est  lo  filz  de  Guide,  loquel 
fu  frere  a  la  mère.  Celui  vouloit  paier  lo  tribut  chascun 
an  comme  a  voit  fait  lo  père  ;  et  veez  ci  coment  se  hauza  la 
gloire  de  Robert.  Et  rechut  li  fill  de  li  seignor  soe  pour  lo 
plege  de  lo  salaire  qu'il  devoit  recevoir  (3). 


(i)  Nous  n*avons  pas  la  date  de  la  mort  du  comte  Umfroy;  voyez 
la  note  suivante. 

(7)  Les  chartes  de  Robert  Guiscard  établissent  qu'il  devint  comte 
de  Fouille,  aussitôt  après  le  mois  d'août  1067  ;  ainsi,  une  charte  du 
mois  d'avril  1068,  comptant  les  années  du  gouvernement  de  R.  Guis- 
card est  datée  :  anno  Xb  ;  une  autre,  du  mois  d*août  1078,  porte  : 
anno  XXIo  ;  cf.  di  Meo,  t.  VII,  p.  376.  —  Romuald  de  Salerne  dit 
également  que  Umfroy  est  mort  en  1057;  il  ^^t  à  cette  date: 
m  Gofridus  (il  faut  Onfridus,  car  la  suite  montre  qu*il  s*agit  du  comte 
Umfroy)  comes  Normannonim  diem  clausit  extremum  ».  —  Quant 
à  la  manière  dont  Robert  Guiscard  a  succédé  à  son  frère,  il  est  bien 
probable  que  c'est  l'élection  des  hauts  barons  Normands  qui  Ta 
porté  au  souverain  pouvoir.  Umfroy  laissait  un  fils,  Bagélard  ou 
Âbagélard,  et,  comme  il  était  encore  enfant,  le  mourant  pria  son 
frère  de  lui  servir  de  tuteur  pour  l'administcation  des  biens  qui 
lui  appartenaient  en  propre  ;  c'est,  je  crois,  dans  ce  sens  qu'il  faut 
interpréter  les  textes  de  Guillaume  de  Fouille  (1.  II,  v.  3  64-3 81), 
de  Romuald  de  Salerne  (ad  an.  1057),  de  Malaterra  (III,  4),  et  de 
Guu^LAUME  de  Jumièges  (VII,  3o).  Robert  Guiscard  se  montra  sans 
doute  un  assez  mauvais  tuteur  pour  Abagélard,  car  plus  tard,  ce 
dernier  fut  un  ennemi  déclaré  de  son  oncle  et  lui  reprocha  de  l'avoir 
lésé  dans  ses  droits. 

(3)  Aucun  autre  historien  n'ayant  parlé  de  ces  premiers  rapports 
entre  Robert  Guiscard,  comte  de  Fouille,  et  Gisulfe  de  Salerne,  il 
n'est  pas  possible  de  contrôler  le  récit  d'Aimé.  Disons  cependant  que 
la  soumission  si  spontanée  de  Gisulfe  est  bien  étrange,  que  son  père 
Guaymar  fut  le  suzerain  et  non  le  tributaire  des  Normands  de  la 
Fouille,  à  moins  que  le  chroniqueur  n'appelle  tribut  la  récompense 


1>S 

Cap.  5.  Et  après  ce  que  Roben  fu  conte  comment  je  vouz 
ai  dit  après  la  irton  de  lo  comte  Umfiroy  son  frère,  encon- 
tineni  s>n  ala  en  Calabre.  et  cercba  li  camp  et  li  mont  de 
la  lexre  qu'il  avoii  acquestée.  Et  en  poi  de  temps  prist  et 
vainch:  Toutes  les  foneresces  de  celle  contrée,  fors  celle  de 
Rege  I  .  laquelle  non  lai  tu  donnée  de  cil  de  la  cité  par 
volentc.  que  il  la  vainchî  par  force.  Et  pour  ce,  Roben 
sailli  en  plus  grani  esta!  qn'il  non  se  dame  plus  conte, 
mes  se  damoi:  duc  :  mes  a  lo  soupre  nom  de  Viscart  non 
failli  jamcx  2  .  E:  quant  lodit  Roben  Viscart  ot  eiui  con- 
qucstê  et  vainchut  toutes  les  foneresces  de  Calabreetfu 
fiit  duc  de  Calabrc,  il  se  pani  de  là  o  toute  sa  gent  de 
armes  et  s>n  vint  en  Puille,  et  tout  lo  plein  de  Puille 
cercha,  et  asseia  Troie  et  la  vainchut  par  force  de  armes, 
et.  pour  ccstc  cboze.  se  moustra  que  fu  plus  fort  que  lo 
impereour  non  estoh  et  plus  puissant;  quar  lo  impereor 
Henri  non  pot  onques  ceste  cité  de  Troie  veinchre  pour 
pooir  qu'il  eust.  e:  cesiui  duc  Roben  la  subjuga  a  sa  sei- 
gnorie  '?i. 


que  Guaimar  accordwt  aux  Normands  pour  les  services  qaHs  poo- 
raient  lui  rendre.  Quelque  chose  de  semblable  s'était,  il  est  Trai,  déjà 
passé  entre  Gisulte,  le  comte  l'mfroT  et  le  comte  d'ATersa;  cf.  smprm 
p.  i38,  note  i. 

(i)  G.  Malatekka,  1,  18,  parle  de  cette  expéditioa  de  R.  Ginacard 
en  Cal.^bre,  aussitôt  aprcs  avoir  été  élu  comte  de  Pouîlle,  et  de  too 
insuccès  devant  Regpo  :  «  Rhegium  usque  pervemt,  nbi  tridoo 
situ  loci  inspeao,  cum  rideret  se  d\*es  urbis,  nec  minit  oec  blandî- 
mentis  dectere  p.*sse,  quibusdam  negotiis  versus  ApuUaiii  ae  nw^ 
cantibus.  reditum  p?.rat.  • 

(2)  Roben  Guisjard  fut  investi  du  titre  de  duc  au  mois  de  fnin 
1039.  au  concile  de  Melfi,  par  le  pape  Nicolas  II. 

(3)  Sur  ce  siège  de  Troja  par  TempSTeur  Henri  II,  cf.  Mtq^rm,  L  I, 
c.  aG.  ^  Nous  verrons  plus  tard  au  1.  V,  ch.  6,  qtt*Aimé  rKOiite 
de  nouveau  comment  R.  Guiscard  t*empara  de  la  TÎtle  de  Troja  ;  il 


sf^ 


Cap.  4.  Puiz  ces  chozes,  fïi  proies  et  ala  a  lo  prince  de 
Salerne,  liquel  se  portoit  pacifiquement  avec  Guillame, 
frère  del  duc  Robert,  laquel  paîz  réfuta  Robert,  quar  ja 
avoit  tout  io  principat.  Et  toutes  voiez  quant  il  ot  ensi 
veinchut,  il  par  pitié  rendi  Tostage  ;  mes  non  recevoit 
alcune  part  de  son  bénéfice  (  i). 

Cap.  5.  Pierre  ftl  de  Ami  (2)  avoit  grant  envie  sur  lo 
dux  Robert,  et  cerchoit  de  offendrelo  en  touzles  lieuz  ou 
il  onques  pooit.  Cestui  entra  en  Melfe,  laquelle  cité  est  la 
plus  superlative  de  toute  la  conté  et  premier  siège.  Et 
quant  Robert  sot  que  Pierre  estoit  entré  en  Melfe,  il 
Taseia  tout  entor  et  destruisit  tout  li  labour.  Et  cil  de  la 
cité  prièrent  Pierre  qu^il  deffende  lo  grain  qui  est  en  lo 
camp,  loquel  est  après  de  mètre.  Et  adont  pria  Pierre  que 
lui  soit  gardée  la  trieve,  laquel  estoit  faite  et  devoit  durer 
.xiiij.  jors.  Et  Robert  non  lo  vouloit  faire;  quar  entre  Pes- 
pasce  de  la  trieve  Pierre  porroit  entrer  en  la  cité  et  auroit 
a  ronpre  la  trieve,  et  jura  Pierre  qu'il  non  romppe  la 
trieve.  Et  lo  neveu  de  Pierre  prist  Parme  pour  moustrer 
que  son  oncle  non  avoit  route  la  trieve.  Et  a  lo  tiers  jor. 


semblerait  donc,  d'après  Aimé,  que,  par  deux  fois,  R.  Guiscard  a 
conquis  Troja  ;  que  tel  ait  été  son  sentiment,  c*est  ce  que  nous  nous 
efforcerons  de  démontrer  en  commentant  ce  chap.  6  du  livre  V. 

(i)  Le  chapitre  est,  on  le  voit,  traduit  d*une  manière  assez  confuse, 
il  s*agit  évidemment  d*une  nouvelle  brouille  entre  Gisulfe  de  Salerne 
et  un  frère  de  Robert  Guiscard,  du  nom  de  Guillaume,  lequel  s'était 
emparé  d*une  grande  partie  de  la  principauté  de  Salerne;  R.  Guis- 
card prit,  au  détriment  de  Gisulfe,  le  parti  de  son  firère. 

(2)  11  s'agit  de  ce  Pierre,  fils  d'Ami  et  frère  de  Gauthier,  qui,  lors 
du  partage  de  la  Fouille,  en  1043,  avait  eu  pour  sa  part  la  ville  de 
Trani.  En  1046,  après  la  mort  de  Guillaume  Bras-de-Fcr,  Pierre 
avait  disputé  à  Drogo  le  souverain  pouvoir  dans  le  comté  de  Fouille, 
mais  Drogo,  aidé  de  son  frère  Umfroy,  finit  par  avoir  raison  de  lui. 


*  ««^ 

.  v» 


en  l£  prssenrt  û=  i:  Erzbrvssqn*  âc  Bonivenî  i -,  fu 
cerchit  i£  rr^n  «t  i:  xxrzDT.  zamen:  il  avoi:  pané  lo  fer  ; 
c.  îL  tri^'ïîs  pirt  i;:  a  nu  isst  £:  fc  zerrjc  ii  {;arzon  ci  sou- 
ilIieiDcr:  :'-  rsrrr-jt  >:>::  cors  c  'siât  case  que  non  roos- 
'j-oi:  it  2?.£.L  rjTTi:  :  jt  >t  ir.EiLiissîfi  ca  autre  partie  de  lo 
cori.  '^-^ET  s.»ul  t!r.  j:  nri:5  £v.->.:  imtTcssici  plcne  de  aiguë 
à'jrz'.  iz  ciiIIbij:'^  zxz  J.  i^r  trdEr:  esn^ii.  El  se  lererent  cil 
dt  Ifi  c:ît  c:»T!irt  Pjctî  c:  cercbcren:  de  lo  occirre.  Et 
Pierre  tr.  sa  ce-',  s'c"  tout  s:  s'en  aia  a  la  Cvsteme  ^2î,  ci 
R^ber:  aiorrié  it  Tînoire  rercpsra  Melie.  Et  pnîx  sans 
demorance  "«-s  sur  Pierre  i  l£  Cysierae.  Moli  seroit  a  dire 
prezïcreTDe:::  rcoirsen:  nyn  •xzra  Pierre,  mes  jura  lo 
ncTcu.  E:  puii  îtro!:  ie  dire  roraeni  lo  fer  non  lui  am  la 
main,  mes  mosTa  en  slzrc  lieu  son  eâîeL  A  lo  premier  se 
porroii  respondre  rue  en  !:>  œxDn  qui  esioit  pore  et  vir- 
gine  force  qne  £vc.::  verru  de  celiui  mirade,  et  alo  seoont 
fon  es:  de  resroaire,  ::^u:e$  voiez  se  porra  dire. 


Cjlp.  ô.  E:  quan:  Pierre  vi:  que  Roben  venoit  sur  lui 

o  lODî  son  px  ir  par  cr^n:  jre.  ii  se  parti  de  la  cité  qui  se 
clan^oi:  Cvsieme.  e:  s'en  ala  a  la  cité  qui  se  damoit 
Antri  ?..  Et  Roben  ala  après,  ei  furent  a  la  bataille,  de 
Tune  pan  e:  de  Tautre  en  furen:  nolt  mort.  Et  que  toux 
diroi-ie  p]us  :  unt  persecuia  Robert  Pierre  jusques  a  tant 
que  Pierre  requisi  lo  amisné  de  Robert,  et  Robert,  par 
prière  d'aun'es  seignors.  Ii  concedii  son  amistié  (4). 


I  L'ialhchf  archeréque  de  Béivrest  depuis  io53,  mon  rat 
1071. 

.2/  Probablen^ent  au  :^ord-ouest  et  i  peu  de  ^'ft^Tvr  de  Melfi,  à 
l'endroit  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Tom  deUa  Gsienia. 

i3)  Andha,  non  loin  de  TAdriatique,  au  sud  de  Barletta  et  à  roucft 
de  Trani. 

(4)  Aimé  place  avant  le  mariage  de  R.  Guiscard  arec  ^^*^ft*j 
cette  guerre  entre  U  duc  et  Pierre,  61s  d'Ami  ;  cf.  imfrag  1.  IV,  c.  ao, 


Cap.  7.  Et  puiz  Robert  va  cerchant  tuit  li  Normant  de 
entor,  et  nul  n^en  laissa  qu^il  non  meist  en  sapoesté;  fors 
solement  le  conte  Richart  remaist,  loquel  esperoit  de  avoir 
lo  principe  de  Capue. 

Cap.  8.  Cestui  Ricchart,  quant  Pandulfe  jovene  estoit 
prince  (i),  assembla  la  multitude  de  son  ost  et  vint  ad 
Capue.  Et  fist  en  li  confin  de  Capue  troiz  chastels,  et 
continuelment  donoit  bataille  a  Capue,  et  non  lessa  aler 
grasse  ne  habundance  de  cose  de  vivre,  mes  occioit  cil  de 
Capue  et  autres!  de  li  Normant  ;  mes  a  li  Normant  plu^ 
n'en  vienent  qui  ne  morent.  Et  cil  de  Capue  quant  il 
virent  qu'il  non  pooient  plus  contrester  contre  Ricchart 
et  li  Normant,  si  lui  douèrent  .vij.  mille  bisant  a  ce  qu'il 
non  les  persecutast  plus  (2]. 

Ce  mariage  ayant  eu  lieu  en  loSg,  c*est  probablement  dans  les  pre- 
miers mois  de  cette  année  qu'elle  a  éclaté. 

(i)  Pandulfe  VI,  prince  de  Capoue,  fils  du  fameux  Pandulfe  IV, 
surnommé  le  loup  des  Abnizes.  Il  avait  succédé  à  son  père,  réintégré 
dans  sa  principauté  après  avoir  été  en  captivité  en  Germanie. 
Pandulfe  VI  n*hérita  ni  de  la  férocité  ni  de  la  bravoure  militaire  de 
son  père.  Pendant  la  captivité  de  Pandulfe  IV  en  Germanie,  la  prin- 
cipauté de  Capoue  avait  été  au  pouvoir  de  ce  Pandulfe  V  de  Teano, 
établi  à  la  place  de  Pandulfe  IV,  en  102a,  par  Tempereur  Henri  II  ; 
lorsque  Pandulfe  IV  revint  de  Germanie,  il  reprit  possession  de  sa 
principauté  de  Capoue  et  Pandulfe  V  fut  expulsé.  Pandulfe  IV 
mourut  le  19  février  1049,  laissant  la  principauté  à  son  fils  Pan- 
dulfe VI. 

(a)  Léo  de*  Marsi,  III,  1 5,  résume  ainsi,  d'après  Aimé,  cette  pre- 
mière attaque  de  Richard  contre  Capoue  :  «  Richardus  Aversanum 
comitatum  indeptus,  ad  principatus  dignitatem  toto  nisu  ambire  et 
ad  Capuans  urbis  expugnationem  animum  cœpit  intendere.  Supra 
quam  cum  tria  castella  firmasset,  eamque  acriter  debellans  affligeret, 
septem  millibus  tandem  aureis  a  Panolfo  juniore  susceptis,  obsidio- 
nibus  solvit  sed  ad  tempus.  » 

Une  phrase  de  Léo  de'  Marsi,  III,  i5,  permet  de  fixer  la  date  de 

II 


l62 

Cap.  9.  Et  en  cellui  temps  meismes,  recercha  lo  prince 
de  Salerne,  et  lui  demanda  son  don  ou  plus  grant  vindicte 
lui  prometoit.  Mes  maintenant  plus  damage  reçut  que 
non  fist.  Lo  prince  de  Salerne  est  renclos  et  atorniez  de 
quatre  plages,  car  avoit  paor  de  cestui  conte  Richart  ;  et 
d^autre  part  est  renserré  et  renclos  espessement  de  Guil- 
lerme;  et  la  proxima  vicine  de  soi  lo  restraingnoit,  et  la 
déprédation  de  cil  de  Amalfe  par  mer,  quar  a  lo  patricie 
de  Amalfe  avoit  fait  covenance  avec  lo  conte  Ricchart»  et 
ensi  failloit  a  lo  prince  espérance  de  salver  la  cité. 

Cap.  10.  Et  quant  li  prince  de  Salerne  vit  qu^il  non 
pooit  autre  choze  faire,  il  requist  paiz  et  concorde  avec  li 
Amalfiten  a  ce  quMl  non  feissent  amistié  auvec  le  conte  • 
Ricchart.  Et  firent  concordance  ensemble  o  sacrement,  et 
jura  li  prince  et  troiz  cens  de  li  soe  gent  ;  et  jura  li  patrice 
et  autretant  de  Amalfe,  et  toute  la  maie  volenté  de  devant 
s'entrepardonerent,  et  promistrent  de  non  nuire  Tun  a 
Tautre  ne  en  présent  ne  el  tems  a  venir.  Et  ensi  se  consola 
lo  prince  et  lui  apetisa  la  paour  ;  quar  il  pot  navi^u*  par 
mer  (i). 

Cap.  II.  En  celui  tems  morut  lo  prince  Pandulfe  de 
Capue,  a  loqucl  subcedi  son  filz  Landulfe.  Lo  conte  Ri- 
chart fist  brigue  avec  cestui  Landulfe,  non  par  covoitise 
de  or  ne  de  argent,  mes  par  desirrier  de  honor.  Et  molt 

cette  expédition  de  Richard  :  parlant  de  la  soumission  définitive  de 
Capoue  aux  Normands  au  mois  de  mai  1062,  Léo  écrit  :  «  Cum  jtm 
per  (Jecem  circitcr  annonim  curricula  Normannis  viriliter  ac  ttreniie 
ropugnassent.  »  L'expédition  a  donc  eu  lieu  vers  loSa. 

(i)  Aimé  est  seul  à  parler  de  cette  réconciliation  entre  GisuUe  et 
les  Amalfitains,  réconciliation  peu  sincère  évidemment  et  que  la 
crainte  de  Richard,  comte  d*A versa  et  de  Guillaume,  frère  de  Robert 
Guiscard,  imposait  au  prince  de  Salerne. 


i65 

de  casteauz  fist  sur  Capue,  dont  cil  de  Capua  ne  non 
porent  mètre  ne  vendengier  ;  et  tout  ce  qui  estoit  fors  de 
la  porte,  estoit  en  la  main  de  Richart.  Et  quant  cil  de 
Capue  virent  ce,  qu'il  ne  pooient  recoillir  lor  grain,  ne  lor 
vin,  il  [offrirent  molt  de  argent  a  Ricchart.  Mes  cornent 
H  Romain  soloient  dire,  il  respondi  et  dist  quUl  voloit  la 
seignorie  de  cil  qui  avoient  l'argent.  Et  contresterent  cil 
de  la  cité  pour  non  estre  subjugat.  Li  Normant  comba- 
toient  et  cil  de  Capue  combatoient,  et  bien  se  deSendoient 
cil  de  Capue  contre  li  Normant  se  les  chozes  de  vivre  ne 
lor  faillissent.  Mes  Pandulfe  (i)  et  cil  de  Capue  ne  porent 
plus  contrester.  Pandulfe  (2)  rendi  Capue  par  covenance, 
et  ensi  Richart  sailli  a  Ponor  de  estre  prince.  Et  ensi  co- 
ment  il  estoit  clamé  conte  fu  après  clamé  prince.  Et  cil 
de  Capue  gardoient  la  pone  dont  toute  la  forteresce  de 
Capue,  et  lo  prince  cornent  sage  lor  sosteni  .i.  tems  (3). 

(i)  Il  faut  Landulfe. 

(i)  n  fieiut  Landulfe. 

(3)  Léo  de'  Marsi,  111,  i5  :  «  Cum  post  mortem  Pandulfi  Landul- 
fus  filius  successisset,  mox  et  Richardus  accedens  obsidionem 
firmavit.  Proferunt  multam  Capuani  pecuniam,  Richardusnil  appétit 
nisi  terram.  Artati  demum  famis  penuria  cives,  cedente  Landulfo, 
recipiunt  hominem,  sacrant  in  principem,  portas  sibi  dumtaxat  cum 
tuirium  fortitudine  retinentes.  »  Cette  première  prise  de  possession 
de  Capoue  par  les  Normands  ayant  eu  lieu  peu  après  la  mort  de 
Pandulfe  VI  et  Tavènement  de  Landulfe  V  son  fils,  il  fout  la  placer 
en  io58,  date  de  ces  deux  événements.  Voyez  les  deux  chartes 
extraites  deGattola  et  analysées  parDi  Meo,  t.  VII,  p.  BgS  sq.  Les 
Annales  Beneventani^  ad  an.  loSy  (io58)  portent  :  «  Riccardus  prin- 
ceps  cepit  Capuam.  »  De  même  Romuald  de  Salerne  et  la  Chronic, 
Amalfl.,  c.  29.  Enfin,  une  charte  de  io58,  éditée  par  Gattola, 
(Accessiones  adhist.  monas.  Cos.,  1. 1,  p.  161  sqq.),  dit  que  Richard 
et  son  fils  Jordan,  princes  de  Capoue,  ayant  égard  à  la  demande 
d'Adenulfe,  6Is  de  Guala  et  de  Roffrède,  fils  de  feu  Serge,  ancien 
patrice  d*Amal6,  confirment  Tabbaye  du  Mont-Cassin  dans  la  pos- 


164 

Cap.  12.  Et  après  ce  que  Richart  ot  ce  fait  que  je  vooz 
ai  devant  dit,  il  vouioit'mostrer  sa  puissance  et  sa  vertu. 
Et  petit  de  temps  avant,  avoit  donée  sa  fille  pour  moiliier 
a  lo  fin  de  lo  duc  Valetane  (i).  Mes  avant  que  se  com- 
plisse  lo  mariage  morut  lo  fillz  del  duc.  Et  secont  la  loi 
de  li  Longobart  (2)  quant  il  vienent  a  mariage,  la  famé 
demande  la  quarte  part  del  bien  del  marit,  dont  Richart 
demanda  a  lo  duc,  père  del  marit  la  quarte  part  por  sa 
fille;  et  lo  duc  non  lui  vouloit  doner.  Et  ensi  lo  prince 
voloit  par  force  ce  que  li  duc  non  lui  vouloit  donner  par 
paiz.  11  manda  son  exercit,  et  ficha  si  paveillons  et  asseia 
Aquin  (3). 

Cap.  1 3.  Apres  ce,  lo  principe  o  petit  de  gent  monta  a 
Mont  de  Cassyn  pour  rendre  grâces  a  misire  saint  Benoit; 
il  fu  rechut  o  procession  come  roy,  et  fu  aomée  Teglize 

session  de  tous  leurs  biens.  On  ne  s'explique  pas  qu'avec  cet  preuves 
si  concluantes,  Di  Meo,  ordinairement  si  judicieux  dans  les  questions 
de  chronologie,  ait  nié  la  prise  de  Capoue  par  les  Normands  en  io58 
(Di  Meo,  t.  VII,  p.  388).  Deux  circonstances  l'ont  probablement 
induit  en  erreur  et  ont  aussi  trompé  d'autres  historiens  :  la  première, 
c'est  qu*en  io58,  comme  le  dit  Aimé,  la  ville  de  Capoue  garda  pour 
quelque  temps  encore,  c'est-à-dire  jusqu'en  1062,  un  semblant 
d'autonomie  et  d'indépendance;  la  seconde,  c'est  que  Ljmdulic, 
quoique  dépouillé  de  sa  capitale  et  d'une  très  grande  partie  de  ss 
principauté,  signa  encore  prince  de  Capoue,  et  quelques-uns  de  set 
anciens  sujets  datèrent  leurs  chartes  comme  s'il  régnait  encore. 

(i)  Il  s'agit  du  fils  d'Adénulfc,  duc  de  Gaëte;  le  texte  latin  portait 
sans  doute  :  ducis  Cajctani,  et  le  traducteur  a  rendu  Csjetani  par 
Valetane. 

(i)  Quelles  sont  les  dispositions  de  la  loi  lombarde  que  Richard 
mettait  en  avant  pour  justifier  ses  prétentions  ?  Peut-être  celles  de 
l'édit  de  Rothari,  n*"  i8a,  199,  MG.  Lboum  t.  IV,  p.  43,  48,  Voyei 
l'article  Morgincap  dans  l'index  de  ce  volume,  p.  674. 

(3)  Adénulfe,  duc  de  Gaéte,  étant  aussi  comte  d'Aquino,  c'est 
contre  la  ville  d'Aquino  que  Richard  tourne  sa  colère. 


i65 

cornent  lo  jor  de  Pasque,  et  furent  al uméez  les  lampes,  et 
la  cort  resone  del  cant  et  de  la  laude  del  prince  ;  et  fu 
mené  en  capitule,  et  est  mis  en  lo  lieu  de  li  abbé,  aviegne 
qu'il  non  vouloit.  Et  toutes  foiz  lui  furent  lavez  les  piez 
par  la  main  de  lo  abbé,  et  li  fu  commise  la  cure  de  lo 
monastier  et  la  deffension.  Et  fu  proiez  de  li  abbé  et  de 
tout  lo  coventqu^il  non  lo  laisse  oficndre  de  nul  home  ne 
a  nul  anemi.  Il  concède  paiz  a  Teglize,  et  a  li  anemis  de 
Teglise  promet  de  combatre.  Et  dist  que  jamaiz  non  aura 
paiz  avec  cil  liquel  cercheront  a  substraire  les  biens  de 
Teglize.  Et  autresi  li  abbé  et  li  covent  li  proierent  qu^il 
pardonnast  a  lo  duc  Adenulfe  de  ce  qu'il  devoit  donner, 
pour  ce  qu'il  estoit  povre.  Et  lui  promistrent  de  adimplir  * 
la  promission;  quar  de  ce  quUl  devoit  donner  lo  duc  a  la 
fille  de  lo  prince,  lui  laissa  li  prince  Richart  pour  l'amor 
de  Tabbé  et  del  covent  mil  solz.  Mes  il  cerchoit  li  autre  ; 
mes  lo  duc  Adinolfe,  pour  sa  perversité,  non  lui  vouloit 
donner. 

Cap.  14.  Et  li  prince  Richart,  quant  il  vit  que  cellui 
non  vouloit  paier  pour  ceste  occasion,  il  atornoia  Aquin, 
et  faisoit  li  plus  mal  quMl  pooit,  et  tailloit  li  arbre  et  tail- 
loit  lo  grain  qui  estoet  encoire  en  herbe,  et  occioient  tuit 
li  home  qu'il  pooient  trover.  Et  o  plor  et  maie  aventure 
li  duc  soustenoit  ceste  dolor  et  cest  damage  que  lui  faisoit 
li  prince  de  Capue  Richart.  Mes  puiz  que  li  duc  vit  qu'il 
non  pooit  autre  faire,  paia  ce  que  li  prince  Richart  lui 
demandoit.  Mes  mille  soulz  Ten  furent  pardonez  pour 
Famor  de  Tabbé  et  del  covent  de  Mont  de  Cassym,  et 
quatre  mille  solz  paia  (ij. 

Cap.  i5.  En  cellui  temps  meismes  li  messages  de  Sa- 
lernc  venoient  sovent  a  Capue  a  lo  prince  Richart,  et 

(i)  Léo  de'  Marsi,  III,  i5,  ne  parle  pas  de  la  guerre  de  Richard 


i66 

demandoîeni  paiz  et  prometoîent  molt  de  argent.  Et  li 
prince  Richan  resp:>ndoit  que  en  nulle  manière  feroit  paiz 
sanz  lo  prou  de  lî  sien  ndel  ami,  c^est  Mansion  et  Lyon  (  i  ). 
Et  Gisolfe,  prince  de  Saleme,  ceste  choze  prometoit,  et 
toutes  voiez  autre  cose  a^oit  en  cuer.  Et  tant  qu^il  s^asem- 
blerent  et  jurèrent.  Mes  l*amistié  de  Gisolfe  maiz  non 
durcit,  quar  trop  estoit  plein  de  malice  ;  et  par  sacrement 
lui  promeioit  deniers,  mes  non  aempli  lo  sacrement  de 
paier  la  monoie.  Et  li  prince  Richard  lui  dona  une  partie 
de  ses  chevaliers,  o  liquel  atomia  tout  lo  principat,  et  tôt 
la  recovra  o  tout  ces  choses,  villes  et  chasteaux,  et  aQna 
deniers  ;  mez  la  monoie  qu'il  avoit  promiz  non  vouloit 
paier.  Et  la  hardiesce  de  Guillerme  ^2)  lo  atendoit,  quar 
GuiUerroe  non  estoit  meintenant  appareillié dealer  contre 
li  chevalier  de  li  prince  de  Capue,  si  que  H  prince  de 
Salerne  non  estoit  remis  en  sa  seignorie  de  lo  principe 
pour  lui,  mes  pour  li  chevalier  qu'il  avoit  del  prince  de 
Capue.  Mes  or  avint  que  quant  lo  prince  de  Capue  cercha 
la  promission  de  l'argent  qu'il  avoit  faite  par  sacrement, 
cil  prince  de  Salerne  lo  noia  parfaitement.  Et  dont 
comanda  Richart  prince  de  Capue  a  ses  chevaliers  qu*il 
s'en  tornassent  arrière  sur  lo  prince  de  Saleme,  et  que  li 
covenances  et  sacrement  qu*il  avoient  fait  fussent  rout  (3) . 

contre  Adenulfê,  duc  de  Gaête  et  comte  d*Aquino,  mais  il  rtpfwrie 
la  visite  faite  au  MoDt-Cassin  par  Richard  :  •  Non  multo  pott  (là 
reddition  de  Capoue  en  io58)  venit  ^Richardus)  ad  hoc  monasterium, 
redpitur  honoriôce  nimis  cum  processione  solemni,  erat  enim  td- 
modum  gloris  appetens.  Placent  omnia  valde  ;  rogatus  a  tenioribut 
de  loci  tutela,  devotissime  promittit  se  totius  monasterii  cootrt 
mnes  quos  posset  ftdelissimum  de  cctero  defensorem.  • 
(i)  Sur  Mansion  et  Lyon,  cf.  supra,  1.  III,  c.  44. 

(2)  Guillaume  de  Hautcville,  établi,  malgré  Gisulfe,  dans  la  prin- 
cipauté de  Salerne  et  dont  il  a  plusieurs  fois  déjà  été  question. 

(3)  Aimé  est  seul  à  parler  de  ces  incidents  entre  Gîsulfe  de  Saleme 
et  Richard  de  Capoue. 


I67 

Cap.  i6.  Or  dit  ensi  Tystoire  que  ja  estoit  aproxië  lo 
jor  de  la  salut  de  Gisolfe,  dont  de  la  angustie  et  misère 
soe  fu  libéré.  Et  fu  reformé  en  la  hautesce  de  son  père 
corne  avec  ces  chevaliers  a  voit  commencié.  Mes  en  tant 
cressi  la  folie  de  son  orgueill  ;  quar  ou  il  devoit  avoir 
accressement  et  excellence  de  honor,  de  là  manca  molt, 
laquel  cose  se  dira  puiz. 

Cap.  1 7.  Cornent  fu  dit  desur,  cestui  moine  qui  com- 
pila ceste  ystoire  procède  e  dire  de  Fystoire  soe,  dont  lesse 
maintenant  a  parler  de  Richart,  et  torne  a  parler  de  Ro- 
bert, liquel  est  Biscart,  et  dist  que  puiz  que  lo  duc  Robert 
ot  vaitichut  Puille  et  Calabre,  continuelment  son  honor 
accressoit.  Et  la  main  de  Dieu  en  toutes  chozes  estoit  en 
son  aide.  Et  cestui  duc  Robert  ploroit  por  les  péchiez 
qu^il  avoit  fait  el  temps  passé,  et  se  guardoit  des  péchiez 
presens  et  de  ceaux  qui  dévoient  venir.  Et  pour  ce  il  com- 
mensa  a  amer  Teglize  de  Dieu,  et  avoit  en  révérence  li 
prestre,  et  maintenant  que  estoit  riche,  amendoit  et  satis- 
faisoit  pour  celle  cose  qu'il  avoit  faites  quant  il  estoit 
povre.  Et  Pierre,  de  loquel  avons  dit  devant  (i),  quar  la 
richece  de  Pierre  avoit  sovenuta  sa  povreté,  il  lofist  plus 
riche  qu'il  n'avoit  onques  esté.  Et  dui  filles  de  cestui 
Pierre  donna  a  dui  riche  marit. 

Cap.  18.  Et  que  li  home  qui  est  en  pechié  mortel,  tout 
li  bien  qu'il  fait  est  mort.  Ce  est  que  pour  tout  lo  bien  del 
monde  qu'il  feist  non  lo  fait  aler  en  vite  eterne.  Mes 
toutes  foiz  fait  prou  en  cest  monde  celle  bone  opération  a 
troiz  coses,  car  pour  cellui  bien  que  l'omme  fait  quant  il 
est  en  pechié  mortel,  Dieu  donne  grâce  qu'il  issede  cellui 

(i)  Sur  ce  Pierre  de  Bisignano  et  sur  les  procédés  de  Robert  Guis- 
card  à  son  égard,  cf.  supva^  1.  III,  c.  10. 


pech'é.  i:o=:=:e  £5: 1  cssm:  duc  Roben  Vîscart  ou  Dieu  lo 
^Tospsn  en  les  ch  ?xes  rsrrporcles  ou  ramenora  de  la  pêne 
d'crnVr.  E:  ii:n:  RrSzr:  pensant  a  ceste  chose,  quartrora 
que  Alveradj  Laquelle  ^enoî:  pour  moillicr  non  lui  pooit 
estre  mcillîer  pccr  ce  que  eswieni  parent  {i  ),  il  laissa  et 
demanii  2  Gîsclfe  prince  de  Szleme  sa  soror  laquelle  il 
desideroi:  pour  Tairor  de  son  honorable  quVUe  avoit  en 
Guvmere.  E:  Gisolfe  lu:  dona  sa  soror  et  tel  dote  corne  il 
pooit  doner.  E:  cesmi  prince  Richart  3:  avoit  troiz  vertuz 
en  soi,  et  U  moillier  en  avoit  troiz  autres.  Et  car  estoit 
Richan  ?  entre  I:  riche  plus  riche,  et  entre  li  humile 
plus  humile.  et  entre  li  chevalier  plus  fort.  Et  la  dame  sa 
moillier  estoit  noble  de  pirent,  belle  de  cors  et  sage  de 
teste.  Adunque  bien  covenoit  de  ces  .ij.  estre  bit  un  con, 
liquel  per  a  per  de  venu  se  concordoient. 

Cap.  iq.  Et  jura  le  duc  Roben  li  rayspn  de  Gisolfe, 
prince  de  Saleme.  de  lo  haucier  et  mètre  en  seignorie,  et 
de  salver  Tamistié  avec  son  frère  Guillerme  ensemble  avec 
lui.  Et  jura  Gisolfe  de  avoir  amistié  avec  lui,  et  sanz  lui 
non  faire  concorde  avec  Guillerme..  et  chascun  an  lui  pro- 
metoit  de  paier  une  quantité  de  monoie.  Guillerme  esloit 
frère  de  Robert  4  . 

Cap.  20.  Le  duc  Roben.  en  lo  jor  que  estoit  ordené, 
vint   por  rece\*oir  la  moillier  o  appareillement  de  im- 

(0  Aimé  a  raconté,  1.  HI,  c.  11,  ce  mariage  Je  Robert  Guiscard 
avec  Alverada  ou  AlbcraJa,  Mnte  de  Girard  di  Buonalbergo;  comme 
U  a  déjà  été  dit,  ce  mariage  a  dû  avoir  lieu  vers  loSo* 

(2;  Il  faut  Robert  au  lieu  de  Richard. 

(3)  Le  traducteur  écrit  encore  Richard  au  lieu  de  Robert. 

(4)  Pour  accorder  la  main  de  sa  sœur  Sikelgaita,  Gisulfe  deman- 
dait donc  que  Robert  Guiscard  fit  alliance  avec  lui  et  qull  obligeât 
Guillaume  de  Hauteville  a  cesser  toute  hostflité. 


169 

peor.  Pierre  fil  de  Amico  (i),  tout  fust  ce  qu^il  fussent 
contraire,  toutes  voiez  caritativement  Pacompaingna  a 
cestui  mariage  faire.  Et  nul  gentil  home  de  li  Normant 
non  remainst  qui  non  alast  avec  lui  fors  tant  seulement 
Richart,  quar  la  caritative  concorde  entre  Robert  et  Ri* 
chart  estoit  un  poi  estrangié.  Et  desideroit  lo  amirable 
duc  de  recevoir  son  espouse,  et  de  adimplir  la  promission 
et  lo  jurement^  vint  o  festinance  par  la  forteresce  de 
laquelle  foyoient  tuit  li  anemis  de  lo  prince  de  Salerne. 
Aucun  se  restreingnoient  en  lor  forteresces,  alcun  fuyoient 
a  li  castel  liquel  estoient  pris  par  force  (2). 


(0  Sur  les  derniers  démêlés  de  Pierre,  fils  d*Ami  et  de  Robert 
Guiscard,  cf.  supra,  l.  IV,  c.  5. 

(a)  Malaterra,  I,  3o,  3i,  a  aussi  parlé  du  second  mariage  de  Ro- 
bert Guiscard,  il  dit  comme  Aimé,  que  le  chef  normand  vint  à 
Salerne  pour  «  recevoir  son  épouse  »  et  que,  durant  ce  voyage,  il  mit 
à  la  raison  divers  seigneurs,  bien  probablement  des  ennemis  de  Gi- 
sulfe  de  Salerne.  Voici  le  texte  de  Malaterra  :  «  Robertus  Guiscardus 
uxorem  habens  sus  gentis  honestam  et  prsdari  genens  Alberadam 
nomine,  ex  qua  habebat  filium,  nomine  Marcum,  quem  alio  nomine 
Boamundum,  consanguinitate  adnumerata,  canonids  sanctionibhis 
contrarius  esse  nolens,  conjugium  sol  vit,  filiamque  Guaimari  Saler- 
nitati  principis,  Sigelgaytam  nomine,  sibi  in  matrimonium  copulavit. 
Anno  ab  incarnatione  Oomini  io58,  hanc  apud  Salernum  despon- 
satam,  antequam  convenircnt,  Rogerio  fratri  procurandam  commitens 
ipse  ut  Gisulphum  (ne  faudrait-il  pas  Guillielmum  ï)  fratrem  suum 
comitem  principatus  in  hsreditate  illius  firmaverat,  quibus  ipsi  plu- 
rimum  infestus  erat,  dirutum  vadit  ;  inde  Melfiam  regressus,  solem- 
nés  nuptias  celebravit.  »  Cette  dernière  phrase  est,  on  le  voit,  assez 
obscure  et  a  sans  doute  été  altérée  par  quelque  copiste.  Malaterra 
commençant  Tannée  au  ler  septembre,  le  second  mariage  de  Robert 
a  donc  eu  lieu,  d'après  lui,  entre  le  icr  septembre  io58etle  i*' sep- 
tembre io5g.  —  Guillaume  de  Fouille,  1.  II,  v.  416-441,  dit  que 
Gisulfe  hésita  beaucoup  à  accorder  la  main  de  sa  soeur  à  Robert 
Guiscard  et  ne  donne  pas  d'autre  détail. 


170 

Cap.  2 1 .  Et  Gisolfe  pria  lo  duc  Robert  que  ceste  nocez 
se  proiongasse,  quar  non  avoit  encoire  apresté  ce  quiestoit 
nécessaires.  Et  ioduc  fist  ce  que  H  prince  lui  prioit,  et  va 
s'en  gloriouz,  et  li  prince  remeist  confus. 

Cap.  22.  Et  pour  ce  que  Gisolfe  avoit  faite  cest  mariage 
sanz  lo  conseil  de  Guide  son  oncle,  pensa  Guide  de  rendre 
Tenchange.  Et  donna  Guide  sa  fille  a  Guillerme  frère  du 
duc  Robert,  liquel  estoit  contraire  de  Gisolfe  prince  de 
Salerne.  Et  fist  liga  et  amistie  avec  lui  ;  et  ensi  la  exaltation 
de  Gisolfe  manca  et  lo  duc  Robert  noient  manque  rechut 
la  soe  rayson  secont  lo  jurement  quHl  avoit  fait  (i). 

Cap.  23.  Et  fu  clamé  lo  duc  qu'il  venist  o  petite  de 
gent,  quar  dient  qu'il  vouloit  faire  paiz  avec  Guillerme. 
Et  il  vint  corne  lui  fu  dit,  mes  non  trova  ce  pourquoi  il 
venoit,  dont  li  duc  Robert  s^en  parti  corrocié,  et  meiu 
avec  soi  en  Calabre  sa  moillier,  laquelle  dota  grandement 
de  chastelz  et  de  molt  de  terres,  si  que  peust  richement 
vivre  avec  li  filz.  Li  filz  qu'il  en  ot  ama  et  enrichi,  come 
est  costumance  de  père  amer  et  enrichir  lo  fill  (3). 

Cap.  24.  Quar  estoit  longue  cose  de  aler  querre  lo  duc 


(1)  Nous  ne  connaissons  que  par  Aimé  le  mariage  de  la  fiUe  de 
Gui  avec  Guillaume  de  Hauteville. 

(2)  Léo  de*  Marsi,  III,  i5,  d'après  Aimé  :  a  Alveradc  quidemdooa 
conférons  plurima  (Robertus  Guiscardus)  Calabriam  cum  Sîkelgaita 
pcrrexit.  »  Le  traducteur  d'Aimé  désigne  la  seconde  femme  de 
R.  Guiscard  lorsqu'il  écrit  :  «  laquelle  dota  grandement  de  chas- 
telz »  etc.,  la  phrase  de  Léo  de  Marsi  permet  de  conjecturer  que  le 
traducteur  a  mal  compris  son  texte  et  qu*il  s'agissait  d'Alvenda,  la 
première  femme  de  Robert  Guiscard;  alors  s'explique  cette  conclu- 
sion :  «  Si  que  peut  richement  vivre  avec  li  iîb,  »  c'est-à-dire  AIt^ 
rada  avec  Bohémond  ;  s'il  s'agissait  de  Sikelgaîta,  cela  ii*aunit  plus 
de  sens,  puisque  Aimé  écrivait  du  vivant  de  Robert  Guiscard. 


171 

en  Calabre,  dont  le  arme  et  lo  çorage  de  Gisolfe  estoit  en 
tempeste,  et  non  se  savoit  quel  conseill  tenir.  Et  a  Tul- 
time  cercha  de  avoir  amistié  avec  lo  prince  de  Capue 
Richart,  laquelle  amistié  lui  consenti  Richart.  Et  la  flame 
de  la  angutie  de  Richart  alcune  cose  fu  refroidie,  et  en  la 
transquille  amistié  de  Richart.  Mes  cornent  avons  dit 
devant,  Tamistié  de  lo  prince  de  Salerne  non  duroit  iholt 
longuement. 

Cap.  25.  Et  puiz  par  la  volenté  del  duc  Robert  cestui 
Gisolfe  ot  Tamistié  de  Guillerme,  liquel  estoit  frerre  del 
duc  Robert.  Et  Guillerme  fu  fait  chevalier  de  Gisolfe,  et 
lo  prince  Gisolfe  lo  fist  son  frère.  Et  tuit  li  chastel  de  lo 
principe  se  partirent  ensemble,  fors  solement  Salerne  re- 
meist  entière  a  Tonor  de  lo  prince.  Mes  entre  Tamor  des 
.ij.  princes,  c'est  de  Capue  et  de  Salerne,  vint  grant  dis- 
corde, quar  Gisolfe  non  vouloit  paier  ce  que  Richart 
demandoit  raysonablement,  car  lo  prince  de  Salerne  avoit 
une  malvaîse  nature,  quar  puiz  qu'il  avoît  un  ami  non 
se  curoit  de  l'autre  (i). 

Cap.  26.  Et  li  prince  Richart  entra  en  la  petite  et  es- 
troite  terre  de  li  fill  de  Burielle,  et  cercha  qu'il  poist  lever, 
mes  non  trova  ce  qu'il  queroit,  car  non  avoit  maison  en 
lo  plein  de  la  terre.  Et  puiz  consuma  les  chozes  de  vivre 
qu'il  avoit  porté  avec  soi,  et  jura  pacte  de  amistié  avec 
eaus  et  en  rechut  alcuns  presens  (2).  Et  acompaingnié  de 

(i)  D'après  ces  deux  chapitres  24  et  iS,  assez  mal  traduits 
du  reste,  assez  obscurs,  il  semblerait  qu'après  son  mariage,  Robert 
Guiscard  ait  laissé  pendant  quelque  temps  son  beau-frère  Gisulfe  aux 
prises  avec  son  frère  Guillaume  de  Hauteville,  et  qu'il  ait  ensuite 
réussi  à  les  réconcilier. 

(2)  Remarquons  qu'Aimé  ne  dit  rien  de  l'expédition  que,  sur  ces 
entrefaites,  Richard  fît  à  Rome  avec  ses  Normands,  pour  protéger 


172 

eaus  ala  a  conquester  Campaingne  laquelle  conquesta  de- 
dans troiz  moiz^  et  la  parti  entre  ses  chevaliers.  Et  quant 
il  ot  ensi  vainchut,  il  retorna  en  Pajutoirede  Saint-Benoit, 
et  salli  en  la  roche  de  Mont  de  Cassyn.  Et  la  sapience  de 
lo  abbé  Desidere  avoit  fait  venir  colompnes  de  Ronoie  pour 
appareillier  la  eglize^  et  lo  prince,  pour  estre  participe  de 
cest  bénéfice,  voloit  aidier,  et  fist  complir  ce  que  li  abbé 
avoit  fait  commencier  (i). 

Cap.  27.  Et  que  estoit  fatigié  et  travaillié  s^alloit  soila- 
chant  par  li  champ  de  Capue.  Mes  Tangustie  delà  fatigue 
se  fait  doulce  par  delettation  de  repos.  Cestui  prince  Ri* 

rélection  du  nouveau  pape  Anselme  de  Lucques,  qui  prit  le  nom 
d'Alexandre  II  (i*'  octobre  1061),  pas  plus  qu^  ne  ptrle  des  deui 
autres  expéditions  déjà  faites  à  Rome  par  cet  mêmet  Normands, 
durant  le  pontificat  de  Nicolas  II  ;  Aimé  connaissait  troppcr  le  détail 
l'histoire  des  Normands  de  la  Campanie  pour  que  son  silence  sur 
des  faits  si  importants,  n'ait  pas  été  un  parti-pris:  ce  silence  est  con- 
forme à  ce  qu'il  dit  dans  le  chapitre  33«  du  livre  III.  Ce  fut  proba- 
blement en  sortant  de  Rome,  en  octobre  1061,  que  Richard  fit  cette 
invasion  sur  les  terres  des  fils  de  Borel  (BurieUe),  qui  pouédaient  i 
l'est  de  Sora  les  profondes  et  étroites  vallées  où  la  rivière  de  Sangro 
prend  sa  source. 

(i)  Léo  de'  Marsi,  III,  i5,  écrit  également  :  «  Campaniam  inde 
profectus,  totam  ferme  intra  très  menses  adquirit.  »  Tout  en  s*ini- 
pirant  d'Aimé  dans  ce  chapitre,  Léo  de'  Marsi  ne  parle  cependant  pas 
*  d'une  nouvelle  visite  de  Richard  au  Mont-Cassin  après  la  conquête 
de  la  Campanie  ;  il  ne  mentionne  qu'une  seule  visite  de  ce  prince 
au  Mont-Cassin  avant  la  prise  de  Capoue  en  1062.  Aimé  plaçant 
cette  seconde  visite  peu  avant  la  conquête  de  Capoue,  elle  a  dû,  par 
conséquent,  avoir  lieu  dans  les  derniers  mois  de  1061  ou  dans  les 
premiers  de  1062  ;  mais,  comme  Hirsch  l'a  fieût  remarquer,  2.  c,  p.  296, 
il  n'est  pas  possible  d'admettre  qu'à  cette  date,  l'abbé  Didier  eût  déjà 
fait  venir  de  Rome  des  colonnes  pour  rebâtir  l'église  du  Mont-Cassin 
puisque,  d'après  Léo  de'  Marsi,  il  ne  commença  à  réunir  les  maté- 
riaux de  cette  reconstruction  qu'en  1066,  «  anno  ordinatîonisDeftiderii 
nono  ». 


173 

chart,  quant  il  vint  a  marier  la  fille  (i),  il  mostra  que 
noient  fu  la  hautesce  de  li  antique  prince  ne  la  gentillece, 
a  comparation  de  ce  que  cestui  faisoit.  Et  toute  anichilloit 
lo  avarice  de  li  riche  home.  Et  plus  se  delictoit  de  faire 
parenteze  avec  home  que  avec  la  vane  arrogance  de  ceuz 
qui  habitoient  en  la  contrée.  Il  avoit  un  singuler  cheva- 
lier, petit  de  la  persone,  molt  robuste  et  fort,  et  estoit 
gentil  home,  et  molt  vaillant  et  esprové.  Cestui  fist  son 
£11  adoptive  et  cestui  voust  pour  gendre  ;  molt  Famoit  et 
continuelment  le  richissoit  de  dons,  dont  il  lui  mostra 
en  la  fin  ce  qu^il  avoit  en  cuer,  quar  cestui  chevalier,  liquel 
se  clamoit  Guillerme,  lui  donna  la  fille.  Et  lui  donna  en 
dote  la  conté  d^Aquin,  et  la  conté  de  Marse,  et  la  conté  de 
la  riche  Campaingne,  et  lo  fist  duc  de  Gaieté.  Cestui  estoit 
gofifanonie/,  cestui  estoit  conseiller,  cestui  estoit  principe 
et  chief  de  toute  la  chevalerie  (2). 

(i)  Celle  sans  doute  qu'il  avait  déjà  voulu  marier  au  fils  du  duc  de 
Gaâte  et  comte  d'Aquino. 

(2)  Il  s*agit  de  Guillaume  de  Montreuil  (Willermus  de  Monaste- 
riolo),  alias  de  Monsteriolo  ou  Mousterolo,  dans  une  charte  du  Mont- 
Cassin,  de  Mustarolo)  ;  il  était  fils  de  Guillaume  de  Giroie,  par 
conséquent  cousin  de  Robert  de  Grentemesnil,  abbé  de  S.  Evroul  en 
Normandie,  plus  tard  abbé  de  Santa  Eufemia  en  Calabre.  Guillaume 
de  Montreuil  reçut  en  Italie  le  surnom  de  bon  Normand,  «  qui  cogno- 
minatus  est  in  Apulia  bonus  Normannus».  O.  WrrALfHist.ecclesiast.f 
t.  II,  p.  27.  Ce  nom  de  Montreuil  lui  venait  de  Montreuil  TArgillier, 
commune  de  Heugon  ;  O.  VrrAL,  Hist,  eccles,,  t.  II,  p.  23.  —  Plus 
d'une  fois  les  Normands  d'Italie  ont  pris  des  titres  de  fiefs  et  de  sei- 
gneuries qu'ils  n'avaient  pas  encore  mais  qu'ils  espéraient  bien 
acquérir  par  la  suite;  ainsi  Robert  Guiscard,  avant  d'avoir  conquis  la 
Sicile,  avait  le  titre  de  duc  des  Siciliens  ;  c'est  sans  doute  par  le  même 
procédé  que  Richard  de  Capoue  aura  donné  à  son  gendre  le  comté 
d'Aquino,  celui  des  Marsi,  le  comté  de  Campanie  et  le  duché  de 
Gaâte,  quoique  il  ne  fut  pas  maître  de  ces  quatre  fiefs  lorsque  le 
mariage  a  eu  lieu.  En  effet  Aimé  place  ce  mariage  avant  la  conquête 


174 

Cap.  28.  Puiz  ceste  cose  lo  prince  se  reputa  peior  que 
tuit  li  autre  prince,  caries  portes  de  Capue  et  la  forteresce 
de  li  torre  estoit  guardée  de  ceuz  de  la  cité.  Il  commensa 
a  demander  a  li  citadin  les  forteresces  des  portes  et  des 
tors  ;  mes  ceuz  de  la  cité  non  lui  volirent  donner.  Et  lo 
dient  a  lo  pueple  pour  plus  animar  le.  Et  lo  prince  Ri- 
chart  s'en  rit,  et  pour  ce  ce  dient  cil  de  la  cité  qu^il  lo 
leisserent  entrer  en  la  cité  par  tel  covenance  qu^il  non 
eust  a  fiaire  de  li  forteresces.  Li  prince  Richart,  quant  il 
vit  qu'il  non  pooit  avoir  la  forteresce  de  la  cité,  si  lor 
laissa  et  issi  fors,  et  rappareilla  li  castel,  et  puiz  n'i  vint 
plus,  et  ficha  li  paveillon  entor  la  cité,  et  commensa  a 
combatre  de  arc  et  de  arbaleste  ;  comunement  commen- 
cèrent a  ferir  d^une  panet  d*autre,  et  sont  ferut,  et  occient 
et  sont  occis.  Et  li  Normant  qui  longuement  estoient  usé. 
en  bataille  combatoient  pour  prendre  la  cité,  et  cil  de  Gi- 
pue  estoient  affleboiez  de  famé.  Et  toutes  voies  se  comba- 
toient pour  delfendre  la  cité.  Et  li  famé  portoient  les 
pierres  a  li  homes  et  confortoient  li  marit,  et  li  père  ensai- 
gnoient  li  fill  pour  combatre;  et  ensemble  combatoient  et 
ensemble  se  confortoient.  Et  se  leva  un  garson  de  .xij.  ans 
qui  se  clamoit  Auxencie,  liquelavoit  la  main  drecié  pour 
traire  d^un  arc;  molt  en  fiert,  mes  plus  en  occit  ;  mes  il 
fu  féru  et  mort,  et  molt  en  furent  dolent  cil  de  la  cité. 
Un  autre  de  la  cité  singulere  jovene  passa  de  Fautre  pan 
de  lo  flume  plus  natant  que  soiant  a  cheval,  loquel  se  cla- 
moit Athenulfe.  Et  trova  .ij.  de  li  Normant  a  cheval  ;  Fun 


définitive  de  Capouc  par  Richard,  laquelle  eut  lieu  en  io6a  ;  or,  c*ett 
seulement  à  partir  du  mois  de  juin  io63  qu*il  devient  suzerain  de 
Gaéte  ;  cf.  Gattola  :  Accessiones  ad  historiam  abbatiœ  Cassinensitg 
t.  I,  p.  »65.  D^autres  documents  établissent  également  qu*en  io63 
Richard  ne  possédait  ni  le  comté  des  Marscs  ni  celui  d*Aquîno. 


17$ 

en  feri  et  lo  jetta  de  lo  cheval,  Pautre  prist  par  la  reigne 
de  lo  frayn  de  lo  cheval,  et  lo  se  tyra  derrière  par  lo  flume 
natant  comme  estoit  venut,  et  ensi  appareilla  lo  cheval^ 
quMl  retoma  en  la  cité  o  .ij.  chevaux  et  o  une  personne. 
Cestui  jovene  non  voust  onques  leisser  sa  cité  mentre 
qu^elle  estoit  en  ceste  brigue.  Et  puiz  s^en  ala  a  lo  sépulcre 
en  Jherusalem,  et  puiz  quant  il  fu  retornez,  si  se  fist 
moine  de  Pabbée  de  Mont  de  Cassyn.  Et  pour  toutes  cestes 
chozes  non  se  mua  lo  corage  de  lo  prince  Richart;  quar 
major  tristesce  donoit  a  cil  de  la  cité  s^il  en  occioit  un^  que 
il  non  recevoit  se  cil  de  la  cité  Ten  occissent  .x.  Il  faisoit 
divers  ystrumens  et  engins  por  traire  pierres,  et  destrui- 
soit  tors  et  abatoit  murs,  et  molt  hedifices  rompi.  Et  cil 
de  la  cité  meismes  font  pour  defifendre  li  mur  autre  chose, 
et  en  tant  coment  il  hedifioient  li  mur  de  pierre,  non 
pooient  aporter  dedens  les  choses  qui  lor  faisoient  be- 
soingne  pour  vivre.  Et  alcune  foiz  sont  portées  les  coses 
par  lo  âume  qui  par  terre  sont  deffendues  de  venir  a  la 
cité,  kar  la  nuit  li  nef  de  chose  nécessaires  vont  chargiez, 
et  vienent  avec  li  homes  soUetes.  Mas  puiz  que  lo  sot  lo 
prince  Richart,  absconse  la  navie  soe  et  prist  celles  qui 
venoient,  et  deSendi  que  nulle  non  passast.  Dont  man- 
dèrent cil  de  Capue  par  terre  ajutoire,  et  mandèrent  lo 
archevesque  a  Tempereor  (i).  Et  porce  que  noient  i  porta 


(i)  Hildebrapd,  frère  de  Pandulfe  VI,  prince  de  Capoue,  faisant 
partie  par  conséquent  de  la  dynastie  lombarde  des  souverains  de 
Capoue,  était  alors  archevêque  de  cette  ville  ;  son  opposition  à  Tavè- 
nement  des  Normands  est  dès  lors  facile  à  expliquer.  Voyez  sur  cet 
Hildebrand,  Léo  de*  Marsi,  II,  79,  première  rédaction,  et  Aimé,  I,  3y. 
En  io6a,  il  n*y  avait  pas  d*empereur  en  Allemagne,  Timpératrice 
Agnès  était  régente  pour  le  compte  de  son  fils,  le  jeune  roi  Henri  IV  ; 
elle  fut  sur  ces  entrefaites,  en  avril  1062,  dépossédée  du  pouvoir, 
qui  passa  à  Taristocratie. 


::o:^=:  e::  rirons.  ;:  ^ue  nulle  choze  non  donna,  nulle 
chose  lui  ni  iouusf.  Cir  en  la  con  de  l'empereor  de  Ale- 
niainiine  es:  cc^tu^xnce  que  qui  donne  parole,  parole 
rcchc::.  N^n  rem  deniers  jwur  paier  li  solde  a  lî  cheva- 
liers, e:  zizz,  £s:  ijn:<  i  lo  empereor,  et  ensi  non  fist  nulle 
chcie  vers  rerrjxecr.  E:  s'en  loma  arrière,  et  quant  il 
re:ornci:  non  po:  entrer  en  Capue,  et  se  herberga  a 
Tven  :  .  E:  ce  là  tsi  js&iToir  a  cil  de  Capue  cornent  il 
n*jvoî:  riens  ûi:.  Et  encontinent  cornent  li  home  de  Capue 
sonen:  qu'il  non  f\>oien:  avoir  secours  de  lo  empeor,  il 
ovrirent  les  {\>nes  des  fortes  torres  etde  la  dté  et  de  toutes 
lestoneresces.  e:  donnèrent  les  clés  a  lo  prince  Richart  (2). 

Cap.  20.  El  qumt  li  prince  Richart  ot  ensi  prinse  la 
cité  par  force,  et  fu  en  possession  des  fortereces,  cil  de  la 
cité  prièrent  lo  prince  Richart  qu'il  pardonast  a  lor  arche- 
vesque.  Et  lo  prince  Richart  qui  molt  estoit  debonaireet 
sage  lor  otroia.  et  manda  a  lo  archevesque  qu^il  viengne 
securement  a  Capue.  Et  quant  li  archevesque  sot  lo  man- 
dement del  prince  Richart,  il  vint  a  Capue,  et  lo  prince 
lo  rechut  de  bonc  volenté,  et  a  touz  ceauz  de  la  cité  donna 
paîz  ;  et  jamès  non  leva  a  alcun  possession  qui  par  rayson 
fust  soe  par  droit. 


(  I  )  Teano,  au  nord-ouest  de  Capoue.  par  delà  Pignttaro. 

(2)  Léo  de*  Maksi.  III,  i3,  a  reproduit  ces  données  d'Airo^  co 
ajoutant  cette  indication  chronologique  :  «  Anne  dominiez  inctma* 
tionis  millesimo  scxagesimo  secundo,  cum  jam  per  decem  drciter 
annorum  curricula  Normannis  viriliter  me  strenue  repugnsssenL  » 
Les  Annales  Cassinenscs  portent,  ad  an.  1062  :«Richardus  întroivit 
Capuam  et  factus  est  princeps  la  Kal.  junii.  »  —Les  Atmales  Bne- 
vent.ad  an.  ioti2:«Richardu8cepitCapuam.>— RoifUAU>i»SAiJii]fi 
ad  an.  loGa  :  ««  princeps  Richardus  Capuam  cepit  sibî  que  ordi- 
navit.  M 


177 

Cap.  3o.  Or  avint  une  nuit  que  lo  prince  Richart  aloit 
et  venoit  par  sa  chambre,  et  ala  en  un  lieu  descovert,  et 
vit  une  lumière  comme  de  flamme,  et  non  savoit  dont 
venoit,  et  manda  un  servicial  sien  por  espier  dont  fusse 
cellui  feu.  Et  cellui  message  sot  que  la  cité  de  Tyen  ar- 
doit.  Il  passa  celle  nuit  et  dormi  en  son  lit,  et  au  matin 
se  leva  et  assembla  ses  chevaliers,  et  ala  et  trova  celle  cité 
toute  arse,  ertoute  la  masserie  des  maisons  arse.  Et  cil  de 
la  cité,  par  lor  volenté,  alerent  a  lo  prince  qui  estoit  fors 
de  la  porte,  et  se  somistrent  souz  sa  seignorie,  et  jurèrent 
fidélité  a  lo  prince  Richart.  Li  conte  fuyrent  et  li  prince 
entra  en  la  cité,  et  coumanda  de  rehedifier  les  chozes  les- 
quelles estoient  destructes  de  lo  feu.  Et  est  magnifié 
Richart  en  sa  prospérité.  Et  plus  reputa  par  la  miséri- 
corde de  Dieu  que  par  la  soe  force,  la  prospérité  et  la  force 
et  la  victoire  qui  lui  accessoit  (i). 

Cap.  3 1 .  Et  de  celle  hore  en  avant  commensa  a  amer  et 
a  honorer  Peglize  de  Saint-Benedit  de  Mont-Cassyn  plus 
fortement.  Et  avoit  en  révérence  lo  abbé  Desidere,  et  se 
recommanda  a  li  orations  de  li  frerez,  et  fist  faire  la  mitre 
de  lo  abbé  Desidere  de  or  et  de  gemme  aornée  de  sure,  et 
enrichi  lo  monastier  de  li  castel  qui  estoient  après.  Et  un 
home  contredist,  quar  non  vouloit  qu^il  se  feist  chastel 
en  cellui  territore,  liquel  estoit  près  de  Pecclize.  Et  lo 
prince  fist  complir  lo  castel  qui  estoit  comencié,  et  la 


(i)Lbo  de' Marsi,  III,  i5,  écrit  d'après  Aimé:  «  Post  paucum 
tempus  (après  la  prise  de  Capoue)  divino  judicio  nocte  conflagrata 
Teano,  mane  princeps  cum  exercitu  supervenit;  fugientibus  que 
comitibus,civitatem,  ultro  tradentibus  civibus,  recipit.  »  On  voit  que 
les  Normands  dépossédaient  les  unes  après  les  autres  les  dynasties 
lombardes. 

12 


-?5 


«7 

violence  de  cellui  superbe  home  soumist  a  Fabbé  l'i 


Cap.  32.  Or  dit  ensi  li  maistre  liquel  compila  et 
ceste  ystoire,  que  il  vouloit  retorner  a  parler  des  Ticioîres 
dcl  duc  Robert  biscart  ;  quar li  dist  maistre  escrit  les  axes 
!iecont  lo  temps  qu'il  venoient,  et  non  persécute  une  jrssoire 
<ioilc.  Et  non  dist  qu'il  vousist  entreleissier  la  Tictoire  de 
lo  prince.  Fit  come  ensemble  vienent,  croissant  lor  vic- 
toire, cn&i  ensemble  soient  escriptes.  Puiz  lonaempsque 
Calabre cstoit  garnie  de  ad jutoire  de  tidel  chevaliers,  loroa 
loduc  Hobertcn  Puilleavec  sa  moillier,  et accompaingnié 
de  singulcre  chevalerie  et  de  grant  richesce.  Et  trova  molt 
qui  avoient  esté  li  fidel  soe  liquel  venoient  manque  de  lor 
fidélité.  Et  molt  qui  tenoient  a  lui  bone  foi  et  loialle, 
dont  a  chascun  rendoit  sa  mérite  de  chevaux,  de  dras  d*or 
et  d'argent,  glorifica  li  sien  fidel.  Et  ceuz  qui  non  lui 
avoient  esté  loial  et  droit  humilioit  o  turbation  et  povreté. 
Kt  dit  ccstui  maistre  qu'il  vouloit  dire  la  vérité,  que  li 
Normant  le  sccutoicnt  plus  par  paor  que  par  amor. 

Cap.  33.  Et  dist  cellui  maistre  loquel  compila  ceste  ys* 
toirc  qu'il  non  veut  leissier  de  dire  la  opération  et  li  bit 
de  Gis(3lfc;  quar  s'il  s'en  taisoit,  cil  qui  liroient  cest  livre 
Tcn  pourroicnt  reprendre.  Ne  autresi  ne  vouloit  mentir 
dont  se  vouloit  cscuscr,  que  se  il  dit  mal  il  en  veut  être 
CSC  usé. 

Cap.  34.  Mes  avant  que  vicingnons  a  la  ordinaire  de  lo 
raconter,  dcvissc  dire  le  général  vice  par  loquel  estoit 

(i)  Dnnn  le  III*  livre  de  la  Chronica  Montis  Catinenâit^  Léo  de 
Miirni  et  Pierre  Diacre  (mt  éniiméré  les  donations  fattet  au  Mottt* 
(InnHÎn  par  Richard,  prince  de  Capoue,  et  par  son  fils  Jourdain.  Lct 
ch:irteA  ile  ces  donations  ont  été  publiées  par  Gattola  dtnt  ton  Ui9* 
ttifia  nbbMîu*  Casinensis  et  dans  les  Accessionnes  à  cette  histoire 


179 

esmut  a  faire  mal,  a  ce  que  il  se  peussent  raporter  la  ope- 
ration  soe.  Quar  il  estoit  plein  d^envie  et  de  simulation  : 
simulation  est  a  moustrer  a  autre  ce  que  non  est  ;  arro- 
gance, superbe,  convoitise,  castrimargie,  avarice,  homi- 
cide, perfidie,  sacrilège,  et  rendre  mal  pour  bien,  discorde 
et  false  castité,  est  propre  seige  en  cestui,  dont  toute  ceste 
cose,  par  conséquente  ordene,  se  provoit  estre  en  cestui 
prince  Gisolfe. 

Cap.  35.  Quar  il  estoit  enflammé  dé  envidie  contre  lo 
marit  de  sa  soror,  c'est  contre  lo  duc  Robert  cercha  de 
faire  malice.  Mes  conseill  ne  sapience  non  vaut  contre  la 
potence  de  Dieu  (  i  )  et  qui  Dieu  glorifie  nul  ne  lo  pot 
condempner.  Se  un  chetif  persécute  lo  fortissime  lyon,  il 
sera  viande  de  lo  lyon.  A  ce  que  peust  abatre  lo  duc  Ro- 
bert se  donna  en  conseill  a  plus  riche  et  a  plus  vaillant 
de  lui^  et  mentre  est  régit  par  la  fortitude  cellui  est  privé 
de  toute  honor,  et  c'est  effecte  de  invidie. 

Cap.  36.  Encoire  pour  occasion  de  oration  se  feinst 
dealer  oultre  mer  en  Jerusalin  ;  et  encontinent  coment  il 
retorna  de  là  ou  il  devoit  aler  ;  et  de  là  ou  il  n^ala  pas,  de- 
manda et  requist  adjutoire  del  duc  ;  Robert  se  prist  bien 
garde  de  son  enganement,  donna  adjutoire  et  despriza  la 
sœ  dissimulation.  Or  avons  la  simulation. 

Cap.  37.  Après  cestui  Gisolfe  prist  lo  baston  et  Pescrepe 
comeperegrin,  étala  en  Costentinoblea  loimpereor.  Etpour 
soi  mostrer,  porta  lo  vestement  aorné  de  or  et  de  pîerrez 
preciouses,  coment  se  ceste  cose  non  se  trovassent  en  Cos- 
tentinoble  en  la  cort  de  lo  impeor.  Et  manda  messages 
avant  a  lo  impereor,  et  demanda  chose  que  jamaiz  nul 

(i)  «  Non  est  saiMentîa,  non  est  prudentia,  non  est  consîUuni  contra 
Dominum.  m  Liber  Prwerb,^  XXI,  3o, 


i8o 

autre  non  demanda.  Quar  vouloit  que  lui  fust  appareillié 
lo  siège  devant  io  impereor,  et  fist  prononcier  son  avène- 
ment cornent  ce  fust  un  autre  empeor.  Lo  impereors*en 
corrocha  premerement,  et  toutes  voiez  non  voust  contre- 
dire, et  ensi  lo  iessa  venir  et  s'en  rist  entre  soi  meismes.  Et 
ensi  se  note  Farrogance. 

Cap.  38.  Pour  la  force  que  lui  estoit  mis  devant  fu  cons- 
treint  lo  prince  de  encliner  la  teste  en  terre;  et  pour  ce  que 
demandoit  la  sollie  de  servide  ester  sur  ses  piez,  quar  non 
devoit  seoir  comme  il  demandoit.  Et  lo  mantel  mostra  de- 
fors,  quar  se  crooit,  pour  ce  que  estoit  bel,  adouber  la  £ice 
de  lo  impereor.  Et  pour  ce  que  a  lo  impereor  tenoit  molt 
lo  parler,  fu  constraintde  tenir  lo  pié  entorchillé;  lo  ar- 
chevesque  de  Salerneet  un  evesquedeRomenez  etnorris, 
et  lo  cancellier  estoient  humile  devant  la  magesté  impérial  : 
entre  tant  que  Gisolfe  parloit  de  la  perversione  de  11  Nor- 
mant,  ceaux  parloient  de  la  voie  de  lor  peregrinage  lor, 
et  la  clémence  impérial  veoit  defors  la  religion  de  Gisolfe, 
et  entendi  la  superbe  que  tenoit  en  cuer,  et  en  ce  note  la 
superbe. 

Cap.  39.  Et  li  evesque,  liquel  estoient  lumière  délia 
EcHze  de  Dieu,  se  efforcèrent  de  complir  lor  bon  enten- 
dement; si  s'en  alcrent  a  lo  saint  sépulcre  en  Jérusalem  ; 
et  lo  prince  remeinst,  etquanqu'il  pot  procura  la  destruc- 
tion de  lo  duc  Robert  et  de  tuit  li  Normant.  Et  promist  a 
lo  impereor  de  donner  li  pour  ostage  li  evesque  liquel  es- 
toient alez  en  Jérusalem  et  dévoient  là  retorner.  Et  li  jura 
lui  de  mander  lui  son  frère  pour  ostage  a  ce  qu^il  puisse 
obtenir  ce  qu^il  voloit  et  desirroit.  Et  tant  fist  qu^il  rechut 
.Ix.  centenares  de  or  de  lo  impereor;  et  de  ces  deniers  de- 
voit soldoir  gent  et  confondre  li  Normant.  Et  puiz  après 
ce,  11  evesque  retomerent  par  molt  péril  de  mer  et  de  H 


i8i 

Sarrazin.  Et  quant  il  furent  retornez  a  la  cort  de  Tempe- 
reor  en  Costenti noble,  li'pruice  lor  dist  ce  que  li  empe- 
reor   et   lui.    Mes  pour    ce  que  li    parent   de  Tarche- 
vesque  estoient  constreint  de  la  crudelité  de  cestui  prince, 
il  se  douta  de  lo  noier.  Et  adont  dist  :  «  se  lo  evesque 
Bernât  veut  remanoir,  je  suis  content.  »  Et  lo  evesque 
Bernart  lo  coniredist,  quar  non  avoit  paour  de  5a  crude- 
lité qui  fussent  subjette  a  cestui  prince,  dont  autresi  non 
lo  voust  oïr.  Et  en  ceste  hore  et  temps  li  evesque  Bernart 
chaï  malade  et  fu  mort,  et  o  noble  office  fu  sousterré  a  lo 
monastier  de  li  Amalfigiane.  Et  lo  împereor  constreint  lo 
prince  o  tout  terrible  sacremens  liquel  il  avoit  juré,  et 
retorna  riche  de  li  don  de  li  empereor.  Et  li  archevesque 
prist  autre  voie  pour  partir  soi  de  sa  compaingnie,  et  vint 
droit  a  loduc  Robert,  deloquel  nonfu  receu  corne  anemi, 
mes  comme  ami.  Et  non  Tôt  en  révérence  pour  santtité 
qu^il  venoit  de  Jherusalem,  mes  se  merveilla  que  vint  o 
grant  barbe  comme  s^il  fust  de  Costentinoble.  Et  Gisolfe, 
qui  avoit  tout  son  penser  en  iniquité,  ettoutez  foiz  contre 
li  Grez  se  pensa  malice.  Tant  de  or,  tant  de  argent  et  de 
rame  fist  faire  monoie  de  manque  poiz,  et  celle  qui  estoit 
de  poiz  mancoit  ;  et  la  manda  a  ses  ministres  celeement 
pour  lo  paiage  de  li  marcheant  et  pour  la  marcheandize  ; 
et  prennent  ceste  monoie  et  la  metent  Tune  en  la  main  de 
Tautre,  mostrant  que  non  estoit  de  poiz,  et  grioient  contre 
ceuz  qui  portoient  ceste  monoie,  quar  avoient  fait  contre 
la  loi  del  prince.  Et  alcun  altre  de  cil  menistre  vont  là 
dont  se  vent  la  char  et  lo  poison  ;  et  mistrent  a  ceuz  qui 
achatoient  molt  de  char  ou   molt  de    poison,    pour  ce 
que  estoient  li  plus  riche;  et  lor  trovoient  celle  monoie 
non  juste  qu^il  prenoient  cortoisement.  Et  quant  li  ministre 
veoient  li  bon  home  qui  despendoient  celle  monoie,  il  les 
prenoient  et  trainoient  et  batoient  a  grant  vergoingne,  et 


l82 

disoient  qu'il  «voient  falsé  la  monoie  de  lo  prince,  et  les 
tenoient  en  prison.  Et  puiz  es\oient  constraint  a  paier 
molt  grant  pêne  ;  et  pour  ceste  grant  prodicion  et  mal- 
vaistté.  alcun  en  vendoient  lor  maison  et  alcun  lor  terre 
pour  paier  la  pêne,  et  sont  constraint  a  aler  querant  lor 
pain.  Or  avez  la  covottise  «  i). 

(0  II  n*cst  pas  facile  de  déterminer  à  quelle  date  Gisulfe  de  Sa> 
lerne  a  fîdt  ce  voyage  à  Constantinople  dont  Aimé  est  seul  à  parler; 
au  chapitre  3*  du  VIll«  livre,  Aimé  parle  de  nouveau  de  ce  voyage 
et  ajoute,  comme  nous  le  verrons,  quelques  particularités,  mais  sans 
donner  davantage  d'indication  chronologique.  Ces  différents  textes 
d*Aimê  autorisent  cependant  les  observations  suivantes  :  lorsque  le 
prince  de  Salerne  est  alk^  à  Consuntinople,  il  était  en  paix  arec 
Amaltî  et  notamment  avec  une  illustre  famille  d*Amalfî,  la  fiimille 
de  Maur,  lequel  avait  six  tîls  dont  Taîné  avait  nom  Pantaleo;  à 
Constantinople,  Gisulfe  descendît  dans  le  palais  même  que  Pantaleo 
avait  dans  cette  ville  et  il  y  reçut  une  magnifique  hospitalité.  Ce  fut 
alors,  quand  il  eut  vu  par  lui-même  combien  était  riche  cette  famille 
de  Maur,  qu*il  commença  à  réfléchir  aux  moyens  de  la  dépouiller  et 
de  s'approprier  ses  richesses.  Or,  lorsque  eut  lieu,  le  i*'  octobre 
1071,  la  consécration,  par  le  pape  Alexandre  11,  de  la  nouvelle  basi- 
lique du  Mont-Cassin,  la  guerre  était  déclarée  entre  Gisulfe  el 
A  mal  A,  et  la  famille  Je  Maur  luttait  avec  les  Amalfïtains  contre  le 
prince  de  Salerne,  puisque  Gisulfe  et  Maur  étant  venus  Tun  et  Tautre 
au  Mont-Cassin  pour  \à  cérémonie,  le  pape  fit  promettre  à  GisuUè 
que  si,  dans  la  guerre,  il  faisait  prisonnier  quelque  fils  de  Maur,  il  le 
laisserait  aller  sain  et  sauf  et  sans  exiger  de  rançon.  Cette  promcaae 
n'empccha  pas  Gisulfe  de  faire,  quelque  temps  après,  mourir  un  fils 
de  Maur  dans  d'afTreux  tourments.  Il  faut  donc  placer  avant  le  i*'' oc- 
tobre 1071  le  voyage  de  Gisulfe  à  Constantinople.  Cette  conclusion 
n*cst  piis  celle  que  j'avais  cru  pouvoir  adopter,  dans  une  étude  sur 
S.  Grégoire  VII  (5.  Grégoire  MI  et  la  reforme  de  réglise  am 
Xh  siècle,  1^  vol.  in-8'3,  Rétaux-Bray,  Paris,  1889,  t.  111,  p.  3a),  ie 
plaçais  alors  durant  l'automne  ou  Thivcr  de  1073  ce  voyage  de  Gi- 
sulfe à  Constantinople;  l'histoire  delà  famille  de  Maur  prouve  qu*il 
a  eu  lieu  en  réalité  quelques  années  auparavant.  Ccst  donc  à  Tem- 
pereur  d'Orient,  Const.intin  Ducas  (io5()-io67)  ou  à  son  successeur. 


i85 

Cap.  40.  Non  se  pot  dire  quant  viande  est  neccessaire 
pour  emplir  lo  insaciable  ventre  de  cestui,  et  s^il  Ten  re- 
maint poi  en  laissera,  commande  que  li  soit  garde.  Et  se 
alcune  cose  en  fust  manco,  batoit  o  lo  bâton  et  lo  poing 


Romain  Diogène  (106^-1071),  que  Gi8ulfe  est  allé  demander  des 
subsides  pour  faire  la  guerre  à  son  beau- frère  Robert  Guiscard,  et  ses 
ouvertures  durent  être  d*autant  plus  agréables  à  la  Cour  de  Constan- 
tinople,  que,  pendant  cette  période,  le  duc  normand,  poursuivant 
ses  conquêtes  dans  l'Italie  méridionale,  y  faisait  disparaître  les  der- 
niers vestiges  de  la  domination  grecque.  Le  16  avril  1071,  veille  du 
dimanche  des  Rameaux,  Robert  Guiscard  couronnait  son  auvre  en 
entrant  en  vainqueur  à  Bari,  après  un  siège  de  deux  ans  et  huit  mois. 
Nous  voyons  par  Aimé  que  Gisulfe,  infidèle  aux  belles  promesses 
qu'il  avait  faites  à  Constantinople,  n'employa  en  aucune  façon  contre 
les  Normands  l'argent  que  le  trop  crédule  empereur  d'Orient  lui 
avait  donné  ;  il  s'en  servit  pour  tromper  ses  sujets  en  feisant  frapper 
une  monnaie  qui  n'avait  pas  le  poids  réglementaire.  Comme  compa- 
gnons de  route  dans  son  voyage  en  Orient,  Gisulfe  eut  deux  évêques, 
Alfane,  archevêque  de  Salerne  (io58-io85)  et  un  autre  évêque  du 
nom  de  Bernard,  dont  Aimé  n'indique  pas  le  siège  épiscopal.  Chez 
Alfane,  ce  désir  d'aller  en  pèlerinage  à  Jérusalem  était  ancien;  nous 
savons  par  Léo  de'  Marsi,  111,  7,  qu'avant  d'être  moine  et  ensuite 
archevêque  de  Salerne,  Alfane  cherchait  une  occasion  et  sollicitait 
la  permission  de  visiter  les  lieux  saints  ;  il  ne  put  que  plusieurs  an- 
nées après  réaliser  ce  projet.  Dans  les  oeuvres  qui  nous  restent 
d' Alfane,  poésies,  opuscules,  etc.,  on  ne  trouve  aucun  souvenir  de 
ce  voyage  à  Jérusalem  et  à  Constantinople,  encore  moins  une  indi- 
cation permettant  d'en  fixer  la  date.  Cf.  M  igné  :  Patrol.  lat. 
t.  147,  col.  121 3-1282.  Aimé  est  tout  à  fait  dans  le  vrai  lorsqu'il 
parle  de  la  secrète  inimitié  de  Gisulfe  contre  Alfane  et  des  persécu- 
tions que  les  parents  tie  ce  dernier  avaient  à  endurer  de  la  part  du 
prince  de  Salerne;  un  passage  de  Léo  de'  Marsi,  III,  7,  montre  en 
effet  que  les  parents  d'Alfane  furent  soupçonnés  d'avoir  pris  part  à 
l'assassinat  de  Guaymar,  père  du  prince  Gisulfe.  Comme  il  a  déjà 
été  dit,  nous  ne  savons  pas  d'où  était  évêque  ce  Bernard,  qui  mourut 
à  Constantinople  et  qui  y  fut  enterré  dans  le  monastère  des  Amal- 
fitains. 


184 

celluy  a  cui  il  avoit  baillé  a  garder.  'Dont  poi^-tu  noter 
castrimargie  ou  gole,  quar  vouloit  toute  la  pome  qu'il 
avoit  laîssié.  Et  avec  la  goule  noterai  la  triste  avarice. 

Cap.  41.  Une  famé  estoit  sage  et  studiose  en  son  fait, 
laquelle  se  clamoit  Gaza,  laquelle  Guaymere,  lo  père  de 
ccstui  inique  et  malvaiz  prince,  l'avoit  amée  corne  sa 
soror,  quar  lo  servoit  molt  diligentement.  Et  cestui  mal- 
vaiz prince  la  mist  en  prison,  et  pour  ce  que  avoit  esté 
parente  de  li  chambricr  de  son  père  lui  cerchoit  deniers. 
Geste  dame  confessa  ce  que  elle  en  avoit,  et  lui  rendi,  et 
autres!  lui  donna  de  lo  sien  et  lui  jura  coment  elle  non 
avoit  plus.  Il  la  fist  prendre  une  autre  foiz  et  la  fîst  tor- 
menter  molt  crudelement,  et  tant  fu'  martyrizée  que 
morte  fu  levée  dcl  torment.  Et  un  vaillant  clerc,  loquel  se 
clamoit  Pierre  Germain,  des  la  juventuie  soe  fu  maistre 
de  medicinc  et  puiz  fu  occis.  Guaymarie  (i)  avoit  fatigié 
moult  fidèlement  pour  ce  que  cestui  triste  prince  peust 
recovrer  son  honor,  et  por  lever  lui  lo  sien,  quar  cestui 
medique  estoit  riche.  Gisolfe  lo  mist  en  prison,  et  lo  tor* 
menta  de  diverses  pênes,  et  lui  donna  cestui  Pierre  tout  ce 
qu'il  avoit,  et  que  cerchoit  ce  que  non  avoit  non  lui  pooit 
donner.  Et  tant  lui  cstraist  la  teste  avec  lo  torceor,  queo 
tout  lo  sanc  lui  traist  Tarme  del  cors.  Or  est  coment  fu 
homicide. 

Cap.  42.  Et  quand  Guide  vit  lacrudelité  de  son  nepote, 
liqucl  Guide  estoit  oncle  de  lo  prince  Gisolfe^  il  s'en  ala 
habiter  en  la  rocce  de  la  cité  avec  ses  iilz  et  sa  moillier  (a). 


(0  Le  sens  indique  qu'il  faut  Pierre  Germain  au  lieu  de  Guay- 
marie. 

(1)  Plusieurs  fois  déjà  il  a  été  question  de  ce  Guide  ou  Gui«  oncle 
de  Gisulfc  et  qui  avait  si  grandement  contribué  à  conserver  à 


i8s 

Et  non  tant  la  serva  pour  avarice  quant  pour  neccessité  de 
recovrer  lo  principe  et  li  autre.  Et  Gisolfe  son  neveu  s'ap- 
pareilla de  rendre  mérite  a  son  oncle  pour  cequ^il  Tavoit 
délivré  de  prison  et  fait  lo  prince.  Et  clama  li  Normant, 
et  lordist  qu^il  deussent  prendre  son  oncle.  Et  Guidç  non 
savant  la  malice  de  son  neveu  descendi  a  la  cortcoment 
avoit  acostumé,  et  li  prince  lui  demanda  que  lui  soit  donné 
la  roche.  Et  Guide  non  lui  refusa,  quar  en  bone  entention 
pour  lo  salut  de  lo  nepote  la  gardoit.  Guide  demanda  es- 
pace, mes  Gisolfe  non  lui  vouloit  donner  space  ne  terme. 
Et  se  fist  Gisolfe  aporter  li  livre  de  la  Evangile,  et  jura 
que  se  en  cellui  jor  non  avoit  la  roche,  que  en  cellui 
jor  trairoit  a  son  oncle  Toill.  Et  fu  pris  Guide  et  porté 
a  la  porte  de  la  rocche  devant  la  moillier,  et  la  sage 
famé  o  fort  anime  esta  sur  et  se  combat,  et  conforte  sa 
gent  a  combatre.  Et  dist  a  lo  prince  lo  bénéfice  loquel 
avoit  receu  de  son  marit  a  ce  qu^il  fust  salve  en  son 
honor,  et  lui  dist  comment  elle  et  ses  filles  estoient  despoil- 
lies  de  lor  joies  pour  maintenir  lo  en  estât.  Et  Gisolfe, 
comment  lo  serpent  fort  se  clôt  l'orelle  ;  et  quant  Guide 
vit  la  durescede  lo  cuer  de  lo  prince  son  neveu,  il  proia 
la  moillier,  se  elle  aimoit  mielz  il  que  la  roche,  que  elle 
rende  la  roche  a  Gisolfe.  Dolente  et  plorant  descendi  la 
dame  de  la  roche,  et  la  rendi  pour  délivrer  lo  marit.  Et 
puiz  Gisolfe  donna  un  petit  chastel  a  son  oncle,  liquel 
s^efforsa  puiz  plus  de  dis  foiz  de  lui  tollir.  Et  pour  ce 
paroît  la  soe  perversité,  et  comment  rendoit  mal  pour 
bien. 


neveu  la  principauté  de  Salerne,  après  la  mort  de  Guajrmar,  cf.  supra, 
1.  m,  c.  29  sqq.  —  La  u  rocce  de  la  Cité  »  désigne  sans  doute  le 
château-fort  qui  dominait  Salerne,  puisque  Gui  avait  coutume  de 
descendre  de  ce  château  pour  venir  à  la  cour  de  son  neveu. 


i86 

Cap.  43.  Et  puiz  qu^il  ot  faite  ces  chozes  devant  dites, 
il  persécuta  Jshu-Crist»  quar  il  persécuta  les  membres  de 
Christ,  c^est  ceauz  qui  servent  a  Christ,  et  se  prove  soi  que 
cil  qui  persécutent  li  servicial  de  Jshu-Crist  persécutent 
Christ.  Et  pour  la  parole  que  dist  Jsbu  a  saint  Paul  :  O 
Saul!  ô  Saul!  pourquoi  me  persequte?  (i)  Non  dist: 
Paul,  pourquoi  persécute  saint  Stéphane,  mes  dist  :  Pour- 
quoi  perseques-tu  moy  ?  Et  autresi  dist  en  TEvangile  :  Ce 
que  vous  ferez  a  li  plus  petit  de  li  servicial  mien,  a  moi 
lo  ferez  (2).  Et  encoire  dist  :  Qui  sequte  vous  persécute 
moy  (3).  Et  pour  ce  que  cestui  persécuta  li  servicial  de 
Christ  adunques  persécuta  li  membres  de  Christ.  Et  que 
persécutasse  li  sevicial  sien,  se  moustra  par  saint  Gayfere, 
loquel  cercha  de  involare  o  son  fauz  penser,  et  impeechier 
lo  sien  bon  corage  qu^ilavoita  Dieu.  Et  cestui  pensa  pre» 
merement  de  persécuter  li  soe  parent  de  cestui  abbé,  et 
autresi  donna  maie  infamie  a  lo  opération  soe  bone.  Non 
ot  paour  de  doner  impediment  a  lo  sancte  opération  de  lo 
saint  abbé,  et  pour  ce  que  savoit  la  forte  chavalerie  de 
Dieu,  car  Tor  non  se  puet  purgier  se  non  contre  lo  feu  de 
Taversité,  non  se  curoit  la  tempeste,  mal  disoit  cornent 
disoit  saint  Paul  :  Qui  se  partira  de  la  carité  de  Christ, 
tribulation,  angustieou  dolor  (4)  ;  autresi  corne  s^il  vousist 
dire  que  nulle  non  se  puet  partir  de  la  carité  de  Christ. 
Et  loup  rapace  Gisolfe,  maistre  de  tout  malice,  pensa  de 
rompre  la  mandre  dove  estoient  li  peccoire,  pour  tnire 
ent  li  aiguel,  c^stTabbé  Guayfere  ;  cercha  Gisolfe  de  veio- 

(i)  «  Saule,  Saule  quid  me  persequeris?  »  Actus  Apost,^  IX,  4. 

(2)  «<  Quandiu  fecistis  uni  ex  his  fratribus  meis  minimis,  mihi 
fecistis.  ■  S.  Matth.,  XXV,  40. 

(3)  «  Qui  vos  spernit  me  spernit.  »  S.  Luc,  X,  16. 

(4)  **  Quis  ergo  nos  separabit  a  charitate  Christi  ?  tribulatio  ?  an 
angustia?  an  famés  ?  »  EpisU  ad  Rùman.,  VllI,  33. 


I87 

cere  o  lui  fort  chevalier  de  Dieu»  et  lo  cavalier  estoit  en 
mi  io  champ  et  combatoient  ces  .ij.  o  argument  ;  et  dist  li 
juste  que  sa  poesté  est  plus  grant  que  la  poesté  seculere 
secont  la  autorité  de  li  apostole.  Et  appella  a  lo  pape  ;  et 
lo  malvaiz  prince,  contre  lo  opposition  de  lo  juste  abbé, 
jura  que  il  se  confida  de  lo  pape,  pour  ce  que  estoit  con- 
noissut  da  il.  Et  toutes  foiz  son  fait  non  estoit  bien  coneu 
de  lo  pape,  et  que  se  lo  abbé  non  vouloit  jurer,  coment  il 
commanda  que  maintenant  lui  ferait  taillier  la  langue. 
Et  li  inique  ministre  qui  lui  dévoient  taillier  la  langue 
furent  appareillié.  Et  li  archevesque  là  ploroient  li  père, 
et  li  parent  estoient  entor  qui  sans  dolor  celle  chose  que 
sans  dolor  non  pooient  veoir.  Et  proierent  li  parent  de 
cestui  abbé  a  lo  neveu  de  Gisolfe  que  ceste  vergoingne 
non  fust  faite  a  lo  abbé  de  taillier  la  langue.  Mésja  lo 
prince  non  recordoit  de  la  parenteze,  et  pensoit  tant  sole- 
ment  perversité  et  malvaistié;  dont  lo  abbé  jura  03ntre  sa 
volenté,  et  jura  que  jamaiz  non  diroit  maie  parole  de  lui. 
Et  nota  que  non  vouloit  dire  maie  parole,  mes  la  maie 
opération.  Car  autresi  li  infidel  et  herege  non  averoient 
pooir  de  loer  la  opération  de  cestui,  tant  estoient  malvaiz. 
Et  que  sacrilegie  enp)ejore  la  cose  sainte,  cestui  qui  cons- 
trainst  lo  abbé  qui  non  estoit  a  lui  subjecte,  prist  la  raison 
del  eclize  et  fist  sacrilège  (  i  ). 


(i)  Pierre  Diacre  a  plusieurs  fois  parlé  de  ce  Gayfère  ou  Guay- 
ferius  et  rapporte'  qu*il  était  originaire  de  Salerne,  d*où  il  vint  au 
Mont-Cassin  ;  cf.  de  ortu  et  ohitu  justorum  eantobii  Casinensis, 
no  49  dans  A.  MaT  :  Scriptorum  veterum  nova  eollectio,  t.  VI, 
2«  part.,  p.  273  ;  de  viris  illustribus  Casinensibus,  chap.  29,  de 
Benedicto  seu  Guaiferio  dans  Muratori,  R.  1.  SS.  T.  Vï,  p.  44,  et 
enfin  la  chronica  Montis  Casin,,  1.  III,  62.  —  Pierre  Diacre  ne  dit 
pas  que  Guaiferius  ait  été  abbé,  c'est-à-dire  supérieur  d'un  monas- 
tère, pas  plus  qu'il  ne  parle  de  cette  controverse  entre  Gisulfe  et 


:-^ 


O.?.  44.  La  vit  que  je  trove  dt  cesîui  siint  abhé  me 
donne  occasion  que  je  l'escrive.  Et  dist  œsnii  moixie  qni 
ctsit  ystoire  corrpila.  que  pour  ce  que  esi  Uudable  la 
rouloit  escrire.  Quar  la  vie  de  cestuî  se  puet  a  comparer 
4  la  vie  de  li  saint  pères,  lesquelles  ries  sont  escriptes  en 
}i  dyolo{?ue  de  saint  Grégoire  1  .  soit  pour  asterité  de 
cors,  ou  soit  pour  vigilie,  ou  soit  par  autre  Tertu  spiri- 
Yuale  ;  quar  sans  la  noblesce  de  la  mère  estoit  nés  pour 
^rant  prince  et  de  haute  ligniée.  et  tout  fust  chose  qu'il 
tussent  malvaiz.  Toutes foiz  corne  la  rose  de  Te^ne  estoit 
cestui  saint  abbé  nez  de  eaux.  Ceaux  donnoient  femc 
poingnantc,  et  cestui  o  laude  li  anime  recreoit,  quar  en  la 
Hor  de  sa  jovenesce  se  parti  de  la  losenge  de  li  parent  soe. 
et  ala  a  Tescolle  de  autre  maistre,  et  est  fait  maistre  de 
science  celestial.  Et  aviengne  qu'il  fust  chanoinne  et  clerc. 
toutes  voies  par  vie  et  par  costumes  aloit  corne  moine  (2). 
Et  comensa  cestui  saint  abbé,  quant  il  estoit  jovene»  a 
jeûner  et  a  soi  deleter  a  lire  li  selme  de  lo  sautier.  Et 
parens  malitiouz  cerchoient  de  lui  soustraire  Parme 
toutes  voies  il  estoit  dévot,  sempre  en  oration,  et  o 
lacrimes  lavoit  ses  péchiez.  Etensi  estoit  ferme  en  la  saint 
Eglize,  qu^il  paroit  qu'il  i  fust  enraciné.  Qui  seroit  celui 
(|ui  porroit  raconter  son  humilité  et  son  abstinence  ?  quar 
estoit  plein  plus  parfaitement  de  li  art  libéral  que  par 
science  literale  se  peust  amagistrer.  Et  pensoit  de  nuit  et 
de  jor  la  loi  de  Dieu,  et  aloit  par  lo  conseil  de  li  parfait. 

Gaifenus;  toutefois   les  particularités  qu*Aiiné  et    Pierre    Diacre 
signalent  lors  de  la  mort  de  Guayferius  prouvent  bien  qu*iU  oot 
l'un  et  l'autre  co  vue  le  même  personnage. 
(1)  S.  Gkkgorii   papa  Dialogorwn  libri   IV,  dans  Mignb  :  Patr. 

I 

lût.,  t.  77,  col.  149-430. 

(3)  C'est  sans  doute  à  Salerne  que  Guaifehus  a  été  clerc  et  cha- 
noine avant  de  devenir  moine  au  Mont-Cassin. 


i89 

11  rechut  par  grant  desirrier  et  volenté  lo  habit  de  saint 
Benedit,  et  fii  fait  un  autre  major,  c^est  qu^il  fu  obedient 
cornent  s^il  alloit  estre  major  a  saint  Benedit,  liquel  avoit 
esté  disciple  de  saint  Benedit,  la  croce,  c'est  Pangustie, 
pour  Tamour  de  Christ  non  Pot  a  fatigue  ;  mes  volontai- 
rement fatiga  pour  Pamor  de  Jshu-Christ.  Et  a  ce  que 
feist  lo  exemple  de  Crist,  li  plus  jovenede  lui  supreponoit 
a  soi.  Et  il  se  imoit  a  pieor  de  toz,  et  continuelmcnt  estoit 
infesté  de  moult  de  fatigue.  Toutez  foiz  jamais  no  failloit 
de  la  opération  de  Dieu,  quar  avoit  en  cuer  la  parole  de 
saint  Paul  apostole,  qui  dist  :  Tant  sui  plus  inferme  alore 
sui  plus  potent  (i).  Et  se  aucune  foiz  estoit  remède  avoir 
mémoire  de  la  passion  de  Crist,  o  ploreto  souspir  faisoit 
que  retornoit  a  la  mémoire  de  lui.  Forte  chose  seroit  de 
dire  et  de  raconter  toutes  les  bones  opérations  soes  ;  que 
se  toute  choze  se  disoit,  seroit  imposible  chose  de  toute  la 
choze  raconter.  Toutes  voiez  la  gloriose  bataille  de  cestui 
et  quel  fin  il  fist  non  se  doit  taire.  Quant  il  morut,  et  que 
Parme  devoit  estre  portée  en  ciel,  estoit  recommandée  en 
Poroison  de  li  frère,  et  sentirent  li  frère  que  non  faisoit 
besoingnedeproierpourlui,  quar  saint  Michiel  Pea  avoit 
portée  en  la  joie  de  paradis. 

Cap.  45.  Or  avint  une  choze  que  .j.  maistre  de  grant 
renomée  et  de  gant  famé  loquel  seclamoit  Alberico  (2)  ;  il 
Alberico  estoit  entre  li  frère  qui  ploroient  pour  la  mort  de 


(i)  tt  Cum  enim  infîrnior  tune  potenssum.  »  2^  épit,  aux  Corint,, 
XII,  10. 

(2)  A.lbéric,  moine  et  diacre  au  Mont-Cassin,  avait,  d*après  Pierre 
Diacre,  composé  plusieurs  ouvrages;  il  se  distingua  au  concile  de 
Rome  du  mois  de  février  1079,  par  son  argumentation  contre  l'héré- 
tique Berenger;   Chronica  Mon,  Casinensis,  III,  35,  auctore  Petro 

DiACONO. 


190 

cestui  saint  home,  et  veoit  celluî  grant  maistre  qu'il  noa 
pooit  eschaper  de  mort  li  saint  home.  Si  lui  pria  en  prime 
que  non  se  dévisse  corrocier  de  ce  qu'il  voloit  dire.  «  Nous 
savons  que  la  miséricorde  de  Dieu  jamaîz  a  li  pecbeor 
non  défaut,  et  lo  adrece  a  la  vie  eterne  tant  plus  ad judera 
a  cellui  qui  non  se  part  de  son  commandement.  Adunc 
prions  la  toe  carité  que  puiz  que  tu  seras  mon  et  seras 
devant  Jshu-Crist  comme  tu  as  sempre  maiz  desirré,  que 
a  plus  grant  certitudine  lo  doie  signifier,  et  en  quel  lieu 
lo  juste  judice  de  Dieu  te  destinera,  que  alcun  de  nouz  lo 
doies  mostrer.  »  Kt  ensi  fu  fait,  quar  puiz  la  mort  soe 
laquelle  non  se  doit  dire  mort,  mes  transmigration,  il  ap- 
parut en  songe  a  maistro  Albcrico,  et  par  troiz  foiz  lui 
dist  :  t  En  vérité,  en  vérité,  en  vérité,  saches  que  je  sui 
aie  en  la  vie  pardurable.  »  Et  lo  maistre  au  matin  dist 
ceste  avision  a  li  frère  dont  tuit  orent  grant  joie  (i). 

Cap.  46.  O  bon  Gualfere,  qui  maintenant  gaudes  et 
sempremaiz  avec  Christ,  loquel  donastes  esperanze  a  celui 
qui  vouloit  savoir  ou  la  toc  mérite  estoit,  loquel  tu  condi- 
xiste  a  ccaux  qui  a  temps  te  voloient  faire  gauder  et  te 
donnoicnt  espérance  que  te  vouloient  faire  archevesque 
de  Bonivcnt,  et  tu  non  volisti  celle  honor,  quar  mainte- 
nant tu  as  Tcstole  et  la  bénédiction  celestial  !  Quar  se  note 
que  cestui  pooit  estrc  archevesque  Bonivent,  et  non 
vouloit. 

Cap.  47.  Cestui  saint  home  persecutoitlo  prince  Gysolfe, 
et  a  loquel  estoit  contraire  de  tout  son  pooir.  Etavieingne 
que  Gisolfe  eust  fait  moult  de  malvestié  et  iniquité,  toutes 
voies  est  de  croire  que  pour  nulle  cose.  Dieu  lui  fust  tant 


(i)  D.ms  son  ouvrage  :  de  ortu  et  obitu  justontm  ccmoàtï  Cmii» 
nensis,  n«  49,  Pierre  Diacre  a  raconté  celte  même  légende,  qu*il  amc 
sans  Juutc  prise  dans  Aime. 


191 

a  dire  et  corrocié  vers^  quant  pour  la  molesté  quMl  faisoit 
contre  cest  saint  abbé.  Et  après  que  nouz  avons  dit  de  la 
fin  de  cest  saint  abbé,  dirons  de  la  turbation  de  Gisolfe. 

Cap.  48.  Encoire  cestui  prince  aroit  seminé  sur  lo  grain 
la  zizane,  c^est  entre  loabbé  Desidere  de  Modt  de  Cassyn 
et  Eideprande  archedyacone  de  Teglize  de  Rome,  liquel 
estoient  granz  amis,  cestui  prince  mistgrant  discorde  par 
ses  mensoges.  Veez  ci  la  discorde  (i). 

Cap.  49.  Cestui  refusoit  la  compaingnie  de  la  famé,  et 
feignoit  une  fause  religion  de  castité,  et  s^efforsoit  de  mos- 
trer  autre  choze  qu^il  non  avoit  en  cuer.  Et  celle  qui  lui 
estoit  moillier  et  donnée  de  lo  père  et  de  touz  ses  parens 
chasa,  et  destrut  la  conjunction  de  lo  mariage  (2).  Et  dist 
cestui  moine  qui  ceste  ystoire  compila  qu^il  non  vouloit 
dire  en  quel  manière  il  complisoit  sa  volenté  carnal  et 


(i)  Didier  du  Mont-Cassin  et  Hildebrand,  le  futur  Grégoire  VII, 
n*ont  pas  toujours  été  d*accord  ;  obligé  de  ménager  les  Normands 
pour  qu'ils  respectassent  de  leur  côté  les  biens  de  Tabbaye,  Didier 
ne  pouvait  guère  faire  campagne  avec  Hildebrand  lorsque  celui-ci 
excommuniait  ou  faisait  excommunier  les  Normands,  et  procédait 
contre  eux  par  tous  les  moyens  à  sa  disposition  ;  ce  fut  là  le  vrai 
motif  de  leurs  dissentiments,  passagers  du  reste.  Quant  à  Gisulfe,  il 
avait  intérêt  à  exciter  Hildebrand  contre  les  Normands  puisque  ceux- 
ci  rendaient  de  plus  en  plus  précaire  sa  situation  de  prince  de  Salerne 
et,  dans  plus  d'une  circonstance,  il  ne  manqua  pas  de  le  faire  ;  par  là 
il  a  pu  contribuer  à  tendre  les  rapports  entre  Didier  et  Hildebrand, 
mais  il  faut  bien  dire  que  sa  situation  politique  ne  lui  permettait 
guère  d'agir  autrement. 

(2)  Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  connaître  le  nom  et  la  famille  de 
la  femme  de  Gisulfe,  V Art  de  vérifier  les  dates,  t.  III,  p.  796, 
édition  in-folio  de  1787,  lui  donne  le  nom  de  Gemma,  mais  Gemma 
était  le  nom  de  la  mère  de  Gisulfe,  de  la  femme  de  Gualmar  IV; 
n'a-t-on  pas  confondu  la  belle-mère  avec  la  belle-fille  ? 


192 

luxuriosc,  quar  s*il  \o  deist,  li  aier  pour  tele  parole  seroii 
curupt.  domp  tiouz  porrions  esire  malades  ;  pour  ceste 
parole  jo  coiicludc  que  cestui  Gisolfe  péchasse  contre  na- 
ture carnalcmcnt.  Avons  adont  la  faize  castité.  Conclude 
cestui  storio^raphe  que  non  se  veut  tantdeleter  de  dire  li 
acte  et  li  opération  d'autre,  qu^il  laisse  Tystoire  de  li 
Normant. 

Explicit  liber  quart  us. 


INCIPIUNT  CAPITULA   QUINTI   LIBRI 


Cap.  I.  Des  vertus  de  Robert. 

Cap.  2.  De  la  vision  qui  fu  revçlce  a  .j.  moine  de  Mont- 
Cassyn. 

Cap.  3.  De  la  vision  de  lo  prestre. 

Cap.  4.  De  ceux  qui  vouloient  contre  li.  Del  feu  et  de  la 
flame  qui  issoit  del  mopt  Bibio. 

Cap.  5.  Comen  fu  assegié  et  prise  Troya.  Cornent  li  duc 
delivere  se  leva  contre  li  Sarrazin,  et  atendoit  lo  jugement  de 
la  volenté  de  Dieu. 

Cap.  6.  Cornent  fu  cachiée  Vultimine  d^  ammirate  et  fouy 
a  lo  duc. 

Cap.  7.  Coment  comist  lo  royalme  a  Gofrede,  et  il  ala  en 
Puille. 

Cap.  8.  Coment  Rogier  et  Coffre  a§sallirent  Sycile. 

Cap.  9.  Coment  cil  de  Rege  murent  bataille  contre  li  Sar- 
razin. 

Gap.  10.  Coment  li  duc  envita  li  Normant  pour  prendre 
Sycille. 

Cap.  1 1 .  Coment  en  Calabre  o  grant  cavalerie. 

Cap.  12.  Coment  lo  duc  ala  veoir  le  port  de  Messine. 

Gap.  i3.  Coment  il  manda  son  frère  de  l'autre  part. 

Cap.  14.  Coment  cayto  de  Messine  fu  tôt  taillié  lui  et  li 

i3 


194 

sien  de  li  Normant.  Cornent  vmdrent  autre  Normant  que  cil 
de  prime. 

Cap.  i5.  Cornent  fugirent  li  Sarrazin,  et  li  Normant  pris- 
trent  Messine. 

Cap.  iG.  Cornent  lo  duc  ala  en  Scicille  o  tout  ses  chevaliers, 
et  garni  bien  Messyne  de  sa  gent. 

Cap.  17.  Cornent  ioduc  cercha  la  terre,  et  quant  de  Rimete 
orent  paiz  auvec  lui. 

Cap.  18.  Cornent  li  christien,  quant  il  virent  lo  duc,  lui 
donnèrent  bataille  et  puiz  orent  paiz  auvec  lui. 

Cap.  19.  Cornent  li  païen,  pour  paour,  lesserent  la  dté  et 
fuirent. 

Cap.  20.  Cornent  lo  duc  se  combati  a  lo  lieu  qui  se  clame 
Castel-Johan,  et  retorna  o  victoire  a  Messyne,  et  li  Sarrazin 
se  humilièrent  vers  lui. 

Cap.  21.  Coment  cil  de  Palerme  se  merveillerent,  et  man- 
dèrent messages  et  présent  a  lo  duc. 

Cap.  22.  Coment  lo  duc  fist  la  rocche  el  val  de  Mené,  et 
toma  a  Messine,  et  pois  torna  a  Rege. 

Cap.  23.  Coment  lo  duc  venchi  la  cité  de  Otrante. 

Cap.  24.  Coment  asseia  Bar,  et  coment  il  la  prist  par  force. 

Cap.  25.  Coment  li  Pisen  vindrent  en  aide  a  lo  duc  et  mis- 
trent  siège  entor  Palerme,  et  combatirent  contre  li  Samzin 
par  mer  et  par  terre  (i). 

Ci  se  finissent  li  capitule  de  lo  quart  livre  (2). 

(i)  Le  sommaire  n*a  que  vingt-cinq  chapitres  tandis  que  le  telle 
en  a  vingt-huit  ;  aussi  les  divisions  du  sommaire  ne  comspondcnl- 
elles  pas  toujours  avec  celles  du  texte. 

(2)  Il  faut  du  quint  livre,  au  moins  s*il  s*agit  des  chapitres  du 
sommaire. 


195 


SE  COMENCE  LO  QUINT 


Cap.  I .  Or  dit  ensi  cestui  premier  capitule  de  lo  quint 
livre,  avi&ngne  que  lo  duc  fust  adorné  de  la  dignité  de 
toute  vertu  ;  toutes  voies  passa  la  poesté  de  touz  autres^ 
quar  tant  estoit  humile,  que  quant  il  estoit  entre  sa  gent, 
non  paroît  seignor,  mes  paroit  que  ce  fust  un  de  sez  che- 
valiers. Et  non  fust  nulle  tant  poure  famé  vidue,  ou  petit 
garson,  qui  ne  lo  pcust  prendre  a  conseil  et  conter  lui 
tout  son  conseil  et  sa  poureté.  Justement  judica  toute 
gent  qui  avoient  a  faire  devant  lui/  et  jugeant  par  droit 
et  par  justice  metoit-il  la  pardonance  et  la  pitié.  Li  rector 
de  Teglize  honora,  et  adresa  et  conserva  lor  possession,  et 
de  lo  sien  lor  dona.  Et  li  evesque  et  li  abbé  avoit  en  révé- 
rence et  timoit  Crist  en  cels  qui  sont  membres  soes;  non 
vouloit  recevoir  service  de  ces  prelas  comment  font  alcun 
prince,  mes  il  s'enclina  a  servir  a  eaux.  Molt  observa 
bien  ceste  parole  :  Tant  seras  plus  grant,  tant  plus  te  hu- 
milieras a  touz  (i).  Mes  qui  porroit  dire  lo  grant  cuer  de 
cestui,  quar  les  manaches  de  Tempereour  non  le  metoient 
en  paor,  li  conseill  de  li  emole  soe  non  lui  donnoient 
conturbation,  et  li  castel  guarnut  et  appareillez  non 

(i)  Aimé  fait  sans  doute  allusion  à  ce  texte  de  S.  Luc,  XXil,  a6  : 
«  Qui  major  est  in  vobis,  fiât  sicut  minor  et  qui  praecessor  est  sicut 
ministrator.  » 


196 

l'emovoient.  Li  arme  de  ses  anemis  touz,  corne  vous 
savez,  non  le  faisoient  fouir,  mes  il  faisoit  paour  a  tout 
home,  ei  de  null  home  est  perturbé  la  soe  prospérité  et  bone 
fortune.  Il  Jshu-Crist  qui  lui  concède  la  victoire  lui  a 
ordené.  loquei  soe  viaoire  par  molt  révélation  le  mani- 
festa, et  par  etfette  de  opération  io  approva  de  estre  voir. 

Cap.  2.  Un  moine  de  monastier  de  Saint- Lope,  loquei 
monastier  est  dedens  la  cité  de  Bonivent  (i),  puiz  matu- 
tinesremcsi  en  Teclize  pour  dire  orations.  Et  subitement 
s*endormi,  et  vit  en  avision  dui  camp  plein  de  pueple,  de 
liqucl  camp  Tun  paroît  molt  grant  et  Tautre  menor.  Et 
molt  s'émerveilla  Io  moine,  et  demanda  en  soi-meismes 
dont  estoit  tant  de  pueple.  Alore  vint  un  a  lui,  et  lui  dist  : 
Geste  gent  sont  cil  que  la  majesté  de  Dieu  a  subjette  a 
Robert  Viscart;  et  cest  plus  grant  camp  est  de  la  gent  qui 
a  lui  doivent  être  subjette,  mes  encoire  non  lui  est  sub- 
jette. Et  puiz  se  resveilla  Io  moine,  et  molt  se  mervellla 
de  cesse  avision,  et  si  estoit  voir  ;  et  Io  revit  la  seconde  et 
la  tierce  foiz  ceste  meissmes  avision. 

Cap.  3.  Un  prestre  se  dormoit  en  son  lit,  vit  un  bel 
jardin  en  loquei  estoit  un  arbre  molt  plus  bel  et  molt 
plus  grant  de  tout  li  autre,  et  en  Io  plus  haut  de  Tarbre 
estoit  une  famé  molt  belle.  Et  Robert  Viscart  estoit  au 
pié  de  cel  arbre  et  guardoit  la  dame.  Et  subitement  de 
une  grant  montaingne  venoit  un  fiume  molt  grant,  de- 
vant loquei  flume  tout  li  pueple  fuioit.  Et  Robert  remainst 
tout  souI,  loquei  par  Io  comandement  de  la  dame  tout  Io 
Hume  but.  Et  puiz  vint  un  autre  flume  plus  grant  que  Io 
premier,  liquel  flume  par  Io  commandement  de  la  dame, 
autresi  corne  Tautre,  but.  Puiz  paroît  que  vcnist  la  tierce 

^i)  I.c  sommaire,  c.  2,  dit  que  c*était  un  moine  du  Mont-Cttiîn. 


197 

aiguë  tant  grande,  qu'il  paroît  que  tout  lo  monde  en  deust 
mener.  Et  Robert  Viscart  sain  et  salve  toute  la  se  but  par 
lo  comandement  de  la  dame.  Et  dist  cestui  moine  que 
ceste  ystoire  compila,  que  celle  dame  qui  estoit  en  cel 
arbre  estoit  la  Vierge  Marie,  et  li  dui  flume  estoient  .ij. 
pueple,  c'est  de  là  et  de  sa  de  la  mer,  liquel  Robert  sub- 
juga.  Et  lo  tiers  flume  estoit  lo  impiere  romain  de  Costen- 
tinoble,  loquel  dist  cestui  moine  qui  estoit  a  celui  tems 
vif  et  escrist  ceste  cose,  o  l'ajutoire  de  Dieu  encoire  se  lo 
subjuguera  (i).  Porroit  soi  entendre  que  la  dame  fust  la 
Providence  devine,  pour  la  disposition  de  laquelle  sub- 
juga  et  veinchi  li  Normant  li  habiteor  de  ceste  part,  et 
christien,  et  li  Sarrazin,  quar  de  ceste  troiz  manières  de 
gcnt  ot  victoire,  dont  est  de  veoir  come  eschapa  de  diverses 
insidiez,  et  coment  aquesta  et  vainchi  lo  pueple. 

Cap.  4.  Dieu  faisoit  prospère  lo  estât  de  lo  duc  Robert, 
et  esmovoit  la  volenté  tant  de  li  Normant  quant  de  li 
autre  a  estre  avec  lui.  Mes  lo  esperit  de  émulation  et 
d'envie  se  commovoit  de  estre  contre  lui,  quar  Gazoline 
de  la  Blace,  a  loquel  lo  duc  avoit  donné  Bar-entrebut  (2), 
et  Rogier-Toute-Bove,  liquel  se  clamoit  autresi  Bala- 
larde  (3),  et  un  qui  se  clamoit  Ami,  fil  de  Galtier   (4), 

(i)  Comme  il  a  été  dit  dans  l'Introduction,  p.  xxiv,  ce  futur  in- 
dique à  quelle  époque  Aimé  a  composé  son  ouvrage. 

(2)  Cest  celui  que  Malaterra,  I.  II,  4^,  appelle  «  Gocelinus  de 
Orencho  »  et  qui  après  avoir  fui  en  Orient,  reparaît,  du  côté  des 
Grecs,  lors  du  siège  de  Bari  par  Robert  Guiscard  ;  Bar-entre-but  est 
une  traduction  trop  défigurée  du  nom  latin  pour  qu'on  puisse  retrou- 
ver ce  dernier. 

(3)  On  pourrait  croire  d'après  la  tournure  de  la  phrase  que  Roger 
et  Abagélard  (Balalarde)'sont  un  seul  personnage;  Aimé  en  a  cepen- 
dant deux  en  vue  puisqu'il  dit  un  peu  plus  loin  que  Roger  livra  sa 
fille  en  otage  à  Pérénos  et  qu'Abagéiard  lui  livra  son  frère.  Aimé,  II, 


198 

firent  conseill  contre  lo  duc  pour  eaux  estre  tenuz  haut 
cl  victoriouz.  Et  le  duc  Perrin,  Grec,  liquei  par  lo  impe- 
reor  de  Costentinople  estoît  fait  sur  Durace  (i),  et  cerca 
deniers,  pour  pour  les  deniers  il  peust  mener  li  Normant 
a  destruction,  et  lo  duc  Robert  Viscart,  et  submettre 
Pu  il  le  et  Calabre  a  lo  empereor,  loquel  devoit  considérer 
ilo  acroistre  lo  honor  de  son  seignor.  Et  li  presta  cent  cen- 
tenaire de  or,  et  devez  entendre  florin  ou  autre  monoie 
de  or  qui  coroit  alore;  et  rechut  ostagedefilz  de  Gozelin, 
Pun  legittime  et  l'autre  bastart,  et  rechut  lo  sacrement; 
rechut  la  fille  de  Rogier,  io  fil  de  Ami,  et  lo  frère  de  Bela- 
larde  (2).  Dont  li  chevalier  pristrent  Por,  et  aûnerent 
turme  de  larrons,  et  non  pristrent  cité  ou  chastel  de  io 
duc,  mes  cornent  larron  alloient  desrobant  de  nuit  et  de 
jor.  Et  lo  duc  Robert,  loquel  senti  ceste  choze,  estoit  en 


:<(>,  n  <U  jà  donné  ce  surnom  de  7t>ute»Boife  à  Hugo  qui,  dans  le  ptr- 
t.i^c  de  104!^,  eut  pour  sa  part  la  ville  de  Monopolîs  ;  Léo  de*  Mani, 
II,  66,  appelle  ce  Hugo  :  Tutabovi.  Ce  Roger  ne  seiait-il  pas  le  fiU 
et  h<fritier  de  ce  Hugo?  —  Sur  Balalarde  ou  Abagélard,  cf.  su^rm, 
p.  i.Sy,  note  a. 

(4  Je  /j  paffc  précédente),  ~  Sur  la  généalogie  de  cet  Ami,  fila 
de  (lauthieri  dont  Aimé  a  déià  plusieurs  fois  parlé,  voyezG.  Wnii- 
Ki  irii  :  Je  conJitione  Italiœ  inferioris  Grcgorio  septimo  pontfflceg 

V'  47- 

^i)  Jkan  Scyi.itzes  CuropaL  écrit  au  sujet  de  ce  Perenot  : 
m  rpotftXtfir^  60ÙI  Tf»;  'ixAia;  6  lltpT.và;*  îi>,  fiuvi^Ocl;  81  cl;  Ao7ri6sp- 

'.ixv  rrpvtit»f)-f,vat lurivsv    fv   Aup63/{c|>,  dvo^isQ^cl;  ToC  Au^ia^ÎQu 

OQÛ*.  M  p.  723,  éd.  Bonn. 

(2)  C'est  en  1064  que  ces  arrangements  entre  Pcrenos  et  les  enne- 
mis do  Robert  Guiscard  ont  dû  être  conclus;  on  lit  en  efliet  dans 
Vlf^notus  HarvnsiSt  aJ  an.  1064  :  ■  Multi  nobiles  pcrrexenint  Perino 

in  Durrachio  pro  toUcndum  honores et  Gozolino  pcrilavit  cum 

suis  at  Perino.  *•  Muratori,  R.  1.  SS.,  t.  \\  p.  16a. 


199 

Calabre.  Adont  vint  en  Puille  le  plus  tost  qu'il  pot,  et 
non  se  curoit  de  li  anemis  soe,  liquel  aloient  fore  par  lo 
camp,  ne  de  la  proie  qu'il  faisoient  non  se  curoit»  mes  ala 
a  lor  cité.  Et  a  Gozelin  leva  toutcequMlavoit,et  a  Rogier- 
Toute-Bove  toUi  tuit  li  champ  soe,  ne  lui  laissa  tant  de 
terre  ou  se  peust  souterrer.  Et  adonc  fugirent  li  chetif 
devant  la  face  de  lo  duc,  et  que  non  pooient  recovrer  la 
grâce  soe  foyrent  en  Costentinoble'a  lo  empereor  (i).  Et 
prist  la  terre  de  Ami  et  de  Balalarde,  a  liquel  il  leva  tout 
lor  bien,  et  les  enrichi  de  mont  de  poureté  et  de  misère. 
Mes  que  la  miséricorde  de  lo  duc  estoit  moult  grande,  Ami 
retint  pour  chevalier  et  delà  terre  soe  alcunepart  l'en  rendi, 
et  l'autre  réserva  en  sa  poesté.  Et  Balarde,  pour  ce  qu'il 
avoit  esté  filz  de  lo  frère,  tint  avec  ses  filz,  et  consideroit 
dedens  petit  de  temps  de  faire  lo  grant  prince,  dont  lui 
dona  plus  cités  et  chasteiz.  Et  quant  Perin  vit  l'or  de  son 
seignor  maternent  despendu,  manda  li  ostage  a  li  empe- 
reor pour  estre  descolpé  des  deniers  qu'il  avoit  donnez 
malement  (2). 

(i)  Guillaume  de  Fouille  a  aussi  parlé  de  cette  révolte  contre  Ro- 
bert ;  il.  passe  sous  silence  Roger,  mais  en  revanche  il  signale  parmi 
les  révoltés  Godefroi  de  Conversano,  fîls  d'une  sœur  de  Robert 
Guiscard  : 

«  Horum  Gosfridus,  Gocelinus  et  Abagelardus 

Filius  Unfredi,  sibi  jura  paterna  reposcens 

Praecipui  fuerant  actores  consiliorum. 

Dux  igitur  postquam  sibi  conjuratio  nota 

Facta  fîiit  comitum,  bellum  molitur,  in  omnes 

Acriter  exarsit,  capit  hos  et  recipit  illos  ; 

Afflixit  variis  quorumdam  corpora  pœnis. 

Iratum  metuens  fugit  Gocelinus  ad  Argos.  » 

L.  Ut  V.  45 1  sqq. 

(2)  11  semble  qu*Ami,  Abagélard  et  Godefroi  de  Conversano  aient 
résisté  plus  longtemps  que  Roger  et  Gocelin  et  qu'ils  aient  continué 


200 

Cap.  5.  En  bellui  temps,  en  lo  haut  mont  de  Bebie  fu 
faite  unegrant  boche  de  laquel  issoit  fiame  corne  cendre, 
et  a  tant  habundance  issoit  de  cendre  de  celle  bouche, 
que  toute  la  province  dUlucc  entor  et  quasi  toute  Calabre 
et  une  partie  de  la  terre  de  Puille  fu  coverte  de  celle  cendre. 
Et  en  lo  costc  de  cellui  mont  apparurent  pertus,  liquel 
jamaiz  non  i  avoient  este  veuz  avant.  Et  de  ces  pertus 
issoit  un  flumc  de  aiguë  boillant  par  .xv.  jors  continuel- 
mcnt  ;  et  par-là  ou  coroit  celle  aiguc,  pour  la  grant  chalor. 
seccha  et  arst  la  terre  et  li  arbre  (  i). 

Cap.  6.  El  quant  li  anemi  de  lo  duc  furent  mort,  et  il 
lu  haucîc  et  cssaucic  par  prospère  subcession,  li  victorioz 
duc  vint  sur  Troyc  o  grant  multitude  de  chevaliers  et  de 
petons,  il  asseia  la  cite  et  ordena  chasteaux  et  pavcillons 
entor  la  cité.  Et  cil  de  la  cité  contrestent,  et  toutes  foiz 
non  noient  lo  tribut  acostumé,  et  encor  prometent  ajoindre 
or  et  chevalz  de  Grèce.  Et  lo  duc  desprisa  ceste  choze, 
quar  cerchoit  lo  plus  haut  lieu  de  la  cité,  en  loqucl  lieu 

la  lutte,  mCmc  après  le  dcpart  de  ces  deux  derniers  pour  Constanti- 
nople;  TIgnotus  Harensis  porte  en  effet,  ad  an.  1068  :  «  Amicetta 
intravit  Juvcnacic.  n  La  révolte  prit  fin  lorsque,  1c  i5  février  1068, 
Robert  Ouisc.ird  lînit  pars'empaier,  gr&cc  à  une  trahison,  de  la  forte 
fM^ition  do  Montc-Pcloso,  défendue  par  son  neveu  Godefroi  de  Con- 
vcrsano;  Llpus,  â</ jn.  1068;  Malatkrra,  H,  Sq  ;  Guillaume  di 
PoriLLE,  1.  Il,  V.  459-477.  Hirsch  critique  sans  raison  et  avec  une 
ctrange  ex<igcraiion  ce  chapitre  d'Aimé;  Aimé  ne  dit  nulle  part  que 
Pérénos  ail,  des  loho,  fourni  dcTargent  aux  révoltés  pour  partir  en 
guerre  contre  Robert  Guiscard,  Hirsch  le  lui  fait  dire  pour  pouvoir 
déclarer  «.^nsuite  qu'une  telle  assertic>n  est  erronée;  on  n*e8t  pas  plus 
partial  ;  cf..  /.  c,  p.  ^^oo,  3oi.  Aimé  ne  donne  pjs  de  date  en  par* 
lant  d*  cette  révolf?,  mais  les  intéressantes  données  de  son  récit 
s*htirmoniscnt  avec  ce  que  nous  savons  par  ailleurs. 

(i)  Cette  éruption  du  Vésuve  a  dû  avoir  Heu  vers  1066,  mais  nous 
n*avons  pas  la  date  précise. 


V 


201 

vouloit  faire  un  chastel  pour  constrendre  cil  de  la  cité,  et 
cellui  chastel  bien  garni.  Et  li  citadin  respondirent  o 
pierres  et  o  sagettes.  Mes  lo  duc  non  se  parti  et  non  leissa 
issir  cil  de  la  cité  defors,  ne  non  laissa  entrer  li  vilain  o 
tout  la  vitalle,  ou  pour  fare  lor  aide.  Et  sont  li  citadin 
dedens  la  cité,  lo  pain  lor  vient  faillant,  et  font  petit  feu 
quar  ont  petit  de  laingne,  et  lo  vin  lor  faut,  ne  eaue  non 
ont  ;  et  voient  que  lo  temps  de  mètre  estoit  venut,  et 
veoient  que  autre  metoient  là  ou  il  avoient  seminé.  Et 
celles  choses  lesquelles  il  voloient  repondre  en  lorgranier 
lor  estoit  failli.  Cil  de  la  cité  prièrent  et  requistrent  par- 
donnazance  a  lo  duc  Robert  quar  non  vouloient  veoir  la 
destruction  de  la  grant  Troie;  et  mandèrent  paiz,  et  con- 
ccdirent  a  lo  duc  Robert  de  faire  hedifice  en  la  roche  et 
devant  les  tors,  et  il  fist  faire  trébuc  et  autres  engins  a  sa 
volenté.  Et  Robert  cercha  lo  lieu  et  lo  siège  de  la  cité,  et 
en  cellui  lieu  là  ou  il  lui  plot  fist  faire  un  singulerchastel, 
a  ce  se  besoingne  lui  feist  qu'il  poist  contraindre  cil  de  la 
cité  (i). 

(i)  Au  c.  3  du  1.  IV,  Aimé  a  déjà  parlé  d*une  prise  de  Troja  par 
Robert  Guiscard  ;  Hirsch  croit  qu*Aimé,  oubliant  ce  qu'il  avait  dit 
antérieurement,  revient  ici  sur  le  même  fait,  il  écrit  p.  3oo  :  «  Sihd 
dièse  beiden  Eroberungen  identisch,  was  man  freilich  aus  Amatus 
allcin  schwerlich  ersehen  wird.  »  Les  motifs  suivants  me  portent  à 
croire  que  Hirsch  est  dans  Terreur  et  que  Robert  Guiscard,  ainsi 
que  le  dit  Aimé,  a  fait  deux  fois  la  conquête  de  Troja. 

Comme  le  remarque  Hirsch,  Afmé  dans  ce  second  passage,  celui 
du  1.  V,  place  la  prise  de  Troja  immédiatement  avant  les  négocia- 
tions des  Normands  avec  Ibn-at-Timnah,  c'est-à-dire  en  io6o,  car 
ces  négociations  furent  le  prélude  de  l'expédition  de  Roger  et  de  Ibn- 
at-Timnah  en  Sicile  dans  les  derniers  jours  de  février  io6i. 

Or,  il  est  bien  visible  que  dans  le  premier  passage,  au  c.  3  dli 
1.  IV,  Aimé  n'a  pas  en  vue  cette  prise  de  Troja  effectuée  en  io6o. 

Dans  ce  premier  passage,  il  place  cette  conquête  avant  le  second 
mariage  de  Robert  Guiscard  avec  Sikelgaita,  c'est-à-dire  avant  loSg, 


202 

Cap.  7.  Et  puiz  que  lo  duc  ot  Troie,  il  pensa  en  soa 
cuer  cornent  il  porroit  offendreli  Sarnizin,  liquel  occioient 
li  chrestien  molt  fortement.  Mes  que  sans  la  volenté  de 

date  de  ce  mariage.  Il  le  place  même  avant  la  première  révolte  des 
barons  Normands  contre  Robert  Guiscard,  et  nous  avons  vu  que 
cette  révolte  précéda  le  mariage  avec  Sikelgalta,  puisque,  au  rapport 
d*Aîmé,  Pierre,  fils  d*Ami,  vaincu  par  son  rival  Robert  Guiscard,  fiil 
obligé  de  faire  contre  fortune  bon  cœur  et  de  lui  fiiire  escorte  lors  de 
ce  mariage.  I^  chronologie  indique  donc  qu'il  s'agit  de  deux  faits 
distincts  ;  on  arrive  à  la  même  conclusion  quand  on  compare  les 
deux  passages  l'un  avec  l'autre,  il  ne  s'agit  d'abord  que  d'une  prise 
de  possession  de  la  ville  ;  plus  tard,  au  contraire,  il  est  question  de 
construire  un  château  normand  sur  une  position  dominant  Troja 
et  d'y  installer  certainement  une 'garnison  normande.  Cest  là  ce  qui 
irrite  les  habitants;  ils  veulent  bien  continuer  à  payera  Robert  Guis> 
card  le  tribut  accoutumé,  ils  offrent  même  d'y  joindre  de  l'or  et  des 
chevaux  de  Grèce,  mais  ils  ne  veulent  ni  du  chftteau  ni  de  la  garnison . 
Cette  phrase  du  second  passage,  à  laquelle  Hirsch  n'a  pas  pris  gude, 
fait  voir  clairement  qu'il  y  avait  eu  antérieurement  une  pfemiire 
soumission  de  Troja  à  Robert  Guiscard,  par  laquelle  la  vilk,  f^rAytt 
son  autonomie  municipale,  avait  consenti  à  payer  un  tribut  annuel  à 
son  vainqueur.  Il  s'est  donc  passé  pour  Troja  à  peu  près  ce  qui  s'est 
passé  pour  Capoue  et  pour  plusieurs  autres  villes  de  lltalie  du  sud; 
en  io58,  Richard,  comte  d'A versa,  conquit  une  première  fois  Capouci 
la  rendit  tributaire  et  lui  laissa  sa  vieille  dynastie  lombarde  et  ses 
libertés  municipales  ;  quatre  ans  plus  tard,  ses  forces  ayant  grandi 
avec  son  ambition,  il  voulut  avoir  Capoue  à  son  entière  discrétioa, 
être  maître  des  fortifications  et  y  établir  ses  troupes  ;  les  Capouans 
ayant  refusé,  il  s'en  suivit  un  nouveau  siège  et  une  nouvelle  prise  de 
Capoue  par  Richard,  qui  alors  disposa  de  la  ville  à  son  gré. 

C'est  donc  dans  les  derniers  mois  de  io58  ou  au  commencement 
de  loScj  qu'a  eu  lieu  la  première  prise  de  possession  de  Trofs  par 
les  Normands,  et,  en  1060,  ces  derniers  ont  exigé  une  soumissk» 
absolue  et  la  construction  d'un  château-fort  pour  couper  court  à  toute 
velléité  d'indépendance. 

Dans  la  chronique  d'Amalfi  et  dans  Romuald  de  Sakme^  il  est 
question  de  la  prise  de  Troja  par  Robert  Guiscard  ;  voici  ces  denx 
textes  :  «  Comcs  Robertus  Guiscardus,  anno  Domini  1060,  vocatns  a 


203 

Dieu  nulle  chose  se  puet  faire,  atendoit  alcun  signal  por 
lequel  il  coneust  que  fùst  par  la  volenté  de  Dieu,  et  aten- 
dist  victoire,  et  ensi  fu  fait. 

Cap.  8.  En  la  grant  cité  de  Palerme  en  Sycille  estoit 
amiral  un  qui  se  clamoit  Vultumine.  Un  Sarrazin  esmut 
lo  pueple,  et  lo  chacerent  de  la  cité,  et  se  fist  amiral.  Et 
Vultiminos^en  ala  habiter  a  Cataingne,  et  pensoit  cornent 
il  porroit  vengiersa  injure  sbe.  Mes  que  non  avoit  adju- 
toire  de  sa  gent,  recisse  a  io  christiennissime  duc  Robert, 
et  parlèrent  ensemble,  et  firent  amistié.  Et  a  ce  que  en  lo 
cuer  de  lo  duc  non  remanist  suspition,  Vultimien  donna 
son  filz  en  ostage  a  lo  duc.  Et  puiz  que  lo  sot  le  Sarrazin, 

Trojanis  civibus,  ipsorum  cmtatem  in  suam  potestatem  suscepit. 
Qui  non  post  multos  dies  cum  suo  exercitu  in  Calabria  Cusentiam 
cepit  ac  omnium  Normannonim  dub  factua  est.  Et  accepit  uxorem 
SichUgaydam  Gualmarii  principis  filiam.  »  Chrorif  AmaL,  c.  3o  dans 
MuRATORi  :  Antiquitates  Italicce,  1. 1,  col.  21 3.  «  AnnoDomini  1060, 
indictione  x3.  Ipso  anno  comes  Robbertus  Guiscardus  yocatus  est  a 
Troianis  civibus,  ipsam  eorum  civitatem  in  sua  potestatc  ab  eis  acce- 
pit, qui  non  post  multos  dtes  cum  exercitu  in  Calabriam  profectus, 
Regium  civitatem  cepit  atque  omnium  Normannorum  dux  effectua 
est.  Hic  accepit  uxorem  nomine  Sikelgaitam  Guaimarii  principis 
filiam.  »  Romoaldi  Annales,si.  1058*1067,  MG.  SS.,  t.  XiX,  p.  406. 
La  chronique  d'Amalfi  et  Romuald  de  Salerne  ont,  où  le  voit,  puisé 
à  la  même  source  et  reproduisent,  à  peu  près  mot  à  mot,  les  mêmes 
données;  la  seule  variante,  c'est  que  Romuald  de  Salerne  met  Reggio 
là  où  la  chronique  d'Amalfi  porte  Cosenza  et,  sur  ce  point,  d'après  le 
texte  de  Guillaume  de  Fouille,  1.  II,  v.  413,  la  chronique  d'Amalfi 
est  dans  le  vrai.  Romuald  de  Salerne  et  la  chronique  d'Amalfi  pla- 
çant cette  prise  de  Troja  par  Robert  Guiscard  avant  le  mariage  de  ce 
dernier  avec  Sikelgaîta,  parlent  évidemment  de  celle  mentionnée 
par  Aimé,  c.  3, 1.  IV  ;  on  voit  par  là  même  que  cette  date  de  1060 
est  une  erreur  de  leur  part  ;  en  1060,  le  mariage  de  Robert  Guiscard 
avec  Sikelgaîta  avait  déjà  eu  lieu,  à  plus  forte  raison,  la  prise  de 
Troja  qu*ils  placent  avant  ce  mariage. 


304 

lequel  se  clamoit  Belcho,  Tamistié  de  ces  .ij.,  chaza  V'al- 
timc  de  toute  Sicillc,  lequel  s'en  ala  a  Rege  souz  la  deffen- 
sion  de  lo  duc  (r|. 

Cap.  9.  Et  quant  lo  duc  vit  cestc  cose  avenir,  loqael 
crcoit  par  ordination  de  Dieu  procedere,  se  appareilla  de 


(1)  I. es  renseignements  fournis  par  Malatekra  (I.  Il,  1-20  et  pw 
Ibn-al-Atir  (capit.  XXX V%  traduction  italienne  de  Amam  dans  b 
Biblic4eca  Arabo-Sicula,  X.  l,  p.  444  sqq.)  permettent  de  contrôler 
ce  rct.it  d'Aimé  sur  le  début  de  la  conquête  de  la  Sicile  par  les  Nor- 
mands ;  d*aprcs  (bn^al-Atir,  trois  kaîds  se  partageaient  Ifle  loraque  a 
commencé  l'invasion  normande,  il  écrit  :  «  le  kaîd  Abd-Allab-ifeo- 
Mankut  (celui  que  Malaterra  appelle  Benneclenis)  régna  en  souverain 
à  Mazzarn,  Trapani  et  autres  lieux  ;  un  autre  kald  Ali-ibn-Nimah. 
surnommé  Ibn-al-Hawwas  (Bclcho  dans  Aimé^  Belcamedus  dans 
Maluterra)  .1  Castro  Giovanni,  à  Girgenti  et  Ibn-at-timnah  (Vulti- 
mino,  Vultimien  dans  Aimé,  Becumen  dans  Malaterra)  à  Syracuse  et 
à  Catanc.  »>  Malaterra,  II,  3,  donne  aussi  à  Ibn«at-Tîainah  le  titre 
de  M  admiraldus  Sicilix  »  et,  comme  d'après  Ibn-al-Atir,  la  priire 
publique  se  faisait  en  son  nom  dans  la  capitale  de  la  Sicile,  il  se  peut 
très  bien  que  Ibn-at-Timnah  ait  eu  auparavant  à  Païenne,  comme  le 
dit  Aimé,  une  grande  situation  (Amari  :  Storia  dei  Musmimami 
di  Sicilia,  II,  p.  549  et  p.  552,  note  i).  Lsl  guerre  éclata  entre 
Ibn-at-Timnah  et  Ibn-nl-liaw  was,  Aimé  n'indique  pas  le  motif  de  ces 
hostilités,  d'après  Ibn-al-Atir,  elles  provenaient  de  ce  que  lbn-a|iTim- 
nah  avait  maltraité  sa  femme  Maimouna,  sœur  de  Ibn-al-Hawwas  ; 
d'après  Malaterra  parce  que  Ibn-at-Timnah  avait  vaincu  et  tué  Abd« 
Allah  -ibn-Mankut,  époux  de  Maimouna  que  Ibn«at-Timnah  avait 
ensuite  cpf)usée.  Vaincu  par  Ibn-al-Hawwas,  Ibn-at-Timnah  invita, 
four  se  venger,  les  Normands  à  faire  la  conquête  de  la  Sicile.  D'après 
Aimé,  Ibii-at-Timnah  se  serait,  pour  cela,  abouché  avec  Robert  Gui^ 
card  ;  d'après  Malaterra,  ce  serait  avec  le  comte  Roger  et  à  Reggio, 
mais  on  sait  que  Malaterra  cherche  toujours  à  mettre  au  premier 
rang  son  héros  Roger  ;  d'après  Ibn-al-Atir,  l'entrevue  aurait  eu  lieu 
à  Milcto  et  entre  Ibn-at-Timn.ih  et  le  comte  Roger.  On  voit  que 
malgré  ces  quelques  variantes,  le  récit  d'Aimé  est  tout  à  fait  di| 
lie  f<ji. 


205 

prendre  Sycille.  Et  que  savoit  que  Goffrede  Ridelle  (i) 
savoit  sagement  governer  la  chose  qui  luiestoit  commisse, 
et  estoit  usé  de  ordener  chevalerie  et  bataille,  et  a  ce  qu'il 
fust  sur  lî  autre  loiist  capitain,  et  comandaf  a  li  chevalier 
de  la  cité  et  a  li  home  de  mer  que  plus  obéissent  a  cestui 
Gofrede  capitain  que  a  lui,  et  promet  que  plus  tost  par- 
donnera a  cellui  qui  non  feroit  son  commandement,  que 
a  cellui  qui  non  feroit  lo  commandement  de  cestui  GofTre. 
Et  proia  lo  comte  Rogier  son  frère  que,  par  lo  conseil  de 
cestui  Gofrede,  deust  faire  les  choses  et  amer  lo  de  droit 
cuer.  Et  proia  Gofrede,  que  honorablement  Vultime  et 
lui  donna  abondantement  les  coses  neccessaires.  Et  por 
ce  que  savoit  cestui  Vultime'  li  fait  de  Sycille,  dist  a  Gof- 
frede quUl  face  secontla  disposition  de  Vultime.  Et  clama 
li  Normant  pour  aler  en  Sycille  pour  chacier  li  Sarrazin, 
liquel  avoient  levé  celle  ynsule  de  la  main  de  li  chrestien, 
pour  mener  les  en  Puille. 

• 

Cap.  10.  Et  puîz  lo  duc  s'en  ala  en  Puille,  et  orent 
conseill  li  seignor  ensemble,  et  appareillèrent  lor  navie, 
et  pristrent  fortissime  chevalier.  Et  coment  les  mena 
Vultimine  a  aler  en  Sycille  a  un  chastel  qui  se  clame 
Rimate  (2).  Et  li  chevalier  se  donnèrent  a  terre  après  et 
pristrent  proie.  Et  pour  ce  qu'il  n'estoit  nul  qui  lor  deist 
noient,  li  chevalier  aloient  joiant   et  espassant  par  les 

(i)  Nous  possédons  plusieurs  chartes  de  ce  Geoffroi  Ridelle  qui, 
en  1072-1077  était  duc  de  Gaéte  et  seigneur  de  Pontc-Corvo  ;  cf. 
Gattola  :  Historia  Mon,  Cassin.,  t.  1,  p.  264  ex  Petro  diacono, 
n»  429  ;  et  t.  I,  p.  267  ex  Petro  ducono,  n©  427  et  le  t.  1,  p.  3i3 
ex  Petro  diacono,  no  433. 

(2)  Rametta,  au  sud-ouest  de  Messine;  Malaterra,  II,  4,  dit 
qu'après  leur  débarquement,  Ibn-at-Timnah  conduisit  les  Normands 
dans  la  direction  de  Mihtzzo  (versus  Melacium)  et  dans  cette  direction 
ils  devaient  en  effet  rencontrer  Rametta. 


xosrsn:  &  Mesine,  laquelle  lui 
ssia::  £rrK^  ^  s::r:ttTTcr:  1:l.  ànnnfTeni  bataille  ;  o  li 
S^TTEzir^  z'j.:  j:  ssiniirsz:  s&m  aombre,  o  tlarollc  alumées 
Issirr:.:  i^r?  zt  ^  Tsrrt  z  ssncr  cr>arre  li  iorcc  de  li  Nor- 
T.£r.:  r.  cJziiDsncfrs:::  £  ccixnbttnre  et  de  pan  eo  pan 
i&isaie=:  BfU£:  i:  r.'^:  nai:  tu  saa:  iîèrat  de  li  Sanazin 
e:  ri  us  tz  s:<-:  r^rr.  E:  c^::^  qsi  esiaient  as  champs  se 
lesDiez:  ::c:  £::  s£  creoic:  cûillir  1:  chrestîen  en  mcge  a  ce 
::'jc  nul  D:a  gscir.ruL^:  £:  r;:i2  fu  iar«  1:  chrestien  £erirent 
sur  1:  Sirrarn  e=  1:  .Iru  ioa:  estoâi  appareillié,  et  oods- 
7vz:  :d:>1:  Je  1:  SErrazlû.  e:  ens:  isùrent  de  lo  lien  péril- 
louz.  f  :  alieren:  :^r  ic  ^esrr:^:  des  lieaz«  ez  sanz  Toie  des- 
ccnilreu:  i  1:^  li:e  ie  là  r:er.  Ei  por  ce  que  trouvèrent  la 
mer  zî al:  :ez:pss:uû».  n^n  pckres:  tomer  a  Rqge;  dont 
par  paor  ci  par  fr.~^::  csi:^icni  nioli  mal«  ez  atendcHent 
rauiDTf  if  Dieu  pour  ro.xr  eschaper.  Mes  puis  traiz 
]dts  la  :er:p?s:e.-i?  1;  rîcr  passa.  «  lomer  retonia en  paiz. 
E:  adon:crTr:er.jirir.:£  ccc.re  io  besiame.  etlo  laissèrent, 
q-^^7  avcifn:  pa:r  si:  ::^r  pcrii^ier.:  ou  se  lardoient,  ne 
1  jr  îLis:  occasion  ie  r^ohr  sn  ner.  El  Gofre  dîst  que  ce 
n'esto::  pas  bon  ronselll  ce  reirrner  a  tarl*;uier  sansgaaing 
eî  L'JIiîé  a  cellu:  ami  qui  îes  ateudoiem.  Eî  chaijgerent  lo 
navie  àt  besTes.  o  celle  ccn:pli:e  Je  îaîre  toute  proie.  Et 
en  un  ior  lorreren:  a  Reare  a  1:  compaignon  lor.  et  puia 
ju'il  îuren:  reiomi:.  li  chresiien  ionncrcm  la  proie  pour 
res:i:i:er  une  ecclise  a  i\  nor  ce  Dieu  ï  .  pour  laquelle  il 
avoient  eu  viaoïre.  E:  nia!n:enant  cesie  première  bauille 
e:  viaoire  laquelle  avoieni  eue  contre  li  Sarrazin,  et  ce 
seneîîerenî  a  îo  ;;lonous  djc  lor  Robert. 

Caf'.  1 1 .  El  p.  ur  ce  que  en  la  ciié  de  Rege  habitoient 

(  I  :  Une  église  déiiée  à  S.  Antoine  et  située  près  ie  R^gîo. 


/  207 

Sarrasin  et  cbrestien,  se  volirent  mostrer  que  estoient  fidel 
a  lo  duc,  et  pour  non  faire  soi  suspecte  tant  li  chrétien 
quant  li  Sarrazin  qui  ilec  habitoient  armèrent  soi  contre 
li  pagan  de  Sycille,  et  comencerent  a  combatre  Tune  nef 
contre  Tautre.  Li  sajetes  volent  par  lo  aer  de  toutes  pars, 
en  sont  feruz  molt;  .xj.  chrestien  furent  mort  et  une  nef 
de  li  cbrestien  fu  prise.  Et  ensi  o  damage  li  citadin  de 
Rege  retornerent  a  lor  cité  (  i  ). 

Cap.  12.  Et  quant  li  duc  gentil  senti  la  mort  de  li  chré- 
tien et  la  victoire  de  li  Normant,  clama  a  soi  li  chevaliers, 
et  les  envita  a  prendre  Sycille,  et  lor  dist  :  <c  Je  voudroie 
délivrer  li  chrestien  et  li  catholici,  liquel  sont  constreint 
de  la  servitute  de  li  Sarrazin,  et  desirre  molt  de  chacier 
les  de  la  servitute  lor,  et  faire  venjance  de  la  injure  de 
Dieu.  »  Et  li  hardi  et  vaillant  Normant  respondirent  qu'il 
sont  appareilliez  a  faire  ceste  bataille.  Et  promistrent,  o 
Faide  de  Dieu,  de  subjugar  li  Sarrazin,  et  rechurent  grâce 
et  dons  de  lo  seignor  duc. 

Cap.  1 3.  Li  duc  ala  devant,  et  li  Normant  lo  secuterent 
sans  nombre,  et  vindrent  de  Puille  en  Calabre,  ets^asem- 
blerent  en  un  lieu  qui  se  clamoit  Sainte-Marie-de-lo- 


(i)  L*exposé  de  cette  première  expédition  par  Malaterra,  III,  4-7, 
est  d'accord  avec  ce  que  dit  Aimé  ;  seulement  Malaterra,  toujours 
soucieux  d*exalter  la  gloire  du  comte  Roger,  ne  dit  rien  du  rôle 
important  de  Geoffroy  Ridelle  dans  cette  campagne  ;  il  nous  apprend 
qu'elle  eut  lieu  dans  les  derniers  jours  de  février  1061  (hebdomada 
proxima  ante  quadragesimam  ;  en  106 1,  Pâques  tombait  le  i5  avril). 
La  Brevis  historia  liberationis  Messanœ  (t.  VI  des  Mélanges  de 
Baluze,  Paris,  171 5,  p.  174,  dit  que  la  flotte  de  la  première  expé- 
dition des  Normands  en  Sicile  était  commandée  par  un  Geoffroy, 
mais  elle  fait  à  tort  de  ce  Geoffroy  un  frère  de  Robert  Guiscard. 


I'.:.? 


fi::  "  ru'ji:-:   ir  ru;:  z-i-riu!!-  •  j*  £ii^  ic  jrr  jSTTC  seroient 
i.  .'.■•  rjjizj,  :.."ii.  1  • i    ^  nier  Ji-li-rr-r  la  terre 


Zil'i'-ii:  ïir^-arT:;  i*  rr':--  t-ia:c:ssirr-î  :  K  ea  une  enm 


£^  s&ns  pioor 

■■  :c:  :^:c--  rr:  -  :  i*  .■:  ritr:  ;i  \Lis?.r:»i    Er  L  Strrazin  sea- 

rri--ri  ris  ^r  :  ni   :  i<r  ^  j.   .  i  -vic:  rc.r  âs^er  et  pour 


1    A-~i  il  '.-.^.:ir-:.  - .  •.  r'^uzzir.:  7-1  f^  Ii-trc  qos  rimîral 
»-—  *  !.?■.■  1  _"  ;  "il'.'.,  r .  ■-.  r  ;■""  rv!»  l'i^  li$  ^t^"  *T?v>it  ,^  r^^^K^f 
-i"    :      "i  i:ir-:  :r^:  -  -u.  3»i---i-r-sr.  cisK  ic  ajoi  qu'A 

1-=  i  ri-:  -r..:  ■  -  -?  >.  -1;.  i_  ;:.?r-i-rî-  !:.  -jcjec?;;::  de  Saa- 
-;.  :;  :.jn,,'  -':  î.î  ;-  t.;  ::--l-Hi-f-»  a  r«si*q'yj  lui  doaoe 
.i  r.i_:  :=  - .-.  -î  r.;  ::.:.  J.  --.1  '.i  2^'.  A=iir.  ^x.  HL  p.  66. 
:.•;.:;  r.-.  -.  5ki  .>.-.  rir^î  .:  .^ij  .;  As-Si=suu  ob  frère  Je 
^__.  :^--^  .;.*>ïi  i..:  .=  si  rViri  =:  :-  ûêpirt  J'AM- 
.:  .5  ^  '.:i.-f.  •-:  :.=  :.:  :  — 7<  -l'ir^  i«  îi  Sicile:  3  se 
-ï  1;  :::.  :    -   -   r~^-«.  1.-:  A.— i  s'is:  "i-i  T^bo  Tûc  ci 


.^. 


-  •  B-^ 


j-^  -.ri  L.  _iv_r.  i^  -.-...  ^^ii'.t  ;:i,:  !i  simcrore  spéàik  «Se 
:  ".     •-    .: -i.- S  A»  *  j.:  --.r  r.::*  j:  1_  p.  C'C.  t    I.I.  j^  cif. 


209 

Cap.  rS.  Et  puiz  li  duc  torna,  tôt  lo  exerctit  de  li  che- 
valier fu  fortiBcat,  et  pristrent  Parme  et  demandèrent  li 
nef,  quar  voloient  aler  de  Tautre  part  de  la  ripe  pour 
combatre  avec  li  Sarrazin,  et  non  atendoient  lo  coman- 
dement  de  lo  duc;  et  lo  duc  sapientissime  les  restreint  et 
non  les  lessa  persequter  la  propre  volenté  lor.  De  toute 
celle  grant  multitude,  .ij.  cent  et  .Ixx.  en  eslut,  sur  liquel 
il  mist  lo  sien  frère  Rogier,  et  lo  fist  gofanoQier  de  .xiij. 
nefs,  et  les  manda  de  Tautre  a  nagier  de  nuit,  a  ce  que 
non  fuisent  sentut  de  li  Sarrazin  ;  et  alerent  et  se  rescon- 
dirent  en  un  lieu  qui  se  clame  Calcare  (i),  et  pour  lever 
toute  esperanze  a  11  Normant  de  retorner,  Rogier  remanda 
les  nefs  a  lo  duc. 

Cap.  1 6.  Et  puiz  quant  il  fu  jor,  li  Normant  se  levèrent 
et  se  adornerent  de  lor  armes,  et  montèrent  sur  lor  che- 
vaux, et  sans  paour  vont  contre  Messine,  quar  se  delic- 
toient  de  veoir  ceaux  que  erant  venut  a  destruire  ;  et  un 
officiai  de  Messine,  loquel  se  clamoit  caito  celle  office,  et 
estoit'conoscentico  de  la  terre,  vint  de  Palerme  o  .xxx. 
chevaliers,  et  porioit  monoie,  et  venoit  pour  deffendre  la 
cité.  Li  home  furent  occis  et  despoilliés,  et  levé  la  monoie, 
et  li  mul,  et  li  caval,  et  ce  qu'il  portoient,  et  ensi  li  Nor- 
mant riche  o  victoire  alloient  gardant  de  toutes  pars. 

Cap.  17.  Et  regardant  en  la  mer,  virent  de  loing  venir 
les  nefs  qu^il  en  avoient  mandées,  en  lesquelles  venoient 
cent  et  septante  chevaliers,  liquel  mandoit  lo  duc  a  lor 


(i)  Calcare,  à  six  milles  au  sud  de  Messine,  là  où  s'éleva  plus]  tard 
Tabbaye  de  Santa-Maria  di  Roccamadore.  Malaterra  ne  parle  pas  de 
Gilcare  et  dit  que  Roger  et  les  siens  débarquèrent  «  ad  locum  qui 
communiter  Monasterium  dicitur  »  et  une  variante  porte  :  «  trium 
monasterium  »  d*où  est  venu  le  nom  de  Tremestieri. 

14 


2IO 

adjuioire.  dont  ceaux  quMl  virent  premerement  en  orent 
joie  pour  li  compaingnon  quMl  recevoient.  Et  ceux  qui 
vindrent  puiz  orent  grant  joie  de  la  victoire  que  lor  com- 
paingnons  avoient  ensi  eue/ 

Cap.  i8.  Et  ensi  quant  cestui  furent  ensi  assemblé,  il 
s'a parei lieront  de  veoir  la  cite,  et  prover  cornent  il  estoient 
hnrdi  ceuz  qui  estoient  dedens  la  cité.  Et  puiz  ceuz  de  li 
Sarrazin  qui  estoient  en  la  haute  mer  pour  veoir,  et  li 
guarde  de  la  terre  virent  lo  mulle  de  caito  et  de  li  sien 
chevalier,  et  sorent  qu^il  estoit  occis,  o  grant  paour  cer- 
chcrent  de  fugir,  et  pristrent  diverses  volez  pour  eaux 
garder  de  l'arme  de  li  Normant.  Aucun  foient  par  mer, 
aucun  par  la  rippe,  sans  tenir  voie  entre  val  et  mont,  et 
par  la  silve  fuoient  absconsement.  Et  li  Normant  lecur 
entrent  en  la  cité,  et  partent  entre  eaux  la  moillier  et  li 
tilz.  li  serviciaK  et  la  masserie,  et  ce  que  il  troverent  de 
ceuz  qui  s'en  estoient  fouys.  Et  lo  firent  a  savoir  a  lo 
famosissime  duc  Robert  comment  avoient  prise  la  cité«  ei 
la  victoire  que  de  Dieu  avoient  receue  par  Goffrede  Ri- 
delle (i),  et  lui  prièrent  quMI  venist  prendre  la  cité, 
laquelle  il  avoient  acquesté.  Et  quant  lo  duc  Robert  sot 
que  Messine  estoit  prise,  il  en  rendi  grâce  a  Dieu  tout- 

(i)  Aime  parait  oublier  qu*un  peu  plus  haut,  au  c.  14,  il  a  donné 
le  comte  Roger  comme  chef  de  Texpédition  contre  Meisine  ;  c*eit 
donc  à  lui  que  revenait  Thonneur  de  la  victoire;  peut-être^,  oomnae 
le  dit  A  mari  (t.  III,  p.  60,  note  4),  Gcoffroi  Ridelle  commandait-il 
les  170  chevaliers  qui  vinrent  rejoindre  le  corps  du  comte  Roger 
avant  la  prise  de  Messine.  Malatcrra  ne  parle  nulle  part  de  Gcoffroi 
Midelle;  nous  avons  déjà  indiqué  le  motif  de  ce  silence.  Cest  au  mois 
d^  mai  lor»!  que  Messine  est  tombée  au  pouvoir  des  Normands,  car 
nous  savons  p.ir  Malatcrra  que  Robert  Guiscard  et  le  comte  Roger 
avaient  passé  les  mois  de  mars  et  d*avril  à  préparer  en  Calabre  cette 
set. onde  expédition. 


211 

puissant,  de  loquel  procède  toute  viapire  et  triumphe;  et 
avieingne  que  son  cuer  estoit  molt  joiouz  et  alegre, 
toutes  voiez  il  avoit  en  mémoire  lo  bénéfice  celestial,  et 
toute  la  vertu  et  lo  triumphe  qu'il  avoit,  contoit  que  ve- 
noit  de  Dieu  et  non  de  sa  vertu.  Et  commanda  a  touz  les 
Normans  que  il  dévissent  aler  et  testifier  que  ceste  bataille 
procède  de  Dieu,  liquel  de  petit  de  chevalier  que  il  avoit 
mandé  avoit  Dieu  donné  vertut  de  faire  virtuose  voie,  et 
avoit  conceduf^la  cité  dont  porrons  panurber  tout  li 
pagan. 

Cap.  19.  Adont  comanda  que  diverse  manière  de  navie 
et  de  mariniers  venissent  devant  la  soe  présence,  et  parti- 
culerement  dévissent  aler  les  nez.  Et  maintenant  li  Nor- 
mant  joiant  et  lies  entrèrent  as  nefs.  Et  pour  la  grant 
volenté  qu'il  avoient  de  aler,  li  servicial  non  portoient 
honora  lor  seignor  pour  lo  laissier  aler  devant,  ne  li  sei- 
gnor  non  atendoit  son  servicial.  Et  entrèrent  li  chevalier 
et  li  pedon  en  la  mer  qui  estoit  paisible  et  belle,  et  main- 
tenant la  passèrent  et  alerent  a  lo  port  de  Messine,  et  se 
acompaingnerent  avec  li  chevalier  devant  liquel  avoient 
prise  la  cité.  Et  après  ce,  ala  lo  gloriosissime  duc  Robert, 
et  esguarda  les  forteresces  de  la  cité  et  de  li  hedifice,  de  li 
mur  et  des  maisons,  et  li  siège  et  disposition  de  la  rippe. 
Et  que  la  cité  estoit  vacante  des  homes  liquel  i  habitoient 
avant,  il  la  forni  de  ses  chevaliers,  et  pour  lui  la  fortifica 
de  grant forteresce. 

Cap.  20.  Et  puiz  nombra  li  chevalier  et  li  pedon,  et 
trova  que  tant  estoient  li  chevalier  quant  li  pedon,  c'est 
mille;  mes  que  se  fioit  plus  en  Dieu  que  en  la  multitude, 
avec  celle  petit  de  gent  qu'il  avoit  commensa  a  chevaucier 
plenement  et  atendant  continuelment  li  home  de  pie.  Et 
vint  a  une  cité  qui  se  clame  Rimete.  Et  li  sien  avènement 


212 


non  faisoit  tant  solement  paour  a  li  voisin,  mes  autres! 
faisoit  paour  a  cil  qui  estoient  de  loing  ;  dont  lo  caite  de 
celle  cité  pour  paour  lui  ala  a  genoilz  devant  et  lui  de- 
manda paiz,  et  lui  donna  présent  pour  tribut,  et  se  obliga 
de  estre  a  son  comandement  tout  entièrement  (i). 

Cap.  2 1 .  Et  puiz  s'en  ala  lo  duc  a  False  (2),  a  lo  pié  de 
lo  grant  mont  et  menachant  molt  de  Gilbert  (3),  et  co- 
manda  de  fichier  ilec  lo  paveillon,  et  demora  iluec  par 
alcuns  jors  ;  et  li  pueple  chrestien  qui  estoient  là  entor 
vindrent  a  lui  o  dons  et  o  victaille,  asquels  il  concedî  et 
donna  seurté.  Et  puiz  donna  bataille  a  une  cité  qui  se 
clamoit  Conturbe,  laquelle  estoit  après.  Et  pour  ce  que 
celle  cité  avoit  haus  murs  et  profundissimes  fossez,  non 
la  pot  veincre  (4). 


(i)  D'après  Malaterra,  II,  i3,  Roger  8e  trouvait  avec  son  frire 
Robert  Guiscard  devant  Ramctta,  et  ce  fut  aux  deux  Mres  que  la 
forteresse  fit  sa  soumission  ;  Amari  est  porté  à  croire  qu*il  ne  s'agit- 
snit  pas  d'une  soumission  proprement  dite,  mail  d'un  accord  tempo- 
raire de  Tamân  ;  il  écrit,  en  parlant  du  kaîJ  de  Rametta  :  forse  ei 
non  fece  che  disJire  Tautorita  d'Ibn-Hawwasci  e  sottometterti  a  Ibn- 
Thimna  col  quale  par  averse  tenuto  pratiche  (t.  III,  p.  71). 

(à)  «  Ad  Fraxinos  »  dans  Malaterra,  lli,  14,  maintenant  Fnz- 
zano  ;  Amari  cite  une  charte  Je  1 188  où  Frazzano  reçoit  le  nom  de 
Kraynit.  La  position  de  Frazzano,  assez  loin  et  à  Test  de  Messine  et 
à  une  faible  distance  du  rivage  nord  de  la  Sicile,  montre  que,  par 
prudence  sans  doute,  les  Normands  ne  voulurent  pas  s'enfoncer  dàs 
le  début  en  plein  cœur  de  la  Sicile. 

(3)  De  Frazzano  les  Normands,  tournant  vers  le  sud,  gagnèrent  les 
Fondaci  di  Maniaces,  non  loin  et  à  l'ouest  de  Mongibello  où  l'Etna, 
que  le  traducteur  d'Aimé  appelle  «  Mont  de  Gilbert  ;  »  Malaterra,  Ul, 
14,  dit  comme  Aimé  que  les  populations  chrétiennes  de  ces  pays, 
c'est-à-dirc  du  Val-Demone  vinrent  au-devant  des  Normands  et  leur 
offrirent  des  présents. 

(4)  La  position  de  Conturbe,  maintenant  Centorbi,  montre  que  les 


213 

Cap.  22.  Et  pour  la  famé  de  cestui  gloriosissime  seîgnor, 
cil  qui  habitoient  as  cités  fuioient  devant  la  face  sœ,  et 
fondoient  cornent  la  cyre  devant  lo  feu,  et  en  tant  que 
dui  grant  cités,  c^est  Paterne  et  Emmellesio  (i),  furent 
trovées  vacantes  sanz  nul  home.  Et  Vultimine,  de  loquel 
aveme  dit  que  estoit  cbacié  de  Sycille  de  Belchoal,  estoit 
governeor  de  tout  lo  exercit  et  lo  duc. 

Cap.  23.  Et  puiz  vindrent  a  une  haute  cité  laquelle  se 
clamoit  Chastel-Johan  (2),  et  là  atendirent  bataille  et  varie 
avènement  par  quatre  jors,  quar  tuit  ceaux  qui  estoient 
fouis  de  li  autre  cités  et  chastel,  estoient  reclus  en  celle 
cité.  Et,  en  la  fin,  Balchaot  (3),  liquel  estoit  plus  fort  et 
plus  sage  de  bataille,  o  autre  officiai  liquel  se  clamoient 
cayci,  issirent  defors,  liquel  estoient  accompaingniez  de 
.XV.  mille  chevaliers  et  cent  mille  pedons.  Une  Ystoire 
non  met  que  li  pagani  fussent  senon  .xv.  mille,  mes  force 
que  non  fait  mention  de  li  p)edon  ;  et  li  chrétien  furent 
solement  .vij.  cent.  Et  puiz  quant  lo  magnifico  duc  vit 
ceste  gent,  liquel  n^avoit  que  mille  chevaliers  et  mille  pe- 
dons, et  non  plus,  sans  paour  vouloit  aler  contre  eaux,  et 

Normands  avaient  suivi  la  vallée  du  Simeto  en  laissant  Traîna  à  leur 
droite  et  le  Mongibello  à  leur  gauche. 

(i)  Paterno,à  20  kilomètres  au  nord-ouest  de  Catane;  c*est  actuel- 
lement une  ville  de  17,000  habitants.  —  On  ne  retrouve  pas  la  trace 
de  Emmellesio.  —  Cf.  Amari,  t.  III,  p.  72  ;  —  Malatbrra,  II,  16, 
dit  également  que  les  Normands  vinrent  camper  dans  la  plaine  de 
Paterno,  et  il  donne  quelques  autres  détails  qui  ne  sont  pas  dans 

Aimé. 

(2)  Castrogiovanni,  ville  qui  compte  actuellement  19,000  habi- 
tants; elle  est  située  au  centre  de  la  Sicile  et  suc  des  hauteurs  à  peu 
près  inexpugnables,  aussi  peut-on  y  jouir  d'une  vue  incomparable 
sur  les  deux  versants  du  nord  et  du  sud  de  Tîle  ;  Castrogiovanni  est 
Tantique  Enna  des  anciens,  le  Castrum  Ennœ. 

(3)  Ibn-al-Hawwas. 


\ 


■2::rï.  •-:•::   l  t;  "na:*    rixr  ro::f  r-rrcîs  -'«iu-Crist  avec 


r:--r  .«riiLi-  i.s:  «  >i  -:•::•  sj-zi  "jlt:  .iî  tD:  cornent  un 
ITLJZ  it  Bjz^z':*t  f.  ■  :«ij  iJi5?  i  Z:  =p:c:  c-H  se  portent. 
.1  K  ri"*ir:r:         i  Li  rsrrr:;  f»  li  fr:  nDstre  a  la  calor 

-*    -  5''£_z  —  HiccT"  -  —  r*  iz  II  -".^r^  ^*  2_£  saïnte  "Trinité 

=«  if  -  rr-zTî  11  rcrts.'i  =  pErr-îrÊié;  arcoîu  pargame 
hzzztz  r.o5  rezrijis  7«r  r:«-:iS5>:c  =*  p^r  peniiancc,  ciirece- 
T?:is  le  rrrs  n  1:  smc  zt  Ois:  c^  r^rpareiHoQs  les  armes 
r^orr»  zzLis  Dî*-  er.  pz-'t-zi  m.  zyy^i  pcriegeni  et  âdel  de 
2cn=*r  T-.rrMrs  zs  1*  r:ulr:::ie  is  I:  non  &del.  »  El  ensi 
:::  i^::.  £:  se  fr:=:  j?  iifi-f  ie  la  croia  ci  haocereni  lo 
frfâ:;?-  c:  cr-rrttzcrrên:  a  cr=:«rTe.  Mes  Dieo  combat 
pc^r  uerc::  fs  1:  Nrrr:!:::  csresùea.  kar  les  salva.  ci  U 
r>crî  £-ci  c:>-:^z>i:  e:  ier:r-:<.  E:  tarent  li  pagine  a  hiîr, 
c:  ir=-a  rjer  s  1:  rrrsstfe::  de  pcrsecuar  li  païen.  El  fa 
une  c:*se  zifrTtîll: use  e:  qui  ê=:ai2noc  fa  oie,  quarnui 
ie  11  chevalier  r.e  ie  1:  7ei?2  non  lu  occis  ne  ferau  Mes 

m 

ie  1:  paie::  ".an:  e-  zzrtr,:  yczis  que  nuî  borne  non  puet 
S2v?:r  !?  n?-rbrc.  T?:f5  friz.  l'suîrc ys^rc met  que  de  li 
ch-es:  en  ît.  furer.:  alj  jr.  =::r-.  rr.és  petit,  et  deli  Sarrazin 
:  jren:  r:: on  .x.  z::l-e.  e:  .v.  mille  se  récupèrent  en  la 
:erre  de  Chasiel-Jehan.  i'>cuel  est  maintenant  dit  lo  cbas- 
Tel  Sa:n:-Jehar.  Mes  c'est  a  entendre  de  li  chevalier  sole- 
rr.zni.  Er  je^tc  ys-oire  psr'c  ie  li  chc\-ar.crct  de  li  pedon. 
El  met  celle  ys;  ire  qjc  r.on  rjreni  soûl  li  Sycillien.  mes 
lurent  aa:r&si  de  Arabt  et  de  Aifrica.   Et  non  failloient 

■  i;  Si  habuentis  nd*m,  sicut  granum  siDapis  et  dketis  moati 
hu::  :  trans:  hinc  :llu:  et  tr^nsibit  et  nihil  impossibile  erit  robis. 
^.  Matth.,  XVil,  ir,. 


215 

li  païen  de  fouir,  ne  li  chrestien  de  enchaucier  les  jusque 
qu'il  vindrent  a  lo  mur  de  la  terre.  Et  a  li  fossé  sont  pris 
li  chevalier.  Li  mort  sont  despoillez.  Li  prison  sont  mis  a 
estre  esclave  de  aspre  service.  De  quatre  part  de  la  cité 
furent  fait  li  chastelz  fermez  de  forteresces.  Et  gastoient 
li  arbre  et  li  labour  (i).  Et  puiz  dui  mois,  li  victoriouz 

* 

(  I  )  On  voit  que,  dans  ce  récit  de  la  bataille  de  Castrogiovanni,  le 
traducteur  d'Aimé  met  en  regard  des  chiffres  donnés  par  Aimé,  ceux 
qui  sont  fournis  par  Malaterraet  qui  étaient  reproduits  danslerékumé 
de  Malaterra,  traduit  en  français,  par  ce  même  traducteur  d'Aimé, 
sous  le  titre  de  :  Chronique  de  Robert   Viscart  et  de  ses  frères. 
Quoique  Léo  de'  Marsi,  III,  45,  ait  dit  après  Aimé  qu'à  Castrogio- 
vanni,  Ibn-al-Hawwas  avait,  outre  sa  cavalerie,  100,000  fantassins, 
cette  donnée,  on  le  comprend,  est  tout  à  fait  inadmissible.  Ces  deux 
chroniqueurs  s'accordent  également  pour  dire  que  Robert  Guiscard 
avait  1,000  fantassins  et  1,000  cavaliers  à  opposer  à  une  armée  si 
nombreuse.  C'est  le  chiffre  qu'Aimé  avait  déjà  donné  lorsqu'à  Messine 
Robert  avait  ^t  le  dénombrement  de  ses  troupes,  avant  de  s'engager 
dans  l'intérieur  de  la  Sicile  ;  mais  Robert  avait  certainement  laissé 
derrière  lui    quelques  garnisons  pour  assurer  sa  retraite  en  cas  de 
défaite  ;  toute  son  armée  n'a  pu  le  suivre  jusqu'à  Caitrogiovanni. 
Malaterra,  II,  17,  est  certainement  plus  près  de  la  vérité  lorsqu'il 
écrit  que  les  Normands  étaient  700  — «  erant  enim  tantum  modo  sep- 
tingenti  » —et  les  Sarrazins  i5,ooo.  —  «  similiter  Bechamet  cum  quin- 
decim  millia  armatorum  haberet.  »>  —  A  ces  700  Normands,  il  faut 
ajouter  le  corps  des  auxiliaires  Sarrasins  commandés  par   Ibn-at- 
Hmnah;   mais  les   chroniqueurs   arabes    regardent  cet  Sarrazins 
comme  des  traîtres  et  les  chroniqueurs  chrétiens  ne  vojraot  en  eux 
que  des  infidèles,  les  premiers  et  les  seconds  daignent  à  peine  en  dire 
un  mot.  Malaterra,  III,  i  7,  dit  comme  Aimé  que  les  Africains  se 
trouvaient  dans  l'armée  d'Ibn-al-Hawwas  et  qu'ils  coml>attirent  contre 
les  Normands  à  Castrogiovanni  ;  Amari,  t.  III,  p.  yS,  note  i,  doute 
cependant  de  la  véracité  de  cette  tradition.  Il  est  intéressant  de  cons- 
tater que  Ibn-Khaldoun,  qui  se  contente  d'ordinaire  pour  l'histoire 
de  la  Sicile  de  reproduire  les  données  de  Ibn-al-Atir,  ajoute  cepen- 
dant que  Roger  n'avait  que  700  hommes  à  la  bataille  de  Castrogio- 
vanni; peut-être,  dit  Amari,  Ibn-Kaldoun  tenait-il  ce  détail  de  Ibn- 


2l6 

duc  s'en  toma  a  Messine.  laquelle  viaoire  turba  Tanne  de 
ceuz  de  la  terre  entor.  Et  adont  se  humilia  la  dure  volenté 
lor  a  estre  subjette  a  H  victoriosîssime  duc.  Et  qu^est  be- 
soingne  de  plus  dire  :  o  les  bras  ploiez  et  la  teste  endinèe 
de  toutes  pars  venent  H  cayte,  et  aportent  domps  et  ferment 
pais  avec  lo  duc  et  se  soumetent  a  lui  et  lor  cités  (x). 

Cap.  24.  Et  lo  amirail  de  Païenne  quant  il  vit  que  les 
cités  de  iluec  entor  faisoient  paiz  et  se  subjungoient.  a  ce 
que  il  qui  estoit  lo  meillor  non  remanist  derrière,  manda 
message  a  lo  duc  Roben  o  divers  présent,  c^est  paille  co- 
penez  a  ovre  d^Espaingne,  dras  de  lin,  vaisseaux  de  or  et 
d'argent,  et  muUe  adornez  de  frein  royal,  et  selles  appa- 
reilliez de  or.  et  secont  la  costumance  de  H  Sarrazin,  el  sac 
en  liquel  estoient  .Ixxx.  mille  tarin.  Et  lo  duc  pensa  une 
grant  soutillesce,  et  manda  regraciant  a  lo  amiral, 
pour  lo  présent  qu'ail  avoit  receu,  un  qui  se  damoit 
dyacone  Pierre,  liquel  entendoit  et  parloit  molt  bien  co- 

Sceddad,  doDt  lei  ouvrages  sont  perdus;  ce  dernier  avait  pu  coniuStre 
à  Palerme,  au  xii«  siècle,  la  tradition  normande  sur  la  bataille  tte 
Castrogiovanni.  Cf.  Ibtc-Khaldoun  :  Histoire  de  la  Sicile,  traduciîoo 
française  de  Noël  des  Vergers,  p.  i83.  -»On  a  déjà  bien  de  la  peine 
à  croire,  malgré  l'afhrmation  de  Malaterra,  que  700  Normands  aient 
tué  en  une  seule  rencontre  10,000  Sarrazins,  mais  on  voit  qu*Ainié 
va  encore  plus  loin  que  Malaterra.  Léo  de*  Marsi  a  reproduit,  111,  45» 
ces  exagérations  légendaires  d*Aimé.  Les  chroniqueun  samiins 
n*ont  parlé  que  sommairement  et  en  passant  de  la  victoire  des  Nor- 
mands à  Castrogiovanni  ;  cf.  Ibn-al-Atir  dans  la  Bibliotheca  Ar^th 
Sicula  d'AMARi,  traduction  italienne,  t.  I,  p.  448.  Novairi,  dans  M 
Gregorio  :  Rerum  Arabicarum,  p.  25.  —  Ibn-Khaldoum,  dans  la 
traduction  de  Noël  des  Vergers,  p.  i83. 

(  I  )  Il  ne  faudrait  pas  trop  prendre  à  la  lettre  ces  soumissions  des 
kaids  musulmans  à  Robert  Guiscard,  rapportées  par  Aimé,  car  U 
suite  a  montré  qu'ils  ne  s'inclinèrent  pas  si  facilement  loua  la  loi  du 
vainqueur. 


>i7 

ment  li  Sarrazin.  Et  lui  comanda  qu^il  non  parlast  a  la 
manière  de  li  Sarrazin,  mes  escoutast  et  entendist  si  que 
il  lui  seust  dire  Testât  de  li  Sarrazin  et  de  la  cité.  Et  li 
amiral  fu  molt  liez  de  ce  que  li  duc  lui  avoit  mandé  mes^ 
sage,  et  se  creoit  avoir  son  amistié.  Et  dont  cellui  Pierre, 
loquel  avoit  lo  duc  mandé  en  message,  fu  bien  receu  et 
honorablement;  et  lui  donna  li  amiral  moltdomps.  Et 
Pierre  fait  assavoir  a  lo  duc  coment  la  cité  est  asoutillié, 
et  ceuz  de  la  cité  sont  comme  lo  cors  sans  l'arme  (i). 

Cap.  25.  Et  puiz  que  la  multitude  li  chrestien,  liquel 
habitoient  en  un  lieu  qui  se  clamoit  lo  val  de  Manne  (2), 
vindrent  por  estre  aidié  de  lo  duc,  et  que  desirroient  de 
non  estre  subjette  a  li  païen,  lui  firent  tribut  de  or  et 
habondance  de  cose  de  vivre,  et  ordena  foire  et  marchié 
dont  fussent  toutes  chozes  de  vendre;  et  pour  ceste  ordi- 
nation li  chevalier  prennent  cuer  et  non  se  curèrent  molt 

(i)  Il  n'est  pas  facile  de  dire  quel  est  le  personnage  désigné  par 
Aimé  sous  le  nom  d'  «  Amirail  de  Palerme  ;  »  au  chap.  8  du  livre  V, 
il  donne  à  Tamiral  de  Palerme  le  nom  de  Belcho  et,  comme  nous 
l'avons  vu,  ce  nom  désigne  Ibn-al-Hawwas  ;  mais  au  chap.  1 3  de  ce 
même  livre,  il  l'appelle  Sausane,  probablement  une  confusion  avec 
As-Simsan;  peut-être  Aimé  a-t-il  ici  de  nouveau  en  vue  Belcho, 
c'est-à-dire  Ibn-al-Hawwas.  Voyez  Amari,  t.  IIl,  p.  76,  note  2.  — 
A  mari,  l.  c,  croit  qu'il  s'agit  du  tarin  d'or  et  non  du  dirhem  arabe, 
aussi  évalue-t-il  à  3oo,ooo  livres  d'Italie  le  cadeau  fait  à  Robert 
Guiscard  par  l'amiral  de  Palerme.  —  Le  Pierre  Diacre  dont  parle 
Aimé  n'a  évidemment  rien  de  commun  avec  Pierre  Diacre,  rédaaeur 
d'une  partie  de  la  chronique  du  Mont-Cassin,  car  alors  ce  dernier 
n'était  pas  encore  né.. 

(2)  Le  texte  de  Champollion  porte  à  tort  «  Loyal  de  Manne  »  tandis 
qu'on  lit  dans  le  manuscrit  «  lo  val  de  Manne  ;  »  il  s'agit  donc  du 
Val-Demone,  sur  le  versant  nord  de  la  Sicile;  la  ville  actuelle  de 
Gangi  est  au  centre  de  la  partie  la  plus  fertile  de  l'ancien  Val- 
Dcmone. 


N. 


2Î8 

de  rctorncr  a  la  cite  lor;  et  que  lo  entent  ion  de  lo  duc 
estoit  en  saint  Marc  evangeliste  en  loquel  avoit  dévotion 
pour  ce  que,  quant  ala  en  Calabre,  hedifica  la  rocche  de 
Saint-Marc  pour  laquelle  acquesta  tote  Calabre   (i)  en 
ccllui  val  de  Mane,  pour  defTension  de  li  chrestien,  et  a 
acquester  toute  la  Sycille,  fist  un  chastel  qui  se  clamoit 
Saint-Marc.  Et  la  garde  de  lo  castel  commist  a  Guillerme 
de  Maie  et  a  ses  chevaliers.  Et  puiz  loduc  chrestiennissime, 
quant  il  ot  victoire  pour  la  mort  de  Sarrazin,  si  se  fioi  en 
Dieu  Crist,  torna  o  li  sien  che\'alier  a  Messine.   Et  por 
moustrer  a  la  chicre  moillier  soe  la  prospérité  de  la  victoire 
que  avoit  eue  a  Messync,  lui  manda  que  venist  a  lui  par 
lo  sage  home  Coffre  Rindielle;  et  quant  il  ot  appareillié 
la  cité  de  chevaliers,  torna  en  Calabre  a  la  moillier  (2). 

(i)  Cf.  supna,  1.  lily  chap.  7  ;  comme  il  a  déjà  été  dit,  Aimé  ou  son 
traducteur  sV>tait  donc  trompe  en  donnant  le  nom  de  Saint-Martin 
à  ce  château  construit  par  Robert  Guiscard  en  Calabre,  au  début 
de  sa  carrière.  Quant  au  château  de  San-Marco,  édifié  en  Sicile  dis 
1061,  il  s'agit  sans  doute  de  San-Marco  d'Alunzio,  au  sud  et  i  peu 
de  distance  du  cap  d*Orlando;  on  voit  près  de  S.  Marco  les  ruina 
d*unc  grande  construction  du  moyen  âge.  Cent  ans  plui  tard,  Edusi 
parlait  de  la  prospérité  de  S.  Marco;  Bibliotheca  Arabo^Sicmla 
d'AMARi,  t.  I,  p.  66. 

(z)  Apres  avoir  rapporte  la  première  expédition  dea  Normands  en 
Sicile  en  1061,  Aimé,  dans  le  chapitre  suivant*  passe  brusquement 
et  sans  autre  transition  au  récit  d'événements  survenus  en  1068, 
c*ost-â-dirc  sept  ans  plus  tard,  sans  qu'il  ait  parlé  ailleurs  des  évé- 
nements importants  qui  ont  eu  lieu  en  Sicile  et  dans  lltalie  du 
sud  entre  1061  et  1068.  Aussi  plusieurs  critiques  se  sont  demandé 
s'il  n'y  avait  pas  une  lacune  du  manuscrit  entre  leaSe  et  le  %6fi  cha- 
pitre du  V'e  livre  d'Aimé.  Pour  les  motifs  suivants,  il  me  semble 
que  cette  lacune  du  manuscrit  n*existe  pas  :  i^  Le  sommaire  des 
chapitres  placé  en  tête  du  livre  V  est,  sur  ce  point,  tout  à  fiût  en 
harmonie  avec  le  texte;  aussitôt  après  le  retour  de  Robert  Guiscard 
sur  le  continent,  à  la  suite  de  la  première  expédition  des  Normands 


219 

Cap.  26.  Et  quant  lo  duc  sapientissime  vit  la  disposi- 
tion et  lo  siège  de  Palerme,  et  que  des  terres  voisines  estoit 
aportée  la  marchandise  ;  et  se  alcuns  ncgassent  la  grâce 
par  terre  lui  serdit  portée  par  mer,  appareilla  soi  a  prendre 
altre  cité,  a  ce  que  assemblast  autre  multitude  de  navie 
pour  restreindre  Palerme  que  ne  par  terre  ne  par.  mer 
puisse  avoir  ajutoire.  Et  ensi  fist,  quar  premerement  asseia 
Otrente  et  attornia  la  de  diverses  travacles  et  de  chevaliers. 
Et  tant  l'asseia  quant  par  arihes  et  par  povreté  jusques  a 
tant  que  cil  de  la  cité  la  rendirent,  quar  non  pooient  autre 
faire  (2).  Non  mest  ceste  histoire  cornent  ot  brigue  avec  lo 

en  Sicile,  en  1061,  le  sommaire  porte  :  «  Cornent  lo  duc  venchi  la 
cité  de  Otrante.  »  Cf.  supra,  p.  141  ;  —  2<»  le  texte  d'AiMé  que  Léo 
de'  Marsi,  III,  1 5,  a  eu  à  sa  disposition  n'avait  rien  de  plus  que  le 
nôtre,  puisque  Léo  le  résume  de  la  manière  suivante,  après  avoir 
répété  les  données  d'Aimé  sur  la  première  expédition  des  Normands 
en  Sicile,  en  1061  :  «  Ydrontum  deinde  tandiu  obsidens  afHivit, 
quousque  illi  se  tradidit.  Inde  Barim,  etc.  ;  Soles  réflexions  que  le 
traducteur  d'Aimé  fait  à  la  fin  du  chapitre  26,  prouvent  que  son 
manuscrit  d'Aimé  était  semblable  à  notre  version  et  n'avait  rien  de 
plus,  le  traducteur  constate  lui-même  les  lacunes  et  les  comble  en 
partie  à  l'aide  de  données  qui  viennent  de  Malaterra.  —  Le  côté 
défectueux  de  la  rédaction  du  texte  d'Aimé  en  cet  endroit  est  de 
présenter  ces  événements  comme  si,  aussitôt  après  sa  première  expé- 
dition en  Sicile,  R.  Guiscard  s'était  décidé  à  prendre  les  villes  mari- 
times de  l'Italie  du  sud,  pour  préparer  par  là  même  l'organisation 
d'une  flotte  puissante  et  attaquer  ensuite  Palerme  pur  terre  et  par 
mer.  Ce  n'est  que  plus  tard,  après  1064,  c'est-à-dire  après  avoir  vai- 
nement, et  d'accord  avec  Roger,  essayé  de  prendre  Palerme  en  l'atta- 
quant du  côté  de  la  terre,  qu'il  a  dû  avoir  de  tels  projets  et  de  telles 
combinaisons  pour  réduire  Palerme, 

(2)  Il  s'agit  de  la  prise  d'Otrante  par  Robert  Guiscard,  mentionnée 
par  la CArowicow  brève  Nortmannicum  :  «  1068,  menseoctobri  captum 
est  iterum  Hydruntum  et  fuguti  sunt  Graeci  ab  ea.  »  Entre  Aimé  et  la 
Chronicon  brève,  il  y  a  une  différence  chronologique  ;  Aimé  dit  que 
R.  Guiscard  s'empara  d'Otrante  avant  de  commencer  le  siège  de  Pa- 


220 

conte  Rogier  son  frere,  et  cornent  lo  ak  prendre,  et  que 
non  lo  pot  prendre  en  la  cité,  lo  persequta  en  Sicille,dont 
il  fu  prist  de  li  Sarrazin^  et  lo  frère  puiz  lo  rachats.  Et 
ensi  lo  duc  et  lo  conte  orent  grandissime  paiz  ensembk 
cornent  rayson  estoit  (i). 

Cap.  27.  Et  de  là  se  parti,  et  coroné  de  victoire  la  soe 
chevalerie,  et  s^en  vint  à  Bar  (2),  laquel  est  la  principale 
terre  de  toute  Puille.  Quar  puiz  que  ot  veinchut  toutes  les 
cités  de  Puille,  torna  l'arme  soe,  laquelle  non  pooit  estre 
vaincue,  a  Bar,  et  avant  que  lui  donnast  bataille,  demanda 
a  cil  de  la  cité  qu^il  lui  fussent  subjette.  Et  conteresterent 
cil  de  la  cité,  et  dient  que  pour  nulle  moUeste  qui  lo  fiisi 

lermc,  et  comme  le  siège  a  débuté  dans  les  premiers  jotin  d'août 
1 068,  c'est  donc  au  plus  tard  au  mois  de  juillet  de  cette  année  qu*i! 
place  la  conquête  d'Otrante  ;  diaprés  la  Chronicom  brève,  c*est  plus 
tard,  en  octobre  1 068,  c*c8t-à-dire  pendant  le  siège  de  Bari,  qu'Otrante 
aurait  succombé.  Comme  le  dît  F.  Hirsch,  Z.  c,  p.  3o3,  la  Cknh 
nicon  brève  est  assez  mal  informée  sur  ces  divers  événements;  ainsîi 
elle  place  en  1069,  au  lieu  de  1071,  la  prise  de  Bari  par  les  Normands; 
il  se  peut  donc  très  bien  qu>lle  se  trompe  paiement  pour  la  date  de 
la  prise  d*Otrantc.  Il  ne  serait  pas  non  plus  impossible  que  tout  en 
continuant  à  assiéger  Bari,  Robert  Guiscard  ait  oiguiiaé,  en  octobre 
1 068,  une  expédition  contre  Otrante,  comme  il  le  fit  plus  tard  contre 
Brindisi,  mais  le  texte  d*Âimé  ne  se  prête  guère  à  cette  hypothèse, 
car  il  laisse  voir  qu*Otrante  a  supporté  un  siège  en  règle  et  n'a  pas 
été  emportée  par  un  coup  de  main.  Sur  les  rapports  d'Otrante  avec 
les  Normands  durant  cette  période,  voyez  une  longue  note,  p.  411 
sqq.  des  Normands  en  Italie^  par  O.  Delakc. 

(i)  Le  traducteur  d*Aimé  fait  allusion  à  divers  événements  racon- 
tés pur  Malaterra,  1.  II,  c.  23-28  et  reproduits,  d'après  Malatcrrs, 
par  l'Anonyme  du  Vatican  et  par  la  traduction  française  de  l'Ano- 
nyme, mais  le  traducteur  d*Aimé  se  trompe  en  disant  que  Robcn 
Guiscard  fut  fait  prisonnier  par  les  Sarrasins  ;  il  le  fut  par  les  Grecs 
de  Gérace  dans  l'Italie  du  sud. 

(2)  Plusieurs  fois  déjà,  Aimé  a  parlé  de  cette  ville  de  Bsri,  l'bn- 
tique  Barium  d*Horace,  sur  l'Adriatique;  actuellement  Bari  compte 


221 

faite  ne  se  voloient  partir  de  la  fidélité  de  lo  impereor  ( i  ). 
Et  quant  li  fortissime  duc  entèndi  ceste  response^  fist 
chastelz  et  divers  tribuque  (2)  ;  et  quant  li  chevalier  de  lo 
duc  donnoient  bataille,  issoient  defors  cil  de  Bar,  mes 
plus  issoient  a  lor  mort  que  a  la  bataille.  Mes  quant  la 
sapience  del  duc  vit  que  par  terre  non  ne  pooit  prendre, 
quar  Bar  est  les  troiz  pars  en  mer,  il  fist  venir  molt  de 
nefs,  et  enclost  cil  de  la  cité  en  tel  manière,  queremestrent 
molt  pourede  grain  (3).  Et  se  parti  la  cité  en  dui  part, 
quar  Bizantie  une  grant  part  voloit  deffendre  la  terre  pour 

60,000  habitants.  Guillaume  de  Poutlle  vante  sa  puissance  et  sa 
richesse,  lorsque  Robert  Guiscard  vint  Tassiéger  : 

«  Hostibus  edomitis  et  captis  indique  castris, 
Contra  Barensem  populum  parât  obsidionem. 
Appula  nulla  erat  urbs  quam  non  opulentia  Bari 
Vinceret  ;  hanc  opibus  ditatam,  robore  plenam 
Obsidet,  ut,  victis  tant»  primatibus  urbis, 
Nondum  subjectas  repleat  terrore  minores.  » 

GuiLiELM.  Apul.i  11,  v.  478-483. 

(i)  D'après  Guillaume  de  Fouille,  II,  485-487,  490-495,  Robert 
Guiscard  aurait  demandé  aux  habitants  de  Bari,  non  pas  ouverte- 
ment la  reddition  de  ville,  leur  mais,  ce  qui  revenait  un  peu  au  même, 
qu'on  lui  livrât  en  toute  propriété  les  m^MSons  de  Bari  provenant  de 
la  succession  d'Argyros.  Malaterra,  II,  40,  parle  des  plaisanteries 
que  se  permirent  les  habitants  de  Bari,  vis-à-vis  de  Robert  Guiscard, 
lorsqu'ils  refusèrent  de  se  soumettre  à  lui. 

(2)  La  date  du  début  du  siège  de  Bari  est  indiquée  par  I'Ignotus 
Barensis,  ad  an,  1068  :  «  et  die  quinto  astante  augusti  venit  dux 
Robberto  et  obsedit  Bari  per  terra  et  mare.  »  Muratori  :  R.  I.  S., 
t.  V,  p.  i32.  —  Lupus,  commençant  l'année  1069  dès  le  mois  de 
septembre  de  Tannée  précédente  écrit  :  «  1069,  in  mense  septembris 
prsefatus  dux  Robertus  obsedit  civitatem.  » 

(3)  Voyez  dans  Malaterra,  II,  40,  la  description  de  la  flotte  qui 
bloquait  la  ville  du  côté  de  la  mer  et  que  deux  ponts  rattachaient  au 
rivage. 


222 

Tcmpereor,  et  Argence  lasubjection  de  le  noble  et  puis- 
sant duc  Robert.  Mes  non  ademora  Bisantie,  et  sVn  ala 
en  Costenti noble,  et  Ip  significa  lo  fait  a  lo  impeor,  et 
demanda  ajutoire.  Et  Argencie  denuncia  a  Robert  que 
Bisancie  estoit  aie  a  lo  empereor,  et  lui  manda  lo  duc  Ro- 
bert derrière  quatre  galées  légères  pour  prendre  lo  ;  mes  li 
dui  furent  noiez  ctli  autre  dui  tornerent  a  loducodamage. 
El  lo  impeor  rechut  de  lo  cmpereor  et  empêtra  ce  qu^il 
qucroit.  Et  manda  li  impeor  un  qui  se  damoit  Stephaoe 
Patrie,  home  religiouz  et  adorné  de  toutes  bones  costumes, 
et  manda  auvec  lui  Avartutele  Achate-Pain^  et  liquel 
donna  molt  monoie.  Et  por  bénédiction  manda  a  touz 
ceuz  de  la  cité  une  suolle.  Et  lo  duc  sot  que  Besantie  re- 
tonioit,  mes  non  sot  que  retornoito  plus  de  nefs^  et  manda 
troiz  galces  pour  lo  prendre,  de  liquel  galée  furent  prise 
dui  de  Bisantie.  et  la  tierce  torna  a  lo  duc.  Et  puiz  vint 
Stéphane  et  lo  Achate-Pain,  H  citadin  furent  liez  pour  li 
sullo  qu'il  rechurent,  quar  réconfortèrent  la  lo  famé  (i). 


(i)  Aimé  est  seul  à  raconter  cette  démarche  de  Bizanzto  (Bîianiie, 
Bisancie)  i\  Constantinople  ;  Guilljumc  de  Fouille,  II,  v.  487  u^q,, 

se  contente  dVcrire  sans  préciser  davantage  : 

«  Impcrii  sancti  cives  suffragia  poscunt, 
Qui  conjurati  fuerant  eu  m  civibus,  illuc 
Lcgatos  mittunt  ;  simulque  impériale  juvamen 
Omncs  doposcunt.  » 

L*Ignotus  Barensis  place  en  io6g  Tarrivée  à  Bari  de  Stephano 
Patriano  (Stéphane  Patrie)  et  foit  coïncider  son  arrivée  avec  U  bataille 
navMlc  vie  Mon.)poli$  :  u  loôq,  indict.  Vil,  venit  Stepha.  Patriano  cum 
stolo.  El  pcricrunt  naves  \II  in  pârtineniia  ci vitatis  Monopoli,  one* 
r.iie  victo,  omniciue  buno.  Kl  multi  homines  necati  sunt  et  alii  com* 
prjthensLTunt  Kr.inci  et  truncaverunt.  Quant  au  catapan  Avaoutèle 
(Avartutele  Achate-Pain),  il  n*est  fait  mention  de  lui  que  danf 
Aimé. 


223 

Mes  légèrement  se  consument  petit  de  argent  là  ou  se 
vendent  les  coses  par  chierté,  car  achatoient  lo  tomble  de 
frument  quatre  bysant.  L'autre  ystoire  si  raconte  que  un 
de  Bar  se  parti  et  ala  o  un  dart  de  nuit,  et  vint  a  lo  pa- 
veillon  ou  estoit4o  duc,  et  geta  lo  dart  pour  occire  lo  duc» 
et  touz  ies  dras  lui  pertusa,  mes  la  char  non  tocha.  Adont 
lo  duc  se  fist  faire  une  maison  de  pierres  pour  estre  la 
nuit  a  segur.  Et  lo  jovene  qui  mena  lo  dart  fu  tant  legier 
qu'il  non  pot  estre  pris  (  i  j .  Et  la  maie  volenté  de  Bisantie 
et  de  Argentie  se  vint  descoverant,  et  se  distrent  paroles 
Tun  a  Fautre  injurioses,  et  prometoient  Tun  a  l'autre 
mort,  et  li  arme  se  appareillent.  Et  Bysantie,  qui  avoit 
la  grâce  de  lo  impereor  et  l'amistié  de  lo  Achate-Pain,  se 
creoit  en  toutes  chozes  veinchre  laprotervité  de  Argentie; 
et  Argerico,  qui  avoit  lo  adjutoire  de  lo  duc  Robert,  et  li 
parent  et  amis  avoit  plus  que  Bisantie,  manda  cert  homes 
pour  occire  Bisancie  quant  il  aloit  a  la  maison  de  lo 
Achate-Pain  ;  et  ensi  fu  fait,  et  fu  remez  lo  impediment 
de  lo  duc  (2).  Et  entre  ceste  coses  li  home  comencerent  a 

I 

(i)  Malaterra,  II,  39,  a  raconté  comment  Stephano  Patriano 
essaya  de  faire  assassiner  Robert  Guiscard,  et  son  récit  a  passé  dans 
l'Anonyme  du  Vatican,  Muratori,  R.  I.  S.,  t.  VIII,  col.  763  et  dans 
la  version  française  de  cette  chronique  par  le  traducteur  d*Aimé, 
I,  22,  p.  293,  dans  Champollion-Figeac.  Guillaume  de  Fouille  ter- 
mine son  deuxième  chant  en  racontant  cet  événement,  v.  543  sqq. 

«  Prœtor  erat  Stephanus  Barensibus  imperiali 
Traditus  edicto,  cognomen  cui  Pateranus 
Vir  probus  et  largus,  studio  laadabilis  omni, 
Prêter  quod  tanti  studuit  edere  mortem  »,  etc 

(2)  Lupus  protospat,  ad  an.  107 1  :  «  Hoc  etiam  anno,  dolo  cujusdam 
Argirichi  filii  Joannaci  (l'Argentie,  Argerico,  Argitio,  Argencie 
d'Aimé)  occisus  est  Bisantius,  cognomento  Guiderliku  in  Baro.  »  — 
Ignotus  Barensis  ad  an.  1070  :  «  Indict.  VIII,  oc(abo  decimo  die 
mensis  Julius,  die  dominica,  interfectus   çst  Bisantius  patritius  ab 


eiiirelaisier  la  court  de  Achaie-Pain  et  fréquenter  lo  palaiz 
de  Argerico.  Et  Tavoient  esleu  pour  seignor,  et  se  endi- 
nerent  la  voleaiè  de  vouloir  prometre  fidélité  a  cil  qu^il 
commanderoit.  Et  Argiiio  conforta  lî  coropaignon,  et 
jiJoii  a  li  menor,  donoii  chose  de  vivre  et  a  H  poure,  et 
lesesmovoit  a  la  tidelîté  de  11  ducetleurprometoitdomps. 
E:  esioit  alée  b  nef  de  lo  duc  pour  chargier  vitaille  de 
vivre,  et  taisoii  dire  lo  duc  que  estoit  de  Argerico,  et  auvec 
iui  pjinoii.  et  semblablement  lui  mandoit  deniers.  Et  lo 
pueple  dona  une  voiz  lacrimabile  pour  famé,  et  distrent 
a  lo  Achate-Pain  ou  il  deffendist  la  cité  ou  il  feist  licite 
cose  de  paiz  avec  lo  duc.  Et  lo  Accate-Pain  demanda  tenne 
jusque  a  tant  qu'il  eust  escrit  a  lo  empeor  la  nécessité  de 
lo  pucple,  et  manda  messages  especialz  a  lo  impeor,  qui 
lui  distrent  la  puissance  de  lo  duc  et  la  neccessité  de  li 
home  de  la  terre.  Et  quant  lo  impeor  sot  ceste  novelle,  il 
mut  son  osi  au  plus  lost  qu'il  pot,  et  manda  .ix.c.  dromon 
de  i;rdin,  dromon  sont  cornent  conestable,  cornent  iFiissent 
•ix.  banicres.  Ceste  fu  occasion  de  molt  estre  mort  de  cil 
de  Bar  ;  car  venoient  o  cil  de  lo  impereor  a  combatre 
contre  li  Normant,  et  se  mistrent  entre  eaux,  quar  il  se 
tioient  en  la  fortesce  de  ccuz  ;  mes  non  en  retoma  la  moitié 
a  lor  maisons,  et  lo  duc  plus  se  confortoit,  et  par  lo  con- 
seil de  Argiritie  obser\'a  la  cité  (  i  i.  Et  cil  de  la  cité  alerent 
une  autre  foiz  a  lo  Acate-Pain  ;  et  une  grant  partie  de  cil 

iniquis  homines  et  proinde  zalate  sunt  case  Meli-Pesâ  et  obmte.  »  Il 
est  plus  probable  que  Tassassinat  de  Bizanào  eut  lieu  en  1070, 
comme  Taffirme  Tlgnotus  Barensis,  et  non  en  1071,  comme  le  dit 
Lupus. 

(i)  Les  autres  chroniqueurs  ne  p.irlent  pas  de  cette  seconde  expé- 
dition d^^s  Byzantins  pour  venir  au  secourt  de  Bari  ;  peut^tre  s*agît-il 
de  celle  qui  se  termina  par  le  dcsastre  naval  de  MonopoUs  que 
Plgnotus  Barensis  place  en  1069,  avant  l'assassinat  de  BUauio, 


225 

de  la  cité  mandèrent,  disant  a  lo  impereor  cornent  molt 
en  estoient  de  povreté  de  la  famé,  et  tant  par  letre  quant 
par  message  sinifierent  a  lo  impereor.  Molt  en  fu  dolent 
lo  impeor,  non  sot  que  faire,  et  non  trova  qui  vousist 
venir  au  Bar  pour  la  paor  que  li  Grez  avoient  prise  de  H 
fortissime  Normant.  Et  finalement  Gozolin,  liquel  .estoit 
fouy  devant  la  face  de  lo  duc,  s^en  vint  devant  lo  impe- 
reour,  et  dist  qu'il  estoit  prest  et  appareillié  dealer  contre 
le  duc  Robert  a  Bar,  et  dist  que  fidèlement  pensoit  de  faire 
lo  fait  de  lo  impeor,  et  de  vengier  soi  de  son  injure.  Et 
demanda  talente  d*or  et  copie  de  pailles  et  de  joiauz  a  ce 
qu^il  puisse  départir  li  Normant  de  la  force  de  Robert.  Li 
trésor  de  lo  impereor  se  apetisa,  quar  se  donoit  a  lo  che- 
valier et  donna  li  chevaliers  a  solde,  et  a  cest  volage  lui 
donna  .xx.  nefs.  Et  a  grànt  joie  entrent  en  mer,  et  sonent 
tympanes  et  organes,  et  grant  quantité  de  trompes,  et 
aloient  saltant  et  vindrent  envers  Bar;  et  puiz  quant  il 
furent  après  il  estoit  nuit,  il  font  feu  et  haucent  li  facole 
alumées  a  ce  que  cil  de  la  cité  se  donassent  alegresçe  de 
lor  venue,  et  li  anemis  eussent  paour.  Mes  lo  duc  se  leva 
sans  nulle  paour,  et  tantost  manda  la  soe  navie.  Et  que 
coment  plus  dire?  Gozelin  fu  pris  et  .îx.  nefs,  et  la 
richesce  qu'il  portoient  fu  de  lo  duc,  et  li  autre  foyrent  et 
se  récupèrent  a  la  cité.  Adonc  toute  la  cité  o  grant  dolor 
et  o  grant  plor  dient  la  maie  fortune  lor.  Gozolin  fu  mis 
en  prison,  et  de  li  autre  Grex  alcun  furent  occis,  et  aucun 
furent  mis  en  prison  (i).  Et  Argitie,  voiant  que  toutes  les 


(i)  Au  1.  V,  4,  Aimé  avait  déjà  parlé  de  ce  Gozolin  ou  Gozelin 
qu'il  appelle  alors  «  Gazoline  de  la  Blace  à  loquel  lo  duc  avoit  donné 
Bar-entrebut  »  et  il  raconte  comment,  ayant  été  vaincu  dans  sa 
révolte  contre  Robert  Guiscard,  il  avait  dû  s'enfuir  à  Constanti- 
nople.  Ces  renseignements  d*Aimé  sont  confirmés   par  TIgnotus 

i5 


226 


chozcs  aloîeni  prospère  a  Robert  secoat  la  volenté  de 
Dieu,  non  vousi  plus  prolongier  de  donner  lut  la  cité,  et 
manda  une  tîUe  qu'il  avoit  en  ostage  a  lo  duc,  et  lui  avec 


IUrvnsis.  jj  .in.  ior;4.  et  par  Guilu%uiie  de  Fouille,  1.  II,  v.  451  sqq. 
Qu.iri  à  cf  tif  cxpcJition  du  tr.msfiige  Normant  pour  obliger  Robert 
iiu:s.arJ  à  le\er  \c  sicgc  do  Ràfi,  elle  a  été  aussi  rapportée  par 
Oi  11  i  \i  MK  i>E  Poi  iLLL.  m,  V.  1 1  i-i  19  ct  pjr  Malatbrra,  II,  43  ; 
le  récit  de  .M.iUicrrj  ;:  Ltc  rcproduil  et  quelque  peu  amplifié  par 
rAN(>N\Mi:  pv  V\Tiv\\N.  MiRATORi,  R.  I.  S.,  t.  VUl,  col.  764.  Voyez 
aussi  d.ins  Cham]x^!l:on-Kii:eac.  p.  au 3,  la  traduction  française  du 
p.i&s.igj  de  r.\non}-nie.  La  seule  différence  notable  entre  U  version 
^ie  M.ilatcrra  et  celle  d'Aimé  et  deGuilLiume  de  Pouille  est  queMala- 
terra  rapports,  selon  son  habitude,  à  Roger  la  gloire  de  la  défaite  et 
de  1.1  pris*:  d.*  G«>>c<:l:n,  t  mdis  que  les  deux  autres  historiens  ne  parlent 
p.is  de  Rv'ccr.  MaUiurra  appelle  Gocelin  «  Gocelinum  de  Orencho 
qiicmdam.  nationj'  Nortmannur.i  »  et  une  variante  porte  :  «  Goae* 
linum  de  Corintho  qiicniJ..im  natione  Nortmannum.  ^  L'Anonjrme 
du  V.«iic;m  est  p.irti  de  cette  appellation  de  Malaterra  pour  flaire  de 
Gocclin  un  duc  de  G.>rinthc.  de  même  il  lui  fait  écrire  aux  habitants 
de  lUri  une  lettre  inupna:re.  Malaterra,  II,  48,  dit  de  Gocelin 
qu'avant  rexpc^ittion  de  IViri,  il  était  «  in  palatio  post  imperatorem 
socundr.s.  «  m.iis  é>  idem  nient  ce  nVst  W  qu'une  réminiscence  biblique 
du  chroniqueur  norm.md  v)ui  tait  de  Gocelin  un  nouveau  Joseph  à 
la  cour  d'un  nouveau  Phnr.'.on.  Rien  dans  les  auteurs  bizantins  ne 
contîmie  cette  donnée;  ils  ne  parlent  pis  de  Gocclin,  ce  qu'ils  n'au- 
raient pas  manque  de  taire  s'il  avait  été  un  aussi  important  person- 
n.it:o.  Nous  avons  vu  que  d'après  rii;notus  Barensis,  Gocelin  alla  à 
Dura/zo  auprès  de  Perenos  dès «1004  ;  il  se  peut  qu'il  soit  revenu  en 
Itnlie  et  qu'il  ait  combattu  contre  Robert  Guiscard  avec  les  autftt 
Normands  jusqu'à  la  det.iite  dchnitive  des  conjurés,  vers  1067.  Gocelin 
a  donc  été  en  Orient  au  minimum  de  1067  ù  1071  ou  au  maximum 
de  io'/>4  à  lot* 7,  c'est-à-dire  ou  quatre  ou  sept  ans.  Or  comment 
aurait-il  pu  être  le  second  a  une  époque  où  il  y  a  eu  quatre  empe- 
reurs simultanément.  Romain  Diogènc  et  les  trois  fils  de  Constantin 
Du  cas,  les  empereurs  Constantin.  Michel,  Andronic,  sans  compter 
l'impératrice  Eudoxie  et  le  César  Jean .  Peut-être  en  définitive,  Gocelin 
n'a-t-il  guère  quitté  Durauo  durant  son  séjour  en  Orient,  car  c'est 


227 

li  sien  s^en  sailli  en  une  haute  tpr,  laquel  gardoit  pour 
lo  duc.  Et  de  toutes  pars  vienent  li  turme  meintenant  de 
homes  et  maintenant  de  famés  comment  s'il  feissent  la 
procession.  Et  venent  prestres,  et  vienent  moines  et  toute 
manière  de  gent;  et  ploroient  et  prioient  Argitie  qu^il 
délivre  la  Seignorie,  la  cité  de  la  seignorie  de  li  Normant. 
Mes  Arigitie  clodi  l'oreille  et  non  les  vouloitoïr  ne  veoir, 
quar  pour  nulle  proiere  entende  de  laissier  qu^il  non  face 
ce  qu'il  s'estoit  mis  en  cuer  (i).  11  estoit  passé,  petit  s'en 
failloit,  quatre  ans  que  continuelment  avoient  esté  en 
ceste  pestilence,  et  maintenant  par  l'opération  de  cestui 
Arigitie  furent  délivré.  Lo  samedi  devant  lo  dyemenche 
de  Palme,  lo  gloriouz  duc  entra  en  la  cité  de  Bar,  et  lui 

là  où  nous  le  voyons  aller  et  c*est  de  là  que  nous  le  voyons  partir 
contre  les  Normands  assiégeant  Bari  ;  il  y  aura  attendu  le  moment 
de  se  venger  des  Tancrède.  Guillaume  de  Fouille  commet  au  sujet 
de  Gocelin  une  singulière  méprise;  il  écrit,  1.  III,  v.  139-141, 
qu'après  avoir  été  fait  prisonnier  devant  Bari  par  les  Normands,  en 
février  1071,  il  passa  en  prison  le  reste  de  ses  jours  : 

«  Indusus  longo  Joscelinus  carcere  deg|ens 
Viiam  infeliceni,  vitae  cum  fine  labonim 
Excepit  finem,  diversa  pericula  passus.  » 

Or,  dans  un  autre  passage  de  son  poème,  1.  III,  v.  yS-go,  Guil- 
laume de  Fouille  raconte  que  ce  même  Gocelin  fut  envoyé  en  ambas- 
sade de  Constantinople  auprès  de  Tempereur  romain  Diogène,  lorsque 
ce  malheureux  empereur,  après  avoir  été  pris  par  les  Turcs,  eut  les 
yeux  crevés,  se  fit  moine  et  mourut  peu  après;  nous  savons  que 
CCS  événements  eurent  lieu  entre  le  mois  d'août  1071  et  le  mois  de 
juillet  1072,  cf.  Joël  (ssec.  XIII).  Chronographia  compendiara  ab 
O.  c,  ad  an.  1204,  gr.  et  lat.  édit.  Léo  Allatius,  Venet.  1728, 
p.  145.  11  est  donc  bien  inadmissible  que  Gocelin,  retenu  à  cette 
époque  en  prison  en  Italie,  ait  été  chargé  et  se  soit  acquitté  en  Orient 
d'une  telle  mission  ;  aussi  s*explique-t-on  très  bien  que  les  auteurs 
byzantins  ne  disent  rien  de  semblable. 

(i)  D'après  Guillaume  de  Fouille,  Argirizzo  eut  moins  de  peine  à 


228 

asouttillîé  pour  lo  geuner  de  lo  quaresme  se  réconforta  o 

la  feste  de  la  Pasque  (  i  ) . 


Cap.  28.  En  cellui  temps,  quant  lo  duc  se  combatoit 
pour  prendre  la  cité  de  Bar,  demanda  et  requist  rajutoire 
de  cil  de  Pise,  a  ce  qui  H  Sarrazin  non  soient  leissiezo 
lonc  repos  et  non  fornissent  la  terre  pour  lonc  temps,  et 
que  lo  duc  non  demorast  trop  pour  les  destruîre.  Et  appa- 
reillèrent li  Pisen  lor  nefs,  et  diverses  compaingntez  de 

décider  les  habitants  de  Bari  à  se  soumettre  aux  Normands  ;  il  écrit, 
1.  III,  V.  144  sqq.  : 

H  Tune  Argiricus  urbis 

Primus  habcbatur,  quem  dux  ubi  deditionem 
Urbis  inire  fccit,  reliquos  non  ardua  cives 
Vincere  pœna  fuit,  majores  namque  minorum 
Ad  quam  corda  volunt  partem,  deflectere  possunt.  • 

(1)  [n  die  i5  Apriliscepit  Robertus  dux  civitatem  Bari.  LuFUS,  aJ 
an.  1071.  —  II  semble  d*après  TIgnotus  Barensis  qu*il  y  a  eu  une 
autre  expédition  navale  des  Byzantins  entre  la  défaite  de  Gocelin  et 
la  reddition  de  Bari,  il  écrit  :  «  et  in  mense  martii  cattus  qui  pergebit 
Durrachio,  ubi  erat  Kyri  Depifani,  cum  aliis  multis,  orta  tempesias 
periit  in  pclago,  ncc  unum  hominem  inde  exivit.  Et  in  medio  mens 
Aprilis  fccit  Bari  cum  ipso  duca  ».  Ignotus  Barensis,  ad  «n.  1071.  — 
On  yoit  qu'Aimé  indique  le  jour  de  la  prise  de  Bari,  sans  indiquer 
l'année,  mais  il  se  trompe  lorsque,  dans  la  phrase  précédente,  il 
allirmc  que  le  siège  de  Bari  a  duré  près  de  quatre  ans  ;  en  réalité, 
il  n*u  duré  que  deux  ans  et  huit  mois,  c'est-à-dire  du  5  août  1068 
au  i5  avril  IU71.  La  Chronicon  brève  Norm.  place  à  tort  Is  prise  de 
Bari  par  les  Normands  en  1069  ;  Malaterra,  II,  43,  n'est  guhrc 
plus  heureux  en  la  plaçant  en  1070;  comme  nous  Tavons  vu,  TAno- 
NVMus  Vatic.  se  trompe  également  en  plaçant  au  lendemain  de  la 
défaite  de  Gocelin  la  reddition  de  Bari,  cf.  Muratori,  R.  1.  S.,  t.  III, 
col.  7G4.  Guillaume  de  Pouillk,  1.  III,  v.  144  sqq.,  ne  donne  pts 
de  date,  mais  indique  les  conditions  imposées  à  Bari  par  Robert 
Guisc.ird,  ce  dont  Aimé  ne  dit  rien.  Quant  à  Malaterra,  il  écrit  sur 
ce  point,  11,  4  J  :  «  Juxvoti  compos  effectus,  fratri  et  cuncto  exeiôtui 
gratias  rcfcrens,  urbc  pro  vclle  suo  ordinnta.  » 


229 

chevaliers  et  de  arbalestiers,  et  navigande  par  la  mer,  et 
droitement  vindrent  a  la  cité.  Et  cornent  venirent  rom- 
pirent la  chainne  laquelle  defTendoit  lo  intrer  et  lo  issir 
des  nefs  de  li  anemis.  Part  de  li  Pisain  estoient  en  terre 
et  part  en  remanirent  as  nefs,  a  ce  que  par  terre  et  par 
mer  feissent  brigue  a  la  cité.  Et  puiz  la  victoire  de  lo  duc 
en  Puille,  li  Pisen  rechurent  grandissimes  domps  de  lo 
duc,  et  s'entornerent  soi  en  Pise  (i).  Et  est  de  noter  que 

(i)  Le  siège  de  Bari  par  Robert  Guiscard  et  les  Normands  a  duré 
du  mois  d'août  1068  au  mois  d'avril  107 1,  aussi,  en  plaçant  pendant 
le  siège  de  Bari  l'expédition  des  Pisans  contre  Palerme,  Aimé  se 
trompe  d'au  moins  cinq  ans,  puisque  Malatçrra  et  les  sources  Pisanes 
s'accordent  à  placer  cette  expédition  en  io63;  cf.  Malaterjia,  II,  34; 
d'après  ce  chroniqueur,  les  Pisans  attaquèrent  Palerme  peu  après 
la  bataille  de  Cerami  entre  les  Sarrazins  et  les  Normands  et,  d'après 
lui,  cette  bataille  eut  lieu  en  io63.  De  même  la  Chronica  Pisana, 
MuRATORi,  R.  I.  S.,  t.  VI,  col.  168,  affirme  que  Texpéditioii  contre 
Palerme  eut  lieu  en  io63;  c'est  ce  que  dit  également  l'inscription 
gravée  sur  l'ancienne  cathédrale  de  Pise  : 

<(  Anno  quo  Christus  de  Virgine  natus  ab  illo 
Transierunt  mille,  decies  sex,  très  que  sub  inde 

Pisani  cives  celebri  virtute  potentes 

Intendere  vlam  primam  sub  sorte  Panormam.  » 


Cf.  Délie  historié  Pisane,  1.  XVI  di  R.  Roncioni,  ad  an.  io63, 
dans  VArchivio  storico  italiano,  t.  VI,  parte  primai  p.  108  et  parte 
secunda,  p.  5.  —  Quoique  Aimé  ne  nomme  pas  Palerme  dans  sa 
relation,  cette  circonstance  également  rapportée  par  Malaterra  et  par 
les  sources  Pisanes,  de  la  chaîne  du  port  rompu  par  les  assaillants, 
le  fait  qu'ils  attaquent  des  Sarrazins  et  non  des  Grecs,  tout  indique 
qu'il  s'agit  de  Palerme  et  de  l'expédition  de  106  3,  la  seule  que  Pise 
ait  faite  à  cette  époque  contre  la  Sicile  musulmane.  Il  y  a  en 
outre  dans  ce  passage  d'Aimé  une  indication  à  laquelle  les  historiens 
modernes  comme  A  mari,  de  Blasiis  et  Hirsch  n'ont  peut-être  pas  fait 
assez  d'attention  et  qu'il  est  intéressant  de  signaler;  ce  sont  les  rela- 
tions entre  Robert  Guiscard  et  la  république  de  Pise.  C'est,  d'après 


2}0 

Tautre  ystoire  met  molt  merveillose  victoire  que  fist  lo 
conte  Rogier,  frerc  de  lo  duc,  en  Sycillc  avant  que  Tcnist 
a  Bar;  mes  ceste  ysioiren'en  met  noient  (i). 

Cl  sefinist  H  quint  livre. 

Aimé,  à  Tinstigation  de  Robert  Guiscard  que  les  Pisans  voulaient 
venger  les  torts  que  les  Palermitains  leur  avaient  causés,  mais  rien 
n'empêche  que  Robert  Guiscard  leur  ait  conseillé  d*agir  ainsi  ;  son 
intérêt  était  d*af!aiblir  les  Sarrazins  de  Sicile.  Le  fait  rap{>orté  par 
Malaterra  qu*au  lieu  de  se  rendre  directement  devant  Païenne,  les 
Pisans  vinrent  d*abord  dans  un  port  du  Val-Demone,  qu'ils  se 
mirent  en  rapport  avec  Roger  et  qu*ils  cherchèrent  à  le  décider  à 
combiner  avec  eux  une  attaque  contre  Palerme,  donne  raison  à  Aimé  ; 
il  permet  de  supposer  des  négociations  antérieures  et  fait  voir  que 
les  Pisans  connaissaient  la  situation  des  Normands  en  Sicile.  Pour- 
quoi Roger  n*a-t-il  pas  voulu  s'entendre  avec  les  Pisans  ?  Nous 
n*avons  aucun  renseignement  sur  les  motifs  de  son  refus;  on  ne 
peut  émettre  que  des  conjectures.  Peut-être  Roger  se  sentiit-il  trop 
faible  pour  une  si  grosse  entreprise  ;  le  ton  de  persiflage,  sensible 
dans  Malaterra,  indiquerait  aussi  que  Roger  n'a\'ait  pas  grande  con- 
fiance dans  ces  marchands  de  Pise,  soldats  improvisés,  et  puis  le 
rusé  Normand  ne  se  souciait  probablement  pas  de  s'employer  à  une 
conquête  qu'il  mirait  fallu  ensuite  partager  avec  des  étrangers.  11 
préféra  attendre  et  la  faire  avec  ses  compatriotes. 

(i)  11  s*agit  de  la  victoire  de  Ccrami,  remportée  par  Roger  sur  les 
Sarrasins;  cf.  iMALATERRA,  II,  33,  Anonymus,  texte  latin  dans  Muka- 
TORi,  R.  I.  S.,  t.  VIII,  col.  760  sqq.,  texte  français  dans  CiuiiroL- 
LiON-FiGKAC,  I,  18,  p.  287  sqq.;  sur  les  additions  faites  au  texte  de 
Malaterra  par  TAnonymus,  voyez  Delarc,  les  Normands  en  Italie, 
p.  402)  note. 


SE  COMENT  LI  CAPITULE  DE  LO  VI  LIVRE 


Cap.  I.  De  la  brigue  que  ot  Guillcrme  Moscarolle  contre  li 
prince  Richart,  et  comme  firent  paiz  (i). 

Cap.  2.  Comênt  li  villain  qui  habitoient  en  Pié-de-Mont 
se  révélèrent  encontre. 

Cap.' 3.  Coment  li  prince  vouloit  acquestcr  Acquin  a  la 
utilité  del  conte  Guillerme. 

Cap.  4.  Coment  Adenulfc  deffcndoit  Acquin  et  Pandulfe 
Piéde-Mont. 

Cap.  5.  Coment  parlèrent  ensemble  et  firent  bone  paiz 
Guillerme  et  Adenulfe. 

Cap.  6.  De  la  famé  et  de  l'onor  de  Guillerme. 

Cap.  7.  De  la  discorde  de  li  conte  de  Marsica. 

Cap.  8.  Coment  lo  roy  Henri  délibéra  de  venir  en  Ytalie, 
et  puiz  quant  fu  Auguste  s'en  torna  (2). 

(i)  Ce  sommaire  forme  deux  chapitres  dans  le  texte;  le  chapitre  a 
du  sommaire  résume  par  conséquent  le  chapitre  3  du  texte  et  ainsi 
de  suite. 

(2)  Le  sens  est  qu'Henri  iV  étant  venu  à  Augsbourg^vec  Tinten- 
tion  de  passer  en  Italie,  renonça  à  son  projet;  la  phrase  est  incom- 
plète et  paraît  vouloir  dire  que  le  roi  est  venu  en  Italie,  y  a  été  cou- 
ronné empereur  (Auguste)  et  puis  est  retourné  dans  son  pays. 


230 

Tautre  ystoire  met  molt  merveillosc  victoire  que  fist  lo 
conte  Rogier,  frère  de  lo  duc,  en  Sycillc  avant  que  venîst 
a  Bar;  mes  ccste  ystoire  n'en  met  noient  (i). 

Ci  sefinist  H  quint  livre. 

Aimé,  à  Tinstigation  de  Robert  Guiscard  que  les  Pisans  voulaient 
venger  les  torts  que  les  Palcrmitains  leur  avaient  causés,  mais  rien 
n*empcche  que  Robert  Guiscard  leur  ait  conseillé  d'agir  ainsi  ;  son 
intérêt  était  d'affaiblir  les  Sarrazins  de  Sicile.  Le  fait  rapporté  par 
Malaterra  qu'au  lieu  de  se  rendre  directement  devant  Palerme,  les 
Pisans  vinrent  d'abord  dans  un  port  du  Val-Demone,  qu'ils  se 
mirent  en  rapport  avec  Roger  et  qu'ils  cherchèrent  à  le  décider  à 
combiner  avec  eux  une  attaque  contre  Palerme,  donne  raison  à  Aimé  ; 
il  permet  de  supposer  des  négociations  antérieures  et  fait  voir  que 
les  Pisans  connaissaient  la  situation  des  Normands  en  Sicile.  Pour- 
quoi Roger  n'a-t-il  pas  voulu  s'entendre  avec  les  Pisans?  Nous 
n'avons  aucun  renseignement  sur  les  motifs  de  son  refus  ;  on  ne 
peut  émettre  que  des  conjectures.  Peut-être  Roger  se  sentait-il  trop 
faible  pour  une  si  grosse  entreprise  ;  le  ton  de  persiflage,  sensible 
d:ins  Malaterra,  indiquerait  aussi  que  Roger  n'a\'ait  pas  grande  con- 
fiance dans  ces  marchands  de  Pisc,  soldats  improvisés,  et  puis  le 
rusé  Normand  ne  se  souciait  probablement  pas  de  s'empIo3rer  à  une 
conquête  qu'il  aurait  fallu  ensuite  partager  avec  des  étrangers.  II 
préféra  attendre  et  la  faire  avec  ses  compatriotes. 

(i)  11  s*agit  de  la  victoire  de  Ccrami,  remportée  par  Roger  sur  les 
Sarrasins  ;  cf.  Malaterra,  II,  Si,  Anonymus,  texte  latin  dans  Muka- 
TORi,  R.  I.  S.,  t.  VIII,  col.  760  sqq.,  texte  français  dans  Champol- 
LioN-fiGEAC,  I,  18,  p.  287  sqq.;  sur  les  additions  faites  au  texte  de 
Malaterra  par  TAnonymus,  voyez  Delarc,  les  Normands  en  Italie, 
p.  402,  note. 


SE  COMENT  LI  CAPITULE  DE  LO  VI  LIVRE 


Cap.  I.  De  la  brigue  que  ot  Guillerme  Moscarolle  contre  li 
prince  Richart,  et  comme  firent  paiz  (i). 

Cap.  2.  Comént  li  villain  qui  habitoient  en  Pié-de-Mont 
se  révélèrent  encontre. 

Cap.' 3.  Coment  H  prince  vouloit  acquester  Acquin  a  la 
utilité  del  conte  Guillerme. 

Cap.  4.  Coment  Adenulfc  deffcndoit  Acquin  et  Pandulfe 
Pic- de-Mont. 

Cap.  5.  Coment  parlèrent  ensemble  et  firent  bone  paiz 
Guillerme  et  Adenulfe. 

Cap.  6.  De  la  famé  et  de  l'onor  de  Guillerme. 

Cap.  7.  De  la  discorde  de  li  conte  de  Marsica. 

Cap.  8.  Coment  lo  roy  Henri  délibéra  de  venir  en  Ytalie, 
et  puiz  quant  fu  Auguste  s'en  torna  (2). 

(1)  Ce  sommaire  forme  deux  chapitres  dans  le  texte;  le  chapitre  a 
du  sommaire  résume  par  conséquent  le  chapitre  3  du  texte  et  ainsi 
de  suite. 

(2)  Le  sens  est  qu*Henri  iV  étant  venu  à  Augsbourg^vec  l'inten- 
tion de  passer  en  Italie,  renonça  à  son  projet;  la  phrase  est  incom- 
plète et  paraît  vouloir  dire  que  le  roi  est  venu  en  Italie,  y  a  été  cou- 
ronné empereur  (Auguste)  et  puis  est  retourné  dans  son  pays. 


2}2 

Cap.  19.  Cornent  Godefredc  se  leva  contre  li  Normant,  et 
comment  fu  reconciliv3  (i). 

Cap.  20.  Cornent  Guillerme  se  leva  contre  lo  prince. 

Cap.  21.  Cornent,  venant  lo  duc  Robert,  morut  Guillerme. 

Cap.  22.  Cornent  lo  duc  Robert  et  lo  prince  Richart  firent 
paiz  et  allèrent  ensemble  en  Sycille  (2). 

Cap.  23.  Cornent  lo  duc  et  lo  conte  vindrent  a  Palerme,  et 
conte  acquesta  la  cité  de  Cataingne. 

Cap.  24.  Cornent  lo  conte  occist  lo  rector  de  la  cite 
d^Aquin  (3). 

Cap.  25.  Cornent  partirent  lo  palaiz  et  li  ort. 

Cap.  2  5.  De  la  fain  de  li  pagan,  et  comment  furent  pris. 

Cap.  26.  Cornent  failli  lo  vin  a  lo  duc  et  a  tout  lo  ost. 

Cap.  27.  Cornent  fu  prise  Palerme,  et  cornent  lo  duc  et  tout 
l'ost  i  entra.  De  lo  miracle  de  Teglize  de  Sainte-Marie. 

Cap.  28.  Coment  lo  duc  ot  la  cite  de  Mazare,  et  cornent  il 
dona  une  grant  part  de  Sycille  a  son  frère.  De  la  prospérité 
et  de  la  victoire  del  duc  Robert. 

Cap.  29.  Coment  lo  conte  ala  a  venchre  li  autres  cités,  et 
coment  lo  duc  fist  la  roche  et  rchedifica  Tegltze  de  Sainte- 
Marie,  et  prist  Tostagc  et  torna  en  Calabre. 


(i)  Une  distraction  du  copiste  lui  fait  écrire,  chap.  19,  immédia- 
tement après  le  chap.  8. 

(2)  Ce  sommaire  est  erroné  ;  le  texte  d'Aimé  dit  simplement  que 
le  prince  Richard  eut  quelque  intention  d'aller  en  Sicile,  mais  nous 
savons  quMl  n'y  alla  pas. 

(3)  C'est  Roger  qu'Aimé  désigne  par  cette  appellation  «  le  conte  •; 
mais  comment  expliquer  ce  qui  suit  :  «  occist  lo  rector  de  la  cité 
d'Aquin.  »  Il  ne  peut  s'agir  de  la  cité  d'Aquino  en  CampaniCp  puisque 
à  ce  moment  le  comte  Roger  est  en  Sicile  et  marche  sur  Palerme. 
Ce  qui  ajoute  à  la  confusion,  c'est  que  rien  dans  le  texte  ne  corres- 
pond à  ce  sommaire;  par  une  de  ces  distractions  dont  il  est  coutu- 
mier,  le  traducteur  d'Aimé  aura  traduit  par  Aquin  le  nom  d'une  ville 
de  Sicile,  et  en  outre  il  n'a  pas  traduit  ce  qui,  dans  le  texte,  corres- 
pondait à  ce  sommaire. 


233 

Cap.  3o.  Cornent  lo  prince  conquesta  Âquîn.  Cornent  la 
dona  a  son  filz. 

Cap.  3i.  Cornent  la  vouloit  donner  a  Saint- Benedit,  et  de 
lo  moine  liquel  fu  chacié. 

Cap.  32.  Cornent  il  espia  la  volentc  de  ceus  de  la  cité  et 
qu'il  vouloient.  Corne  prist  lo  castel  qui  se  clamoit  Sub. 

Cap.  33.  De  la  proie  que  fîst  Jordan  en  Âquin,  et  cornent 
il  ot  la  roche  et  la  cité. 

Ci  finissent  H  capitule  del  sexte  livre. 


234 


CI    COMENCE    LO    SEXTE    UVRE 


Cap.  t.  Quant  la  prospcritc  de  lo  duc  (i)  venoit  crois- 
sant de  degré  en  degré  a  ce  que  fortuneement  saillist  a  la 
haute  dignité,  Guillermc  (2)  mostra  par  vain  conseill  il 
s^efTorsa  de  anichiller  a  son  pooir  Tonor  de  lo  prince  Ri- 
chart.  Mes  char  Dieu  non  lo  soustient  tel  chose,  et  la 
divine  loi  lo  dcffcnt  que  lo  seîgnor  soit  mis  souz  la  turba- 
tion  de  son  scrvicial,  lui  donna  Richart  a  conforter  sa  . 
vertu,  et  donna  lui  victoire-dc  son  ancmi.  Et  Guillerme, 
par  lo  juste  jugement  de  Dieu,  chai  en  la  fosse  qu'il  avoît 
appareillic  pour  autre  (3).  Car  desprisa  la  fille  de  Richart, 
laquelle,  comme  est  dit,  li  avoit  donnée  pour  moillier  (4), 
et  jura  de  prendre  por  moillier  celle  dame  qui  avoit  esté 
moillier  de  Adenulfe,  duc  de  Gaieté^  de  laquelle  autres! 
avoit  rcccu  lo  sacrement.  Dont  Adenulfe,  conte  de  Aquin, 
avec  li  frère  soc  LaudcdeTragete,  et  Pierre  filz  de  Laude, 
firent  un  sacrement  avec  Guillermc  cornent  porroient 
contraster  a  la  fortcresce  de  lo  prince,  et  lor  chasteauz 

(r)  Ricliani,  prince  de  Capouc,  comte  d^Avcrsa. 

(2)  Guillaume  de  Montrcuil,  gendre  du  prince  Richard  ;  cf.  supra, 
1.  IV,  c.  27  et  la  note  i,  p.  i23. 

(3)  «  Incidit  in  fovcim  quam  fccit  ».  Psaume  VII,  t6. 

(4)  Cf.  supra.  1.  IV,  c.  27. 


235 

lever  de  sa  poesté  ( i  ).  Adont  Guillerme  se  mist  a  la  voie 
dealer  en  Puille  pour  cerchier  a  ses  amis  ajutoire  pour 
acquester  aucuns  domps.  Et  li  amis  de  lo  prince  s'en  fai- 
soient  gabe^  et  li  amis  petit  li  donerent  de  aide^  et  quant 


(i)  Federici  {Antichi  duchi  e  consoli  o  plati  di  Gaéta,  in-4»,  Na- 
poli,  1791)  a  publié,  p.  402,  une  charte  ainsi  datée:  «  Temporibus 
domnc  Marie  gloriose  ducisfte  senatrix  relicta  quondam  Adenulfi 
consul  et  dux  bone  recordationis,  nec  non  et  secundo  anno,  gratia 
divina  protegente,  consul  filli  ejus  domno  Adenulfo  gloriosus  consul 
et  dux,  infira  etate  ipsius,  mense  martio,  indictione  prima  »  (io63). 
C'est  pour  épouser  cette  duchesse  Marie,  veuve  d*Adenulfe  I,  duc  de 
Gaëte,  et  régente  pendant  la  minorité  de  son  fils  Adenulfe  II,  que 
Guillaume  de  Montreuil  voulait  abandonner  sa  femme,  la  fille  du 
prince  Richard.  Il  faut  donc  placer  vers  io63  ou  1064,  la  lettre 
suivante  du  pape  Alexandre  II  à  Guillaume  de  Montreuil  (de  Mons- 
trolio,  alias  de  Monasteriolo)  concernant  ses  projets  d'un  second 
mariage  :  «  xMuUorum  relatione  cognovimustepropriam  velle  abjicere 
uxorem  et  adhsrere  slteri,  praetendentem  consanguinitatis  occasio- 
ncm.  Unde  apostolica  auctoritate  intcrdicendo,  mandamus  tibi  ut 
hanc  quam  nunc  habes  uxorem,  nullatenus  présumas  dimittere  vel 
aîiam  ducere,  donec  episcoporum  religiosorum  consilium  causam 
istam  cxaminaverit  ».  Migne,  Pair,  lat.,  t.  146,  p.  1387.  Jafpe-. 
Lf')WENFELD,  no  4524.  —  Une  autre  charte,  également  publiée  par 
Federici,  libr.  citato,  p.  396  sq.,  nous  apprend  qu'en  juin  1062,  les 
comtes  de  Traôtto  (sur  la  rive  droite  et  non  loin  de  l'embouchure  du 
G-iriglione,  c'est  la  ville  qu'Aimé  appelle  Tragette),  Marino,  Daoferius, 
Landon,  Pandulfe,  un  autre  Daoferius,  un  troisième  Daoferius,  fils 
du  précédent,  Jean,  comte  de  Maranola  (petite  ville,  près  du  Monte- 
Cefalo,  non  loin  et  à  l'est  de  Gaëte),  enfin,  les  comtes  de  Suio, 
Renier,  Léon,  avaient  promis  à  Marie,  régente  du.  duché  de  Gaétc, 
de  s'abstenir  pendant  un  an  de  conclure,  les  uns  sans  les  autres,  un 
traité  ou  une  convention  quelconque  avec  les  Normands  :  «  ncc  fincm, 
nec  pactum  cum  Normannorum  gens  nec  pônimus,  nec  firmamus 
pcr  nullum  ingcnium  sed  quodcumque  cum  eis  facere  venimus, 
insimul  vobiscum  prsnominatis  uter  que  facere  firmamus.  »  Cest 
donc  dans  cette  ligue  de  seigneurs  lombards,  dirigée  contre  Richard 
de  Capouc  et  ses  Normands,  qu'entrait  Guillaume  de  Montreuil. 


2ie 

il  retofna  avec  li  chevalier  o  cui  il  avoit  fait  ligue,  entra 
en  Trajcte  e:  issi  jusque  a  la  rippe  de  la  Gallinare  >  i  ).  Et 
lo  prince  non  assembla  senon  ses  chevaliers,  et  ficcha  ses 
paveillons  delà  de  lo  tlume  de  la  Gallinaire,  et  se  vergoin- 
<;na  de  taire  fossez.  ne  drecier  chastel  ;  quar  en  champ 
dormoient  et  menioient  li  home  et  li  chçval.  Et  li  anemis 
estoient  dedans  li  mur  de  Trajette,  et  corne  ce  fust  cose 
que  avant  aloicnt  par  li  camp,  maintenant  estoient  soz 
clef  ;  soûl  lo  conte  Adenolfe  faisoit  entrelz  alcune  cose  de 
viaoire,  mes  molt  petit,  quar  alcune  foiz  issoit  avant 
auvec  ses  frères,  et  avec  H  autre  chevalier  occisoient  et 
prenoient  chevauz,  et  quant  il  veoient  petit  de  chevaliers 
dler  par  lo  camp,  li  conte  auvec  sa  gent  les  persequtoit 
Un  jor  vit  lo  conte  alcun  chevalier  corre  par  lo  camp,  il 
corut  o  li  legier  cheval  soe,  et  o  la  lance  qu'ail  tenoit  en  sa 
main  feri  si  fort  a  un  chevalier  qu^il  rompt  la  cuisse  de 
lo  chevalier  et  occist  lo  cheval.  Mes  de  toutes  ces  choses 
bien  rechut  lo  change  de  li  chevalier  de  lo  prince,  quar 
por  home  que  occioit  lo  conte  Ten  estoient  occis  quatre, 
et  pour  .j.  cheval  qu'il  furoit  Ten  estoient  levés  par  force 
troiz.  Et  se  un  de  li  caval  de  li  prince  estoit  occis  Ten 
estoient  donez  .x.  Et  pour  Guillerme  et  sez  compaingnons 
accressoit  ennui  et  traval,  et  comencerent  a  fouir  de  lieu 
en  leu  a  estre  rcstraint  par  famé,  et  comencerent  a  fouir 
de  lieu  en  lieu,  et  se  partirent  de  Trajette  et  vindrent  a 
Aquin,  et  de  là  se  partirent  et  s'en  alerent  chascun  en  sa 
propre  terre.  Et  Laude  remest  a  Trajette,  et  la  diltesse 
habita  a  Pont-dc-Corbc  12),  et  Adenolfe  et  li  frère  estoient 
a  Acquin,  Percs  se  trova  en  Alpine  (3),  ctGutUerme  a  lo 

(i)  Le  Garigliano. 

(2)  Ponte-Corvo,  non  loin  de  Acquino  et  de  San-Germano,  dans  la 
vallée  du  Garigliano. 

(3)  Il  s^agit  sans  doute  de  Pierre,  fils  de  Laudc  (LAodon),  qui  se 


237 

chastel  qui  se  clame  Pie-de-Moilt  (i).  Et  Guillermeva 
par  li  feire  et  par  li  marchié  cerchant  li  cort  de  la  pro- 
vince d'entor  certes  coses  por  vivre,  et  requiert  de  li 
seignor  adjutoire,  et  promet  de  combatre  pour  la  deffen- 
sion  de  ceauz  seignor  a  qui  il  va.  La  plus  grant  part  de  li 
seignor  a  cui  il  aloit  lui  noient  et  refusent  sa  pétition,  et 
aucun  lui  donent  poi  de  chose  alegant  poureté  et  dient 
que  non  lui  poent  plus  donner.  Et  va  s'en  Guille'rmea  lo 
aide  de  lo  pape.  Et  se  faisoit  Servicial  de  saint  Pierre,  et 
promet  de  deffendre  la  Campaingne  a  la  fidélité  de  la 
sainte  Eclize  et  autres  terres  occuper  (2).  Et  fist  a  lo  pape 
sa  prière,  et  donna  alcuns  deniers,  mes  non  tant  que  il  en 
peust  lonc-temps  sa  gent  soustenir.   Et  en  cellui  temps 


serait  réfugié  au  château  d'Ârpino,  dans  la  montagne,  entre  le  Mont- 
Cassin  et  Sora. 

(i)  Pie-di-Monte-di-San-Germano  où  se  réfugie  Guillaume  de  Mon- 
treuil  est  tout  près  et  au  nord-ouest  du  Mont-Cassin. 

(2)  Deux  textes  d*Ordérîc  Vital  disent  aussi  que  Guillaume  de 
Montreuil  a  mis  son  épée  au  service  d*Alexandre  II,  qu*il  a  été  porte- 
gonfanon,  peut-être  même  général  de  l'armée  pontificale  :  «  inter 
Normannos  qui  Tiberim  transierant,  Willermus  de  Monasteriolo, 
Willermi  Geroiani  filius,  maxime  floruit  et  romani  exercitus  princeps 
militis  factus,  vexillum  S.  Pétri  gcstans,  uberem  Campaniam  subju- 
gavit  ».0.  Vitalis//w/.  ecclesiast.,  t.  II,  p.  56.—  «  Deindé  Robsrtus 
(Robert  de  Grentemesnil)  Willermum  de  Mosterolo  consobrinum 
suum  ad  auxilium  sui  requisivit,  promptissimum  que'  ad  subve- 
niendum  invenit.  Prxdictus  miles  papae  signifer  erat,  armisque 
Campanam  obtinuerat  et  Campanos  qui  diversis  schismatibus  ab 
unitate  catholica  dissidebant  sancto  Petro  apostolo  subjugaverat. 
Hic  exulanti  consanguineo  (Robert  de  Grentemesnil)  cum  monachis 
suis  medietatem  antiqus  urbis  qus  Aquina  dicitur  dédit».  G.  Vitalis 
Hist.  eccles.  t,  II,  p.  87.  Il  y  a  bien  probablement  quelque  exagé- 
ration et  des  erreurs  dans  ces  deux  passages  ;  G.  Vital  vivait  trop 
loin  de  Tltalie,  trop  longtemps  après  les  événements  dont  il  s'agit 
pour  être  parfaitement  au  courant  de  l'histoire  et  de  la  géographie 


;:...:  ::  iv.^-ii:  ;1il  hji  ait  ptn:»::  J£  1d  colique  de  lo 
r~.: .":  :.:  -:  ....  • '.  -'tr  >iî*  LZiirzr.li  :  .  El  a  C£  que  li 
y-.::-,  .-w  "..-  r.  ci  ."^r-r  ii  ii  s:if  5itli:t  coxnisi  a  la 
: .  .L::  ;  >.::  .1  r:..:s.i:.  ;=  -.-fer-i  £  r±  ra'il  pfusi  oprcmcre 
:  : .  :  ri-  :.-  r.  :  r:  s>-r  i.'*;:^:?  E:  >■  prÏDce.  ^uani  il  sot 
:.:  ',.  i:_.:  ::  J^l.i-rii  is::j£^:  î:.:;i  un.  ei  que  pour 
:  >-  ;  r".  ~  -i^    :    -v  r.'..:  -rririir.  1'  cixrcensa  a  eszno- 

.  •  =  .  T'ir:-.'.':  i  .:.  .-r=fi>;  —.lt::  ce  plus  haute  honor. 
r  i>  :  -  .  -.  - .  _..  ::  r:  .ir  — ir::  >;a  nlr  Jordain,  liquel 
^  .  ■  :«  .  i7.>ir  :.=  «t:  .;:::  rr.irc  2  ,  e:  que  la  vouloit 
'.^  'z  r~  -:;*s>;  Li  L^TTz  "  uTissr  e::c:-::aen:  si  consenti 
:.  ï  :::.--  ^  -  ir.-i  -i  1:  prière.  «  parjura,  non  se 
•  =  :.-j:  ii  .  r^::..i  t:  Li-icr  kînz  ::•;  auu'esi  se  voloiz 
:::i-. -j...   -:...  îT    r:  L  fc^r.:  la  C02::paingnîe  de  li 

-  >  l:  >i  .  u-.  :  1  .:  r:~— =r.Jtr:t3î  Je  lo  prince,  a 
.•:.i.  .  rr-.:-.  .-p;  Jr  c:r  Ij!  rr^nisî  la  fille  pour 
".  .  L'  :.:....  :-.::;:  .!  :j.  .;.r:::Ii  :»:e  ?i.  Et  Guil- 
-.  — :  :  j--:  ..  >i  . .:  cr.zir.z  dt  I2  Tr.:>:l\iCT  qu'il  avoii 
--.:  ::  ;.\-:.::  :::-:!:-=  ie  r!l  ju'!':  avoii  faite  la  liga 
:r.:ri  1^..  rr.v.rî  it  Ti:\:j>:t:  ÏÀTr^OT  de  lo  prince. 


-*    ^ 

^  ;    • 


Ici:.:  Jjillirrr.e  rr?:a  li  arr.is  de  lo  prince  et 
re^-^i:  1:  ^r-r.:  -:z:t  ^-e  pîr  lor  prière  acirnassent  la 
v.ii.-:.:.  jic  *:  rr'r.c=.  F:  1:-  princs  fa  liez  et  joiant  de  la 

::_■  .  :.>  ■■  s--;:--:  rr..:i  *  zz  x:-  «iwle.  Quels  sont  ces 
:.:.!..>  -.  '..  C--.7  :.:  4^:.  -'  rrls  O.  \':iil,  Guillaum:  de  Mon- 
:.-•.■  .:  ::   >    :-...<   .  -    .-î  r.:-5iL*:.  .    Ln  tcxij  d*A:mê,   que  nous 

.!:  ■  -  :"...î  ..  n.    .-.:-.:^;:  _-  .-r.:r-:.'--  qji  Tj^tivicé  Je  Guillaume 

:    :r-r  .'.r.    ..  N'a:  .:.."..,  jf.  suf  j,  p.  1Ô7,  note  5. 

1     i..>  wh-n.s  .■--   R::hirJ.    prir.:*;   Je   CapvyUJ,  montrent   qu'il 
.îï  a::j  jj  iris  r^r.r.i;  hv-jr.  s^n  r.l*  JuurJ.în  ju  pouvoir. 

.'/   J.  tjc  :r.c  7i:r...s  pas  J>.  nptj  Jl-  cfitc  ciranj^c  phrase  :  ■  laquelle 
cri.^iz  1.  'aiîLTuit  li  icsi;:.  •' 


239 

prospérité  soe  ;  quar  veoit  que  ii  t)ome  qui  lui  vouloient 
contraster  venoient  devant  les  piez  siens;  et  a  la  soe  potesté 
vainchue  de  la  soe  pietié,  et  fu  rapaisiez  par  la  prière  de 
li  fidel  soe.  Et  lui  rendi  la  fille  soe  laquelle  lui  estoit 
moillier,  et  lui  fist  molt  de  biens  (i). 

Cap.  3.  En  cellui  temps  que  Guillerme  estoit  en  ceste 
tempeste,  non  se  set  par  quel  conseil  li  vilain  qui  habi- 
toient  en  lo  chastel  de  Pié-de-Mont  (2)  révélèrent  soi  et 
appellerent  alcun  de  ceuz  de  la  terre  voisine,  et  occistrent 
touz  les  Normans  liquel  avoit  lessié  Guillerme  pour  garder 
lo  chastel.  Ceste  malvaistié  turba  polt  Tarme  de  Guil- 
lerme. Et  quant  estoit  liez  et  alegre  tant  fu  dolent  de  la 
mort  de  ses  chevaliers. 

Cap.  4.  Apres  ce,  lo  prince  se  deietoit  de  relever  la 
angustie  et  doior  de  Guillerme  ;  et  la  soe  cité  vouloit  ac- 
quester  Aquin.  Et  assembla  mil  chevaliers  siens  et  pedons 
sans  nombre  et  s'en  va  sur  Aquin,  fist  chasielz  et  ficcha 
paveillons.  Et  ce  qu'il  avoient  seminé  estoit  metut  pour 
mengier  a  li  chevalier  ;  li  grenier  non  sont  gardez  jusque 
a  lo  mètre  de  la  novelle  victaille,  quar  avant  temps  est 
consumé  toute  chose.  Et  li  vingnes  non  sont  lessiez  pour 
faire  roysins,  ne  li  arbre  pour  faire  frutte  ;  mes  en  font 
feu  et  font  maisons,  et  non  pour  autre  senon  pour  la 
misère  de  cil  de  la  cité  sont  tailliez  li  arbre,  dont  se  puet 
dire  :  O  tu  Aquin,  ceste  chose  as-tu  ! 

Cap.  5.  Adenolfe  gardoit  la  cité,  et  son  frère  Pandulfe 

(  I  )  Les  admonestations  d'Alexandre  II,  dont  nous  avons  vu  la  lettre, 
durent  sans  doute  contribuer  à  cette  réconciliation  de  Guillaume  de 
Montreuil  avec  sa  femme. 

(2)  Pie-di-Monte-di-San-Gcrmano,  près  du  Mont-Cassin,  comme  il 
a  déjà  été  dit. 


240 

gardoit  Pie-de-Mont  lo  chastel  sien  ;  liquel  aviengne  que 
fust  jovencel  et  non  usé  d*armcs,  en  la  première  bataille 
ot  tant  de  gloire  de  triumphe,  que  quant  il  vit  venir  li 
Normant  o  tout  li  somer,  chargiez  de  victaille  de  la  dté 
de  Saint-Germain  (i),  non  fu  lent  de  chevaucier;  o  tout 
tant  petit  de  chevaliers  cornent  il  avoit  avec  lui,  assalli  li 
chevalier  et  aucun  en  occist,  et  alcun  en  feri,  et  li  autre 
iugirent,  dont  cestui  pristrent  li  cheval  et  li  somer  de  lui 
anemis,  et  torna  a  son  chastel  o  victoire. 

Cap.  6.  Et  Guillerme,  quant  il  vit  que  Adenolfe  recer- 
choit  la  cité,  et  la  refermoit  et  garnisoit  a  son  pooir,  lo 
clama  a  soi,  sur  la  soe  foi  lo  promet  segurté.  Et  avieigne 
que  lui  sien  lui  disoient  qu*il  non  i  alast,  toutes  voiez 
Adenulfe  vint  a  lui  sanz  nulle  paour,  et  Guillerme  lo 
rechut  o  alegre  face,  et  lui  geta  les  bras  au  col,  et  lo  basa 
en  bouche.  Et  quant  il  seoient  ensemble,  et  Guillerme  lui 
rccordoit  la  première  amor,  et  lo  nombre  de  la  victoire 
laquelle  il  avoient  faite  ensemble,  dont  lui  improperoit  li 
Normant  que  il  lui  avoit  occis,  et  lui  moustre  que  Tamor 
et  la  caritc  qui  cstoient  rote  entr'elz  fust  renovelée;  etadont 
font  la  covcnance  de  lor  amor,  et  reformèrent  la  premere 
amistic.  Et  puiz  Guillerme  manda  a  lo  prince  la  volenté 
lie  Adenolfe,  et  manifesta  a  li  chevalier  Tordre  de  Famistié 
recovrée.  Et  va  Adenolfe  a  lo  prince, et  tant  lo  prince  quant 
Guillerme  ferma  a  lui  et  a  son  frère  la  part  d^Aquin 
et  l'autre  part  ot  Guillerme.  Et  lo  prince  s^en  torna  a 
(^pue,  et  Guillerme  entra  en  la  cité,  qui  molt  estoit 
desirré  (2). 

(i)  S:in-Gcrmano,  à  une  faible  distance  de  Pie-di-Monte. 
(i)  Nous  avons  vu  (cf.  supra,  p.  2^7,  note  2),  que  d*après  O.  Vital, 
(fuilhiLmc  (Je  Muntrcuil  avait  eu  en  sa   possession  la  moitié  de  la 

\illc  J'A.{uinu. 


241 

Cap.  7.  Et  quant  la  famé  de  Guillerme  sonnoit  en  toutes 
pars,  cil  de  Marse,  de  Retense  et  Amicerne  de  Valin  (i), 
et  touz  ceuz  qui  habitoient  en  la  part  de  Campaingne, 
gardoient  son  comandemant,  quar  par  la  poesté  de  Ib 
prince  la  soe  hardiesce  faisoit  paour  a  ceuz  qui  lui  estoient 
entor;  et  pour  ce  qu^il  estoit  parent  de  lo  conte  de  la  terre, 
desirroient  li  voces  soes,  et  o  pris  atte  estoient  la  grâce  soe, 
Pun  anemi  non  se  pooit  aidier  de  la  injure  de  lo  sien 
anemi  sans  la  grâce  de  Guillerme.  Et  tout  estoit  pour  la 
grâce,  laquelle  il  avoit  recovré  del  prince  Richart. 

Cap.  8.  Encellui  temps,  de  li  conté  de  Marse  unliquel 
se  clamoit  Bernart,  par  avarice  insaciabile  et  désir  de  avoir, 
part  de  lui  lo  amor  de  lo  frère  ;  cestui  o  jurement  et  o 
parjure  et  tradement  tote  la  part  de  frère  avoit  pris,  et 
vouloit  tout  soûl  avoir  lo  héritage  de  lo  père,  et  s'efforçoit 
de  chacier  Tautre  de  la  terre,  tuit  li  persecutoit  ;  mes  a  lo 
frère  major  et  premier  nez  faisoit  piz,  et  ce  lui  faisoit  pour 
ce  que  lo  premier  nb^  avoit  plus  filz,  lui  tailla  la  vingne 
et  lo  arbre,  et  lui  faisoit  mètre  lo  labor  avant  temps, 
puiz  que  en  la  terre  soe  non  estoit  remez  aucun  arbre. 
Apres  de  la  cort  avoit  soûl  une  noce,  pour  laquel  que  fust 
talié  la  noble  moillier  de  Odorise  frère  majour  lo  pria,  et 
cellui  par  la  proiere  soe  la  fist  taillier  jusque  al  la  radice. 
Ordorisîe  cercha  avoir  paiz  avec  lui,  et  pria  lui  que  ses  filz 
fussent  se^  chevaliers,  et  veut  rechevoîr  la  terre  de  lui  ;  et 
Bernart  non  vouloit  faire,  quar  lo  vouloit  cachacier  de  la 

(i)  Le  pays  des  Marses  et  Val  va  (Valin  ?)  sont  situés  sur  les  rivages 
et  à  Test  du  lac  Fucino,  Amiternum  est  plus  au  nord  et  Reate  (Re- 
tense) maintenant  Rieti,  confine  l'Ombrie  ;  n*est-ce  pas  comme 
représentant  du  Saint-Siège  que  Guillaume  de  Montreuil  avait 
quelque  autorité  sur  ces  villes  et  ces  pays,  surtout  sur  Reate  et  Ami- 
ternum ?  Ces  deux  dernières  villes  en  effet  n'étaient  guère  alors  en 
butte  aux  invasions  normandes. 

16 


2^2 

itrrre.  Et  OîoTisett  av3;i  .tîî.  âîz.  de liqad  daî  en esioienx 

cvesjue:,  I:  tiers  es:o::  moine  e:  cardinal  de  Rome,  et  li 
c  jXTt  vz  ::€l:cc:en:  en  la  cberalerie  secolere.  Et  oc  conseîll 
dvcc  î.  sien  h Iz  de  recorre  a  rajuioire  de  li  prince.  Et 
Acco  v^n  fill  evesque  i  manda  a  la  cor  de  lo  prince,  et 
l'ii  prometoi:  de  doner  mille  livre  de  deniers,  et  prome- 
loit  a  !o  neveu  de  Guillerme^  qui  se  damoit  Moscrarole, 
de  donner  lui  la  soror  pour  moillier,  laquelle  se  clammt 
Potârtranda.  Kt  li  bon  prince  singuler  chevaucha  et  s*en 
iïW'iX  d  lo  conte  de  Marse  pour  veoir  la  terre,  et  ficha  li 
pavcillon.  Et  Beran  assembla  ses  chevaliers,  et  disoît  qu'il 
vouloit  combaire  contre  la  compaingnie  de  lo  prince.  .C 
chevaliers  tant  solemcnt  manda  lo  prince,  liquel  manda 
contre  innumerabile  multitude  de  Berart.  Mes  li  chetifché- 
tif  chevalier  de  Berart  fugirent  devant  li  cent  chevalier 
normant,  et  s'en  renclostrent  dedens  li  mur,  et  par  force  li 
chevalier  de  lo  prince  commencèrent  a  prendre  lichastel, 
et  prisirent  molt  de  proie,  et  pristrent  li  home,  et  fait  cest 
(l.'inijge  a  Berart.  Et  les  noces  de  lo  neveu  de  Guillerme 
lurent  célébrées,  es  puiz  lo  prince  rechut  li  argent  que  li 
evcsque  avoit  promis  et  autres  domps,  et  puiz  s^en  retorna 

• 

a  (lapuc.  Kt  li  jovencel  lo  neveu  de  Guillerme,  o  Taide  de 
sDii  oncle  et  avec  li  parent  de  la  moillier,  assoutilla  la 
liihece  Je  lierart,  et  pour  un  fill  loquel  prist  paia  Berart 
mille  livre,  i|uar  estoit  le  plus  grant  et  se  damoit  Berart 


{i)  Attii!!,  évcquc  ilos  Miirses  et,  depuis  loSG  archevêque  de  Chteti, 
vwv  Hur  lui  (It.iiKi.i.i  :  lialia  sacra,  t.  VI,  p.  676,  tqq  Sur  la 
l.iiiiilli*  lies  LDinics  ilcA  MarMs  à  cette  époque,  cf.  dans  Gattola  : 
iiixtvn.t  (.'j.vjrm.,  p.  242  et  Acccssioncs  ad  hist»  Cassin^,  p.  171, 
tlriix  th.iius  di-  ii>(ri  et  1070;  voyez  aussi  dans  diMbo,  ilNnoli,  eic.« 
1.  \  m,  \\  i()j,  l\iiu1ysc  d'une  charte  de  1077.  Hirsch,  1.  c,  p.  3o5 
.1  u-MUMc«(-N  reiiscij^ncments  i*énéaK>giques. 


24Î 
cornent  lui-meisme,  et  pour  Tautre  en  paia  troiz  cent  (i). 

Cap.  9.  En  dementre  que  lo  prince  Richart  estoit  en 
cest  acquester,  io  pape  (2)  avoit  mandé  molt  souvent  par 
letres,  et  aucune  foiz  par  messages,  lo  roy  Henri  (3)  pour 
venir  contre  la  crudelité  de  li  Normant,  et  pour  Taffliction 
de  ceuz  qui  habitent  auvec  eaux.  Et  quant  lo  roy  sot  la 
volenté  de  lo  pape,  il  dist  a  ses  princes  qu'il  vouloit  venir 
en  Ytalie,  pour  acquester  la  corone  en  Saint-Pierre  (4), 
et  pour  deffendre  les  coses  soes.  Et  s'appareillèrent  li 
evesque  et  li  duc  et  li  marchis,  et  s'esmurent  lor  chevaliers 
de  prendre  l'arme,  et  déterminassent  en  quel  voie  la  com- 
paingnie  de  la  chevalerie  se  doient  assembler.  Et  lo  roy 
auvec  son  exercit  vint  a  la  cité  de  Auguste  (5),  et  atendoit 

(i)  Léo  de*  Marsi,  III,  23,  a  également  raconté  cette  expédition  du 
prince  Richard  contre  les  comtes  des  Marses  et  il  ajoute  quelques 
détails  qui  complètent,  sans  le  contredire,  le  récit  d*Aimé;  il  nous 
apprend  notamment  que  le  prince  Richard  assiégea  la  ville  d*Alba,  au 
nord  du  lac  Fucino,  qu'il  était  accompagné  dans  cette  expédition  par 
les  fils  de  Borel  et  qu*il  revint  sans  avoir  obtenu  autant  de  succès 
que  le  suppose  Aimé  ;  il  ne  faut  pas  oublier  que  Léo  de*  Marsi,  faisant 
partie  de  la  famille  des  comtes  des  Marses,  ne  devait  guère  être  disposé 
à  reconnaître  la  défaite  des  siens  et  la  victoire  du  prince  de  Capoue. 
D'après  Aimé,  l'expédition  contre  les  comtes  des  Marses  a  eu  Heu 
avant  la  campagne  de  Gottfried,  duc  de  Lorraine  et  de  Toscane,  contre 
les  Normands,  c'est-à-dire  avant  le  mois  de  mai  1067  ;  d'après  Léo  de> 
Marsi  elle  aurait  eu  lieu  après.  Je  serais  porté  à  croire  que  sur  ce 
point,  Aimé  est  dans  le  vrai,  car  précisément  cette  campagne  du  duc 
Gottfried  eut  pour  résultat  d'arrêter,  pendant  quelque  temps,  la 
marche  des  Normands  de  la  Campanie  vers  l'Italie  centrale. 

(2)  Le  pape  Alexandre  II  (ic  octobre  106 1  —  21  avril  1073). 

(3)  Henri  IV,  roi  de  Germanie,  plus  tard  empereur. 

(4)  Léo  de'  Marsi,  III,  23,  dit  dans  le  même  sens  :  «  ut  bona  sancti 
Pétri  de  manibus  Normannorum  eriperet  et  imperii  coronam  de 
apostolici  manibus  reciperet  ». 

(5)  «  Pervenit  Augustam  »,  écrit  également  en  parlant  d'Henri  IV, 


244 

lo  duc  Gottofrede.  El  Gotofrede  avott  passé  lî  Alpe  et  estoit 
venut  en  Ytalie.  Et  puîz  lo  roy  connut  que  il  estoit  gabé 
de  la  malice  de  Godefroy,  et  dist  a  louz  les  granz  seignon 
de  sa  compaingnxe  cornent  Godefroy  Tavoit  gabé,  et  co- 
manda  quecest  voiage  remanist,  quar  estcostumance  que 
quant  lo  roy  vient  de  Alemaingne  en  Ytalie,  que  lo  mar- 
chis  de  Toscane  o  tout  son  ost  doit  aler  devant  de  loost 
de  lo  roy.  Et  ensi  retorna  arrière  quar  cestui  moine  qui 
ces  te  ystoire  compila  non  lo  clame  impereor,  mes  clame 
roy.  Mes  je  croi  qu'il  lo  face  pour  ce  que  encoire  no  estoit 
coroné,  dont  secont  ceste  sentence  non  est  impeor  jusque 
a  tant  qu'il  soit  coroné  (  i). 

Cap.  I  o.  Et  Godefroy  est  repris  de  ses  amis  et  gabé  de 
ses  anemis.  quar  non  garda  lo  commandement  de  son 
seignor,  est  clamé  perfide  (2).  Mes  lo  duccercha  decovrir 

Léo  de'  Marsi,  qui,  dans  cette  partie  de  son  récit,  s*inipire  viable- 
ment  d'Aimé. 

il)  Est-ce  bien  la  conduite  du  duc  Gottfiried  qui  a  empCché  Henri IV 
de  venir  en  Italie?  Les  Annales  Altahenses  majores  (MG.  SS.,  XXt 
p.  818^  disent  simplement  que  si  Henri  IV  n*a  pas  donné  suite  à 
rexpddition  prvijeiée  et  n*cst  pas  descendu  en  Italie,  c'est  que  sa  pré- 
sence était  nécessaire  en  Germanie,  et  cette  version  parait  frfus  vrû- 
semblable  que  celle  d'Aimé,  quoique  Léo  de*  Marst,  lU,  a3,  ait  répété 
cette  dernière.  Ces  mêmes  Annales  Altahenses  maforts  disent 
qu'Henri  IV  était  irrité  contre  les  Normands  parce  que  ces  Normands 
a  ignominiosas  legationes  et  responsa  régi,  regnique  principîbus 
remjitebant  u.  Le  fait  peut  être  vrai  mais  ne  contredît,  en 
façon,  ce  que  dit  Aimé  des  plaintes  du  pape  au  roi  contre  les 
Normands. 

^2)  D'après  Bonitho  {liber  ad  amicum  dans  Jaffb  :  Afommi.  Crw» 
goriana.  p.  052),  en  marchant  contre  les  Normands,  le  duc  Gottfrîed 
aurait  surtout  répondu  à  une  invitation  de  Hildebrand,  alors  con- 
seiller d'Alexandre  II  et  archidiacre  de  i*église  romaine;  Bonitbo 
écrit  :  «  Kodem  temporeNormanni  Campaniam  invadunL  Q.uod  cer- 
nens  Deo  amabilis  Hildebrandus,  continuo  magnificum  ducem  Got»> 


^45 

lo  mal  qu'il  avoit  fait,  et  satisfaire  a  son  seignor.  Et  assem- 
bla sa  gent  et  clama  ses  amis.  Et  fait  venir  Todesque  et 
autre  gent  appareilliez  contre  lo  prince  Ricchart^  liqud 
desirroit  de  destruire.  Et  li  prince  lessa  Campaingne  et 
assembla  li  sien  chevalier  Normant  en  Capue.  Et  lessa 
garde  de  Aquin  Guillerme  et  lo  conte  Adenolfe.  Et  Gode- 
froy  ala  sur  la  cité  de  Acquin,  et  ilec  ficha  li  paveillon  et 
dresa,  et  donna  la  bataille  pour  prendre  la  cité.  Et  Guil- 
lerme et  Adenolfe  issirent  otout  lor  chevaliers^  et  occistrent 
ensemble  .xv.  Todesque,  et  ensi  la  superbe  de  Godefroy 
commensa  a  refréner,  et  cellui  temps  la  fain,  et  ce  qu'il 
non  avoient  vin,  constrainst  Tost  de  retomer  arrière.  Et  la 
criée  de  touz  pour  la  poureté  turboit  lo  paveillon  de  lo 
duc.  Et  adont  quant  li  duc  non  pot  soustenir  la  lementa- 
lion  de  cil  del  ost  et  que  s^en  vouloit  retorner,  requis 
qu'il  vouloit  parler  a  lo  prince  Richart,  liquel  puiz  se 
covenirent  ensemble  et  firent  paiz,  et  lo  duc  s^en  retorna 
en  sa  contrée  {2). 

fridum  in  auxilium  sancti  Pétri  evocat.  »  Le  duc  Gottfried  n*a  pas  eu 
dans  son  expédition  les  succès  que  suppose  Bonitho,  mais  abstraction 
faite  de  cette  erreur,  Bonitho  est  probablement  dans  le  vrai  en  disant 
que  Gottfried  est  venu  dans  Tltalie  du  Sud,  surtout  à  cause  de  Tinvi- 
tation  du  Saint-Siège. 

(i)  Leo  de'  Marsi,  qui  dans  la  seconde  partie  du  chap.  23  du 
1.  m,  ne  s'inspire  pas  d*Aimé  pour  raconter  la  campagne  du  duc 
Gottfried,  ajoute  quelques  détails  à  ceux  qui  nous  sont  fournis  par 
Tauteur  de  «  l'ystoire  de  li  Normant  »  ;  il  dit  que  le  prince  Richart, 
épouvanté  par  l'arrivée  du  duc,  se  réfugia  avec  ses  troupes  à  Pâte- 
naria,  derrière  le  Garigliano,  tout  disposé  à  roculer  jusque  dans  la 
Fouille,  si  Gottfried  continuait  sa  marche  en  avant.  Il  ajoute,  que 
Jourdain,  fils  de  Richard,  défendit  Âquino  avec  Adénulfe  et  Guillaume 
de  MontreuU,  enfin  que  la  paix  fut  conclue  grâce  à  l'entremise  d'un 
Normand,  Guillaume  Testardita  et  après  une  entrevue  du  prince  de 
Capoue  et  du  duc  Gottfried  sur  le  pont  de  Todici  ou  Sancti  Angeli 
(près  du  Mont-Cassin),  enfin  que  Richard  dut,  pour  obtenir  la  paiz^ 


24^ 

Cap.  1 1 .  Et  pour  ce  que  la  volenté  de  Guillerme  estoh 
csmeue  et  temptée  de  faire  mal,  cercha  une  autre  foiz  de 
soi  revcler  contre  son  scignor,  quar  la  terre,  laquelle 
a  voit  vaincue  o  grant  bataille,  et  lui  avoit  donnée  en  béné- 
fice lo  prince.  Et  a  ce  que  lopape  puisse  contrester  contre 
son  seignor,  rechut  la  terre  de  la  main  de  lo  pape.  Et 
puiz  commensa  a  faire  damage  a  lo  prince  Richart,  quar 
chevauchoit  la  nuit  et  lo  matin  avec  sa  gent,  et  ardoit  les 
villes  delo  prince  ;  et  la  flamequi  selevoiten  haut  mous- 
troit  en  quel  ville  estoit  Guillerme  de  nuit,  et  li  fume 
moustroit  ou  avoit  faite  Tovre  soe.  Lo  jor,  li  chevalier  de 
lo  prince  les  secutoient;  mes  que  avoient  li  amis  ou  se 
rccoilloient  et  savoient  les  voies,  non  se  enrôlent  deceauz 
qui  les  sequtoient.  Dont  lo  prince,  qui  tant  soufiroit  de 
injure  de  cestegent,  manda  son  iilz  Jordain  contre  o  .ij.c. 
et  .Ix.  chevalier,  loquel  puiz  se  aproxima  de  Aquin,  et 
tirent  molt  grant  joie.  Et  Guillerme,  quant  il  torna  de 
Rome,  proia  que  lui  soient  rendues  les  bestes  qui  lui  es- 
toient  levées,  non  par  proie,  mes  par  furte,  pour  ce  que 
non  i  estoit  présent.  Et  respondi  Jordain  :  «  A  moi  non 
covicnt  de  cxaudir  la  parole  ne  la  pétition  de  cest  home, 
loi]uel  non  se  vcrgoingna  de  rompre  lo  sacrement  de  la 
tîciclitc  a  moi  et  a  mon  pcrc  ».  Et  quant  Guillerme,  quant 
il  oi  ccstc  réponse,  il  fu  corrocicz,  et  fait  armer  ses  cheva- 


payera  Gottfric^l  une  assez  forte  somme  d'argent.  D*après  Aimé,  la 
tin  de  \.\  campagno  n*Aiirait  pas  été  aussi  avantageuse  pour  Gottfried 
et  son  armée,  l. es  A  mules  Altahenses  majores,  l.  c,  ne  disent  pas 
non  plus  que  Rivilianl  ait  acheté  la  paix,  les  Annales  Augustani  vont 
plus  loin  ;  on  y  lit,  aJ  an.  1067  :  «  Rex  H^inricus  Augustae  antepuri- 
ticjtionem  sanctx  Marix  moratur.  Gotefridus  dux  coutra  Normannos 
missus«  nullocfl'eN:tu,  paucis  etiam  amicis,  rediit.  »  Il  se  pourrait  donc 
que  la  version  d'Aimé  ne  fut  pas  aussi  éloignée  de  la  vérité  que  le 
prétend  Hirsch,  avec  son  assurance  et  son  animotitd  ordinaire. 


247 

liers  et  ses  pedons,  et  ist  defors  avec  .viij.  chevaliers  et 
troiz  cens  pedons.  Et  Jordan  torna  o  tout  ses  chevaliers 
et  ordena  ses  eschielles  ;  li  un  esmut  a  combatte^  et  li 
autre  ensaingne,  et  puiz  se  assemblèrent  ensemble  et 
comencerent  la  bataille  campestre;  de  Tune  part  et  de 
Tautre  alcun  cadirent  d^une  part  et  d|e  l'autre  en  sont 
ferut  alcun  et  mort.  Mes  a  la  fin  li  chevalier  Jdrdan 
lesserent  la  proie,  contreingnant  li  cheval  de  corre,  et 
plus  pensent  cornent  il  puissent  eschaper  que  coment  ils 
puissent  mener  les  bestes  et  la  proie.  Et  Guillerme  o  ses 
chevaliers  les  persécuta,  et  pristrent  li  cheval  et  orent  en 
prison  .xxxvj.  chevaliers  armez,  et  ensi  levèrent  la  proie 
de  loranemis.  Et  torna  Guillerme  a  Acquin  vainceor  de 
sesanemis(i). 


(i)  Aimé,  qui  est  seul  à  raconter  la  fin  de  la  carrière  de  Guillaume 
de  Montreuil,  ne  donne  ni  la  date  de  sa  mort  ni  la  date  de  sa  dernière 
révolte  contre  le  prince  Richard.  Cette  révolte  n'a  guère  pu  avoir  lieu 
avant  les  derniers  mois  de  1068  ou  le  commencement  de  1069.  Cette 
phrase  du  texte  d'Aimé  :  «  Et  à  ce  que  lo  pape  puisse  contrester 
contre  son  seignor,  rechut  la  terre  de  la  main  de  lo  pape  »  permet  de 
supposer  que  la  nouvelle  équipée  de  Guillaume  de  Montreuil  contre 
le  prince  Richard,  eut  entre  autres  résultats  celui  de  mettre  la  désu- 
nion entre  le  Saint-Siège  et  la  dynastie  de  Capoue;  or,  comme  au 
mois  d'octobre  1067,  Alexandre  11  vint  à  Capoue  et  y  fut  très  hono- 
rablement reçu  par  le  prince  Richard,  c'est  après  cette  date  qu'il  faut 
placer  la  défection  de  Guillaume  de  Montreuil.  Le  Regestum  encore 
inédit  de  Pierre  Diacre  (archives du  Mont-Cassin)  renferme,  no  483, 
une  charte  de  Guillaume  de  Montreuil;  en  voici  l'analyse  :  «  Guilielmi 
de  Mustarolum  comitis  de  comitatu  Aquinensi  diploma  concessum 
Desiderio  abbati  Montis-Cassini,  subdatum  per  manus  Joannis  dia- 
coni  et  notarii.  Actum  in  Aquino,  anno  Domini  1068,  mense  sep- 
tembris,  indict.  VU.  Duas  ecdesias  sancti  Cortstanciiet  sancti  Chris- 
tofori  in  Aquinensi  comitatu  sitas,  Cassinatibus  donat.  Au  mois  de 
septembre  1068,  Guillaume  de  Montreuil  était  donc  à  Aquino,  faisant 
des  largesses  aux  moines  du  Mont-Cassin  ;  ce  n'est  guère  là  l'attitude 


248 

Cap.  12.  Etlo  prince  Richart,  avieinge  que  soit  fort  en 
adversité,  toutes  voiez  ot  dolor  de  ceste  turbation,  et  re- 
quist  Taide  dcl  duc  Robert  et  de  ses  autres  amis  contre  la 
perversité  de  Guillcrmc.  Et  lo  duc  a  ce  que  li  chevalier 
soe  non  preissent  exemple  de  Guillerme,  une  pour  soi  a 
restreindre  sa  superbe  ;  mes  avant  que  venist  lo  prince  a 
Capuc,  lo  prince  manda  disant  a  lo  duc  Robert  cornent 
Guillerme cstoit  mort  son  anemi,  quar  lui  prist  une  fièvre 
et  un  chaut,  et  de  celle  maladie  fu  mort  a  Rome  (  1  ).  Mes 

d'un  homme  engagé  dans  un  redoutable  duel  avec  son  seigneur; 
aussi  la  date  de  sa  révolte  me  paraîtrait  devoir  être  placée  après  le 
mois  de  septembre  1068. 

(i)  Il  n*est  gucre  admissible  que  Robert  Guiscard  ait  promis  â 
Richiird  de  Capouc  de  venir  à  son  secoure*  contre  Guillaume  de 
Montreuil,  tant  que  dura  le  siège  de  Bari  ;  ce  siège  en  effet  absorba, 
pendant  de  longs  mois,  l'activité  du  duc  Normand  ;  il  ne  dut  faire 
cette  promesse  qu*après  être  entré  en  vainqueur  à  Bari^  le  t6  avril 
1071  ;  on  peut  donc  conjecturer  qu'à  cette  date  Guillaume  de  Mon- 
trcuil  vivait  encore.  D'un  autre  côté,  Aimé  nous  apprend  qu*après  la 
mort  de  Guillaume  de  Montreuil,  Richard  de  Capoue,  voulant  témoi- 
gner sa  reconnaissance  à  Robert  Guiscard,  projeta  d'aller  avec  lui 
en  Sicile,  de  faire  partie  de  cette  expédition  des  Normands  contre  les 
Sarrasins  qui  débuta  par  la  prise  de  Catanc  et  se  termina  par  la  oon- 
quOte  de  Palerne.  Cette  expédition  ayant  commencé  au  mois  d'août 
ifiji,  cVst  ilonc  entre  le  mois  d*avril  1071  et  le  mois  d'août  de  la 
même  année  qu'aurait  eu  lieu  la  mort  de  Guillaume  de  Montreuil. 
On  ne  s'explique  pas  comment  ce  Guillaume  de  Montreuil  dont  la 
vie  a  été  si  agitée,  (]ui  s'est  montré  si  versatile  vis-à-vis  de  son  beau- 
père  et  de  Sun  bienfaiteur,  le  prince  Richard,  qui  a  été  si  impitoyable 
dans  sa  dernière  guerre  en  Campante,  a  pu  être  surnoâimé  le  bon 
Normand  —  bonus  Normannus.  ^  O.  Vital  ne  lui  donne-t-il  pas  ce 
surnom  à  la  Icgère  et  uniquement  parce  que  Guillaume  avait  fiiit  bon 
acc'.ieil  à  son  cousin  RoKti  de  Grentemcsnil  r 

l>ans  SCS  Recherches  sur  r  histoire  et  la  littérature  dt  l'Espagite 
au  moyen  âge  (y-  édition,  t.  Il,  p.  338  sqq.),  Dozy  a  soutenu  que 
Guillaume  de  Montreuil  avait  commandé  l'armée  des  Normands  qui, 


249 

pour  ce  que  lo  duc  Robert  estoit  venut  tant  promptement 
a  Taide  de  lo  prince  Ricchart,  vouloit  aler  en  Sycille  avec 
lui  et  faire  lui  similante  service  e^  honor. 

en  io63,  avaient  traversé  les  Pyrénées  pour  aller  combattre  les  Sar- 
rasins d'Espagne  ;  ces  Normands  s'emparèrent  Tannée  suivante,  en 
1 064,  de  la  ville  de  Barbastro,  occupée  par  les  Sarrasins,  et  y  firent 
un  riche  butin.  L'origine  de  cette  hypothèse  de  Dozy  vient  de  ce  que 
Ibn-Haiyan,  l'historien  arabe  de  la  prise  de  Barbastro  par  les  Nor- 
mands, dit  que  ceux-ci  étaient  sous  les  ordres  «  d'un  général  en  chef, 
le  commandant  de  la  cavalerie  de  Rome  »  comme, d'un  autre  côté, 
O.  Vital  dit  de  Guillaume  de  Montreuil  qu'il  devint  :  «  romani  exer- 
citus  princeps  militis,  vcxillum  S.  Pétri  gestans  »,  et  ailleurs  «  miles 
paps  signifer  »,  Dozy  en  a  conclu  que  Ibn-Haiyan  et  O.  Vital  ont  en 
vue  le  même  personnage,  c'est-à-dire  que  Guillaume  de  Montreuil  a 
conquis  Barbastro  sur  les  Sarrasins.  Cette  hypothèse  de  Dozy  est 
tout  à  fait  insoutenable  ;  la  charte  que  nous  avons  citée  d'après  Fede- 
Ria  (cf.  supra,  p.  167,  note  5)  montre  qu'en  io6a  une  ligue  de 
seigneurs  lombards  s'est  formée  contre  Richard  prince  de  Capoue  ; 
nous  savons  en  outre  par  Aimé  que  Guillaume  de  Montreuil  a  fiût 
partie  de  cette  ligue  et  nous  voyons  par  une  autre  charte  donnée  par 
Tederici  {lib.  cit.,  p.  406)  qu'au  mois  d'octobre  1064,  Marie,  la 
régente  du  duché  de  Gaéte  pour  son  jeune  fils  Adénulfe  était  renver- 
sée, c'est-à-dire  que  le  prince  Richard  avait  vaincu  la  ligue  lombarde 
et  qu'il  était  maître  du  duché  de  Gaéte  ;  Aimé  a  raconté  comment 
Guillaume  de  Montreuil  s'était  alors  réfugié  à  Rome.  Ces  événements 
ont  donc  eu  lieu  entre  1062  et  1064  et  nous  sommes  certains  que 
Guillaume  de  Montreuil  y  a  été  très  mêlé,  comment  dès  lors  aurait- 
il  pu  dans  ces  mêmes  années  1062,  io63,  1064,  organiser  en 
France  une  expédition  contre  les  Sarrasins  d'Espagne  et  conduire 
cette  expédition  à  la  prise  de  Barbastro  dans  la  vallée  de  l'Ebrc?  Il 
est  inutile  d'insister,  la  démonstration  est  facile.  Ce  titre  de  «  com- 
mandant de  la  cavalerie  de  Rome  »  que  Ibn-Haiyan  donne  au  chef 
des  Normands  vainqueurs  de  Barbastro  et  que  Dozy  identifie  avec  le 
»  romani  exercitus  princeps  militis  »  et  avec  «  miles  paps  signifer  » 
ne  peut  en  aucune  façon  désigner  Guillaume  de  Montreuil  avant  1064, 
car  c'est  alors  seulement  qu'il  vient  se  «lettre  au  service  du  Saint- 
Siège.  Mais  en  cette  même  année  Barbastro  tombait  au  pouvoir  des 
chrétiens  et  Guillaume  de  Montreuil  n*y  fut  certainement  pour  rien. 


C*.'.  5  I"  prs  z-j.t  :z  isrzyts  ï^missùé  entre  lo  duc 
•\:>:r-.  c: .:  r'-.:.*':!  ?^*z^hr.  îo  duc  àsi  fomir  et  garnir 
:»:£<  r*  ::r::*«iC25  z<  zl  li  rjcr,  «  toutes  chozes  leissa 
;"•  z^L.z  E:  ?--  £^>^:r•^l£  u^e  granî  compaingnie  de 
-  =  •  ;  î:  ^î  r-  V:i  rrr-.i-ii  i  ■?  navîe  alast  avant  a  li 
:r;*:-:  iz  :_  -;-:•:  ;-:ij  lerrf  dt  Calabie.  Et  lui  ayeclî 
jh;*i  .i.*.  "»£-=-:  :>tr  .im  j^tr  p'.us  brève  voie,  s'en  vont 
£z  Ci.l£^rî  =:  «.iinr:  s:-.  Aio>3i  li  CalabrcMS,  o  diverses 
jsr.:  ^i  -.iîr<*i:5  ri:.':afc.  Ij^jiî  on;  %'o2enié  de  destniire 
.  f\=rî:  r.  ;%i.Sïcr;r.:  li.  tt-Ct.  tz  applîcani  a  la  cite  de 
V.îsîc-î  il  li  jr.i"i^cr.£  e:  z^-ute  *:cni,  descendirent  en 

'.iTTC     : 


Ct^.  :^  E:  j«  :"rir»  r^rrùrea:  !a  fatigue  de  la  bataille. 
L?  iuj  î^c::  1  crvemcr  lo  cxerc::.  ei  li  conie  Rogier  s>n 
Ta  À  \i  ciu  if  C^iÀinne,  e:  a  lî  quaiT>e  jor  la  cité  se  rendi. 
E:  cr-c?-::^^:::  c'^rr.ânia  que  soii  faiie  la  rocche  ei 
rr—Jir.ii  ::u£  >:  :  -si-.e  l'eç-izi  a  Tonor  de  saint  Gr^oire. 
E:  ~':>:  ir.  "i  r>:r:;  .x'.  h?r?.esqu:  la  cuardassent  etrefre- 
r.âs^r.:  li  nilc  %  :lc:::é  ic  cil  de  h  ché.  Et  venant  lo 
c:<n:e  a  \i  ci:-:  sx  Tr-fanc.  Jui  de  ses  neveus  filz  de  ses 
frères.  Mcucl  se  cl.îr?..-^ier:i  ii  \:n  Rosier  et  li  antre  Bala- 
TcnTc.  !u!  cnr?r.:rc  pc^ur  raîy!?r  qu'il  avoient  a  lui  et 
-j*:*  lu:  p^?r.?:cn:.  e:  vlndrenî  auvcc  eaux  lor  moillier 
CI  un  plein.  E:  lo  duc  Robcn.  e:  pour  la  calor  de  lo  sol, 

D  .X  pri^i.-ijs  îrA-.srr.î^vli  Airiaiid  maris  pelagus  peiresit 
-  - •:  2" .-■ .'  2  Ti  :  u  — .  ?  >  r.  à ■.  :b-.:s.  »  L v ri,  Ck l'Cicitrafi,  ad  an,  1 07 1 .  Guil- 
L*-  ME  :e  r?'  :i.i  F.  ï'il.  V.  I  S3-1S7.  Clique  U  duc  Robert  s'embarqui 

A  ?tzzr.. 

•  pau'o  fs>s-i  inde  moranis 

D-i\  :r:  R.bcrtus  Rfginam  tendit  ad  urbem.  » 

M«LATERR4.  ii.  4.^.  dit  c\\Mt  Robcii  Guiscafd  fiasu  à  Otraoïe  les 
:noii  de  j un  cl  de  juillet  et  qu'il  y  fit  tailler  un  rocher  pour  ladliier 

rembarquement  de  &a  LavaiCne. 


251 

avec  petit  de  grans  homes  estoit  salli  en  la  galées,  laquelle 
estoit  acompaingnié  de  .x.  gat  et  .xl.  autres  nez  (i). 

Cap.  i5.  Et  lo  conte  avoit  avant  mandé  ses  servicialz 
pour  appareillier  de  mengier;  li  Sarrazin  survindrent,  et 
non  sollement  les  tallerent,  mes  non  laissèrent  char  ne 
crude  ne  cuite.  Et  li  conte  par  aventure  s  entre  encon- 
trerent  avec  li  Sarrazin,  et  recovrerent  les  coses  quMl 
avoient  levées,  et  lor  leva  les  chevauz  et  tout  ce  qu'il 
avoient  pour  lo  vivre  ;  de  .ij.  cent  qui  estoient  venut  nul 
non  escampa  vif  (2). 

Cap.  16.  En  lo  sequent  jor  partirent  lo  palaiz  et  les 
chozes  qu'il  troverent  fors  de  le  cité,  donnent  a  li  prince 
li  jardin  delectoz  pleins  de  frutte  et  de  eaue,  et  pour  soi 
chevalier  avoient  li  choses  royals  et  paradis  terrestre  (3). 

(i)  Malaterra,  II,  45,  écrit  au  sujet  de  cette  prise  de  Catane  :  «  Dux 
igitur  commeatîbus  etcxteris  qua:  expeditioni  congruebant  apparatis, 
fratrem  quem  prxmiserat,  subsecutus,  apud  Catanam,  ubi  cornes 
erat,  vcnit  fingens  se  Maltam  debellatum  ire,  quasi  de  Panormo  diffi- 
dens.  »  Amari  {Storia  dei  Musulmani  di  Sicilia,  t.  III,  p.  117)  croit 
que  Roger  a  pris  Catane  d*unc  manière  peu  loyale  et  que  de  là  vient 
Tobscurité  de  la  phrase  de  Malatcrra  ;  d'après  lui,  Roger  serait  venu 
à  Catane  en  ami,  chez  les  successeurs  de  Ibn-Thimna,  c'est-à-dire 
chez  des  Sarrasins  amis  des  Normands  et  que,  sur  ces  entrefaites,  la 
flotte  de  Robert  Guiscard  étant  entrée  dans  le  port,  la  ville  surprise 
n'aurait  pu  se  défendre;  d'après  Aimé  elle  aurait  cependant  résisté 
pendant  quatre  jours.  Aimé  est  seul  à  parler  du  voyage  du  comte 
Roger  à  Traîna  (Trigane)  ;  quant  au  nombre  de  navires  que  Robert 
Guiscard  avait  à  sa  disposition,  le  texte  de  Lupus,  cité  dans  la  note 
précédente,  confirme  à  peu  près  la  donnée  d'Aimé. 

(2)  Aimé  est  seul  à  parler  de  cet  incident.  Cest  à  la  suite  de  ce 
chapitre  que  se  trouve  la  lacune  dont  il  a  déjà  été  question  (cf.  supra, 
p.  i65,  note  5);  au  chapitre  suivant,  en  eflet  nous  voyons,  sans  autre 
transition,  les  Normands  maîtres  des  environs  de  Palerme. 

(3)  La  suite  montre  qu'il  s'agit  des  environs  de  Palerme. 


Et  quant  H  Sarrazin  issoient  virent  novelle  chevalerie,  et 
li  Normant  les  orent  atornoiez,  et  les  pristrent  et  vendirent 
pour  vilz  prison.  Et  de  là  lo  conte  sVn  ala  a  lo  chastel 
Jehan,  mes  maintenant  se  clame  lo  chaste  Saint-Jehan. 
Et  clama  li  Sarrazin  a  combatre,  et  prist  .xxz.  gentil  home 
et  en  occist  .xv.,  et  prist  li  cheval^  et  ensi  vainceor  invita 
lo  frère  qu'il  lui  vieingne  a  parler.  Et  autresi  non  lesserent 
a  li  Sarrazin  deffendre  la  marine,  quar  avant  lor  avoiem 
levé  un  gath  et  une  galéc  (i). 

Cap.  17.  Et  cellui  temps  meismes  estoit  une  grant 
famine  entre  cil  de  la  cité,  quar  dedens  lor  failloient  les 
coses  de  vivre,  et  ne  les  trovoient  a  achater.  Et  autrèsi 
pour  li  mort  non  souterrez  estoit  grant  pestilence  et  mor- 
talité, dont  molt  en  estoient  ferut,  et  moltenfermé,  et  molt 
afloboiez  pour  fain  ;  et  la  main  de  li  débile  plus  volentiers 
s'cstcndoit  a  prendre  Tomosne  que  a  combatre.  Et  li  mali- 
ciouz  Normant  faisoient  poiz  de  lo  pain,  et  lo  lessoient  a 
pié  de  li  Sarrazin,  et  corroient  a  .xx.  et  .xxx.  pour  prendre 
lo  pain.  Et  lo  sccont  jor  metoient  un  poi  li  pain  plus  loing 
de  la  terre,  et  cil  corroient  a  prendre  lo  pain,  et  se  assegu* 
roient,  et  plus  en  venoicnt.  Lo  tiers  jor  lo  mistrent  un  poi 
plus  loing,  et  quant  vindrent  li  païen  tuit  defore,  furent 


(i^  Le  château  était  situé  au  levant  dé  Palcrme,  à  rembouchiue  de 
rOued-Abbas  et  non  seulement  défendait  de  ce  côté  les  environs  de 
la  place  mais  empêchait  les  navires  ennemis  de  remonter  le  cours  du 
t)cuve.  Aime  ne  dit  pas,  comme  le  suppose  Amari  (t.  Ul,  p.  lao)  que 
le  château  fut  pris  par  Roger  lors  de  cette  première  attaque.  La 
capture  des  deux  navires  appartenant  aux  Sarrasins  prouve  que 
Robert  Guiscard  arriva  avec  sa  flotte  dans  le  port  de  Palerme  tandis 
que  Roger  attaquait  le  château  Jean. 


253 

tuit  pris  et  gardez  pour  serf  ou  estoient  vendut  en  longes 
part  (i). 

Cap.  i8.  Et  en  cellui  temps  meismes  falli  lo  vin  en  la 
cort  de  lo  duc,  et  cornent  ce  fust  chose  que  il  eussent  deli- 
ciouses  viandes,  lui  et  la  moillier  bevoient  de  Taigue. 
Quar  falli  a  lo  duc  lo  vin  non  est  merveille;  quar comme 
se  dit  que  en  la  contrée  soe  non  cressoit  vin,  mes  main- 
tenant en  cestui  temps  i  croist  vin  assez.  Mes  est  de  mer- 
veillier  de  la  noble  moillier  soe,  quar  en  la  maison  de 
son  père,  c'est  de  lo  prince  Gaymere,  avoit  use  de  boire 
vin  peure  et  clare,  coment  pooit  boire  aiguë  (2). 

Cap.  19.  Et  quant  lo  duc  vit  la  poureté  et  la  chierté  de 
la  terre  et  la  débilité  de  lo  pueple,  fist  faire  .xiiij.  scalle, 
de  liquelle  sept  en  manda  de  nuit  a  Tautre  part  de  la  cité 
ou  estoit  son  frère,  et  lo  duc  ala  parlera  son  frère  (3).  Et 
en  Taurore  de  jor,  a  lo  lieu  ou  avoit  ordené  lo  duc,  com- 
manda que  soient  dreciez  les  eschieUes  contre  lo  mur  de 
la  cité,  et  conforta  li  chevalier  qui  monteroient  en  la  cité 
par  desur  li  mur,  prometoit  a  ceuz  qui  i  salliroient  etau- 
roient  vittoire,  honor  grant  et  s'acorderent  ensemble, 
Et  Tunguardoita  Tautre  atendant  qui  commenceroit  lo 
premier.  Subitement  un  qui  se  clamoit  Archifrede  se  fist 


(i)  Ami  est  seul  à  dire  que  les  Palermitains  manquèrent  de  vivres 
pendant  le  siège  ;  Guillaume  de  Fouille  notamment  n*en  dit  rien. 

(2)  La  contrée  d'origine  du  duc  Robert  Guiscard  était  la  Basse- 
Normandie  ;  Aimé,  ou  plus  vraisemblableme'nt  son  traducteur,  semble 
dire  que  la  Normandie  commençait,  lorsque  ces  lignes  étaient  écrites, 
à  produire  du  vin.  Cette  donnée  provenait  sans  doute  de  quelque 
normand  par  trop  vantard. 

(3) Malaterra,  HI,  45,  confirme  ce  renseignement d*Aimé,  il  écrit: 
«  Machinamentis  itaque  et  scalis  ad  muros  transcendendos  artificio- 
sissime  compaginatis.  » 


254 

la  croiz  at  sailli  sur  li  mur,  après  loquel  saillirent  .ij. 
autres,  et  rote  Tescalle  nul  non  lo  pooit  secorre.  Et  un 
monton  de  li  ancmi  lui  vindrent  encontre,  ou  la  multi- 
tude oipaouri  li  chrestien,  et  o  Tarme  li  tailla  Pesait  en 
main,  dont  non  porent  soustenir  cil  troiz  Normant.  Et 
tant  multitude  se  jetterentde  li  mur,  liquel^  par  la  grâce 
de  Dieu,  sain  et  sauf  se  retornerent  a  terre»  et  puiz  lo  doc 
senti  toute  cestecose  tuit  li  autre  liquel  sailloient  par  Fes- 
calle  li  Sarrazin  constreintrent  a  aler  en  terre.  Et  puiz  lo 
duc  senti  toute  ceste  choze  que  autresi  estoit  fait  de  li  sien 
frère,  il  fistdrecier  Teschielle  de  Tautre  part,  et  comanda 
a  li  sien  qui  sailloient  qu^il  ovrissent  la  porte,  dont  ceuz 
qui  saillirent  sanz  nulle  demorance  descendirent  et  ope- 
rirent  la  porte.  Et  entrèrent  li  chevalier  secutant  cil  qui 
portoicnt  arme,  et  tout  lo  pueple  entra  et  assallirent  la 
terre,  et  levèrent  les  coses  de  li  païen,  et  partirent  li  enfant 
por  les  servir,  et  la  multitude  de  li  mort  covroit  la  terre. 
Kt  lo  duc,  a  ceuz  qui  sont  remez,  liquel  habitent  en  la 
cite,  a  liquel  avoit  donné  mort  de  li  parent  et  famé,  il  fist 
g.irdcrles  tors  (i).  Mes  pource  que  Palerme  estoit  faiie 

(i)  Mai.atrrra  dit  (également  que  deux  atsauts  simultanés  eurent 
lieu  contre  Palerme,  l'un  commBnd<3  par  le  comte  Roger  échoua, 
raiitrc,  sous  la  cunduitc  de  Robert  Guiscard,  eut  un  plein  succès. 
••  Dux  hortos  cum  treccniis  militibus  latentor  ingressus  ex  altéra  pute, 
qua  vidclicct  navalis  cxercitus  adjaccbat,  urbem  infettare,  fratron 
v]iK'  a  parte,  qua  crat,  liaud  sccusagere  pcrdocuerat.  Illi,  sîgno  dato. 
qu:L*  edocti  crant,  haud  perficere  segncs  magno  sonicu  irruunt.  Url>s 
tutaiii  arma  riicns,  qux  strepitu  tumultuantium  accurrebat  defeo- 
siuni,  accclerantcr  grassatur.  A  parte,  qua  minus  cavebant,  vacillanir. 
A  GuiscarJonsibus  scalis  appositis  murus  transcenditur.  Urbt  extericM' 
capitur,  portx  fcrro  sociisad  ingredicndum  aperiuntur.  Dus  et  cornes 
cum  Miiini  cxercîtu  infra  murus  hospitantur,  Panonnîtani  delusî 
liostes  a  t<Tgo  infra  niuros  cognoscentes,  interiori  urbe  refiigium. 
petenilo  se  recipiunt.  Nox  tumultum  dirimit.  »  Voyez  aussi  Guillauih 
ui:  PuLii.i.K,  m,  V.  3 1 3-320. 


25  s 

plus  grant  qu^elle  non  fu  con^mencié  premerement,  dont 
de  celle  part  estoit  plus  forte  dont  premerement  avoit  esté 
commenciez  la  cité  se  clamoit  la  antique  Palerme.  Il 
comencerent  contre  (i)  celle  antique  Palerme  contrester 
cil  de  la  cité.  Et  puiz  quant  la  bataille  pensèrent  qu^il 
dévoient  faire,  et  en  celle  nuit  se  esmurent  o  tout  li  ostage, 
et  mandèrent  certains  messages  liqueldoient  dire  cornent 
la  terre  s'est  rendue.  Et  puiz  quant  il  fu  jor,  dui  Cayte 
alerent  devant  loquel  avoient  Tofice  laquelle  avoient  li 
antique,  avec  autrez  gentilhome,  liquel  prièrent  lo  conte 
que  sans  nulle  autrecondition  ne  covenance doie  recevoir 
la  cité  a  son  commandement  (2)  ;  et  lo  conte,  bien  acom- 

(i)  Amari  propose  de  remplacer  ce  mot  contre  par  le  mot  entre  et 
en  effet,  avec  cette  modification,  la  phrase  d'Aimé  a  un  sens  intelli- 
gible, elle  mentionne  la  désunion  existant  dans  le  camp  des  Sar- 
rasins. 

(2)  Amari  {lib.  cit.,  t.  III,  p.  129),  entend  comme  il  suit  la  der- 
nière phrase  d*Aimé  :  «  le  jour  venu,  deux  Kaîds,  c'est-à-dire  deux 
chefs  militaires,  investis  des  pouvoirs  qu'avaient  auparavant  les 
anciens,  les  Sceikh  (li  antique),  c'est-à-dire  les  magistrats  de  la  com- 
mune, vinrent  avec  d'autres  notables  ».  Amari  conclut  que  d'après 
Aimé,  une  révolution  municipale  remplaçant  les  Sceiks  par  les  Katds 
a  dû  avoir  Ueu  à  Palerme,  dans  la  partie  de  la  ville  qui  n'était  pas 
encore  au  pouvoir  des  Normands,  c'est-à-dire  dans  El-Kassar  (les 
Normands  étaient  déjà  les  maîtres  de  la  KhalosaV  Guillaume  de 
Fouille,  III,  v.  325,  dit  comme  Aimé  que  les  Palermitains  se  ren- 
dirent sans  condition,  ils  ne  demandaient  que  la  vie  sauve  : 

«  Cuncta  duci  dedunt  se  tantum  vivere  poscunt  ». 

Malaterra,  II,  45,  semble  plus  dans  le  vrai  lorsqu'il  écrit  que  les 
Sarrasins  posèrent  ces  deux  conditions  avant  de  capituler,  qu'ils  ne 
seraient  pas  inquiétés  dans  leurs  croyances  religieuses  et  ne  seraient 
pas  molestés  par  des  lois  nouvelles  et  injustes.  «  Proximo  mane  pri- 
mores,  fœdcrc  interposito,  utrisque  fratribus  locutum  accedunt, 
legem  suam  nullatenus  se  violari  vel  relinquere  velie  dicentes,  sdlicet 
si  certi  sint  quod  non  cogantur  vel  injustis  et  novis  legibus  non  atte- 


Cap.  1 1.  Et  pour  ce  que  la  volenté  de  Guillerme  estoit 
esmeue  et  temptée  de  faire  mal,  cercha  une  autre  foiz  de 
soi  révéler  contre  son  seignor,  quar  la  terre,  laquelle 
avoit  vaincue  o  grant  bataille,  et  lui  avoît  donnée  en  bene- 
fice  lo  prince.  Et  a  ce  que  lopape  puisse  contrester  contre 
son  seignor,  rechut  la  terre  de  la  main  de  lo  pape.  Et 
puiz  commensa  a  faire  damage  a  lo  prince  Richart,  quar 
chevauchoit  la  nuit  et  lo  matin  avec  sa  gent,  et  ardoit  les 
villes  de  lo  prince;  et  la  flamequi  selevoiten  haut  mous- 
troit  en  quel  ville  estoit  Guillerme  de  nuit,  et  li  fume 
moustroit  ou  avoit  faite  Tovre  soe.  Lo  jor,  li  chevalier  de 
lo  prince  les  sccutoient;  mes  que  avoient  li  amis  ou  se 
recoilloient  et  savoient  les  voies,  non  se  enrôlent  deceaux 
qui  les  sequtoient.  Dont  lo  prince,  qui  tant  souffroit  de 
injure  de  cestegent,  manda  son  filz  Jordain  contrée  .ij.c. 
et  .Ix.  chevalier,  loquel  puiz  se  aproxima  de  Aquin,  et 
firent  molt  grant  joie.  Et  Guillerme,  quant  il  torna  de 
Rome,  proia  que  lui  soient  rendues  les  bestes  qui  lui  es- 
toient  levées,  non  par  proie,  mes  par  furte,  pour  ce  que 
non  i  estoit  présent.  Et  rcspondi  Jordain  :  c  A  moi  non 
covient  de  exaudir  la  parole  ne  la  pétition  de  cest  home, 
loquel  non  se  vergoingna  de  rompre  lo  sacrement  de  la 
tidelité  a  moi  et  a  mon  pcrc  ».  Et  quant  Guillerme^  quant 
il  01  ceste  réponse,  il  fu  corrocîcz,  et  fait  armer  ses  chcva- 


payer  à  GottfricJ  une  assez  furtc  somme  il'argcnt.  D*aprèft  Aimé,  la 
hn  de  U  campagno  n*a lirait  pas  été  aussi  avantageusp  pour  Gotlfried 
et  son  armée.  Les  Annales  Altahenses  majores,  l.  c,  ne  disent  pu 
non  plus  que  Richard  ait  acheté  la  paix,  les  Annales  Augustani  vont 
plus  loin  ;  on  y  lit,  ad  an,  1067  :  <*  Rex  H'îinricus  Augusts  antepuri- 
lîcationem  sanct»  Maris  moratur.  Gotefridus  dux  contra  Nomuuinos 
missuSf  nuUoefl'ectu,  paucis  etiam  amicis^rediit.  »  Il  se  pourrait  donc 
que  la  version  d'Aimé  ne  fut  pas  aussi  éloignée  de  la  vérité  que  le 
prétend  Hirsch,  avec  son  assurance  et  son  animosité  ordinaire. 


247 

liers  et  ses  pedons,  et  ist  defors  avec  .viij.  chevaliers  et 
troiz  cens  pedons.  Et  Jordan  torna  o  tout  ses  chevaliers 
et  ordena  ses  eschielles  ;  li  un  esmut  a  combatre,  et  li 
autre  ensaingne,  et  puiz  se  assemblèrent  ensemble  et 
comencerent  la  bataille  campestre;  de  Tune  part  et  de 
l'autre  alcun  cadirent  d^une  part  et  d^  l'autre  en  sont 
ferut  alcun  et  mort.  Mes  a  la  fin  li  chevalier  Jordan 
lesserent  la  proie,  contreingnant  li  cheval  de  corre,  et 
plus  pensent  coment  il  puissent  eschaper  que  coment  ils 
puissent  mener  les  bestes  et  la  proie.  Et  Guillcrme  o  ses 
chevaliers  les  persécuta,  et  pristrent  li  cheval  et  orent  en 
prison  .xxxvj.  chevaliers  armez,  et  ensi  levèrent  la  proie 
de  loranemis.  Et  torna  Guillerme  a  Acquin  vainceor  de 
sesancmis(i). 


(i)  Aimé,  qui  est  seul  à  raconter  la  fin  de  la  carrière  de  Guillaume 
de  Montreuil,  ne  donne  ni  la  date  de  sa  mort  ni  la  date  de  sa  dernière 
révolte  contre  le  prince  Richard.  Cette  révolte  n*a  guère  pu  avoir  lieu 
avant  les  derniers  mois  de  1 068  ou  le  commencement  de  1069.  Cette 
phrase  du  texte  d^Aimé  :  «  Et  à  ce  que  lo  pape  puisse  contrester 
contre  son  seignor,  rechut  la  terre  de  la  main  de  lo  pape  »  permet  de 
supposer  que  la  nouvelle  équipée  de  Guillaume  de  Montreuil  contre 
le  prince  Richard,  eut  entre  autres  résultats  celui  de  mettre  la  désu- 
nion entre  le  Saint-Siège  et  la  dynastie  de  Capoue;  or,  comme  au 
mois  d'octobre  1067,  Alexandre  H  vint  à  Capoue  et  y  fut  très  hono- 
rablement reçu  par  le  prince  Richard,  c*est  après  cette  date  qu'il  faut 
placer  la  défection  de  Guillaume  de  Montreuil.  Le  Regestum  encore 
inédit  de  Pierre  Diacre  (archives du  Mont-Cassin)  renferme,  n»  483, 
une  charte  de  Guillaume  de  Montreuil  ;  en  voici  l'analyse  :  «  Guilielmi 
de  Mustarolum  comitis  de  comitatu  Aquinensi  diploma  concessum 
Desiderio  abbati  Montis-Cassini,  subdatum  per  manus  Joannis  dia- 
coni  et  notarii.  Actum  in  Aquino,  anno  Domini  1068,  mense  sep- 
tembris,  Indict.  VII.  Duas  ecclesias  sancti  Cortstancii  et  sancti  Chris- 
tofori  in  Aquinensi  comitatu  sitas,  Cassinatibus  donat.  Au  mois  de 
septembre  1068,  Guillaume  de  Montreuil  était  donc  à  Aquino,  faisant 
des  largesses  aux  moines  du  Mont-Cassin  ;  ce  n'est  guère  là  l'attitude 


248 

Cap.  12.  Et  lo  prince  Richart,  avieinge  que  soit  fort  en 
adversité,  toutes  voiez  ot  dolor  de  ceste  turbation,  et  re- 
quist  Taidc  del  duc  Robert  et  de  ses  autres  amis  contre  la 
perversité  de  Guillerme.  Et  lo  duc  a  ce  que  li  chevalier 
soc  non  preissent  exemple  de  Guillerme,  une  pour  soi  a 
restraindrc  sa  suf>erbe  ;  mes  avant  que  venist  lo  prince  a 
Capuc,  lo  prince  manda  disant  a  lo  duc  Robert  cornent 
Guillerme  cstoit  mort  son  anemi,  quar  lui  prist  une  fièvre 
et  un  chaut,  et  de  celle  maladie  fu  mort  a  Rome  (  1  ).  Mes 

d'un  homme  engagé  dans  un  redoutable  duel  avec  son  seigneur  ; 
aussi  la  date  de  sa  révolte  me  paraîtrait  devoir  être  placée  après  le 
mois  de  septembre  1068. 

(i)  11  n*est  giicrc  admissible  que  Robert  Guiscard  ait  promis  à 
Richiird  de  Capoue  de  venir  à  son  secoure  contre  Guillaume  de 
Montreuil,  tant  que  dura  le  siège  de  Bari  ;  ce  siège  en  effet  absorba, 
pendant  de  longs  mois,  Tactivité  du  duc  Normand  ;  il  ne  dut  faire 
cette  promesse  qu'après  être  entré  en  vainqueur  à  Bari,  le  16  avril 
1071  ;  on  peut  donc  conjecturer  qu'à  cette  date  Guillaume  de  Mon- 
treuil vivait  encore.  D'un  autre  côté,  Aimé  nous  apprend  qu'après  la 
mort  de  Guillaume  de  Montreuil,  Richard  de  Capoue,  voulant  témoi- 
gner sa  reconnaissance  à  Robert  Guiscard»  projeta  d'aller  avec  lui 
en  Sicile,  de  faire  partie  de  cette  expédition  des  Normands  contre  les 
Sarrasins  qui  débuta  parla  prise  de  Catanc  et  se  termina  par  la  con- 
quête de  Palcrne.  Cette  expédition  ayant  commencé  au  mois  d'août 
1071,  c'est  donc  entre  le  mois  d'avril  1071  et  le  mois  d'août  de  la 
même  année  qu'aurait  eu  lieu  la  mort  de  Guillaume  de  Montreuil. 
On  ne  s'explique  pas  comment  ce  Guillaume  de  Montreuil  dont  la 
vie  ;i  été  si  agitée,  qui  s'est  montré  si  versatile  vis-à-vis  de  son  beau- 
père  et  de  San  bienfaiteur,  le  prince  Richard,  v]ui  a  été  si  impitoyable 
dans  sa  dernière  guerre  en  Campanie,  a  pu  être  surnohimé  le  bon 
Normand  —  bonus  Normannus.  —  O.  Vital  ne  lui  donne-t-il  pas  ce 
surnom  à  la  légère  et  uniquement  parce  que  Guillaume  avait  fait  bon 
accueil  à  son  cousin  Robert  de  (jrentemesnil  ; 

l).ins  SCS  Recherches  sur  i histoire  et  la  littérature  de  l'Espagne 
au  moyen  âge  (i*^  édition,  t.  II,  p.  338  sqq.)>  Dozv  a  soutenu  que 
Guillaume  de  Montreuil  avait  commandé  l'armée  des  Normands  qui, 


249 

pour  ce  que  lo  duc  Robert  estoit  venut  tant  promplement 
a  Taide  de  lo  prince  Ricchart,  vouloit  aler  en  Sycille  avec 
lui  et  faire  lui  similante  service  ej  honor. 

en  io63,  avaient  traversé  les  Pyrénées  pour  aller  combattre  les  Sar- 
rasins d'Espagne  ;  ces  Normands  s'emparèrent  Tannée  suivante,  en 
1 064,  de  la  ville  de  Barbastro,  occupée  par  les  Sarrasins,  et  y  firent 
un  riche  butin.  L'origine  de  cette  hypothèse  de  Dozy  vient  de  ce  que 
Ibn-Haiyan,  l'historien  arabe  de  la  prise  de  Barbastro  par  les  Nor- 
mands, dit  que  ceux-ci  étaient  sous  les  ordres  «  d'un  général  en  chef, 
le  commandant  de  la  cavalerie  àc  Rome  »  comme, d'un  autre  côté, 
O.  Vital  dit  de  Guillaume  de  Montreuil  qu'il  devint  :  «  romani  exer- 
citus  princeps  militis,  vexillum  S.  Pétri  gestans  »,  et  ailleurs  «  miles 
papae  signifer  »,  Dozy  en  a  conclu  que  Ibn-Haiyan  et  O.  Vital  ont  en 
vue  le  même  personnage,  c'est-à-dire  que  Guillaume  de  Montreuil  a 
conquis  Barbastro  sur  les  Sarrasins.  Cette  hypothèse  de  Dozy  est 
tout  à  fait  insoutenable  ;  la  charte  que  noiis  avons  citée  d'après  Fede- 
Rici  (cf.  supra,  p.  167,  note  5)  montre  qu'en  io6a  une  ligue  de 
seigneurs  lombards  s'est  formée  contre  Richard  prince  de  Capoue  ; 
nous  savons  en  outre  par  Aimé  que  Guillaume  de  Montreuil  a  hit 
partie  de  cette  ligue  et  nous  voyons  par  une  autre  charte  donnée  par 
Tcderici  {lib.  cit.,  p.  406)  qu'au  mois  d'octobre  1064,  Marie,  la 
régente  du  duché  de  Gaëte  pour  son  jeune  fils  Adénulfe  était  renver- 
sée, c'est-à-dire  que  le  prince  Richard  avait  vaincu  la  ligue  lombarde 
et  qu'il  était  maître  du  duché  de  Gaête  ;  Aimé  a  raconté  comment 
Guillaume  de  Montreuil  s'était  alors  réfugié  à  Rome.  Ces  événements 
ont  donc  eu  lieu  entre  1062  et  1064  et  nous  sommes  certains  que 
Guillaume  de  Montreuil  y  a  été  très  mêlé,  comment  dès  lors  aurait- 
il  pu  dans  ces  mêmes  années  io6a,  io63,  1064,  organiser  en 
France  une  expédition  contre  les  Sarrasins  d'Espagne  et  conduire 
cette  expédition  à  la  prise  de  Barbastro  dans  la  vallée  de  l'Ebrc?  Il 
est  inutile  d'insister,  la  démonstration  est  facile.  Ce  titre  de  «  com- 
mandant de  la  cavalerie  de  Rome  »  que  Ibn-Haiyan  donne  au  chef 
des  Normands  vainqueurs  de  Barbastro  et  que  Dozy  identifie  avec  le 
«  romani  exercitus  princeps  militiae  »  et  avec  «  miles  paps  signifer  » 
ne  peut  en  aucune  façon  désigner  Guillaume  de  Montreuil  avant  1064, 
car  c'est  alors  seulement  qu'il  vient  se  «lettre  au  service  du  Saint- 
Siège.  Mais  en  cette  même  année  Barbastro  tombait  au  pouvoir  des 
chrétiens  et  Guillaume  de  Montreuil  n*y  fut  certainement  pour  rien. 


^50 

Cap.  i3.  Et  puiz  que  fu  fermée  Tamistié  entre  lo  duc 
Robert  et  lo  prince  Richart,  lo  duc  fist  fornir  et  garnir 
toutes  les  fortcrcsccs  de  ça  la  mer,  et  toutes  chozcs  leissa 
en  paiz.  Et  puiz  assembla  une  grant  compaingnie  de 
navie,  et  de  Puillc  comanda  a  lo  navie  alast  avant  a  II 
chevalier  qui  venoientde  terre  de  Calabre.  Et  lui  avec  li 
chevalier,  venant  par  terre  par  plus  brève  voie,  s>n  vont 
en  Calabre  ctaunerent  soi.  Àdont  li  Calabroîs,  o  diverses 
gent  de  diverses  nations^  liquel  ont  volenté  de  destruire 
li  Sarrazin,  passèrent  la  mer,  et  applicant  a  la  cité  de 
Messine  et  la  chevalerie  et  toute  gent,  descendirent  en 
terre  (i). 

Cap.  14.  Et  ces  frères  partirent  la  fatigue  de  la  bataille. 
Lo  duc  avoit  a  governer  lo  exercit,  et  li  conte  Rogier  s^en 
va  a  la  cite  de  Catainne,  et  a  li  quatre  jor  la  cité  se  rendis 
Et  encontinent  comanda  que  soit  faîte  la  rocche  et 
comanda  que  soit  faite  Peglize  a  Tonor  de  saint  Gr^oire. 
Et  mistcn  la  roche  .xl.  homes  qui  la  guardassent  et  refré- 
nassent la  malc  volcntc  de  cil  de  la  cité.  Et  venant  lo 
conte  a  la  cite  soc  Triganc,  dui  de  ses  neveus  filz  de  ses 
frères,  liquel  se  clamoient  li  un  Rogier  et  li  autre  Bala- 
mcnic,  lui  encontre  pour  Tamor  qu'il  avoient  a  lui  et 
qu'il  lui  portoîent,  et  vindrent  auvec  eaux  lor  moillier 
on  un  plein.  Et  lo  duc  Robert^  et  pour  la  calor  de  lo  sol, 

(i)  '<  Dux  prjcJictus  transmcavit  Aiiriatici  maris  pelagui  perrezit 
que  Siciliam  ciim  38  navibus.  »  Lupi,  C/irofiicoM,  o^  dN.  1071.  GuiL- 
lAnMi-  DK  Pni'iM.Fy  m,  V.  183-187,  ditque  le  duc  Robert  s*embarqui 
a  Reppi«\ 

«  paulo  post  inde  moratus 

Dux  ibi  Rubcrtus  Rcginam  tendit  ad  urbem.  » 

Malaterra,  II,  4S,  dit  que  Robert  Guiscard  paua  à  Otrante  les 
mois  de  juin  et  de  juillet  et  qu'il  y  fit  tailler  un  rocher  pour  fiKÏliier 
rembarquement  de  sa  cavalerie. 


251 

avec  petit  de  grans  homes  estoit  salli  en  la  galées,  laquelle 
estoit  acompaingnié  de  .x.  gat  et  .xl.  autres  nez  { i  ). 

Cap.  i5.  Et  lo  conte  avoit  avant  mandé  ses  servicialz 
pour  appareillier  de  mengier;  li  Sarrazin  survindrent,  et 
non  sollement  les  tallerent,  mes  non  laissèrent  char  ne 
crude  ne  cuite.  Et  H  conte  par  aventure  s'entre  encon- 
trerent  avec  11  Sarrazin,  et  recovrerent  les  coses  qu'il 
avoient  levées,  et  lor  leva  les  chevauz  et  tout  ce  qu'il 
avoient  pour  lo  vivre  ;  de  .ij.  cent  qui  estoient  venut  nul 
non  escampa  vif  (2). 

Cap.  16.  En  lo  sequent  jor  partirent  lo  palaiz  et  les 
chozes  qu'il  troverent  fors  de  le  cité,  donnent  a  li  prince 
li  jardin  delectoz  pleins  de  frutte  et  de  eaue,  et  pour  soi 
chevalier  avoient  li  choses  royals  et  paradis  terrestre  (3). 

(i)  Malaterra,  II,  45,  écrit  au  sujet  de  cette  prise  de  Catane  :  «  Dux 
igitur  commeatibus  etcxteris  qua:  expeditioni  congruebant  apparatis, 
fratrem  quem  prxmiserat,  subsecutus,  apud  Catanam,  ubi  cornes 
erati  venit  fingens  se  Maltam  debellatum  ire,  quasi  de  Panormo  diffi- 
dens.  »  Amari  {Storia  dei  Musulmani  di  Sicilia,  t.  III,  p.  117)  croit 
que  Roger  a  pris  Catane  d*une  manière  peu  loyale  et  que  de  là  vient 
Tobscurité  de  la  phrase  de  Malatcrra  ;  d'après  lui,  Roger  serait  venu 
à  Catane  en  ami,  chez  les  successeurs  de  Ibn-Thimna,  c'est-à-dire 
chez  des  Sarrasins  amis  des  Normands  et  que,  sur  ces  entrefaites,  la 
flotte  de  Robert  Guiscard  étant  entrée  dans  le  port,  la  ville  surprise 
n'aurait  pu  se  défendre  ;  d'après  Aimé  elle  aurait  cependant  résisté 
pendant  quatre  jours.  Aimé  est  seul  à  parler  du  voyage  du  comte 
Roger  à  Traîna  (Trigane)  ;  quant  au  nombre  de  navires  que  Robert 
Guiscard  avait  à  sa  disposition,  le  texte  de  Lupus,  cité  dans  la  note 
précédente,  confirme  à  peu  près  la  donnée  d'Aiipé. 

(2)  Aimé  est  seul  à  parler  de  cet  incident.  Cest  à  la  suite  de  ce 
chapitre  que  se  trouve  la  lacune  dont  il  a  déjà  été  question  (cf.  supra, 
p.  i65,  note  5);  au  chapitre  suivant,  en  eflet  nous  voyons,  sans  autre 
transition,  les  Normands  maîtres  des  environs  de  Palerme. 

(3)  La  suite  montre  qu'il  s'agit  des  environs  de  Palerme. 


Et  quant  H  Sarrazin  issoient  virent  novelle  chevalerie,  et 
H  Normant  les  orent  atornoiez,  et  les  pristrent  et  vendirent 
pour  vilz  prison.  Et  de  là  lo  conte  s^en  ala  a  lo  cbastel 
Jehan,  mes  maintenant  se  clame  lo  chaste  Saint-Jehan. 
Et  clama  li  Sarrazin  a  combatre,  etprist  .xxx.  gentil  home 
et  en  occist  .xv.,  et  prist  li  cheval,  et  ensi  vainceor  invita 
lo  frère  qu'il  lui  vieingnea  parler.  Et  autresi  non  lesserent 
a  li  Sarrazin  deffendre  la  marine,  quar  avant  lor  avoient 
levé  un  gath  et  une  galcc  (i). 

Cap.  17.  Et  ccUui  temps  meismes  estoit  une  grant 
famine  entre  cil  de  la  cité,  quar  dedens  lor  failloient  les 
coses  de  vivre,  et  ne  les  trovoient  a  achater.  Et  autrèsi 
pour  li  mort  non  souterrez  estoit  grant  pestilence  et  mor- 
talité, dont  molt  en  estoient  ferut,  et  moltenfermé,  et  molt 
afloboiez  pour  fain  ;  et  la  main  de  li  débile  plus  volentiers 
s'cstendoit  a  prendre  Tomosne  que  a  combatte.  Et  ii  mali- 
ciouz  Normant  faisoient  poiz  de  lo  pain,  et  lo  lessoient  a 
pié  de  li  Sarrazin,  et  corroient  a  .xx.  et  .xxx.  pour  prendre 
lo  pain.  Et  lo  secont  jor  metoient  un  poi  li  pain  plusloiog 
de  la  terre,  et  cil  corroient  a  prendre  lo  pain,  et  se  ass^u- 
roicnt,  et  plus  en  vcnoient.  Lo  tiers  jor  lo  mistient  un  poi 
plus  loing,  et  quant  vindrent  li  païen  tuit  defore,  furent 


(H  Le  châicau  était  ftitué  au  levant  dd  Palcrme,  à rembovchure  de 
rOucd-Abbas  et  non  seulement  défendait  de  ce  cdté  les  environs  de 
la  place  mais  empêchait  les  navires  ennemis  de  remonter  le  cours  du 
tlcuve.  Aimé  ne  dit  pas,  comme  le  suppose  Amaki  (t.  Ul,  p.  iao)que 
le  château  fut  pris  par  Roger  lors  de  cette  première  attaque.  La 
capture  des  deux  navires  appartenant  aux  Sarrasins  prouve  que 
Robert  Guiscard  arriva  avec  sa  flotte  dans  le  port  de  Païenne  tandis 
que  Roger  attaquait  le  château  Jean. 


253 

tuit  pris  et  gardez  pour  serf  ou  estoient  vendut  en  longes 
part  (i). 

Cap.  i8.  Et  en  cellui  temps  meismes  falli  lo  vin  en  la 
cort  de  lo  duc^  et  cornent  ce  fust  chose  que  il  eussent  delî- 
ciouses  viandes,  lui  et  la  moillier  bevoient  de  Paigue. 
Quar  falli  a  lo  duc  lo  vin  non  est  merveille;  quar  comme 
se  dit  que  en  la  contrée  soe  non  cressoit  vin,  mes  main- 
tenant en  cestui  temps  i  croist  vin  assez.  Mes  est  de  mer- 
veillier  de  la  noble  moillier  soe,  quar  en  la  maison  de 
son  père,  c'est  de  lo  prince  Gaymere,  avoit  use  de  boire 
vin  peure  et  clare,  cornent  pooit  boire  aiguë  (2). 

Cap.  19.  Et  quant  loduc  vit  la  poureté  et  la  chierté  de 
la  terre  et  la  débilité  de  lo  pueple,  fist  faire  .xiiij.  scalle, 
de  liquelle  sept  en  manda  de  nuit  a  Pautre  part  de  la  cité 
ou  estoit  son  frère,  et  lo  duc  ala  parlera  son  frère  (3).  Et 
en  Paurore  de  jor,  a  lo  lieu  ou  avoit  ordené  lo  duc,  com- 
manda que  soient  dreciez  les  eschielles  contre  lo  mur  de 
la  cité,  et  conforta  li  chevalier  qui  monteroient  en  la  cité 
par  desur  li  mur,  prometoit  a  ceuz  qui  i  salliroient  etau- 
roient  vittoire,  honor  grant  et  s'acorderent  ensemble, 
Et  Punguardoita  Pautre  atendant  qui  commenceroit  lo 
premier.  Subitement  un  qui  se  clamoit  Archifrede  se  fist 


(i)  Ami  est  seul  à  dire  que  les  Palerraitains  manquèrent  de  vivres 
pendant  le  siège;  Guillaume  de  Fouille  notamment  n'en  dit  rien. 

(2)  La  contrée  d'origine  du  duc  Robert  Guiscard  était  la  Basse- 
Normandie  ;  Aimé,  ou  plus  vraisemblableme'nt  son  traducteur,  semble 
dire  que  la  Normandie  commençait,  lorsque  ces  lignes  étaient  écrites, 
à  produire  du  vin.  Cette  donnée  provenait  sans  doute  de  quelque 
normand  par  trop  vantard. 

(3)  Malaterra,  HI,  45,  confirme  ce  renseignement  d*Aimé,  il  écrit  : 
«  Machinamentis  itaque  et  scalis  ad  muros  transcendendos  artifido- 
sissime  compaginatis.  » 


Z\l 


Il  ct;--2  i:  SLÎll:  »;ir  1:  tz'zt.  irr»  lequel  saillirent  .îj. 
ii:rss   ::  r::i  /iscille  z-l  ^rn  lo  >x)ii  secorre.   El  un 
n :-.:■-  li  1-  iZiz::  1-i  Tiziren:  eacaarre,  ou  la  multi- 
r^ie  :'.r-d:-r:  1:  jiirïsriez.  ic  o  l'irnie  li  tailla  Pescut  en 
ni  r.   i:-:  z:t.  T*cTtz'  >:^5:ir.ir  cil  iroiz  Normant.  El 
::-:  n:  j"::"ui5  >i  srriri-:  ie  1:  riur.  lî^ucL  par  la  grâce 
jî  Diiu   sain  e:  sju:  se  rt'.^TZ^rtrr.  a  ttrrc,  ci  puiz  lo  duc 
5*r.::  :zi:t  z^zt  zm  :-::  1:  â-:r£  liqael  sailloieni  par  Fes- 
cilie  I:  Sarri::-  c:r.5-^=:r.rer.:  i  iler  en  terre.  El  puiz  lo 
j  j:  sen"i  ::  -::e  ce<:e  en cze  quî  autres;  estoît  fait  de  li  sien 
î'rere.  il  r.>:irec:er  /escziille  ic  l'autre  part,  et  comanda 
u  1:  sie-  qu:  5j.:II::sn:  z/s'i'.  jvrlssen:  U  porte,  dont  ceux 
eu:  sdil'.irsr.:  saa;  :iuLle  de3."»rance  descendirent  et  opc- 
rirent  li  î>3r:e.  E:  ^ntrirenr  lî  chevalier  secutant  cil  qui 
7or:ien:  iraic.  e:  :ju:  b  ?ueple  entra  et  assallirent  la 
îrrre.  e:  '.e\-iren:  les  coses  ie  li  païen,  e:  partirent  li  enfant 
pNjr  les  sen :r.  e:  la  rîuinvude  dt  -i  mort  covroit  la  terre. 
t:  I J  iuc.  a  ceaz  qui  sDn:  remez.  liquel  habitent  en  la 
cite,  a  lîjuel  avoi:  donné  zp.cti  de  li  parent  et  famé,  il  fist 
^irder  les  urs    :  .  Mes  pource  que  Païenne  estoit  faite 

,  •  NU:-%T»a%  z.i  :ci!.r::-:r.:  zn  ifui  issiuts  simultanés  eurent 
r.z^  c-nire  PalirT.e.  \'\ir.  c-r7.rr«ir.ij  par  li  cjmi-  Roger  échoua, 
î\ij::e.  s;.:*  !j  j. -^j::^  ,:t  R.b^r:  G jissirJ.  eui  un  plan  succès. 

D  jx  '.-.«. rivs  ;.:n  :r.v:er.::s  r^ilitib  js  lat.nur  ir.gressus  es  altéra  parte, 
j  :i -.'.ieliie: -^■.i'..s  ;\-'::::^s  ji:  iwsbd:,  urbem  infesiin:,  fratrem 
]  ;::  j  r-!r:e.  q-ji  en:.  hj^J  sj^-js  agfr.*  pcr  JocuenL  llli.  signo  daio. 
qjA-  ejoci.  er^r.t.  hi\il  perT.jere  se£r.-*s  magno  sonitu  imiunt.  Urbs 
i  :i:z  .rma  r-er.s.  qui  sn-£r:tu  lumuhuantiuni  accurrebat  defeo- 
$i,n:.  icjcîcrjritïïT  inssv.-r.  Apinc, qua  minus carebant,  vaàllatur. 
A  G-is-irJcr.sibus  sjil:?  arposif.s  rr.urjs  transcenditur.  Urbsexterîor 
;  .-.i-r.  p^rii  fjrro  >jc.isai  ir.griJieaium  apehuntur.  Dus  et  comcs 
c::ri  or-.n:  cxercii^  infr.1  muroS  h^spiuntur.  Panormttani  lielusi 
hosîcs  3  t.Tgo  ir.rVa  mur. s  ccgr.oscentes,  interiori  urbe  refu^um 
p:ten  J'^  sere.ipiunt.  .Nox  tumulium  Jirmit.  »  Voyez  aussi  Gliluiuiis 
bt  p.j'-iLLE.  lil.  V.  :m>320. 


255 

plus  grant  qu^elIe  non  fu  con^mencié  premerement,  dont 
de  celle  part  estoit  plus  forte  dont  premerement  avoit  esté 
commenciez  la  cité  se  clamoit  la  antique  Palerme.  Il 
comencerent  contre  (i)  celle  antique  Palerme  contrestcr 
cil  de  la  cité.  Et  puiz  quant  la  bataille  pensèrent  quMI 
dévoient  faire,  et  en  celle  nuit  se  esmurent  o  tout  li  ostage, 
et  mandèrent  certains  messages  liquel  dolent  dire  coment 
la  terre  s'est  rendue.  Et  puiz  quant  il  fu  jor,  dui  Cayte 
alerent  devant  loquel  avoient  Pofice  laquelle  avoient  li 
antique,  avec  autrez  gentilhome,  liquel  prièrent  lo  conte 
que  sans  nulle  autrecondition  ne  covenance doie  recevoir 
la  cité  a  son  commandement  (2)  ;  et  lo  conte,  bien  acom- 

(i)  Amari  propose  de  remplacer  ce  mot  contre  par  le  mot  entre  et 
en  effet,  avec  cette  modification,  la  phrase  d*Aimé  a  un  sens  intelli- 
gible, elle  mentionne  la  désunion  existant  dans  le  camp  des  Sar- 
rasins. 

(2)  Amari  {lib.  cit.,  t.  III,  p.  129),  entend  comme  il  suit  la  der- 
nière phrase  d'Aimé  :  «  le  jour  venu,  deux  Katds,  c'est-à-dire  deux 
chefs  militaires,  investis  des  pouvoirs  qu'avaient  auparavant  les 
anciens,  les  Sceikh  (li  antique),  c'est-à-dire  les  magistrats  de  la  com- 
mune, vinrent  avec  d'autres  notables  ».  Amari  conclut  que  d'après 
Aimé,  une  révolution  municipale  remplaçant  les  Sceiks  par  les  Katds 
a  dû  avoir  lieu  à  Palerme,  dans  la  partie  de  la  ville  qui  n'était  pas 
encore  au  pouvoir  des  Normands,  c'est-à-dire  dans  El-Kassar  (les 
Normands  étaient  déjà  les  maîtres  de  la  Khalesa).  Guillaume  de 
Fouille,  III,  v.  325,  dit  comme  Aimé  que  les  Palermitains  se  ren- 
dirent sans  condition,  ils  ne  demandaient  que  la  vie  sauve  : 

«  Cuncta  duci  dedunt  se  tantum  vivere  poscunt  ». 

Malaterra,  II,  45,  semble  plus  dans  le  vrai  lorsqu'il  écrit  que  les 
Sarrasins  posèrent  ces  deux  conditions  avant  de  capituler,  qu'ils  ne 
seraient  pas  inquiétés  dans  leurs  croyances  religieuses  et  ne  seraient 
pas  molestés  par  des  lois  nouvelles  et  injustes.  «  Proximo  mane  pri- 
mores,  fœderc  interposito,  utrisque  fratribus  locutum  accedunt, 
legem  suam  nullatenus  se  violari  vel  relinquere  velle  dicentes,  sdlicet 
si  certi  sint  quod  non  cogantur  velinjustis  et  novis  legibus  non  atte- 


25^ 

paignié  de  bons  chevaliers  vaillans  et  espiovez,  entra  en 
la  cité  et  regarda  par  la  cité  et  ordena,  et  l^a  faite  secure, 
et  puiz  retoma  a  son  frère.  Et  lo  quart  jor,  lo  duc  manda 
avant  mille  chevaliers  liquel  chazassent  et  retenissent  la 
place  de  lo  encontre  de  H  Sarrasin,  et  ensi  corne  borne 
cristiennissime.  avec  la  moillier  et  ses  frère,  et  avec  lo 
frère  de  la  moillier  '  i .  et  avec  ses  princes  s'en  ala  o  grant 
révérence  plorant  a  Teglize  de  Saint-Marie,  laquel  edizc 
avoit  esté  temple  de  li  Sarrazin,  et  en  fist  chacter  toute 
Tordesce  et  ordure,  et  âst  dire  messe  a  lo  catholique  et 
saint  archevesque. 

Cap.  20.  Une  grant  merveille  apparut  devant  celle 
eglize.  quar  furent  aucun  bonchrestienquioTrenten  celle 
ecclize  la  voiz  de  li  angele  et  molt  douz  chant,  en  loquel 
cant  looient  Dieu,  et  apparut  alcune  foiz  enluminée  celle 
eglize  de  la  lumière  de  Dieu,  plus  resplendissant  que  non 
est  nulle  autre  lumière  mundane  (2). 

rantur.  Q^uandû  quidem  fortuna  prxsenti  sic  hortabantur  urbU  dedi- 
tioncm  faccrc,  se  in  famulan  Jo  fidèles  persistere,  tributa  lolvere  et 
hue  juramcntû  logis  sux  firmare  spopundunt.  Dux  comesque  gau- 
denU'S  quod  uti'erebatur  libcnter  suscipiunt  ». 

(2)  Cest*à-dire  avec  Sikclgaîta  sa  femme,  son  frère  Roger,  avec 
d'autres  Tancrôdcet  avec  Gui  Je  Salerne,  frère  de  Sîkelgaïta;  c*cst 
à  Gui  que  le  puctc  Al  fane,  archevêque  Je  Salerne,  adressait  les  vers 
suivants  : 

«  Siciliam  tellus  Arabum  miratur  acervum 
Quos  tuus  ipse  dédit  ensis  et  hasta  necis  ». 

L'gheli.i  :  Itjlia  sacra ,  t.  X,  p.  74. 

(3)  iMalaterra,  II,  45,  dit  également  que  Robert  Guîscardfit  célé- 
brer 1  ut  lice  divin  dans  Téglisc  de  Sainte-Marie,  après  Ta  voir  faite 
réconcilier,  parce  que  les  Sarrasins  en  avaient  fait  une  de  leun 
mosquées  et  puis  il  ajoute  :  «  Archiepiscopum  qui  ab  impiia  dejectus 
in  pauperc  ecclesia  S.   Cyriaci,  quamvis  timiJus,  natione  GriKus 


257 

Cap.  21.  Et  H  Sarrazin  liquel  habitoient  en  Maz£(rin, 
quant  il  sorent  que  Palerme  s^estoit  rendue,  pour  paor 
qu^il  orent  donnèrent  la  cité  a  lo  duc,  et  lui  promistrent 
de  doner  chascun  an  tribut  (i).  Et  lo  cpmanda  que 
vieingne  tout  lo  excercit,  et  loa  lo  excercit  quMl  lo  dévisse 
doner  a  lo  frère.  Et  adont  lo  duc  donna  a  son  frère,  lo 
conte  Rogier,  toute  la  Sycille,  senon  que  pour  lui  réserva 
la  meitié  de  Palerme  et  la  meitié  de  Messine,  et  la  moitié 
de  Demede,  et  li  conferma  la  part  de  Calabre  laquelle 
avoit  avant  que  Sycille  (2). 

cultum  christians  religionis  pro  posse  exsequebatur,  revocantes  rei ti- 
tuunt.  »  PiRRo  (Sicilia  sacra,  p.  53  sq.)  appelle  cet  archevêque, 
Nicodème  ;  c'est  le  nom  que  lui  donnent  également  une  bulle  de 
Calliste  II  et  un  diplôme  de  Roger. 

(i)  Il  s*agit  de  Mazzara-del-Vallo,  ville  épiscopalede  12,000  habi- 
tants environ,  sur  la  côte  occidentale  de  la  Sicile.  Ibn-Khaldoun  dit 
aussi  que  Mazzara  se  rendit  aux  Normands  en  1072,  mais  il  se 
trompe  en  affirmant  que  les  Normands  la  prirent  à  Al-Hawwas  ;  celui- 
ci  était  mort  depuis  quelques  années  déjà.  Cf.  Amari  Biblioteca 
Arabo-Siculat  t.  Il,  p.  221  sq.  de  la  traduction  italienne. 

(2)  La  question  du  premier  partage  de  la  Sicile  entre  les  Tancrède 
a  donné  lieu  à  une  longue  controverse  parmi  les  historiens.  Sur  ce 
point,  Malaterra  n'est  pas  d'accord  avec  Aimé,  il  écrit,  II,  45  :  «  Deinde 
urbe  (Panormi),  pro  velle  suo,  dux  eam  in  suam  proprietatem  reti- 
nens  et  vallem  Demins,  csteramque  omnem  Siciliam  acquisitam  et 
suo  adjutorio^  ut  promittebat,  nec  falso  acquirendam,  fratri  de  se 
habendam  concessit.  »  On  lit  aussi,  II,  46  :  m  Medietas  totius  Sicilis,  ex 
consensu  ducis  et  comitis  sus  sorti  (id  est  Serlonis  filii  Serlonis), 
Arisgotique  de  Poteolis  inter  se  dividenda  cesserai  :  eo  quod  hic 
consanguineus  eorum  erat,  uterque  autem  consilio  et  armis  probis- 
simi  viri  erant.  » 

La  suite  de  l'histoire  de  la  Sicile  montre  que  les  données  de  Mala- 
terra sont  les  plus  exactes;  nous  savons  en  efifet  par  ce  même 
Malaterra,  IV,  17,  qu'en  logi,  le  comte  Roger  ayant  aidé  son  neveu 
le  duc  Roger,  fils  et  héritier  de  Robert  Guiscard,  à  prendre  U  ville 
de  Cosenza  en  Calabre,  le  duc  Roger  consentit  par  reconnaissance  à 

•7 


Iî> 


Co.  11.  Ez  rource  qu^  se  monstre  a  quant  perfeaion 
e:  I  qjjr.:^  'ziUTssc:  n^ne  Diea  tout-puissant  la  humilité 
ie  cis:,::  rcn  iuc  Rjcer:.  icnt  droLxment  se  puci  dire 
je  '.--.  c::ri  i.:  Lî  Sa!-:e  EscripMre  qui  dit  que  Dieu 
j:r."^  -r'.ue  i  I:  h-^ili  et  coaffes;e  a  li  oi^ellious  |i), 
^:  ?.  ur  jf  fs:  i  vecir  ^:  j  r&çjrier  se  La  main  et  la  puis- 
sj::::^  Jj  I:  în:7e?r  s<!  r^iet  jrraruder  a  lui.    Il  fîi  un 

".  i:ii*:r  i  *i  -.  :=^''j  _nj  Tr-r:  wiii  "rlle  »Je  Palcrme.  se  réservant 
.'i-:ri  "  .r:.  1^  c.-r:.'  R:*ir.  i:vt;:e  MiUterra.  mit  dès  lors  un 
:i!  .  rJr-'  ,;.i->  la  Tcr-iç:.  r.  jj:*  ■.— .rt-'a  d<  Fdlerme,  que  sqh  ne\')eu, 
L'  ...■.^-  iN.ç'r.  iu:  r*.;*  ij  ri'.ir.js  ivec  11  mt.Lt;é  qui  lui  restai t,  que 
'..rsq.:*::  IV-.:  li  \:V^  rcc;  ^nrl^rs.  •  Ccmiti  autem  pro  recompcn»- 
::.-.:  «.-^irl:  5;>-  i\r.:rrr..  -=>j:;r^:ini  Pausemitanx  (Panormituc) 
urris  -Tisir^At.  C:t*;2«  lur^r::  :r.  siLt  ptirte  casirum  ôrmat,  urbemque 
.•-T.  ■:— .  j.-:-.:,:-:*  jsi^::.  \zi  jriirjt.  ut  pli:s  «x  medietate  pocdno- 
jurr.  w^^.   T^TvjiLr::.  q.:::r.  TT.mj.cum  sine    compartidpe  totius 

r  r.  :  :  i:.  *..*  ^u;  ùu/.'.jutlc:.  r.Is  j;:  iuc  Rocer  et  (>etit-filsde  Roben 
GM:5c.-irJ.  j;:i.i  j.:  C'rrte  i\:c:r.  r.îs  iu  comte  Roger,  la  moitié  de 
Pal.rr/.e  qu.*  <•.  n  7<:re  *\::  jn::  b:5dee  :  «  meàieutem  suam  Palermi- 
i.ir.x  ^.\:',j.i\s  j:  Mj««^r.i:.  ;::  t;ru$  Olihrje  eux  ille  eîdem  eomîti 
jvr.jssii  ::'.  i;  sur^r  h:«  ornr.'rus  rjxilxum  largiretur.  »  pALOons 
L^k-?ivvv.N7^s:  (..";*V7:«:^.  ^J  s^.  i:ii.  Rohv.uj>  ds  Salbuts  (MG, 
S 5  .  XIX.  ii'i  .-ri:  ,çr.:T!jr.:  :  »  E:  ^u:j  prsiictus  dux  homoerai 
I .  b>:  r- !  s  s." :  >; •.: jtv.:  -•  q u  ,*  >. i  br;r j  p\:  îer.»  t  nul: libus  erogabat,  neceMÎiate 
.Tjjrjs  pr.n^o  C.iU'rr:..-r.  rr^  soxa^ânu  miUibus  bisantiomm.  pr^ 
phji:o  Ck':r.::;  :r,  r:ir.orj  p?5;::i.  postea  m.^Jiam  civicatem  Panomit, 
v;-.:.v  i*:    ■.irj  Vjrv,\::ririo  poriinobù:.  dit  veadidit.  • 

Ai-nc  soTv.bîj  m;ï.:x  ir..vr:r.é  lorsque!  «:crit  jue  Taniice  (c*eat<^^liie 
L'5  N.rr.ir.Js  Is  l'arTn^ï:^  :.:c  Jo::suI:^e  au  sujet  du  portage  de  la 
^.;;I:  :  j  j;:;:;:  ;:roqi:;.*  izi  ecfec  les  Ncnnanda  n'avaient  pas  encore 
z:,.i  .;  r..:c  r.r.'.j:  '"."..ib.'.ujj  ^'clir.'  L^rs  chcî's.  Aimé  est  aussi  seul 
.■  r  -.:<  rrror.ire  quj  Robert  se  rcscna  h  moitié  de  Messine,  Mala- 
i.rr>  ne  pirlc  p.is  de  «.ccie  vi'.Io  e;  \z  texte  de  Fako  de  BénéTeni,  dié 
rl-is  ha.ti.  Jonr.e  sur  ce  p^'int  rji&on  à  Aime, 

O  >■  no-.:s  sup^Tb;»  rcsiscit  humilibusauiemdat  gratiam*.  itépit. 
de  S    Pierre.  V.  5. 


259 

empereor  qui  se  clamoit  Otte,  et  ixi  lo  secont  empereour 
qui  avist  nom  Otte.  Cestui  empereor  de  Rome,  o  tout  lo 
exercit  de  H  Todesque  de  Ytalie  et  tout  son  pooir  non  pot 
domer  ne  abatre  la  malice  de  li  Sarrazin  ;  car  li  païen 
vîndrent  deçà  de  la  mer  contre  lui,  et  pristrent  lo  empe- 
reor, et  lo  destruitrent  lui  et  sa  compaingnie,  et  tuit  si 
chevalier,  et  menèrent  li  meillor  de  li  Sarrazin  en  prison 
et  lor  firent  damage  grant  (i).  Et  autresi  li  empeor  de 
Costentinoble  combati  lonc-temps  contre  li  Sarrasin  de 
Sycille,  et  despendi  son  trésor,  liquel  estoit  acquesté  de 
lonc-temps,  et  prist  Tynsulle  de  Sycille,  mes  en  brief  temps 
la  perd i  (2).  Mes  lo  duc  Robert,  liquel  estoit  si  glorioz 
en  touz  ses  faiz,  en  .v.  moiz  veinchi  Palerme  ;  quar  de  lo 
moiz  de  agouste  passa  la  mer,  et  en  la  nativité  de  Jshu- 
Christ  et  par  la  grâce  de  Dieu  tint  ce  que  il  veinchi,  et 
acquesteta  continuelment  (3).  Et  ce  doit  entendre  que 

(i)  II  s*agit  de  Tempereur  Othon  11,  vaincu  près  de  Cotrone  par 
les  Sarrasins,  le  1 3  juillet  982  ;  Tempereur  né  fut  cependant  pas  fait 
prisonnier,  ainsi  que  le  dit  Aimé;  il  put  comme  par  miracle  se  sauver 
et  gagner  Capoue. 

(2)  Michel  IV,  empereur  de  Constantinople  et  l'expédition*  des 
Grecs  en  Sicile  en  io38.  Cf.  supra f  Aimé,  II,  14. 

(3)  Aimé  se  trompe,  ce  n*est  pas  à  la  Noël  de  1071,  mais  le  10  jan- 
vier 1072,  que  Robert  Guiscard  est  entré  en  vainqueur  à  Palerme. 
Ainsi  on  lit  dans  la  Ignoti  Barbnsis  Chronicon  :  «  Mill  LXXII,  Indict. 
X*,  capta  est  Palermo  ab  ipso  duca,  X*  die  intrante  mense  Jan  ».  De 
même  dans  la  Lupi  Chronicon  ad  an,  1072  :  «  mense  januarii,  die  10, 
introivit  Robertus  dux  in  Panhormum  civitatem  Sicilis  ».  La  CAro- 
nicon  brève  Normannicum  donne  également  la  date  de  1072;  c'est 
évidemment  par  une  faute  de  copiste  qu'elle  porte  :  mense  Junio  au 
lieu  de  mense  Janua,  Cette  date  du  10  janvier  1072  ne  contredit  pas 
celle  que  donne  Malatcrra;  celui-ci  dit,  il  est  vrai,  que  Palerme  fut 
prise  en  1071,  mais  on  sait  que  pour  ce  chroniqueur,  la  nouvelle 
année  commençait  au  25  mars.  Au  10  janvier  1072,  on  était  donc 
pour  lui  encore  en  107 1. 


26o 

quant  lo  duc  estoit  vif  ceste  ystoire  fu  escripte,  et  puiz 
vescut  longuement.  Et  lo  nombre  de  li  Sarrazin  liquel 
furent  occis  et  de  ceux  qui  furent  pris  et  qui  furent  vendut 
non  en  puet  estre  mémoire. 

Cap.  23.  Or  se  dit  ensi  l'estoire  que  puiz  que  lo  conie 
Rogicr  fu  mis  en  possession  de  toute  la  Sycille  par  la 
main  de  son  frère,  s^efforsa  par  lo  conmandement  de  lo 
duc  de  prendre  autres  cités.  Et  pensa  lo  duc  les  liez  espe- 
cials  des  cités;  il  eslut  un  lieu  molt  haut  là  ou  il  fist  une 
forte  roche^  et  la  fist  molt  bien  garder,  et  la  forni  de  choses 
de  vivre,  pour  lonc-temps  et  a  grant  abondance  (i  j.  Et 
un  jour  ala  par  tote  la  roche,  et  vit  grandissime  pala  de 
li  Sarrazin,  entre  liquel  vit  Teglize  de  Sainte-Marie  a  la 
manière  d^un  four.  Et  lo  duc  souspira,  quar  li  palais  de 
li  Sarrazin  estoicnt  haut,  et  la  cort  de  la  vierge  Marie  o 
laides  colors  appene  apparoît.  Et  puiz  dîst  ceste  parole  : 
«  Je  voil  que  cest  eglize  soit  abatue  >  ;  et  donna  molt  de 
denier  pour  marbre  et  pour  pierres  quarrécs,  et  molt 
honestemcnt  la  fist  rehedifier  (2].  Et  puiz  clama  cil  de  la 
cité,  et  lor  conta  et  dist  lo  damage  quMl  avoitreceu,  et  lor 
dist  lo  nombre  de  li  cheval  qu^il  avoit  perdu.  Et  se  mostra 
molt  corrocié  poiir  ce  qu^il  avoit  despendu  por  prendre  la 
cité.  Et  alors  ot  molt  de  domps  et  molt  de  monnoie,  et 

(i)  Sur  cette  «  forte  roche  »  que  fit  construire  Robert  Guitcvd 
pour  maintenir  dans  Tobéissance  la  ville  sarrasine,  voyez  les  curieux 
détails  donnes  par  Amari  {Storia  dei  Musulmani  di  Sicilia,  t.  lU^ 
p.  l'iO  s'jq.) 

(2)  Amari,  /.  c,  p.  l 'iijy  écrit  au  sujet  de  cette  église  :  «  Par  sîaquesta 
la  chicsii  ili  Santa  Maria  délia  Grotta,  che  i  ricordi  ecclesiaitîci  délit 
Sicilia  portano  fondata  da  Roberto  Guiscardo,  con  un  monattcro 
basiliano  et  con  béni  ncl  tcrritorio  di  Mizara  ;  la  stessa  forse  che  si 
addimanilo  poi  di  Gerusalcmme,  cui  Tantica  stnittura  e  rornamenio 
di  mosaici  non  camparono  dalla  distruzione  a'  tempi  del  Fasello.  » 


26l 

rechut  pour  ostage  li  fill  del  meiilor  home  de  la  terre,  et 
o  victoire  glorieuse  torna  en  Calabrc.  Mes  Testoire  dît 
ensi  secont  que  dit  li  moine  qui  ceste  ystoire  compila  que 
qui  voudroit  escrivre  la  bataille  de  lo  conte  Rogier  contre 
li  Sarrazin,  que  il  covendroit  faire  un  livre  tout  novcU, 
liquel  seroit  un  grant  volume.  Toutes  voies  a  ce  que  sacent 
ceuz  qui  devent  venir  après,  dist  en  somme  de  la  bataille 
que  il  ot  avec  li  Sarrazin  et  avec  li  Barbarre;  mes  Payde 
de  Dieu  fu  veinceor.  Mes  cestui  moine  qui  cest  livre  com- 
pila se  escuze,  et  fist  bien  que  sanz  celle  bataille  laquelle 
avoit  faite  avant  que  se  rendist  Palerme,  de  laquelle  non 
fait  mention  cest  livre,  et  autresi  en  fist  depuiz  lo  conte 
Guillerme  comment  se  conte  en  autre  livre  (i). 

Cap.  24.  Lo  prince  Richart,  puiz  qu^il  fu  en  repos  et 
en  son  bon  estât,  et  sans  nulle  adversité,  si  come  fu  dit 
desus,  donna  Aquin  a  son  iilz  Jordan.  Et  se  Guillerme  (2) 
prince  avoit  passé  lo  petit  feu  de  Guillerme  son  gendre, 
loquel  estoit  mort,  entra  en  plus  grant  flame.  Quar  autresi 
lo  fill  est  contre  lo  père,  quar  lo  frère  de  cestui  prince  et 
son  fil,  c'est  Raynolfe  et  Jordan,  trattoient  de  apeticier 
Tonor  del  prince,  et  pour  ce  qu'il  avoient  rechut  de  lui, 
se  armèrent  contre  lui.  Mes  lo  prince  met  toute  son  espé- 
rance et  toute  sa  foi  en  Dieu  et  en  saint  Benedit  pour  avoir 
Aquin,  loquelle  desirroit  de  avoir.  Dont  se  parti  de  Capue, 
et  s'en  ala  a  Aquin,  et  amonesta  cil  de  la  cité,  et  o.losenge 
donna  favor  a  Adenolfe,  observant  celles  coses  qui  sont 
en  usance  de  estre  de  lo  seignor,  et  ce  faisoit-il  que  non 

(1)  Cette  fin  du  chapitre  est,  comme  on  le  voit,  bien  obscure,  bien 
mal  traduite,  quel  est  ce  comte  Guillaume  ?  s*agit-il  du  petit-fils  de 
Robert  Guiscard,  du  fils  du  duc  Roger?  ce  comte  Guillaume  fut  duc 
de  Fouille  de  1 1 1 1  à  1 127.  Le  traducteur  n*a-t-il  pas  écrit  «  lo  conte 
Guillerme  »  au  lieu  de  «  lo  conte  Roger  »  ? 

(a)  Il  faut  Richard  au  lieu  de  Guillerme. 


IzL  rzsPi  '*'  iz  Ttzizrèt  i*  la  cî:i.  Cesnû  dos  par  U  potesié 
rTî'_::re.  \iz-tlt  **:  et  riiri  I>Lz  et  -ustice,  cornent  jagie 
cj  riHl:  :*r:i  poen*  :r>DC«ii  cocaïc  lui.  Mes  qaeest 
r'**:::i£r.e  ii  ri -5  iir*  -  Po:îr  U  ]vi:ssasoe  del  saint  Bc- 
nc::  ir:'r^  iu:  :rer.:  £-ser:bIc  la  se^gnorie  et  dignité  de 
ts'Tt  rrftcr.  E:  7:1:1  Aienrif?  e:  Jordan  furent  désespérés 
i*  liiii  i*  A::.::r..  e:  cerchtrem  de  «Toir  la  grâce  de  lo 
prnre.  Mes  1?  rrir.re  irnna  la  garde  de  la  rochede  Aqutn 
a  irtre  Désiiere.  =r bé  ie  Ment  de  Cassyn  :  1  ;. 

Ca?.  25.  E:  \ia.T,\  \'j  prince  v:i  que  la  mérite  de  saint 
Ecneil:  lu:  aiiji:  er.  :oii:es  ses  nécessités:  car  sanz  ba- 
taille :r.er:".a  et  cpenir  Aquia  ;  et  pour  ce  qu'il  vouloit 
rcc:is:re  s-jn  r:cnas:ier,  cla:r.a  a  soi  l'abbé  et  lui  distson 
ententîon.  quar  pour  la  gloriose  mérite  de  monseignor 
saint  Benedi:.  e:  de  ii  frère  li  juel  estoient  en  lo  saint  mo- 
nastier.  et  pour  lor  proiere  s* es*  defiendu  de  ses  anemis,  et 
ot  viaoîre  de  eaux.  Et  pour  ce,  il  vouloit  donner  a  lo 
monastier  aucune  cose  de  Aquin,  pour  lo  enforcier  par 


^i)  Tout  cet  expou  est  bien  confus:  Toid,  sauf  errear,  qad  eacM 
le  sens  :  Guillaume  de  Mon  treuil  et  Adénulfe,  celui-d  rcprésenUDt 
la  v:e;ljc  dyr.astic  le- m  barde  ces  comtes  d'Aquino  avaient,  luivam  la 
disposition  ic  Richard  de  Capoue,  chacun  une  moitié  de  la  ville  et 
du  comte  dWquino  ,;f.  supra,  VII.  6,  p.  172,  note  i).  Après  la  n^ 
volte  et  h  mort  de  Guillaume  de  Montrcuil,  le  prince  Richard  donna 
à  s^jn  nls  Jourdain  la  moitié  delà  ville  et  du  comté  d*Aqiûiio  devenue 
libre  par  cette  mon.  Jourdain  s'étant  révolté  contre  son  père,  le  prince 
Richard  accourut  a  A^i^ino.  et  comme  Adcnulfe  lui  était  resté  fidèle, 
il  luiconna  1c  gouvernement  ci\*il  et  judiciaire  de  la  ville  ;  mais  pour 
<\\\*i  le  seignenr  lombard  ne  fut  pas  tenté  de  chercher  à  se  rendre 
indépendant,  il  décida  quL*  le  château-fort  d*Aquino  serait  occupé 
par  les  représentants  de  Didier,  abbé  du  Mont-Cassin.  A  Tavant* 
^lernicrc  phrase  du  chapitre,  au  lieu  de  «  Adenolfie  et  Jordan  »,  0  faut 
H  Raynolfe  et  Jordan  ■. 


263 

ystrument  ou  par  tel  manière  que  miex  puet  estre.  Et 
quant  lo  abbé  oï  et  entendi  la  bone  volenté  de  lo  prince, 
il  fu  molt  liez  et  joiant  de  ceste  promission,  et  lo  fist  assa- 
voir a  cil  de  Aquin,  et  lor  pria  pour  Dieu  que  de  lorbone 
volenté  lor  plaise  a  faire  ce  que  lo  conte  commande.  Pre- 
merement  cil  de  la  cité  lui  douèrent  la  grâce  a  Tabbé  de 
avoir  seîgnorie;  et  puiz  s'en  firent  gabe  et  truffe,  et  se  par- 
tirent par  diverses  volentés,  et,  en  la  fin,  distrent  qu'il  non 
vouloient  estre  subjecte  a  home  qui  porte  cocolle,  mes  a 
home  qui  porte  arme.  Un  jor  coment  estoit  acostumance 
autresi  coment  par  paiz,  montèrent  li  citadin  sur  la  roche, 
et  un  moine  qui  i  estoit  avec  autres  homes  pour  garder  la 
roche  pour  lo  abbé  pristrent,  et  bâtirent,  et  chacerent 
defors,  et  il  pristrent  a  garder  la  roche.  Lo  prince  confor- 
toit  Tabbé  et  li  moine  par  ses  messages  et  disoit  :  «  Je  non 
cerche  de  vouz  lo  castel,  ne  a  ceuz  a  cui  je  en  avoie  comise 
la  cure,  mes  je  lo  cerche  a  saint  Benoît,  liquellomeavoit 
doné.  » 

Cap.  26.  Et  puiz  que  la  venjance  de  Dieu  délivra  prince 
Richart  de  la  perversité  de  Guillerme,  vint  a  Aquin  et 
cercha  la  cité  de  lo  conte  Raynolfe  et  de  li  citadin,  et  lour 
prometoit  de  les  garder  en  paiz  et  en  liberté  acostumée. 
Et  prometoit  de  doner  la  part  a  lo  conte  Adenolfe  et  a  li 
frère.  Lo  conte  non  lo  contredist,  et  cil  de  la  cité  lo  firent 
volentiers,  et  ensi  donnèrent  la  cité  a  lo  prince. 

Cap.  27.  Lo  prince  et  lo  abbé  Desidere  allèrent  a  la  cité 
et  cercherent  la  volenté  de  cil  de  la  cité,  et  lor  demandèrent 
pourquoi  firent  ceste  novité;  et  cil  qui  estoient  de  la  cité 
lor  respondirent  paroles  faussez  et  vainnes,  autresi  com- 
ment parole  asquelles  non  avoit  vérité  ne  raison.  Et  di- 
soient que  la  roche  vouloient  salver  a  la  fidélité  de  lo 


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COMENCENT  LI   CAPITULE   DE   LO  SEPTISME 


Cap.  I.  Cornent  lo  prince  Richart,  pour  la  proiere  deloduc 
Robert,  manda  son  fi  Hz  Jordain  a  Palerme,  et  cornent  lo  fist 
torner  arrière. 

Cap.  2.  Cornent  lo  prince,  avec  li  autre,  firent  commotion 
contre  lo  duc  Robert  Viscart. 

Cap.  3.  Cornent  lo  duc  conquesta  Palerme,  et  coment  il 
torna  pour  persécuter  ses  anemis. 

Cap.  4.  Coment  Guide  et  Coffre  Ridelle  présentèrent  a  lo 
duc  doi  prison,  et  lo  duc  les  mist  en  prison. 

Cap.  5.  Coment  lo  prince  Richart  retorna  a  Capue,  et  co- 
ment lo  duc  conquesta  Antri  et  La  Cysterne. 

Cap.  6.  Coment  lo  duc  Robert  mist  lo  siège  sur  la  cité  de 
Cidonie,  et  prist  Ricchart  lo  neveu  del  prince  Richart,  et  lo 
fist  son  chevalier. 

Cap.  7.  Coment  lo  duc  fu  malade,  et  lo  pape  Alixandre  fu 
mort,  et  fu  fait  pape  Heldeprande. 

Cap.  s.  Coment  lo  pape  manda  messages  a  la  moillierde  lo 
duc. 

Cap.  9.  Coment  lo  pape  manda  cerchant  lo  duc  par  l'abbé 
de  Mont  de  Cassyn,  et  coment  se  partirent  irés  et  corrociez 
ensemble.  / 

Cap.  I  o.  Coment  lo  pape  se  parti  de  Capue,  et  coment  lo 
duc  commensa  a  persécuter  Richart  et  li  filz  de  Burello,  et 
quel  damage  lor  fist. 

Cap.  II.  Coment  li  conte  de  Aquin  se  partirent,  et  dui 
furent  avec  lo  prince  et  .ij.  avec  lo  conte  Rogier. 


ibt 


C\r.  12.  Cornent  lo  pape  et  Richart  et  Gisolfe  prince 
tirent  ;)mistiô«  et  contre  lo  duc  clamèrent  en  aide  Béatrice  et 
MaihiMe. 

Ckw  i3.  Cornent  Gisolfe  appareilla  pour  avoir  chevalier, 
Cl  coiuciit  puiz  les  assembla  en  lo  mont  Cymine.  Li  Pisan  lo 
ciTchorcnt  do  occire,  et  il  fouYr  la  nuit. 

iV\i*.  14.  Cornent  lo  duc  vint  a  Bonivent  quant  lo  pape 
lo  tîst  cl.uuer  en  un  jor  ordenc,  et  lo  pape  non  vint  a  Bo- 
ni vciu. 

i^\r.  I  S.  Cornent  lo  duc  vint  a  la  padule  de  Naplc,  et  fisi 
covcnance  avec  lo  maistre  de  la  chevalerie,  et  lo  prince  se 
appareilla  de  l'aire  contre  lui  bataille. 

C\i\  lô.  Cornent  il  obedirent  a  lo  comandement  de  lo 
abbé  IVstd^re  de  Mont  de  Cassyn,  et  ces  .ij.  tornerent  a  paix, 
et  pour  la  proiere  del  prince  lo  duc  remez  a  La  Cerre. 

(y\r  17.  Cornent  a  jor  ordené  vindrent  a  Pice,  et  que 
tirent,  et  cornent  se  partirent  corrodez. 

Cap.  1$.  (Arment  lo  duc  pcrsequta  Balarde  en  la  dté  de 
Sùnt-Severe.  et  Guillermeestoit  a  lo  castel  Bellarie,  qui  ensi 
se  clame. 

Cap.  10.  Oe  lu  largesce  de  Rogier  filz  de  lo  duc  Robert. 

Cap.  io.  Coment  la  ducesse  estoit  anémie  de  Balarde,  que 
en  lo  infermetc  de  lo  duc  se  desdaigna  de  soi  faire  chevalier 
do  la  main  de  l\Oi;ier  til  de  lo  duc. 

Cap.  21.  Coment  tu  chacic  Balarde  et  Guillermc,  lo  duc 
acqucsta  S.iint-Severc  et  chastel  Valaire. 

Cm\  ii,  Coment  li  chevalier  de  lo  prince  pristrent  Girart, 
et  vainchi  ceaux  qui  s*estoient  parti  de  la  fidélité  soe. 

Ckv.  y^.  Quel  terre  tenoit  li  conte  de  Aquin  ;  qui  estoit  de 
la  part  Je  lo  prince,  et  celltii  qui  estoit  de  la  part  de  lo  duc. 

Cap.    j?.    IV  la  bataille  qu'il  tirent  entre  eaux. 

Cap.  li^.  (^ mien t- son  tilz  Garilione  et  Robert  de  Lauritelle 
manda  a  Ki  la  larde  pour  lui  chacier. 

Cap.  27.  (Arment  dona  sa  tille  a  lo  iilz  del  impereor  de 
Costeniinoble  pour  moillier,  et  rechut  chascun  an  tribut  de 
lui. 


267 

Cap.  28.  Cornent  lo  roy  de  li  Todesque  manda  messages  a 
lo  duc  Robert  Viscart,  et  cornent  lor  respondi  lo  duc. 

Cap.  29.  Cornent  11  home  pacifice  aloient  et  venoient  de  lo 
duc  a  lo  prince. 

Cap.  3o.  Coment  ces  seignors  font  ensemble  parentesce. 

Cap.  3 1 .  Coment  fu  pris  lo  conte  Transmonde  et  lo  trésor 
de  Saint-Jehan,  et  coment  lo  duc  Robert  aquesta  une  part  de 
la  Marche. 

Cap.  32.  Coment  Robert  combati  contre  une  diverse  gent, 
et  les  veinchi  touz  et  occist. 

Cap.  33.  Coment  li  conte  Transmunde  et  11  autre  prison 
furent  délivré  de  prison. 

Cap.  34.  Coment  Jordain  filz  de  lo  prince  de  Capue  recovra 
la  grâce  et  Tamor  de  son  père,  et  ala  sur  la  terre  de  Marse. 

Cap.  35.  De  la  perversité  de  Transmunde.  Coment  Bcrnart 
comte  de  Marse  afflixe  et  destruist  son  frère  liquel  estoit 
evesque,  et  ce  qu'il  lui  fist. 

Ci  finissent  li  capitule  de  ,vij,  livre. 


26o 

quant  lo  duc  estoit  vif  ceste  ystoîre  fu  escripte,  et  puiz 
vescut  longuement.  Et  lo  nombre  de  li  Sarrazin  liquel 
furent  occis  et  de  ceux  qui  furent  pris  et  qui  furent  vendut 
non  en  puet  estre  mémoire. 

Cap.  23.  Or  se  dit  ensi  l'estoire  que  puiz  que  lo  conte 
Rogicr  fu  mis  en  possession  de  toute  la  Sycille  par  la 
main  de  son  frère,  s'efforsa  par  lo  con mandement  de  lo 
duc  de  prendre  autres  cités.  Et  pensa  lo  duc  les  liez  espe- 
cials  des  cités;  il  eslut  un  lieu  molt  haut  là  ou  il  fist  une 
forte  roche,  et  la  fist  molt  bien  garder,  et  la  fornî  de  choses 
de  vivre,  pour  lonc-temps  et  a  grant  abondance  (i).  Et 
un  jour  ala  par  tote  la  roche,  et  vit  grandissime  pala  de 
li  Sarrazin,  entre  liquel  vit  Teglize  de  Sainte-Marie  a  la 
manière  d'un  four.  Et  lo  duc  souspira,  quar  li  palais  de 
li  Sarrazin  estoicnt  haut,  et  la  cort  de  la  vierge  Marie  o 
laides  colors  appene  apparoît.  Et  puiz  dist  ceste  parole  : 
«  Je  voil  que  cest  eglizc  soit  abatuc  >  ;  et  donna  molt  de 
denier  pour  marbre  et  pour  pierres  quarrécs,  et  moh 
honestcment  la  fist  rehcdiiier  (2].  Et  puiz  clama  cil  de  la 
cité,  et  lor  conta  et  dist  lo  damage  qu'il  avoitreceu,  et  lor 
dist  lo  nombre  de  li  cheval  qu'il  avoit  perdu.  Et  se  mostra 
molt  corrocié  poiir  ce  qu'il  avoit  despendu  por  prendre  la 
cité.  Et  alors  ot  molt  de  domps  et  molt  de  monnoie,  et 

(i)  Sur  cette  «  forte  roche  »  que  fit  construire  Robert  Guitcud 
pour  maintenir  dans  l'obéissance  la  ville  sarrasine,  voyez  lei  curieux 
détails  donnes  par  Amari  {Storia  dei  Musulmani  di  Sicilia,  t.  III^ 
p.  i36  sqq.) 

(2)  Amari,  /.  c,  p.  i3(j,  écrit  au  sujet  de  cette  église  :  «  Par  lia  qucsn 
la  chicsa  di  Santa  Maria  délia  Grotta,  che  i  ricordi  ecclesîaitici  dclla 
Sicilia  portano  fondata  da  Roberto  Guiscardo,  con  un  monastero 
basiliano  et  con  béni  ncl  territorio  di  Mizara  ;  la  ftessa  fone  che  ù 
addimando  poi  di  Gcrusalcmmc,  cui  Tantica  stnittura  e  rornamento 
di  mosaici  non  camparono  dalla  distruzione  a'  tempi  del  Fudlo.  » 


26l 

rechut  pour  ostage  li  fill  del  meiilor  home  de  la  terre,  et 
o  victoire  gloriouse  torna  en  Calabre.  Mes  Testoire  dit 
ensi  secont  que  dit  li  moine  qui  ceste  ystoire  compila  que 
qui  voudroit  escrivre  la  bataille  de  lo  conte  Rogier  contre 
li  Sarrazin,  que  il  covendroit  faire  un  livre  tout  novell, 
liquel  seroit  un  grant  volume.  Toutes  voies  a  ce  que  sacent 
ceuz  qui  devent  venir  après,  dist  en  somme  de  la  bataille 
que  il  ot  avec  li  Sarrazin  et  avec  li  Barbarre;  mes  Payde 
de  Dieu  fu  veinceor.  Mes  cestui  moine  qui  cest  livre  com- 
pila se  cscuze,  et  fist  bien  que  sanz  celle  bataille  laquelle 
avoit  faite  avant  que  se  rendist  Palerme,  de  laquelle  non 
fait  mention  cest  livre,  et  autresi  en  fist  depuiz  lo  conte 
Guillerme  comment  se  conte  en  autre  livre  (i). 

Cap.  24.  Lo  prince  Richart,  puiz  qu'il  fu  en  repos  et 
en  son  bon  estât,  et  sans  nulle  adversité,  si  come  fu  dit 
desus,  donna  Aquin  a  son  filz  Jordan.  Et  se  Guillerme  (2) 
prince  avoit  passé  lo  petit  feu  de  Guillerme  son  gendre, 
loquel  estoit  mort,  entra  en  plus  grant  fiame.  Quar  autresi 
lo  fill  est  contre  lo  père,  quar  lo  frère  de  cestui  prince  et 
son  fil,  c'est  Raynolfe  et  Jordan,  trattoient  de  apeticier 
Tonor  del  prince,  et  pour  ce  qu'il  avoient  rechut  de  lui, 
se  armèrent  contre  lui.  Mes  lo  prince  met  toute  son  espé- 
rance et  toute  sa  foi  en  Dieu  et  en  saint  Benedit  pour  avoir 
Aquin,  loquelledesirroît  de  avoir.  Dont  se  parti  de  Capue, 
et  s'en  ala  a  Aquin,  et  amonestacil  de  la  cité,  etodosenge 
donna  favor  a  Adenolfe,  observant  celles  coses  qui  sont 
en  usance  de  estre  de  lo  seignor,  et  ce  faisoit-il  que  non 

(i)  Cette  fin  du  chapitre  est,  comme  on  le  voit,  bien  obscure,  bien 
mal  traduite,  quel  est  ce  comte  Guillaume  ?  s*agit-il  du  petit-fils  de 
Robert  Guiscard,  du  fils  du  duc  Roger  ?  ce  comte  Guillaume  fut  duc 
de  Fouille  de  1 1 1 1  à  1 127.  Le  traducteur  n'a-t-il  pas  écrit  «  lo  conte 
Guillerme  »  au  lieu  de  «  lo  conte  Roger  »  ? 

(a)  Il  faut  Richard  au  lieu  de  Guillerme. 


262 

lui  fust  tenut  Tentrëe  de  la  cité.  Cestui  doa  par  la  potesté 
prétoire,  laquelle  est  de  faire  loiz  et  justice,  cornent  joge 
ou  ballîf  ;  ces  te  poesté  opponent  contre  lui.  Mes  que  est 
besoingne  de  plus  dire?  Pour  la  puissance  de!  saint  Be- 
noit ambe  dui  orent  ensemble  la  seignorie  et  dignité  de 
estre  pretor.  Et  puiz  Adenolfe  et  Jordan  furent  désespérés 
de  Taide  de  Aquin,  et  cercherent  de  avoir  la  grâce  de  lo 
prince.  Mes  lo  prince  donna  la  garde  de  la  rochede  Aquin 

a  frère  Desidere,  abbé  de  Mont  de  Cassyn  (i). 

• 

Cap.  25.  Et  quant  lo  prince  vit  que  la  mérite  de  saint 
Bcnedit  lui  aidoit  en  toutes  ses  nécessités;  car  sanz  ba- 
taille mérita  de  optenir  Aquin  ;  et  pour  ce  qu'il  vouloit 
recoistrc  son  monasticr,  clama  a  soi  Tabbé  et  lui  dist  son 
entention,  quar  pour  la  gloriose  mérite  de  monseignor 
saint  Benedit,  et  de  li  frère  liquel  estoient  en  lo  saint  mo- 
nastier,  et  pour  lor  proiere  s'est  deffendu  de  ses  anemis,  et 
ot  viaoire  de  eaux.  Et  pour  ce,  il  vouloit  donner  a  lo 
monastier  aucune  cose  de  Aquin,  pour  lo  enforaier  par 


(i)  Tout  cet  exposé  est  bien  confus;  ^oîd,  sauf  erreur,  quel  en  est 
le  sens  :  Guillaume  de  Mon  treuil  et  Adénulfe,  celui-ci  rq^résentint 
la  vieille  dynastie  lombarde  des  comtes  d*Aquino  avaient,  suivant  la 
disposition  de  Richard  de  Capoue,  chacun  une  moitié  de  la  ville  et 
du  comté  d*Aquino  (cf.  supra,  VH,  6,  p.  17a,  note  i).  Après  la  ré- 
volte et  la  mort  de  Guillaume  de  Montreuil,  le  prince  Richard  donna 
à  son  fîls  Jourdain  la  moitié  delà  ville  et  du  comté  d'Aquifao devenue 
libre  par  cotte  mort.  Jourdain  s^étant  révolté  contre  son  père,  le  prince 
Richard  accourut  à  Aquino,  et  comme  Adénulfc  lui  était  resté  fidèle, 
il  lui  confia  le  gouvernement  civil  et  judiciaire  de  la  ville;  mais  pour 
que  le  seigneur  lombard  ne  fut  pas  tenté  de  chercher  à  se  rendre 
indépendant,  il  décida  que  le  château-fort  d'Aquino  serait  occupé 
par  les  représentants  de  Didier,  abbé  du  Mont-Cassin.  A  Tavant- 
dernicrc  phrase  du  chapitre,  au  lieu  de  «  Adenolfe  et  Jordan  »,  3  init 
«  Raynolfe  et  Jordan  ». 


263 

ystrument  ou  par  tel  manière  que  miex  puet  estre.  Et 
quant  lo  abbé  oï  et  entendi  la  bone  volenté  de  lo  prince, 
il  fu  molt  liez  et  joiant  de  ceste  promission,  et  lo  fist  assa- 
voir a  cil  de  Aquin,  et  lor  pria  pour  Dieu  que  de  lorbone 
volenté  lor  plaise  a  faire  ce  que  lo  conte  commande.  Pre- 
merement  cil  de  la  cité  lui  douèrent  la  grâce  a  Tabbé  de 
avoir  seignorie;  et  puiz  s'en  firent  gabe  et  truffe,  et  se  par- 
tirent par  diverses  volentés,  et,  en  la  fin,  distrent  qu'il  non 
vouloient  estre  subjecte  a  home  qui  porte  cocolle,  mes  a 
home  qui  porte  arme.  Un  jor  cornent  estoit  acostumance 
autresi  coment  par  paiz,  montèrent  li  citadin  sur  la  roche, 
et  un  moine  qui  i  estoit  avec  autres  homes  pour  garder  la 
roche  pour  lo  abbé  pristrent,  et  bâtirent,  et  chacerent 
defors,  et  il  pristrent  a  garder  la  roche.  Lo  prince  confor- 
toit  Tabbé  et  li  moine  par  ses  messages  et  disoit  :  «  Je  non 
cerche  de  vouz  lo  castel,  ne  a  ceuz  a  cui  je  en  avoie  comise 
la  cure,  mes  je  lo  cerche  a  saint  Benoît,  liquellomeavoit 
doné.  » 

dp.  26.  Et  puiz  que  la  venjance  de  Dieu  délivra  prince 
Richart  de  la  perversité  de  Guillerme,  vint  a  Aquin  et 
cercha  la  cité  de  lo  conte  Raynolfe  et  de  li  citadin,  et  lour 
prometoit  de  les  garder  en  paiz  et  en  liberté  acostumée. 
Et  prometoit  de  doner  la  part  a  lo  conte  Adenolfe  et  a  li 
frère.  Lo  conte  non  lo  contredist,  et  cil  de  la  cité  lo  firent 
volentiers,  et  ensi  donnèrent  la  cité  a  lo  prince. 

Cap.  27.  Lo  prince  et  lo  abbé  Desidere  allèrent  a  la  cité 
et  cercherent  la  volenté  de  cil  de  la  cité,  et  lor  demandèrent 
pourquoi  firent  ceste  novité;  et  cil  qui  estoient  de  la  cité 
lor  respondirent  paroles  faussez  et  vainnes,  autresi  com- 
ment parole  asquelles  non  avoit  vérité  ne  raison.  Et  dî- 
soient  que  la  roche  vouloient  salver  a  la  fidélité  de  lo 


264 

prince,  et  lui  vouloient  paier  lo  tribut  loquel  estoit  acos- 
tumé  chascun  an  (i). 

dp.  28.  Lo  prince  torna  a  Capue,  et  appareilla  de  iaîrc 
ost  sur  lo  castel  del  frère  de  Raynier,  evesque  de  Gaieté. 
Et  puiz  atornoia  lo  castel,  quar  nul  fomement  de  chose 
de  mengier  non  i  avoit.  Et  en  dui  }ors  fu  tout  afamé.  Et 
cellui  chastel  se  clamoit  Sulie  (2). 

Cap.  2g.  Jordain,  lo  fil  de  lo  prince,  assembla  chevaliers 
et  se  feinst  de  aler  a  Capue.  Et  quant  il  vit  enter  de  la  cité 
de  Aquin  li  buef  qui  aroient  et  les  berbis  qui  paissolent, 
confortoit  li  home  qui  trovoit  a  laborer,  et  puiz  se  endost 
emmi  de  li  home  et  de  li  beste,  et  fist  une  proie^  les  bestes 
consuma  et  de  li  home  alcun  en  vendi  a  lor  parent,  et 
aucun  en  retint  en  prison,  et  alcun  furent  mort  en  la  pri- 
son. O  tu,  Aquin  !  cestui  mal^est  venut  sur  toi  !  Et  finice 
cestc  chose,  Jordain  tint  la  roche  et  la  cité. 

Ci  se  finis  t  lo  .vj, 

(i)  ^1  semble  donc,  d*après  ces  deux  chapitres  a6  et  »7,  qu*à  la  suite 
de  Texpulsion  des  moines  du  Mont-Cassin/  les  habitants  d'Aquîno 
aient  obtenu  du  prince  Richard  de  garder  à  leur  tête  AdénuUe  et  ses 
frères,  c'est-à-dire  Tancienne  dynastie  lombarde  sauf  à  «  ptier  lo 
tribut  loquel  estoit  acostumé  chascun  an.  » 

(2)  Nous  savons  en  effet  qu'il  y  avait  au  mois  de  mai  1070,  un 
comte  de  Suio  du  nom  de  Rénier  et  que  ce  comte  Renier  aviît  un 
frère  qui  s'appelait  Léon  et  était  évêque  de  Ga£te;cf.  Finnud, 
lib.  cit.y  p.  416,  et  Ughblli,  Italia  sacra,  t  I,  p.  434  aqq.  —  Suio 
est  actuellement  un  village  de  400  habitants  environ,  près  de  Caild* 
forte,  dans  le  diocèse  de  Gaëte. 


COMENCENT  LI   CAPITULE   DE   LO  SEPTISME 


Cap.  I.  Cornent  lo  prince  Richart,  pour  la  proiere  deloduc 
Robert,  manda  son  fillz  Jordain  a  Palerme,  et  cornent  lo  fîst 
torner  arrière. 

Cap.  2.  Cornent  lo  prince,  avec  U  autre,  firent  comtnotion 
contre  lo  duc  Robert  Viscart. 

Cap.  3.  Cornent  lo  duc  conquesta  Palerme,  et  cornent  il 
torna  pour  persécuter  ses  anemis. 

Cap.  4.  Cornent  Guide  et  Coffre  Ridelle  présentèrent  a  lo 
duc  doi  prison,  et  lo  duc  les  mist  en  prison. 

Cap.  5.  Cornent  lo  prince  Richart  retorna  a  Capue,  et  co- 
rnent lo  duc  conquesta  Antri  et  La  Cysterne. 

Cap.  6.  Cornent  lo  duc  Robert  mist  lo  siège  sur  la  cité  de 
Cidonie,  et  prist  Ricchart  lo  neveu  del  prince  Richart,  et  lo 
fist  son  chevalier. 

Cap.  7.  Coment  lo  duc  fu  malade,  et  lo  pape  Alixandre  fu 
mort,  et  fu  fait  pape  Heldeprande. 

Cap.  s.  Coment  lo  pape  manda  messages  a  la  moillier  de  lo 
duc. 

Cap.  9.  Coment  lo  pape  manda  cerchant  lo  duc  par  Tabbé 
de  Mont  de  Cassyn,  et  coment  se  partirent  irés  et  corrociez 
ensemble.  / 

Cap.  10.  Coment  lo  pape  se  parti  de  Capue,  et  coment  lo 
duc  commensa  a  persécuter  Richart  et  li  filz  de  Burello,  et 
quel  damage  lor  fist. 

Cap.  II.  Coment  li  conte  de  Aquin  se  partirent,  et  dui 
furent  avec  lo  prince  et  .ij.  avec  lo  conte  Rogier. 


266 


Cap.  12.  Cornent  lo  pape  et  Richart  et  Gîsolfc  prince 
firent  amistic,  et  contre  lo  duc  clamèrent  en  aide  Béatrice  et 
Mathildc. 

Cap.  i3.  Cornent  Gisolfe  appareilla  pour  avoir  chevalier, 
et  cornent  puiz  les  assembla  en  lo  mont  Cymine.  Li  Pisan  lo 
cercherent  de  occire,  et  il  fouïr  la  nuit. 

Cap.  14.  Cornent  lo  duc  vint  a  Bonivent  quant  lo  pape 
lo  fist  clamer  en  un  jor  ordené,  et  lo  pape  non  vint  a  Bo- 
nivent. 

Cap.  i3.  Comcnt  lo  duc  vint  a  la  padule  de  Naple,  et  fist 
covenance  avec  lo  maistre  de  la  chevalerie,  et  lo  prince  se 
appareilla  de  faire  contre  lui  bataille. 

Cap.  16.  Coment  il  obedirent  a  lo  comandement  de  lo 
abbc  Desidère  de  Mont  de  Cassyn,  et  ces  .îj.  tornerent  a  paix, 
et  pour  la  proierc  del  prince  lo  duc  remez  a  La  Cerre. 

Cap.  17.  Coment  a  jor  ordené  vindrent  a  Pice,  et  que 
firent,  et  coment  se  partirent  corrodez. 

Cap.  18.  Coment  lo  duc  pcrsequta  Balarde  en  la  cité  de 
Saint-Severe,  et  Guillerme  estoit  a  lo  castel  Bellarie,  qui  ensî 
se  clame. 

Cap.  1 9.  De  la  largesce  de  Rogier  filz  de  lo  duc  Robert. 

Cap.  20.  Coment  la  ducesse  estoit  anémie  de  Balarde,  que 
en  lo  infermeté  de  lo  duc  se  desdaigna  de  soi  faire  chevalier 
de  la  main  de  Rogier  fil  de  lo  duc. 

Cap.  21.  Coment  fu  chacic  Balarde  et  Guillerme,  lo  duc 
ncqucsta  Saint-Severc  et  chastel  Valaire. 

Cap.  22.  Coment  li  chevalier  de  lo  prince  pristrent  Girart, 
et  vninchi  ccaux  qui  s'estoient  parti  de  la  fidélité  soe. 

Cap.  23.  Quel  terre  tenoit  li  conte  de  Aquin  ;  qui  estoit  de 
la  pnrt  de  lo  prince,  et  ccllni  qui  estoit  de  la  part  de  lo  duc. 

C]ap.   ib.   De  la  bataille  qu*il  firent  entre  eaux. 

Cai'.  2Ù.  C<^mcnt-^son  filz  Garilione  et  Robert  de  Lauritelle 
manda  a  Balalarde  pour  lui  chacier. 

Cap.  27.  Coment  dona  sa  fille  a  lo  filz  del  impereor  de 
Costentinoble  pour  moillier,  et  rechut  chascun  an  tribut  de 
lui. 


267 

Cap.  28.  Cornent  lo  roy  de  li  Todesque  manda  messages  a 
lo  duc  Robert  Viscart,  et  cornent  lor  respondi  lo  duc. 

Cap.  29.  Cornent  11  home  pacifice  aloient  et  venoient  de  lo 
duc  a  lo  prince. 

Cap.  3o.  Cornent  ces  seignors  font  ensemble  parentesce. 

Cap.  3 1 .  Cornent  fu  pris  lo  conte  Transmonde  et  lo  trésor 
de  Saint-Jehan,  et  cornent  lo  duc  Robert  aquesta  une  part  de 
la  Marche. 

Cap.  32.  Cornent  Robert  combat!  contre  une  diverse  gent, 
et  les  veinchi  touz  et  occist. 

Cap.  33.  Cornent  li  conte  Transmunde  et  11  autre  prison 
furent  délivré  de  prison. 

Cap.  34.  Cornent  Jordain  filz  de  lo  prince  de  Capue  recovra 
la  grâce  et  Tamor  de  son  père,  et  ala  sur  la  terre  de  Marse. 

Cap.  35.  De  la  perversité  de  Transmunde.  Coment  Bernart 
comte  de  Marse  afflixe  et  destruist  son  frère  liquel  estoit 
evesque,  et  ce  qu'il  lui  fîst. 

Ci  finissent  li  capitule  de  ,vij\  livre. 


268 


CI  COMENCE  LO   SEPTIEME  LIVRE 


Cap.  I .  Geste  ystoire  de  cestui  .vij.  livre  si  nouz  dît  et 
raconte  que  espessement  venoient  sur  la  cité  de  Parlerme 
li  Arabi  et  li  Barbare,  et  faisoient  empediment  a  la  victo- 
riose  bataille  de  lo  duc  Robert,  et  pource  il  requist  et  cer- 
cha  Tajutoîre  de  lo  prince  Richart,  secont  ce  quMl  lui 
avoit  promis  (i)  et  creoit  qu'il  lui  deust  rendre  la  mérite 
de  l'aide  quMI  avoit  fait  a  lui.  Et  lo  prince  manda  Jordain 
son  filzo  tout  .i).c.  chevaliers,  et  lui  commanda  qu^îl  feist 
lo  commandement  de  lo  duc,  liquel  estoit  frère  de  la  meie 
et  son  oncle  (2).  Mes  lo  prince,  avant  que  son  filz  passast 
la  mer,  mua  conseill,  et  lui  manda  disant  qu'il  tornast  a 
lo  chaste  de  Saint-Angele. 

(i)  Cf.  supra,  l.  VI,  c.  la. 

(2)  Ce  texte  est  en  opposition  avec  ce  qu'Aimé  avait  dit  antérieu- 
rement, II,  44.  Dans  ce  passage,  Aimé  avait  avancé  que  Rodolphe 
Trincanoctc,  comte  d*Avcrsa,  avait  fait  épouser  sa  soeur  à  Richard, 
le  futur  comte  «.rAversa  et  prince  de  Capoue;  Rodolphe  Trincanocie 
étant  cousin  germain  de  Richard,  celui-ci  aurait  donc,  dans  ce  cas, 
épousé  sa  cousine  germaine.  Ici  au  contraire,  nous  voyons  que  Richard 
de  Capoue  a  épousé  la  sœur  de  Robert  Guiscard  ;  comme  Robert 
Guiscard  et  Rodolphe  Trincanoctc  n'étaient  nullement  frères,  il  ne 
s'agit  donc  pas  de  la  même  personne.  On  pourrait,  il  est  vrai,  ob- 
jecter qu'en  1072,  Richard  de  Capoue  avait  déjà  été  marié  deux  fois, 
une  première  fois  avec  sa  cousine  germaine,  la  sœur  de  Rodolphe 
Trincanoctc,  et  une  seconde  fois  avec  une  sœur  de  Robert  Guiscard. 
Deux  raisons  s'opposent  à  cette  supposition  ;  d'abord  la 


269 

■ 
• 

Cap.  2.  Lo  prince  vit  et  regarda  que  lo  duc  avoit 
a  Palerme  molt  empediment,  pensa  de  faire  commotion 
contre  lo  duc,  et  fist  ligue  avec  duî  frères,  c'est  avec 
H  fill  de  Piètre  de  liquel  un  avoit  nom  Piètre  et  l'autre 
Falgutce,  et  les  manda  pour  faire  damage  a  lo  duc  et 
levèrent  li  chastel  a  li  fidel  soe  (i).  Et  a  ceste  liga  au- 

canonique  du  xi*  siècle,  très  sévère  pour  interdire  les  mariages  entre 
consanguine,  n'aurait  pas  toléré  un  mariage  entre  cousins  germains. 
De  plus,  nous  avons  des  chartes  du  prince  Richard,  écrites  en  loSg, 
io65,  1066,  à  une  époque  où  il  était  depuis  longtemps  marié  avec 
la  sœur  de  Robert  Guiscard  ;  dans  ces  chartes,  qui  confirment  diverses 
donations  ^tes  au  Mont-Cassin,  le  prince  dit  qu'il  fait  de  telles  lar- 
gesses pour  le  salut  de  l'âme  de  ses  parents  défunts,  et  U  énumère 
ces  parents,  Robert,  Asclitine,  Rainulphe  et  un  autre  Rainulphe  son 
oncle,  comte  d'A versa  en  son  vivant  ;  dans  une  énumération  de  ce 
genre,  il  aurait  certainement  rappelé  le  souvenir  de  sa  première 
femme,  s'il  avait  été  veuf  avant  d'épouser  la  sœur  de  Robert  Guis- 
card (Cf.  Gattola,  Accessiones  ad  hist,  Cassin.,  t.  I,  p.  161,  i65, 
166).  L'assertion  d'Aimé,  II,  44,  est  donc  erronée. 

(i)  Q.uels  sont  ces  fils  de  Pierre  dont  parle  Aimé  et  qu'il  nomme 
Pierre  et  Falgutce  ?  Il  s'agit  des  descendants  d'Amicus  et  voici  la 
généalogie  de  cette  famille  en  1072  ;  elle  fait  voir  qu'il  y  a  une  erreur 
dans  ce  que  dit  Aimé. 


AMICUS. 


Gauthier  Pibrrb  I  oa  Petromb. 

X043.  Comte  de  Civiute.  1043.  Comte  de  Trani.  -f-  avant  1063. 

Amicus,  Gbffrot.  Pibrrb  II, 

Comte  de  Giovenazzo.  Comte  de  Tarente,       Comte  de  Trani. 

avant  1072. 

RiCBARD. 

Sur  les  preuves  de  ce  tableau  généalogique  de  la  famille  d'Amicus, 
voyez  Du  Gange,  in  Alexiact.,  /.  c,  p.  200,  et  G.  Weinreich,  De con- 
ditione  Italiœ  inférions  Gregorio  septimo  pontiflce,  p.  47,  —  Une 
charte  dos  archives  de  l'abbaye  de  la  Gava  (Arm.  II,  Q,  no  28) 
montre  l'exactitude  de  cette  généalogie,  en  voici  le  résumé  : 

«  Petronii  comitis  Tarenti  quondam  Petronii  magni  comitis  filii 
diploma,  subdatum  per  manus  Pétri  prothonotarii  Tarenti,  anno  1 072, 
quinto  anno  imperii.  Domino  Romano  Diogeni  sanctissimo  imperatore 


270 

tresi  autre  anemis  de  lo  duc  corrureut,  c^est  Balalardc 
et  Robert  Arenga  (i),  et  dui  vont  en  Calabre  pour 
offendre  a  li  cose  de  lo  duc;  et  toutes  foiz  li  duc  avoit  en- 
richi ces  .ij.  en  Calabre  de  villes  et  de  cités.  Et  li  prince 
Richart  observa  Canini   (2);  li  fil  de  Pierre    et  Her- 


nostrOy  mense  mngio,  indictione  dccima.  De  donatione  ecdesiK  S. 
Gcorgis  (sic)  de  Tarento  loci  Gualda  cum  fovets  et  aquariiSy  cum  que 
aquatico,  glandatico,  hcrbatico  et  terratico  ac  omnibus  juribus  et 
bonis  suis,  tinibus  dcsignatis,  liccntia  et  assensu  Riccardî  coœitis 
ncpotis  ac  scnioris  a.  Cette  phrase  du  document  :  «  Quînto  an  do  Un- 
perii  Domino  Romano  Diogeni  sanctissimo  imperatore  nostro  »  par  la- 
quelle Pétrone  ou  Pierre  reconnaît  la  suzeraineté  derempereurd*Orîent 
sur  Tarente  s*explique  parce  que,  en  1072,  Pétrone  était  en  guerre 
ouverte  avec  Robert  Guiscard.  Nous  savons  donc  qu'en  107s,  Gef- 
froy,  fîls  de  Pierre  I,  était  mort  et  que  son  fils  Richard,  alors  mineur, 
était  sous  la  tutelle  de  son  oncle  Pierre  II,  comte  de  Tranî,  et  régent 
du  comté  de  Tarente.  De  la  famille  d*Amicus,  il  restait  encore  à  cette 
époque,  sans  compter  Pierre  II  et  son  neveu  Richard,  Amicus,  comte 
lie  Giovenazzo  et  fîls  de  Gauthier,  en  son  vivant  comte  de  Qvitate; 
c*est  évidemment  celui  qu*Aimé  désigne  sous  le  nom  étrange  de  Fal- 
f^utce,  mais  ce  Falgutce  n*était  pas,  comme  le  dit  Aimé,  fila  de 
Pierre  I,  il  était  fils  de  Gauthier  ;  il  n*était  pas  non  plus  frère  de 
Pierre  II,  il  était  son  cousin  germain. 

(1)  Balalarde  ou  Abagélard,  fils  du  comte  Umfiroy,  cf.  supra, 
I.  V,  4.  —  Robert  Arenga,  ami  de  Robert  Guiscard  avant  qull  ne 
fut  comte  de  Pouillc  ;  Guillaume  de  Pouille  écrit,  en  parlant  de 
Robert  Guiscard,  1.  II,  v.  35^  sqq. 

'•  Comes  hac  regione  vocatus 

Est,  et  ab  his  h:)bitus,  pnesertim  quos  comitati 
Sunt  équités  aliquot  ;  Torstenius  dicitur  unus 
Alter  Arenga.  »> 

(2)  Malgré  Tupinion  opposée  émise  par  Baist  {Forschtmgem  f«r 
d.  Gcschichtc,  t.  XXIV,  p.  3  29),  je  serais  porté  à  croire  que  ce  Ca» 
nini  ou  Canne,  car  plus  tard  le  traducteur  d*Ainié  emploie  cette 
seconde  forme,  désigne  Canosa-<li-Puglia,  c*est-à-dire  la  ville  ToUine 
du  célèbre  champ  de  bataille  de  Canne  qui  vit,  en  a  16  av.  J.-Ct  la 
défaite  des  armées  romaines  et  le  triomphe  d*Annibal. 


271 

mande  (i),  avec  li  sien  prince  et  chavalier  habitant  a 
Trane  (2)  et  o  espesse  proie,  donnent  afliction  a  li  camp 
de  li  duc.  Et  toutes  voiez,  li  corage  ne  la  bone  volenté  de 
lo  duc  non  se  mua  pour  ceste  subite  adversité,  ne  se 
parti  de  prendre  Palerme,  esta  soi  sans  paor  et  atent  de 
Dieu  que  doit  entrevenir  ace  qu^il  puisse  la  cité  prendre, 
et  a  li  anemis  rendre  change  de  ce  qu^il  lui  ont  fait;  quar 
puiz,  par  la  grâce  de  Dieu,  qu'il  ot  prise  Palerme,  il  s'en 
vint  en  Calabre  et  non  se  cura  des  choses  petites,  mes  cerca 
de  mètre  main  as  cités  de  li  plus  grant.  Et  premerement 
mist  siège  sur  Trane,  ou  estoient  li  fill  de  Pierre  et  Her- 
mane,  liquel  en  poi  de  jors  o  grant  famé  et  diverses  afflic- 
tions la  destraintrent,  et  furent  li  seignor  constraint  de 
fouir.  Et  cil  de  la  cité  lui  rendirent  la  cité  (3).  Et  depuiz 


Puglia  est  à  l'ouest  et  à  une  faible  distance  de  Trani  et,  comme  nous 
allons  le  voir,  c'est  surtout  Trani  et  une  partie  de  la  Fouille  qui 
était  le  quartier-général  des  révoltés  ;  il  semble  donc  superflu  de 
chercher  dans  les  environs  de  Capouc  un  Canini  tout  à  fait  hypothé- 
tique. 

(i)  Hermande  était  le  firère  utérin  d'Abagélard;  GuaLAUME  de 
Fouille  écrit  à  son  sujet,  IV,  v.  53o  sqq.  : 

«  Rex  (pour  rector)  crat  his  genitus  génitrice  Hermanus  eadera, 

Unfredi  fuerat  qua  fîlius  Abagclardus. 

Non  tamen  unus  eis  pater  extitit.  nia  duobus 

Est  sociata  viris  ;  miles  praedarus  in  armis 

Frater  uterque  fuit.  » 

(2)  Trane  ou  Trani,  sur  l'Adriatique,  entre  Siponto  et  Bari,  l'antique 
Turenum  ;  Trani  compte  encore  aujourd'hui  26,000  habitants. 

(3)  On  voit  que  d'après  Aimé,  Trani  ne  résista  que  peu  de  jours 
aux  armes  de  Robert  Guiscard  ;  Guillaume  de  Fouille  qui  a  également 
parlé  de  ce  siège  de  Trani,  1.  III,  v.  354  ^^m  dit  au  contraire  qu'il 
dura  cinquante  jours.  Mais  l'Anonyme  de  Bari  montre  que  sur  ce 
point  Aimé  a  raison  contre  Guillaume  de  Fouille  ;  on  lit  en  e£fet  dans 
l'Anonyme,  ad  an.  107 3  :  «  ibit  ipse  dux  et  obsedit  Trane  per  terra 
et  mare  in  mense  Jan.  Et  secundo  die  intrante  Febr,  fedt  cum  ipso 


272 

vint  sopre  Quarate  (i),  et  secont  la  costumance  la  ferma 
de  chastel  et  de  fossez,  et  asseia  la  cité  de  toutes  pars.  Et 
commanda  que  ii  tribuque  et  li  autre  estrument  liquel 
avoitlessicz  a  Trane  por  prendre  la  cité,  doient  venir. 

Cap.  3.  Et  Guide  frère  carnal  de  la  moillîer  de  lo  duc, 
liquel  il  avoit  avec  lui  pour  l'amor  de  sa  soror,  requist 
licence  et  chevaliers  de  lo  duc  qu^il  lo  laisse  aler  a  Trane. 
Et  lo  duc  lo  fist  acompaingnier  de  Goffiroy  Rindielle,  et 
de  Raul  frerc  de  Robert  da  Ravitelle  (2),  o  tout  ses  che- 
valiers. Et  quant  il  vindrent  a  Trane,  il  regardèrent  a  li 
mur  de  la  cité,  et  oîrent  une  grant  crée  envers  la  cité. 
Quar  Pierre  et  Hermande  o  tout  lor  chevaliers  estoient 
venut,  et  avoiént  pris  li  chevalier  et  liquel  estoient  venut 
pour  porter  li  tribuc  a  lo  duc.  Mes  Guide  avec  sa  gent 


liucc.  »  Si  le  siège  de  Trani  commencé  en  janvier  était  terminé  dès 
le  2  février,  il  est  bien  évident  qu'il  n*a  pu  durer  cinquante  jours. 
Remarquons  aussi  que  dans  TexposéquMl  fait  de  cette  guerre,  Guil- 
laume de  Fouille  est  très  incomplet,  il  ne  parle  que  de  la  révolte  de 
Pierre,  comte  de  Trani  et  d'Amicus,  comte  de  Giovenazzo  contre 
Robert  Guiscard.  Le  poète  suppose  que  Robert  Guiicard  a  vu  de 
très  mauvais  œil  que  Pierre  de  Trani  ne  soit  pas  venu  en  Sicile 
prendre  part  à  rexp<^dition  qui  s'est  terminée  par  la  prise  de  Palerme, 
aussi,  après  son  retour  sur  le  continent,  le  duc  demande  à  Pierre  de 
lui  livrer  la  ville  de  Tarente,  le  comte  refuse  et  ce  refus  eit  la  cauie 
des  hostilités.  Guillaume  de  Fouille  ne  dit  donc  rien  de  Richsid  de 
Capoue,  d*Abagélard,  d'Hermann,  ce  qui  s'explique  comme  le  dit 
Hirsch,  /.  c,  p.  3 1 1,  parce  qu'il  n'a  eu  à  sa  disposition  que  des  docu* 
ments  concernant  la  Fouille.  Four  le  récit  de  ces  divers  érénements, 
Aimé  est  un  guide  plus  sûr  et  plus  au  courant. 

( I  )  Probablement  Corato,  à  1 7  kilomètres  au  sud-est  de  Trani;  c'est 
près  de  Corato  que  l'empereur  Frédéric  II  fit  construire  pliu  tard 
son  célèbre  «  Castcl-del-Monte.  » 

(2)  Sur  Guide  ou  Gui,  beau-frère  de  Robert  Guiscud,  cLâtg^rû, 
la  dernière  note  du  c.  19,  1.  VI.  —  SurGeoffroi  Ridelle»  cf.  SUfra, 
1.  V,  c.  g,  note. 


273 

secorut  celle  gent  liquel  estoient  pris,  et  les  délivra  de 
prison  et  li  irebuc,  et  prist  Pierre  et  Hermande,  et  les 
manda  prisons  a  lo  duc,  etcestui  duc,  pour  ceste  victoire, 
fu  molt  alegre  pour  la  turbation  de  ses  anemis.  Et  conois- 
sant  que  de  Dieu  tout-puissant  venoit  ceste  victoire,  il  loa 
Dieu  et  magnifica  pour  ce  qu'il  avoit  victoire  de  ses  ane- 
mis, et  puiz  manda  en  prison  Hermande  a  Ramppolle  (  i  ) , 
et  Pierre  alaen  prison  a  Trane.  Et  quant  cil  qui  habi- 
toient  a  la  cité  de  Quaraie  virent  lo  péril  de  lor  seignorie 
et  la  prospérité  dél  duc  Robert,  ovrirent  la  porte  et  rechu- 
rent lo  duc  en  la  cité  de  lor  bone  volenté,  et  li  duc  leva  a 
li  chevalier  de  Pierre  li  cheval  et  arme  qu'il  trova  dedens 
la  terre. 

• 

Cap.  4.  Et  quant  lo  prince  Richart  vit  la  puissance  de 
Dieu  contre  lui,  il  laissa  Canne  et  retorna  a  laseciirissime 
cité  de  Capue.  Et  li  duc  atorniant  tuit  et  regardant  as  cités 
de  ses  anemis,  se  combati  pour  eaux  destruire  et  manchiçr 
lor  honor.  Il  mist  lo  siège  soe  sur  André,  laquelle  il  prist 
en  petit  de  temps;  et  quant  il  ot  prise  André,  il  s'en  vint 
à  La  Cysterne  (2).  Mes  iluec  non  lui  fist  besoingne  de 
fichier  paveillon  nededrecier  trebuc,  mes  firent  unegrate 
de  bastons  ou  de  junchi,  et  la  metoient  Piètre  loiés,  lo  sei- 
gnor  de  celle  terre,  a  ce  que  cil  a  qui  jetoient  li  chevalier 
de  pierre,  venissent  sur  lo  seignor  lor,  dont  cil  de  la  cité 
non  pooient  defiendre  la  cité  sans  la  mort  de  lor  seignor. 


(  I  )  Rapolla,  à  6  kilomètres  au  sud  de  Melfi  ;  c'est  maintenant  une 
petite  ville  de  3  à  4,000  habitants  ;  sa  situation  et  ses  environs  sont 
des  plus  pittoresques. 

(2)  Andria,  entre  Canosa-di-Puglia  et  Trani  ;  la  ville  compte  actuel- 
lement près  de  40,000  habitants.  —  Faut-il  voir  dans  «  La  Cysterne  » 
d'Aimé,  la  Torre  délia  Cisterna  au  nord  et  à  quelques  kilomètres  de 
Melfi? 

18 


r,.  r'.-rrt  rr:.t  â  c-  zt  .=  cl'^  3-e  soi:  rendue   la  âté  au 

i»r  t-  't.  —^'trt  :-r  i  lu:  scî:  salrée  la  vite  :  et  ensi 
:-:;-:  =r_  ::r.::-;e  .;  c-?'.iiicr  «  ceux  de  la  cîiê.  El  lo  fil 
-  :  r.-.:=  —  ;  :r  le  Cvj-.rr-r.  lâôuclle  un  grani  temps  tint  lo 


C^-.  :.  E:  riii.  :-r:e<:f  rbcze  :u  fahe, si  comme nouz 
L'iTS  :,f  1-.:  z\-  '..  iz:  Rrr-i-r:  vou!o:::och:erlo  chiet  de 
:r5:f  rri^  :=  zz  z.-^t  :in:re  1rs  c::rf  de  lo  prince,  liquel 
iv:!:  f5=  :>r:*v  =  -:.T.=:r.:  ic-  la  rna'îce  laquelle  avoit  esté 
:i.'t  1  !.  i-:  'Rzzir..  L:  ijcRoben  acressoît chascun  jor 
sî  zT.t'z'itz.z.  E:  ^*  =  t:  r:*5i  sîe^e  devant  la  cîtê  de  Cvdo- 
r.e  1  .  :  j.  tî.z.:  ^  irzi'.r.  \:>  r.!î  del  rrince  Ricchars  avec 
I:  ii.r  c.-.iVj.. ,  r;ir.  rr-iil  =n  la  ba:aîîle  la  mente  soc  a  lo 
i-j.  cl  icjTcr.*:.!:  fill.cl'.er-.cri:  la  ciiê.  Et  lo  duc  moli 
>i*;t.T.=ri:  jî  ::  -:ti  r-rs  xexi:  varies  et  dedendoît  lo  en- 
•j-î:  e:  1.  iisi:  St  la  cl:ê.  e:  ensi  qu'il  non  porent  avoir 
aiic  ^e  nwll;:  r^n  c:l  eu:  es:oieni  dedens  la  cité.  Et  un 
j  j:  Se  cl^rr.ji:  R:j/.^r:  nlzie  b  irere  de  lo  prince  Richan, 
je  l.q  Jcl  rs.^i:  Celle  c::ê.  e:  mûli  de  autres  venoit  pour 
parler  a  Jordaiii  scn  cosin.  e:  creoîi  venir  secur  pour  ce 
Cu*;l  Navc::  la  voie.  Méser«cj:iira  li  anemiz,  et  fu  pris  et 
:'j  rr.i:z\é  a  I:*  Juj.  et  fu  c^&axîné  de  lo  duc  et  mis  en  pri- 
s^  n.  Mè>lu:.  p.r  cr  ^u'il  non  vouloit  venir  a  tant  de 
r.-iiserj.  la  wrvii  la  .quelle  lui  avoi:  donnée  lo  prince  rechut 
de  la  main  de  b  duc.  et  lui  donna  son  frère  carnal  pour 
os:ac;e.  et  tu  ûit  son  chevalier  de  lo  duc,  et  son  home,  et 
lini  sa  terre  de  lui    3  . 

{!'  C\>sT->.-':r?  Rij'n^ir.i.  prince  de  Capoue,  qui  avait  fomenté  11 

<ï  "La  cite  JcCvJonie  >  ^ésiene  sms  doute  la  ville  de 
siiucj  au  nord-ojjsi  Je  .M.^lrï,  au  sud  de  Candela  et  dans  le 
de  Torre  d^lla  O.sterna. 

vi-  Nojs  ne  cunnaissuns  que  par  .\imé  ce  Richard,  seigneur  de 


275 

I 

Cap.  6.  Etpuiz  que  cestui  Richart  fu  conjoint  avec  li 
chevalier  de  li  duc,  ala  li  duc  envers  Canne,  laquelle 
aviein  que  soit  de  grant  nomée,  toutes  voiez  est  molt 
necessitouse  de  aiguë.  Mes  puiz  que  fu  assegié,  mes  pour 
ce  que  il  non  plut  et  non  pooient  avoir  aiguë,  en  brief 
temps  fu  prise  pour  defaute  de  aiguë,  quar  non  avoit  en 
li  cysterne,  et  pour  ce  fu  rendue  a  lo  duc,  et  pour  ce  li 
compaingnie  de  cil  de  la  cité  vindrent  a  loduc.  Et  dedens 
de  la  cité  avoit  molt  de  chevaliers  de  Hermande,  a  liquel 
furent  levé  li  chaval  et  li  arme,  et  lor  fu  donné  licence 
d'aler  en  quel  part  qu'il  voudroient  (i). 

Cap.  7.  Et  puiz  lo  duc,  quant  il  estoit  en  Trane,  après 
ce  qu'il  avoit  faites  molt  de  victohes  et  de  triumphe,  fu 
visité  de  infermeté  de  Dieu,^et  vint  en  tant  de  débilité 
que  partout  se  dîsoit  qu^il  estoit  mort.  Et  por  ce  que  il 
creoit  qu'il  lui  alegeroit  de  sa  maladie,  s^en  ala  a  Bar,  et 
la  fu  plus  agrevé  de  la  maladie.  Mes  puiz  après  petit  de 
jors,  cellui  Dieu  qui  Tavoit  visité  lo  délivra.  Il  estoit  en- 
commencié  un  poi  a  amender,  et  lui  paroît  espérance  de 
avoir  santé,  et  la  false  famé,  laquelle  estoit  alée  jusque  a 
Rome  de  la  mort  de  lo  duc,  retorna  voire  et  annoncia  la 
mort  de  lo  pape  Alixandre,  et  cornent  estoit  fait  pape  Hel- 
deprande  archedyacone  (2). 

Lacedonia  et  fils  d*un  frère  du  prince  Richard  de  Capoue  ;  Aimé  est 
également  seul  à  parler  d'un  frère  de  ce  seigneur  de  Lacedonia. 

(i)  Les  événements  mentionnés  par  Aimé  aussitôt  après  la  con- 
quête de  Canosa-di-Puglia,  c'est-à-dire  la  maladie  de  Robert,  la  mort 
d'Alexandre  li  et  l'avènement  de  Grégoire  VII,  semblent  indiquer 
que  Canosa  a  succombé  à  la  fin  de  1072  ou  au  commencement  de 
'073.  \ 

(2)  Le  pape  Alexandre  II  est  mort  le  20  avril  107^^  et  deux  jours 
après,  Iç  22,  Uildebrand  (HeldepranJe)  lui  a  succédé  sous  le  nom 
de  Grégoire  VU. 


274 

El  Pierre  proia  a  cil  de  la  cité  que  soit  rendue  la  cité  au 
duc  en  tel  manière  que  a  lui  soit  salvée  la  vite  ;  et  ensi 
furent  en  concorde  ii  chevalier  et  ceux  de  la  cité.  Et  lo  fu 
donnJc  la  cité  deCysternc,  laquelle  un  grant  temps  tint  lo 
duc,  quar  molt  l'avoit  dcsirrée. 

Cai>.  3.  Et  puiz  queceste  choze  fu  faite,  si  comme  nouz 
avons  devant  dît,  lo  duc  Robert  vouloitiochicrlo  chîef  de 
cestc  malice  i  ;.  et  alcr  contre  les  cités  de  loprînce^  lîquel 
avoit  este  commencement  de  la  malice  laquelle  avoit  esté 
faite  a  lo  duc  Robert.  Li  duc  Roben  acressoit  chascun  jor 
sa  chevalerie.  Et  ala  et  mîst  siège  devant  la  cité  de  Cydo- 
nie  \2],  ou  csioit  Jordain  lo  iîll  del  prince  Kicchars  avec 
li  sien  cheval  ;  bien  rendi  en  la  bataille  la  mérite  soe  a  lo 
duc,  et  defTcndoIt  sollicitemcnt  la  cité.  Et  lo  duc  molt 
sagement  de  toutes  pars  metoit  gardes  et  deffendoit  lo  en- 
trer et  lo  issir  de  la  cité,  et  ensi  qu'il  non  porent  avoir 
aide  de  nulle  part  cil  qui  estoient  dedens  la  cité.  Et  un 
qui  seclamoit  Richart  filz  de  lo  frère  de  lo  prince  Richan, 
de  loquel  estoit  celle  cité,  et  molt  de  autres  venoit  pour 
parler  a  Jordain  son  cosin,  et  creoit  venir  secur  pour  ce 
quMl  savoit  la  voie.  Mésenconira  li  anemiz,  et  fu  pris  et 
fu  mené  a  lo  duc,  et  fu  examiné  de  lo  duc  et  mis  en  pri- 
son. Mes  lui,  por  ce  qu'il  non  vouloit  venir  a  tant  de 
misère,  la  terre  laquelle  lui  avoit  donnée  lo  prince  rechut 
de  la  main  de  lo  duc,  et  lui  donna  son  frère  carnal  pour 
ostage,  et  fu  fait  son  chevalier  de  lo  duc,  et  son  home,  et 
tint  sa  terre  de  lui  (3). 

(i)  Cest-à-ilire  Richard,  prince  de  Capoue,  qui  avait  fomenté  b 
rébellion. 

(2)  «  La  cite  deCydonie  ■  désigne  ftuns  doute  la  ville  de  Lacedooia 
située  au  nord-ouest  de  M.:1H,  au  sud  de  Candela  et  dans  le  voiaîaage 
de  Torre  della  Cisterna. 

(S)  Nous  ne  connaissons  que  par  Aimé  ce  Richard,  seigneur  de 


275 

Cap.  6.  Et  puiz  que  cestui  Rîchart  fu  conjoint  avec  li 
chevalier  de  li  duc,  ala  H  duc  envers  Canne,  laquelle 
aviein  que  soit  de  grant  nomée,  toutes  voiez  est  molt 
necessitouse  de  aiguë.  Mes  puiz  que  fu  assegié,  mes  pour 
ce  que  il  non  plut  et  non  pooient  avoir  aiguë,  en  brief 
temps  fu  prise  pour  defaute  de  aiguë,  quar  non  avoit  en 
li  cysterne,  et  pour  ce  fu  rendue  a  lo  duc,  et  pour  ce  li 
compaingnie  de  cil  de  la  cité  vindrent  a  loduc.  Et  dedens 
de  la  cité  avoit  molt  de  chevaliers  de  Hermande,  a  liquel 
furent  levé  li  chaval  et  li  arme,  et  lor  fu  donné  licence 
d'aler  en  quel  part  qu'il  voudroient  (i). 

Cap.  7.  Et  puîz  lo  duc,  quant  il  estoit  en  Trane,  après 
ce  qu'il  avoit  faites  molt  de  vicioJres  et  de  triumphe,  fu 
visité  de  in  fermeté  de  Dieu,^et  vint  en  tant  de  débilité 
que  partout  se  disoit  qu'il  estoit  mort.  Et  por  ce  que  il 
creoit  qu'il  lui  alegeroit  de  sa  maladie,  s^en  ala  a  Bar,  et 
la  fu  plus  agrevé  de  la  maladie.  Mes  puiz  après  petit  de 
jors,  cellui  Dieu  qui  Tavoit  visité  lo  délivra.  Il  estoit  en- 
commencié  un  poi  a  amender,  et  lui  paroît  espérance  de 
avoir  santé,  et  la  false  famé,  laquelle  estoit  alée  jusque  a 
Rome  de  la  mort  de  lo  duc,  retorna  voire  et  annoncia  la 
mort  de  lo  pape  Alixandre,  et  coment  estoit  fait  pape  Hel- 
deprande  archedyacone  (2). 

Lacedonia  et  fils  d*un  frère  du  prince  Richard  de  Capoue  ;  Aimé  est 
également  seul  à  parler  d'un  frère  de  ce  seigneur  de  Lacedonia. 

(i)  Les  événements  mentionnés  par  Aimé  aussitôt  après  la  con- 
quête de  Qinosa-di-Puglia,  c'est-à-dire  la  maladie  de  Robert,  la  mort 
d'Alexandre  II  et  l'avènement  de  Grégoire  VII,  semblent  indiquer 
que  Canosa  a  succombé  à  la  fin  de  1072  ou  au  commencement  de 
1073.  3, 

(2)  Le  pape  Alexandre  II  est  mort  le  20  avril  107^  et  deux  )ours 
après,  Iç  22,  Uildebrand  (HeldepranJe)  lui  a  succédé  sous  le  nom 
de  Grégoire  Vil. 


2-jC 

Cap.  8.  Puis  que  fu  ensi  alée  la  fama  de  la  mort  del 
duc  Robert  jusque  a  Rome,  vint  un  message  loquel  non 
venoita  lo  duc  pource  que  estoit  réputé  pour  mort,  mes 
vciioit  a  la  moillier.  Kt  portoit  cest  message  :  <  Une  grant 
dolor  sans  remède  est  venue  a  la  sainte  eclize  de  Rome,  la- 
quel  dolor  a  leissic  la  mort  de  lo  karissime  fil  de  la  sainte 
ei^lizc,  lo  duc  Robert,  dont  li  cuer  de  H  cardinal  et  de  tout 
lo  collcf^e  et  tout  lo  sénat  de  Rome  sont  molt  dolent  de  la 
soc  mort,  volant  la  soe  ruine  et  testificant  de  avoir  perdu 
lo  accrcssemcnt  de  lor  paiz.  Mes  a  ce  que  sache  la  toe  no- 
blité  la  bcnivolcnce  de  misire  lo  pape,  de  quant  amor  et 
pcrfeaion  estoit  vers  lo  marit  vostre,  portes  lo  sien  filz  a 
ce  (|uc  o  la  ordination  de  la  sainte  eclize  receve  o  la  main 
de  Tcglize  les  coscs  que  tenoit  lo  père  de  lui  anceisor 
pape  ».  Lo  duc,  avieingne  qu'il  non  estoit  encoire  bien 
gari,  toutes  voicz  pour   lo  gratiouz  mandement  nendi 
grâces  a  lo  pape  et  li  promist  de  lo  servir  fidèlement  (i). 

CIap.  o.  Kt  puiz  que  lo  pape  sot  la  vérité  de  la  santé  dd 
duc,  commanda  a  lo  Icgat  quMl  tornast  ariere  et  die  a  lo 
duc  qu'il  vieingnc  parler  a  lui  a  la  cité  de  Saint-Ger- 
main (2],  et  lui  die  coment  liez  et  joiant  de  sa  santé.  Et 
lo  il  lie  non  lent  ne  pigre,  mes  manda  de  toutez  pars  et 
assembla  ses  chevaliers,  et  garni  de  grant  excercit,  et  s*en 
ala  Rapulle  (3)  et  atendi  lo  message  de  lo  pape.  Et  lo 
pape  mua  sentence,  et  manda  frère  Desidereabbé  (4)  qu^il 


(i)  I^n  it  Tnicre  phrase  Je  la  lettre  de  Grégoire  VU  est  bien  ca 
harmonie  avec  les  principes  de  ce  pape  :  aussi,  quoique  roriginal  de 
1.1  missive  pontificale  soit  perdu,  peut-on  présumer  qu'Aimé  nous 
en  a  fidèlement  conservé  le  sens. 

(2)  San-Gennano-Cissino,  au  pied  du  Mont-Casttn. 

(i)  Rapulla  au  sud  et  à  une  fiiiblc  distance  de  Melfi. 

(1)  Didier,  abbé  du  Munt-Cassin,  cardinal  de  Téglise  romaine. 


277 

devist  venir  a  Bonivent  ou  il  pape  estoit  venut  (î).  Et  lo 
duc  s'acompaingna  avec  Tabbé,  et  vindrent  ensemble  a 
Bonivent ,  et  defors  de  li  murs  sont  estendut  li  paveillon 
et  li  ostel  furent  appareilliez  la  ou  li  duc  et  li  sien  dé- 
voient hergieret  fu  rechut  pacifiquement;  et  lipape  înfre 
li  mur  de  la  cité  fu  miz  en  lo  plus  grant  palaiz,  et  reser- 
vant soi  et  la  apostolique  dignité,  il  saint  père  pape  manda 
messages  a  lo  duc  que  il  doie  venir  a  lui  ;  et  lo  duc,  pour 
garder  soi  de  la  malice  de  cil  de  la  cité,  proia  lo  pape  que 
non  venist  a  lui  comea  Robert,  mes  a  sa  fidélité;  et  con- 
tresterent  en  ceste  manière  ;  non  vouloit  prime  de  honor 
li  autre  non  vouloit  doner  occasion  de  injure  ou  de  contu- 
melie,  et  encontinent  discorde  fu  entre  eaux  et  maie 
volenté  et  grant  ire  (2). 

« 

Cap.  10.  Ceste  ystoire  dit  ensi  qup  quant  cestes  paroles 
orent  ensi  esté  entre  lo  pape  et  lo  duc  Robert  Viscart,  lo 


(i)  Grégoire  VII  entra  à  Bénévent  le  2  août  1073  ;  Chron.  S.  Bé- 
nédictin MG.  SS.,  t.  III,  p.  2o3;  il  venait  du  Mont-Cassin  ,  PrrRr 
DiAcoNi  Chron,  Casin.,  III,  36. 

(2)  Est-ce  vraiment  une  question  d'étiquette  qui  a  amené  entre 
Grégoire  VII  et  Robert  Guiscard  cette  rupture  qui  a  duré  plusieurs 
années,  entraînant  pour  Tun  plusieurs  sentences  d'excommunication 
et  pour  l'autre  de  graves  embarras  et  les  complications  les  plus 
inattendues.  Le  dissentiment  entre  le  pape  et  le  duc  avait  évidem- 
ment des  racines  plus  profondes  ;  en  réalité,  Robert  Guiscard  ne 
voulait  en  aucune  façon  être  Thomme-lige  de  Grégoire  VII,  un  ins- 
trument dans  sa  main.  Il  savait  le  pape  très  lié  avec  Gisulfe  de  Sa- 
lerne.  Ainsi,  après  son  avènement  à  la  papauté,  il  avait  écrit  à  Gisulfe 
une  lettre  très  amicale,  et  comme  Robert  Guiscard  méditait  de 
s'emparer  de  Salerne  et  de  dépouiller  complètement  Gisulfe,  il  vou- 
lait avoir  la  main  libre  de  ce  côté.  En  devenant  le  vassal  soumis  du 
Saini-Sicgc,  Robert  aurait  dû  aussi  arrêter  ses  continuels  empiéte- 
ments vers  l'Italie  centrale,  et  cette  perspective  lui  (déplaisait 
également. 


278 

pape  irez  et  corrociez  se  parti  de  Boni  vent,  et  s>n  ala  à 
Capue  pour  donner  favora  lo  prince  Richart,  lequel  estoît 
ancmi  del  duc  Robert  f  i).  Et  lo  duc,  cornent  qu'il  fust  de 
haut  cuer,  pour  révérence  de  lo  pape,  c'esi-à-dîre  pour 
despit,  fist  appareillier  lo  exercit  soe  pour  segoingnier  lo 
prince.  Cornent  premerement  vint  a  Benafre,  H  fil  de  Bu- 
rcUo  '  2) ,  liquel  se  estoient  partut  de  la  fidélité  de  lî  prince, 
lui  vindrcnt  pour  nuire,  et  firent  covenance  ensemble  avec 
lo  duc,  et  lo  duc  fu  molt  aiegre  de  ceste  amistié,  quar  en 
sa  chevalerie  non  avoit  grâce  de  coses  de  vivre  et  accres- 
sement  de  chevalerie.  Et  cestui  fillz  de  Burell  furent  fait 
governcour  de  Tost  de  lo  duc,  et  devisent  la  voTe  lor,  et  lî 
chastcl  liquel  non  estoient  bien  garnit  ne  bien  fort, 
liquel  cnsi    cornent    estoient  pris  estoient   ars,    et   de 
là  s'en  vont  a  Capue.  Et  en  la  confin  de  la  conté  de 
Talloiz,  et  en  lieu  qui  se  clame  Plomeresco  (3),  mistrent 
li  paveillon.  et  o  feu  et  o  proie  ardirent  toutes  les  villesde 
iluec  cntor.  et  puiz  vinJrent  a  la  Padulle  après  de  Cano- 
villc  =4'.  plene  de  villes  et  de  bestes,  et  garnie  de  aiguez 
profonJissimos,  et  ardent  les  maisons  et  metent  tout  a 

(i)  Ix  premier  Jociiment  que  Grégoire  VU  date  de  Capoue  est 
lin  i"  septembre  1071^  et  le  dernier  du  i5  novembre  de  la  même 
annc.;  ;  cf.  Jaki  e-Loewfnfeld,  Rcgtsta  Pontif,  roman.,  ii«»  4790- 
4802. 

[2)  \'enafro  ^Benafrc),  au  sul-cst  et  à  peu  de  distance  du  Mont- 
(Jnssin,  sur  la  rive  droite  du  haut  Vulturnc.  Quant  aux  fils  de  Bord 
Ji  fil  d'j  H:ir.-Ilc),  c\-tnient  des  seigneurs  très  actifs,  très  entrepre- 
nants, dont  les  p.i^scssi'^ns  étaient  situées  dans  la  vallée  du  haut 
>ani;!i»;  plus^.urs  fuis  dcjj  il  a  ctc  question  d*eux. 

(.<;  Il  s'acit  Àans  doute  du  crmtè  de Tagliaco7zo  ;  la  petite  vïiVi  de 
Ta,uliacti/.zu  cii  .m  nord  du  l.ic  Fucinii,  Jn  plein  c»-ntre  de  Tlialit:  ei 
à  l\:.l  do  J^omc. 

[.])  11  ne  s'agit  pas  cvidjmmcni  de  P,.dula  au  sui  d«  Putenza  en 
(l.dabre,  au>si  ne  s.iit-on  où  retrouver  «  la  Padulle  aprcs  de 
Can«.i\ille.  »• 


279 

proie^  et  toutes  coses  qui  estoient  après  Capue  consumèrent 
o  crudele  destruction.  Et  puiz  vindrent  desa  de  lo  ripande 
rippe  de  Garigiane  (i),  et  illec  estendirent  lor  paveillons, 
et  la  terribile  poesté  de  lo  duc  metoit  paour  a  tout  home, 
et  constreingnoit  cil  de  entor  de  obedir  a  son  coman- 
dément.  Et  cil  de  la  cité  de  Trajetteetde  Suie  (2)  donerent 
la  cité  a  lo  duc  avant  qu^il  i  venist  a  eaux,  et  rechurent 
pour  seignor  lo  frère  delduc  Rogier.  Et  puiz  passa  par  la 
terre  de  Saint-Benedit  (3)  laquelle  il  serva  sans  nulle 
lésion  cornent  temple  de  Dieu.  Et  puiz  atornia  Aquin,  et 
s^effozsa  de  la  prendre,  et  cercha  de  passer  par  lo  cors  de 
Taigue.  Mes  quant  il  vit  que  non  se  pooit  prendre,  lui  fist 
damage  quant  cotne  il  pot,  et  puiz  s^en  parti  (4]. 

Cap.  1 1 .  Adont  estoit  doute  a  lui  de  dui  avènement  de 
ces  dui  qu'il  dévissent  vainchre,  li  conte  de  Aquin  furent 
divisé,  quar  Adenolfe  et  Landolfc  rémanent  en  lo  service 
de  lo  prince  ;  mes  Pandulfc  et  Lande  s'acosterent  a  Ro- 
gier^ a  liquel,  puiz  qu'il  lui  orent  fait  sacrement,  li  près* 
terent  li  castel  qui  se  clame  Vicablanche.  Et  habitarent 
ensemble  en  un  autre  chastel  liquel  se  clame  Insuie.  Et  lo 
conte  Rogier  lessa  de  ses  chevaliers  avec  eauz  pour  garder 


(i)  Le  Garigliano  ou  Tantique  Liris,  qui  déverse  ses  eaux  dans  le 
golfe  de  Gaête. 

(2)  Les  petites  villes  de  Traetto  et  de  Suio,  sur  la  rive  droite  et 
près  de  Tembouchure  de  Garigliano.  Aimé  dit  que  ces  deux  villes 
reçurent  pour  seigneur  Roger,  frère  de  Robert  Guiscard  ;  il  s*agit  de 
Roger,  le  grand  comte  de  Sicile,  dont  nous  avons  raconté  \es  exploits 
contre  les  Sarrasins. 

(3)  Les  terres  du  monastère  de  S.  Benoît  sur  le  Mont-Cassin. 

(4)  La  Chronique  du  Mont-Cassin,  par  Pierre  Diacre  fait  allusion 
à  l'attaque  d'Aquino  par  Robert  Guiscard  ;  on  y  lit  :  «  Quando  venit 
(Robertus  dux),  super  Aquinum  misit  hue  (au  MonC-Cassin)  5oo 
bizanteos.  »  Chronicon  Casin.  auctore  Petro,  1.  iU,  c.  58. 


28o 

Ysole  et  pour  faire  damage  a  Aquin.  Et  un  abbé  de 
Saintc-Eufame,  qui  se  clamoit  Robert^  garda  o  tout  li  che- 
valier soe  Vicablanche^  loquel  s'efforza  continuelment  en 
divers  lieuz  de  faire  damage  a  lo  prince.  Et  puiz  furent 
ordenées  celles  cosez  et  li  chastel  furent  apareîUîez  et 
forniz,  et  puiz  lo  duc  Robert,  avec  son  frère  et  avec  son 
exercit,  s'en  torna  en  Puille  (i). 

Cap.  1 2.  Et  en  cellui  temps,  lo  pape  avec  lo  prince  Ri- 
chart  firent  ferme  et  grant  amisté  et  ligue,  etautresi  avoit 
fait  lo  prince  de  Salerne,  et  cerchoient  tout  coment  îl  por- 
roient  chacier  lo  duc  et  son  honor  et  de  la  terre  (2).  Et  lo 
pape  ala  a  Rome  et  comensa  a  emplir  a  son  pooir  ce  qu'il 
avoit  comencié  et  ordené.  Mes  que  non  trova  home  en 
son  aide,  cercha  adjutoire  de  fame^  et  manda  adonc  mes- 


(i)  Gattola  (ad  historiam  ahbatice  Cassinensis  AccessioneSf  t.  I, 
p.  188,  in-folio,  Venise,  1734)  a  inséré  une  charte  du  mois  de  février 
10S2  par  laquelle  ces  mêmes  quatre  comtes  d'Aquino,  Adénulfe, 
Landulfe,  Pandulfc  et  Lando,  fils  de  Jean  Lande,  comte  d'Aquino  et 
de  Sicelgardn,  son  épouse,  font  une  donation  au  Moni-Casûn  ; 
Aimé  connaissait  dune  exactement  la  composition  de  la  fismiUe  des 
comtes  d'Aquino.  Le  «  Rogicr  »  dont  il  est  question  dans  ce  chapitre 
doit  toujours  s'cntcn  Jrc  de  Roger  le  grand  comte  de  Sicile.  Le  nom 
de  «  Vicablanchc  »  est  peut-être  uhe  traduction  française  défectueuse 
de  \'icalvi,  non  loin  et  à  Test  d*Arpino;  quant  à  Ysole,  que  le  tra- 
ducteur d'Aimé  appelle  aussi  Insulc,  il  s*agit  sans  doute  de  la  petite 
ville  désignée  aujourd'hui  sous  le  nom  d*Isola  del  Liri,  au  sud  de 
Sora  et  à  Toucst  d'Arpino,  dans  une  île  formée  par  deus  bras  de 
Liris.  Enfm,  ^e  RijbLTt,  abbé  de  Saintc-Eufame  est  Robert  de  Gren- 
t;:mesnil^  abbé  de  Santa  Eufcmia,  sur  le  riv;tge  occidental  de  la 
Calabre  :  au  chap.  a  du  Vlll*  livre,  Aimé  parle  de  lui  assez  longue- 
ment, il  ser.i  temps  .il(»rs  de  Tctn  lier  de  plus  près. 

(2)  Voyez  dans  le  Grf.gorii  VU  RegisL  t,  21,  Mon.  Gregor., 
p.  '?»')  Se].,  éd.  Jafke,  le  serment  de  fidélité  prêté  par  Richard  de 
Capouc  entre  les  mains  de  Grégoire  VU,  le  14  septembre  1073. 


28 1 

sage  a  Beatrix  et  sa  fille  Mathilde  (ij,  et  li  fait  assavoir 
Toccasion  pour  quoi  voloit  lo  pape  qu  elle  venist  parler  a 
lui  (2).  Et  ceste,  pour  la  foi  parfaite  de  saint  Pierre,  et 
pour  Pamour  de  carité  qu'elle  avoit  en  lo  vicaire  de  Dieu, 
puiz  qu'il  orent  oï  cest  mandement  de  lo  pape,  non  tar- 
gerent  de  venir  a  lui,  et  s'appareillèrent  de  faire  la  volenté 
de  lo  pape.  Et  promistrent  lo  don  de  amener  .xxx.  mille 
chevaliers.  Et  pour  faire  lo  plus  ferme  de  la  victoire  lui 
en  prameioit  entre  li  .xxx.  mille  .v.c.  Todeschi.  Et  lo 
pape  respondi  :  «  Li  petit  villissi me  Normant  o  .xx.  mille 
homes  les  poons  assaillier  et  vaincre  se  Dieu  plaist,  quar 
aurons  aide  de  lo  prince  Richart  et  de  ceus  qui  habi- 
tent en  cel^e  part,  et  si  serons  deffendu  de  Tajutoire  de 
Dieu  et  de  li  apostole  (3).  »  Et  li  noble  famés  respon- 
dirent  :  «  Et  se  nostre  gent  que  nouz  vouz  avons  promis 
foyent  devant  li  anemis,  non  seroit  sans  grant  vergoingne, 
quar  diroient  la  gent  :  Li  famé  cerchent  les  cosez  qui  non 
apartienent  a  elles,  digne  choze  est  qu'il  aient  vitupère, 
quar  vouloient  faire  cornent  li  principe  faisoient  par 
diverses  pars  de  lo  monde;  adont  a  ce  que  aions  victoire 
come  home  a  confondre  li  Normant,  la  vostre  santité  lais- 

(i)  Béatrix,  veuve  de  Boniface,  margrave  de  Toscane  et  plus  tard 
veuve  de  Gottfried,  duc  de  Lorraine  ;  elle  avait  dans  ritalie  du  nord 
une  situation  et  une  puissance  hors  de  pair.  Mathilde,  fille  de  Bea- 
trix et  du  margrave  Boniface,  devait  hériter  de  la  puissance  de  sa 
mère  ;  on  sait  combien  elle  est  restée  célèbre  sous  le  nom  de  com- 
tesse Mathilde. 

(2)  Cette  donnée  d'Aimé  s'harmonise  très  bien  avec  les  deux 
lettres  que  Grégoire  VII  écrivit  sur  ces  entrefaites  à  la  comtesse  Ma- 
thilde, cf.  Gregorii  vu  Regist.f  I,  40,  43  ;  Monum,  Gregor,  de 
Jaffe,  p.  58  et  p.  61. 

(3)  Ces  chiffres  de  3o,ooo,  de  20,000  soldats  ne  doivent  pas  être 
pris  à  la  lettre;  ce  sont  sans  doute  des  estimations  assez  fantaisistes 
d'Aimé. 


282 

sera  a  nous  mener  tant  homes  que  aions  honor  de  vic- 
toire, et  que  nouz  puissons  délivrer  de  la  main  de  li 
aneniis  les  coscs  de  lo  prince  de  H  apostole  ».  Et  quant  li 
pape  vil  ia  sapience  de  li  .ij.  daines,  vouloit  estre  a  lor 
providence  et  a  lor  conseil,  et  comist  ceste  choze  a  lor 
arbitre  et  a  lor  volenté. 

Cap.  1 1^.  Et  depuiz  a  si  grant  délibération  damèrent  lo 
prince  de  Saîerne,  liquel  autres!  fu  amonesté  de  paier  li 
soldoîer,  et  aporta  deniers  pour  paier  li  chevalier.  Et 
Gisolfe  non  fu  pîgre,  mes  vint  alegremcnt  et  liement, 
quar  il  desideroitdc  destruire  lo  duc  Robert,  liquel  estoit 
marit  de  la  soror,  et  aporta  li  denier  liquel  li  estoient  de- 
mandez. Mésquclz  deniers?  Correges  de  Indie,  et  las,  et 
villissime  paille,  corne  voulust  ciendre  famés  et  vestir  ser- 
vicials,  et  aomer  li  mur  o  li  paille.  Et  quant  lî  Romain 
virent  ce,  il  lo  repuicrent  pour  un  fol,  quar  o  villisûme 
domps  vouloit  mener  a  combatre  sapientissime  chevaliers. 
Et  un  lieu  qui  se  clame  mont  Cymino  (i)  fu  assemblé  lo 
pape,  et  Gisolfe  prince  de  Salernc,  lo  domp,  et  une  bone 
pan  de  la  chevalerie,  et  tratant  de  la  voie  cément  il  de- 
vroient  aler  et  de  la  manière  del  traitement  de  la  traîson. 
Li  Pisain,  quant  il  virent  Gisolfe,  home  de  loquel  il 
avoient  reccu  damage,  prison  et  traîson  (2),  adont  comen- 
cercnt  a  crier  :  «  More  Gisolfe!  loquel  est  sans  pitié, 
lov]uel  nous,  ceauz  de  nostre  cité,  a  condempnez  a  estre 

îi)  Lj  corrcsponJ.injc  de  Grcgoire  Vil  confirme  d*une  manière  très 
précise  cette  donntic  d*Aimé  ;  nous  voyoDS  en  effet  qu'une  lettre  de 
Grégoire  VU  à  Hc-rmann,  cveque  de  Bamberg,  écrite  le  12  )uîn  1074, 
f.'st  .1in^i  datée  :  ««  data  in  cxpcditione  ad  montem  Qmini.  »  Mom. 
Grt'por.,  p.  io3  sq.  Rtgist.,  1,  S4.  Le  moni  Cimino  se  trouve  entre 
Su  tri  Cl  Viturve. 

{i)  Nous  verrons  bientôt  Torigine  et  les  motifs  de  rinimosité  des 
Pisans  contre  Gisulfe  de  Salerne. 


28î 

é 

noicz  en  mer,  et  li  autre  estre  mis  en  prison,  et  nouz  a 
privez  de  nostre  bone  marcheandise;  et  autre  morent  tuit 
cil  qui  deffendre  lo  voudront,  et  mil  non  remaingne  de 
ccuzqul  favour  lui  feront  ne  a  la  part  soe  ».  Mes  quant 
entendi  cest  fait  et  ceste  criée,  il  fu  esbahi  et  ot  grant 
paour,  et  grant  merveille  et  prist  conseill  en  quel  manière 
il  porroit  délivrer  Gisolfe,  et  en  celle  meisme  nuit  abs- 
consement  lo  manda  a  Rome,  et  en  ceste  manière  lor  con- 
seill fu  tout  défiait  (  i  ).  Et  quant  quUl  avoit  fait  torné  a  lor 
destruction  et  tout  ce  que  vouloit  faire  lo  pape,  et  tout  lo 
mal  loquel  fist  Gisolfe  prince  de  Salerne  a  cil  de  Pise,  cil 
moine  qui  ceste  ystoire  compila  en  lieu  et  en  temps  lo 
vouz  dira  (2). 

Cap.  14.  Or  retornerons  a  la  grant  hardiece  et  lo  grant 
cuer  de  lo  duc  Robert.  Adonc  quant  se  tratoit  ceste  cose 
contre  lo  duc  Robert,  li  légat  de  Rome  lo  contrestrentde 
venir  a  la  cité  de  Bonivent  a  oïr  ce  que  vouloit  ordener  lo 
pape,  et  a  respondre  a  lo  pape  de  ce  dont  il  se  vouloit  la- 
menter. Et  loduc,  ensi  coment  il  estoit  humile,  respondi 
humilement  :  «  Que  il  n'avoit  en  lui  nulle  conscience  que 
onques  eust  esté  coulpable  ne  contre  lo  prince  de  li  apos- 
tole,  ne  contre  lo  commandement  de   lo  seignor  mien 

(i)  D'après  Bonitho,  les  sujets  de  la  duchesse  Beatrix  auraient  par 
leur  révolte  empêché  Texpédition  contre  les  Normands  :  «  Interea 
voncrabilis  Grcgorius  expeditionem  contra  Normannos  preparabat. 
\'eniens  que  obviam  duci  Bcatrici  usque  ad  castrum  sancti  Fabiani 
eam  simul  cum  filia  ad  expeditionem  invitabat.  Qjaas  volentes  pura 
mente  papœ  obedire  precepto,  Longobardicus  varvassorum  tumultus 
impedivit;  nam  sedicione  subita  exorti,  expeditionem  dissipavere. 
Sic  que  infe^to  négocia,  papa  Romam  remeavit  ;  Beatrix  vero  cum 
filia  ad  propria  rcdiere.  »  Bonitho  ad  amicum,  1.  VII,  dans  Jaffe  : 
Monum.  Gregor.,  p.  661. 

(2)  Cf.  infra,  1.  VIII,  c.  4. 


284 

pape:  no  non  ta«:crai  de  venir  la  ou  il  me  commande,  ne 
mais  que  je  seiche  lo  joret  lo  terme  que  je  doie  venir  a  lui, 
a  ce  que  la  moie  innocence  soit  manifeste  a  touz  par  lo 
commadement  apostolica  et  par  la  soe  sentence  »  ;  et  ensi 
tu  tait.  Et  en  cellui  temps,  por  Toffense  de  lo  prince  de 
Salernc.  li  chevalier  pysen  furent  partit  de  lo  commande- 
ment et  volentéde  lo  pape,  et  no  pot  venir  a  complément. 
Va  lo  duc.  quar  s^ivoit  la  chose  qui  estoit  pensée  contre 
lui.  vint  a  Bonivent  au  jorordiné»  acompaignié  de  fortis- 
5imes  chevaliers,  et  non  laissa  moillier,  ne  filz  ne  fille, 
mes  touz  les  mena  avec  soi,  car  molt  de  ibiz  en  joant  avoit 
acosiumô  dédire  :  x  Qui  me  lèvera  ma  moillier  et  mi  fill, 
ce  que  je  ai  soit  sien.  »  Il  atendi  que  venist  lopape  troiz 
iors.  et  puiz  que  sot  qu'il  tardoit  avenir,  Robert  qui  molt 
humble  lui  ala  encontre  1 1 .. 

Cap.  i5.  En  la  terre  de  Naples  et  en  la  duchié  a  un 
L:rant  plaîn  de  palude  laquelle  pone  molt  de  frutte,  et  est 
plane  pour  aler.  et  en  molt  de  liez  cort  eaue,  laquelle  vient 
de  desouz  terre  ;  et  en  celle  plene  fist  lo  duc  fichier  ses 
paveillons  et  la  se  misi  avec  son  exerctt,  et  puiz  proia  lo 
maisire  de  la  chevalerie  kxiuel  estoit  a  Naple  (2),  que  il 
deust  venir  a  lui.  et  avec  lui  tîst  lii;ue  et  acordance  o  sa- 
crement, et  par  commandement  de  li  maistre  de  li  cheva- 
lier tu  la  ordcnê  lo  marchié  et  la  foire  la  ou  se  vendissent 
les  coses  necess.iires  a  li  home  et  a  li  beste,  et  la  potence 

,!^  No':s  j^^Uv^ns  q<rauss-.tot  .iprcs  l'expédition  de  Monte-Qmiiio, 
GrciTo'.rc  \  Il  io:v.b.i  jjravemcp.i  m.ilaJe.  peui-«ire  est<e  la  raison 
]u:  1  a  .v.pO^'u  .:e  \  jnir  à  Bcncveni.  ^u^  le»  dispositiuns  du  pape 
i  l\^.i:.:  .:.■>  N^n^. 'ni>.  \i.'ytv  la  «ruiieuse  lettre  qu'il  écrivit.. 
\:  ir-  v'wî.^^rj  1074..'.  Bcatnx  et  a  M 'thildc. 

i  ^   P r o '  \î  Me  r:  ^r.  :  Se r j:: i:  s   V .  d u ^   de    N  aplcs,   cf.    B .  Capasio  : 
MrKumcrr.ï  .:J   Scjv^liîj't;   Jitcdtuf   hifforiam  pertimentia»   I.    I, 


1* 


285 

de  lo  prince  Richari  li  estoit  encontre,  liquel  aviengne 
que  non  eust  tant  de  chevaliers  quant  avoitlo  duc,  toutes 
voies  il  estoient  prouz  et  vaillant,  et  metoient  en  cuer  a  lo 
prince  que  il  issist  contre  11  chevalier  deloduc  pourcom- 
batre. 

Cap.  i6.  La  estoit  loabbé  Desidere  de  Mont  de  Cassyn, 
qui  pourchasoit  de  faire  paiz  entre  eaux  et  amor,  et  ces 
.ij.  seignors  avoient  eslut  cestui  abbé  Desidere  pour  père 
espirituel.  Et  estoient  subjette  a  son  conseill,  quar  il  estoit 
ami  de  l'un  et  de  Tautre,  c'est-a-dire  de  ces  .ij.  princes 
liquel  estoient  anemis,  laquelle  choze  poi  de  foiz  avient 
que  un  puisse  estre  ami  de  dui  anemis.  Et,  par  la  grâce 
de  Dieu,  sans  nulle  suspitio,  chascun  de  eaux  avoit  mis 
en  cestui  abbé  son  entention,  et  par  Tordinalion  de  lo 
abbé  vindrent  a  parler  ensemble  ces  dui  seignor,  et  embra- 
chereni  et  baisèrent  en  boche  Tun  l'autre,  et  estèrent  et 
parlèrent  ensemble  jusque  a  vespre.  Et  au  soir  lo  prince 
se  parti  et  vint  a  Averse  (i);  et  Tautre  jor  lo  prince  au 
malin  retorna  a  voier  lo  sien  ami,  et  parlèrent  molt  en- 
semble. Lo  prince  pria  molt  lo  duc  qu'il  non  fust  plus  en 
champ,  mes  qu'il  preist  un  de  ses  chasteaux;  et  lo  fist  la 
pétition  de  lo  prince,  et  manda  arrière  molt  de  ses  cheva- 
liers, et  lui  et  sa  moillier  et  ses  filz,  avec  aucun  grant 
home  qu'il  retint  auvec  soi,  s'en  ala  a  la  Cerre  (2),  dont 
tant  de  jors  come  il  demora  la  ot  de  lo  prince  larges  des- 
pens.  Et  ace  que  nulle  doutance  fust  en  lo  cuer  de  lo  duc,^ 
lo  prince  commist  a  lo  ministre  de  lo  duc  la  tor  et  li  haut 
palaiz,  et  fist  toute  la  gent  de  lo  duc  ester  dedens  la  terre. 
Et  puiz  ordenerent  lo  lieu  ou  puissent  estre  ensemble  et 

(i)  La  ville  normande  d*A versa,  non  loin  de  Naples. 
(2)  Il  s'agit  sans  doute  d'Acerra,  à  Test  et  à  une  faible  distance 
d'Aversa. 


2  Se 

ozdtzzT  zt  qui  !  :r  plir :::  :  £C  a  ce  qu'il  non  peusscnt  estre 
c.:rr:c!e:  ensezibl^  rir  dit  de  juts  ne  Ie%'és  de  lor  bonc 
e.ireaûoa.  r.irea:  ^acre  =jux  richissime  pièges  et  fidejus- 
sors.  E:  q^r.:  jeste  covenance  ensi  fermée  de  Tune  pan 
e:  Je  Lauire.  1.  iu:  se:*:r.orse  partirent  de  bone  volenté. 

Ca?.  !  ~.  Et  après  ce.  quant  les  chozes  que  noaz  avons 
je  van:  dxies  lurent  ;ai:es.  vint  lo  jor  déterminé  que  li  dui 
seignorfuren:  enâcmbîedcompaingniezdegransseignors, 
et  tu  lo  abbé  EVesîJere  conviés  d'une  part  et  d^autre.  Et 
s'en  alerent  j  Apice    :  .  et  quant  il  vindrent  la  lo  duc 
vouloir  recompenser  j  lo  prince,  il  lui  fistbonorea  Apice 
corne  io  prince  lui  avoit  fait  a  la  Cerre;  et  auirest  come 
lo  prince  avoit  donné  la  forteresce  a  lo  duc  a  la  Cent» 
ensi  lui  donna  lo  duc  la  foneresce  de  Apice,  et  la  demo- 
reren:  .xxx.  jors  ensemble  continuelment  pour  examiner 
et  faire  la  p aiz,  et  rendirent  Tun  a  l'autre  ce  que  Tun  avoit 
le\-é  a  l'autre.  Quar  ce  que  requiert  lo  prince  laisoit  et 
consentoit  li  duc,  et  lo  prince  Richan  non  failli  de  faire 
ce  que  vouloit  loduc.  Et  cornent  ce  fust  chose  que  tuit  lor 
home  et  lor  fidel  faisoient  ce  voloient  ces  dui,  et  tout  lor 
commandement  faisoient  fors  tant  seulement  Balalarde  et 
Rogier  Arenga  '  2  ,  liquel  estoient  encontre,  et  non  vou- 
loient  faire   lo  commandement  de  lo  duc  ne  faire  sa 
volenté.  Et  avoient  en  despit  lor  seignor,  et  penaoient 
coment  il  avoient  esté  occasion  de  la  brigue  laquelle  avoit 
esté  entre  lo  duc  et  lo  prince.  Et  ces  dui  seignors,  quant 
il  orcnt  disponut  lor  coses  coveniblement,  et  pardonnèrent 
Tun  a  Tautre  toute  maie  volenté  et  injure.  Et  la  terre  que 

fi)  Probablement  Apice,  à  Test  de  Bcncvcnt,  sur  la  rivegiuche  du 
Calorc. 
(3)  il  faut  Robert  Arenga;  cf.  supra,  1.  Vil,  2,  le  traducteur  cfAûnc 

moJitic  trop  souvent  les  noms  propres. 


287 

lo  duc  avoit  levée  a  lo  prince  lui  rendi,  et  si  lui  donna  de 
la  soe;  et  il  croiant  que  Tamistié  de  la  carité  de  lor  cuer 
pour  nulle  maie  volenté  se  peust  deffaire,  quar  non  se 
pooient  départir  de  ensemble  a  parler  pour  nulle  dispo- 
sition de  chevaliers,  et  tant  estoient  liés  ensemble  d^amor 
coment  s^il  n^eussent  jamais  esté  anemis  entr'elz.  Et  puiz 
que  fu  déterminée  tou-te  chose,  il  vouloient  que  les  cove- 
nances  de  la  paiz  fussent  escriptes,  et  ceste  escripture  fu 
occasion  de  la  destruction  de  la  paiz,  car  en  la  mémoire 
et  en  Tescripture  de  lo  prince  estoit  escrit  que  il  vouloit 
salver  amistié  avec  lo  duc  salve  la  fidélité  de  lo  pape;  et  lo 
duc  non  vouloit  ceste  condition,  quar  non  estoit  bien  avec 
lo  pape,  coment  est  dit.  Et  adont  se  partirent  corrociez, 
et  commencèrent  la  grant  brigue  qu'il  avoient  devant 
entr'els.  Et  lo  prince  s*en  ala  a  Capue,  et  lo  duc  en  Ca- 
labre  (i). 

Cap.  i8.  Balalarde,  par  lo  conseill  malvaiz  de  son 
maistre,  contre  lo  duc  son  oncle  appareilla  anemistié,  et 
entra,  o  li  chevalier  siens,  en  la  forte  roche  de  Saint- 
Severin  (2).  Et  la  terre  de  lo  duc,  laquelle  estoit  après, 
sovent  gastoit.  Et  de  l'autre  part  estoit  Guillerme 
Arengue  (3),  liquel  avoit  fait  une  liga  avec  lui  et  faisoit 
come  Balalarde.  Et  lo  duc,  quant  il  sot  ceste  novelle, 
assembla  une  grant  multitude  de  chevaliers  et  de  pedon, 
et  asseia  la  cité  de  Saint-Severe,  et  secont  que  est  acostu- 


(i)  Le  but  de  Robert  Guiscard  était  évidemment  de  détacher  le 
prince  de  Capoue  de  Grégoire  VII  et  de  Gisulfe  de  Salerne  et  par  là 
de  dissoudre  la  ligue  qui  le  tenait  en  échec. 

(2)  Santa-Severina  dans  la  Calabre,  sur  la  rive  droite  du  Neto  ;  la 
petite  ville  est  bâtie  sur  les  hauteurs  du  Monte-CUbano  et  présente 
une  vue  magnifique  sur  les  golfes  de  Tarente  et  de  Squillace. 

(3)  Robert  Areng. 


n.in.'c,  U^\  chn^tcaux  liqiicl  enforza  de  fossez  et  de  palis. 
n  liiirUf}  Mi"^  piveillons.  Fit  Ba  la  larde  garde  it  Li  cirêde- 
(U-Ai^  l;i{i]elic  non  ^e  derfendoit  pour  IL  Normant  pour  la 
f  >rrcreMC  «le  io  lien.  Kt  lo  â\ic  continuelment  sont  portées 
ic!<i  rho/x:*^  tic  vivre,  et  quant  lo  duc  mandoit  sa  genc  i 
fhnrirr,  F*^iia  la  r  le  mandoit  sa  gent  a  faire  proie;  loqoei 
l».il.il  irr.  roni  rit  ce  soit  chozc-  qu'il  fust  assoutillié  de  TÎn 
M  lif^^r.iiii,  il  >i:<;.iriiroient  tic  char  qu'il  turoient.  senoa 
'lu'il  lor  r.'iilloit  lo  sel.  Kl  l<o,^îcr  fil  de  lo  duc,  jorene  et 
<lr  horu*  exposition,  et  snî;c  jovencel  (ij,  asseia  lo  chastel 
rie  V.ill.'irie  i'Z]  et  dcstrui/oiiCjuilIcrme  Arenga  par  fcune. 
\''a  î\  (c  furent  mené/,  que  prioient  Tun  et  Tautre,  c'est 
«issavoir  l*;il.ilnrt  et  (luillcrmc  Arenga,  de  demander  par* 
(lonri;in(-c  »  lo  duc  et  de  avoir  sa  grâce,  et  de  faire  son 
rorn(ui(lrriH*ni.  Kt  lo  duc  non  lo  vouloit  faire,  quar  sa 
!,iti^;iic  cnt  cstr  m  vain  s'il  non  cust  la  cité  por  laquelle 
il  ;ivoit(onih;iiii  lonc-temps;  et  cil  gardoient  la  cité  et  con- 
\niU)\ru\  li  cit.'idin,  et  partoient  avec  eaux  ce  que  il  pooient 
fnirr.  rt  lor  proinctoient  de  lor  doncr  part  de  ce  qu"!!  por- 
roiriit  ac(|ursti'r.  I'!t  lo  iluc  non  se  muet,  ainsdeffent  a  ses 
:i  lien  lis  la  v/)ic  et  co  ni  resta  a  li  dcsrobeor  et  prendoit  de 
Il  (liav.dier;  et  li  damnée  (]u'il  avoicnt  receu  en  la  proie, 
inovia  ru  la.  as  chevaliers  qu'il  prist.  Et  faisant  entrel- 
l.iissc  a  lo  dire,  si  conterons  de  la  libéralité  de  lofilz  de  lo 
du(  et  la  pitié  île  lo  duc  son  pcrc. 

Cav.  I  (|.  (  )r  ilit  cnsi  cestc  ystoirc  corne  ce  soit  cose  que 
li  vrstiMiuMit  de  lîalalarde  pour  viellcsccse  commencèrent 
a  loinprc,  il  pria  Kogier  lo  fdl  de  lo  duc  que  a  lo  jor  de 


(i)  lt<r<*i.  filt*  •!  '  K<>l'<*rt  Guiiurnril  et  de  Sikelgalta;  il  succéda  à 
son  |t(  ir  ni  iiiSj,  main  sniis  avoir  son  génie  militaire  et  poUliqac. 
(  i  )  Jo  n'rti  pu  truuvcr  où  vtait  ce  •  chastel  de  Vallarie.  ■ 


289 

Pasche  (  i  )  le  doie  subvenir  a  la>£oe  nécessité,  et  en  si  grant 
feste  lo  doie  sovenir  de  dras  noves;  et  lo  jovencel  va  a  la 
volenté  de  lo  père,  et  li  dist  la  neccessité  de  son  parent,  et 
cornent  lui  avoit  demandé  une  robe.  Et  lo  duc  commanda 
que  fussent  aportés  dras  bons  et  covenables  de  diverses 
manières,  et  les  bailla  a  son  chier  fill,  et  lui  commanda 
qu^il  les  devist  mander  a  Balalarde,  et  ensi  fu  fait. 

Cap.  20.  A  la  ducesse  recordoitencoire  de  la  grant  arro- 
gance de  Balalarde,  quar  quant  lo  duc  fu  malade  et  jugié 
por  mort,  corne  nouz  avons  devant  dit  (2),  tuit  li  cheva- 
lier normant  se  assemblèrent  et  eslurent  por  lor  seignor 
Rogier  lo  filz  de  lo  duc,  et  lui  jurèrent,  et  furent  fait  ses 
chevaliers,  fors  tant  solement  Balalarde  qui  lo  contredist, 
lequel  refusa  de  estre  son  chevalier,  quar  il  vouloit  estre 
haucié  en  celle  honor  :  dont  la  ducesse  garda  ceste  dolor 
en  son  cuer  ensi  come  un  coultel.  Ceste  esmut  lo  cuer  de 
lo  marit  a  faire  damage  a  Balalarde  ;  et  clama  ses  amis 
quant  come  il  pooit  pour  faire  mal  a  Balalarde. 

Cap.  2  î  .  Et  lo  duc  se  commut  contre  Balalarde  pour  lo 
dit  de  la  moillier  et  pour  Poffense  qu'il  avoit  faite  contre 
loduc,  laquelle  offense  la  dame  lui  tornoit  a  mémoire;  et 
chascun  jor  se  iroit  plus  contre  Balalarde  pour  le  des- 
truire,  et  cressoit  li  castel,  o  grandissime  fossez  et  paliz 
clooit  la  cité,  et  gardoit  toutes  les  voiez,  et  ensi  defTendoit 
li  chevalier  qu'il  non  feissent  proie  et  li  vilain  qu'il  non 
alassent  pour  leingne.  Et  cil  de  la  cité,  pour  ce  qu'il 
amoient  molt  Baialarde  et  avoient  paour  de  lo  duc,  pour 
la  deffence  de  la  rébellion,  destruizoient  lo  maisons,  et 
tref,  et  toutes  les  autres  choses  utiles  consumoient.  Et  puiz 

(i)  Bien  probablement  le  jour  de  Pâques  loyS. 
(2)  a.  supra,  l.  VII,  7  et  8. 

19 


quan:  iiurcn:  :jite  cesie  choze.  viadreai  a  Baialarde  et 
lui  distrtnt  la  misère  de  lor  poureté,  et  lui  prièrent  qu'il 
aldSt  a  lo  duc  son  oncle  por  eaux  délivrer.  Ec  quant 
BaiaiarJe  vî:  que  cil  de  la  cité  lui  gardoient  àdeiité  a  lor 
[Kjoir,  mes  non  pooîent  plus  pour  ce  que  toutes  choses  lor 
côtoient  t'ailliez.  Baialarde  a  lor  pétition  demanda  si^u- 
rancc  de  aler  impetrer  pardonnance  pour  cil  de  cité  a  lo 
duc.  Etloduc  savoitque  Baialarde  devoit  susciter  escan- 
dalc  a  son  pooir  partout  la  ou  il  aloit  :  toutes  voiez  lo  duc 
desprisant  le,  dona  licence  a  Baialarde  qu*ils*en  poistaler 
sccur,  et  a  ceuz  de  la  cité  pardonna.  Et  puiz  s*en  parti 
Baialarde,  et  lo  duc  entra  en  la  cité,  et  appareilla  la  fone- 
resce  et  i  mîst  gardes  '  t  .  Et  puiz  ala  en  aide  de  son  filz 


(i)  (ji  récit  du  siège  de  Santa-Se\-eriiia  par  Aimé  préssnte  une 
<!itficu]tc  chronologique  ;  Aimé  place  avant  le  siège  de  Saleme,  c'est- 
ù-  lire,  comme  nous  le  verrons  bientôt,  en  1075  et  au  commencemenl 
(le  107^3,  ce  siège  de  Sctnta-Severina  par  Robert  Guiscard,  la  prise 
<t"  cette  ville  réduite  par  la  famine  et  la  fuite  d'AhagëlarU  qui  se 
rctugie  dans  la  forteresse  de  Santa-Agitha  en  PouîUe.  Mais  Mala- 
t-rr:i  (Ilistoria  Sicula,  III,  3,  0),  parle  aussi  d*un  siège  de  Sania- 
Scvcrina  srjutenu  par  Abigélard  contre  Robert  Guiscard,  de  la  prise 
lie  ijcttc  ville  par  ce  dernier  et  iilurs,  comme  dans  le  récit  d'Aimé^ 
At'.igi'l.ird  trouve  nn  refuge  en  Fouille  à  S^nta-Agatha.  Seulement 
Mtlnt  :rra  pl.ice  ces  événements  après  la  prise  de  Saleme  par  Robert 
(jiiisv:irdy  c'est-à-dire  en  1077.  Les  deux  chroniqueurs  parleat-îls 
ilrs  incmes  t'nitset  altjrs  Tun  des  deux  commet^l  une  erreur  de  chro- 
noldgi'.'  (iu  bien  ont-ils  en  vue  des  faits  différents.  Les  raisoni  sui- 
v:i rites  me  porteraient  ii  croire  que  cette  dernière  hypothèse  est  la 
viMJe,  (]u'il  y  a  eu  deux  sièges  de  Santa-Severina  par  Robert  Guis- 
isirl  contre  AH.igcl.ird  et  qu*à  l'issue  du  premier  comme  du  seocuid 
siè^c,  AK'it;cIard  s'est  réfugié  à  Santa- Agatha  en  Pouille  : 

I"  Dans  le  récit  d'Aimé,  nous  voyons  que  le  prince  Richard  de 
(:ii|>«iiic  stuitient  AbïigélarJ  contre  Robert  Guiscard  (cf.  Aimé,  VII, 
2'i);  (ii-,  cette  alliance  n*a  pu  avoir  lieu  qu*avant  le  siège  de  Saleme, 
piiisiiiùi  partir  Je  ce  siège,  le  prince  et  le  duc,  devenus  amis,  ne  se 


291 

pour  veincre  Guillerme  Arenga,  et  ordina  chastel;^  plus 
près  de  la  cité  et  plus  espés,  et  restrainst  li  anemis  en  la 

firent  plus  la  guerre  et  que  cette  union   persista  jusqu'à  la  mort  de 
Richard,  en  1078; 

20  De  'même  dans  la  narration  d*Aimé  sur  ces  événements, 
les  comtes  d*Aquino  prennent  parti  les  uns  pour  Richard  de 
Capoue,  les  autres  pour  Robert  Guiscard  ;  or,  de  pareilles  divi- 
sions n*ont  pu  avoir  lieu  qu*avant  et  non  après  le  siège  de  Salerne. 
Hirsch  Ta  remarqué  avec  raison,  l.  c,  p.  3 12,  toute  cette  partie  du 
récit  d*Aimé  se  tient  très  bien  et  la  critique  n'y  peut  constater  de 
contradiction;  il  est  donc  plausible  que  le  siège  de  Santa-Severina» 
dont  il  parle,  ait  eu  lieu  avant  le  siège  de  Salerne. 

D'un  autre  côté,  il  y  a  dans  le  récit  de  Malaterra  sur  le  siège  de 
Santa-Severina  des  détails  précis,  nullement  contradictoires  et  qui 
montrent  que  ce  siège  a  eu  lieu  après  celui  de  Salerne  et  qu'il  diffère 
sensiblement  du  siège  de  Santa-Severina  dont  parle  Aimé.  Ainsi, 
dans  Malaterra,  ce  n*est  plus  la  famine  qui  oblige  Santa-Severina  à 
ouvrir  ses  portes  à  Robert  Guiscard,  c'est  Abagélard  qui  consent  à 
rendre  la  ville  pour  délivrer  son  frère  Hermann.  Trompé  par  le  duc 
qui  s'empare  ainsi  de  Santa-Severina  et  qui,  malgré  ses  promesses, 
ne  rend  pas  la  liberté  à  Hermann,  Abagélard  finit  par  abandonner 
également  Santa-Agatha  à  Robert  Guiscard  pour  obtenir  enfin  cette 
libération.  Dans  Aimé,  il  n'est  pas  dit  que  le  duc  s'empare  de  Santa- 
Agatha.  L'erreur  de  Malaterra  dans  ce  récit  est  de  supposer  qu'Aba- 
gélard  et  son  frère  Hermann  soient  partis  aussitôt  après  pour  Cons- 
tantinople,  abandonnant  définitivement  Tltalie  ;  nous  savons  que  la 
lutte  d'Abagélard  contre  son  oncle  Robert  Guiscard  ne  se  termina 
pas  de  cette  manière.  Concluons  donc  qu'il  y  a  eu  deux  sièges  de 
Santa-Severina,  un  avant  et  un  après  le  siège  de  Salerne  et  que 
Malaterra  a  raconté  le  second  et  Aimé  le  premier. 

Ces  deux  sièges  de  Santa-Severina  l'un  en  107 5,  l'autre  en  1077, 
expliquent  peut-être  Terreur  commise  par  Romuald  de  Salerne,  ce 
chroniqueur  écrit  :  «  Anno  1075,  dux  Robcrtus  sanctam  Severinam 
Calabriae  civitatem  loco  munitissimam,  tertio  anno  postquam  illam 
obsederat,  cepit.  Hinc  quoque  cepit  civitatem  Consanam,  obsesso 
castello  sanctae  Agathae  quod  incessabili  oppugnatione  cepit.  His 
etiam  diebus  cum  exercitu  proficiscens,  obsedit  Salernum.  »  ChrO' 
nicon  dans  Murntori,  R.  I.  S.  T.,  t.  VII,  col.  171   sq.  Il  est  certain 


2^2 

cité,  et  lor  tist  famé.  Et  Guillerme,  puiz  quMl  senti  que 
Baialarde  s*en  estoii  fouy,  et  que  lo  duc  lui  estoit  venut 
sur.  demanda  licence  qu'il  s*en  poist  aler  o  tout  sa  famé 
et  sa  geat.  et  s*en  ala  a  Taide  de  prince  Richart. 

Cap.  22.  Avant  que  lo  duc  avist  prise  ceste  cité,  lo 
prince  Richart  mandoit  chevaliers  en  aide  de  Baialarde 
et  de  Guiilerme.  Et  Giran-de-Bone-Herberge  (i),  quant 
il  senti  que  ces  chevaliers  dévoient  passer,  se  mist  en  un 
lieu  abscons,  et  creoit  les  avoir  en  sa  main  por  faire  plaisir 
a  son  seignor  lo  duc  ;  et  quant  il  lor  ala  devant,  cil  de 
î  autre  part  Torent  atornié.  et  ensicoment  il  creoit  prendre 
autre  il  tu  pris  auvec  molt  la  gent  soe,  et  de  Parme  et  de 
de  li  cheval  furent  riche  li  chevalier  de  lo  prince.  Et  lais- 
seront lor  voie  et  retornerent  arrière  a  lo  prince  avec 
Girart  et  li  autre  prison  ;  et  lo  prince  en  ot  grant  joie  de 
cesie  victoire,  que  li  chevalier  sien  avoient  fait  tel  viaoire 


que  Robert  GuîscirJ  n*ap.is  assiégé  Santa-Sevcrina  de  1072  à  1073, 
comme  le  suppvis.*  Romuald,  ce  que  nous  savons 'de  la  vie  de 
Kob^Tt  GuiscarJ  durant  ces  trots  ans  le  prouve  surabondamment, 
mais  Jans  Tcsp.K'c  Je  trois  ans,  1075,  1076,  1077,  Santa-Severina 
av:)nt  été  .issicA:êe  et  prise  deux  fois,  Romuald  a  confondu  et  cru 
qu'il  n'y  av.iit  eu  qu'un  sicge  et  le  fait  durer  trois  ans.  La  m£me 
erreur  se  retrouve  dans  la  chronique  d*AmalA,  dont  l'auteur  a  puiié 
aux  mêmes  sources  que  Romu;)ld,  on  y  lit»  c.  34  sqq.  :  «  Dus  autem 
Kobcrtus  cep:t  A.  D.  1075  Sanctam  Severinam  civitatem  Calabric 
li.>cu  munitissimam.  Tertio  vero  annopostquam  obiederat  eam,  cepit 
qui<quc  civitatsm  Cusentt;e,  obsessaque  sancta  Agatha,  quam 
inccss.ibili  oppugnationc  cinxerat,  cepit  eamdem.  Hit  etiam  diebus 
cum  suo  exercitu  dux  Robenus  proAciscens  obtedit  Saleminn.  ■ 
Ml'ratori,  Antiquitates  Italien  medii  jEvi,  t.  I,  col.  114. 

•  i)  Ce  Girard  di  Buonalbergo  était  neveu  d'Albérada,  première 
femme  de  Robert  Guiscard  ;  c*cst  lui  qui  le  premier  donna  à  Robert 
le  surnom  de  Guiscard  ;  cf.  supra,  1.  VHI,  11.  Le  château  de  Buonal- 
bergo était  situé  au  nord  et  près  de  Bénévent. 


293 

contre  lo  duc,  et  en  rendi  grâces  a  saint  Benedit  et  a  li 
frère  liquel  habitoient  en  son  monastier;  et  Tun  et  Pautre 
seignor  se  creoient  avoir  victoire  pour  la  mérite  de  saint 
Benoit,  et  pour  l'oration  de  li  moines.  Et  puiz  après  lo 
prince  recercha  li  chevalier  liquel  s^estoient  partit  de  sa 
fidélité,  et  estoientalez  aloduc,  dont  les  chasa  et  tint  lor 
chasteaux  pour  soi. 

Cap.  23.  Et  secont  que  est  dit,  li  frère  contes  de  Aquin 
estoient  divisé  et  gardoient  li  castel  a  la  fidélité  de  lor 
seignor  Adenolfe  et  Landulfe  (i).  Et  o  tôt  la  chevalerie 
de  lo  prince  guardoient  Aquin  ;  et  Coffre  Ridelle  Pont  de 
Corbe  (2)  ;  et  Pandulfe  et  Landulfe  avec  la  chevalerie  de 
lo  conte  Rogier  frère  de  lo  duc,  et  avec  Guillerme  et 


(i)  Cf.  supra,  1.  VII,  xi. 

(2)  II  s*agit  de  Geoffroy  Ridelle  dont  il  a  déjà  été  question,  cf. 
supra,  1.  V,  9,  et  qui  inaugura,  avec  le  comte  Roger,  frère  de  Ro- 
bert Guiscard,  la  conquête  de  la  Sicile  contre  les  Sarrasins.  Nous 
savons  par  divers  documents  que  Geoffroy  Ridelle  était  devenu  duc 
et  consul  de  Gaôte  ainsi  que  seigneur  de.  Ponte-Corvo,  qu'Aimé 
appelle  Pont-de-Corbe.  Ponte-Corvo,  sur  la  rive  gauche  du  Gari- 
gliano,  est  à  une  faible  distance  d'Acquino,  près  de  la  ligne  du  che- 
min de  fer  de  Rome  à  Naples. 

Gattola  {Abbatiœ  Cassinensis  historia,  t.  I,  p.  264,  ex  Pétri 
DucoNi  registre  n*»  429)  a  publié  une  charte  par  laquelle  Geoffroy 
Ridcl  te  gracia  Dei  consul  et  dux  civitatis  Gaieté  et  dominator  Ponti- 
curbensis  »  confirme  une  donation  faite  au  monastère  du  Mont- 
Cassin;  la  charte  est  du  mois  de  septembre  1072.  —  Une  autre 
charte  du  mois  de  février  1075,  également  insérée  par  Gattola 
{lib.  cit,,  t.  I,  p.  267,  ex  Pétri  Diacomi  Regesto,  n»  427),  nous 
montre  Geofiiroy  Ridelle  «  normannus  et  dux  Cajcts  nec  non  comes 
Ponticurbo  »  faisant  au  monastère  du  Mont-Cassin  donation  de  deux 
monastères.  —  Voyez  également  le  numéro  35 1  du  Regestum 
encore  inédit  de  Pierre  Diacre. 


294 

Coffre  guardoient  La  Ynsule(i),  dontli  pueple  qui  la 
habitoit  chascun  jor  estoient  desrobez,  et  non  pooîent 
aler  a  veoir  lor  labor,  liquel  lor  estoient  espessement 
talliez  ;  et  autres!  Tun  aguaitoît  Tautre,  et  se  aucun  en 
estoit  pris  lui  estoit  levé  lo  cheval  et  Tarme  et  estoit 
mande  a  sa  gent,  quar  autresi  estoient  autres  che- 
valiers de  lo  conte  Rogier,  liquel  gardoient  Trajette  (2). 

Cap.  24.  En  une  nuit  tuit  ceus  qui  alloient  sequitant 
lo  duc  se  assemblèrent  en  T  Ynsule  absconsement^  et  lo 
matin  o  grant  multitude  de  vilain  se  départirent  par  les 
chams  de  Aquin  ;  mes  ceus  qui  gardoient  lo  pas^  lor 
recoUirent  la  proie,  et  en  vain  lor  faisoient  aler  cerchant 
la  proie.  Et  li  chevalier  de  lo  prince  s^asemblerent  en- 
semble, et  vont  contre  Guillerme  Rindelle  et  lo  persécu- 
tèrent; etli  chevalier  de  lo  duc,  liquel  estoient  persécutez, 
atendirent  ceux  de  lo  prince  qui  les  persecutoient.  Mes  lo 
fiume  de  Melfe  départi  Tun  de  l'autre  (3);  et  quant  furent 
passé  H  chevalier  del  duc,  il  distrent  a  ceuz  de  lo  conte 
qu'il  passent  avant.  Et  cil  de  lo  prince  o  aspre  reprehen- 
sien  lor  prometent  de  chacier  les  fors  de  lor  terre.  Et  en 
disant  ces  paroles  lo  jor  s'en  ala  et  se  fist  nuit,  et  Pan- 


(i)  II  faut  Lande  au  Heu  de  Landulfe  dans  ce  passage,  cf.  tupra^ 
1.  VII,  1 1  ;  Gotrrc  est  sans  doute  Geoffroy  Ridelle,  mail  quel  est  ce 
Guillerme  r  Probablement  celui  qu'Aimé  appelle  un  plus  loin 
«  Guillerme  Pontarccfrède  »  ;  il  est  vrai  qu'Aimé  donne  aussi  un  peu 
plus  loin  \z  nom  de  Guillerme  à  Geoffroy  Ridelle,  et  qui  sait  si 
Pontarccfic.ie  n*cst  pas  une  altération  de  Pontecorvo  ?  Nous  avons 
déjà  dit  que  «  la  Ynsulc  >•  désigne  sans  doute  Isola  del  Liri. 

(;:)  Tract to,  sur  la  rive  droite  et  près  de  rembouchure  du  Gari- 
gliano. 

(1{)  La  Mol  fa,  petite  rivière  qui  descend  d'Atina,  passe  à  Rocca- 
st.cc<i,  et  se  jette  vlans  le  Garigliano^  un  peu  au  dessus  de  Ponte- 
Curvo. 


295 

dulfe  s'entorne  a  la  Ysule,  et  Adenolfe  et  Guillerme  puiz 
qu^il  sentirent  qu'il  s*en  estoit  alez  passèrent  lo  flume.  Et 
Pandulfe  avec  ses  compaingnons  tornerent  une  foiz  a 
eaux,  et  alore  ordenerent  la  bataille  et  comencerent  a 
combatre,  et  ferent  li  cheval  des  espérons  et  drecerent  li 
haste  pour  ferir.  Et  que  fait  besoingne  de  plus  dire? 
Pandulfe  fu  pris  de  son  frère,  et  de  li  sien  molt  en  furent 
mort  et  molt  en  furent  mis  en  prison,  et  alcun  en  sont 
nafré.  Et  de  l'autre  part,  vint  Guillerme  Pontarcefrede  (  i  ) 
o  li  pedon  en  aide,  et  se  mist  en  mege  a  recovrer  la  ba> 
taille  perdue,  et  délivra  li  prison,  constreint  cil  qui 
avoient  vainchu  a  combatre.  Adont  li  chevalier  pristrent 
cuer,  et  ceuz  qui  estoient  prison  pristrent  ceux  qui  les 
menoient  en  prison.  Et  Pandulfe  fu  délivré,  et  cornent 
dient  alcun,  se  il  avoit  volut  avoit  pris  Adenulfe  son 
frère.  Et  pour  ce  qu'il  estoit  ja  nuit,  tant  li  veinceor  quant 
cil  qui  estoient  vainchut  tornerent  chascun  en  son  lieu. 
Et  lo  matin  Pandulfe  et  Guillerme  cercherent  lo  champ 
et  levèrent  les  chozes  de  li  anemis;  de  li  prison  .xxx.  en 
sont  prison,  o  .xxx.  escut  et  lxx.  chevaux  :  ceste  damage 
avoit  receu  lo  prince  en  ceste  bataille  (2). 

Cap.  25.  Et  puiz  que  lo  duc  avoit  chaciéz  touz  ses  ane- 
mis de  Calabre  et  la  tenojt  en  paiz,  s'en  ala  en  Puille  a 
persécuter  Baiarlade,  et  Garilgione  marit  de  la  soror  (3). 

(i)  Cf.  supra f  I.  Vil,  c.  23,  la  seconde  note  concernant  ce  cha- 
pitre. 

(2)  La  conclusion  de  ce  récit  assez  confus,  est  donc  que  Tavantage 
resta  aux  partisans  de  Robert  Guiscard. 

(3)  Guillaume  de  Fouille  ne  parle  qu'après  la  chute  de  Salerne  de 
cette  révolte  des  barons  normands  contre  Robert  Guiscard,  et  il  est 
bien  certain  que  si  elle  a  commencé,  comme  le  dit  Aimé  dans  ce 
chapitre,  avant  le  siège  et  la  prise  de  Salerne  par  Robert  Guiscard, 
elle  n'a  pris  fin  que  quelque  temps  après  la  conquête  de  cette  ville 


296 

Car  en  tant  cornent  lo  duc  avoit  esté  occupé  en  Calabre, 
ccstui  Baialardc  avec  Garilgione  et  Guillerme  (i)  avoient 
afflit  les  cités  de  lo  duc,  o  molt  de  proies  et  de  desroba- 
tions,  et  Baialarde  estoit  entré  en  la  roche  de  Sainte- 
Agathe  en  Puille^  laqucl  roche  non  se  puet  combatre,  et 
aloit  proiant  tout  lo  païz  entor,  et  Glaile  estoit  et  gover- 
noit  li  chastcl  d^entor.  Et  li  duc  qui  par  lonc  temps  non 
avoit  vcucs  ses  cités  molt  les  aloit  cerchant,  et,  en  la  fin, 
s'en  ala  a  Bar  (2),  et  de  la  manda  son  neveu  Roben,  qu'il 

par  les  Normands.  Ce  même  Guillaume  de  Pouille  écrit,  I.  Ili,^ 
V.  317  sqq.,  nu  sujet  de  Garilgione  qu'il  appelle  Gradilone  : 

«  Amissa:  que  ncpos  terra:  memor  Abagelardus 
Filius  Unfrcdi,  tuto  conamine  temptat 
Infestarc  duccm,  socio  Gradilone  sororem 
Cui  dcdit  uxorcm.  » 

Le  pi>ètc  raconte  un  peu  plus  loin,  1.  III,  v.  61 3  aqq.,  que  Ora- 
dilon  tomba  entre  les  mains  de  Robert  Guiscard  loraque  celui-ci 
s'empara  de  Trivico,  et  que  le  duc  lui  fît  crever  les  yeux  : 

«  Castellum  nomine  Vicum 

Vi  capit;  hic  Gradilo  privatur  lumine  captus 
Tcstlbus  exitur.  » 

l>'aprcs  RomuaKi  de  Salorne,  c'est  en  1079,  bien  après  par  oon- 
si'qucnt  le  sicf;c  et  la  prise  de  Salerne,  que  Gradilone  aurait  été  fiût 
prisonnier,  il  ccrit  ad  an.  1079  :  ««  Ipso  anno  duz  Robertus  obudens 
\'i«.um  cepit  ipsam  civitntcm,  ibi  que  Gradelonem  nepotem  suum 
capions  (luveu  par  alliance,  puisqu'il  avait  épousé  la  sœur  d^Abagé- 
lar.i,  liis  vi'un  tKrc  de  Robert  Guiscard)  uiroque  statim  privari 
lumine  (ecit.  en  i^iiod  ipso  et  alii  pleri  que  baronu m  rebelles  ei 
(Ktiterant.  (.'..tteri  v<.ro  mctii  perculsi  ci  se  subdiderunt.  «Muratori, 
n.  \.  S.  T.  Vil,  col.  174. 

(iHl  s'agit  sans  lioiitc  de  Guillaume  Areng,  qu'Aimé  appelle 
tantôi  (lui  lier  MIC,  t.uuôt  Ruhcrt. 

(2)  Rar  esl  pour  Hiri,  cf.  stupra^  1.  V,  27;  le  Glaile»  dont  Aimé 
parle  un  peu  plus  haut,  est  sans  doute  Garilgione. 


297 

molt  amoit  (i),  o  tout  sa  chevalerie  pour  prendre  Baia- 
larde,  et  manda  a  Rogier  son  filz  qu^il  doie  aler  contre 
Garilgione.  Et  il  clama  li  sien  fidel  pour  prendre  Salerne, 
et  appareilla  divers  trebuc  toutes  ceste  ordination  non  fu 
persequtée,  quar  li  autor  non  lo  met,  et  de  pedons  et  de 
chevaliers  assembla  sanz  nombre  et  de  navie  (2). 

Cap.  26.  Pour  marier  ses  filles  en  cellui  temps  molt 
mandoient  a  lui,  et  molt  de  grans  homes  desîrroient  de 
eaux  conjondre  avec  lui  ;  quar  coment  se  dira  de  puiz, 
aucuns  avoient  grant  paour  pour  la  soe  grande  victoire, 
et  aucuns  qui  esperoient  qu'il  deust  molt  plus  acquester, 
et  alcun  creoient  par  lui  estre  fait  riche,  dont  cerchoient 
Tonor  de  ses  filiez,  et  voloient  estre  conjont  a  son  amistié. 
Et  coment  se  fust  cose  que  lo  impiere  de  Costentinoble 
fust  privé  del  honor  de  toute  Puille  et  de  toute  Calabre 
par  la  vertu  de  cestui  duc  Robert  et  de  li  frère,  lo  impe- 
reor  (3),  par  lo  conseill  de  ceaux  de  sa  cité,  a  ce  qu'il' non 
fust  chacié  de  Tonor  del  empire,  requist  la  fille  del  duc 
pour  moillier  a  son  fillz;  et  dui  foiz  lo  duc  lo  contredist. 
Et  respondi  que  lo  cuer  non  lui  soufferroit  que  sa  fille 
fust  tant  loing  de  lui,  et  toutes  voies  se  alegroit  de  la 
requeste  que  lui  faisoit  li  emperes.  —  Mes  gaboit  li  mes- 
sagiers  par  maliciosez  allégations,  et  li  message  de  Tem- 
pereor  lui  prometoient  de  doter  la  pucelle,  et  li  prome- 

(  I  )  Robert, .  comte  de  Laurotelio  ou  Lauritello,  fils  de  Geffroi, 
frère  de  Robert  Guiscard  et  comte  de  la  Capitanate.  Cf.  Chronica 
Montis-Cassini,  IIl,  25. 

(2)  Le  siège  de  Salerne  a  commencé  vers  le  mois  de  mai  ou  de 
juin  1076,  c'est  donc  avant  cette  date  qu*Aimé  place  les  événements 
qui  viennent  d'être  racontés. 

(3)  Il  s'agit  de  l'empereur  d'Orient,  Michel  VII;  sans  parler  des 
sources  originales,  voyez  sur  son  règne,  E.  de  Muralt  :  Essai  de 
Chronographie  bysantine  (1037-1453),  p.  21,  sqq. 


298 

toicnt  que  H  empeour  li  feroit  tribut  chascun  an.  Et  li 
duc  sagement  cela  la  soe  volenté  à  ce  que  venist  a  plus 
grant  domp  et  promission;  et  li  message  se  partirent 
corrociez.  Mes  plus  corrocié  fu  li  empereur,  quar  creoit  li 
empeor  que  pour  ce  ne  volist  &ire  parentece  auvec  lui  lo 
duc,  car  pensoit  de  lever  lui  Tempiere  et  estre  il  impeor. 
Et  toutes  lui  manda  autre  légat  o  granz  presens  et  molt 
decoscs  lui  prometoit;  et  en  la  fin  loducsereneseendina 
a  la  proiere  de  lo  empereor,  et  dona  sa  fille  a  lo  fiU  de 
Pempeor,  et  fu  exaltée  de  dote  roial  et  de  grant  honor.  Et 
ensi  li  empeor,  liquel  devoit  recevoir  tribut  de  tout  lo 
monde,  rendi  tribut  a  cestui  duc.  Car  li  impeor  lui  man- 
doit  par  ses  messages  mille  et  dui  cent  de  livre  de  or  avec 
prcciosissimc  pailles  de  or  et  autres  domps  (i). 

Cap.  27.  Et  puiz  quant  Henri,  royde  liThodeschi  (2), 
puis  oï  tant  de  prospérité  et  triumphe  qui  maiz  non 

(i)  Plusieurs  historiens,  notamment  Jean  Scylitzès,  Zonare,  Anne 
Comnènc,  Guillaume  de  Fouille,  G.  Malaterra,  ont  parlé  de  ce  ma- 
riage, ainsi  :  Wro^tsfXs;  os  Tzpàz  tov  Tt|V  Aoyyixapfiîav  xaxéx^vxn 
f^pxvvov  'Pou(ji7:iptov  xsXo*j|jlcvov,  r^,v  aÛToC  Suyaxipx  tf  vi$  Kwvnv- 
TÎvfa)  vuvstxx  T^vi^cTO,  'EXivv  (ilTOvo|ià9XC  aM;v.  J.  ScTUT£f 
Historia^  p.  720  dans  le  second  volume  des  œuvres  de  Cbdkesil'S, 
éd.  de  Bonn,  1839.  ^  '^  P^S^  7^4}  Scylitzès  parle  de  nouveau 
de  ce  mariage,  et  dit  que  l'empereur  Michel  VII  voulait  s'assurer 
par  cette  union  le  concours  des  Normands  contre  les  Turcs. 
J.  Zonare  rapporte  le  fait  et  ajoute  que  Constantin,  le  mari  de  la 
fille  de  Robert  Guiscard,  avait  pour  mère  Maria  Alana.  L  Zokab^ 
Annales f  lib.  XVI H,  17,  t.  II.  p.  268,  éd.  de  Paris,  1687,  in- 
folio.  Excîvo;  yip  o  £ÎpT,(xâvoç  aÙTOxpiTiop  o  Aoù^oc  Mi^^i^  ^C* 
ToO  ^xofJxpou  TOUTOU  (Robert  Guiscard)  SuysTipa  ilc  xou  isvtou  uio* 
x:cTT,YYUT,92T0  Kb>v9T3VTivov,  xzvTcuBev  ôvtppiyv)  xi  t6v  «oXf|i«v. 
A.  C0UUV.SM.  Alcxiadis  lib.  I,  10,  t.  1,  p.  49,  éd.  de  Bonn,  i83o. 
Kntin  Guillaume  de  Pouille,  1.  III,  v.  5oi  sqq.,  et  Malatsara, 
1.  l!l,  I?. 

{1)  Henri  IV,  roi  de  Germanie,  plus  tard  empereur. 


299 

furent  oï,  de  lo  duc  desideroit  d'estre  son  ami.  Et  lui 
manda  .ij.  de  li  maistre conseilliers  siens;  c'est  lo  evesque 
de  Verseill,  loquel  se  clamoit  Grégoire- (i),  et  son  cancel- 
lier  royal  et  conte,  loquel  se  clamoit  Herenarde  (2),  liquel 
lui  deissent  la  syncere  volenté  que  avoit  envers  de  lui. 
Et  la  terre  laquelle  par  sa  vertu  et  par  la  grâce  de  Dieu 
avoit  vainchut,  lui  prioit  qu'il  deust  recevoir  par  don 
royal.  Et  ensi  vouloit  li  empeor  que  Tonor  royal  accres- 
sisse  a  lui,  et  fust  plus  secur  de  la  corone  soe.  Et  lo  duc 
rechut  li  messagier  honorablement  et  les  fist  servir  dili- 
gentement;  et  que  non  vouloit  la  poesté  terrienne  mètre 
sur  la  poesté  de  Dieu  et  de  li  apostole,  lo  duc  par  grant 
sapience  respondi  ensi  :  «  Je  ai  traite  cette  terre  de  la 
puissance  de  li  Grex  o  grant  effusion  de  sanc  et  grant 
neccessité  et  poureté  de  famé  et  misère;  la  moleste  de  li 
Normant  molt  de  foiz  m'a  cerchié  de  persécuter;  et  com- 
prendre la  superbe  de  li  Sarrazin,  famé  et  molt  tribula- 
lion  sousteni  delà  de  la  mer;  et  a  ce  que  je  avisse  laide 
de  Dieu,  et  que  proissent  Dieu  pour  moy  mon  sire  saint 
Pierre  et  misire  saint  Paul,  à  qui  tuit  li  règne  del  monde 
sont  subjecte,  je  me  voloie  soumetre  a  lor  vicare  lo  pape 
avec  toute  la  terre  que  je  a  voie  conquize,  et  autresi  la 

(i)  Grégoire,  évéque  de  Vercelli,  partisan  décidé  d'Henri  IV  contre 
Grégoire  VU  dans  la  question  des  investitures. 

(a)  Eberhard,  comte  de  Nellembourg  et  chancelier  du  roi  Henri  IV 
pour  le  royaume  d'Italie.  Sur  cette  mission  d*Eberhard  en  Italie, 
laquelle  eut  lieu  en  1075,  voyez  Bonitho  ad  amicum,  I.  VII,  dans 
Jaffe  :  Mon.  Gregor.,  p.  664.  Arnulf  de  Milan  a  en  vue  les  négo- 
ciations entamées  entre  Henri  IV  et  Robert  Guiscard,  lorsqu'il  écrit  : 
«  Prsterea  Csesar  Heinricus...  studet  hujus  ac  romani  prœsidis 
obstarc  conatibus.  Dominabatur  tune  temporis  Apuliae  princeps 
magnus  Robortus  ille  Normannus.  Inter  hune  et  regem  dum  super 
hac  re  discurrerent  nuncii,  prsfatus  papa  ...»  Armdlfi  Gesta 
archicp.  MedioL,  1.  V,  MG.  SS.,  t.  VllI,  27. 


î  -•. 


-r:>z j:^^  rszsT3:r  par  lo  ruin  de  lo  pape,  à  œ  que  par  la 
p:::55£=:s  6t  Dltz  =2e  psnisse  garder  de  la  malice  de  li 
SsÂrrazfr.  li  -rzizzhzz  Ii  superbe  de  li  ennmge.  Car  noaz 
K£vrc5  z'zt  -p&T  rrrson  de  annquité  josque  a  lo  nostre 
:£=::p^,  '.i  surerSe  de  li  Grex  seignorioit  PuUle  et  Ca- 
libre î:  zzzzt  Srcilt  esioi:  orde  et  bmte  de  renor  de  li 
Sàrrâzin  :  e:  rr,a: n".gaanT  Diea  toat  puissant  m^a  glorifié 
en  ces:*  vinoire  et  a  sub^'ecté  la  terre,  laquelle  estait  pre- 
TTi'jie  par  crudele  pjissance,  et  m'ont  fait  maior  que  nul 
dt  Tr.a.  ztnz  :  et  pour  ce  me  covient  estre  subject  a  Dieu 
pour  11  zTÂCt  que  'e  lai  vainchue.  et  de  lui  recognoiz-je 
la  :erre  laquelle  vouz  dites  que  vouz  me  voulez  donner. 
Mes  pour  ce  que  la  cain  de  monseignor  lo  roy  est  droite 
e:  lai^e,  donne  mov  de  lo  sien  sur  cellui  peu  que  je  ai  et 
possède,  et  je  lui  serai  subiea,  toutes  voiez  sempre  sal- 
vant  la  ndelîté  de  TEglize  **.  Et  li  message  de  Tempereor 
se  merveillerent  de  tant  de  sapiencej  et  Tirent  la  richesce 
et  la  grant  puissance^  et  cercherent  les  chasteaux  et  les 
cités  et  lo  mobile.  Et  puiz  distrent  :  c  Cestui  est  li  plus 
^ant  seignor  del  monde  •.  Et  lo  duc  les  enrichi  de  ses 
domps  sans  profit  de  lo  message  de  lor  seignor,  et  tor- 
nerent  en  lor  contrée  alegrement  (  i  ). 

Cap.  38.  En  cellui  temps  meismez  li  message  qui 
venoient  de  lo  prince  pour  avoir  paiz  avec  lo  duc,  encon- 
trerent  li  message  de  lo  duc,  liquel  venoient  pour  celle 
meismc  occasion.  Ceaux  del  duc  cerchoient  de  adolcir  la 

(  I  )  La  réponse  de  Rohen  Guiscard  est  assez  narquoise;  en  réaliié, 
il  se  moquait  à  la  fois  et  du  roi  et  du  pape.  Ce  qu*il  voulait  par 
dessus  tout,  c*ctait  d'empêcher  rinter>'ention  d'Henri  IV  et  de  Gré- 
goire VII  dans  les  questions  politiques  de  Tltalie  méridionale,  où  il 
entendait  être  maître  et  garder  sa  liberté  d'action  ;  c'était  là  le  fond 
de  sa  pensée,  et  le  ton  mystiquement  railleur  de  ta  réponse  oe 
saurait  donner  le  change. 


perversité  de  lo  prince  requeroient  que  lo  duc  et  lo  prince 
eussent  bone  volenté  ensemble.  Et  en  ceste  manière  la 
pétition  de  Tune  part  et  de  l'autre  estoit  juste.  Quar  ce 
que  cerchoient,  Tun  et  Tautte  desirroient  de  avoir.  Li 
messagier  escriverent  les  covenances  de  Tun  et  de  Tautre, 
et  furent  présentées  a  li  seignor  ;  et  furent  loées  et  affer- 
mées et  fortifiées  par  sacrement  de  lor  fidélité  (  i  ). 

Cap.  29.  Puiz  que  ceste  contention  del  duc  et  del 
prince  fu  passée  par  la  grâce  de  Dieu,  orent  victoire  am- 
bedui  de  lor  anemis,  et  quant  il  furent  ensi  covenut  en 
amistié,  il  menèrent  derrière  euz,  et  la  fu  présent  abbé 
Desidere,  liquel  sempre  estoit  principe  de  paizdecesdui, 
lesserent  a  aler  par  les  liez  sans  rayson  et  par  les  choses  de 
loy,  et  lesserent  lacom  paigniede  liamis  non  pofens,  et  jurè- 
rent de  Tun  traitier  la  utilité  de  Tautre,  et  estreen  damage 
de  touz  lor  anemis.  Et  lo  prince  dist  de  soi  meismes,  se 
ofTri  de  soi  meisme  estre  en  aide  a  lo  duc  de  prendre 
Salerne.  Et  li  duc  dist  qu'il  lui  vouloit  donner  aide  a  lo 
prince  de  chevalier  et  de  navie  pour  prendre  Naples.  Et 
rendirent  Tun  a  Tautre  la  terre,  laquelle  avoient  tolue 
Tun  a  Tautre.  Et  li  légat  en  ceste  amistié  ceï-cherent  a 
chascun  li  acressement  de  lor  honor  et  de  lor  compain- 
gnie,  et  proposent  ensemble  de  estre  contre  tout  home. 
Mes  il  me  pert  que  li  message  de  lo  roy  d^Alemaingne  fu 
occasion  en  part  que  lo  duc  fist  paiz  a  lo  prince  Ri- 
chàrt  (2). 

■ 

(i)  Malaterra,  m,  2,  parle  aussi  de  la  réconciliation  entre  Ri- 
chard de  Capoue  et  Robert  Guiscard,  il  écrit  :  «  Sed  quia  inter  se 
(Robertum  Guiscardum)  et  Ricardum  principem  Averss  inimicitiae 
efferbuerant,  veritus  ne  ab  ipso  Gisulfo  adversum  se  succurreretur, 
pacem  cum  ipso  fecit.  » 

(2)  il  se  peut  que  la  crainte  d'une  intervention  d'Henri  IV  dans 
ritalie  ait  influé  sur  R.  Guiscard  et  sur  Richard  pour  les  amener  à 


Ce?  :z  Ez  irz  ziLii  ie=ps.  ces  .iî.  pères  et  seignon 
SÂZfCDei:  i:r*LZs:rtiz  li  d&2e  ezire  il  et  Robert  Laaii- 
c.-î  -  .  zsrrtz.  zt  jz  ZT1Z.Z  iac  Robert,  ot  gnndissîme 
riz-zi  zK,zz  iîs^iiTît  ie  trqisesjcr  xene.  laquelle  par  k 
ç^^::^  zi  ly.tz  zz-zzt  sen^rcî:  oc  victoirep  et  assailli  la 
=^cbe  ii  Tzr±Li=  liça&^  se  dame  mainteDant  la 
zr,kzz'z:t  z'AzzzTjt  1  .  i^.  It  cesse  marche  esioît  seîgnor  le 
c:~:e  Trir.5:r.ur-i  :  .  E:  r^r  mo!:  lonc  temps  en  avoient 
£<:=  seiztiic  ses  i^j£sscrs.  II  fj  assatilli  de  cestoi  Robert, 
c^  tzi  >£rl:  ie  :e=:ps  en  fa  aqoesrée  une  part,  laquelle 


s«  Téz:r^-Ti^,  — j.s  c'i;^:  ê7-^=.=ï£s:  Je  icszr  de  conquérir  Pua 
Silimi.  Tiutre  Nir!»  q-:il  2  zptTé  k  rigycucheaaent. 

:  Ri^ber:  if  LijrizfiJo  c<i  Lr:rsisl2o:  il  était  fils  de  Gcfray, 
frsre  i£  Rjbert  Gr-.v-ir.:  tz  z:ci£  ie  li  Capituate;  le  omdIc  Gcf- 
::.;  n:^.:^ru:  e=  :>:5,  Ct''--'«i»t  h^we  .Vûm.,  «i,  «k.  io63  : 
•  ziziLii  Aprll.  z>::r-^s  £:?:  Gau^ûd-.is  cornes.  ■  Un  texte  Je  li 
chr.r^^je  Si  î'Âb'Mje  i«  S.  C±m£::tâ  d:  Cisjuria  montre  qne,  peu 
2r:=s  11  r:::r:  dt  «•:::  pèr*.  Robert  ie  Liuritello  commença  à  în- 
q  j.ccer  et  à  ciller  ses  r:i«ins  :  •  Ab  hoc  ftquîiem  tempore  (1064) 
cjtj^rùz.i  fritres  «.rliilic:  imp^n loris  curûe  et  Kofmannis  depopu* 
hr.::r.:s  t-tis  itms  s-^n  vilenies  resîstere;  primitus  fiienint  subditi 
R  .T^nu  phz::,  jonût:  ie  R  jiello  cl  psjst  moitexn  ejus  Ugooi  Malma- 
z;::_.  •  Ck^cn.  Gujsi^insi  iir.s  Ml'batori,  R.  !•  S.,  t.  II,  p.  11, 


1  Thcthin.  c'est-à-iire  Teste  maintenant  Chieti;  Chieti  sur  la 
Rve  droite  de  Is  Pescan  est  à  une  faible  distance  de  rAdriatique, 
h  ville  compte  iciudlement  plus  de  2 a, 000  habitants. 

.-;  No'^s  possédons  sur  ce  Transmunde  d*assez  nombreux  rc&- 
»ei£nemrnts,  Aimé  Vzi  même  donne  sur  lui,  uu  peu  plus  loîii,  c.  34, 
ct%  détails  circonstanciés:  en  résumé,  ce  fat  l'un  des  pires  tyran- 
neaux de  l'Italie  du  xi*  siècle  qui  en  comptait  cependant  un  si  grand 
nombre  de  détestables.  Gattola  {^Accessitmes  ad  kistoriam  Mmiiit' 
Cassini,  p.  134.  i53,  191^  nous  a  conservé  de  lui  trois  chartes  par 
lesquelles  il  fait  au  Mont-Cassin,  en  io5ô  et  en  io85,  dîvcnet  don^ 
tiens,  dans  celle  du  mois  d'octobre  108 5,  il  avoue  avoir  «  de  joiir  et 
de  nuit  »  commis  de  nombreux  crimes,  et  il  n*exagénit  pta.  Saat 


303 

distribui,  et  donna  a  son  frere  Tascone  (i)  et  a  ses  che- 
valiers, et  Fautre  part  commanda  que  fust  conquestée.  Et 
lo^conte  Transmonde  se  efforsa  de  recovrer  la  terre  qu'il 
âvoit  perdue  et  de  tenir  celle  qui  lui  estoit  remese.  Et  o 
tout  li  sien  chevalier  alerent  cerchant  les  chasteaux,  et 
s'en  vint  encontrant  avec  molt  petit  de  chevaliers  de 
Robert;  loquel  cbaï  de  lo  cheval,  et  fu  pris  et  mené  à 
Robert.  Et  li  triste  chevalier  de  Transmunde,  quant  il 
le  virent  a  terre,  non  lui  corurent  a  aidier,  mes  tornerent 
li  cheval  a  fouir.  Et  quant  Robert  lo  tint  em  prison,  il 
pensa  de  combien  d'argent  se  porroit  rachater  de  prison, 
si  lui  demanda  .x.  mille  besant.  Et  lui,  pour  recovrer  sa 
richece  et  la  richesce  de  li  saint,  se  fist  poure,  et  a  la  fin 
paia.  Et  encoire  fist  piz,  quar  faussement  prist  lo  trésor 
de  saint  Jehan-Baptiste;  et  li  vaissel  de  lo  autel  et  li  orne- 
ment de  l'eglize  sont  donnez  pour  sa  délibération.  Mes 
pot  ceste  malice  qu'il  fist  soi  poure  plus  se  fist  de  mal, 
quar  Robert  lui  demanda  puiz  la  terre  qui  lui  estoit 
remese.  Et  Transmunde  allega  que  non  lui  pooit  don- 
ner, quar  elle  estoit  de  la  moillier,  et  li  pareùt  de  la 
moillier  la  tiennent  en  lo  poesté.  Et  pour  ceste  chose 
rechut  Transmunde  divers  tormens  sur  la  personne  soe, 
et  tôt  pour  la  dececion  qu'il  fist  a  l'eglize  de  misire  saint 
Jehan-Baptiste. 


compter  les  assassinats  dont  parle  Aimé,  nous  savons  qu*en  io54, 
en  vrai  bandit,  il  arrêta  les  ambassadeurs  du  Saint-Siège  revenant  de 
Constantinople,  et  qu'il  les  dépouilla  des  présents  que  l'empereur 
Constantin  Monomaque  envoyait  au  pape.  Il  fallut  les  excommuni- 
cations réitérées  du  pape  Victor  II  pour  décider  le  comte  à  restituer 
ce  qu'il  avait  volé,  cf.  Léo  de'  Marsi,  Chron.  Cassin,,  II,  85. 

(i)  N'est-ce  pas  une  forme  défectueuse  de  Drogone,  Drogo  ?  Nous 
ne  connaissons  pas  par  ailleurs  ce  frère  de  Robert  de  Lauritello. 


304 

Cap.  3i.  Et  quant  Robert  vit  que  Transmunde  non 
vouloit  donner  la  terre  por  sa  délivrance,  cercha  de 
acquester  par  vertu t,  et  ordena  sur  la  roche  lo  siège  sur  la 
forte  tor  de  Ortonne,  et  la  fist  castel  et  ficcha  lî  paveil- 
lon  (t).  Et  la  moillier  de  Transmunde  et  li  autre  parent, 
c^est  un  autre  Transmunde  qui  lui  estoit  consobrin  fil  de 
lo  frère  carnal  de  lo  père,  et  un  autre  autres!  qui  se  cla- 
moit  Transmunde  avec  Berarde  fil  de  Adain  et  avec 
Rernart,  et  esperoient  de  vainchrc  en  champ  cil  qui 
estoient  dedens  les  chasteaux,  et  toute  la  contrée  vont 
cercant  jusque  a  Havane  (2).  Et  non  lessent  chevalier,  ne 
evesque,  ne  abbé,  et  promete  lor  les  chozes  de  li  Nor- 
mant,  et  li  legier  cheval,  et  li  optime  arme  afferment  que 
seront  tost  lor.  Et  cest  vain  et  fol  desirrier  fist  venir  la 
gcnt  tost  a  la  vaine  proie  et  gloire  qu*il  se  creoient  avoir 

(i)  Ortona,  sur  le  rivage  de  l'Adriatique,  entre  Chieti  et  Lanciano. 

(2)  Kavane  désigne  sans  doute  la  grande  ville  de  Ravenneau 
nord  ;  quant  aux  alliés  de  Transmundus  dans  cette  guerre  avec 
Robert  de  Lauritello,  Aimé,  dans  ce  chapitre  et  dans  les  chapitres 
suivants,  ne  les  désigne  que  d'une  manière  défectueuse  ou  înconh* 
plcte,  du  moins  la  traduction  jusqu'à  la  fin  du  septième  livre  laisie 
beaucoup  ù  désirer.  L*cnsemble  du  récit  fait  voir  que  les  comtes  des 
Murscs,  ceux  de  Balva,  c'est-à-dire  les  seigneurs  des  pays  riverains 
uu  voisins  Ju  lie  Fucino,  combattirent  contrôles  Normands;  ils  se 
liguèrent  avec  d'autant  plus  d'empressement  qu'ils  se  sentaient  tous 
menacés  par  Pennemi  commun.  Or,  nous  ne  connaissons  guère  ces 
comtes  de  Balva  et  ceux  des  Marses  que  par  les  chartes  des  dona* 
tions  qu*ils  ont  faites  au  Mont-Cassin  ;  nous  savons,  grâce  à  ces 
moyens  d'information,  qu'il  y  avait  à  cette  époque  trois  comtes  des 
Marses,  Odcrisius,  Rainaldus  et  Berardus,  fils,  tous  les  trois,  de 
Berardus  11,  comte  des  Marses;  ces  trois  comtes  des  Marses  n'ont 
pas  été  toujours  d'accord  entre  eux;  cf.  Léo  db*  Marsi,  Ckrtm, 
Casin.,  II,  87. 

Voyez  notamment  sur  Bérardus,  fils  de  Bérardus  II,  la  CArORtCM 
Casin,,  III,  17,  a 3  et  24,  ainsi  que  Gattola,  Accessiomts  ad  abba- 
lia.*  Cassht.  historiam,  t.  I,  p.  171;  Gattola  a  reproduit  la  charte 


305 

de  11  Normant.  Et  puis  que  furent  assemblez  se  troverent 
.X.  mille.  Et  Robert  (i),  quant  il  sot  lo  avènement  de 
ceste  gent,  se  feinst  de  fouir,  et  recoUi  li  paveillon  et  ardi 
lo  chastel.  Et  li  mol  chavalier  sequtoient  ceste  gent,  et  se 
confidoient  qu'il  fugissent,  coroient  alegrement  par  lo  pré, 
et  finalement  vindrent  a  un  pas  ou  estoient  abscons  .ij. 
cent  chavaliers  de  Robert,  et  lui  o  troiz  cens  atendoitemi 
lo  champ  la  bataille.  Etadont  avoit  Robert  .v.c.  cheva- 
liers, comment  se  fust  chose  que  premerement  non  avoit 
de  li  sien  popre  que  .Ixxx.,  quar  li  plus  en  rechut  de  son 
oncle  quant  il  le  manda  contre  Baialarde,  secont  qu^est 
dit  (2).  Et  puiz  a  lo  issir  de  la  silve,  avoient  passée  la 
poste  si  s'aprocerent  toute  la  multitude,  et  Roben  vint  vers 
eaux.  Et  les  chevaliers  qui  estoient  repost  les  secuterent 
derrière.    Et  li  chevalier  qui  non  estoient  hardit,  non 

d*une  donation  faîte  en  1070  par  ce  Bérard  au  Mont-Cassin;  nous 
savons  que  ce  même  Bérard  avait  un  fîls  du  nom  de  Todinus,  qui 
entra  dans  la  cléricature.  Quant  aux  comtes  de  Balva  (comitatus  in 
Pelignis),  une  charte  donnée  par  G sXTTola  {Accessiones,  t.  I,  p.  179) 
montre  qu'il  y  avait  deux  comtes  de  Balva,  Oderisius  et  Todinus, 
fîls  Tun  et  l'autre  du  comte  Randisius,  ils  font  en  1067  une  dona- 
tion au  Mont-Cassin,  voyez  aussi  la  Chron.  Casin.,  III,  17  et  39. 
Dans  cette  même  charte  figure  un  comte  Bérard,  fils  de  Bérard; 
c'est  sans  doute  le  comte  Bérard  comte  des  Marses  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  et  qui  avait  également  des  possessions  dans  le 
comté  de  Balva.  Il  y  a  eu  donc,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire, 
un  Oderisius  comte  des  Marses  et  un  Oderisius  comte  de  Balva, 
mais  on  ne  peut  les  identifier,  puisque  le  premier  est  dit  fils  de 
Bérard,  et  le  second  fils  de  Randisius.  Dans  cette  dernière  phrase 
d'Aimé,  l'un  des  deux  Bérarde  ou  Bernart  dont  il  parle,  est  certaine- 
ment le  comte  des  Mars,  mais  quel  est  cet  autre  Bérarde  «  fil  de 
Adaim  »,  rien  dans  les  chartes  déjà  indiquées  ne  fournit  une  ré- 
ponse. 

(i)  Robert  de  Lauritello. 

(2)  Cf.  supra,  ch.  2  5, 1.  VII. 

20 


^o6 

savoient  ou  se  peussent  torner  pour  fbujr,  quar  non 
a  voient  lieu  ou  peussent  eschaper;  et  li  Nonnant  vain- 
ceor  reteinrcnt  lor  main  pour  non  traire  sanc,  ne  encoîre 
non  prenoient  li  foible  armes  mes  li  meillor.  Li  fill  de 
Hernardc,  avec  lo  neveu  de  Transmunde,  furent  pris.  Lo 
cvesque  de  Camerin,  avec  molt  d'autres,  fu  retenut. 
Jelian  evesque  de  Pcne,  mes  que  estoit  saint  et  révérende 
personne  estoit  prison,  mes  fu  laissié  aler.  De  li  autre 
covient  que  disons,  senon  ceux  qui  escamperent  por  la 
piiié  de  Robert  et  quMl  Icissa  aler  ;  et  gaingnerent  quatre 
mille  chevaux  ;  et  de  autre  bestes  et  de  autre  masserie  non 
est  besoingne  de  dire.  Et  Robert,  o  .ij.  prospère  victoire, 
s'en  torna  en  sa  terre  o  honor  de  lui  et  de  li  sien  cheva- 
liers (i). 

Cap.  32.  Et  lo  conte  Transmunde,  quand  il  vit  que  la 
volenté  de  Dieu  li  estoit  contraire,  paia  a  Robert  tant  de 
deniers  comment  il  potasembler,  délivra  lui  la  terre,  et 
en  rechut  alcune  part  de  la  main  de  Robert,  et  fu  fait  son 
chevalier,  et  cnsi  fu  délivre  de  prison.  Et  li  autre  Tran»- 
nninde,  fill  de  Bernarde  et  lo  neveu  partirent  li  chaste! 


(i)  Par  «  li  fill  Ao  Bernanlc  »  il  f.iut  donc  entendre  les  trois  comtes 
lies  Marscs,  OJcrisiiis,  RainalJus  et  BcrarJ,  tous  les  trots  fils  de 
HiVaril.  -  De  loSo  à  1094,  c*cst  un  cenain  Hugo  qui  fut  év£quede 
Camcrino;  cVst  dune  lui  que  Robert  de  Lauritello  fit  prisonnier  le 
1 1  fcvrior  1079;  Hugo  tut  excommunié  par  Grégoire  VII  {Mùtmm. 
Gregor.y  Grego  VII  Rcf^st.  VI,  17  a),  il  obtint  sa  grâce  en  1080; 
voyez  sur  lui  Turchi  :  Camerinum  Sacrum,  p.  148  sq.  —  Pêne  ou 
pUiiôt  Pciinc,  est  au  nord-ouest  de  Chieti,  sur  les  contreforts  du 
Cirmd-Svasso  dMtalia  au  levant.  Cest  à  tort  que  dans  les  listes 
épi  scop  lies  de  Penne,  on  fait  dès  io57  abdiquer  Tévêque  Jean, 
puisque  d*aprùs  Aimé,  il  était  longtemps  après  cette  date  en  potset- 
siun  du  siège,  et  qu'on  ne  signale  pour  cette  période  aucun  autre 
cvcque  de  ce  nom  ;  cf.  Gams  :  Séries  episcoporum^  ad.  v.  Penne. 


307 

et  furent  ses  chevaliers  de  Robert,  mes  Robert  ot  sa  part 
de  H  chastel  (i). 

Cap.  33.  Et  Jordain,  lo  filz  de  lo  prince  Richart  (2), 
qui  non  faîsoit  son  commandement,  fu  maledit  de  son 
père.  Mes  il  fu  repris  de  la  gent  soe,  et  pource  requist 
d'estre  benedit;  et  li  prince  lui  octroia  sa  bénédiction, 
toutes  s^il  faisoit  sa  volenté,  et  toutes  foiz  soit  a  lo  juge- 
ment de  lo  duc  Robert,  et  examinast  la  brigue  laquelle 
estoit  entr'  eaux.  Et  desirroit  lo  duc  de  lo  fiU  retorner  a  la 
grâce  de  lo  père,  et  conseilla  que  lo  fil  rende  a  père 
Nocere  de  li  chrestien  (3),  laquelle  lo  prince  desirroit 
d'avoir,  et  que  lo  père  doie  concedir  a  lo  fill  la  conté  de 
Marse,  Amiterne  derrière  soi,  et  Balvenise  (4),  et  ensi  fu 
fait.  Et  Jordain  o  .Ixxx.  chevaliers  sien  et  o  Berarde,  et 
troiz  filz  de  lo  conte  Odorize,  entra  en  la  terre  de  Marse, 
et  destruist  lo  conte  Berarde  en  prenant  proie.  Et  Berarde 
estoit  grandement  en  celail  o  sa  gent  et  disoit  quMl  non 
vouloit  combatre  contre  nul  chevalier  de  lo  prince.  Et 
puiz  pour  .Ixxx.  home  de  Jordain  estoient  abscons.  Et 
par  la  famé  de  cest  fait,  li  conte  qui  lui  estoient  voisin 
mandèrent  tribut  pour  avoir  la  grâce  de  Jordain.  Et 
Berart,  fil  del  conte  Berart,  a  cui  petitipn  Jordain  estoit 
alez  a  la  terre  de  Marsi,  laissa  lacompaingnie  dé  Jordain, 

(i)  La  phrase,  mal  construite,  ferait  croire  à  tort  que  les  Trans- 
munde  étaient  fils  de  Bernarde  ou  Bérard. 

(2)  Jordain  ou  Jourdain,  fils  du  prince  Richard  et  de  sa  première 
femme,  lui  succéda  comme  prince  de  Capoue,  le  5  avril  1078;  il 
avait  déjà,  du  vivant  de  son  père,  été  associé  au  gouvernement,  car 
dans  les  chartes  son  nom  paraît  à  côté  de  celui  de  son  père. 

(3)  Nocera-dei-christiani,  par  opposition  à  Nocera-dei-pagani, 
entre  Naples  et  Salerne,  k  'ij  kilomètres  de  cette  première  ville. 

(4)  Le  comté  des  Marses,  celui  de  Balva  et  Amiternum,  l'antique 
Amiternum,  maintenant  San-Vittorino,  se  trouve  entre  Aquila  et 
Teramo,  au  nc.rd  du  comté  des  Marses. 


;...S 


ilisron;cmcnt  loiiy  par  Ij  monîtion  de  lo  pere,  et  touta 
vu./  j'in  pjr  >j.Tcmcnî  ei  tu  fait  chevalier  de  Jordain. 
it.Mi  -îo  0  in>!î  Je  son  fo:iir,  et  cstoit  terme,  et  aloîent  II 
N  M'rii.in;  ^ol.iccnt  pnr  la  planor.  Et  Jordain  avec  lo  &I 
f>ri*u-r»T  <(i\\'A  .lot  I  .  Kt  vezci  cornent  lî  pape  Lvon  2 
v'«|f)!i  vOM il  1:1  ire  contre  li  Normant,  et  les  voloit  chader. 
^l'i.ir  .h/  mille  Je  ceus  homes  devant  diz  furent  vaincus 
ik'  .V.  kc\u  Norm;int,  et  lo  pueple  de  quatre  conté  soai 
(onsirninî  de  ilonncr  tribut  a  H  chevalier  Nonnant  <3;. 

Cap.  >4.  Or  veut  li  pcrc  nostre,  cestui  moine  qui  oesie 
v*ïtoiri'  (.empila,  dire  a  le  une  chose  de  ceuz  qui  non  sont 
N'irinint.  ne  «le  rien  ne  tochc  a  lî  Normant.  Un  grand 
liiiinr,  «inr  ^*  cl.inioit  Attonc,  avoit  .ij.  filz,  de  liquel  .îj. 
nii»iî   lu  ni.ijor  en  prison,  le  menor  de  lui  loquel  devoit 


f  1;  Oti  voii  iMin^irn  est  ob^.'ur  ce  passage;  il  permet  cependant 
.1-  l'inj-  luiri  •|iir  Jiiiiril.iin  et  ses  Normariiit  avaient  été  aitiiéi 
il  iiK  I  tiiMiir  .1  <  Mii!;i'<%  p.ir  le  comte  Jcs  Marscs.  Bérard,  fils  de 
I*»  111=1.  piobiM 'in 'lit   briiiiitli*  avec  ses  Jeux  frères,  Oderisius  et 

o  II  Inii    >'  Il   pjpi'  (irtyoiro  «;  le  pape  Léon  IX  était,  à.  otttt 
i|"i|iii*,  tiimt  .li'iMii';  Imu^terups. 

\  >)  I  'iMicui  ii-iunu-  Cl*  qu'il  n  liit  plus  haut,  c.  3i,  sur  les  5oo 
•  Il  \  ili  t<  .II'  K«>l'cn  tl>.'  I..iuriieltu  qui  unt  eu  raison  de  leurs 
1K.XKX  ■.IvrK.mrs:  le»  qu.itre  comtés  sunt  sans  doute  ceuz  des 
Mit<.  4.  >.•  hilv).  A:  t  incii  vmi  retitc.  et  peut-âtre  d'Amitemnm.  U 
r<\  «lit  lîi.  i'inin'  le  'it  Aime  kIxm  ce  pass^igc.  que  le  pape,  juste- 
m. Mil  |«iv.«i«ii)v  «le  l'inviMiMi  progressive  Jcs  Normands  vers  Tltalie 
Il  "Il  ii> .  x'x  «-i.i'}:iMnt  fvur  l'invlcpenJan ce  temporelle  de  Romectdu 
•ini  -li  :r.  ni  .1  .  tto  cpvvjiio  une  très  vivo  opposition  aux  Nor- 
iMPi.u  .  «uiH  ci^'iiptov  les  nombreuse»  cxcommunicatious  qu'il  pio- 
M  x,^  I  ,.,Mpr  K  'bit  vî\ii«c.u\l.  nous  voyons  que,  dans  le  synode 
i-MMii'i  .s-i  ,ti,»^  jj  icwuT  10;?.  il  excommunia  également  Robert 
•<-  I  :t>ii.lK>.  \;K«wosit  \(l  Rtfist.  II.  5i  a,  dans  les 
*'*.\**    W  '  Il  '  T..  p.  I  -.• .  \o>c.-  aussi  p,  477  de  ces  Mi 


309 

governcr  cornent  son  fill,  et  lo  mist  en  prison  a  ce  qu^il 
non  demandâst  la  part  de  son  père.  Et  lo  major  se  cla- 
moit  Attone  corne  son  père  et  lo  menor  se  clamoit-il 
Transmunde;  et  tant  lo  tint  en  prison  jusque  que  par  le 
comandement  de  lo  impeor  lo  délivra.  Et  li  menor  estoit 
plus  sage  que  lo  major;  et  estoit  plus  large  et  gracions  a 
donner,  et  plus  vaillant  en  fait  d^armes.  Et  en  cest  ma- 
nière passa  lo  frère  par  sa  sapience  et  apetichoit  la  puis- 
sance de  son  frère  pour  sa  largeté;  et  puiz  petit  de  temps 
après  fu  mort  par  la  malice  de  lo  frère  carnel,  ensi  coment 
se  dit.  Et  quant  fu  mort  Attone,  lo  sien  frère  la  de  Attone 
dona  pour  moillier  a  un  vilain  vittuperousement,  et  la 
dame  fu  tost  délivré  de  cellui  marit  quar  tost  fu  mort.  Et 
a  lo  ultime  fist  occirre  ceste  dame  et  ses  enfans  petiz,  ensi 
come  il  a  voit  fait  morir  lo  marit.  Et  prist  les  chevaliers 
liquel  gardoient  la  dame  et  les  fist  morir  de  diverses 
pênes.  Et  pour  ce  que  li  frère  non  lui  donnèrent  lo 
chaste],  les  fist  noier  en  mer  une  pierre  a  lo  col.  Et  en  la 
fin  cestui  Transmunde  vint  a  grant  poureté  et  morut 
malvaisement  (ij. 

(i)  Voyez  sur  ce  Transmunde  la  3e  note  du  c.  3o,  1.  VU  ; 
nous  ne  connaissons  que  par  Aimé  les  accusations  si  graves 
qu'il  porte  contre  lui,  mais  nous  avons  vu  combien  ce  que  nous 
savons  par  ailleurs  sur  ce  personnage  les  rendent  plausibles.  Les 
chartes  de  Transmunde,  insérées  par  Gattola,  disent  également  que 
le  père  du  comte  s'appelait  Attone  ou  Othone.  La  dernière  phrase 
de  ce  chapitre  d'Aimé  pourrait  bien  être  une  conclusion  morale  du 
traducteur;  nous  savons  en  effet  qu*en  io85,  c'est-à-dire  bien  après 
les  événements  qui  viennent  d'être  racontés,  Transmundus  faisait 
des  donations  au  Mont-Cassin,  il-  n'était  donc  pas  si  pauvre  ;  en 
outre,  il  n'a  dû  mourir  au  plus  tôt  qu'en  io85,  ce  n'est  donc  pas 
Aimé  qui  a  pu  signaler  sa  mauvaise  mort.  Cf.  supra.  Introduction^ 
p.  xxiv  sq.  Les  raisons  alléguées  par  Baist  {Forschungen  ^ur  d. 
GeschichiCy  t.  XXIV,  p.  333)  pour  montrer  que  la  conclusion  de  ce 
chapitre  est  aussi  d'Aimé,  ne  sont  pas  probantes. 


310 

Cap.  35.  Et  pour  scqutcr  la  tnalvaistie  de  alcun  autre, 
si  dirons  de  lo  conte  de  Marse,  lequel  se  clamoit  Berarde, 
leva  a  ses  frcre  la  part  lor  de  lo  héritage  de  Ibr  père,  et 
leva  les  chasteauz  a  ceaux  qui  les  avoient  en  sa  conté,  et 
les  chasa  de  lor  terre  et  de  lor  nation.  Et  li  autre  frère 
charnel,  liquel  se  clamoit  lo  evesque  Pandulfe  (i),  afflize 
en  cestc  manière.  Premercment  lo  commensa  a  avier  aper- 
tement  et  faisoit  ses  chozes  secontque  lo  evesque  vouloit. 
Il  mcnjoicnt  a  une  table  et  dormoient;  la  moillier  lui 
scoit  as  piez  continuelmcnt,  et  II  fil  lui  estoit  comment 
escuicr.  Et  il  non  disoit  qu^il  frère  de  lo  evesques  mes 
son  scrvicial.  Et  lo  evesque  o  pur  et  simple  cuer  un  des 
filz  fist  clerc,  et  lui  aprenoit  com  fill  des  chozes  de  ryglize. 
Et  a  Pautre  filz  donnoit  armes  et  chevaux  et  toutes  les 
chozes  qui  lui  cstoient  nécessaires.  Et  en  la  fin  lo  dit 
Bcrart  vomi  et  geta  lo  venin,  par  la  boche,  qull  avoit  en 
lo  cors.  Et  quant  lo  frère  estoit  en  un  chastel  qui  se  cla- 
moit Auritînc  [2),  liquel  avoit  laissié  loperea  lui  a  gover- 
ner,  li  conte  ala  audit  chastel,  avec  ses  chevaliers  vint^  et 
non  lui  fu  tenut  ne  contredit  d'entrer,  quar  lui  mostroit 
amor.  Et  puiz  quant  il  fut  dedens  il  prist  lo  evesque  son 
frcre,  et  prist  lo  chastel,  et  chaça  li  servicial  de  son  frère, 
et  i  mist  ses  gardes,  et  tant  tint  en  prison  Tevesque  jusque 
a  tant  qu'il  renoncia  a  lo  héritage  de  son  père,  et  tout  lo 


(i)  PanJiiIfc,  dvcq-ac  des  Marscs,  était  donc  frère  dei  troii  comtei 
des  Morses,  Bcrard,  OJcrisius  et  Rainaldus  ;  Gams  {Séries  episcO' 
porttm)  placj  son  élévation  à  l'épiscopat  en  ibSy;  nous  avons 
encore  une  piccc  de  vers  en  Thonncur  de  Sainte-Sabine  qui  lut  a 
été  dédiée  par  son  auteur,  AI  fane,  devenu  plus  tard  archevêque  de 
Salcrne;  dans  I*épître  dédicatoire  en  vers,  Alfoncfait  les  plus  grands 
éloges  de  Tévcque  des  Marses. 

(2)  Où  étnit  ce  «  Chastel  Auritinc  »  ?  Le  nom  trop  ddfîgurd  sans 
doute  ne  permet  pas  de  le  retrouver. 


3" 

donna  a  Bernart.  Et  après  lo  persécuta,  en  les  chozes 
eglize;  et  puiz  fist  sa  fille  nonnain;  et  la  fist  abbaesse,  et 
leva  par  force  a  lo  evesque  la  décime  et  la  rayson  que 
devoit  estre  del  evesque  secont  rayson.  Et  encoire  fistpiz. 

Quar  par  force  mist  main  en et  maltraita le 

qu'il  avoit la  clef  de  lar ce  absconse 

lui  tr. et  ala  pour aucuns  ge 

ce  que  cea (  i)  contredisoient,  ardi  lo  chastel  et  les 

homes,  liquel  estoient  .ij.c.xl.  Et  .ij.  parent  de  cesgentilz 
homes,  liquel  estoient  de  Campagne,  estoient  venut  en 
lor  aide,  liquel  quar  pooient  fouir  lo  feu,  Bernart  lor 
donna  ségurance  et  lor  fida  qu'il  venissent  a  lui;  liquel 
quant  vindrent  parler  a  lui  amicablement,  et  subitement 
lor  fist  taillier  la  teste  devant  lui;  dont  maintenant recboi- 
vent  li  sien  fill  le  mal  qu'il  faisoit  a  ses  prochains  et  en 
ses  fils.  Et  pource  que  cest  home  non  gardoit  foi  a  il 
parent  siens,  ne  ne  timoit  Dieu^  fu  donné  la  victoire  a  li 
Normant. 

Ci  se  finist  li  septisme  livre. 

(i)  II  y  a  ici  une  coupure  dans  le  manuscrit,  cf.  supra,  IntroduC" 
tion,  p.  xxviij. 


COMENT  LI   CAPITULE  DE  LI   UITIESME  LIVRE. 


Cap.  I.  De  la  présignation  de  Gimoalde  archevesque,  et  de 
Joconde,  et  de  un  vilain. 

Cap.  2.  Cornent  Gisolfe  persequtoit  cil  de  Amalfe,  et  quel 
pêne  lor  donnoit. 

Cap.  3.  Cornent  occist  .ij.  fil  de  Maure.  Cornent  destruist 
cil  de  Pise  et  cil  de  Janue  (i). 

Cap.  4.  Cornent  persécuta  11  Neapolitain,  11  Sorrentin  et  li 
Gaytein  (2). 

Cap.  5.  Cornent  Gisolfe  prist  li  castel  de  11  Amalfétain,  et 
cornent  li  patricie  fu  mort. 

Cap.  6.  Cornent  li  Amalfétain  voloient  la  cité  sousmetre  a 
lo  pape  Grégoire. 

Cap.  7.  Cornent  li  Amalfétain  donerent  a  lu  duc  la  terre, 
dont  Gisolfe  plus  Tafflixe. 

Cap.  8.  Comcnt  Léo  moine  pronuncia  choze  false. 

Cap.  9.  Cornent  lo  duc  demanda  paiz  de  Gysolfe. 


(i)  Gènes.  Dans  le  texte,  les  habitants  de  Gènes  sont  appelés 
«r  Génevoiz  ». 

(2)  Gaëtc.  Ces  quatre  premiers  sommaires  coïncident  avec  les 
chapitres  correspondants  dans  le  texte,  mais  Taccord  s*arrête  là,  et 
le  cinquième  sommaire  correspond  au  chapitre  VI*  du  texte  ;  ce 
désaccord  continue  ensuite  jusqu'à  la  fin. 


304 

Cap.  3i.  Et  quant  Robert  vit  que  Transmunde  non 
vouloit  donner  la  terre  por  sa  délivrance,  cercha  de 
acquester  par  vertut,  et  ordena  sur  la  roche  lo  siège  sur  la 
forte  tor  de  Ortonne,  et  la  fist  castel  et  ficcha  H  paveil- 
lon  (i).  Et  la  moillier  de  Transmunde  et  li  autre  parent, 
c^est  un  autre  Transmunde  qui  lui  estoit  consobrin  fil  de 
lo  frère  carnal  de  lo  père,  et  un  autre  autres!  qui  se  cla- 
moit  Transmunde  avec  Berarde  fil  de  Adain  et  avec 
Bernart,  et  esperoient  de  vainchrc  en  champ  cil  qui 
estoient  dcdens  les  chasteaux,  et  toute  la  contrée  vont 
cercant  jusque  a  Ravane  [2).  Et  non  lessent  chevalier,  ne 
evesque,  ne  abbé,  et  promete  lor  les  chozes  de  ii  Nor- 
mant,  et  li  legier  cheval,  et  li  optime  arme  afiferment  que 
seront  tost  lor.  Et  cest  vain  et  fol  desirrier  fist  venir  la 
gent  tost  a  la  vaine  proie  et  gloire  qu*il  se  creoient  avoir 

(0  Ortona,  sur  le  rivage  de  1* Adriatique,  entre  Chieti  et  Lancuno. 

(2)  Ravane  désigne  sans  doute  la  grande  ville  de  Ravenne  au 
nord  ;  quant  aux  alliés  de  Transmundus  dans  cette  guerre  avec 
Robert  de  Lauritello,  Aimé,  dans  ce  chapitre  et  dons  les  chapitres 
suivants,  ne  les  désigne  que  d'une  manière  défectueuse  ou  inconi* 
plète,  du  moins  la  traduction  jusqu'à  la  fin  du  septième  livre  laisse 
beaucoup  à  désirer.  L'ensemble  du  récit  fait  voir  que  les  comtes  des 
Marscs,  ceux  de  Balva,  c'est-à-dire  les  seigneurs  des  pays  riveraips 
uu  voisins  Ju  hic  Fucino,  combattirent  contre  les  Normands;  ils  se 
liguèrent  avec  d'autant  plus  d'empressement  qu'ils  se  sentaient  tous 
menacés  par  l'ennemi  commun.  Or,  nous  ne  connaissons  guère  ces 
comtes  de  Bal  va  et  ceux  des  Marses  que  par  les  chartes  des  dona- 
tions qu'ils  ont  faites  au  Mont-Cissin  ;  nous  savons,  girflce  à  ces 
moyens  d'information,  qu'il  y  avait  à  cette  époque  trois  comtes  des 
Marses,  Oderisius,  Rainaldus  et  Berardus,  fils,  tous  les  trois,  de 
Berardus  II,  comte  des  Marses;  ces  trois  comtes  des  Marses  n*ont 
pas  été  toujours  d'accord  entre  eux;  cf.  Léo  de*  Maksi,  OkrOH. 
Casin.,  II,  87. 

Voyez  notamment  sur  Berardus,  fils  de  Berardus  II,  laCfotMîcM 
Casin.,  III,  17,  aS  et  24,  ainsi  que  Gattola,  Accessiomet  ad  oW*- 
iice  Cassin.  historiam,  t.  I,  p.  171;  Gattola  a  reproduit  la  charte 


305 

de  11  Normant.  Et  puis  que  furent  assemblez  se  troverent 
.X.  mille.  Et  Robert  (i),  quant  il  sot  lo  avènement  de 
ceste  gent,  se  feinst  de  fouir,  et  recoUi  li  paveillon  et  ardi 
lo  chastel.  Et  li  mol  chavalier  sequtoient  ceste  gent,  et  se 
confidoient  qu'il  fugissent,  coroient  alegrement  par  lo  pré, 
et  finalement  vindrent  a  un  pas  ou  estoient  abscons  .ij.  . 
cent  chavaliers  de  Robert,  et  lui  o  troiz  cens  atendoitemi 
lo  champ  la  bataille.  Etadontavoit  Robert  .v.c.  cheva- 
liers, comment  se  fust  chose  que  premerement  non  avoit 
de  li  sien  popre  que  .Ixxx.,  quar  li  plus  en  rechut  de  son 
oncle  quant  il  le  manda  contre  Baialarde,  secont  qu^est 
dit  (2).  Et  puiz  a  lo  issir  de  la  silve,  avoient  passée  la 
poste  si  s'aprocerent  toute  la  multitude,  et  Robert  vint  vers 
eaux.  Et  les  chevaliers  qui  estoient  repost  les  secuterent 
derrière.    Et  li  chevalier  qui  non  estoient  hardit,  non 

d'une  donation  faîte  en  1070  par  ce  Bérard  au  Mont-Cassin;  nous 
savons  que  ce  même  Bérard  avait  un  fîls  du  nom  de  Todinus,  qui 
entra  dans  la  cléricature.  Quant  aux  comtes  de  Balva  (comitatus  in 
Pelignis],  une  charte  donnée  par  G. xttola  {Accessiones,  t.  I,  p.  179) 
montre  qu'il  y  avait  deux  comtes  de  Balva,  Oderisius  et  Todinus, 
fils  Tun  et  Tautre  du  comte  Randisius,  ils  font  en  1067  une  dona- 
tion au  Mont-Cassin,  voyez  aussi  la  Chron.  Casin.,  III,  17  et  Sç. 
Dans  cette  même  charte  figure  un  comte  Bérard,  fils  de  Bérard; 
c'est  sans  doute  le  comte  Bérard  comte  des  Marses  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  et  qui  avait  également  des  possessions  dans  le 
comté  de  Balva.  Il  y  a  eu  donc,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire, 
un  Oderisius  comte  des  Marses  et  un  Oderisius  comte  de  Balva, 
mais  on  ne  peut  les  identifier,  puisque  le  premier  est  dit  fils  de 
Bérard,  et  le  second  fils  de  Randisius.  Dans  cette  dernière  phrase 
d^Âimé,  Tun  des  deux  Bérarde  ou  Bernart  dont  il  parle,  est  certaine- 
ment le  comte  des  Mars,  mais  quel  est  cet  autre  Bérarde  «  fil  de 
Adaim  »,  rien  dans  les  chartes  déjà  indiquées  ne  fournit  une  ré- 
ponse. 

(i)  Robert  de  Lauritello. 

(2)  Cf.  supra,  ch.  25,  I.  VII. 

20 


^o6 

savoient  ou  se  peussent  torner  pour  foujr,  quar  non 
a  voient  lieu  ou  peussent  eschaper;  et  lî  Nonnant  vain- 
ceor  rctcinrcnt  lor  main  pour  non  traire  sanc,  ne  encoire 
non  prenoient  li  foible  armes  mes  U  meillor.  Li  fill  de 
Rernardc,  avec  lo  neveu  de  Transmunde,  furent  pris.  Lo 
cvcsque  de  Ciimerin,  avec  molt  d^autres,  fu  retenut. 
'  Jelian  evesque  de  Pcne,  mes  que  estoit  saint  et  révérende 
personne  estoit  prison,  mes  fu  laissié  aler.  De  li  autre 
covient  que  disons,  senon  ceux  qui  escampercnt  por  la 
piiié  de  Robert  et  qu^il  Icissa  aler  ;  et  gaingnerent  quatre 
mille  chevaux  ;  et  de  autre  bestes  et  de  autre  masserie  non 
est  besoingne  de  dire.  Et  Robert,  o  .ij.  prospère  viaoire, 
s'en  torna  en  sa  terre  o  honor  de  lui  et  de  li  sien  cheva- 
liers [i]. 

Cap.  32.  Et  lo  conte  Transmunde,  quand  il  vit  que  la 
volenté  de  Dieu  li  estoit  contraire,  paia  a  Robert  tant  de 
deniers  comment  il  potasembler,  délivra  lui  la  terre,  et 
en  rechut  alcune  part  de  la  main  de  Robert,  et  fu  fait  son 
chevalier,  et  ensi  fu  délivré  de  prison.  Et  li  autre  Tran»- 
munde,  fill  de  Bcrnardc  et  lo  neveu  partirent  H  chastel 


(i)  Pnr  «  li  fill  ^Ic  BernarJe  »  il  faut  donc  entendre  les  trois  comtes 
lies  Marscs,  (Kicriftius,  Rain.iKIus  et  Bérird,  tous  les  trots  lils  de 
hi'iiinl.  —  De  ïn5<j  ^  109 }.,  c*cst  un  certain  Hugo  qui  fut  évëque  de 
Camcrinu;  c*est  dune  lui  que  Robert  de  Lauritcllo  fit  prisonnier  le 
1 1  février  1079;  Hugo  fut  excommunie  par  Grégoire  VU  {Monmm. 
Oregor.,  Grego  VII  Rcgist,  VI,  17  a),  il  obtint  sa  grâce  en  1080 ; 
voyez  sur  lui  Turchi  :  Camerinum  Sacrum^  p.  148  iq.  —  Pêne  ou 
plu  lut  Penne,  est  au  nord-ouest  de  Chieti,  sur  les  contreforts  du 
Gr.ind-Scnssu  d*ltalia  au  levant.  Cest  à  tort  que  dans  les  listes 
cpiscopiles  de  Penne,  on  fait  dès  io57  abdiquer  Tévêque  Jean, 
puisque  d*aprcs  Aime,  il  était  longtemps  après  cène  date  en  posses- 
sion du  siège,  et  qu'on  ne  signale  pour  cette  période  aucun  antre 
cvêque  de  ce  nom  ;  cf.  Gams  :  Séries  episcoporum,  ad.  v.  Penne. 


307 

et  furent  ses  chevaliers  de  Robert,  mes  Robert  ot  sa  part 
de  H  chaste!  (i). 

Cap.  33.  Et  Jordain,  lo  filz  de  lo  prince  Richart  (2), 
qui  non  faîsoit  son  commandement,  fu  nialedit  de  son 
père.  Mes  il  fu  repris  de  la  gent  soe,  et  pource  requîst 
d'estre  benedit;  et  li  prince  lui  octroia  sa  bénédiction, 
toutes  s^il  faisoit  sa  volenté,  et  toutes  foiz  soit  a  lo  juge- 
ment de  lo  duc  Robert,  et  examinast  la  brigue  laquelle 
estoit  entr^  eaux.  Et  desirroit  lo  duc  de  lo  fill  retorner  a  la 
grâce  de  lo  père,  et  conseilla  que  lo  fil  rende  a  père 
Nocere  de  li  chrestien  (3),  laquelle  lo  prince  desirroit 
d'avoir,  et  que  lo  père  doie  concedir  a  lo  fill  la  conté  de 
Marse,  Amiterne  derrière  soi,  et  Balvenise  (4),  et  ensi  fu 
fait.  Et  Jordain  o  .Ixxx.  chevaliers  sien  et  o  Berarde,  et 
troiz  filz  de  lo  conte  Odorize,  entra  en  la  terre  de  Marse, 
et  destruist  lo  conte  Berarde  en  prenant  proie.  Et  Berarde 
estoit  grandement  en  celan  o  sa  gent  et  disoit  quUl  non 
vouloit  combatre  contre  nul  chevalier  de  lo  prince.  Et 
puiz  pour  .Ixxx.  home  de  Jordain  estoient  abscons.  Et 
par  la  famé  de  cest  fait,  li  conte  qui  lui  estoient  voisin 
mandèrent  tribut  pour  avoir  la  grâce  de  Jordain.  Et 
Berart,  fil  del  conte  Berart,  a  cui  petitipn  Jordain  estoit 
alez  a  la  terre  de  Marsi,  laissa  la  compaingnie  de  Jordain, 

(i)  La  phrase,  mal  construite,  ferait  croire  à  tort  que  les  Trans- 
munde  étaient  fils  de  Bernarde  ou  Bérard. 

(2)  Jordain  ou  Jourdain,  fils  du  prince  Richard  et  de  sa  premi^e 
femme,  lui  succéda  comme  prince  de  Capoue,  le  5  avril  1078;  il 
avait  déjà,  du  vivant  de  son  père,  été  associé  au  gouvernementi  car 
dans  les  chartes  son  nom  paraît  à  côté  de  celui  de  son  père. 

(3)  Nocera-dei-christiani,  par  opposition  à  Nocera-dei-pagani, 
entre  Naples  et  Salerne,  à  37  kilomètres  de  cette  première  ville. 

(4)  Le  comté  des  Marses,  celui  de  Balva  et  Amiternum,  l'antique 
Amiternum,  maintenant  San-Vittorino,  se  trouve  entre  Aquila  et 
Teramo,  au  nord  du  comté  des  Marses. 


3o8 


absconsement  fouy  par  la  monition  de  lo  père,  et  toutes 
voicz  jura  par  sacrement  et  fu  fait  chevalier  de  Jordain, 
non  se  ciiruît  de  son  fouir,  et  cstoit  ferme,  et  aloîent  li 
Normant  solacent  par  la  planor.  Et  Jordain  avec  lo  fil 
estoicnt  souz  clef  (i).  Et  vezci  cornent  li  pape  Lyon  (2j 
voloit  combatre  contre  li  Normant,  et  les  voloit  chacier, 
quar  diz  mille  de  ceus  homes  devant  diz  furent  vaincus 
de  .V.  cent  Normant,  et  lo  pueple  de  quatre  conté  sont 
constraint  de  donner  tribut  a  H  chevalier  Normant  (3). 

Cap.  34.  Or  veut  li  pcre  nostre,  cestui  moine  qui  ceste 
ystoirc  compila,  dire  alcune  chose  de  ceuz  qui  non  sont 
Normant,  ne  de  rien  ne  tochc  a  li  Normant.  Un  grand 
home,  qui  se  clamoit  Attonc,  avoit  .ij.  filz,  de  liquel  .ij. 
mist  lo  major  en  prison,  le  menor  de  lui  loquel  devoit 


(i)  On  voit  combien  est  obscur  ce  passage;  il  pefmet  cependtnt 
de  c()nji:itiircr  que  Jourdain  et  ses  Nornunds  avaient  été  attirés 
d.ins  le  comté  des  Mnrses  par  le  comte  des  Marses.  BcrarJ,  fiU  de 
Ik-mnl,  probablement  brouillé  avec  ses  deux  frères,  Oderisius  et 
Rainaldus. 

(i)  11  faut  «  li  pape  Grégoire  »;  le  pape  Léon  IX  était,  à.  cette 
époque,  mort  depuis  longtemps. 

{^)  I/auteur  résume  ce  qu'il  a  dit  plus  haut,  c.  3i,  sur  les  5oo 
chevaliers  ilc  Robert  do  Lauritcllo  qui  ont  eu  raison  de  leurs 
10,000  adversaires;  les  quatre  comtés  sont  sans  doute  ceuz  des 
Murses.  ilo  Bal  va,  de  Chieti  ou  Teate,  et  peut-^tre  d'Amitemom.  U 
est  cert.iin,  comme  le  dit  Aimé  dans  ce  passage,  que  le  pape,  jusie- 
ment  préoccupé  de  Tinvasion  progressive  des  Normands  vers  ritifie 
centrale,  ut  craignant  pour  l'indépendance  temporelle  de  Rone  cc  du 
Saini-Siêi;c,  tît  à  cette  époque  une  très  vive  opposition  aux  Nor- 
mands ;  sims  compter  les  nombreuses  excommunîcatiout  qu'il  pro- 
nonça contre  Robert  Guiscard,  nous  voyons  que,  dans  le  synode 
romain  du  mois  de  février  loyS,  il  excommunia  également  Robert 
de  Lauritello,  Grkgorii  VII  Regist.  Il,  5a  a,  dans  les  Moimm» 
Grcg.  de  Jaife,  p.  1 70 ;  voyez  aussi  p.  477  de  ces  MomtmetttM, 


309 

governer  cornent  son  fiU,  et  lo  mist  en  prison  a  ce  qu^il 
non  demandast  la  part  de  son  père.  Et  lo  major  se  cla- 
moit  Attone  corne  son  père  et  lo  menor  se  clamoit-il 
Transmunde;  et  tant  lo  tint  en  prison  jusque  que  par  le 
comandement  de  lo  impeor  lo  délivra.  Et  li  menor  estoit 
plus  sage  que  lo  major;  et  estoit  plus  large  et  gracious  a 
donner,  et  plus  vaillant  en  fait  d^armes.  Et  en  cest  ma- 
nière passa  lo  frère  par  sa  sapience  et  apetichoit  la  puis- 
sance de  son  frère  pour  sa  largeté;  et  puiz  petit  de  temps 
après  fu  mort  par  la  malice  de  lo  frère  carnel,  ensi  coment 
se  dit.  Et  quant  fu  mort  Attone,  lo  sien  frère  la  de  Attone 
dona  pour  moillier  a  un  vilain  vittuperousement,  et  la 
dame  fu  tost  délivré  de  cellui  marit  quar  tost  fu  mort.  Et 
a  lo  ultime  fist  occirre  ceste  dame  et  ses  enfans  petiz,  ensi 
come  il  avoit  fait  morir  lo  marit.  Et  prist  les  chevaliers 
liquel  gardoient  la  dame  et  les  fist  morir  de  diverses 
pênes.  Et  pour  ce  que  li  frère  non  lui  donnèrent  lo 
chastel,  les  fist  noier  en  mer  une  pierre  a  lo  col.  Et  en  la 
fin  cestui  Transmunde  vint  a  grant  poureté  et  morut 
malvaisement  (i). 

(i)  Voyez  sur  ce  Transmunde  la  3e  note  du  c.  3o,  1.  VU  ; 
nous  ne  connaissons  que  par  Aimé  les  accusations  si  graves 
qu'il  porte  contre  lui,  mais  nous  avons  vu  combien  ce  que  nous 
savons  par  ailleurs  sur  ce  personnage  les  rendent  plausibles.  Les 
chartes  de  Transmunde,  insérées  par  Gattola,  disent  également  que 
le  père  du  comte  s'appelait  Attone  ou  Othone.  La  dernière  phrase 
de  ce  chapitre  d'Aimé  pourrait  bien  être  une  conclusion  morale  du 
traducteur;  nous  savons  en  effet  qu'en  io85,  c'est-à-dire  bien  après 
les  événements  qui  viennent  d'être  racontés,  Transmundus  faisait 
des  donations  au  Mont-Cassin,  il*  n'était  donc  pas  si  pauvre  ;  en 
outre,  il  n'a  dû  mourir  au  plus  tôt  qu'en  io85,  ce  n'est  donc  pas 
Aimé  qui  a  pu  signaler  sa  mauvaise  mort.  Cf.  supra.  Introduction, 
p.  xxiv  sq.  Les  raisons  alléguées  par  Baist  {Forschungen  fwr  d, 
Geschichte,  t.  XXIV,  p.  333)  pour  montrer  que  la  conclusion  de  ce 
chapitre  est  aussi  d'Aimé,  ne  sont  pas  probantes. 


CUv,  ^v  ff'!t  pour  ftcqiitcr  la  malvaistie  de  alcaa  aarrs. 
%'i  rlironn  (\c  lo  conte  Hc  Marse,  lequel  seclamoit  Bcrarie, 
lcv;i  n  ACA  frcrc  In  pnrt  lor  de  lo  héritage  de  Ibr  père,  et 
Icv;i  Ic^  rhnstc.'iii/  n  ccaux  qui  les  a  voient  en  sa  conts.  cr. 
](•%  rhnsa  de  lor  terre  et  de  lor  nation.  El  H  autre  frère 
(hiirnri.  !ir]iicl  se  clamoit  lo  evcsque  Pandulfe  '  i  ,  afHize 
en  cv^xc  m<inicrc.  IVcmercment  lo  commensa  a  avieraper- 
tcrnctit  et  fiiisr>it  ses  ch07.cs  secontque  lo  evesque  roaloi?. 
Il  rncnjoicnt  a  une  table  et  dormoient;  la  moillier  laî 
scoit  as  pic/  continuclmcnt,  et  li  fil  lui  estoit  comment 
rscuicr.  lu  il  non  disoit  quMI  frère  de  lo  evesques  mes 
•;f)n  scrvicial.  K\  lo  cvcsiiuc  o  pur  et  simple  cuer  un  des 
fil/,  hsi  <lcr(*,ct  lui  aprcnoitcom  fîll  des chozcs de  ryglize. 
Va  a  riiutrc  i'ih  donnoit  nrmcs  et  chevaux  et  toutes  les 
rlioxrs  ipii  lui  cstoicnt  nécessaires.  Et  en  la  fin  lo  dit 
lîcrart  vomi  et  gcta  lo  venin,  par  la  boche,  qu^il  avoit  en 
lo  cors.  Va  (piant  lo  frcrc  estoit  en  un  chastel  qui  se  da- 
tnr)ii  Anritinc  '2|.  Iii|ucl  avoit  laissié  loperealuiagover- 
nrr,  li  conte  a  la  auilit  chastel,  avec  ses  chevaliers  vint^  et 
non  lut  lu  tciiut  ne  contredit  d'entrer,  quar  lui  mostroit 
ainor.  Va  pui/.  ipiant  il  fut  dcJcns  il  prist  lo  evesque  son 
licro.  et  prist  lo  chastel,  et  cha^'a  li  scrvicial  de  son  frere^ 
et  i  niist  ses|;.irJcs.  et  tant  tint  en  prison  Tevesque  jusque 
a  tant  ipi'il  retioncia  a  lo  héritage  de  son  père,  et  tout  lo 


(1)  l\ui>lulti\  «^-ô|:u'  ilr»  Mnrscs,  lîtnit  donc  fr&rc  des  trcûi  comtes 
•UsM.iiM's,  IWiiHil,  Oili'iiAÏii!!  et  RiiinaMus  ;  Gans  {Séries  episco- 
f*ontnt\  pl.u  -  vm  dcvaiinn  A  l'cpiftcopat  en  ib57;  nous  avons 
I  n.nir  iiiir  |mC«.c  ili*  vers  en  riionnciir  ilc  Saintc-Snbine  qui  lui  a 
l'ii'  .littKi'  p.u  Sun  nutiMir,  Alt'nnc,  devenu  plus  tard  archevêque  de 
S.ilnnr;  itaus  l'cpUre  iliMicntoirc  en  vers,  Alfoncfait  les  plus  grands 
ilojV'N  di-  ri\\'i]Uf  vii's  Marses. 

\i\  kH\  i-t.xii  ^c  «  i'.hiistcl  Auritino  »?  Le  nom  trop  déAguré  sans 
.Ion II*  ne  p,-imei  p»is  de  le  retrouver. 


311 

donna  a  Bernart.  Et  après  lo  persécuta,  en  les  chozes 
eglize;  et  puiz  iist  sa  fille  nonnain;  et  la  fist  abbaesse,  et 
leva  par  force  a  lo  evesque  la  décime  et  la  rayson  que 
devoit  estre  del  evesque  secont  rayson.  Et  encoire  fist  piz. 

Quar  par  force  mist  main  en et  maltraita le 

qu'il  avoit la  clef  de  lar ce  absconse 

lui  tr. et  ala  pour aucuns  ge 

ce  que  cea (  i  j  contredisoient,  ardi  lo  chastel  et  les 

homes,  liquel  estoient  .ij.c.xl.  Et  .ij.  parent  de  cesgentilz 
homes,  liquel  estoient  de  Campagne,  estoient  venut  en 
lor  aide,  liquel  quar  pooient  fouir  lo  feu,  Bernart  lor 
donna  ségurance  et  lor  fida  qu'il  venissent  a  lui  ;  liquel 
quant  vindrent  parler  a  lui  amicablement,  et  subitement 
lor  fist  taillier  la  teste  devant  lui;  dont  maintenant rechroi- 
vent  li  sien  fill  le  mal  qu'il  faisoit  a  ses  prochains  et  en 
ses  fils.  Et  pource  que  cest  home  non  gardoit  foi  a  il 
parent  siens,  ne  ne  timoit  Dieu^  fu  donné  la  victoire  a  li 
Normant. 

Ci  se  finist  li  septisme  livre. 

(i)  Il  y  a  ici  une  coupure  dans  le  manuscrit,  cf.  supra^  IntroduC" 
tion,  p.  xxviij. 


COMENT  LI   CAPITULE   DE  LI   UITIESME  LIVRE. 


Cap.  I.  De  la  présignation  de  Gimoalde  archevesque,  et  de 
Joconde,  et  de  un  vilain. 

Cap.  2.  Cornent  Gisolfe  persequtoit  cil  de  Amalfe,  et  quel 
pêne  lor  donnoit. 

Cap.  3.  Cornent  occist  .ij.  fil  de  Maure.  Cornent  destruist 
cil  de  Pise  et  cil  de  Janue  (i). 

Cap.  4.  Cornent  persécuta  li  NeapoUtain,  li  Sorrentin  et  li 
Gaytein  (2). 

Cap.  5.  Cornent  Gisolfe  prist  li  castel  de  li  Amalfétain,  et 
cornent  li  patricie  fu  mort. 

Cap.  6.  Cornent  li  Amalfétain  voloient  la  cité  sousmetre  a 
lo  pape  Grégoire. 

Cap.  7.  Cornent  li  Amalfétain  donerent  a  lu  duc  la  terre, 
dont  Gisolfe  plus  Tafflixe. 

Cap.  8.  Coment  Léo  moine  pronuncia  choze  false. 

Cap.  9.  Coment  lo  duc  demanda  paiz  de  Gysolfe. 


(i)  Gènes.  Dans  le  texte,  les  habitants  de  Gènes  sont  appelés 
«  Génevoiz  ». 

(2)  Gaétc.  Ces  quatre  premiers  sommaires  coïncident  avec  les 
chapitres  correspondants  dans  le  texte,  mais  Taccord  s*arrête  là,  et 
le  cinquième  sommaire  correspond  au  chapitre  Vi*  du  texte  ;  ce 
désaccord  continue  ensuite  jusqu'à  la  fin. 


3M 

Cap.  10.  Cornent  ceaux  qui    estoient   dampnés    a   prison 
pristrent  la  roche  et  puiz  la  donnèrent  a  lo  prince  Gisolfe. 

Cap.  1 1 .  Quant  furent  et  qui  le  fillz  de  Gaymere  et  frère 
Gysolfe. 

Cap.  12.  Cornent  lo  pape  et  la  moillier  de  lo  duc  lo  anao- 
ncsterent  de  faire  la  paiz. 

Cap.  i3.  Cornent  lo  duc  mist  lo  siège  sur  Salerne. 

Cap.  14.  Cornent  Richart  prist  li  chastel  de  Gîsolfe  et  fist 
un  autre  chastel,  et  lo  duc  encoire  lui  cercha  pais.  Cornent 
Gisolfe  leva  a  cil  de  Salerne  la  tierce  part  de  la  vitalle.  Co- 
rnent Il  àrchevcsque  souvint  a  li  poure  de  la  cité. 

Cap.  i5.  Cornent  Gisolfe  desrompoit  toutes  maisons,  et 
non  sole  ment  des  chozes  de  vivre  mes  la  leingne  en  em- 
portoit. 

Cap.  16.  Cornent  cil  de  Salerne  menjoien  la  char  non 
munde,  et  Gisolfe  vendoit  les  chozes  de  vivre. 

Cap.  17.  Cornent  li  chien  portoient  le  pain  a  son  seignor. 

Cap.  18.  Cornent  il  occist  Gratien. 

Cap.  kj.  Cornent  lo  duc  et  Richart  furent  proiez  de  lo 
pape  pour  aler  en  Champaingne  (i). 

Cap.  20.  Cornent  lo  abbé  Robert  dcspoilla  son  mostier,  et 
cornent  lo  duc  et  lo  prince  rctornercnt  a  Salerne. 

Cap.  2 1 .  Cornent  la  cite  fu  prinse,  et  Gysolfe  fouy  a  la 
roche. 

Cap.  22.  Cornent  lo  prince  Richart  o  Tajutoire  de  lo  duc 
assegerent  la  cité  de  Naples,  et  qu'en  fu  fait. 

Cap.  23.  Cornent  a  Gisolfe  et  a  sa  gent  feilli  la  vitiialle,  et 
cercha  a  la  moillier  del  duc  sa  suer. 

Cap.  24.  Coment  Gisolfe  vouloit  parler  a  duc  Robert. 

Cap.  25.  Coment  Gisolfe  donna  soi  et  li  sien  et  la  roche  a 
lo  duc. 


(i)  C'est  une  erreur  du  traducteur;  cf.  infra^  ch.  21  et  ii.  Cette 
expédition  de  Robert  Guiscard  et  de  Richard  de  Capoue  en  Camp*- 
nie,  était  dirigée  contre  les  possessions  de  TÉglise  romaine;  die  lefit 
«lonc  malgré  Grégoire  VU,  et  non  d'après  ses  conseils. 


315 

Cap.  26.  Cornent  lo  duc  demanda  a  Gisolfe  la  dent  de  saint 
Mathie  et  cil  lui  donna. 

Cap.  27.  Cornent  lo  duc  délivra  (i)  de  mander  Gisolfe  a 
Palerme  et  rechut  lo  sacrement,  et  lo  laissa,  et  ses  frères 
leisserent  la  terre  et  alerent  au  prince  Richart. 

Cap.  28.  Cornent  Gisolfe  vint  a  lo  pape. 

Cap.  29.  Coment  lo  duc  et  lo  prince  parlèrent  ensemble, 
et  lo  duc  lui  donna  ajutoire,  et  mist  lo  siège  sur  la  cité  de 
Bonivent. 

Cap.  3o.  Coment  Jordain  et  Raynolfe  (2)  furent  fait  che- 
valiers de  lo  pape. 

Cap.  3i.  Coment  Baialarde  ot  la  grâce  de  lo  duc  Robert, 
et  Azo  marchio  pristpour  moillier  la  fille  Baialarde  (3). 

Cap.  32.  Coment  fu  mort  Ricchart.  Coment  lo  duc  et  lo 
prince  firent  grant  bénéfice  à  lo  monastier  de  saint  Benedit. 

Cifenissent  li  Capitule  del  .vij.  Livre  (4). 

(i)  Le  sens  est  «  délibéra  ». 

(2)  Au  lieu  de  Raynolfe,  le  texte  porte  «  lo  conte  Rogier,  onde  de 
Jordain.  »  Nous  ne  savons  donc  pas  s'il  s*agit  en  réalité  de  Raynolfe 
ou  de  Roger^  car  Tun  et  l'autre  étaient  oncles  de  Jburdain.  Raynolfe 
était  un  frère  de  son  père,  le  prince  Richard  (cf.  Chronica  Montis 
Casin.y  1.  III,  29)  et  Roger,  frère  de  Robert  Guiscard,  et  surnommé 
le  grand  comte,  était  frère  de  la  mère  de  Jourdain,  c'est-à-dire  de  la 
première  femme  de  Richard  de  Capoue.  Je  serais  porté  à  croire  qu'il 
s'agit  plutôt  de  Raynolfe,  oncle  paterne!  de  Jourdain. 

(3)  C'est  une  erreur;  ce  n'est  pas  la  fille  d'Abagélard,  mail  la  fille 
de  Robert  Guiscard  que  le  marquis  Azzo  a  épousée,  cf.  infra,  c.  33. 

(4)  Il  faut  du  Vlile  livre.  Il  n'y  a  que  32  sommaires  tandis  qu'il 
y  a  36  chapitres. 


3i6 


COMMENCE  UITIESME  LIVRE. 


Cap.   I.  Puiz  par  ordene  de  lo  ystoire  devons  dire  la 
prise  de  la  cité  de  Salerne,  dont  fu  cestui  moine  (i),  et 
de  la  destruction  de  la  seignorie  de  li  Lx>ngobart.  Veut 
cestui  moine  raconter  alcune  avision  et  prophétie  qui  en 
avindrent  avant.  Car  li  reverentissime  archevesque  de 
Salerne,  qui  se  clamoit  Grimalde  (2),  estant  en  parlement 
avec  li  clerc,  molt  de  foiz,  puiz  molt  de  paroles  disoit 
souspirant  a  haute  voiz  :  Guay  a  Saleme!  gay  a  Salerne  f 
Et  lui  fu  demandé  pourquoi  il  disoit  ceste  parole  ensi 
cspessc  et  subitement.   Et  il  responoit  que  non  par  sa 
volenté  mes  par  la  volenté  de  Dieu  lo  disoit,  et  non  pooit 
faire  autre  que  aucune  foiz  non  lui  venist  ceste  parole  en 
boche.  Et  un  religiouz  moine,  loquel  se  clamoit  Jocunde, 
loquel  pour  estre  en  contemplation  se  mist  en  carcere,  et 
adont  puis  comensa  a  avoir  lo  esperit  de  prophétie,  et  cil 
de  la  cité  par  molt  expérience  de  que  puizavenoit.  Adont 
lui  fu  demandé  de  cil  de  la  cité  que  devoit  entrevenir.  Et 
ccllui  rcspondi  :  En  la  seignorie  de  lo  iilz  de  Guaymare, 
prince  de  Salerne,  sera  finie  la  seignorie  de  li  Longobart, 
et  sera  conccdue  à  un  optime  home  de  autre  gent  pour 

(i)  Au  sujet  de  ce  passage,  cf.  supra.  Introduction,  p.  Iz. 

(2)  Grimalde,  ou  plutôt  Grimoald,  a  été  archevêque  de  Saleme 
de  oS5  à  1006;  Memoric  pcr  servire  alla  sioria  délia  Ckiesa  5tf- 
Icmitana  da  G.  Paksano,  p.  prima,  p.  85;  NapoH,  in-So,  1846.  Si 
Grimalde  a  tenu  le  langage  qu*Aimé  lui  fait  tenir,  il  ne  pouvait  l'a^ 
pliquer  à  la  prise  de  Salerne  par  Robert  Guiscard. 


317 

loquel  la  cité  sera  exaltée.  Et  .1.  autre  bon  seculer  estant 
en  son  lit  et  pensant  de  la  malvaistié  de  Gisolfe  ;  et  lui 
apparut  Guaymere,  père  de  Gisolfe,  en  sompne,  et  lui 
dist  :  La  crudelité  qui  maiz  non  fu  oïe  de  lo  malvaisis- 
sime  mon  fill  Gisolfe,  quar  a  levé  le  lor  a  cil  de  la  cité, 
et  lor  leva  lo  membre,  turbé  le  corage  de  cil  de  la  cité  ; 
atendez  un  poi,  quar  sa  puissance  non  s^estendra  jusque 
a  li  .xl.  ans;  et  ensi  fu  fait  (i). 

-  Cap.  2.  Et  a  lo  ferocissime  prince  de  Sajerne  Gisolfe, 
et  a  l'iniquité  soe  continuelment  cressoit  et  faîsoit  piz.  Et 
la  rage  insaciable  de  loquel  paroit  que  passast  la  crude- 
lité de  Néron  et  de  Maximien.  Et  met  en  la  misère  gent 
de  sa  cité,  la  ire  soe  sans  remède  s'estoit  estendue,  liquel 
alcun  en  avoit  exaspéré  tailia  li  membre,  alcun  desroboit, 
et  commensa  a  estendre  la  soe  malvaistié  a  ses  voizins,  a 
cil  de  Malfe.  Et  toutes  voiez  avoit  juré  de  donner  lor  aju- 
toire  de  troiz  cent  homes  a  cil  de  Amalfe  contre  lor 
anemis  (2).  Et  puiz  par  diverses  manières  le  cetchoit  de 
destruire,  quar  les  faisoit  agaitier  par  larrons  de  mer,  et  ne 
les  leissoit  naviguier  par  mer,  et  ensi  leur  toUoit  lor  gaaing. 

(i)  Gisulfe  a  succédé  à  son  père  Guaimarau  mois  d'août  loSa  et, 
à  la  date  du  i3  décembre  1076,  il  avait  définitivement  perdu  sa 
capitale  et  sa  principauté  ;  son  règne  a  donc  été  de  vingt-quatre  ans. 
il  est  vrai  que  dès  le  mois  d'avril  1042,  Gisulfe  avait  été  associé  par 
son  père  au  souverain  pouvoir;  à  partir  de  cette  époque,  son  nom 
figure  dans  les  chartes  à  côté  du  nom  de  Guaimar  ;  par  conséquent, 
on  peut  dire,  si  Ton  compte  les  dix  années  qui  vont  du  mois  d'avril 
1042  à  la  mort  de  Guaimar,  que  Gisulfe  a  régné  trente-quatre  ans. 
Codex  diplomaticus  Cavensis,  t.  VI,  p.  187  sqq,  et  L  VII, 
p.  i85  sqq. 

(2)  Le  traducteur  d*Aimé  écrit  tantôt  Malfe  tantôt  Amalfe,  mais  le 
contexte  prouve  que  les  deux  appellations  désignaient  Amalfi.  Nous 
ne  savons  ni  dans  quelles  circonstances  ni  à  quelle  date  Gisulfe  ^vait 
pris  cet  engagement  vis-à-vis  d*Amalû. 


3i8 

Et  par  terre  ordena  pedons  intre  liquel,  aucune  toiz, 
aloit  H  prince,  et  non  les  lessoit  issir  fors  a  lorvingnez  ne 
a  lor  jardins,  et  rcstrcingnoit  H  infortuné  citadin  en  la 
cité,  et  H  vilain  a  li  village.  Et  aviengne,  que  soient  enii 
atornôiez  cîl  de  la  cité  de  lor  anemis,  toutes  voiez  sesou^ 
tenoient  de  lor  marcheandise  solement.  Et  alcune  foiz  se 
metoient  en  aventure  et  aloient  par  mer  a  ce  que  par  Ipr 
marcheandize  peussent  eschaper  lor  vies;  et  alcune  foiz 
cstoient  pris  et  lor  gaaing  perdoient,  et  miex  lor  fust 
qu*!!  fussent  noiez  en  lo  mer.  Qu'il  estoient  prison  souf- 
froient    diverses    pencs;    quant    il   estoient  en  prison 
estoient  batut  et  avoient  f^iin  et  soif.  Et  puiz  recevoient 
une  crudelité  qui  maiz  non  fu  oïe.  Et  nulle  cnidelité 
non  fu  pareill  a  ceste,  quar  chascun  jor  lor  erent  teillié 
un  membre  jusque  a  tant  que  ou  il  moroient  ensi  cru- 
delement,  ou  il  se  rachatoient  de  molt  grant  pris.  Puiz 
lui  estoient  levez  alcun  membre,  alcune  foiz  lo  megc, 
cVst  un.oill,  ou  une  main,  ou  un  pié;  et  se  aucun  non 
se  pooit  rachatcr,  lui  chasoient  les  .ij.  oillz,  et  lui  tail- 
loient  les  mains  et  les  piez.  Et  alcun  moroient  en  prisom 
por  la  puor  et  autre  iribulation,  quar  en  un  estroit  lieu 
aucune  foiz  en  tcnoit  .xL  ensemble;  et  ceusqui  moroient, 
pour  ce  que  non  se  savist,  les  faisoit  sosterrer  la  nuit,  de 
li  scrvicial  sien.  Et  ceus  qui  se  moroient  par  lo  tonnent, 
disoient  qu'il  estoient  mort  de  lor  propre  mort.  Et  en 
quaresme  tant  tailla  de  mains  et  de  piez,  et  tailla  tant  de 
génital  et  trahi  de  oillz,  car  sans  nulle  autre  viande  lui  fu 
donne  a  lui,  et  a  quatre  de  ses,  char  a  mangier  habun- 
dame,  mes  pour  sa  gole  non  se  pooit  saouler.  Et  pource 
qu'il  estoit  contraire  a  toute  la  vertut  de  Dieu,  celui  jor 
que  saint  Pierre  par  Tangelc  fu  délivré  de  la  prison  (i), 

(0  11  s*ugit  Je  la  fête  de  S.  Pierre-ès-Lient  qui  se  célibre  le 

fvr  auût. 


}I9 

quant  il  estoit  à  cène  fist  taillier  les  piez  a  .xij.  homes  de 
Amalfe  en  la  présence  soe.  Et  non  est  merveille  s'il  non 
pot  honorer  saint  Pierre  apostolo  de  Crist,  car  lo  joedi 
saint,  quant  Crist  cenoit  auvec  ses  apostoles,  en  loquel  li 
home  se  confessent,  il  non  failloit,  secont  sa  costumence, 
de  affligir  et  destruire  li  misère  (  i  ) . 

Cap.  3.  Or  dit  ensi  Tystoire  que  entre  li  torment  que 
faisoit  Gysolfe  a  cil  de  Malfe,  et  il  Gisolfe  non  soi  recor- 
dant de  rhumanité,  ne  de  la  miséricorde  de  Dieu,  fit 
une  grant  malvaistié  et  pechié;  quar  un  noble  home  de 
Malfe,  loquel  se  clamoit  Maurus,  habitoit  ad  Amalfe  ; 
liquel  Dieu  tout  puissant  lo  avoit  fait  ricche  et  lui  avoit 
donné  .vi.  filz,  de  liquel  lo  plus  grant  se  clamoit  Pan- 
thelo  (2).  Et  non  se  melloit  en  la  perversité  de  sa  gent, 

(i)  Un  document  du  xi*  siècle,  la  vie  de  S.  Léon,  abbé  de  la  Gava, 
au  nord  de  Salerne,  écrite  par  un  anonyme,  raconte  de  Gisulfe  des 
atrocités  analogues  à  celles  dont  parle  Aimé  ;  on  y  lit  notamment 
que  le  pieux  abbé  s*efforçait  d*arracher  les  malheureux  prisonniers 
amalfitains  à  la  cruauté  du  prince  de  Salerne  :  «  Quis  vero,  écrit 
l*auteur  anonyme,  explicare  sufficit,  pater  vcnerabilis  Léo,  quanta 
tune  captis  auctoritatc,  quanta  liberalitate  succurrerit  ;  quam  largiter 
carceratos  paverit,  spoliatos  induerit,  vinctos  absolverit,  tortos 
eruerit  et  a  vicina  amputatione  liberaverit  »  ?  On  voit  dans  un  autre 
passage  de  la  biographie,  Tabbé  de  la  Gava  se  rendre  en  toute  hâte 
à  Salerne  pour  empêcher  qu*on  ne  crevât  les  yeux  à  trois  prison- 
niers, condamnés  par  Gisulfe  à  subir  cette  torture.  Dans  bien  des 
circonstances,  Tabbé  ne  put  avoir  raison  de  la  cruauté  du  prince  de 
Salerne,  aussi  lui  prédit-il  sa  ruine  prochaine  :  «  pro  crudelitate  tua, 
lui  dit-il  un  jour,  post  parum  temporis  hujus  terrs  dominus  non 
eris.  M  Voyez  cette  biographie  dans  Muratori,  R.  Ital.,  SS.,  t.  VI, 
col.  2t3  sqq.  de  sancto  Leone  abbate. 

(2)  Cette  illustre  famille  des  Maurus  et  Pantaleo  d*Ama1fi  a 
donné  les  portes  de  bronze  de  la  cathédrale  d'Amalfi,  de  Téglise  de 
S.  Michel  au  Monte-Oargano,  de  S.  Paul-hors-Ies-Murs  à  Rome,  et 
de  Téglise  de  Tabbaye  du  Mont-Cassin.    On  lit  encore  TiDScription 


n^  ::--^  :r  t?::::  it^j^:  Di^u.  et  estant  en  Saleroe  fist 
=  :'.:  -*  ::as-:l^u:c.  tz  ^Cfn-^it  s^de  a  ceoz  qui  alloient 
i-  s»  r:  «?clrr=  =::  JhirusAlem.  ou  lo  verace  Jshu-Crist 
1':'.'.  e<:t  rr^uz  recr  :::  ea  sd  maison  et  lor  donoit  lor 
'.zz'-ts  1-âs  r>ses  ::ec»£>2:r£s.  e:  lor  aîdoii  a  complir  lor 
-tizt  .-.zztl  iry.ir.z  accitTirneaciê  a  Éûrc;  ci  avoît  fiiît 
ztn  i::«7:'-^  en  A=.:h:ocâ  e:  en  Hiemsalem.  o  la  helemo- 
2:r.£  Jt  <a  r.jjb^sTc  les  sousunoi:    ;  .   Dont  la  renomée 


p:r:»  zt  l'ézUse  scn^lîf  eu  Mont-Cftssxn  («prèi  la 
ifsr--:rt:z  rir  .li  r;~rl*r:îi=t  ie  lirrc  ds  U  Tzeille  ^îse  de 
L':i:îr.  !=:§  rcrrrç  :c:  é:s.  2j  xrr*  s'ède.  adaptées  i  l'église  nou- 
\t.li\  :  «  J/:c  //.':.'  ii^s  !:  ssns  ±t  Jonjwi:)  Mamrv  JUims  Paata- 
.T  :r:i  if  c:^.::e  Mju^n£  jj  LacJî>i  Dei  ef  SaXhoÊùrÎM  mmî  Jerna- 
Ctnsti  Z7  citj'j,r  i^^^rn^i^^e  j7t:tj  milUsimo  sexagesimo  sexto.  ■ 
LIzÂcr.pû:,-  j;:s  p.rt;.-»  ^;:  5.  ?2.U-h-rs-Iâ&-MiirS|  brûlées  en  partie 
l^rs  ii  Vi::ztz:.:t  j:-  :Si3.  z^inzii  :  PjnUUo  stratus  remiam  miki 

m 

/-T-.-  '..  2.j'*..--,rx-..tT;  '«io  fI/ït?!  C::  tuov.  —  D'après  BenZD, 
cvcq'^e  d'AIb-e.  l'iri^lec.  pairijâ  j'Amalti,  le  père  de  œ  Mannis^  te 
s^nii,  vers  io'.'2,  actirerr^âni  emplové  pour  la  cause  de  Tantipape 
CaJÂÎus,  CL-ntre  Al^xiriire  II  ei  Hiliebrind;  Tautorité  de  fiensoest 
SI  :or.iestib!e.  q-j\.r.  r.::  ptMi,  il  est  vrai,  regarder  son  témoignage 
comme  con.i'jir.t.  Cf.  jJ  Henricum  JV  imper,  MG.  SS.,  L  XI, 
p.  '.'i5.  ^22  sq  .  Ô2C  sq.  Quoi  qu'il  en  scit.  la  présence  de  Maams 
au  Mor.t-Cassin  auprès  dWlsxindre  II.  lors  de  la  oonséaatîon  de  la 
basilique,  ses  bons  rapports  avec  le  pape,  ses  dons  aux  ^liift^ 
prouvûr.i  quL-  le  nls  de  ce  Pantaleo  n'avait  pas  suivi  les  traditions 
de  sjn  père,  et  qu'il  étûit  panisan  dévoué  du  pape  légitime. 

1 1  Le  passige  suivant,  tiré  de  la  vie  de  Jean,  archerêciue  d'AnaM 
(1070-10S2  :'i,  par.iîc  se  rapporter  aux  fondations  de  la  fâmOle  de 
Maurus  et  de  Tantalco  en  Orient  :  «  Hic  profectus  est  in  Pakcstinan 
hjZii  sancta  visitanii  gritii,  ubi  summo  cum  honore  receptnafiiit  ab 
A  m-  Iphitanis;  qui  Hierosolymis,  paucis  ante  annis,  duo  estnizeraat 
hospitalia  nd  homincs  et  mulieres  recipiendos,  in  quibus  et  aleban- 
tur  et  infirmi  curabantur,  defenientes  eos  a  Sancenîs  et  ut  facQîiis 
id  cxcqucrcnturi  vitam  rcligiosam  fere  instituerant.  Joannea 


321 

de  cest  home  corjpoit  quasi  par  tout,  le  inonde  en  estoit 
plein,  si  que  non  solement  ceaus  qui  io  connoissoient, 
mes  cil  qui  non  lo  cognoissoient  parloient  de  sa  bonté. 
Et  come  est  dit  desus,  quant  Gisolfe  ala  a  lo  empeor  de 
Costentinoble,  il  et  toute  sa  gent  a  les  despens  de  Pan- 
taleon  estoient  en  sa  maison,  et  estoit  son  conseillier.  Et 
quant  il  estoient  en  sa  maison  il  pensoit  comment  il  porroit 
avoir  la  richesce  de  cestui  Pantheleon  (i).  Et  puiz  torna 
a  Salerne,  et  se  feingnoit  de  avoir  Tamistié  de  Maure  lo 
père  et  de  Pantaleon  et  de  sez  frères,  et  pour  lo  service 
que  avoit  receut  lui  prometoit  de  rendre  lui  la  mérite,  et 
eu  recevoient  présent,  et  lor  remandoit  paroles  de  amistié, 
et  lor  prometoit  service.  En  cest  temps,  endementre  que 
Gisolfe  persequtoit  cil  de  Amalfe,  tant  li  amis  quant  li 
anemis  de  Amalfe  en  la  feste  de  la  consécration  de  saint 
Benedit,  entre  diverses  compaingniez  de  divers  pueples 
qui  la  vindrent,  quar  il  i  vint  lo  prince,  et  i  vint  Maure, 
et  devant  lo  pape  vindrent  a  dire  lo  occasion  de  lo  odie 
entre  lo  prince  et  cil  de  Malfe,  et  qu'il  pape  deust  chacier 
Todie  et  mètre  la  paiz.  Et  par  conmandement  de  lo  pape, 
Gisolfe  promist  a  Maure  que  se  en  ceste  brigue  aucun  de 
ses  filz  chaïst,  que  sain  et  salve  lo  lessast  aler  sanz  nulle 
reanchon  de  monoie  (2).  Et  puiz  après  ceste  consécration, 
Maure  fu  fait  moine,  et  lo  prince  torna  a  Salerne.  Et  en 
petit  de  temps  après,  en  une  bataille  en  mer,  l'un  de  li 

archiepisc.,  sicut  Domino  placuit,  migravit  ex  hoc  mundo  in  Da- 
miata  et  ibidem  sepultus  est.  »  Ughelli,  Ital,  Sacra^  t.  VII, 
col.    198. 

(i)  Cf.  supra,  I.  IV,  c.  37. 

(i)  Il  s'agit  de  la  grande  fête  qui  eut  lieu  au  Mont-Qissin  le 
ler  octobre  1071,  lors  de  la  consécration  de  Téglise  de  Tabbaye  par 
le  pape  Alexandre  II  ;  les  grands  seigneurs  lombards  ou  normands 
rivalisèrent  de  zèle  pour  y  assister. 

21 


322 

tili  de  Maure  fu  occis,  lequel  se  clamoit  Jehan.  Et  depuiz 
li  autre  filz,  loquel  se  clamoit  Maure  corne  lo  père,  fa 
pris.  Et  en  prime,  Gisolt'e  lo  traita  honorablement,  et  lui 
promctoit  sécurité,  et  lo  faisoit  mcngier  avec  lui,  et  sou- 
vent renvitoita  jouer  os  tables  au vec  lui.  Et  puizcomensa 
a  penser  comment  il  lui  porroit  lever  lo  sien.  Etpargrant 
convoitize  lo  fisi  lever  de  table  et  lo  fist  mètre  en  prison 
en  sa  chambre:  et  puiz  lo  fist  mètre  en  obscur  lieu,  souz 
la  roche  de  la  terre,  et  lo  fist  constraindrede  divers  fers  et 
lo  fist  tormentcr  de  une  mercière.  Mes  pensant  la 
ricchesce  de  Pantalcon  et  de  lo  frère,  etvouloit  que  de 
celle  richcsce  fust  délivré,  et  lor  demandoit  .xzx.  mille 
besant;  et  li  frère  en  vouloient  paier  .x.  mille,  quar  non 
avoicnt  plus.  Et  finalment  Agnès  imperatrix  se  mist  en 
mege,  quar  cstoit  famé  cristianissime  et  devotissime,  et 
metoit  sa  cure  en  les  prisons,  et  en  confoner  li  ponre  et 
appiireillier  Teglize.  Dont  vint  a  Salerne  et  se  geta  a  li 
piez  de  lo  prince,  et  prometoit  de  paier  cent  livres  de  or 
et  faire  soi  taillier  le  doit,  et  solement  delivrast  cestui 
Maure  (i).  Et  autrcsî  pour  lui  délivrer  cstoit  venut  tout 
lo  collège  J.c  Saint-Benedit  pour  proier  pour  lui.  LVm- 
perairix  fu  desprizié  de  lo  prince,  et  sa  proiere  fu  vacante 
devant  la  face  de  lo  tyrant.  Mes  cestui,  loquel  non  timoit 
lo  jugement  de  Dieu  ne  la  vergoingne  humane,  premere- 
ment  lui  fist  chacier  Toill  droit,  et  puiz  chascun  jor  lui 
faisoit  taillier  .i.  doit  de  la  main  et  de  li  pié,  et  lo  faisoit 
mengier  poi,  et  o  torment  faisoit  débile  lo  home  juste.  Et 
en  lo  temps  de  yver  cellui  cors  faisoit  baingnier  en  aiguë 

(i)  Aprùs  avoir  quitte  le  pouvoir  en  io62|  rimpératrice  Agnès 
prit  l'habitude  d-.*  taire  en  Italie  des  séjours  de  plus  en  plus  pn>- 
long  r;  Lko  de'  NUrsi,  1.  III,  3i,  dit  qu^elle  passait  près  chi 
Mont-Cassin  six  mois  de  l'année,  elle  mourut  à  Rome  le  «4  d^ 

cembre   1078. 


323 

meslesiée  avec  glace,  et  après  tôt  cest  martyre  fist  noier 
Maure,  noier  en  mer  et  s^en  ala  a  Jshu-Crist. 

Cap.  4.  Et  en  cellui  meismes  temps  avoit  commencié 
Gisolfe  de  faire  empediment  a  ceuz  qui  estoient  ,entor 
Salerne.  Et  a  toute  gent  qui  alloieiit  par  mer  faisoit 
comme  a  cil  de  Amalfe.  Et  subitement  H  Pisain,  liquel 
navigoient  par  mer,  pour  tempeste  de  mer  clamèrent 
saint  M athie  de  Salerne  a  lor  aide.  Et  pour  la  mérite  de 
li  saint  Mathie  lo  parut  quMl  furent  délivré  :  quar  subi-, 
tement  puiz  la  prière  fu  abbaissié  la  tempeste.  Et  li  Pisain 
avoient  paor  de  la  malice  de  lo  prince  Gisolfe;  il  man- 
dèrent avant  message,  loquel  dixist  a  lo  prince  de  Salerne 
coment  avoient  eu  tempeste,  et  comment  il  avoient  esté 
délivré  par  la  mérite  de  saint  Mathie  de  Salerne.  Et  li 
prioient  qu'il  lor  donast  sécurité  de  venir  au  port  de 
Salerne  pour  visiter  lo  cors  de  saint  Mathie  qui  estoit  a 
Salerne.  Et  lo  prince  concedi  lor  pétition,  et  por  la  malice 
qu'il  avoit  en  cuer  lor  promist  libéralité  et  adjutoire.  Et 
li  Pisain  pour  ceste  securté  vindrent  au  port  de  Salerne, 
et  issirent  de  la  nef  et  o  piez  deschauz  allèrent  a  Peglize 
Saint-Mathie,  et  a  Tautel  la  ou  estoit  lo  santissime  cors 
sien  donnèrent  un  paille  et  firent  belle  lumière,  et  toute 
Teglize  aornerent,  puiz  retornerent  a  lo  port.  Mes  non 
troverent  la  nef,  laquelle  avoient  leissié;  car  Gisolfe  avoit 
fait  lever  la  nef  et  toute  la  ricchesce.  Et  encoire  fist  piz; 
car  ceste  gent  afïlixe  par  prison  et  par  molt  autres  tor- 
mens.  Et  petit  de  li  poure  en  laissa  aler,  liquel  dixissent 
a  lor  parent  de  cil  qui  estoient  en  prison  qu'il  venissent 
rachater  li  prison.  Et  null  de  li  autre  non  laissa  aler,  s'il 
non  paiast  grandissime  poiz  de  argent.  Et  vit  Gisolfe  que 
son  trésor  estoit  plein  de  richesce  de  malvaiz  aquest,  fu 
molt  alegre  secont  lo  monde.  Et  a  ce  qu'il  peust  passer  la 


ncbejc  ie  lo  empeor.  commanda  que  li  sien  larron  de 
zr.ir  z\it  £  r.ul  hoznt  non  pardon nasseni.  Et  ces  larrons 
ctrc'ztTtnz  la  mer  et  irjvereni  une  nef  de  Genevoiz, 
'iiz\itV:i  prls'j-en:  e:  menèrent  a  lo  prince,  et  lui  don- 
r^tnrr.  celle  c:>>e  ju'II  desideroit,  tant  de  monoîe  com- 
rr.tr.i  \\  voulciî,  char  îor  marchandise  non  estoit  encoîre 
ver.iue.  Nfcs  non  :>our:an:  il  retînt  tout  et  les  misten 
pr:s.:n.  et  ciwln:  qu'il  vendissent  lor  terres  et  lor  maisons 
e:  :ouz  lor  biens  po^r  eaux  rachater  de  prison,  dont  lor 
âsî  similance  e:  piz  qu'il  n'avoit  fait  a  cil  de  Pyse  (  i  ). 

C\p.  5.  Kl  pour  cesie  diverse  aspérité  que  continuel- 
n:en:  acresfc»::,  e:  pour  ce  qu'il  avoit  de  monoie  que  avoit 
assemblé,  lo  cor^îie  de  Gisolfe  esioit  monté  en  tant  or- 
«;ue:H  qu'il  ne  lui  paroi:  de  estre  entre  li  home  mortel 
mes  en:re  li  d:eu,  et  ia  soe  vaine  gloire  il  creoit  qu^il  fusi 
plus  ^ran:  que  la  puissance  de  lo  empeor.  Et  desprisoît 
ii  sien  proxime  e;  parent,  et  li  autre  gentil  home  seeffor- 
choient  de  eauz  humilier  souz  ses  piez.  Et  en  chascune 
part  taisoii  heàiner  et  taire  forieresces  qui  non  se  pooit 
prendre,  ci  turboit  li  seignor  de  entor,  et  deffendoît  la 
terre  soe.  El  a  io  maistre  de  la  chevalerie  de  la  cité  de 
Naple  2  .  aucune  foiz  o  navie.  aucune  par  congrégation 
de  larron,  donnoi:  conturbation  a  lo  duc  de  Sorrente;  et 

i)  Njus  a-.\.ns  Jc;à  vj  plus  haut  (Aimé,  1.  VII,  c.  i3)  comment 
les  Pisjîns  se  souvinrent  à  Monte-Cimino  des  procédés  de  Gisulfe  à 
leur  cgifJ. 

12;  Il  s'agit  je  Sergijs  V.  duc  de  Naples,  qui  uûsta,  le  icr  oc- 
tubre  1:7:.  d  U  consécration  de  Tégliie  d;  Tabbaye  du  Mont- 
C^ssin;  cf.  Chron.  Mont.  Cass.^  1.  III,  c.  3o,  auctore  Pwno  Du* 
L)vo.  Parlant  de  ce  Sergius  V,  l'abbé  Didier  t'appelle  «  Magister 
militum  -  Desideri:  abbatis  dialogi,  1.  I,  c.  i).  c*esc  ce  titre  évi- 
demment que  le  trjdujteur  d'.Aimé  a  rendu  par  «  lo  maistre  de  U 
cheva:erie  ».  Cf.  B.  CAPAiso  :  Monumenta  ad  XeapoUtami  dmcahu 
historiam  pertinentia,  t.  I,  p.  l'ib  sq.^  in-40,  Napoli,  1881. 


325 

a  lo  ultime  prist  lo  frere,  et  lo  tint  jusque  a  tant  que  fu 
prise  Salerne  et  lui  et  lo  subjuga  en  prison  (  i  ).  Et  a  ceaux 
de  Gayte  non  pardonna,  car  ccuz  qui  estoient  pris  li  nef 
soe  afflisoit  par  prison  et  autre  pêne.  Toutes  voiez  cil  de 
Gayete,  par  prière  de  ceuz  qui  estoient  chaciez  defors, 
sanz  deniers  li  leisseient^  et  les  faisoit  jurer  de  fidélité. 

Cap.  6.  Et  puiz  après  ces  choses  mist  son  estude 
pour  prendre  li  chastel  de  li  Amalfitain,  quar  il  aûna 
chevaliers  et  pedons  et  veinchi  troiz  chasteaux,  liquel 
estoient  da  longe  de  la  mer.  Et  pour  ceste  dolor,  lo 
patricie  de  Amalfe  n^orut.  Et  puiz  quant  il  i  fu  mort,  la 
moillier  et  lo  filz  retorna  a  son  père,  pour  non  soustenir 
la  dolor  de  Gisolfe  lo  prince, 

Cap.  7.  Et  puiz  que  cil  de  Amalfe  furent  privé  de  lor 
seignorie  qui  avoient  esté  molestez  par  lonc  temps  de 
Gisolfe  pensèrent  de  trover  seignor  a  qui  il  se  dévissent 
donner,  et  de  qui  il  fussent  deffendu.  Et  adont  donnèrent 
la  cité  a  lo  pape  Grégoire,  pource  qu'il  lordelivrast  lo  col 
de  lo  joue  de  Gysolfe.  Et  lo  pape  qui  amoit  Gisolfe  sur 
touz  les  autres  seignors,  pour  ce  que  Gisolfe  amoit  tant 
lo  pape  et  lui  estoit  tant  obedient  que  avec  nulle  seignorie 
voloit  faire  liga  ne  avoir  nulle  amistié  sans  la  volenté  de 
lo  pape,  dont  lo  pape  non  voust  recéper  Amalfe.  Mes 
cerchoit  la  cité,  laquelle  lui  estoit  offerte,  de  sousgfietre  a 
Gisolfe,  et  ensi  dist  a  li  messagiers. 

Cap.  8.  Et  il  non  pooit  oïr  ceste  parole.  Et  quant  il 
entendirent  la  volenté  de  lo  pape  cil  de  Amalfe,  il  se 
retornerent  a  la  adjutoire  de  lo  vallentissime  duc  Robert 


(i)  Le  duc   de  Sorrente  s'appelait  également   Sergius.  Chron. 
Mont.  Cass.,  1.  III,  29. 


l 'r»:-!-;"  ^*-"-îr;r:  rc^ssa^i^r:  is  TKi  r  2  la  cîic  de  faire 
-«-:  -x-:.  ï:  :-zrzz  1:  rr.2-:r  I7  sdz.  fu  moli  coirocié, 
-r-:  c»  r".KT_5  ;-  .1  i-r^r.  zt  A7?il:"e  a  manière  de  bestc 

!:r  =5:  u :^  .1  crir    ;:  1?  ire.,  ccme  est  dîst.  se  fatigoit 

prur  jr^r.ir  E^ilir-s  sz  G^llecme  Areaga,  non  pot 
s:v*-ir  1 1.  N[il£-jl=.  Er  :ru^s$  Tîies  ior  twanHa  il  naves 
i-  1  -::Lrî  j:  >:>:  irf.  ie  l;c,:el  pan  en  furent  pris  de 
le  rr.r.ri  z:  '.i<  f  s:  ::rr-;n:ir.  E:  assembla  puiz  lo  prince 
ur.:  ij  iir.:  r:=:î  il  p::  j:  rr!$:  I?  castel  plus  a  près  de 
Mil:"=  î:  il  ;::  f.*:  ie  1:  sien  rr^rrî    :  . 


r'A-^-ï  t^  'ji  ±1  iz  U  sép::b!iq*je  ifAnialfï  et  h 
sc.;^Sôw:^  £  r.rrxsr:  tJ-..JL.ir^  :z:  scujSt<  qusiquss  disoiuioiis, 
ij*;  ;^:-_*  ^;=  ;;  ?;*  ---fr:-::-r  it-c  :»  rs^sei^ements  fournis 
rir  1  i_r-r*  j  j:.-.-».  E-  :-ii.  ?*^*i  1  rjr!.c\  er.  3  vol.  petit  111-4^ 
Nir»:.-  :j  Jr:-;^  j,:."  iTr..-j  -^rx>X--:  J^A^^JiJi^  Jan»  laquelle  il 
-.-Ti.  :  1.  r.  :•.  !;  r-îf-ri-:  *_■..--:  i:  U  jbir::ûquî  d'Amalfi  : 
•  >i-r_*  i-r.:  T.  V.AX  ;I:-.s  »:.  r.iiz  qus  anaos  V,  successit 
.'  lii  -  -  »  - 1  _  5  q  -■:  i  -  :  *c  -  î  ~  I  :  rr^  - .  _  —  stît^ït;:.  rnodîco  interjecio 
:-:-r.*''. ..  -.-1:-  rrr.iwT.r:-*,  m-:  MLXXV.  Robertus  Guiscudut 
i^ji:-— .  .  r:  -..:.:.  •  l'.  y  i  q:.i:^je*  v£n«=ies  duss  le  tesie  de  cette 
ni-r.*  ^hj:r  j-i  c-::«  rir  M.ririu  yAmlipùioUs  ItalU^f  t.  I, 
;  ;    ;::    :  •  H.::    .'.ir.-:  A —.-'.-«  ritru::;    suc^e^st  anno  Dooiini 

-f:  i:t: -->  Sci  -s  £j$  rl.s  jî  dcçziv:!  tcnis  V  in  pace.  Jam 
Tîr  p:-5".  t  js  cru-j-r..  sjcress:  ri  ir--^:=us  J^nnnes  eyu»  Atius. 
Ci-:  «r.i-qji—  xacmcrât  r^ervï^e,  v:x  :d  mjcijum  lemporâ  inier- 
'rù'.ZT ,  tt  r::r.M  c.vi:r.r:.».  Xli^  :ria:ciioae,  perdîdit  temm  et 
I .  T.:::lu:r.  2r.r..  dr^r-iz:  i  :  74.  <:;-vv:  «.  absiulït  illustris  dux  Robertut 
Gji?r:ri-5  ie  fct=:e  N.r-ri-r.crj—  n. bii;ier  orinndus  •. 

Lis  -i:;s.  :-  !:  •...:.  r.i  srr.:  p»5  :?u;  à  failles  mStnei  dans  les 
d4-ï:ix::s:  &.->.,  ::r:~î  1»  X.>.  :=.i.j&^n  %:a  du  ler  septembre 
'.'-:  y,  :•-■  s.r'.cT.brc  i:-4.  ci  in^rif.  ctprcs  la  version  de  Mun- 
:  ::.  --  mis  i.  r..-.£nbr:  :  ?-?  ^-c  Jan.  ayant  perdu  son  père 
:?irg:-s.  urs.::  --j  iSL".ior.rer  a  Robert  Guîscard  U  prâici- 
r-.  ."'J  •A-r'.':.  l\vir>:s  cr.ar.fs  i-  Rrbert  G  uiscard  confirment 
'itT4::.:j:e  i.  et::-;  a:;,  il".:*  pro-.;-;  qj'a  partir  de  1073,  le 
.:.':  r.  .rTiani  frit  k  r.tre  et  duc  c'AazJri;  cf.  L'cimxi, 
Sacrj.  I.  Vil.  p.  3't7.  un:  charte   de  R.  Guîscard  du    s5 


327 

Cap.  8.  En  cellui  tetnps^  se  leva  un  moine  qui  se  cla- 
moit  Ij&o,  fauz  prophète^  quar  par  les  chozes  qui  avin- 

indiction  Ile,  c'est-à-dire  1079,  datée  «anno  sexto  ducatus  (Roberti 
Guiscardi)  Amalfis  »  ;  une  autre  charte  du  20  du  même  mois  et 
de  la  même  indiction  (Ughblhi',  VII,  397)  porte  également  : 
«  Anno  sexto  ducatus  ejus  Amalfiae  »;  citons  encore  une  troi> 
sième  charte  du  i5  juillet,  indiction  XV«,  c'est-à-dire  1077,  et 
qui  porte  «  anno  quarto  ducatus  Roberti  Guiscardi  Amalfue  ». 
Il  est  donc  bien  établi  qu'il  faut  placer  en  1073  le  commence- 
ment de  la  domination  normande  sur  Amalti,  et  que  cet  événe- 
a  coïncidé  avec  la  chute  de  la  dynastie  qui  gouvernait  la  Répu- 
blique. Cette  domination^  au  début,  du  moins,  n'impliquait  pas 
la  prise  de  possession  de  la  ville  et  du  territoire  par  le  duc  Nor- 
mand, mais  simplement  la  reconnaissance  de  sa  suzeraineté  et  le 
paiement  d'un  tribut  annuel;  en  retour,  Robert  Guiscard  8*enga- 
geait  à  défendre  Amalfi  contre  ses  ennemis  et  à  la  préserver  de 
toute  atteinte.  Que  tels  aient  été  les  rapports  entre  Amalâ  et 
Robert  Guiscard  dans  les  premières  années  qui  ont  suivi  le  traité  de 
1073,  c'est  ce  que  prouvent  les  vers  suivants  de  Guillaume  de 
de  Fouille  : 

te  Interea  ducis  egregii  populosa  fréquenter 

Poscit  Amalfîs  opem,  cui  vectigalia  dudum 

Annua  detulerat,  nimis  impugnante  Gisulfo, 

Semper  turbatam  terraquc  marique  reclamans. 

Robertus  qusstu  populi  stimulante,  Gisulfo 

Mandat,  Amalficolas  cesset  vexare,  tributum 

Ferre  sibi  solitos  ;  veteris  corrumpere  nolit 

Fœdus  amicitis  ;  cessare  sororius  titlum 

Cogat  amor  ; .  méritas  que  vices  se  reddere  spondet.     ^ 

Hsc  sibi  legatis  mandata  ferentibus,  ille 

Dicta  superba  refcrt;  negat  esse  sua  fhiiturum 

Pace  ducem,  nisi  digna  sibi  famulamina  solvat 

Non  perferre  valens  tant  iresponsa  tumoris 

Fervidus  innumera  comitatus  gente  Salemum 

Dux  adit,  et  terrae  parrat  et  maris  obsidionem.  » 

:   GUILLEL.    APUL.  1.   III,    V.  4I 2-427. 

Comme  on  le  voit,   ces  vers  du  poète  définissent  très  bien  la 


328 

drent  puiz  se  moustra  estre  fauz  prophète  et  que  sa 
prophecic  estoit  fausse.  Et  disoit  que  riiolt  sovent  lui 


situation  d*Ainalfî  à  Tégard  de  Robert  Guiscard,  de  loyS  au  ni 
et  à  la  prise  de  Salernc  par  les  Normands  en  1076.  Quant  à  Mab- 
terra,  il  se  borne  à  parler  du  traité  conclu  entre  Amalfi  et  Robert 
Giiiscard,  lorsque  commencèrent  les  opérations  militainea  du  duc 
contre  Salcrne;  voici  son  texte,  111,  3  :  «  Malfetani  vero,  Giaulfbm 
exosum  habcntes,  timcbant  quippe  ab  ipso  puntri,  eo  quod  isia^ 
fectorcs  patris  ipsius,  dum  eos  ad  subjugandum  sibî  impugnaret, 
cxstiterant.  A  duce  invitati  ut  stbi  ad  obsidendum  urbem  navîgk) 
scrvitum  ventant,  potentiores  duci  locutum  ex  consenau  aliquorum 
accélérant.  Dux  itaque  callidis  pactîonlbus,  si  assentiant,  si  aniem 
dissentiant,  minis  terrendd  attentans,  tandem  ad  confadcratiouca 
compulit,  ut  si  contra  Gisulfum  tuerentur,  tota  Malfa  illî  subjugua 
haereJitaliter  foederaretur.  Duce  vero  omuia,  ut  ezpetebant,  promit- 
tentCj  parte  exercitus  ad  obsidendum  urbem  relicta,  reltquain  aecum 
duccns,  cum  ipsis  qui  inJe  vénérant,  apud  Molfiim  vadit,  urbem 
sibi  a  civibus  deliberatam  suscipit,  quatuor  castella  in  ea  fecit,  mli- 
tibus  suis  munit  ;  inde  cum  multis  Malfatanorum  copiîs  Salemum 
rcilit.  Sic  déterre  bat  Malfatanos,  si  manus  Guiscardi  quoquo  modo 
cvaJcrct  timor  GisulA..  » 

Les  renseignements  qui  nous  sont  ainsi  fournis  par  divers  auteuia 
sur  la  Hn  d' Amalfi,  en  tant  qu*ctat  jndépendanti  complètenti  sans  les 
contredire,  ceux  qui  nous  sont  donnés  par  Aimé;  ainai,  c'eat  évi- 
demment la  crainte  de  Gisulfc  qui  a  décidé  les  Amalfitaina  à  payer, 
tous  les  ans,  un  tribut  à  Robert  Guiscard  et,  comme  ils  ne  pou- 
vaient compter,  pour  les  détendre  contre  le  prince  de  Saleme,  sur 
le  ftls  mineur  Je  Scrgius,  leur  souverain  décédé,  ils  n'ont  paa  gsidé 
ce  dernier  rejeton  de  leur  dynastie;  les  assertions  d'Aimé  sur  oe 
point  sont  donc  trcs  plausibles.  De  même,  on  s'explique  que  les 
Amaltitains  n*ètjnt  pas  secourus  autant  qu*i]s  Tauraient  c^éré,  par 
Robert  Guiscard,  alors  absorbe  par  la  révolte  de  plusieura  baraos 
norm.invis  contre  son  autorité,  aient  cherché  auprès  du  pape  Gré- 
goire Vi\  une  protection  plus  eflicace;  la  réponse  que  Grégoire  VU 
lit  à  SCS  avances,  tcmoigne  de  son  attachement  pour  Giaulfe,  et 
nous  savons  en  effet  par  ailleurs  qu*entrc  le  pape  et  le  prince  de 
.-^alcrne  exist.iit  une  grande  entente  politique.  Qjjant  à  la  soumission 
complète  et  dêhnitivc  d*Amalti  a  Robert  Guiscard,  soumission  qui 


apparoii  la  virgc  Marie  et  saint  Jehan  de  la  part  sinestre, 
et  saint  Pierre,  et  saint  Paul,  et  sainte  Lucie,  et  sainte 
Cécile,  et  lui  disoient  que  lo  prince  devoit  avoir  victoire  ; 
et  pource  que  molt  parole  lui  disoient,  se  estachoit  cest 
moine.  Et  comanda  sainte  Marie,  a  sainte  Cecilie  que 
elle  devist  aporter  un  siège  sur  quoi  cestui  moine  se 
deust  soier  ;  et  lui  comandoit  la  virge  Marie  a  cestui 
moine  que  il  deust  porter  lo  message  a  lo  prince  que  o 
furor  deust  molester  li  Amalfitain,  et  o  damage  les  deust 
persequter  contînuelment,  accressant  lor  pestilence,  caf 
estoit  sententié  et  ordené  de  Dieu  ;  quar  par  cest  tofment 
et  par  la  potence  soe  deust  prendre  Amalfe.  Et  puiz 
devoit  refréner  la  hardiesce  de  li  Normant  et  la  malice  de 
ceuz  qui  la  habitoient.  Et  lo  prince,  parce  qu'il  creoît 
ceste  falze  prophétie,  se  efTorchoit  quan  qu^il  pooit  en  sa 
malvaistié  (i). 

Cap.  9.  Et  lo  duc,  quant  il  fust  plus  puissant  et  plus 

précéda  de  fort  peu  de  temps  le  siège  et  la  prise  de  Salerne,  elle  est 
très  exactement  rapportée  dans  cette  phrase  d*Aimé  :  «  Cil  de  Amalfe 
se  retornèrent  à  la  adjutoire  de  lo  vallentissime  duc  Robert  a  loquel 
donnèrent  puissance  de  venir  à  la  cité  et  de  flaire  une  roche.  »  Tout  en 
étant  depuis  loyS  tributaire  de  Robert  Guiscard,  Amalfi  avait  gardé 
son  autonomie  municipale,  les  Normands  ne  tenaient  pas  garnison 
dans  ses  murs,  mais  le  danger  devenant  plus  pressant  et  Gisulfe 
plus  entreprenant  que  jamais,  les  Amalfîtains  firent  le  sacrifice  de 
cette  autonomie;  Malaterra  confirme  sur  ce  point  les  assertions 
d'Aimé.  Ce  n'est  donc  pas  d*un  seul  coup,  mais  comme  par  gra- 
dation, qu'Amalfi  s'est  rangée  sous  la  domination  normande;  il  en 
a  été  de  même  pour  plusieurs  villes  de  l'Italie  du  Sud,  pour  Capoue 
par  exemple.  Cf.  supra  L.  IV,  11,  p.  162  sq,  et  L.  IV,  a8, 
p.  174  sq. 

(i)  Léo  de' Marsi  parle  d'un  moine  Léon  d*Amalfi,  qui,  au  Motit- 
Cassin,  avait  des  visions  assez  extraordinaires,  cf.  1.  II,  97,  peut-être 
Aimé  a  t-il  ici  en  vue  le  même  visionnaire. 


î  •; 


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:  J-  xT-'i  >:-:r  re  ru"  1  iu:  es:ûii  cainçnat .  i  », 
ri  :   r-.T  i   -_  ^scre  ^ifliric  ie  la  desiructioo 

:■  i".  r  i  J}.>:.:i.  E:  lai  pnoii  qu*il  non 
r.s  ^  r^^rsrJ,::.  :  r .  e:  Iwi  prcmetoii  que  il  vou- 
j.:     :>..  ^;ir:.:.  «urii^r^s  :ou«  îa  princéede 

.-.  -j-i  Ji  i^:^:  :2:«  '-e  lo  Juc  avoîi  renun- 
;  -  ;  >i:  .-.  -  —  ^  d  e^:  -.  :u1j::  esa'e  son  chevalier, 
s  r.-5  i*  --T^j.:  tT.  >^rerj>c,  ei  creoii  que  non 
i:r  =:â>  pir  pi.r  i^xis:  aîl^e  parole,  mes  ma- 
L.-ti  .r.  ,:n:  .l  .:  s£  ^:r,  quar  non  porta  honor 

'.*:-  :  F"  jr.  :-  M  çsri  sn  ie  la  rtxrhe  de  Saleme 
.-.:  i>;::.:-::  :r  rrscr.  ci".  .-;  A=iî^  e:  cent:l  home  de 
N-r!r  r.:r.  :>::ier:  û  \i  r>:hf  z:és  i  laissèrent  quatre 
^A-v^:-.  F:  j.:j5n:  j«  r-=:rs  -rirson  portèrent  a  men- 
^ „'-  .1  ■  7-  .v-r.  î:  a  rr-Nj-  es:?::  ap^ene,  distrent  li 
rr.for.  1  '..  :.:\:ï,  l  c-ir::îs  çuiries  sont  detbrs?  »  et  il 
-i<rcr.j:  r;.r.:  jî  r.:-.  ".  î5:?.:  rex-cz  home  se  non  il 
.:.:a::^  A^,-.i:  ".  :i-  r^^ir^a  lâur-e  c:  prlstr^nt  li  jovene 
i!  .i>  -:!>:rïn:  er.  rrii-m.  E:  r?sîpeni  br  liens  et  serie- 
rîn:  >:îr.  !i  r».''-:j  «  5^e  cimisseni  bien  de  pierres  pour 
.:.*Tir..:re  *..-.  r.vhe.  ï:  T:^::er.:  rou:e  la  force  lor  a  coin- 
b.--.*  F:  r-ii  ::rr.eri:::  1:  ^iri'en  de  la  roche;  et  quani 
.1  ^:^e^.:  jue  cl  t-î  I  .ivj^.en:  leissiez  en  la  roche  bien 
Terres,  cer^ir..:.-  îr.;  !.=  rcche.  :1  crrr.r.encerent  a  fouir»  et 
rr  ;rrer.:  r::j  c-i'il  les  Jefeniist  de  Tire  de  lo  prince; 
r!iS  n;  1:  r:ar:vr    ne  li  cc'niessor  ne  les  pot  délivrer  de 

^r   i^.:    ^^^    KcKr:  ôi::s.Mr^   jvi:i  cpoufté  U  Krur  de  Ci- 

:  Mz  :::m.  .'.:  ;,  s:  G-iil'vjrr.;  ii  Pc-j:li-  parient  tuftti  àm 
:cf>:r.às:>  :  s:!.::::»  quf  G.s;.!:;  ti  1  Robert  Ouxscard,  maison  peut 
Sel  w£2:ir^-.r  s:  c:  :.i.z:iiùT  a  tcnj  un  linf^i^i  ausû  bumble  que  k 
s-rro«  Airr.t 


331 

l'ire  ck  lo  prince,  qu'il  ne  lor  mostrast  sa  cnidalité.  Puiz 
clama  cil  de  la  cité  a  combatre,  et  appareilla  divers  ystru- 
mens  pour  prendre  la  roche,  et  manechoit  li  prison  de 
faire  pendre  qui  orent  tant  de  presumption.  Entre  ceuz 
de  la  roche  qui  s'estoient  rebellé  estoit  un  de  Amalfe, 
lequel  se  clamoit  Pantaleo,  a  liquel  Gisolfe  avoit  levé  un 
oill,  et  un  génital,  et  aucune  dent,  et  li  avoit  taillié  un 
doit  del  pié  (i).  Cestui  par  paour  que  li  autre  membre 
non  lui  fussent  tailliez  qui  lui  estoient  remesez,  prioit  a 
ses  compaignons  qu'il  rendre  la  roche,  voustrent  estre 
a  simplice  grâce  de  lo  prince,  et  paierent  la  monoie  a  lo 
prince  ce  que  il  dévoient  paier,  et  ensi  furent  délivré  de 
prison. 

Cap.  m.  Geste  ystoire  si  dit  que  quant  Gaymere  fu 
mort  il  laissa  .v.  fillz  :  li  premier  fu  Gisolfe  prince,  Lan- 
dulfe,  et  Guide  niolt  bel  et  molt  vaillant  en  fait  d'armes; 
Jehan  Seurre  semblable  a  cestui,  et  li  menor  se  clamoit 
Guimeredeirattor  et  devorator,  quar  non  se  sacioit.  Cestui 
moine  qui  cest  livre  compila  leisse  ore  la  autre  ystoire,  et 
parle  de  vertu  de  Guide,  et  aviegne  que  fust  seculer, 
toutes  voiez  estoit  dévot  a  l'eglize  et  a  lo  servicial  de 
Dieu  (2).    Et  continuelmcnt  sovenoit  a  li  poure  et  lor 

(i)  Il  s*agit  sans  doute  de  Pantaleo,  iîls  deMaurus;  nous  avons  vu 
—  cf.  supra,  1.  VIll,  3,  —  que  deux  fils  de  Maurus,  Jean  et  un  autre 
Maurus,  étaient  déjà  morts. 

(2)  Deux  fois  ciéjà,  Aimé  a  parlé  de  Guide  ou  Gui,  fils  deGuaimar, 
1.  VI,  19,  il  dit  qu'il  prit  part,  sous  les  ordres  de  Robert  Guiscard,  au 
siège  et  à  la  prise  de  Palcrme,  aussi  dans  la  pièce  de  vers  qu'il  lui 
dédia,  Alfane,  archevêque  de  Salerne,  lui  écrivit-il  : 

"  Siciliae  telliis  Arabum  miratur  acervum 
Qyios  tuus  ipse  dédit  cnsis  et  hasta  neci.  »  . 

Cf.  Alphani  Salern.  Archiep.  Carmina;  XXXV  nd  Guidoncni 
fratrem  principis  Salernitanif  dans  Migns,    Pair,  lat.^  t.   147, 


1  ^  ^ 


iorioi:  heîsr^.?5:nss.  et  coscs  nécessaires  a  Teglize, 
hcne5:e  chevilier.  «  plus  vaillant  que  null  de  li  Longo- 
bir..  Q}iiT  q uan:  I:  N:?r!rani  looient  aucun  de  li  Lon- 
^rbir:  ^:5c:er.r  sazs  e:  ton  et  sage  chevalier  est  cellui, 
rr.ès  jf  cestu:  Gufde  disoient  :  nul  ne  se  trove  intre  li 
Lo:ng?bar:  plus  preciouz  :  dont  lo  prince  pour  ceste 
Ixn^e  que  avoi:  lo  frère  ot  envie  et  non  Tamoit  come 
îrere.  ec  lu:  es:oi:  contre  a  ce  qu'il  pooit,  et  estoit  ami  a  li 
jr.emis  Je  Guide.  El  en  celui  temps  fu  haingne  et  brigue 
entre  Guide  et  Guimunde.  quar  avoient  ensemble  la 
valée  de  Saînr-Severin  i  .  Et  Guimunde  voloit  estre  alo 
iugemeni  de  k>  prince  Gisolfe.  Mes  Guide,  qui  savoît 
bien  que  lo  r'rere  lui  vouloit  mal,  voloit  estre  a  lo  juge- 
ment de  lo  prince  Rxcchan.  Et  lo  jor  déterminé,  ces  .ij. 
par  diverses  voiez  vlndrent  a  Capue.  Et  li  Normant 
anemis  de  Guide,  quant  il  soreni  qu*il  devoit  venir,  lo 
sequieren:  et  cerchoient  en  quel  manière  il  lo  peusaent 
occire.  Mes  Guide  corut  a  l'arme  étala  contre  ses  anemis, 
et  se  combaii  fortement,  et  alcun  en  abati  de  lo  cheval. 
Mes  un  lui  vint  de  costé  et  lo  feri  de  la  lance  en  lo 
cosié  et  Tocist.  Et  ensî  de  un  colp  fu  mort  et  estufa  la 
lumière  de  mit  li  Longoban. 

C\p.  12.  El  lo  pape  Grégoire,  qui  molt  estoit  sagCi 
quar  veoii  que  la  prospérité  de  Gisolfe  pooit  estre  destruite 
de  lo  duc  Robert,  non  cessoit  de  amonester  lo,  quant  par 
lettres  quant  par  messages,  que  il  deust  requerre  la  paiz 


jct!.  i:5ô  sqq.  Aimé,  VU.  3,  nous  apprenJ  également  qu'après  la 
wcrqucij  d^  Paîerm?.  Gi2:d*,  rerenu  sur  le  continent,  aida  Robctt 
Gu:s:ari  à   Si^^umctirs  les   barons  normands  révoltés   contre  ton 

1-  .i  S  -.n-Scvcrir.o,  maintenant  Mercato-San-Severino,  ville  de  9,840 
habitants,  dans  la  province  de  Saleme. 


233 

avec  lo  duc  Robert  et  la  unité,  et  faire  liga  avec  lui.  Et 
quant  lo  pape  vit  que  lo  prince  non  lo  voulait  faire,  proia 
que  lo  abbé  Desidere  i  deust  aler  et  dire  lui  que  contre  lo 
duc  Robert  non  lui  feroit  adjutoire,  se  ceste  choze  non 
faisoit.  Et  lui  meist  a  veoir  la  mort  et  la  destruction  soe, 
se  o  lo  duc  non  estoit  bien.  Et  il  non  lo  volie  consentir, 
mes  manechoit  par  lo  sien  grant  orgoill  de  destruire  lo 
duc  de  terre.  Et  la  suer  (  i  )  avieingne  que  avoit  molt 
receu  de  injure  de  lui,  toutes  voiez  non  failloit  de  lo 
amonester  lo  quUl  meist  ins  la  crudelité  soe  et  Tarogance, 
et  pourveist  la  choze  qui  pooit  entrevenir,  et  eust  paor  de 
lo  judice  de  Dieu.  Mes  Gisolfe  s^en  corrosa  et  dist  li  ver- 
goingne,  et  la  manecha  que  par  la  mort  de  lo  marit  la  ' 
feroit  ester  o  li  vestement  noir.  Et  elle  plorant  mua  l'yre 
de  lo  marit  et  enclina  a  miséricorde,  et  lui  proia  qu^il 
non  guardast  a  la  chetiveté  de  son  frère.  Et  lo  duc  escolta 
la  moillier  et  lui  demanda  sa  volenté,  et  vouloit  savoir 
qu'elle  vouloit  faire  de  ceste  choze.  Et  la  dame  dist  :  c  Se 
Dieu  laissast  venir  a  complément^  je  voudroie  que  mon 
fîlz  avist  Amalfe,  et  mon  frère  non  perdist  Salerne.  »  Et 
lo  duc  loda  que  Salerne  remanist  a  lo  prince  Gisolfe,  et 
Amalfe  soit  de  lo  fill,  loquel  autresi  estoit  neveu  de  lo 
prince.  Et  lo  pria  la  moillier  que  il  deust  fatiguer  de 
mètre  entr'elz  la  paîz  ;  mes  ensi  come  lo  duc  cerchoit  la 
paiz  li  prince  s'eflforchoit  d'avoir  brigue  et  anémistié. 

Cap.  i3.  Et  quant  li  duc  vit  la  duresce  de  lo  cuer  de  lo 
prince,  qui  non  regardoit  a  Pamonition  de  lo  pape,  ne  a 
la  volenté  de  li  amis  qui  lui  conseilloient  son  bien,  ne  a 
la  proiere  de  sa  soror,  ne  non  regardoit  a  lo  damage  qui 
lui  pooit  entrevenir,  il  asembla  troiz  turmez  de  troiz 
manières  de  gent  :  c^est  de  Latin,  de  Grex  et  de  Sarrazin, 

(i)  Sikelgaîta,  sœur  de  Gisulfe  et  femme  de  Robert  Guiscard. 


•  *  I 


01  sTomanod  ^a:  vraiscî^n:  molt  de  gent  et  de  navie  a 
;^:irâer  lo  ror:.  Er  Lui  o  chevaliers  et  arbalestiers.  en  Ko 
TTioi.:  de  ^un^  .  .  ;:c  comanda  que  fussent  fichiez  les 
:in:js  i*:  uber:  ici^s  .ipres  Je  li  mur  de  Salerne.  Pnîz 
v:o''m:u:j  ^je  fu>sc:i:  r"a:t  encorne  de  Salerne  cîlé  et 
vh  îstci.  Cl  roire  «  marchié  pour  vendre  et  pour  achater 
:>n:!cs  ch^sj---  axc^'s,-: aires,  dont  cil  de  la  cité  rappareilie- 
rcni  Ii^s  ci>.vc>  l^squelie:!:  Gisoife  àvoit  fait  abscondit. 
Salerne  paroi:  novo  pour  les  chozes  asconses  lesquelles 
i^ï'oicn:  :or<.  c:  lo  ose  Je  Robert,  liquel  estoiten  camp, 
paroi L  nove  oc  l.i  bc'.Io  contrée  Je  Salerne.  Et  usoient  de  les 
co:h.*$  absconses  en  la  cite  haboaJantement.  Et  loduc  reœ- 
voic  benii:ne:non:  ceu^  «.^ui  estoient  chaciez  de  lo  prince, 
oc  a  s. s  Jospcns  los  covernoit:  et  venoient  a  la  cort  de  lo 
Juc  'iiavos  <a::c  <oti:i.  liquelie  non  leissoient  estreiiune  en 
l'ost  Jo  lo  Juc  no  Je  pain,  ne  de  vin,  ne  de  char.  Maiz 
voraiemont  nul  Salornltain  ne  pooient  avoir  de  ceste 
cliozo.  no  buot.  no  porc,  ne  castron,  quar  tant  avoient 
osco  atllicco  Jo  disoito.  que  nulle  beste  ne  lor  estoit 
ronK*:>o.  F.c  Gisolte  Jefors  de  Salerne  fist  chasteaux,  et- 
Jisant  la  veriio.  tant  tist  que  non  i  laissa  nulle  chozeou 
mont   polie  for:,  que  non  feîst  la  forteresce.  Et  loduc 


(i>  I.cs  \nn:iUs  Itcnevirntjni  ad  an.  1075,  disent  au  contrûit 
v|uo  Rob^:rT  liu'.s^art  a  eoinm:ncé  le  si'jgc  de  Salerne  dès  le  mois 
vie  mai  :  <  Rob.Tti:s  vlux  pjrrexit  super  Salernum,  quod  tenebatGi- 
siolt'us  prinjcps  cocnatus  siius;  et  Sï:dit  super  eum  a  mense  magio 
iisquo  in  t.r$t'vi:ii  S.  [.u^ix.  cl  in  ipsa  nocte  cepit  eamdem  chritatem.  ■ 
De  inomu:  l'.iuon\'me  du  Mont-Cdssin  ad  an.  lojS  :  «  Hoc  anno 
V  >nit  Kobortus  aux  supjr  Sa{-:rnum  pridic  nonjs  Mali  et  obsediteam 
tcrr.'.  nijri  )uir  et  cepit  ci  ni  die  i.lib.  dec^mbris.  ■  Cf.  G.  WEisanai, 
De  conditioue  lulÙT  infcrioris  Gregorio  septimo  pontiftce^  p.  36, 
note  3.  Quint  à  l'année  du  siège  et  de  la  prise  de  Salerac,  WftK 
plus  loin  1.1  première  note  du  c.  23. 


335 

prova  de  avoir  la  et  manda  sa  gent^Ia  a  combatre.  Mes 
parce  que  estoit  fort  a  monter  et  i  avoit  trop  boiz,  ceux 
qui  tenoient  la  roche  non  les  lessoient  aler. 

Cap.   14.  Et  Richart,  prince  de  Cap ue,  vînt  de  l'autre 
part  en  Taidc  del  duc  Robert,  et  leva  les  voies  et  les  fossez 
et  li  arbre  qui  estoiem  fait  pour  non  aler  a  lo  prince  Gi- 
solfe,  et  celle  forteresce  qu'il  non  vouloit  salver  pour  soi 
destruist,  et  Tautre  réserva  pour  soi.  Et  puiz  lo  duc  sot  la 
viaoire  de  lo  prince,  et  cornent  gardoit  lo  chastel  loquel 
avoit  gardé  pour  lo  duc,  et  lo  duc  proia  lo  prince  Richart 
que  en  un  mont  après  feist  un  autre  chastel,  pour  laquel 
cose  soit  deffendue  toutes  les  voiez  de  Salerne,  que  nul  ne 
puisse  aler  ne  venir  (  i).  Et^ensi  Salerne  de  la  part  de  la 
mer  fu  atorniée  de  nefs,  et  de  l'autre  part  estoit  cloze  de 
paliz  et  de  fossez  grandissimes;  et  de  l'autre  part  estoit  li 
ost  de  pedons  et  de  chevaliers.  Et  la  grâce  de  la  pieté  lassa 
lo  cuer  de  lo  duc,  et  pour   la  prière  de  la  moillier  de- 
manda encoire  paiz.    Et  ala  li  abbé  Desidere  a  lo  prince 
Gisolfe,  quar  maintenant  que  estoit  destraint  en  tant  de 
misère  enclinast  son   corage;   mes  Gisolfe  ot  en  despit 
lôr  conseil  et  jura  que  en  nulle  manière  voloit  paiz  avec 
lo  duc. 

Cap.  i5.  Et  avant  que  lo  duc  eust  assigié  Salerne,  lo 
prince  avoit  fait  un  commandement  que  tout  home  deust 
procurer  choze  de  vivre  pour  .ij.  ans,  qui  ce  non  peust 

(i)  Malaterra,  III,  2,  dit  que  Robert  Guiscard  avait  eu  soin  de 
se  réconcilier  avec  Richard,  prince  de  Capoue,  avant  de  commencer 
le  siège  de  Salerne,  pour  n'avoir  pas  à  combattre  en  même  temps 
contre  deux  puissants  adversaires  :  «  Sed  quia  inter  se  (Robertum 
Guiscardum)  et  Ricardum  principcm  Aversae  inimicitiae  efferbucrant, 
veritus  ne  ab  ipso  Gisulfo  adversum  se  succurrcretur,  pacem  cum 
ipso  fecit;  quo  in  sui  adjutorium  quibusdam  pactionibus  conducto, 
Salcrnum  multis  copiis  obsessum  vadit.  » 


i26 

a  loquet  donnèrent  puissance  de  venir  a  la  cité  de  faire 
une  roche.  Et  quant  lo  prince  lo  sot,  fu  molt  corrocié, 
dont  ces  prisons  qu'il  avoit  de  Amalfe  a  manière  de  beste 
lor  fist  taillier  la  char;  et  loduc^  corne  est  dist,  se  fatigoit 
pour  chacier  Baialarde  et  Guillerme  Arenga,  non  pot 
sovenir  a  li  Malfitain.  Et  toutes  voies  lor  manda  il  naves 
en  ajutoire  et  soldoiers,  de  liquel  part  en  furent  pris  de 
lo  prince  et  les  fist  tormenter.  Et  assembla  puiz  lo  prince 
tant  de  gent  corne  il  pot  et  prist  lo  castel  plus  a  près  de 

■ 

Malfe  et  il  en  fist  de  lo  sien  propre  (  i). 

(i)  Ces  données  d'Aimé  sur  la  fin  de  la  république  d'Amalfî  et  sa 
soumission  à  Robert  GuiScard  ont  soulevé  quelques  discussions» 
aussi  est-il  bon  de  les  confronter  avec  les  renseignements  fournis 
par  d'autres  auteurs.  En  1724,  Pansa  a  publié,  en  2  vol.  petit  iii-4^, 
Napoli,  la  Istoria  delV  antica  republica  cfAmalfl,  dans  laquelle  il 
donne,  t.  I,  p.  64,  le  fragment  suivant  de  la  chronique  d'Amalfi  : 
«  Sergius  anno  D.  MLXX  clectus  est,  vizit  que  annos  V,  successif 
Joannes  (îlius  qui  antcquam  dominium  ezerceret,  modico  interjecto 
intervallo,  ducatu  proscriptus,  anno  MLXXV.  Robertus  Guiscardus 
ducatum  obtinuit.  »  Il  y  a  quelques  variantes  dans  le  texte  de  cette 
même  chronique  éditée  par  Muratori  (Antiquitates  Ualicœ,  t.  I, 
col.  21!)  :  «  Huic  (Joanni  Amalfia:  patricio)  .successit  anno  Domini 
1069  duminus  Sergius  cjus  filius  et  régna vi t  annts  V  in  pace.  Jam 
vero  post  cjus  obitum,  successit  ei  dominus  Joannes  ejus  fîUus. 
Qui  antcquam  incsperat  rcgnare,  vix  nd  modicum  temporis  inter- 
vallum,  de  mcnse  novembris,  XIU  indictione,  perdidit  terram  et 
dominium  anno  domini  1074,  quod  ei  abstulit  illustris  dux  Robertus 
Guiscarcfus  de  gcnte  Normannorum  nobiliter  oriundus  ». 

Les  dates,  on  lo  voit,  ne  sont  pas  tout  à  fait  les  mêmes  dans  les 
deux  textes  ;  ainsi^  comme  la  XI le  indiction  va  du  ler  septembre 
1073  au  icf  septembre  1074,  ce  scraif,  d*après  la  version  de  Mura- 
tori, nu  mois  de  novembre  1073  que  Jean,  ayant  perdu  son  ptxt 
Sergius,  aurait  dû  abandonner  à  Robert  Guiscard  la  princi* 
pauté  d'Amalfi.  Diverses  chartes  de  Robert  Guiscard  confirment 
Tcxactitude  de  cette  date,  elles  prouvent  qu*à  partir  de  1073,  le 
duc  normand  prit  le  titre  de  duc  d'Amalfi  ;  cf.  Ughblli,  haliû 
Sacra,  t.  VII,  p.  SqS,  une  charte  de  R.  Gidscard  du   tS  fuilkt. 


327 

Cap.  8.  En  cellui  tetnps^  se  leva  un  moine  qui  se  cla- 
moit  Ijqo,  fauz  prophète^  quar  par  les  chozes  qui  avin- 

indiction  Ile,  c'est-à-dire  1079,  datée  «^nno  sexto  ducatus  (Roberti 
Guiscardi)  Amalfis  »  ;  une  autre  charte  du  20  du  même  mois  et 
de  la  même  indiction  (Ughelhi',  VII,  397)  porte  également  : 
«  Anno  sexto  ducatus  ejus  Amalfiae  »;  citons  encore  une  troi- 
sième charte  du  i5  juillet,  indiction  XV«,  c'est-à-dire  1077,  et 
qui  porte  «  anno  quarto  ducatus  Roberti  Guiscardi  Amalfise  ». 
Il  est  donc  bien  établi  qu'il  faut  placer  en  1073  le  commence- 
ment de  la  domination  normande  sur  AmalH,  et  que  cet  événe- 
a  coïncidé  avec  la  chute  de  la  dynastie  qui  gouvernait  la  Répu- 
blique. Cette  domination^  au  début,  du  moins,  n'impliquait  pas 
la  prise  de  possession  de  la  ville  et  du  territoire  par  le  duc  Nor- 
mand,  mais  simplement  la  reconnaissance  de  sa  suzeraineté  et  le 
paiement  d'un  tribut  annuel;  en  retour,  Robert  Guiscard  s*enga- 
geait  à  défendre  Amalfi  contre  ses  ennemis  et  à  la  préserver  de 
toute  atteinte.  Que  tels  aient  été  les  rapports  entre  Amalâ  et 
Robert  Guiscard  dans  les  premières  années  qui  ont  suivi  te  traité  de 
1073,  c'est  ce  que  prouvent  les  vers  suivants  de  Guillaume  de 
de  Fouille  : 

«  Interea  ducis  egregii  populosa  fréquenter 

Poscit  Amalfîs  opem,  cui  vectigalia  dudum 

Annuadetulerat,  nimis  impugnante  Gisulfo, 

Semper  turbatam  terraque  manque  reclamans. 

Robertus  quaestu  populi  stimulante,  Gisulfo 

Mandat,  Amalficolas  cesset  vcxare,  tributum 

Ferre  sibi  solitos  ;  veteris  corrumpere  nolit 

Fœdus  amicitis;  cessare  sororius  tillum 

Cogat  amor;^  méritas  que  vices  se  reddefe  spondet.      ^ 

Hsc  sibi  legatis  mandata  ferentibus,  ille 

Dicta  superba  refert;  negat  esse  sua  fhiiturum 

Pace  ducem,  nisi  digna  sibi  famulamina  solvat 

Non  perferre  vatens  tant  iresponsa  tumoris 

Fcrvidus  innumera  comitatus  gente  Salernum 

Dux  adit,  et  terrs  parrat  et  maris  obsidionem.  » 

GuiLLEL.  Apul.  1.  III,  V.  41Z-427. 

Comme  on  le  voit,   ces  vers  du  poète  déûnisseiit  très  bien  la 


drent  puiz  se  moustra  estre  fauz  prophète  et  que  sa 
prophecie  csioit  fausse.   Et  disoit  que  molt  sovent  lui 

situation  d'Amiln  à  rêgird  Je  Robert  Guiscard,  de  1073  au  liège 
et  à  U  prise  de  Sil^rne  par  les  Normands  en  1076.  Qutnt  à  Mala- 
terra.  il  se  borne  à  parler  du  traité  conclu  entre  Amalfi  et  Rol>ert 
G'.iiscard.  lorsque  commencèrent  les  opérations  militaires  du  duc 
contre  Sjlerne;  voici  son  texte,  III,  3  :  «  Malfetani  vero,  Giaulfam 
exosum  habentes,  timebant  quippc  ab  ipso  puniri,  eo  quod  înter- 
fectores  patris  ipsius,  du  m  eos  ad  subjugandum  sibi  impugnaret, 
cxstiterant.  A  duce  inviuti  ut  sibi  a%l  obsidendum  urbem  navigio 
sen-iium  veniant,  poientiores  duci  locutum  ex  consenau  aliquonim 
accélérant.  Dux  îtjque  callidis  pacttonibus,  «  assentiant,  si  auiem 
dissentiant,  minis  terrendd  attentans,  tandem  ad  contederaticmem 
compulit,  ut  si  contra  Gisulfum  tuerentur,  tota  Malfa  iUî  subjugaia 
haereJitalicer  foederaretur.  Duce  vero  omuia,  ut  expetebant,  promit- 
tente,  parte  exercitus  ad  obsidendum  urbem  relicta,  rdiquam  aecum 
ducens.  cum  ipsis  qui  in  Je  vénérant,  apud  Malfiim  vadtt|  urbem 
sibi  a  civibus  deliberatam  suscipit^  quatuor  castella  in  ea  fedt,  milî- 
tibus  suis  munit  ;  inJe  cum  multis  Malfatanorum  copiis  Salemum 
redit.  Sic  deterrebat  Malfiunos,  si  manus  Guiscardi  quoquo  modo 
evaJerct  timor  Gisulti.  » 

Les  renseignements  qui  nous  sont  ainsi  fournis  par  divers  auteurs 
sur  la  Hn  d*Amalfî,  en  tant  qu'état  indépendant,  complètent,  sans  les 
contredire,  ceux  qui  nous  sont  donnés  par  Aimé  ;  ainsi,  c*est  évi- 
demment la  crainte  de  Gisulfe  qui  a  décidé  les  Amalfitains  à  payer» 
tous  les  ans,  un  tribut  à  Robert  Guiscard  et,  comme  ils  ne  pou- 
vaient compter,  pour  les  défendre  contre  le  prince  de  Saleme,  sur 
le  tîls  mineur  Je  Sergius,  leur  souverain  décédé,  ils  n*ont  pas  gsidé 
ce  dernier  rejeton  de  leur  dynastie;  les  assertions  d'Aimé  sur  ce 
point  sont  donc  trcs  plausibles.  De  même,  on  s'explique  que  les 
Amaltitains  n*êtant  pas  secourus  autant  qu'ils  Tauraient  e^éré,  par 
Robert  Guiscird,  alors  absorbé  par  la  révolte  de  plusieurs  bamos 
normands  contre  son  autorité,  aient  cherché  auprès  du  pape  Gré- 
goire Vil  une  protection  plus  eflicace;  la  réponse  que  Grégoire  VU 
Ht  à  ses  avances,  témoigne  de  son  attachement  pour  Gisuliè,  el 
nous  savons  en  cflfet  par  ailleurs  qu'entre  le  pape  et  le  prince  de 
iakrne  existait  une  grande  entente  politique.  Qpant  à  la  soumission 
complète  et  définitive  d'Amalti  à  Robert  Guiscard,  soumissîoa  qui 


apparoir  la  virge  Marie  et  saint  Jehan  de  la  part  sinestre^ 
et  saint  Pierre,  et  saint  Paul,  et  sainte  Lucie,  et  sainte 
Cécile,  et  lui  disoient  que  lo  prince  devoit  avoir  victoire  ; 
et  pource  que  molt  parole  lui  disoient,  se  estachoit  cest 
moine.  Et  comanda  sainte  Marie,  a  sainte  Cecille  que 
elle  devist  aporter  un  siège  sur  quoi  cestui  moine  se 
deust  soier  ;  et  lui  comandoit  la  virge  Marie  a  cestui 
moine  que  il  deust  porter  lo  message  a  lo  prince  que  o 
furor  deust  molester  li  Amalfitain,  et  o  damage  les  deust 
persequter  continuel  ment,  accressant  lor  pestilence,  ca^ 
estoit  sententié  et  ordené  de  Dieu  ;  quar  par  cest  torment 
et  par  la  potence  soe  deust  prendre  Amalfe.  Et  puiz 
devoit  refréner  la  hardiesce  de  li  Normant  et  la  malice  de 
ceuz  qui  la  habitoient.  Et  lo  prince,  parce  qu^il  creoit 
ceste  falze  prophétie,  se  efTorchoit  quan  qu^il  pooit  en  sa 
malvaistié  (i). 

Cap.  9.  Et  lo  duc,  quant  il  fust  plus  puissant  et  plus 

précéda  de  fort  peu  de  temps  le  siège  et  la  prise  de  Salerne,  elle  est 
très  exactement  rapportée  dans  cette  phrase  d'Aimé  :  «  Cil  de  Amalfe 
se  retornèrent  à  la  adjutoire  de  lo  vallentissime  duc  Robert  a  loquel 
donnèrent  puissance  de  venir  à  la  cité  et  de  faire  une  roche.  »  Tout  en 
étant  depuis  loyS  tributaire  de  Robert  Guiscard,  Amalfi  avait  gardé 
son  autonomie  municipale,  les  Normands  ne  tenaient  pas  garnison 
dans  ses  murs,  mais  le  danger  devenant  plus  pressant  et  Gisulfe 
plus  entreprenant  que  jamais,  les  Amalfîtains  firent  le  sacrifice  de 
cette  autonomie;  Malaterra  confirme  sur  ce  point  les  assertions 
d*Aimé.  Ce  n'est  donc  pas  d'un  seul  coup,  mais  comme  par  gra- 
dation, qu'Amalfi  s'est  rangée  sous  la  domination  normande;  il  en 
a  été  de  même  pour  plusieurs  villes  de  l'Italie  du  Sud,  pour  Capoue 
par  exemple.  Cf.  supra  L.  IV,  11,  p.  i&i  sq,  et  L.  IV,  28, 
p.  174  sq. 

(i)  Léo  de' Marsi  parle  d'un  moine  Léon  d*Amalfi,  qui,  au  Mont- 
C^ssin,  avait  des  visions  assez  extraordinaires,  cf.  1.  Il,  97,  peut-être 
Aimé  a  t-il  ici  en  vue  le  même  visionnaire. 


330 

richescc  que  Gisolfe,  pour  ce  qu'il  lui  estoit  caingnat  (  i  ), 
lui  requist  paiz  por  non  estre  difTamé  de  la  destruction 
qui  lui  devoit  venir  a  Gisolfe.  Et  lui  prioit  qu^il  non 
dcvist  faire  ccste  persécution,  et  lui  prometoit  que  il  vou- 
loir faire,  tant  qu'il  auroit,  subjecte  toute  la  princée  de 
Salcrne.  Et  comme  ce  fust  chose  que  lo  duc  avoit  renun- 
cic  la  seignorie,  se  humilia  et  vouloit  estre  son  chevalier. 
Et  lo  prince  plus  se  levoit  en  superbe,  et  creoit  que  non 
fust  par  amor  mes  par  paor  dixist  celle  parole,  mes  ma- 
nccha,  et  porta  injure  a  lo  seignor,  quar  non  porta  honor 
a  H  message  soc  [2). 

Cap.  10.  Et  un  jor  H  gardien  de  la  roche  de  Saleme 
ou  cstoicnt  en  prison  cil  de  Amalfe  et  gentil  home  de 
Naple,  non  cstoient  a  la  roche  mes  i  laissèrent  quatre 
garson.  Et  quant  ces  quatre  garson  portèrent  a  men- 
gier  a  li  prison,  et  la  prison  estoit  aperte,  distrent  li 
prison  a  li  jovcncel  «  quantes  guardes  sont  defors  ?  *  et  il 
rcspond iront  que  non  i  estoit  remez  home  se  non  il 
quatre.  Adont  li  un  regarda  l'autre  et  pristrcnt  li  jovene 
et  les  mistrent  en  prison.  Et  rompent  lor  liens  et  serrè- 
rent bien  la  porte,  et  se  garnissent  bien  de  pierres  pour 
dcffcndre  la  roche,  et  mettent  toute  la  force  lor  a  com- 
bntrc.  Et  puiz  tornercnt  li  gardien  de  la  roche;  et  quant 
il  virent  que  cil  que  il  avoient  leissiez  en  la  roche  bien 
ferrés,  detfcndoient  la  rqche,  il  commencèrent  a  fouir,  et 
prièrent  Dieu  qu'il  les  deffendist  de  Tire  de  lo  prince; 
mes  ne  li  martyr,  ne  li  confessor  ne  les  pot  délivrer  de 

(1)  On  sait  que  Robert  GuiscarJ  avait  épousé  la  sœur  de  Gi- 
sulfc. 

(2)  Malatcrra,  III.  2,  et  Guillaume  de  Fouille  parlent  aussi  des 
réponses  insolentes  que  Gisulfe  ât  à  Robert  Guiscard,  maU  oa  peut 
se  demander  si  ce  dernier  a  tenu  un  langage  aussi  humble  que  le 
suppose  Aime. 


331 

l'ire  de  lo  prince,  quUl  ne  lor  mostrast  sa  crudaliié.  Puiz 
clama  cil  de  la  cité  a  combatre,  et  appareilla  divers  ystru- 
mens  pour  prendre  la  roche,  et  manechoit  li  prison  de 
faire  pendre  qui  orent  tant  de  presumption.  Entre  ceuz 
de  la  roche  qui  s^'estoient  rebellé  estoit  un  de  Amalfe, 
lequel  se  clamoit  Pantaleo,  a  liquel  Gisolfe  avoit  levé  un 
oill,  et  un  génital,  et  aucune  dent,  et  li  avoit  taillié  un 
doit  del  pié  (i).  Cestui  par  paour  que  li  autre  membre 
non  lui  fussent  tailliez  qui  lui  estoient  remesez,  prioita 
ses  compaignons  qu'il  rendre  la  roche,  voustrent  estre 
a  simplice  grâce  de  lo  prince,  et  paierent  la  monoie  a  lo 
prince  ce  que  il  dévoient  paier,  et  ensi  furent  délivré  de 
prison. 

Cap.  1 1 .  Geste  ystoire  si  dit  que  quant  Gaymere  fu 
mort  il  laissa  .v.  fillz  :  li  premier  fu  Gisolfe  prince,  Lan- 
dulfe,  et  Guide  molt  bel  et  molt  vaillant  en  fait  d'armes; 
Jehan  Seurre  semblable  a  cestui,  et  li  menor  se  clamoit 
Guimeredetrattor  et  devorator,  quar  non  se  sacioit.  Cestui 
moine  qui  cest  livre  compila  leisse  ore  la  autre  ystoire,  et 
parle  de  vertu  de  Guide,  et  aviegne  que  fust  seculcr, 
toutes  voiez  estoit  dévot  a  Teglize  et  a  lo  servicial  de 
Dieu  (2).    Et  continuelmcnt  sovenoit  a  li  poure  et  lor 

(i)  11  s*agit  sans  doute  de  Pantaleo,  fils  deMaurus;  nous  avons  vu 
—  cf.  supra,  1.  Vlli,  3,  —  que  deux  fils  de  Maurus,  Jean  et  un  autre 
Maurus,  étaient  déjà  morts. 

(2)  Deux  fois  déjà,  Aimé  a  parlé  de  Guide  ou  Gui,  fils  deGuaimar, 
I.  VI,  19,  il  dit  qu'il  prit  part,  sous  les  ordres  de  Robert  Guiscard,  au 
sicge  et  à  la  prise  de  Palerme,  aussi  dans  la  pièce  de  vers  qu'il  lui 
dédia,  Alfane,  archevêque  de  Salerne,  lui  écrivit-il  : 

"  Siciliae  teîliis  Arabum  miratur  acervum 
Q.U0S  tuus  ipsc  dédit  ensis  et  hasta  neci.  »  . 

Cf.  Alphani  Salern.  Archiep.  Carmina;  XXXV  tid  Guidonctn 
fratrem  principis  Salernitani,  dans  Migms,    Pair,  lot,-,  t.   147, 


332 

donoit  helemosines,  et  coses  nécessaires  a  Teglize, 
honeste  chevalier,  et  plus  vaillant  que  null  de  li  Longo- 
bart.  Quar  quant  li  Normant  looient  aucun  de  li  Lon- 
gobart  disoient  sage  et  fort  et  sage  chevalier  est  cellui, 
mes  de  cestui  Guide  disoient  :  nul  ne  se  trôve  intre  li 
Loingobart  plus  preciouz  ;  dont  lo  prince  pour  ceste 
loenge  que  avoit  lo  frère  ot  envie  et  non  Famoit  corne 
frère,  et  lui  estoit  contre  a  ce  quMl  pooit,  et  estoît  ami  a  li 
ancmis  de  Guide.  Et  en  celui  temps  fu  haingne  et  brigue 
entre  Guide  et  Guimunde,  quar  avoient  ensemble  la 
valéc  de  Saint-Severin  (i).  Et  Guimunde  voloit  estre  aie 
jugement  de  \o  prince  Gisolfe.  Mes  Guide,  qui  savoit 
bien  que  lo  frère  lui  vouloit  mal,  voloit  estre  a  lo  juge- 
ment de  lo  prince  Ricchart.  Et  lo  jor  déterminé,  ces  .ij. 
par  diverses  voiez  vindrent  a  Capue.  Et  li  Normant 
anemis  de  Guîde^  quant  il  sorent  quMl  devoit  venir,  lo 
sequterent  et  cerchoient  en  quel  manière  il  lo  peussent 
occire.  Mes  Guide  corut  a  l'arme  étala  contre  ses  anemis, 
et  se  combati  fortement,  et  alcun  en  abati  de  lo  cheval. 
Mds  un  lui  vint  de  costc  et  lo  feri  de  la  lance  en  lo 
costc  et  Tocîst.  Et  ensi  de  un  colp  fu  mort  et  estu&  la 
lumière  de  tuit  li  Longobart. 

Cap.  12.  Et  lo  pape  Grégoire,  qui  molt  estoit  sage, 
^uar  veoit  que  la  prospérité  de  Gisolfe  pooit  estre  destruite 
de  lo  duc  Robert,  non  cessoit  de  amonester  lo,  quant  par 
lettres  quant  par  messages,  que  il  deust  requerre  la  paiz 


col.  12  56  sqq.  Aimé,  VII,  3,  nous  apprend  également  qu*aprèi  la 
conquctc  de  Palcrmc,  Guide,  revenu  sur  le  continent,  aida  Robcit 
Guiscard  à  soumettre  les  barons  normands  révoltés  contre  Ma 
autorité. 

(i)  S.in-Scvcrino,  maintenant  Mercato-San- Séverine,  ville  de  9,840 
habitants,  dans  la  province  de  Salcrne. 


233 

avec  lo  duc  Robert  et  la  unité,  et  faire  liga  avec  lui.  Et 
quant  lo  pape  vit  que  lo  prince  non  lo  voulait  faire,  proia 
que  lo  abbé  Desidere  i  deust  aler  et  dire  lui  que  contre  lo 
duc  Robert  non  lui  feroit  adjutoire,  se  ceste  choze  non 
faisoit.  Et  lui  meist  a  veoir  la  mort  et  la  destruction  soe, 
se  o  lo  duc  non  estoit  bien.  Et  il  non  lo  volie  consentir, 
mes  manechoit  par  lo  sien  grant  orgoill  de  destruire  lo 
duc  de  terre.  Et  la  suer  (  i  )  avieingne  que  avoit  molt 
receu  de  injure  de  lui,  toutes  voiez  non  failloit  de  lo 
amonester  lo  qu^il  meist  ins  la  crudelité  soe  etTarogance, 
et  pourveist  la  choze  qui  [)ooit  entrevenir,  et  eust  paor  de 
lo  judice  de  Dieu.  Mes  Gisolfe  s^en  corrosa  et  dist  li  ver- 
goingne,  et  la  manecha  que  par  la  mort  de  lo  marit  la 
feroit  ester  o  li  vestement  noir.  Et  elle  plorant  mua  l'yre 
de  lo  marit  et  enclina  a  miséricorde,  et  lui  proia  quUl 
non  guardast  a  la  chetiveté  de  son  frère.  Et  lo  duc  escolta 
la  moillier  et  lui  demanda  sa  volenté,  et  vouloit  savoir 
qu'elle  vouloit  faire  de  ceste  choze.  Et  la  dame  dist  :  c  Se 
Dieu  laissast  venir  a  complément^  je  voudroie  que  mon 
fiiz  avist  Amalfe,  et  mon  frère  non  perdist  Salerne.  «  Et 
lo  duc  loda  que  Salerne  remanist  a  lo  prince  Gisolfe,  et 
Amalfe  soit  de  lo  fill,  loquel  autresi  estoit  neveu  de  lo 
prince.  Et  lo  pria  la  moillier  que  il  deust  fatiguer  de 
mètre  entr'eiz  la  paiz  ;  mes  ensi  come  lo  duc  cerchoit  la 
paiz  li  prince  s^efibrchoit  d'avoir  brigue  et  anémistié. 

Cap.  1 3.  Et  quant  li  duc  vit  la  duresce  de  lo  cuer  de  lo 
prince,  qui  non  regardoit  a  Pamonition  de  lo  pape,  ne  a 
la  volenté  de  li  amis  qui  lui  conseilloient  son  bien,  ne  a 
la  proiere  de  sa  soror,  ne  non  regardoit  a  lo  damage  qui 
lui  pooit  entrevenir,  il  asembla  troiz  turmez  de  troiz 
manières  de  gent  :  c^est  de  Latin,  de  Grex  et  de  Sarrazin, 

(i)  Sikelgaîta,  sœur  de  Gisulfe  et  femme  de  Robert  Guiscard. 


334 

et  comanda  que  venissent  molt  de  gent  et  de  navie  a 
garder  lo  pori.  Et  lui  o  chevaliers  et  arbalestiers,  en  lo 
moLz  de  jung  (i),  et  comanda  que  fussent  fichiez  les 
tentes  et  tabernacles  après  de  H  mur  de  Salerne.  Puiz 
comanda  que  fussent  fait  cntorne  de  Salerne  cité  et 
ch.tstcl,  et  foire  et  marchié  pour  vendre  et  pour  achater 
toutes  choscz  neccessaires,  dont  cil  de  la  cité  rappareille- 
rent  les  chozes  lesquelles  Gisolfe  àvoit  fait  abscondre. 
Salerne  paroit  nove  pour  les  chozes  asconses  lesquelles 
issoient  fors,  et  lo  ost  de  Robert,  liquel  estoit  en  camp, 
paroit  nove  et  la  belle  contrée  de  Salerne.  Et  usoient  de  les 
coscs  absconses  en  la  cité  habondantement.  Et  loduc  rece- 
voit  benigneinent  ceuz  qui  estoient  chaciez  de  lo  prince, 
et  a  SCS  dcspens  les  governoit;  et  venoient  a  la  cort  de  lo 
duc  navcs  sanzsciin,  liquelle  non  leissoient  estrefune  en 
Tost  de  lo  duc  ne  de  pain,  ne  de  vin,  ne  de  char.  Maiz 
veraiement  nul  Salernitain  ne  pooient  avoir  de  ceste 
choze,  ne  bucf,  ne  porc,  ne  castron,  quar  tant  av(nent 
esté  afllicté  de  Gisolfe,  que  nulle  beste  ne  lor  ettoit 
remesc.  Et  Gisolfe  dcfors  de  Salerne  fist  chasteaux,  et 
disant  la  vérité,  tant  fist  que  non  i  laissa  nulle  chozecu- 
mont   petit  fort,  que  non  feist  la  forteresce.  Et  loduc 


(i)  Les  Annales  licneventani  ad  an.  1075,  disent  au  contnire 
que  Rdbcrt  GuiscarJ  a  commencé  le  sicgc  de  Salerne  dès  le  moii 
Je  mai  :  n  Robcrtus  dux  pcrrexit  super  Salernum,  quod  tenebatGi- 
solfus  princcps  cognatus  suus;  et  scdit  super  eum  a  mente  nugio 
us<]uc  in  fjstum  S.  Lucix,  et  in  ipsa  nocte  cepit  eamdem  dvititeia.  • 
De  mCMnc  V Anonyme  du  Mont-Cassin  ad  an,  1075  :  «  Hoc  aano 
v-nii  Kobortus  ilux  super  Salcrnum  pridic  nonas  Niaii  et  obsedîtcam 
torr.'.  mnriqui^  et  ccpit  cam  die  i.iib.  dcccmbris.  »  Cf.  G.  Wsimtoair 
De  conditiane  Italicc  infcrioris  Gregorio  septimo  pontiflee^  p.  36, 
note  S.  Q>i  int  à  Tannée  du  siège  et  de  la  prise  de  Salerne,  voyez 
plus  loin  1.1  première  note  du  c.  23. 


335 

prova  de  avoir  la  et  manda  sa  gentja  a  combatre.  Mes 
parce  que  estoit  fort  a  monter  et  i  avoit  trop  boiz,  ceux 
qui  tenoient  la  roche  non  les  lessoient  aler. 

Cap.  14.  Et  Richart,  prince  de  Capue,  vint  de  l'autre 
part  en  Taide  del  duc  Robert,  et  leva  les  voies  et  les  fossez 
et  li  arbre  qui  estoient  fait  pour  non  aler  a  lo  prince  Gi- 
solfe,  et  celle  forteresce  qu'il  non  vouloit  salver  pour  soi 
destruist,et  Tautre  réserva  pour  soi.  Et  puiz  lo  duc  sot  la 
viaoire  de  lo  prince,  et  cornent  gardoit  lo  chastel  loquel 
avoit  gardé  pour  lo  duc,  et  lo  duc  proia  lo  prince  Richart 
que  en  un  mont  après  feist  un  autre  chastel,  pour  laquel 
cose  soit  deffendue  toutes  les  voiez  de  Salerne,  que  nul  ne 
puisse  aler  ne  venir  (  i).  Et..ensi  Salerne  de  la  part  de  la 
mer  fu  atorniée  de  nefs,  et  de  l'autre  part  estoit  cloze  de 
paliz  et  de  fossez  grandissimes;  et  de  Pautre  part  estoit  li 
est  de  pedons  et  de  chevaliers.  Et  la  grâce  de  la  pieté  lassa 
lo  cuer  de  lo  duc,  et  pour  la  prière  de  la  moillier  de- 
manda encoire  paiz.  Et  ala  li  abbé  Desidere  a  lo  prince 
Gisolfe,  quar  maintenant  que  estoit  destraint  en  tant  de 
misère  errclinast  son  corage;  mes  Gisolfe  ot  en  despit 
lôr  conseil  et  jura  que  en  nulle  manière  voloit  paiz  avec 
lo  duc. 

Cap.  i5.  Et  avant  que  lo  duc  eust  assigié  Salerne,  lo 
prince  avoit  fait  un  commandement  que  tout  home  deust 
procurer  choze  de  vivre  pour  .ij.  ans,  qui  ce  non  peust 

(i)  Malaterra,  III,  2,  dit  que  Robert  Guiscard  avait  eu  soin  de 
se  réconcilier  avec  Richard,  prince  de  Gipoue,  avant  de  commencer 
le  siège  de  Salerne,  pour  n'avoir  pas  à  combattre  en  même  temps 
contre  deux  puissants  adversaires  :  «c  Sed  quia  inter  se  (Robcrtum 
Guiscardum)  et  Ricardum  principem  Aversae  inimicitis  efiFerbucrant, 
veritus  ne  ab  ipso  Gisulfo  adversum  se  succurreretur,  pacem  cum 
ipso  fecit;  quo  in  sui  adjutorium  quibusdam  pactionibus  conducto, 
Salernum  multis  copiis  obsessum  vadit.  » 


336 

faire  issist  de  la  cité;  et  ensi  firent  cil  de  la  cité.  Et  puiz 
li  duc  mist  lo  sie^e,  puis  .ij.  moiz  Gisolfe  comanda  a  li 
sien  servicial  qu'il  dévissent  cerchier  les  cosez  de  li  ciu- 
dia  de  Salcrne,  lor  fist  lever  la  tierce  pan  de  toutes  lor 
coscs  de  vivre  qu'il  troverent,  et  pour  ceste  cose  fu  grant 
t'amo  en  la  cite  de  Saleriie.  Quar  ceuz  a  cui  failloient  les 
coscs  non  les  trovoient  a  achater,  et  a  la  porte  de  la  cité 
non  se  donnoit  helcmosine,  quar  la  poureté  estoit  grant. 

Cap.  16.  Solement  li  archevesque,  liquel  se  clamoii 
A  lia  ne,  soustinoit  lo  poiz  utile  pour  Tarme  soe  de  vivre. 
et  ce  qu'il  avoit  donnoit  a  li  poure.  Mes  cestuî  fouy  de 
Siilcrnc.  et  fu  rcceu  de  lo  duc  corne  père,  et  honoré  de  lo 
prince  Ricliart,  et  cerclia  la  terre  soe  et  deTEglize.  Et 
«issombja  la  grant  habundance  de  vin  et  de  grain,  et 
rcstraint  avec  lui  ses  clers,  liquel  govema  corne  filz,  et 
les  cl)asa  do  la  misère  et  de  la  poureté  par  sa  miséricorde, 
et  luit  li  autre  masclc  et  famés  subjette  a  lui,  comme  bon 
pastor  clama  a  soi.  et  lor  donoit  toutes  lor  choses  néces- 
saires de  vivre  (  i). 

Cap.  1  7.  Kt  une  autre  foiz  lo  prince  meismes  en  per- 
sonc  ala  ccrohicr  les  maisons  de  cil  de  la  cité,  et  tout  ce 
qu'il  trova  de  vivre  tout  lor  leva  pour  soi,  et  non  une 
part  sole  cornent  avoit  fait  avant.  Car  voloit  deffendre 
comme  (X)oit  la  soe  malvaise  volenté  et  avarice.  Et  donnok 


[  1  )  IMiisiours  fois  dcjù,  il  a  été  question  d'Alfane  ou  de  sei  poénes  : 
il  tut  arch(*vcciuc  de  Snlerne  de  io58  à  io85;  voyez  sur  lui 
l'V.iiiii.i:  Italia  Sjcra,  t.  VU,  col.  3 80-392,  Mignk  :  Ptf/p. /«/.. 
t.  147,  Cul.  1214-1281,  et  surtout  G.  Paesano  :  Memorie  per 
sirvirc  titla  storia  JcUa  Chiesa  Salemitana^  t.  I,  p.  iia-i55. 
Alt'anc  a  laissé  une  piccc  de  vers  en  l'honneur  de  Giiulfe,  mais 
celui  ci,  un  le  vuit.  ne  lui  en  fut  guère  reconnaissant. 


*3Î7 

comment  s^il  l'achatast  .iij.  besans  del  moy  de  grain  (i)  ; 
et  de  ceus  qui  fouioient  destruisoit  lormesons  et  faisoit  por- 
ter la  laingne  a  lo  chastel  pour  ardre.  Et  puîz  quant  il  ot 
destructe  toute  la  cité  commensa  contre  Dieu  et  contre  li 
saint.  Les  croiz  de  Teglise  de  or  et  d^argent  prist  et 
romppi,  lo  vout  de  saint  Mathie  evangeliste  romppi,  et 
destruist  li  vaissel  liquel  estoient  appareilliez  pour  servir 
Dieu. 

Cap.  i8.  Et  après  ce  failli  a  toqz  les  chozes  de  vivre, 
et  comence  cil  de  la  cité  a  mengier  la  char  laquelle  non 
est  usée  de  mengier,  c'est  la  char  de  cheval,  de  chien,  de 
chat,  et  non  lor  remanoit  beste  en  lor  maisons  ;  lo  foie  de 
un  chien  valoit  .x.  tarins  (2),  et  la  galine  .xx.  tarins,  et 
Tof  que  faisoit  la  galine  valoit  .ij.  deniers  (3).   Et  quant 

(i)  Il  s*agit  sans  doute  de  besants (byi^antium,  monnaie  de  Byzance 
ou  Constantinople)  d*or,  car,  avant  les  croisades,  on  ne  mentionne 
guère  de  besants  d'argent  ;  sa  valeur  n*a  pas  toujours  été  la  même, 
elle  a  varié  à  peu  près  de  i  fr.  45  c.  à  4  fr.  5o.  Voyez  l'article  besant 
dans  le  dictionnaire  de  Du  Cange. 

(2)  Tarin,  en  latin  Tarenus,  quelquefois  Tarentus  était  une 
pièce  d'or  frappée  pour  la  première  fois  à  Tarenie,  et  particulière 
à  ritalie  du  sud,  il  n'est  guère  possible  d'indiquer  sa  valeur  en 
monnaie  française  de  notre  époque,  non  plus  que  celle  du  denier. 

(3)  Guillaume  de  Fouille,  lli,  v.  427-430,  confirme  ce  que  dit 
Aimé  sur  la  famine  qui  désola  Salerne  pendant  le  siège. 

»  Quartus  erat  mensis  completus  ^b  obsidione  ; 
Tanta  famés  miseras  cives  invaserat  urbis 
Ut  canibus  vel  equis  vel  mjribus  aut  asinorum 
Turba  cadaveribus  vix  vivere  posset  edendo.  » 

Malaterra,  III,  4,  écrit  également  :  «  in  tantum  attrivit  (Salernum) 
ut  nullo  aditu  ad  victum  introducendum,  se  suisque  negantibus, 
patente,  tantam  famem  inesse  coegerit  ut  etiam  vel  mures,  sicut 
relatione  eonim  qui  présentes  adfuerunt  didicimus,  a  quibusdam 
introrsum  reclusis,  comessi  sint.  »  Dans  la  chronique  du  Mont- 

22 


35«. 

lo  prince  souvent  aloit  par  la  cité  et  veoit  les  cors  de  li 
mon  gésir  par  la  voie,  non  se  enclinoit  de  torner  lo  oill 
soe  pour  les  veoir;  mes  autres!  corne  s^il  non  coulpe  de 
cestc  cose,  et  passoit  alegrement.  Et  a  la  fin  ovri  lo  gre- 
nier ou  estoit  lo  grain  soe  et  vouloit  vendre  celle  victaille 
qu'il  avoit  achatcc  de  li  home  soe.  Et  vendoit  lo  moy  de 
grain  qu^il  avoit  achathc  .iij.  besant,  .xliiij.  besantaceuz 
qui  lo  pooicnt  achater.  Mes  li  autre  qui  estoient  poure, 
lo  pcre  non  pooit  porter  lo  filz  a  Ja  sepoulture  ne  lo  filz 

10  pcrc.  Et  aucune  foiz  pour  la  grant  débilité  de  la  fain, 
li  vieil  moroient  cornent  bestes  sans  bénédiction  de 
prcstrc  ;  li  jovene  de  subite  mort  moroient,  et  li  petit  qui 
non  se  pooient  baptizer  moroient  pagan.  Et  quant 
venoient  les  famés  a  tillier,  non  avoient  aide  de  famé. 

Cap.  19.  Quant  lî  Salcrniiain  estoient  ensi  constraint 
de  cestc  pourcté  et  misère,  laquelle  puet  estre  apparagiéa 
la  famé  de  Jherusalum  quant  fu  prise  de  li  Romain,  quar 

11  Judvie  qui  estoient  en  Jiierusalem  pour  grant  poureté 
se  laissèrent  vendre  .xxx.  pour  un  denier  (i);  et  quant 
estoient  li  Salcrniiain  ensi  opprimés,  .ij.  filz  de  un  prestre 
aloient  fors  de  la  cite  et  un  chien  les  sequta,  et  vindrent 
la  ou  estoit  lo  duc  et  demandèrent  del  pain  pour  Dieu. 
Kl  lor  fu  donné  dcl  pain,  et  de  cel  qui  lor  fu  donné  li 
i;arson  en  donnèrent  la  tierce  pan  a  lo  chien  ;  et  lo  chien 
prist  lo  pain  et  lo  resconst  que  ne  lui  fust  levé.  Et  au 
soir,  puiz  que  la  gent  estoient  recoillis  en  lor  maisons, 
torna  lo  chien  a  la  cité  o  tout  son  pain,  et  lo  misTas  piez 
de  lo  prcstrc  la  pièce  de  lo  pain,  et  puiz  retorna  dont 

C^issin,  III,  43,  Pierre  Diacre  reproduit  en  les  abrégeant  les  fcmei- 
{^nemcnts  d'Aimé. 

(i)  Cf.  Fl.  JosEPiii  De  hcUo  Judaico,  1.  V,  10,  édition  DntDOV, 
chez  Didot,  Paris,  i8ô5,  t.  II,  p.  23q. 


3Î9 

estoit  venut.  Et  le  sequent  jor  li  garson  orent  pain  assez, 
et  donerent  a  lo  chien  un  pain  sain,  et  toutez  voiez  li 
garson  non  savoient  que  le  chien  faisoit  de  son  pain.  Et 
lo  chien  au  soir,  corne  il  avoit  fait  lo  premier  jor,  porta  lo 
pain  a  mengier  a  lo  prestre.  Et  lo  tiers  jor  fist  autres!;  et 
creoit  lo  prestre  que  aucun  chrestien  lui  mandast  cest 
pain  pour  Tamor  de  Dieu,  et  mist  lo  prestre  une  carte  a 
lo  col  de  lo  chien  ou  avoit escrit  :  «  Je  rent  grâces  a  Dieu 
pourcui  amor  cesteelemosinemVst  faite,  quar  coniinuel- 
ment  m^as  souvenu  a  la  moie  neccessité,  je  non  faille  de 
proier  Dieu  por  toi.  »  Et  puiz  lo  chien  torna,  et  quant  li 
fin  del  prestre  virent  celle  lettre  que  li  chien  avoit  pendue 
au  col,  lui  desloierent  et  lo  menèrent  a  la  duchesse  en- 
semble o  tout  la  carte,  et  li  dient  lo  fait  come  avoit  esté. 
Mes  la  dame  non  lo  creoit,  et  fist  apparaillier  un  sachelet 
plein  de  pain,  et  mistrent  sur  lo  chien  ;  et  lo  chien  avoit 
paour  pour  lo  pueple  qui  estoit  de  cescune  quasi  come  se 
il  dubitast  d'estre  accusé  a  lo  prince,  atendi  Pore  qu'il 
avoit  acostumée,  et  puiz  qu'il  fu  soir  ala  prestre,  et  lui 
porta  lo  pain  que  la  ducesse  lui  mandoit.  Et  lo  prestre 
escrit  une  altre  carte  :  «  Plus  grant  grâce  te  rent  de  plus 
grant  elemosine  que  tu  m'as  mandé  ».  Et  quant  la  du- 
chesse vit  la  sapience  de  lo  chien,  donna  la  sentence  que 
null  ne  fust  contre  lui,  ne  feisse  mal,  et  substenta  pour 
Tamor  de  lo  chien  li  filz  de  lo  prestre,  et  lor  donnoit  assez 
de  bien  pour  mander  a  lor  père.  Et  puiz  lo  sot  lo  prince, 
et  commanda  que  lo  chien  fust  occis;  et  lo  prestre  seignor 
de  lo  chien  fu  mis  en  prison,  et  fu  cuit  o  fer  chaut  et 
aflflit  par  autres  diverses  pênes  jusque  a  tant  qu'il  fu 
mort  (i).  Et  nul  autre  home  estoit  hardi  de  aler  devant 

(i)  Voyez  Tanecdote  du  chieD  dans  Guillaume  de  Fouille,  III, 
V.  43i   sqq.,  comme  il  a   déjà  été  dit  dans  TlntroductioD,  d'après 


340 

lo  prince  pour  dire  la  misère  soe,  et  la  poverté,  et  se 

aucun  home  aloit  pour  ceste  cose,  il  lo  faisoît  crever 

Toill  ou  lui  faisoit  taillier  la  main  ou  pié,  ou  altre  affli- 
xion  soustenoit. 

Cap.  20.  Entre  li  autre  qu'il  afflist  par  divers  tormens 
un  honorable  clerc,  loqucl  se  clamoit  Gratîen,  liquel 
avoit  esté  capellain  a  son  ave  et  a  son  père  (1).  Quar  li 
frère  et  neveu  de  cestui  Gracien  non  pooient  soustenir  la 
crudelité  de  cestui  Gisolfe,  alerent  liquel  les  enrichi  et 
honora.  Et  Gisolfe,  por  la  invidie  qu'il  en  ot,  se  voloit 
vengier  sur  lo  clerc  innocent.  Premerement  lui  leva 
toutes  les  chozes  propres  soes,  puiz  lui  leva  touz  les  béné- 
fices ecclésiastiques,  et  lo  constrainst  a  jurer  en  la  main 
de  Turchevcsque  que  mais  non  recevroit  aucune  cose  de 
li  frerc;  et  a  Tultime  lo  mist  en  prison  dont  tant  fu 
afilicté  de  fain,  et  de  verme  qui  tout  lo  menjoient,  et  de 
autres  angoises,  qu'il  fu  martyre  de  Dieu. 

Cap.  21.  Et  lo  duc,  amonité  de  lo  prince  Richart,  fomi 
lo  castcl  Je  bons  gardiens,  appareilla  lo  siège  en  la  cité, 
et  ordcn.i  novclles  eschielies  de  chevaliers  et  de  pedons, 
quar  lo  prince  s*cn  vouloit  aler  en  Champaingne  (2)  pour 
acqucstcr  la  terre  de  Saint-Pierre.  Et  puiz,  auvec  lo  duc. 
furent  a  la  ciic  de  Saint-Germain;  non  solement  a  h 
seigMor  et  a  li  servicial.  mes  autresi  a  lor  bestes,  furent 
fait  présent  de  Tabbé  de  Mont  de  Cassyn,  et  de  toutez 

Guillaume  de  Fouille,  le  propriétaire  du  chien  n*était  pat  un  prêtre 
mais  un  1  lîquc,  et  le  poète  ne  dit  pas  que  le  prince  de  Salerne  le  fit 
périr.  Cf.  suprjy  Introduction^  p.  Ixij  sq. 

(i)  L'  «<  ave  i>  ou  le  grand-père  de  Gisulfe  était  Guaimar  III,  prince 
de  Salerne,  mort  en  io3i,  et  son  père  Guaimar  IV,  mort  asiauiné 
le  2  juin  io52. 

(i)  La  province  de  Campanie. 


341 

chozes  ncccessaires.  Lo  prince  rechut  lo  domp,  lo  duc 
non  lo  voust  recevoir,  et  dist  qu'il  non  estoit  venut 
pour  lever  les  coses  de  lo  monastîer,  mes  pour  accrestre. 
Et  li  abbé  ala  a  lui  et  lui  proia  qu'il  non  refusast  les 
choses  de  li  frère,  liquel  volent  proier  Dieu  pour  lui.  Et 
lo  duc  que  il  non  parust  qu'il  desprizast  lo  domp,  en 
rechut  aucune  chose.  Et  le  matin  appareilla  Tabbé  la 
procession  pour  recevoir  lo  duc  a  grant  honor.  Et  subite- 
ment virent  ceaux  a  qui  vouloient  faire  honor,  ester  o 
humilie  cappe  agenoilliez  devant  Tautel,  et  veoit  Teclize 
aornée  de  pallez  et  de  ses  dons  ;  et  alore  donna  autre 
pailles  o  liquel  furent  covert  li  altel.  Et  puiz  entra  en 
capitule  a  parler  a  li  frcre,  et  humilement  et  pacifique- 
ment lor  donna  molt  or,  pource  que  li  frère  prient  Dieu 
qu'il  lor  pardonast  lor  péchiez.  Et  comment  père  de  li 
frère  aloit  par  lo  monastier  et  visitoit  li  inferme  ;  et  lor 
aministroit  habundantement  tout  ce  qui  lor  faisoit 
besoingne.  Et  requiert  a  chascun  qu'il  prient  Dieu  pour 
lui.  Et  quant  il  estoit  a  table  pour  mengicr,  dévotement 
demanda  de  lo  sel,  dont  a  lo  frère  qui  lui  aporta  donna 
.c.  besans.  Puiz  se  partirent  li  seignor  et  alerent  lor  voie, 
et  quant  il  cheminoient,  il  trovercnt  tant  de  famé  et  de 
poureté,  que  non  solement  en  sentoient  li  beste  et  li  ser- 
vicialde  li  seignor,  mes  auiresi  li  seignor,  quar  lorfaille- 
rent  les  choses  lesquelles  avoient  portées  pour  vivre,  et 
non  en  trovoient  a  achater.  Et  si  avoient  molt  mai 
temps  de  pluie,  et  de  tronnorre,  et  de  folgure,  dont  il 
estoient  fatiguié  et  travaillié;  et  estoit  si  grant  vent  que 
le  paveillon  chaoien  terre.  Et  lo  prince  en  cellui  temps 
aquesta  alcun  chastel,  mes  de  ceus  qui  la  habitoient 
rechut  molt  de  richesce;  mes  se  prince  voulist  faire  ray- 
son  de  ce  qu'il  acqucsta  et  de  ce  qu'il  fist  perdre  a  saint 


342 

Pierre»   la  perte  est    de  cinquante   part  plus  que  lo 
gaaing  (i). 

(i)  D'après  Aimé,  à  l'instigation  de  Richard,  prince  de  Capoue, 
Robert  Guiscard  aurait  donc,  sans  lever  le  tiè^  de  Salerne,  fait  avec 
Richard  une  expédition  en  Campanie,  contre  les  possessîoni  du 
Saint-Siège.  C'est  évidemment  dans  l'automne  de*  1076  que  cette 
campagne  a  eu  lieu  ;  ce  n'est  pas  sans  surprise  qu'on  voit  l'abbé 
Didier  recevoir  aussi  honorablement,  que  le  raconte  Aimé^  les  deux 
excommuniés  Robert  Guiscard  et  Richard,  partant  en  guerre  contre 
le  pape.  Grégoire  VII  fait,  bien  probablement,  allusion  à  cette  expé- 
dition de  Robert  Guiscard  et  de  Richard  dans  la  Campanie,  lorsqull 
écrit,  le  3i  octobre  1076,  aux  Patares  milanaii  Henri,  Arderic  et 
Wifred  :  «  bona  ccclcsis  Normanni  multoties  conanturauferre.  »  Mfh 
numenta  Gregoriana,  p.  35 1,  Registri  ],  IV,  7.  La  date  de  cette 
lettre  fixe  donc  celle  de  l'expédition.  Pierre  Ducre  parle  aussi  de 
cette  expédition,  mais  la  place  à  tort  après  la  prise  de  Salerne.  ■  Chi- 
tatc  (Salerni)  potita...  dux  cum  exercitu,  sociato  sibi  principe,  ad 
hoc  monastcrium  venit,  ntque  Desiderio  et  fratribus  honorifice  sua* 
ceptus,  illorumque  se  orationibus  commendans,  attentius  Campa- 
niam  expugnaturus  ingrcditur.  Talia  papœ  Gregorii  dum  perve» 
Dissent  ad  aurcs.  duccm  et  principem  a  liminibus  scparavit,  cidiecto 
que  exercitu,  super  cos  ire  disposuit.  Quod  ubi  duci  nuotiatum  eat, 
«.on-.itc  una  cum  principe,  Capuam  remeans,  dux  super  Beneven- 
tum,  princcps  vero  supra  Ncapolim  obsidionem  firmavit.  »  CJkm. 
(lasin.^  illj  45.  11  y  a  plusieurs  erreurs  dans  ce  passage  :  puisque 
Pierre  Diacre  s'inspire  d'Aimé  dans  ce  qu'il  dit  des  •  Normands,  il 
aurait  dû,  comme  son  modèle,  placer  l'expédition  de  Campanie 
pen  Jant  et  non  après  le  siège  de  Salerne.  Cette  ville  a  succombé  le 
i3  liccembrc  1076,  et  la  I.ttrc  du  pape  que  nous  venons  de  citer 
montre  les  Normands  envaliissant,  dès  1c  3i  octobre  de  la  même 
iinnJc,  les  biens  de  l'Eglise;  ils  n',w.<icnt  donc  pas  attendu  pour  le 
faire  bi  chute  de  Salerni.  Est-ce  bien  la  peur  de  Grégoire  VII  mar* 
chnnt  contre  lui  avec  une  armée  qui  a  fait  reculer  Robert  Guiscard  ? 
Aime  n'en  dit  rien  et  attribue  l'insuccès  d;:  l'expédition  uniqucm:nt 
aux  pluies  coniinuelles  de  l'automne  dans  l'Italie  du  sud.  Tout  in- 
dique qu'il  est  vlans  le  vr.ii  ;  (îrégorre  VU  n'avait  pas  d'armée,  et 
dans  Us  derniers  mriis  de  1076,  plus  absorbé  que  jamais  par  la 
lutte  avec  Henri  IV',  il  songeait  à 'partir  pour  la  Germanie.  Comment 


34Î 

Cap.  22.  Et  un  abbé  qui  se  clamoit  Robert  molt  pécha, 
quar  lo  duc  avoit  fondé  denovel  un  monastier  et  l'avoit 
molt  enrichi  de  terre  et  de  moble  molt  habundantement. 
Etcestui  abbé  Robert  en  leva  le  meillor  qui  la  i  ensfust, 
et  enleva  deniers  qui  la  estoient  recommandez  de  li  Nor- 
mant,  et  s^en  ala  a  lo  pape,  et  se  feinst  dedirequMIvoloit 
aller  a  lo  duc  Robert.  Et  que  non  aloit  droitement  fu 
desprizié  de  lo  pape.  Et  s'en  alla  a  lo  roy  de  France  et  a 
lo  roy  d'Engleterre,  et  s^esforzoit  de  habiter  avec  eaux  ; 
et  findment  lui  failli  la  monoie,  et  retorna  a  lo  duc  de 
loquel  misericordiosement  fu  rechut  et  fu  restitué  en^on 
honor  (î).  Et  en  l'autre  semaine,  tant  fain  oppresse  cest 
seignor,  qu'il  furent  constrainst,  et  pour  la  troppe  ma- 
creze  tant  aloient  et  curroient  li  chaval,  quant  li  seignor 


aurait-il  pu  marcher  avec  des  troupes  contre  le  duc  normand  ?  De 
même  le  siège  de  Bénévent  n*a  pas  eif  lieu  aussitôt  après  celui  de 
Salerne,  ainsi  que  le  prétend  Pierre  Diacre. 

(i)  On  est  tout  surpris  de  voir  qu*Aimé  interrompt  brusquement 
Je  récit  de  Tcxpédition  de  Robert  Guiscard  et  du  prince  Richard 
dans  la  Campanie  pour  parler  de  cet  abbé  Robert,  et  on  peut  se 
demander  s*il  n'y  a  pas  là  une  interversion  du  copiste,  et  si,  dans  le 
texte  original,  ce  morceau  ne  se  trouvait  pas  ailleurs.  Quoi  qu'il  en 
soit,  nous  sommes  en  mesure  de  contrôler  le  jugement  assez  sévère 
qu'Aimé  porte  contre  cet  abbé,  Robert  de  Grantmesnil,  sur  lequel 
Orderic  Vital  et  une  lettre  de  Grégoire  VII  fournissent  de  précieux 
renseignements.  Issu  d'une  grande  famille  de  Normandie,  et  parent 
des  Tancrède  ainsi  que  des  principaux  Normands  émigrés  en  Italie, 
Robert  fut  d'abord  moine  et  ensuite  abbé  de  Saint-EvrouId-sur- 
Ouche,  en  Normandie.  A  la  suite  de  graves  difficultés  avec  Guil- 
Iaume-le-Q>nquérant,  duc  de  Normandie,  Robert  passa  en  Italie 
(Orderic  Vital,  t.  II,  p.  83  sq.  et  p.  87  sqq.)  où,  grâce  à  son  cou- 
sin Guillaume  de  Montreuil,  et  grâce  à  Robert  Guiscard,  il  eut  une 
assez  grande  situation;  Guillaume  de  Montreuil  lui  donna  une 
partie  de  la  ville  d'Aquino  (O.  Vital,  t.  II,  p.  87)  et  Robert  Guis-' 
card^  ayant  restauré  et  doté  le  monastère  de  Sainte-Eufémie  danâ 


344 

et  Tautre  gent  a  pié.  Et  lo  bénigne  duc  avoît  en  sa  mé- 
moire lo  bénéfice  qu^il  entendoit  a  faire  a  saint  Benedit, 
il  salli  a  lo  monastier  de  Mont  de  Cassyn,  et  dota  Teglize 
et  H  frères  de  pailles  et  d'autres  domps.  Et  puiz  s'en 

les  Calabres,  le  mit  à  la  tctc  de  l'abbaye  et  lui  donna  encore  le  mo- 
nastère de  la  Sainte-Trinité  à  Venosa,  et  de  Saint-Michel  à  Melito; 
en  outre,  sa  sœur  Judith  épousa  Roger,  le  grand  comte  de  Sicile  et 
frère  de  Robert  Guiscard  (O.  Vital,  t.  H,  p.  91»  G.  Malaterra,  H, 
19;  voyez  O.  Delarc  :  Les  Normands  en  Italie^  p.  378,  note  i). 

.  Il  semble  que,  malgré  ces  avantages,  Robert  de  GrantmesnU  ait  eu 
le  mal  du  pays;  O.  Vital  rappçrte  (t.  II,  p.  43 1)  qu'en  1077  il 
revint  en  PVancc,  où  il  se  réconcilia  avec  Guillaume-le-Conqucrant 
et  Philippe  I«r,  roi  de  France,  s'employa  à  le  faire  nommer  évéque 
de  Chartres.  Nous  avons  en  effet  une  lettre  de  Grégoire  VII  au  sujet 

'  de  cette  nomination;  en  1077,  le  pape  écrit  à  Hugo,  évêque  de  Die, 
son  légat  en  France,  et  lui  dit  que  Philippe,  roi  de  France,  lui  a. 
à  plusieurs  reprises,  fait  demander  d'approuver  la  nomination  de 
Robert,  abbé  de  Saintc-Eufémie  dans  la  Calabre,  à  Tévéché  de 
Ch<irtrcs;  il  ajoute  que  cet  abbé  est  venu  le  trouver  en  se  rendant 
en  France  et  lorsque  lui-même  était  en  Lombardic  (janvier-août  1077), 
et  qu'il  n  renouvelé  sa  visite  à  son  retour  en  Italie  pour  déclarer  au 
pape  que,  m^dgré  les  sollicitations  du  roi  de  France,  il  n'accepterait 
rêvcché  de  Chartres  qu'avec  l'assentiment  du  Saint-Siège.  Autti  le 
piipe  prescrit  à  son  légat  d'examiner  si  Robert  a  été  élu  à  rév€ché  de 
Chartres  suivant  les  règles  canoniques,  et  de  lui  faire  connaître  le 
résultat  de  son  enquête  (Grcgorii  Regist.,  V,  11,  dam  Jaffe, 
Mon.  Grcgor.,  p.  3oi  sq.)-  Nous  savons  qu'en  dernier  lieu,  Robert 
ne  fut  pas  promu  <i  cet  évcché,  et  qu'on  lui  préféra  Godefroy,  oncle 
d'Kustache,  comte  de  Boulogne. 

C'est  cviilemmcnt  à  ce  voyago  en  France  de  Robert  de  Grantmes- 
nil  qu'Aimé  fiit  iîlliision,  et  son  blâme  vient  sans  doute  de  ce  que, 
pour  subvenir  aux  diipcnses  de  ce  long  voyage,  l'abbé  Robert  dut 
mettre  à  contribution  les  revenus  de  l'abbaye  de  Sainte-Eufémie. 
Quant  nu  pape,  on  voit  p.ir  sa  lettre  qu'il  se  tient  sur  la  réserre  et 
que  sans  «  disprizicr  u  Robert,  comme  le  dit  Aimé,  il  demanda  à 
être  renseigne;  l'cchcc  définitif  de  Robert  au  sujet  de  l'évêché  de 
Chartres  montre,  du  reste,  que  les  reproches  d'Aimé  sont  en  pirtie 
fondés. 


345 

vindrent  ensemble  a  Salerne,  et  garderérent  lo  chastel  et 
lor  ost  chascun  en  droit  soi  (i). 

Cap.  23.  Donnèrent  bataille  a  la  terre  et  jettent  sa  jettes 
et  mènent  pierres,  mes  nul  non  apert  en  la  cité,  quar  cil 
de  la  cité  estoient  abscons  coment  la  soris  en  la  caverne. 
Et  se  aucun  veut  mener  la  pierre  o  la  fronde,, plus  tost 
fien  li  sien  que  li  anemis;  et  cil  qui  veilloient  la  nuit  as 
tors  tant  estoient  fieble,  que  a  pêne  poiient  oïr  lor  voiz. 
Et  vit  lo  duc  que  pooit  prendre  la  cité  par  force,  quar  nul 
de  cil  de  la  cité  combatoit  contre  li  sien.  Mes  timant  la 
mort  de  ceuz  qui  i  habitoient  et  que  la  poure  gent  non 
perdissent  lor  masserie,  non  vouloit.  Mes  ja  estoit  venut 
que  lo  duc  pooit  avoir  son  desirrier,  et  fust  mis  terme  et 
fin  de  la  pestilence  de  cil  de  la  cité.  Et  avint  une  choze, 
que  fu  une  grant  obscurité,  tant  que  Pun  home  non  veoit 
cil  qui  lui  estoit  a  locosté.  Et  un  Salernitain  aiaa  lo  duc, 
et  lui  dist  tout  ce  qu^il  savoit  de  la  cité,  prisi  compain- 
gnie  et  alerent  a  une  petite  porte,  laquelle  estoit  murée 
novellement,  et  rompent  et  vont  cntor  par  la  cité.  Et 
saillent  sur  li  mur,  et  entrent  as  tors,  et  nul  ne  troverent 
qui  a  eaux  parlast.  Et  puiz  tornerent  a  lo  duc  et  lui 
distrent  ceste  chose.  Et  li  duc  concje  sage  manda  auvec 
eaux  chevaliers  et  autres  homes  armés,  et  ceuz  qui  gar- 
doient  la  terre  furent  pris  et  liés.  Et  sont  donés  a  li  ser- 
vicial  en  garde,  et  sans  mot  dire  se  leisserent  lier,  quar  il 
estoient  tant  débile  de  famé  qu'il  non  pooient  issir  a  la 
bataille.  Et  puiz  que  as  tors  furent  mis  li  gardien  de  li 
duc,  li  fort  chevalier  normant  commencherent  a  crier  et 

(i)  Sans  autre  transition  avec  ce  qu'il  vient  de  dire  de  l'abbé 
Robert,  Aimé  reprend  et  termine  le  récit  de  l'expédition  des  deux 
princes  Normands  en  Campanie,  à  partir  de  cette  phrase  :  «  Et  en 
l'autre  semaine,  etc.  » 


£  =~rj?nr  tr  la  virrrirc  t  lo  duc.  Et  Gisolfe,  quant  il  oi 
rf  rr^ensi  =  r^uvr.  c:  se  leva  de  lo  lit  et  fov  a  la  roche, 
zn  5c  îrrirr  11=  pr-ur  ^^;  vengicr.  Lo  sequeni  jor,  liquel 
if.:.:  vif  ît  ztzzzzbrt.  c'es:  lo  .xvî.  jor,  lo  duc  vainceor 
:r.LZZz.  k£  ^?r.:  £  k  r::t    :  .  £:  puix  i  ala  il  et  dooa  paiz 

V  ^i  k.:tl:i  j  Ev:»r  à±  â:*uxe  sor  le  mois  et  le  jour  de  U  prise 
2:  Slîstj;  pET  RiOfr:  G-iâcsrz:  Alaê  dii  que  la  ville  Hiccombi  le 

l'-T  j»  .CE*  -;  ûftcr— rre,  c'est-â-iire  Is  i5  décembre,  c'c»!  donc 
T-Lz  'jn£  :£.::£  lu  ;:k?:st:  a::'as  lir  dans  Aimé  le  16  décembre.  La 
Ar^Lilcf  Scr.n*nii£xi  r^inszt  :  MG.  SS.,  111,  i8i««  in  festam  sancic 
L.c:2E,  :-  :r«£  =:>::ie  crri:  jj^iuien).  ■  —  ^«oa/wicf  Cofm.,  dans 
V.-.  lt^T^K.  R  1.  S5..I.  V.  r.  ;5j  :  •  csph  eam  die  id.  decembris.  ■ 
—  ArnLzlc!  C^sTnfci.  MG.  SS..  i.  m.  p.  içK>  :  «  cepit  eam  die  idibn 
ZïCfT-.rhâ^  *■  ZZ.ZZ..  Kj/rski^  ac  Skucwszn  la  Ckromique  ^AmûiJI, 
j:ns:£:es:  e-fL;f:ni::i  2'je  Saler:: £  succomba  an  mcâs  de  décembre. 
M  lis.  ii  \t  ':>ur  •::  1t  =3:>is  de  U  rediitkm  de  la  ville  sont  indiacn- 
:^r'i£S.  les  h.'st:-r:ir.s  as  sa:c:Tû£ni  pas  pour  dire  en  qudle  année 
Sî-tmc  £  r-ÂS&i  s^us  Iz  ZT-miTXiûyn  normande,  les  uns  proposant 
:--?.  iiuîTss  ::-f.  q-jijç-cs-uns,  enfin,  1077;  voyec  sar  cette 
rjstir^r.  G.  ^^  f:\t.e::.h  :  Z>r  cunduione  Jtalût  tnferioris  Crtgoho 
srrTzm:  pr^^.njicf.  r.  Sv  L^s  preuves  suivantes  établisient  que 
]  i-Lr.ct  ir-'  »:  t^:cr.  ct\\^  d±  h  ;hute  de  Saleme  :  i»  Les  AnMoUt 
C::rrKses,  qu:  cr.:  qu^n^  il  s'axr.:  Je  Saleme.  une  autorité  spéciale 
r  r.tr.t  :  •  ::*'.".  R..bb£r:j5  -ux  venit  super  Salemum  pridie  nonas 
^ÎjfUs  ;:  ;rs:i.î  £.:Ti  i-rrî  narique  et  cepit  eam  die  idxbusdecem- 
rrs.  >  MG.  >S..  :.  IV.  p.  :r>?:  3:  LM^omimiJ  Ctfnii.,danslli7iA- 
7 -  «I.  R.  I.  SS..  !.  V .  r.  :  39.  place  en  1 075  la  prise  de  Saleme,  mais 

~  S'a.'  qui.  psr  ss-.'.t  ^'une  faute  Je  copiste,  presque  tous  les  évéae- 
rr.  .-.tsi  r  rr.::is  par  !  anor.yn^.c  sont  avancés  d'un  an.  cf.  Mcma- 
7^ FI.  ;  i.  r.zit  ï'j:  cc&t  dcnc  en  1076  qu'il  faut,  d'après  lui, 
pi  c-T  :=!  c%cr.eT:j=î  ;  .■-  Lupu»  i,MG.  SS..  t.  V,  p.  60)  donne  1077 
^^.rr.rr.e  z^it  d-j  \i  r.-Jd:t:.r.  de  Salcrne.  mais  plusieurs  passages  des 
An'is'ts  :i  Ljtjs  '.r.:  v.:r  q-jc  ces  Annalfs  commencent  l'année 
suivar.:*  dt&  \z  ?r.^:s  de  septembre  de  l'année  précédente  icf.,  mu 
1020.  i'4?.  loro,  Io^H.  looS,  1009,  11 17).  La  prise  de  Salerai 
aya.ni  eu  !:cu  en  de.:e?nbre,  et  Lupus  lui  assignant  la  date  de  1077» 
c'est   donc    1076    qu'il    faut  lire:    4»  Annales  Seli^ 


c 


347 

a  la  cité,  car  comme  Dieu  lui  avoit  concedut  viaoire 
avant  de  lo  chaste  de  Salerne  et  de  Amalfe,  ensi  meinte- 
nant  en  une  nuit  lui  concedi  la  cité.  Quar  Dieu  avoit 
proveu  a  lo  malvaiz  proposement  de  Gysolfe,  liquel  se 
estoit  mis  en  cuer  de  ardre  la  cité  s^il  non  la  pooit  def- 
fcndre.  Et  quant  lo  bon  duc  vit  la  poureté  de  cil  de 
Salerne^  commanda  que  en  la  cité  se  feist  lo  marchié,  et 
de  Calabre  et  d'autre  part  fist  venir  victaille  et  a  bon 
marchié.  Et  en  lieuz  competens  fist  merveillouz  palaiz 
sur  li  mur  de  la  cité,  si  que  il  estoient  dedens  et  deforsde 
la  terre.  Et  après  ce  fu  atornoié  la  tor  de  grandissimes 
paliz  et  y  mist  gardiens,  et  lo  chastel  liquel  avoit  fait  Gi- 
solfe  pour  garder  la  roche,  fist  habiter  ;  et  Gisolfe  devisa 
li  ystrument  soe  et  menoit  pierres.  Un  jor  lo  dyable,. 
liquel  aidoit  a  Gisolfe  en  sa  perversité,  la  pierre  laquelle 
estoit  mandée  en  la  tor  se  romppi,  et  une  part  de  la 
pierre  donna  a  lo  costé  de  lo  duc  et  parut  qu'il  en  deust 
morir.  Mes  par  la  vertu  de  Djeu,  en  poi  de  temps  en  fu 
garut  (i). 


'  (MG.  SS.,  t.  XVII,  32),  ad.  an.,  1076  :  «  Dux  Robertus  venit 
Salernum  et  cepit  »;  S®  Aimé,  comme  nou«  le  verrons  bientôt,  dit 
que,  quelque  temps  après  la  chute  de  Salerne,  Gisulfe  étant  venu  à 
Rome  pour  rendre  visite  au  pape,  dut  attendre  son  retour.  Cette 
absence  du  pape  s'explique  très  bien,  si  Ion  suppose  que  Saleme  ait 
succombé  en  1076.  En  effet  Saleme  ayant  capitulé  en  décembre, 
et  Gisulfe  ayant  été  quelque  temps  à  Capoue  avant  de  venir  à 
Rome,  c'est  au  printemps  ou  durant  l'été  de  1077  qu'il  y  sera 
venu;  or  en  1075,  en  1076,  en  1078,  Grégoire  VU  a  passé  à 
Roms  le  printemps  et  une  grande  partie  de  Tété  ;  c'est  seulement  en 
1077  qu'il  a  été  absent  de  Rome  pendant  la  fin  de  l'hiver,  le  prin- 
temps et  à  peu  près  tout  l'été;  l'assertion  d'Aimé  permet  donc  de 
conclure  que  Salerne  a  été  en  1076  soumise  par  les  Normands, 
(i)  Guillaume  de  Fouille  dit  également  que,  la  ville  étant  prise, 
Gisulfe  se  réfugia  dans  la  citadelle,  et,  dans  les  vers  suivants,  1.  UI, 


.  N 


Ca?   zj.   E:  c-iir.:  '.?  iuc  R-chanvîiquc  la  brigue  de 
50::  17?—    i<:r::  v^-.;?  J  sr..  cercha  adjmoire  a  lo  duc 
cv-r  V*  'ir  >ur  Nir'.-.  E:  aioa:  lo  duc  co manda  a  cil  de 
Ar.-i!\'  î:  1  \    C-ilibnM  eue  1;  aillent  o  tout  lor  neft 
j:  .-'S:  5«n:  i  1,-  rri^cï  plus  que  a  lui.  El  li  prince  co- 
"A-.^.-  ::  -c  ioicr.;  ri.:  jh^steaux  fors  delî  mur  de  la  cite, 
i*:  li^  r.s:  ^rr.rV^jier,  e:  r.s:  porcr  Uingue,  et  de  li  labor  de 
jijr  .-i-  .2.  ^'-.'.c  r.i:Tr!:  >cs  ireîgnîers.  Li  navie  estoit  en 
••:ir  ;::  c^rc^".:  ii  rU.re  oîsnse  a  la  cité.  El  cil  de  la  cite 
J.i'  Nir'i  ^.irrîiioszr.:  *a  c::i  cî  veillant  gardent  les  torrcs. 
F:  .î  .-c  .îuî:  P. eu  lor  Jeu?:  jwiier.  quant  a  home  tant  a 
:.î-.-c.  v:*r.:  pvi:  1;»  c*;':::es  e:  sont  en  oraiions  et  jejunoient. 
K:  .vucirLi  :; .j  1:  bon  chevalier  issoieni  tors  et  clamoietit 
'.   N.^rnMn:  .1  contraire,  e:  aucune  foiz  tomoient  o  vic- 
:,^irc.  K:  aujun.'  :"?:j  jlo^nî  contre  ceaux  qui  estoienia 
I.^  r..iv:e  c:  pr,:n.^.cri:  1:  n-jrinier  en  dormant;  une  foiz 
^r.5:rcr.:  .••.  c  .  c:  .-'.  i;alces  entrèrent  en  lo  port,  dont 
!i\ivo-.cn:  :\iv."r  c?.  îa  ci:é  qujr  issoient  defors  a  comhatre, 
c:  .\s*.îi..'.:rwn:  cl  J.c  N.îplc  lo  castel  de  lo  prince,  et  en 
pri>:ron:  ^"c  .:u':'.  porer.:  et  puiz  ardirent  lo  remanant.  Et 
L^  prir.cc  ccrch.^i:  ûc  taire  un  autre  chastel  en  un  lieu 
plus  es'.rv-^i:,  .1  ce  .^^uc  consirjinsist  li  citadin  de  issir  de  la 
cîiô.  arcr^rin'ier  L^r  ferocito.  Et  une  multitude  de  che- 


V.  45''  s.*;:^.,  ::  parî^'  .:?  li  ble»*ure  reçue  par  Robert  Guiscard, 

'  t*\r.:ir.u  vjî:i'.s  Robertu*  vinbus  arcem 
\i  riî:.:v>  curr.  tort;r  Ju«:xs  f>etrana  saxi 
IcT'j  J.im!*M  pcTJuîw  fuisseï  ab  alto, 
Avu!>'^r!i  l:^r.'jîTt  RoVcrti  nobile  pectus 
Sauji.ii  ir.j.mti.  scJ  non  post  tempore  multo 
Auxiliar.:;  Dco  recipi[  caro  Ixsa  salutem. 
Rcd.:itus  incolumis  m  agis  ezpugnare  Gisulphum 
Nititur.  ■ 


Î49 

valiers  et  de  pedons  se  levèrent,  et  constreinstrent  li  gar- 
dien a  fuir  et  destnixirent  lo  castel.  Et  lo  prince  pour 
vergoingne  avoit  grant  dolor,  dont  clama  ses  chevaliers 
pour  faire  venjance,  et  pour  ce  que  li  chevalier  non 
timoient  furent  plusor  mort,  etpromist  lo  prince  a  li  che- 
valier que  se  lor  chevauz  moroient  de  rendre  meillor;  et 
pour  ceste  promesse  pristrent  cuer  li  Normant,  et  secu  - 
terent  li  citadin  et  les  occistrent  (  i  ). 

Cap.  2  5.  En  cellui  temps,  a  Gisoffe  commencèrent  a 
faillir  les  despens,  car  donnoit  troiz  unces  de  pain  por 
chascun  home,  et  une  unce  de  formage.  Et  il  sol  bevoit 
vin,  et  li  frère  en  bevoient  petit.  Et  ja  se  moustroît  la  ma- 
grece  en  lor  faces,  et  la  vertut  failloit  en  lor  membres  et 
non  menoient  pierres  a  cil  de  la  cité,  ne  non  crioient,  ne 


(i)  La  Chronicon  Anon.  Casin.  dit  que  le  prince  Richard  com- 
mença à  assiéger  Naples  dans  le^  premiers  jours  de  mai  1077  :  a  Hoc 
anno  107Û  (nous  avons  déjà  dit  que  les  événements  rapportés  par 
cette  chronique  sont  toujours  datés  de  Tannée  précédente)  Richardus 
princeps  cepit  obsidere  Neapolim,principiomensisMaii.  »  La  CAron/- 
con  Cavense  et  Romuald  de  Salerne  sont  d*accord  sur  ce  point  avec 
TAnonyme  du  Mont-Cassin.  Il  faut  conclure  de  là  que  Gisulfe 
résista  assez  longtemps  dans  la  forteresse  de  Salerne,  car,  lorsqu*il 
se  rendit,  il  alla  rejoindre  Richard,  occupé  au  siège  de  Naples.  Mais 
il  se  peut  très  bien,  et  c'est  ce  que  le  texte  d*Aimé  indique,  qu'aus- 
sitôt après  la  prise  de  la  ville  de  Salerne  et  tandis  que  la  forteresse 
tenait  encore,  Robert  et  Richard  aient  fait,  avant  le  mois  de  mai 
1077,  les  préparatifs  du  siège  de  Naples.  Au  point  de  vue  de  la  chro- 
nologie, toute  cette  partie  de  Touvrage  d'Aimé  s'harmonise  très  bien 
avec  les  données  des  autres  chroniqueurs.  Il  faut  cependant  excepter 
Pierre  Diacre  qui,  dans  la  chronique  du  Mont-Cassin,  a,  nous  l'avons 
déjà  dit,  interverti  l'ordre  de  ces  événements.  Il  parle  (Chron.  Casin., 
III,  45)  du  siège  de  Naples  par  Richard,  mais  se  borne  à  dire  que 
S,  Janvier  défendit  visiblement  la  ville  contre  l'attaque  des 
Normands. 


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destruire,  alas  a  lo  impeor  de  ConstentinoUe  et  cerchas 
Tajutoire  de  lo  pape  (i);  et  pour  moi  destruire  en  tout 
requeris  Tayde  de  li  famé  (2).  Et  en  tout  moi  avoiez  en 
odie,  et  por  ton  chevalier  non  me  voliste  recevoir  ;  et  je  te 
demandai  la  paiz  pour  ceuz  de  Amalfe  et  qe  la  vouliz 
faire  pour  proiere  moie,  ne  pour  amonition  de  message  non 
la  voulis  faire.  Et  maintenant,  par  la  grâce  de  Dieu,  ai-je 
donné  pais  a  cil  de  Amalfe  et  à  cil  de  Salerne.  »  Et  quant 
il  orent  complit  cestes  paroles,  sanz  plus  dire  se  partirent; 
et  la  ducesse  sovent  aloit  a  la  roche,  et  reprenoit  son  frère 
de  ce  que  non  vouloit  croire  a  son  conseill.  Et  une  autre 
foiz,  Gisolfe  retorna  a  lo  duc  et  ot  celle  response  qu^il 
avoit  eue  avant  de  lo  duc. 

Cap.  27.  Et  puiz  que  par  la  pétition  soe  non  trova 
fruct,  proia  lo  duc,  quar  il  vouloit  trair  la  gent  de  lo  duc, 
qu^il  deust  saillir  sur  en  lo  chastel  où  estoit  lo  duc,  et  que 
poist  venir  a  parler  avec  lui;  et  lo  fist  lo  duc,  et  promet- 
toit  Gisolfe  de  rendre  la  roche.  Mes  solement  fust  il  déli- 
vré et  sa  gent  qui  estoient  dedens,  mes  nulle  parole  non 
en  fist.  Et  lo  duc  dist  que  non  vouloit  la  roche  sânz  lo 
prince.  Et  lo  prince  quant  il  vit  ce,  il  se  donna  il  meisme 
avec  la  roche,  et  lo  conte  commanda  qu^il  fust  gardé. 
Et  il  fist  sa  gent  monter  a  la  roche  et  garder  la  roche  et  li 
mur  et  la  tor.  Et  quant  Johan,  frère  de  Gisolfe,  donna 
la  roche,  auvec  loquel  Jehan  avoit  eu  con'seill  Gisolfe,  li 


(i)  Sur  Ce  voyage  de  Gisulfe  à  G)nstantinople  pour  décider  l'em- 
pereur d'Orient  à  faire  la  guerre  à  Robert  Guiscard,  cf.  supra,  1.  IV, 
c.  36-40.  —  Nous  avons  vu  également  que  Gisulfe  avait  gardé  avec 
Grégoire  VII  de  grandes  relations  d'amitié  alors  que  le  pape  avait 
excommunié  Robert  Guiscard  et  était  en  guerre  avec  lui. 

(2)  Allusion  à  la  duchesse  Béàtrix  et  à  la  comtesse  Mathilde  lors 
de  l'expédition    de   Monte-Cimino  ;   cf.  sujprfly   1.  VII,  c.    11    sq. 


Lidcï  le  ji  ^.ic.    Mes  lo 
—ser:..:;.  Tiiir.^st  j.  zaniur-cr  erdâr  venir 


^^  C  *  *  •  -«"V^^^^  f  ^  ^*  mX^^       T         ^*  I  "  *  G         T^^^V  ^*  ^         ^^       V  Wk'** 


.vnr:r-u.j.i:  r:  :— :r..sïi^:ii  ic  imi. 


u  1.:^  —   -L  *.:  :t-:ij_-   ;."1  /^  :cim.:sr  le  ii^nz  ce  siia: 


Tii.;;  "i:.  :  :^.  i:  ■:  r'^iici  rjiînissi  im'_1  /l'^-ir  «  qu'a  lui 
:  :  1  1  -^Mir  Mntr  j.  i*icr  le  i.:i  .'lôes  c^  ilore  ansit 
:vi:  •:-ir  I:  -■  vii:   *i  riiicd  1  e  «ic.  Er  jc  isc  qui 

_i  -j  .  :  ijs  rù_  :  -^irx::  "i  rjmc.^t  .■:  --c  z.:.i"7:  il  tî:  qoe 

:.-   j  '■  ".  i  •  i  .-:-:•:•■  i  i  .:    :r  i^e-it::.  j"-::r"iiroîr  j  Gi- 

ir»  r-1  i  :  j_:  .1  J'r.^rt  11=.:  zi  sj^-:  Ma±ie.  Uqu«Ue 
.=  -  :  :  I-i  -~ir^  .  :  =:i.Ti_-  friri  ^il  prl-ce.  e:  ia  dooai  a 

.:  if  :'  iz:    J-isr.    vl-i^;--r:iri  a:;::  un:  rzMlvaLz  et  p«»- 

i.zrt    :-r  :  i^r.:   .  is::.:  iz  ;ïs:  rerlr-Le  de  nirhatk». 

r.  :-  ::  tr.  -::-::  -i  rrir.eri  L-  v-lrrlne  x  U^aelle  avoû 
,-:  -r  ziTit:  .1  *ï.rr.'::i  5ee,  z.:a  o:  paor  de  Li  cor- 

Ca?   :>   E: .:  --:.  1  ce  qu'il  xoade  lo  prindpu  de 


Î5Î 

toute  escandalizement,  et  liberalment  lo  puisse  salver, 
demanda  de  li  frère  de  Gisolfe  le  chastel  lequel  tenoit  de 
Gisolfe.  Et  Gisolfe  lo  contredist  et  o  ses  fauz  argumens 
queroit  de  gaber  lo  duc.  Et  lo  cjuc  fist  venir  li  nave  a  lo 
port  et  fers  pour  loier  lo  prince,  quar  lo  vouloit  mander 
a  Palerme  pour  estre  en  perpétuel  prison.  Et  alore  fu  un 
petit  de  plaint,  car  ses  sorors  seulement  en  pjoroient,  mes 
toute  autre  persone  en  estoient  liez  et  joians.  Et  li  frère 
de  Gisolfe  vindrent,  et  comment  lor  fu  comandé,  Lan- 
dulfe  rendi  lovai  de  Saint-Severin  et  PoUicastre  (i),  et 
Guaymere  rendi  Cylliente  (2).  Et  ensî  fu  finie  toute 
brigue;  et  jura  Gisolfe  que,  par  soi  ne  par  autre,  mais 
non  cercera  lo  principée  de  Salerne.  Mes  cest  sacrement 
tost  getta  par  la  bouche  comment  lo  sacrement  qu^il  avoit 
fait  a  ceuz  de  Amalfe.  Et  la  ducesse,  par  lo  commande- 
ment de  lo  duc,  lui  donna  molt  de  chosez,  et  li  duc  lui 
donna  mil  besans  et  chevaux  et  mulz.  Et  puiz  que  Gysolfe 
fu  privé  de  son  principée  et  de  li  ancessor  soe,  s'en  ala  a 
lo  principe  Ricchartetfu  receu  gratiousement,  etfu  gardé 
honorablement.  Et  a  ce  que  vesquit  plus  quîetement, 
mentre  qu^il  estoit  sur  Naple  lo  manda  a  Capue.  Mes  en 
petit  de  temps  se  partirent  corrociez  lui  et  lo  prince. 

Cap.  3o.  Et  que  lo  pape  non  estoit  présent,  Gisolfe 
atendoit  son  avènement,  quar  en  lo  bénéfice  de  lo  pape 

(i)  San-Severino  et Policastro,  au  sud  de  Salerne  et  près  du  rivage 
du  golfe  de  Policastro. 

(2)  Le  Cilento  (cis  Alentum),  c'est-à-dire  le  pays  au-delà  du  fleuve 
Alento  au  sud  de  Salerne  ;  voyez  sur  le  Cilento  une  brillante  étude 
de  François  Lenormant  «  A  travers  VApulie  et  la  Lucanie  »,  t.  Il, 
p.  225  sqq.,  à  la  p.  271  de  cette  étude,  M.  Lenormant  dit  que  les 
Normands  s^installèrent  de  bonne  heure  dans  le  Cilento,  longtemps 
avant  la  prise  de  Salerne.  On  voit  que  s*il  s'agit  du  Cilento  propre- 
ment dit,  une  telle  affirmation  est  contredite  par  Aimé. 

23 


3^14 

et  Tautre  gent  a  pié.  Et  lo  bénigne  duc  avoit  en  sa  mé- 
moire lo  bénéfice  qu^il  entendoit  a  faire  a  saint  Benedit, 
il  salli  a  lo  monastier  de  Mont  de  Cassyn,  et  dota  Teglize 
et  li  frères  de  pailles  et  d'autres  domps.  Et  puiz  s'en 

les  Calabrcs,  le  mit  à  la  tête  de  Tabbaye  et  lui  donna  encore  le  mo- 
nastère de  la  Sainte-Trinité  à  Venosa,  et  de  Saint-Michel  à  Melito  ; 
en  outre,  sa  sœur  Judith  épousa  Roger,  le  grand  comte  de  Sicile  et 
frère  de  Robert  Guiscard  (O.  Vital,  t.  II,  p.  .9I1  G.  Malaterra,  I[, 
19;  voyez  O.  Del  arc  :  Les  Normands  en  Italie,  p.  378,  note  1). 

.  II  semble  que,  malgré  ces  avantages,  Robert  de  Grantmesnil  ait  eu 
le  mal  du  pays;  O.  Vital  rapporte  (t.  II,  p.  43 1)  qu*en  1077  il 
revint  en  PVance,  où  il  se  réconcilia  avec  Gui!laume-!e-Conquérant 
et  Philippe  1er,  roi  de  France,  s'employa  à  le  faire  nommer  évéque 
de  Chartres.  Nous  avons  en  effet  une  lettre  de  Grégoire  VII  au  sujet 

'  de  cette  nomination;  en  1077,  le  p.ipe  écrit  à  Hugo,  évéque  de  Die, 
son  légat  en  France,  et  lui  dit  que  Philippe,  roi  de  France,  lui  a, 
à  plusieurs  reprises,  fait  demander  d'approuver  la  nomination  de 
Robert,  abbé  de  Sainte-Eufémie  dans  la  Calabre,  à  révêché  de 
Chartres  ;  il  ajoute  que  cet  abbé  est  venu  le  trouver  en  se  rendant 
en  France  et  lorsque  lui-même  était  en  Lombardie  (janvier-août  1077). 
et  qu'il  a  renouvelé  sa  visite  à  son  retour  en  Italie  pour  déclarer  au 
pape  que,  malgré  les  sollicitations  du  roi  de  France,  il  n'accepterait 
Tcvêché  de  Chartres  qu'avec  l'assentiment  du  Saint-Siège.  Aumî  le 
pRpe  prescrit  à  son  légat  d'examiner  si  Robert  a  été  élu  à  l'évêché  de 
Chartres  suivant  les  règles  canoniques,  et  de  lui  faire  connaître  le 
résultat  de  son  enquête  (Gregorii  Regist.,  V,  11,  dans  Jafpe, 
Mou.  Grcgor.,  p.  3oi  sq.)»  Nous  savons  qu'en  dernier  lieu,  Robert 
ne  fut  pas  promu  à  cet  évêché,  et  qu'on  lui  préféra  Godefroy,  oncle 
d'Fustachc,  comte  de  Boulogne. 

C'est  évidemment  à  ce  voyage  en  France  de  Robert  de  Grantmes- 
nil qu*Aimé  fiiit  allusion,  et  son  blâme  vient  sans  doute  de  ce  que, 
pour  subvenir  aux  dépenses  de  ce  long  voyage,  Tabbé  Robert  dut 
mettre  à  contribution  les  revenus  de  Tabbaye  de  Sainte-Eufémie. 
Quant  au  pape,  on  voit  p.ir  sa  lettre  qu'il  se  tient  sur  la  réserve  et 
que  sans  «  dcsprizicr  »  Robert,  comme  le  dit  Aimé,  il  demanda  à 
être  renseigné;  l'cchcc  définitif  de  Robert  au  sujet  de  révéché  de 
Chartres  montre,  du  reste,  que  les  reproches  d'Aimé  sont  en  partie 
fondés . 


345 

vîndrent  ensemble  a  Salerne,  et  garderérent  lo  chastel  et 
lor  ost  chascun  en  droit  soi  (i). 

Cap.  23.  Donnèrent  bataille  a  la  terre  et  jettent  sa  jettes 
et  mènent  pierres^  mes  nul  non  apert  en  la  cité,  quar  cil 
de  la  cité  estoient  abscons  coment  la  soris  en  la  caverne. 
Et  se  aucun  veut  mener  la  pierre  o  la  fronde,, plus  tost 
fiert  li  sien  que  li  anemis;  et  cil  qui  veilloient  la  nuit  as 
tors  tant  estoient  fieble,  que  a  pêne  poiient  oïr  lor  voiz. 
Et  vit  lo  duc  que  pooit  prendre  la  cité  par  force,  quar  nul 
de  cil  de  la  cité  combatoit  contre  li  sien.  Mes  timant  ia 
mort  de  ceuz  qui  i  habitoient  et  que  la  poure  gent  non 
perdissent  lor  masserie,  non  vouloit.  Mes  ja  estoit  venut 
que  lo  duc  pooit  avoir  son  desirrier,  et  fust  mis  terme  et 
fin  de  la  pestilence  de  cil  de  la  cité.  Et  avint  une  choze, 
que  fu  une  grant  obscurité,  tant  que  Tun  home  non  veoit 
cil  qui  lui  estoit  a  locosté.  Et  un  Salernitain  alaalo  duc, 
et  lui  dist  tout  ce  qu^il  savoit  de  la  cité,  prisi  compain- 
gnie  et  alerent  a  une  petite  porte,  laquelle  estoit  murée 
novellement,  et  rompent  et  vont  cntor  par  la  cité.  Et 
saillent  sur  li  mur,  et  entrent  as  tors,  et  nul  ne  troverent 

■N 

qui  a  eaux  parlast.  Et  puiz  tornerent  a  lo  duc  et  lui 
distrent  ceste  chose.  Et  li  duc  congé  sage  manda  auvec 
eaux  chevaliers  et  autres  homes  armés,  et  ceuz  qui  gar- 
doient  la  terre  furent  pris  et  liés.  Et  sont  donés  a  li  ser- 
vicial  en  garde,  et  sans  mot  dire  se  leisserent  lier,  quar  il 
estoient  tant  débile  de  famé  qu'il  non  pooient  issir  a  la 
bataille.  Et  puiz  que  as  tors  furent  mis  li  gardien  de  li 
duc,  li  fort  chevalier  normant  commencherent  a  crier  et 

(i)  Sans  autre  transition  avec  ce  qu'il  vient  de  dire  de  l'abbé 
Robert,  Aimé  reprend  et  termine  le  récit  de  l'expédition  des  deux 
princes  Normands  en  Campanie,  à  partir  de  cette  phrase  :  «  Et  en 
l'autre  semaine,  etc.  » 


346 

a  annoncier  la  victoire  a  lo  duc.  Et  Gisolfe,  quant  il  ai 
ce,  comcnsa  a  fouyr,  et  se  leva  de  lo  lit  et  fo 7  a  la  roche, 
et  se  appareilla  pour  soi  vengier.  Lo  sequent  jor,  lîqoel 
cstoit  ydc  de  décembre,  c'est  lo  .xvi.  jor,  lo  duc  vainceor 
manda  sa  gent  a  la  cite  (i).  Et  puix  i  ala  il  et  dona  ptiz 


(i)  \]  ntî  tn tirait  y  avoir  de  doute  sur  le  mois  et  le  joar  de  la 

fir  Salijriic  par  Robert  Guiscard;  Aimé  dit  que  U  viHe  soccotnbi  le 

lourdes  i(JcB  de  décembre,  c'est-à-dire  le   i3  décembre,  c'est  donc 

piir  une  faute  du  copiste  qu'on  lit  dans  Aimé  le  16  décembre.  Les 

Annales  iicneventani  portent  :  MG.  SS.,  UI,  i8i««iii  fesnimsaDctB 

LtiiijL-,  in  ipsa  nocte  cepit  civitatem.  »  —  Anonynuu  Canrn.^  daos 

MiiHATORi,  K.  1.  SS.,t*  V,  p.  139  :  «  cepit  eam  die  id.  decembiis^  • 

-  Annales (lavenseSf  MG.  SS.,  t.  III,  p.  190  :  «oepîteundie  îdîbns 

iltH-rtiibriH.  M  Kiifin,  Rohuald  de  SALERNEet  la  Chrtmîqme  ^Amaljt^ 

(  oiisiiitcnt  ^f{ulemcnt  que  Salcrnc  succomba  au  mois  de  décembre. 

Mais,  si  le  jour  et  le  mois  de  la  reddition  de  la  ville  lont  indisciH 

tahir.h,  IcH  historiens  ne  s'accordent  pas  pour  dire  en  qudle  année 

.Siili'i  nr*  :i  pasKé  sous  la  domination  normande,  les  uns  proposant 

io7'>,  d'autres  loy^î,  quelques-uns,  enfin,  1077;  voyes  sur  ceoe 

f]iir*hiif>n  (i.  Wkinkkicii  :  De  conditione  Jtalict  inferioris  Crtgoho 

srptimu  pantiflce,  p.  8«>.   I^s  preuves    suivantes  établissent  que 

l'iinnér  107/1  est  bien  celle  de  la  chute  de  Saleme  :  i»  Les  AmiiaUs 

(:ttvrn.u'.ff  <pii  ont,  quami  il  s'agit  de  Salernc,  une  autorité  spéciale 

portent  :  •<  1070,  Kobbertusdux  vcnit  super  Salernum  pridte  nonas 

MaKÎas  rt  obifilit  on  m  terra  mariquc  et  cepit  eam  die  idibus  decem- 

Itim.  "  M<j.  SS.,  t.  IV,  p.  190;  2^^  LM non ymtff  Ctfsm., dans MuKA- 

l'iHi,  H.  I.  SS.,  t.  V,p.  1:^9,  place  en  1073  la  prise  de  Saleme,  maïs 

on  Hait  que,  par  suite  d'une  faute  de  copiste,  presque  tous  les  évéae* 

iM'  lits  r.ippoi  t«:s  par  l'anonyme  sont  avancés  d*un  an.  cf.  Mcia* 

i"ki,   /.   f- ,  tuiiv.  10;  c'est  donc  en    1076  qu*il  fisut,  d'après  lui, 

l>l  iccr  il  t  cvcnoMicnt  ;  >  Lupus  (MG.  SS.,  t.  V,  p.  60)  donne  1077 

LMuiiiic  (iati:  ilf  1.1  rcililition  de  Salcrne,  mais  plusieurs  passages  des 

.bm.i/r.v  >)i:  Lupus  font  voir  que  ces  Annales  commencent  l'année 

Hiii vante  «Ick  li;  niois  de  septembre  de   l'année  précédente  (Cf.»  aa. 

iDiO,  in.|S,  u/.q,  10S8,  1098,  1099,  Il  17).  La   prise  de  SalcrM 

ayant  ci\  lieu  en  décembre,  et  Lupus  lui  assignant  la  date  de  10771 

c'est  .lonc    1076    qu'il    faut  lire;    4»  Annales  Selii 


347 

a  la  cité,  car  comme  Dieu  lui  avoit  concedut  viaoire 
avant  de  lo  chaste  de  Salerne  et  de  Amalfe,  ensi  meinte- 
nant  en  une  nuit  lui  concedi  la  cité.  Quar  Dieu  avoit 
proveu  a  lo  malvaiz  proposement  de  Gysolfe,  liquel  se 
estoit  mis  en  cuer  de  ardre  la  cité  s^il  non  la  pooit  def- 
fcndre.  Et  quant  lo  bon  duc  vit  la  poureté  de  cil  de 
Salerne,  commanda  que  en  la  cité  se  feist  lo  marchié,  et 

0 

de  Calabre  et  d'autre  part  fist  venir  victaille  et  a  bon 
marchié.  Et  en  lieuz  competens  fist  merveillouz  palaiz 
sur  li  mur  de  la  cité,  si  que  il  estoient  dedens  et  deforsde 
la  terre.  Et  après  ce  fu  atornoié  la  tor  de  grandissimes 
paliz  et  y  mist  gardiens,  et  lo  chaste!  liquel  avoit  fait  Gi- 
solfe  pour  garder  la  roche,  fist  habiter  ;  et  Gisolfe  devisa 
li  ystrument  soe  et  menoit  pierres.  Un  jor  lo  dyable,. 
liquel  aidoit  a  Gisolfe  en  sa  perversité,  la  pierre  laquelle 
estoit  mandée  en  la  tor  se  romppi,  et  une  part  de  la 
pierre  donna  a  lo  costé  de  lo  duc  et  parut  qu'il  en  deust 
morir.  Mes  par  la  vertu  de  Djeu,  en  poi  de  temps  en  fu 
garut  (i). 


'  (MG.  SS.,  t.  XVII,  32),  ad.  an.,  1076  :  «  Dux  Robertus  venit 
Salernum  et  cepit  »;  5^  AiMé,  comme  nou«  le  verrons  bientôt,  dit 
que,  quelque  temps  après  la  chute  de  Salerne,  Gisulfe  étant  venu  à 
Rome  pour  rendre  visite  au  pape,  dut  attendre  son  retour.  Cette 
absence  du  pape  s'explique  très  bien,  si  l'on  suppose  que  Salerne  ait 
succombé  en  1076.  En  effet  Salerne  ayant  capitulé  en  décembre, 
et  Gisulfe  ayant  été  quelque  temps  à  Capoue  avant  de  venir  à 
Rome,  c'est  au  printemps  ou  durant  l'été  de  1077  qu'il  y  sera 
venu;  or  en  1075,  en  1076,  en  1078,  Grégoire  VU  a  passé  à 
Roms  le  printemps  et  une  grande  partie  de  l'été  ;  c'est  seulement  en 
1077  qu'il  a  été  absent  de  Rome  pendant  la  fin  de  l'hiver,  le  prin- 
temps et  à  peu  près  tout  l'été;  l'assertion  d'Aimé  permet  donc  de 
conclure  que  Salerne  a  été  en  1076  soumise  par  les  Normands, 
(i)  Guillaume  de  Fouille  dit  également  que,  la  ville  étant  prise, 
Gisulfe  se  réfugia  dans  la  citadelle,  et,  dans  les  vers  suivants,  1.  III, 


348 

Cap.  24.  Et  quant  lo  duc  Richart  vit  que  la  brigue  de 
son  anemi  estoit  venue  a  fin,  cercha  adjutoire  a  lo  duc 
pour  venir  sur  Napie.  Et  adont  lo  duc  comanda  a  cil  de 
Amalfe  et  a  H  Caiabrez  que  ii  aillent  o  tout  lor  nefs 
et  obéissent  a  lo  prince  plus  que  a  lui.  Et  li  prince  co- 
manda que  soient  fait  chasteaux  fors  deli  mur  de  la  cité, 
et  les  fist  enforcier,  et  fist  porter  laingue,  et  de  li  labor  de 
ccuz  de  la  cité  racmpli  ses  greigniers.  Li  navie  estoit  en 
mer  et  cerchoit  de  faire  offense  a  la  cité.  Et  cil  de  la  cité 
de  Naple  garnissent  la  cité  et  veillant  gardent  les  torres. 
Ht  a  ce  que  Dieu  lor  deust  aydicr,  quant  a  home  tant  a 
famc,  vont  par  les  cglizes  et  sont  en  orations  et  jejunoient. 
Et  aucune  foiz  li  bon  chevalier  issoient  fors  et  clamoient 
li  Normant  a  combatre,  et  aucune  foiz  tornoient  o  vic- 
toire. Et  aucune  foiz  aloient  contre  ceaux  qui  estoient  a 
lo  navie  et  prenoicnt  li  marinier  en  dormant  ;  une  foiz 
pristrent  .ij.  c,  et  .ij.  gâtées  entrèrent  en  lo  port,  dont 
n'avoîcnt  paor  en  la  cité  quar  issoient  defors  a  combatre, 
et  assaillirent  cil  de  Naple  lo  castel  de  lo  prince,  et  en 
pristrent  ce  qu*il  porcnt  et  puiz  ardirent  lo  remanant.  Et 
lo  prince  cerchoit  de  faire  un  autre  chastel  en  un  lieu 
plus  estroit,  a  ce  que  constrainsist  li  citadin  de  issir  de  la 
cité,  a  reprimer  lor  férocité.  Et  une  multitude  de  che- 

V.  450  sqq..  il  parle  de  la  blessure  reçue  par  Robert  Guiscard,  tandis 
qu'il  assiégeait  cette  citadelle  : 

H  Expngnat  validts  Robertu»  viribus  arcem 
At  valido  cum  forte  ducis  petraria  saxi 
Ictu  dimissi  perculsa  fuisset  ab  alto, 
Avul&um  lignum  Roberti  nobile  pectus 
Sauciat  incauti,  scd  non  post  tempore  multo 
Auxiliante  Deo  rccipit  caro  Izsa  salutem. 
Redditus  incolumis  magis  ezpugnarc  Gisulphum 
Nititur.  >* 


Î49 

valiers  et  de  pedons  se  levèrent,  et  constreinstrent  li  gar- 
dien a  fuir  et  destnixirent  lo  castei.  Et  lo  prince  pour 
vergoingne  avoit  grant  dolor,  dont  clama  ses  chevaliers 
pour  faire  venjance,  et  pour  ce  que  li  chevalier  non 
timoient  furent  plusormort,  etpromistlo  prince  a  li  che- 
valier que  se  lor  chevauz  moroient  de  rendre  meillor;  et 
pourceste  promesse  pristrent  cuer  li  Normant,  et  secu- 
terent  li  citadin  et  les  occistrent  (  i  ). 

Cap.  25.  En  cellui  temps,  a  Gisoffe  commencèrent  a 
faillir  les  despens,  car  donnoit  troiz  unces  de  pain  por 
chascun  home,  et  une  unce  de  formage.  Et  il  sol  bevoit 
vin,  et  li  frère  en  bevoient  petit.  Et  jase  moustroît  la  ma- 
grece  en  lor  faces,  et  la  vertut  failloit  en  lor  membres  et 
non  menoient  pierres  a  cil  de  la  cité,  ne  non  crioient,  ne 


(i)  La  Chronicon  Anon.  Casin,  dit  que  le  prince  Richard  com- 
mença à  assiéger  Naples  dans  le^  premiers  jours  de  mai  1077  :  a  Hoc 
anno  107Û  (nous  avons  déjà  dit  que  les  événements  rapportés  par 
cette  chronique  sont  toujours  datés  de  Tannée  précédente)  Richardus 
princeps  cepit  obsidere  Neapolim,  principîo  mensis  Maii.  »  La  Chroni- 
con Cavense  et  Romuald  de  Salerne  sont  d*accord  sur  ce  point  avec 
TAnonyme  du  Mont-Cassin.  Il  faut  conclure  de  là  que  Gisulfe 
résista  assez  longtemps  dans  la  forteresse  de  Salerne,  car,  lorsqu*il 
se  rendit,  il  alla  rejoindre  Richard,  occupé  au  siège  de  Naples.  Mais 
il  se  peut  très  bien,  et  c*est  ce  que  le  texte  d*Aimé  indique,  qu'aus- 
sitôt après  la  prise  de  la  ville  de  Salerne  et  tandis  que  la  forteresse 
tenait  encore,  Robert  et  Richard  aient  fait,  avant  le  mots  de  mai 
1077,  les  préparatifs  du  siège  de  Naples.  Au  point  de  vue  de  la  chro- 
nologie, toute  cette  partie  de  Touvrage  d*Aimé  8*harmonise  très  bien 
avec  les  données  des  autres  chroniqueurs.  Il  faut  cependant  excepter 
Pierre  Diacre  qui,  dans  la  chronique  du  Mont-Cassin,  a,  nous  Tavons 
déjà  dit,  interverti  Tordre  de  ces  événements.  Il  parle  (Chron.  Casin., 
III,  46)  du  siège  de  Naples  par  Richard,  mais  se  borne  à  dire  que 
S.  Janvier  défendit  visiblement  la  ville  contre  Tattaque  des 
Normands. 


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destniire,  alas  a  lo  impeor  de  Constentinoble  et  cerchas 
Tajutoire  de  lo  pape  (  i  )  ;  et  pour  moi  destruire  en  tout 
requeris  Tayde  de  li  famé  (2).  Et  en  tout  moi  avoiez  en 
odie,  et  por  ton  chevalier  non  me  voliste  recevoir  ;  et  je  te 
demandai  la  paiz  pour  ceuz  de  Amalfe  et  qe  la  vouliz 
faire  pourproiere  moie,  ne  pour  amonition  de  message  non 
la  voulis  faire.  Et  maintenant,  par  la  grâce  de  Dieu,  ai*je 
donné  pais  a  cil  de  Amalfe  et  à  cil  de  Salerne.  »  Et  quant 
il  orent  complit  cestes  paroles,  sanz  plus  dire  se  partirent; 
et  la  ducesse  sovent  aloit  a  la  roche,  et  reprenoit  son  frère 
de  ce  que  non  vouloit  croire  a  son  conseill.  Et  une  autre 
foiz,  Gisolfe  retorna  a  lo  duc  et  ot  celle  response  qu^il 
avoit  eue  avant  de  lo  duc. 

dp.  27.  Et  puiz  que  par  la  pétition  soe  non  trova 
fruct,  proia  lo  duc,  quar  il  vouloit  trair  la  gent  de  lo  duc, 
qu^il  deust  saillir  sur  en  lo  chastel  où  estoit  lo  duc,  et  que 
poist  venir  a  parler  avec  lui;  et  lo  fist  lo  duc,  et  promet- 
toit  Gisolfe  de  rendre  la  roche.  Mes  solement  fust  il  déli- 
vré et  sa  gent  qui  estoient  dedens,  mes  nulle  parole  non 
en  fist.  Et  lo  duc  dist  que  non  vouloit  la  roche  sànz  lo 
prince.  Et  lo  prince  quant  il  vit  ce,  il  se  donna  il  meisme 
avec  la  roche,  et  lo  conte  commanda  qu^il  fust  gardé. 
Et  il  fist  sa  gent  monter  a  la  roche  et  garder  la  roche  et  li 
mur  et  la  tor.  Et  quant  Johan,  frère  de  Gisolfe,  donna 
la  roche,  auvec  loquel  Jehan  avoit  eu  conseill  Gisolfe,  li 


(i)  Sur  Ce  voyage  de  Gisulfe  à  Constantinople  pour  décider  l'em- 
pereur d'Orient  à  faire  la  guerre  à  Robert  Guiscard,  cf.  supra,  I.  IV, 
c.  36-40.  —  Nous  avons  vu  également  que  Gisulfe  avait  gardé  avec 
Grégoire  VII  de  grandes  relations  d*aniitié  alors  que  le  pape  avait 
excommunié  Robert  Guiscard  et  était  en  guerre  avec  lui. 

(2)  Allusion  à  la  duchesse  Béatrix  et  à  la  comtesse  Mathilde  lors 
de  l'expédition    de   Monte-Cimino  ;   cf.  suprfi,   1.  VII,  c.    12    sq. 


Î52 

gardien  avoient  paour  de  la  sentence  de  lo  duc.  Mes  lo 
duc^  par  la  soe  présence,  mistiga  la  paour  lor,  et  fist  venir 
a  soi  li  caval  dont  fist  chevaucier  li  plus  grant,  et  avec 
veillante  garde  les  fist  garder,  et  li  autre  fist  aler  a  la  cort. 
Et  lo  matin  rendi  la  maison  soe  a  chascun  gardien,  et  la 
proie  qui  se  trova  de  cestui  gardien,  et  lor  pardona  lor 
coulpe,  et  puiz  li  vaillant  duc  Robert  o  honor  grande  et 
confortable  et  promission  de  ami. 

Cai>.  28.  Et  quant  ces  chozes  devant  dites  furent  faites, 
lo  duc  proia  lo  prince  qu'il  lui  donnast  le  dent  de  saint 
Mathie.  laquel  avoit  levée  de  Feglize,  et  lo  duc  lo  savoit. 
Et  ce  faisoit  lo  duc  qu'il  non  vouloit  que  la  cité  perdist 
celle  relique,  et  lo  prince  confessa  quMI  Tovoit  et  qu^il  lui 
vouloit  doner.  Et  absconsement  comanda  a  son  chambrier 
qu'il  lui  deust  porter  la  dent  de  un  Judée  qui  alore  avoit 
esté  mort.  Et  puiz  que  lo  duc  ot  celle  dent,  il  la  mist  en  un 
bel  drap  de  soie  et  la  manda  a  lo  duc.  Et  lo  duc  qui  sages 
cstoit  pensa  la  malice  de  Gisolfe,  se  fist  clamer  lo  prestre 
liquel  savoit  cornent  cstoit  longue,  et  comment  elleestoit 
laite  ;  quar  maintenant  fu  corrocié  lo  duc  quant  il  vit  que 
la  dent  non  estoittaitc  ensi  coment  li  prestre  dîsoit.  Lo 
duc  manda  disant  a  lo  prince  que  s'il  non  avoit  la  dent 
do  saint  Mat  h  le  propre  a  lo  jor  sequent,  qui  trairoît  a  Gi- 
solt'e  li  dent  soc.  Et  o  grant  festinance  vint  un  message  et 
aporia  a  lo  duc  la  propre  dent  de  saint  Mathie,  laquelle 
tcnoit  Gaymcre  lo  malvaiz  frère  del  prince,  et  la  donna  a 
lo  dcvot  duc.  Gestui  Guaymere  estoit  tant  malvaiz  et  pes- 
sime,  que  quant  il  estoit  en  cest  pericule  de  turbation, 
non  ot  en  horror  de  prendre  la  virgine  a  laquelle  avoit 
jure  de  garder  la  virginité  soe,  non  ot  paor  de  la  cor- 
rompre. 

Cap.  29.  Et  lo  duc,  a  ce  qu'il  monde  lo  principal  de 


Î5} 

toute  escandalizement,  et  libéral  ment  lo  puisse  salver, 
demanda  de  li  frère  de  Gisolfe  le  chastel  loquel  tenoit  de 
Gisolfe.  Et  Gisolfe  lo  contredist  et  o  ses  fauz  argumens 
queroit  de  gaber  lo  duc.  Et  lo  (Juc  fist  venir  li  nave  a  lo 
port  et  fers  pour  loier  lo  prince,  quar  lo  vouloit  mander 
a  Palerme  pour  estre  en  perpétuel  prison.  Et  alore  fu  un 
petit  de  plaint,  car  ses  sorors  soulement  en  pjoroient,  mes 
toute  autre  persone  en  estoient  liez  et  Joians.  Et  li  frère 
de  Gisolfe  vindrent,  et  comment  lor  fu  comandé,  Lan- 
dulfe  rendi  lovai  de  Saint-Severin  et  Pollicastre  (i),  et 
Guaymere  rendi  Cylliente  (2).  Et  ensi  fu  finie  toute 
brigue  ;  et  jura  Gisolfe  que,  par  soi  ne  par  autre,  mais 
non  cercera  lo  principée  de  Salerne.  Mes  cest  sacrement 
tost  getta  par  la  bouche  comment  lo  sacrement  quHl  avoit 
fait  a  ceuz  de  Amalfe.  Et  la  ducesse,  par  lo  commande- 
ment de  lo  duc,  lui  donna  molt  de  chosez,  et  li  duc  lui 
donna  mil  besans  et  chevaux  et  mulz.  Et  puiz  que  Gysolfe 
fu  privé  de  son  principée  et  de  li  ancessor  soe,  s'en  ala  a 
lo  principe  Ricchart  et  fu  receu  gratiousement,  et  fu  gardé 
honorablement.  Et  a  ce  que  vesquit  plus  quîetement, 
mentre  qu^il  estoit  sur  Naple  lo  manda  a  Capue.  Mes  en 
petit  de  temps  se  partirent  corrociez  lui  et  lo  prince. 

Cap.  3o.  Et  que  lo  pape  non  estoit  présent,  Gisolfe 
atendoit  son  avènement,  quar  en  lo  bénéfice  de  lo  pape 

(i)  San-Severino  et  Policastro,  nu  sud  de  Salerne  et  près  du  rivage 
du  golfe  de  Policastro. 

(2)  Le  Cilento  (cis  Alentum),  c'est-à-dire  le  pays  au-delà  du  fleuve 
Alento  au  sud  de  Salerne  ;  voyez  sur  le  Cilento  une  brillante  étude 
de  François  Lenormant  «  A  travers  VApulie  et  la  Lucanie  »,  t.  Il, 
p.  225  sqq.,  ù  la  p.  271  de  cette  étude,  M.  Lenormant  dit  que  les 
Normands  s'installèrent  de  bonne  heure  dans  le  Cilento,  longtemps 
avant  la  prise  de  Salerne.  On  voit  que  s'il  s'agit  du  Cilento  propre- 
ment dit,  une  telle  affirmation  est  contredite  par  Aimé. 

23 


554 

non  failloit  de  relever  Tangoisse  soe  et  misère.  Et  puiz 
retorna  lopape,  et  Gisolfe  ala  a  lui,  quar  toute  Tesperance 
et  toute  la  curede  Gisolfe  estoit  en  lo  pape.  Et  que  Ip  pape 
lui  v^nil^'it  bien  e;  lo  amoit  corne fill,  lo  recbut  corne  amor 
do  pore  et  mousira  a  I:  Ro.iiain  et  a  toute  manieredegent 
corsioiu  lui  vouloit  bien;  et  lo  fist  prince  de  toutes  les 
chozes  uol  l'Eglize.  et  lui  comist  tout  son  secret  et  tôt  son 
consoill,  et  disponist  les  toutes  de  l'Eglize  les  choses  a  soe 
libéralité  et  volenté  (il. 

Cap.  3 1 .  Et  en  cellui  temps  vindrent  a  parler  ensemble 
li  dui  seignor,  c'est  lo  prince  et  lo  duc.  Et  lo  prince  re- 
prent  lo  duc  et  lui  dist  vergoingne,  et  lo  duc  la  substint, 
et  puiz  retirent  paiz,  quar  la  humilité  vaint  la  superbe. 
Et  lo  duc  manda  plus  de  nefs  por  restraindre  lo  port  de 
Naple.  et  o  li  cxcrcit  de  li  chevalier  ferma  lo  chastel  et  lo 
iist  garder,  liqucl  avoient  rout  li  Neapolitain.  Et  puiz 
.XXX.  jors.  avec  lo  conseillct  avec  la  licence  de  lo  prince, 
laissant  les  nefs  a  lo  port  et  li  chevalier  en  garde  de  lo 
chaste],  lo  duc  ala  assegier  Boni  vent,  et  fist  forteresce  enior 
et  atllist  li  citadin  de  les  choses  lor. 


(1)  Grcgoire  VII  rentra  à  Rome  dans  les  premiers  jours  de  lep- 
unibrc  i077,apri:s  un  long  séjour  dans  le  nord  de  l'Italie;  cf.  Jaffs- 
l.o:wKNbFiD  :  Kii^tstj  Pont  if.  roman..  no«  5044,  5  04  3,  5046.  Cest 
JuiK-  à  Celte  c(vqu(!qu*i!  a  reçu  Gisulfe.  Guillaume  de  Fouille  parle 
^gnlom-jnt,  1.  III.  v.  4(1  If  sqq.,  des  faveurs  accordées  à  Gisulfe  par 
iirci;uirc  VII  : 


«I  Gri?goriuni  ]xip.im  spoliatus  (Gisulfus)  honore 
Appctiit  priiiium.  Von  ien  te  m  papa  bcnigne 
Sus.ipit  et  regio  C.impanîca  tmditur  illi.  ■ 

Voyez  sur  celle  rôc.'piion  du  pape  a  Gisulfe  :  5.  Grégoire  VU  d 
/j  rcfnrmc  de  rt'^ise  au   A7e  siècle,   par   O.    Dklam:,    t.   Ul 

p.  J2S  sq. 


Î55 

Cap.  32.  Et  lo  pape  pour  ceste  chose  et  pour  autre  as- 
sembla lo  consistoire  et  excommunica  lo  duc,  et  touz  ceuz 
qui  lo  sequtoient  (i).  Et  Jordain  fill  de  lo  duc,  avec  lo 
conte  Rogier  son  oncle,  volant  avoir  la  grâce  de  l'Eglize, 
alerent  a  Rome  et  furent  absolut  de  la  excommunication, 
et  firent  ligue  de  fidélité  avec  lo  pape  (2). 

Cap.  33.  Et  Baialarde  retornant  a  locuer  soe  manda  sa 
mère  avant  pour  avoir  miséricorde  de  lo  duc,  et  il  vint 
après  et  rendi  lo  castel  de  Sainte-Agathe,  et  ot  la  grâce  de 

(i)  Les  Annales  de  Bénévent  parlent  de  ce  siège  et  en  indiquent  la 
date  avec  précision  :  «  1077,  anno  5  domni  Gregorii  septimi  papse, 
obiit  Landolfus  princeps  (Beneventi)  et  Richardus  princeps  (c'est 
une  erreur,  le  prince  Richard  de  Capoue  ne  mourut  que  le  5  avril 
1078)  et  Robertus  dux  obsedit  Beneventum  a  mense  Januario  usque 
6  idus  Aprilis  ».  Annales  Beneventani  ad  an.  1077.  Ainsi  que  Wein- 
reich  Ta  démontré,  les  Annales  de  Bénévent  ne  commencent  Tannée 
qu'avec  les  calendes  de  mars  ;  Weinreich,  De  conditione  Jtalice  infe- 
rioris,  Gregorio  septimo  pontifice,  p.  80  :  «  Auctorem  annalium 
Beneventanorum  annum  calendis  martiis  incipere  demonstratur  »; 
le  mois  de  janvier  1077  ^^  Annales  de  Bénévent  est  donc  en  réalité 
de  1078.  RoMUALD  DE  Salerne  écrit  également;  «  Anno  primo  post- 
quam  cepit  Salernum,  Robertus  dux  Beneventum  obsedit, acriter  eam 
expugnans  ».  Chronicony  ad  an.,  1075  (date  erronée)  dans  Muratori, 
R.  I.  SS.,  t.  VII,  col.  171.  Enfin,  Pierre  Diacre,  Chron.  Cassin., 
III,  45,  parle  des  fortifications  élevées  par  Robert  Guiscard^  autour 
de  Bénévent,  pour  s'emparer  de  la  ville. 

Ce  fut  dans  le  synode  romain,  du  2 5  février  au  3  mars  1068,1  que 
Grégoire  VII  excommunia  les  Normands  qui  assiégeaient  Bénévent  : 
o  Nous  excommunions,  dit  le  proccs-verbal  du  concile,  tous  les  Nor- 
mands qui  envahissent  le  domaine  de  S.  Pierre,  c'est-à-dire  la 
marche  de  Fermo,  le  duché  de  Spolète,  ceux  qui  assiègent  Bénévent 
(et  eos  qui  Beneventum  obsident)  et  s'efforcent  d'envahir  et  de  piller 
la  Campanie,  la  province  Maritime  et  la  Sabine,  également  ceux  qui 
cherchent  à  jeter  la  confusion  dans  la  ville  de  Rome  ».  Gregorii  VII 
Regist.,  V,  14,  p.  307  sq.  des  Mon,  Gregor.  de  Jaffe. 

(2)  Cf.  supra,  p.  227,  note  i. 


346 

a  annoncier  la  victoire  a  lo  duc.  Et  Gisolfe,  quant  il  ci 
ce,  comcnsa  a  fouyr,  et  se  leva  de  lo  lit  et  foy  a  la  roche, 
et  se  appareilla  pour  soi  vengier.  Lo  sequent  jor,  liquel 
estoit  yde  de  décembre,  c*est  lo  .xvi.  jor,  lo  duc  vainceor 
manda  sa  gent  a  la  cité  (  i  ).  Et  puix  i  ala  il  et  dona  paiz 

(i)  Il  ne  saurait  y  avoir  de  doute  sur  le  mois  et  le  jour  de  la  prise 
de  Salorne  par  Robert  Guiscard;  Aimé  dit  que  la  ville  succomba  le 
jour  des  ides  de  décembre,  c'est-à-dire  le  1 3  décembre,  c'est  donc 
par  une  faute  du  copiste  qu'on  lit  dans  Aimé  le  i6  décembre.  Les 
Annales  Beneventani  portent  :  MG.  SS.,  III,  i8i,«  in  festom  sancic 
Luciae,  in  ipsa  nocte  cepit  civitatem.  »  —  Anonymus  Casin.f  dans 
MuRATORi,  R.  I.  SS.,t.  V,  p.  i39  :  «  cepit  eam  die  id.  decembris.  » 
—  Annales  Cavenses,  MG.  SS.,  t.  III,  p.  190  :  «  cepit  eam  die  îdibus 
decembris.  »  Enfin,  Romuald  de  SALERNset  la  Chronique  d'AmalJif 
constatent  également  que  Salerne  succomba  au  mois  de  décembre. 
Mais,  si  le  jour  et  le  mois  de  la  reddition  de  la  ville  sont  indiscu- 
tables, les  historiens  ne  s  accordent  pas  pour  dire  en  quelle  année 
Salerne  a  passé  sous  la  domination  normande,  les  uns  proposant 
1075,  d'autres  1076,  quelques-uns,  enfin,  1077;  voyez  sur  cette 
question  G.  Weinreicii  :  De  conditione  Italiœ  ittferioris  Gregorio 
septimo  pontiflce,  p.  89.  Les  preuves  suivantes  établissent  que 
l'année  1076  est  bien  celle  de  la  chute  de  Salerne  :  i»  Les  Annales 
Cavcnses,  qui  ont,  quand  il  s*agit  de  Salerne,  une  autorité  spéciale 
portent  :  «  1 076,  Robbertus  dux  venit  super  Salernum  prîdie  nonas 
Magias  et  obscdit  eam  terra  marique  et  cepit  eam  die  idibus  decem- 
bris. N  MG.  SS.,  t.  IV,  p.  190;  20  UAnonrmus  CasinnpdtiM hbnuL' 
TORi,  R.  I.  SS.,  t.  V,p.  139,  place  en  1075  la  prise  de  Salerne,  mtii 
on  sait  que,  par  suite  d'une  faute  de  copiste,  presque  tous  les  évén^ 
monts  rapportes  par  l'anonyme  sont  avancés  d'un  an.  cf.  Mura- 
TORi,  /.  c,  note  19;  c'est  donc  en  1076  qu'il  faut,  d'après  lui, 
placer  cet  cvcnemcnt  ;  3<*  Lupus  (MG.  SS.,  t.  V,  p.  60)  donne  1077 
cumme  date  de  la  reddition  de  Salerne,  mais  plusieurs  passages  des 
Annales  lie  Lupus  font  voir  que  ces  Annales  commencent  Tannée 
suivante  dès  le  mois  de  septembre  de  l'année  précédente  (cf.j  mL 
1029.  1043,  1069,  1088,  1098,  1099,  II 17).  La  prise  de  Saleras 
ayant  eu  lieu  en  décembre,  et  Lupus  lui  assignant  la  date  de  1077, 
c'est  donc    1076    qu'il    faut  lire;    4«  Annales  Seligmutédtuet 


347 

a  la  cité,  car  comme  Dieu  lui  avoit  concedut  viaoire 
avant  de  lo  chaste  de  Salerne  et  de  Amalfe,  ensi  meinte- 
nant  en  une  nuit  lui  concedi  la  cité.  Quar  Dieu  avoit 
proveu  a  lo  malvaiz  proposement  de  Gysolfe,  liquel  se 
estoit  mis  en  cuer  de  ardre  la  cité  s^il  non  la  pooit  def- 
fendre.  Et  quant  lo  bon  duc  vit  la  poureté  de  cil  de 
Salerne,  commanda  que  en  la  cité  se  feist  lo  marcbié,  et 
de  Calabrc  et  d^autre  part  iist  venir  victaille  et  a  bon 
marcbié.  Et  en  lieuz  competens  iist  merveillouz  palaiz 
sur  li  mur  de  la  cité,  si  que  il  estoient  dedens  et  deforsde 
la  terre.  Et  après  ce  fu  atornoié  la  tor  de  grandissimes 
paliz  et  y  mist  gardiens,  et  lo  chastel  liquel  avoit  fait  Gi- 
solfe  pour  garder  la  roche,  fist  habiter;  et  Gisolfe  devisa 
li  ystrument  soe  et  menoit  pierres.  Un  jor  lo  dyable,. 
liquel  aidoit  a  Gisolfe  en  sa  perversité,  la  pierre  laquelle 
estoit  mandée  en  la  tor  se  romppi,  et  une  part  de  la 
pierre  donna  a  lo  costé  de  lo  duc  et  pai:ut  qu^il  en  deust 
morir.  Mes  par  la  vertu  de  Djeu,  en  poi  de  temps  en  fu 
garut  (i). 


(MG.  SS.,  t.  XVII,  32),  ad.  an.,  1076  :  «  Dux  Robertus  venit 
Salernum  et  cepit  »;  5^  Amé,  comme  nous  le  verrons  bientôt,  dit 
que,  quelque  temps  après  la  chute  de  Salerne,  Gisulfe  étant  venu  à 
Rome  pour  rendre  visite  au  pape,  dut  attendre  son  retour.  Cette 
absence  du  pape  s'explique  très  bien,  si  l'on  suppose  que  Salerne  ait 
succombé  en  1076.  En  effet  Salerne  ajrant  capitulé  en  décembre, 
et  Gisulfe  ayant  été  quelque  temps  à  Capoue  avant  de  venir  à 
Rome,  c'est  au  printemps  ou  durant  Tété  de  1077  qu'il  y  sera 
venu;  or  en  1075,  en  1076,  en  1078,  Grégdire  VU  a  passé  à 
Rome  le  printemps  et  une  grande  partie  de  Tété  ;  c'est  seulement  en 
1077  qu'il  a  été  absent  de  Rome  pendant  la  fin  de  Thiver,  le  prin- 
temps et  à  peu  près  tout  l'été;  l'assertion  d'Aimé  permet  donc  de 
conclure  que  SaL^rne  a  été  en  1076  soumise  par  les  Normands, 
(i)  Guillaume  de  Fouille  dit  également  que,  la  ville  étant  prise, 
Gisulfe  se  réfugia  dans  la  citadelle,  et,  dans  les  vers  suivants,  I.  UI, 


31« 

Cap.  24.  P't  quant  lo  duc  Richart  vît  que  la  brigus  ie 
son  ancmi  cstoit  venue  a  fin,  cercha  adjutoire  a  lo  duc 
pour  venir  sur  Naple.  Et  adont  lo  duc  comanda  a  cil  de 
Amalfr  et  a  li  Calabrcz  que  H  aillent  o  tout  lor  neâ 
et  ohcisscnt  a  lo  prince  plus  que  a  lui.  Et  li  prince  co- 
tnand.'i  que  soient  fait  chastcaux  fors  deli  mur  de  la  dté, 
et  les  fist  cnforcicr,  et  fist  porter  laingue,  et  de  li  labor  de 
i  vil  A  (le  la  cité  raempli  ses  grcigniers.  Li  navie  estoit  en 
mer  et  (crchoii  de  faire  offense  a  la  cité.  Et  cil  de  la  cité 
t\r  Naple  f^arnissent  la  cité  et  veillant  gardent  les  corres. 
l'j  a  iv  rpjc  Dieu  lor  deust  aydicr,  quant  a  home  tant  a 
fanic,  vont  p;ir  leseglizesetsontcn  orations  et  jejunoient. 
l'j  anrnnc  loi/,  li  lv>n  chevalier  issoient  fors  et  clamoient 
Il  Normani  a  combatre,  et  aucune  foiz  tornoient  o  vic- 
loirf.  lu  aucune  foiz  aloicnt  contre  ceaux  qui  estoienta 
lo  navie  ft  prcnoient  li  marinier  en  dormant;  une  foiz 
prisirent  .ij.  c,  et  .ij.  galccs  entrèrent  en  lo  port,  dont 
n'avoicnt  ))ar)r  on  la  cité  quar  issoient  defors  a  comhatre, 
et  assaillirent  cil  de  Naple  lo  castel  de  lo  prince,  et  en 
IM'isircnt  ce  qu'il  porent  et  puiz  ardirent  lo  remanant.  Et 
lo  prince  cerchoit  de  iaire  un  autre  chastel  en  un  lieu 
pins  esiniii,  a  ce  «pie  constrainsist  li  citadin  de  issir  de  la 
i-ii(^  a  rcprimcr  lor  férocité.  Et  une  multitude  de  cbe- 

V.  l'in  M].].,  il  parle  dr  la  btcsiiurc  reçue  par  Robert  Guîscard,  tandis 
•  lu'il  iis-.k'^ciiii  idlc  ciiiiiirllc  : 

f  l'!«piiL;iiiM  viititlift  Rnbertiis  virihus  arcem 
Al  Viiliiti)  iiim  forte  diicis  petraria  saxî 
Util  liiinissi  pcrciilsa  fuissct  ab  alto, 
Aviilsiiiii  lif;niiin  Kobcrti  nobile  pectus 
S.iiiii.ii  iiu.uiii,  Kcd  non  post  tempore  multo 
Aiiviliantt*  |)co  rccipit  caro  Ixsa  salutem. 
Rntiiitii.s  ini'oliimjs  mngis  expugnarc  Gîsulphum 
Nititiir.  » 


Î49 

valiers  et  de  pedons  se  levèrent,  et  constreinstrent  ii  gar- 
dien a  fuir  et  destruxirent  lo  castel.  Et  lo  prince  pour 
vergoingne  avoit  grant  dolor,  dont  clama  ses  chevaliers 
pour  faire  venjance,  et  pour  ce  que  li  chevalier  non 
timoient  furent  plusor  mort,  et  promist  lo  prince  a  li  che- 
valier que  se  Jor  chevauz  moroient  de  rendre  meillor;  et 
pourceste  promesse  pristrent  cuer  li  Normant,  et  secu- 
terent  li  citadin  et  les  occistrent  (  i  j. 

Cap.  2  5.  En  cellui  temps,  a  Gisoffe  commencèrent  a 
faillir  les  despens,  car  donnoit  troiz  unces  de  pain  por 
chascun  home,  et  une  unce  de  formage.  Et  il  sol  bevoit 
vin,  et  li  frère  en  bevoient  petit.  Et  ja  se  moustroît  la  ma- 
grece  en  lor  faces,  et  la  vertut  failloit  en  lor  membres  et 
non  menoient  pierres  a  cil  de  la  cité,  ne  non  crioient,  ne 


(i)  La  Chronicon  Anon.  Casin.  dit  que  le  prince  Richard  com- 
mença à  assiéger  Naples  dans  les  premiers  jours  de  mai  1077  :  «  Hoc 
anno  1076  (nous  avons  déjà  dit  que  les  événements  rapportés  par 
cette  chronique  sont  toujours  datés  de  Tannée  précédente)  Richardus 
princeps  cepit  obsidere  Neapolim,  principio  mcnsis  Maii.  »  La  Chroni- 
con Cavense  et  Romuald  de  Salerne  sont  d'accord  sur  ce  point  avec 
TAnonyme  du  Mont-Cassin.  Il  faut  conclure  de  là  que  Gisulfe 
résista  assez  longtemps  dans  la  forteresse  de  Salerne,  car,  lorsqu'il 
se  rendit,  il  alla  rejoindre  Richard,  occupé  au  siège  de  Naples.  Mais 
il  se  peut  très  bien,  et  c*est  ce  que  le  texte  d'Aimé  indique,  qu'aus- 
sitôt après  la  prise  de  la  ville  de  Salerne  et  tandis  que  la  forteresse 
tenait  encore,  Robert  et  Richard  aient  fait,  avant  le  mois  de  mai 
1077)  l^s  préparatifs  du  siège  de  Naples.  Au  point  de  vue  de  la  chro- 
nologie, toute  cette  partie  de  Touvrage  d'Aimé  s'harmonise  très  bien 
avec  les  données  des  autres  chroniqueurs.  Il  faut  cependant  excepter 
Pierre  Diacre  qui,  dans  la  chronique  du  Mont-Cassin,  a,  nous  l'avons 
déjà  dit,  interverti  l'ordre  de  ces  événements.  Il  parle  (Chron.  Casin., 
III,  45)  du  siège  de  Naples  par  Richard,  mais  se  borne  à  dire  que 
S.  Janvier  défendit  visiblement  la  ville  contre  l'attaque  des 
Normands. 


3SO 

non  disotent  vergoîgne  a  ceuz  de  la  cité,  ne  au  duc  com- 
ment avoient  fait  avant.  Et  la  soror  de  Gîlsolfe  manda  a 
la  ducesse  sa  soror  et  lui  requist  cose  de  vivre.  Et  lui 
manda  a  direqu  elle  dcust  reconcilier  son  marit  a  la  bone 
volenic  de  son  mescbeant  frère.  Et  la  ducesse  ot  une  de 
ceste  .ij.  grâces,  c'est  que  fussent  mandées  chozes  deli- 
ciouscs  a  mengier  a  sez  frères,  c^est  poisson,  oiseaux  et  bon 
vin,  et  toutes  autres  chozes  deliciouses;  mes  sa  bone 
volonté  lui  voust  concedir. 

Cap.  26.  Et  quant  Gisolfe  vit  la  largesce  et  la  miséri- 
corde del  duc,  pria  qu*il  lui  peust  parler,  et  lo  duc  non 
lo  vouloit  oïr.  Et  vindrent  H  premier  message,  et  lîsecont, 
et  li  tiers,  qui  rcqucroient  ceste  chose.  Et  a  l'ultime,  lo 
duc  aoinpli  la  volenté  de  lo  prince,  et  la  nuit  descend!  de 
la  riK'hc.  et  lo  duo  se  leva  contre  lui,  mes  non  lo  vouloit 
recevoir  a  paiz.  Et  lo  duc,  quant  il  ot  oï  lo  prince,  il  dist  : 
«  Jo  cuidoie,  pour  la  parentesce  que  je  fiz  avec  toi,  que 
I\)nor  moic  en  deiist  acroistre,  et  que  tu  me  deussez  esire 
en  aide  non  solement  de  garder  ma  terre,  mes  autres!  me 
ileusso/.  aidicr  a  conqucster  autre  terre.  »  Et  lo  prince 
rcs)XMuIi  :  «  Tu  m\is  maintenant  fait  en  vitupère  de  tout 
11)  monde,  ot  sui  mis  a  desiruaion  et  moi  et  ma  gent,  et 
wow  ilevoic/  considérer  la  parentesce  de  li  Normant,  et 
ilcvoic/  considérer  ma  parentesce,  qui  estions  conjoint 
ensemble;  et  maintenant  me  veuz  chacier  de  Teritage  de 
mon  pore,  tu  qui  me  devroiez  acquester  autre  terre.  »  Et 
lo  duc  o  baisse  voiz  respondi  :  «  Tu  pooiez  estre  surhau- 
cié  pour  lo  mariage  de  ta  suer  comment  tu  dis,  et  estre 
enrichi,  se  la  impatience  et  toe  arrogance  non  fust,  et  se 
non  avisses  desaconcié  mon  service,  et  sur  touz  les  autres 
princes  eussez  esté  surhaucié  ;  quar  moi  soûl  pooiez  avoir 
.X.  mille  combateors  et  bon  home  d'armes,  et  tu,  pour  moi 


destniire,  alas  a  lo  impeor  de  Constentinoble  et  cerchas 
Taj moire  de  lo  pape  (i);  et  pour  moi  destruire  en  tout 
requeris  i^ayde  de  li  famé  (2).  Et  en  tout  moi  avoiez  en 
odie,  et  por  ton  chevalier  non  me  voliste  recevoir  ;  et  je  te 
demandai  la  paiz  pour  ceuz  de  Amalfe  et  qe  la  vouliz 
faire  pour  proiere  moie,  ne  pour  amonition  de  message  non 
la  voulis  faire.  Et  maintenant,  par  la  grâce  de  Dieu,  ai*je 
donné  pais  a  cil  de  Amalfe  et  à  cil  de  Salerne.  »  Et  quant 
il  orent  complit  cestes  paroles,  sanz  plus  dire  se  partirent; 
et  la  ducesse  sovent  aloit  a  la  roche,  et  reprenoit  son  frère 
de  ce  que  non  vouloit  croire  a  son  conseill.  Et  une  autre 
foiz,  Gîsolfe  retorna  a  lo  duc  et  ot  celle  response  qu^il 
avoit  eue  avant  de  lo  duc. 

dp.  27.  Et  puiz  que  par  la  pétition  soe  non  trova 
fruct,  proia  lo  duc,  quar  il  vouloit  trair  la  gent  de  lo  duc, 
quMl  deust  saillir  sur  en  lo  chastel  où  estoit  lo  duc,  et  que 
poist  venir  a  parier  avec  lui;  et  lo  fist  lo  duc,  et  promet- 
toit  Gisolfe  de  rendre  la  roche.  Mes  solement  fust  il  déli- 
vré et  sa  gent  qui  estoient  dedens,  mes  nulle  parole  non 
en  fist.  Et  lo  duc  dist  que  non  vouloit  la  roche  sànz  lo 
prince.  Et  lo  prince  quant  il  vit  ce,  il  se  donna  il  meisme 
avec  la  roche,  et  lo  conte  commanda  quMl  fust  gardé. 
Et  il  fist  sa  gent  monter  a  la  roche  et  garder  la  roche  et  li 
mur  et  la  tor.  Et  quant  Johan,  frère  de  Gisolfe,  donna 
la  roche,  auvec  loquel  Jehan  avoit  eu  conseill  Gisolfe,  li 


(i)  Sur  Ct  voyage  de  Gisulfe  à  Constantinople  pour  décider  l'em- 
pereur d'Orient  à  faire  la  guerre  à  Robert  Guiscard,  cf.  supra,  1.  IV, 
c.  36-40.  —  Nous  avons  vu  également  que  Gisulfe  avait  gardé  avec 
Grégoire  VII  de  grandes  relations  d*aniitié  alors  que  le  pape  avait 
excommunié  Robert  Guiscard  et  était  en  guerre  avec  lui. 

(2)  Allusion  à  la  duchesse  Béàtrix  et  à  la  comtesse  Mathilde  lors 
de  l'expédition    de   Monte-Cimino  ;   cf.  suprfi,    1.  VII,  c.    12    sq. 


352 

gardien  avoient  paour  de  la  sentence  de  lo  duc.  Mes  lo 
duc^  par  la  soe  présence,  mistiga  la  paour  lor,  et  fist  venir 
a  soi  li  caval  dont  fist  chevaucier  li  plus  grant,  et  avec 
veillante  garde  les  fist  garder^  et  li  autre  fist  aler  a  la  cort. 
Et  lo  matin  rend!  b  maison  soe  a  chascun  gardien,  et  la 
proie  qui  se  trova  de  cestui  gardien^  et  lor  pardona  lor 
coulpe,  et  puiz  li  vaillant  duc  Robert  o  honor  grande  et 
confortable  et  promission  de  ami. 

Cap.  28.  Et  quant  ces  chozes  devant  dites  Furent  faîtes, 
lo  duc  proia  lo  prince  qu'il  lui  donnast  le  dent  de  saint 
Mathie,  laquel  avoit  levée  de  Teglize,  et  lo  duc  lo  savoit. 
Et  ce  faisoit  lo  duc  qu'il  non  vouloit  que  la  cité  perdist 
celle  relique,  et  lo  prince  confessa  qu^il  Tovoit  et  qu^il  lui 
vouloit  doner.  Et  absconsement  comandaason  chambrier 
qu'il  lui  deust  porter  la  dent  de  un  Judée  qui  alore  avoit 
esté  mort.  Et  puiz  que  lo  duc  ot  celle  dent,  il  la  mist  en  un 
bel  drap  de  soiect  la  manda  a  lo  duc.  Et  lo  duc  qui  sages 
estoit  pensa  la  malice  de  Gisolfe,  se  fist  clamer  lo  prestre 
liquel  savoit  coment  estoit  longue,  et  comment  elle  estoit 
faite  ;  quar  maintenant  fu  corrocié  loduc  quant  il  xnlt  que 
la  dent  non  estoit  faite  ensi  coment  H  prestre  disoit.  Lo 
duc  manda  disant  a  lo  prince  que  s'il  non  avoit  la  dent 
de  saint  Mathie  propre  a  lo  jor  sequent,  qui  trairoit  a  Gî- 
solfe  li  dent  soe.  Eto  grant  festinance  vint  un  message  et 
aporta  a  lo  duc  la  propre  dent  de  saint  Mathie,  laquelle 
tenoit  Gaymere  lo  malvaiz  frère  del  prince,  et  la  donna  a 
lo  dévot  duc.  Gestui  Guaymere  estoit  tant  malvaiz  et  pes- 
sime,  que  quant  il  estoit  en  cest  pericule  de  turbation, 
non  ot  en  horror  de  prendre  la  virgine  a  laquelle  avoit 
juré  de  garder  la  virginité  soe,  non  ot  paor  de  la  cor- 
rompre. 

Cap.  29.  Et  lo  duc,  a  ce  qu'il  monde  lo  principat  de 


35? 

toute  escandalizement,  et  liberalment  lo  puisse  salver, 
demanda  de  li  frere  de  Gisolfe  le  chastel  loquel  tenoit  de 
Gisolfe.  Et  Gisolfe  lo  contredist  et  o  ses  fauz  argumens 
queroit  de  gaber  lo  duc.  Et  lo  (Juc  fist  venir  li  nave  a  lo 
port  et  fers  pour  loier  lo  prince,  quar  lo  vouloit  mander 
a  Palerme  pour  esire  en  perpétuel  prison.  Et  alore  fu  un 
petit  de  plaint,  car  ses  sorors  soulement  en  ploroient,  mes 
toute  autre  persone  en  estoient  liez  et  joians.  Et  li  frere 
de  Gisolfe  vindrent,  et  comment  lor  fu  comandé,  Lan- 
dulfe  rendi  lovai  de  Saint-Severin  et  Pollicastre  (i),  et 
Guaymere  rendi  Cylliente  (2).  Et  ensi  fu  finie  toute 
brigue  ;  et  jura  Gisolfe  que,  par  soi  ne  par  autre,  mais 
non  cercera  lo  principée  de  Salerne.  Mes  cest  sacrement 
tost  getta  par  la  bouche  comment  lo  sacrement  quUl  avoit 
fait  a  ceuz  de  Amalfe.  Et  la  ducesse,  par  lo  commande- 
ment de  lo  duc,  lui  donna  molt  de  chosez,  et  li  duc  lui 
donna  mil  besans  et  chevaux  et  mulz.  Et  puiz  que  Gysolfe 
fu  privé  de  son  principée  et  de  li  ancessor  soe,  s'en  ala  a 
lo  principe  Ricchartetfu  receu  gratiousement,  etfu  gardé 
honorablement.  Et  a  ce  que  vesquit  plus  quîetement, 
mentre  qu'il  estoit  sur  Naple  lo  manda  a  Capue.  Mes  en 
petit  de  temps  se  partirent  corrociez  lui  et  lo  prince. 

Cap.  3o.  Et  que  lo  pape  non  estoit  présent,  Gisolfe 
atendoit  son  avènement,  quar  en  lo  bénéfice  de  lo  pape 

(1)  San-Severino  et  Policastro,  au  sud  de  Salerne  et  près  du  rivage 
du  golfe  de  Policastro. 

(2)  Le  Cilento  (cis  Alentum),  c'est-à-dire  le  pays  au-delà  du  fleuve 
Alcnto  au  sud  de  Salerne  ;  voyez  sur  le  Cilento  une  brillante  étude 
de  François  Lenormant  «<  A  travers  VApulie  et  la  Lucanie  »,  t.  Il, 
p.  22  5  sqq.,  à  la  p.  271  de  cette  étude,  M.  Lenormant  dit  que  les 
Normands  s'installèrent  de  bonne  heure  dans  le  Cilento,  longtemps 
avant  la  prise  de  Salerne.  On  voit  que  s'il  s'agit  du  Cilento  propre- 
ment dit,  une  telle  affirmation  est  contredite  par  Aimé. 

23 


554 

non  failloit  de  relever  Tangoisse  soe  et  misère.  Et  puiz 
retorna  lopape,  et  Gisolfeala  a  lui,quar  toute  Tesperance 
et  toute  la  cure  de  Gisolfe  cstoit  en  lo  pape.  Et  que  Ip  pape 
lui  vouloit  bien  et  lo  amoit  corne  fill,  lo  rechut  corne  amor 
do  père  et  mousira  a  1:  Ro:T)aîn  et  a  toute  manierede  gent 
coment  lui  vouloit  bien  ;  et  lo  iist  prince  de  toutes  les 
chozes  uol  TEglize,  et  lui  comist  tout  son  secret  et  tôt  son 
conseill,  et  disponist  les  toutes  de  l'Eglize  les  choses  a  soe 
libéralité  et  volenté  (  i  ) . 

Cap.  3i.  Etencellui  temps  vindrent  a  parler  ensemble 
li  dui  seignor,  c'est  lo  prince  et  lo  duc.  Et  lo  prince  re- 
prent  lo  duc  et  lui  dist  vergotngne,  et  lo  duc  la  substlnt, 
et  puiz  refirent  paiz,  quar  la  humilité  vaint  la  superbe. 
Et  lo  duc  manda  plus  de  nefs  por  restraindre  lo  port  de 
Naple,  et  o  li  exercit  de  li  chevalier  ferma  lo  chastel  et  lo 
iist  garder,  liqucl  avoient  rout  li  Neapolitain.  Et  puiz 
.XXX.  jors,  avec  lo  conseill  et  avec  la  licence  de  lo  prince, 
laissant  les  nefs  a  lo  port  et  li  chevalier  en  garde  de  lo 
chastel,  lo  duc  ala  assegier  Bonivent,  et  fist  forteresce  eiitor 
et  atilist  li  citadin  de  les  choses  lor. 


(  1  )  Grégoire  VU  rentra  à  Rome  dans  les  premiers  jours  de  lep- 
icmbre  i077,aprcsun  lung  séjour  dans  le  nord  deTItalie;  cf.  Jaffs- 
i.oî  wFNFEi.n  :  Rcf^stJ  Pontif.  roman.,  n»"  5044,  5o45,  5046.  Cest 
Jonc  à  Celte  cpi>que  quM  a  reçu  Gisulfe.  Guillaume  de  Fouille  parle 
(.gaiement,  1.  lil,  v.  4C3  sqq.,  des  Faveurs  accordées  à  Gisulfe  ptf 
Lircgûire  Vil  : 

«  Grcgorium  papam  spoliatus  (Gisulfus)  honore  Solerni 
Appetiit  priinum.  Vonientcm  papa  bénigne 
Suscipit  et  regio  Campanica  tmditur  ilH.  ■ 

Voyez  sur  cette  r<îccption  du  pape  à  Gisulfe  :  5.  Grégoire  VU  it 
Ij  réforme  de  PÉglise  au  X!^  siècle,   par  O.    Dblam,   t.  111, 

p.  328  sq. 


Î5S 

Cap.  32.  Et  lo  pape  pour  ceste  chose  et  pour  autre  as- 
sembla lo  consistoire  et  excommunicalo  duc,  et  touz  ceuz 
qui  lo  sequtoient  (i).  Et  Jordain  fill  de  lo  duc,  avec  lo 
conte  Rogier  son  oncle,  volant  avoir  la  grâce  de  TEglize, 
alerent  a  Rome  et  furent  absolut  de  la  excommunication, 
et  firent  ligue  de  fidélité  avec  lo  pape  (2). 

Cap.  33.  Et  Baialarde  retornant  a  locuer  soe  manda  sa 
mère  avant  pour  avoir  miséricorde  de  lo  duc,  et  il  vint 
après  et  rendi  lo  castel  de  Sainte- Agathe,  et  ot  la  grâce  de 

(i)  Les  Annales  de  Bénévent  parlent  de  ce  siège  et  en  indiquent  la 
date  avec  précision  :  «  1077,  anno  5  domni  Gregorii  septimi  paps, 
obiit  Landolfus  princeps  (Beneventi)  et  Richardus  princeps  (c*est 
une  erreur,  le  prince  Richard  de  Capoue  ne  mourut  que  le  5  avril 
1078)  et  Robertus  dux  obsedit  Beneventum  a  mense  Januario  usque 
6  idus  Aprilis  ».  Annales  Beneventani  ad  an.  1077.  Ainsi  que  Wein- 
reich  Ta  démontré,  les  Annales  de  Bénévent  ne  commencent  Tannée 
qu'avec  les  calendes  de  mars  ;  Weinreich,  De  conditione  Italiœ  infe- 
rioris,  Gregorio  septimo  pontifice,  p.  80  :  «  Auctorem  annalium 
Beneventanorum  annum  calendis  martiis  incipere  demonstratur  »; 
le  mois  de  janvier  1077  ^^^  Annales  de  Bénévent  est  donc  en  réalité 
de  1078.  RoMUALD  DE  Salerne  écrit  également;  «  Anno  primo  post- 
quam  cepit  Salernum,  Robertus  dux  Beneventum  obsedit, acriter  eam 
expugnans  ».  Chronicon,  ad  an,,  1076  (date  erronée)  dans  Muratori, 
R.  I.  SS.,  t.  VII,  col.  171.  Enfin,  Pierre  Diacre,  Chron.  Cassin., 
III,  45,  parle  des  fortifications  élevées  par  Robert  Guiscard,  autour 
de  Bénévent,  pour  s'emparer  de  la  ville. 

Ce  fut  dans  le  synode  romain,  du  25  février  au  3  mars  1068,  que 
Grégoire  VU  excommunia  les  Normands  qui  assiégeaient  Bénévent  : 
«  Nous  excommunions,  dit  le  proccs-verbal  du  concile,  tous  les  Nor- 
mands qui  envahissent  le  domaine  de  S.  Pierre,  c'est-à-dire  la 
marche  de  Fermo,  le  duché  de  Spolète,  ceux  qui  assiègent  Bénévent 
(et  eos  qui  Beneventum  obsident)  et  s'efforcent  d'envahir  et  de  piller 
la  Campanie,  la  province  Maritime  et  la  Sabine,  également  ceux  qui 
cherchent  à  jeter  la  confusion  dans  la  ville  de  Rome  ».  Gregorii  VII 
Regist.,  V,  14,  p.  307  sq.  des  Mon.  Gregor,  de  Jaffe. 

(2)  Cf.  supra,  p.  227,  note  i. 


3)6 

son  oncle  'n.  Et  lo  marchis,  et  lo  noble  Azo,  quant  il 
Dirent  la  victoire  deloduc,  il  non  manda  epistole  ne  non 
manda  message,  mes  vint-il  en  persone  a  proier  lo  duc 
qu'il  Jonnjst  sa  fille  a  son  iill  pour  moillier  ;  et  lo  duc 
lii  conceJi,  et  dota  la  iille  de  molt  grant  dote  12). 

Cap.  34.  Va  montre  que  ces  chozes  sont,  lo  prince  Ric- 
chart  chai  malade,  et  quant  il  vint  a  la  mort  rend!  a  saint 
Pierre  la  Campaingne,  et  absolut  de  lo  evesque  de  Averse 
fu  mort,  et  enterre  en  cellui  jor  que  Jshu-Crist  cena  avec 
ses  disciples  (3|. 

(i)  Cf.  supra,  1.  VH,  c.  20, 

(2)  Guillaume  de  Pouille,  1.  III,  v.  488-308,  parle  avec  détail  de 
ce  mariage  entre  le  fils  du  marquis  Azo  de  Lombardie  et  une  fille  de 
Robert  Guiscard  : 

«  Dumque  moraretur  (dux)  Troianx  mœnibus  urbii, 
Nobilis  advcnit  Lambardus  marchio  quidam, 
Nobilibus  patriae  multis  comitantibui  illum. 
Azo  vucatus  crat  ;  secum  deduxit  Hugonem 
Illustrem  natum  ;  ducis  huic  ut  fîlia  detur. 
'    Exigit  in  sponsam.  Comités  proceres  que  vocari 
Quaque  facit  super  his  dux  consultunis  ab  urbe. 
Horum  consiliis  Roberti  fîlia  nato 
Traditur  Azonis  ;  tacdas  ex  more  jugales 
liit  convivanJo  célébrant  et  multa  ferendo. 
Cunctisy  conjugii  qus  postulat  ordo,  peractis, 
Sollicitât  comités  dux  et  quoscunque  potentes 
Duna  pctuns,  lacti  quibus  et  vir  et  uxor  abire 
Donnii  valcant.  Ncc  enim  prius,  impériales 
Altcra  cum  proies  thalamos  Michtclis  adisset 
Quodlibct  auxilium  dedcrnnt.  Communiter  illi 
Omncs  tristantur,  qunsi  vectigalia  posci 
A  diico  mirantes;  scd  non  obstarc  valentes, 
Va  mulos  et  cquos  diversaque  muneraprsbent. 
His  gcncro  donans,  addcns  sua,  classe  parata 
Ad  suli  cum  magno  patrcmque  remisit  honore.  ■ 

(  {)  Le  jour  de  la  mort  du  prince  Richard  de  Capouc  est  égalemett 


357 

Cap.  35.  Or  est  licite  chose  meintenant,  comme  je  ai  dit 
au  commencement  de  ceste  ovre,  de  dire  brevement  lo 
bien  qu*il  firent  a  nostre  monastier  ces  .ij.  seignors  (i) 
quar  puîz  que  Richart  fu  prince  de  Capue,  cercha  de 
faire  alegre  TEglize  nostre,  laquelle  li  predecessor  siens 
turboient  ;  et  oppresse  ceuz  qui  la  persecutoient  et  men- 
joient,  o  la  forte  main  de  deffenze,  et  destruist  ceux  qui 
destruisoient  la  possessions  de  lo  monastier.  Li  chastel  de 
lo  monastier  traist  de  la  main  de  lotyrant  qui  lo  tenoient, 
et  molt  autres  chasteaux  siens  laissa  a  lo  monastier.devo- 
tement,  a  ce  que  li  frère  priassent  Dieu  pour  lui  conti- 
neument;  quant  il  jejunoient  les  consoloit  de  poisson.  Et 
lo  duc  tant  amoit  Tabbé  Desidere,  qu'il  l'a  voit  en  révé- 
rence coment  saint  Benoît,  et  non  voloit  estre  sanz  la 
présence  de  lo  abbé  ;  et  lo  abbé  non  estoit  meins  amé  de 

indiqué  par  les  Annales  Casinenses  ad  an.  1077  (On  sait  que  les 
dates  des  Annales  Casinenses  sont  régulièrement  en  retard  d*un  an) 
«  Richardus  princeps  obiit  Capuae,quinta  feria,  cœna  Domini  et  Nea- 
polis  obsidione  soluta  est  et  Jordanis  fit  princeps  ».  L^année  de  la  mort 
du  prince  est  du  reste  établie  d'une  manière  certaine  par  les  nom- 
breuses chartes  de  Jourdain,  devenu  seul  prince  de  Capoue.  Voyez 
en  outre  Necrol.  Casin.  dans  Muratori,  R.  I.  SS.,  t.  VII,  p.  94a,  et 
Necrologium  S.  Benedicti  Capuani,  dans  Peregrinus,  Histl  princi- 
pum  Langob.,  t.  V,  p.  67.  Nous  voyons  par  les  Annales  Casi- 
nenses que  le  siège  de  Naples  par  Richard  de  Capoue  se  continua 
jusqu'à  sa  mort^  par  conséquent  pendant  près  d'un  an  ;  une  note  de 
B.  Capasso  {Monumenta  ad  Neapolitani  ducatus  historiam  perti- 
nentiay  t.  I,  Napoli,  in-40  1881,  p.  i35,  note  i)  permet  de  supposer 
que  Naples  consentit  à  payer  un  tribut  aux  Normands  pour  que  le 
siège  fut  levé;  Capasso  écrit  :  «  In  quibusdam  posterions  svi  monu- 
mentis  tributum  Lormagnaticum  seu  fidantia  invenio,  quod  veri- 
similiter  ab  hoc  tcmpore  (le  siège  de  Naples  par  les  Normands)  certe 
a  Northmannis  origincm  habere  suspicor. 

(i)  Robert  Guiscard  et  Richard  de  Capoue  ;    Aimé  revient  sur  ce 
qu'il  a  dit  au  début  de  son  travail,  cf.  supra,  p.  i,  note  2. 


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TABLE  DES  NOMS 


Abagélard  (fils  de  Humfroy, 
comte  de  Fouille),  iby  ^  ; 
Baialarde,  Baiarladc,  Bala- 
lardc,  Balalart,  Balardc,  Bela- 
barde,  197,  198,  199,  266, 
286,  287,  288,  289,  290,  292, 
295,  296,  297,  3o5,  3i5,  326, 
355. 

Acate-Pain,  v.  Avartutele  (ca^ 
tapan), 

Accatc-Pain,  v.  Avartutele  (c<i- 
tapan), 

Acchiles,  v.  Achilles. 

Acco,  V.  A  dus. 

AcERRA,  285  2  ;  La  Ccrrc,  85, 
266,  285,  286. 

Achatc-Pain,  v.  Avartutele  (ca- 
tapan), 

Achilles,  Acchilles,  93. 

Acquin,  v.  AciUiNO  {ville  d'). 

A  dus,  évéque  des  Marses, 
242  ',  Acco,  242. 

Adalbert  {ardievéque\  liij. 

Adam  de  Brème,  liij. 

Adeguardc,  v.  Edouard  le  Con- 
fesseur. 


Adelperga,  duch,  de  Bénévent, 
xxxij. 

Adémar  de  ChabanaiSf  Ixxj. 

Adenolfe,  362. 

Adcnolfe,  v.  Adénulfe,  comte 
d*Aquino. 

Adénulfe,  conte  de  Aquin  [comte 
d*Aquino]  ;  Adenolfe,  23 1, 
234,  236,  238,  239,  240,  245, 
261,  263,  279,  293,  295. 

Adénulfe  de  Bénévent,  Adinulfe, 
Athcnulfe,  Athenulfo,  Ixviij, 
52,  74,  80. 

Adénulfe,  arch.  de  Capoue,  46  «  ; 
Adénulfe,  Adinulfe,  Anulphe, 
Ixvij,  7,  46,  5i. 

Adénulfe,  duc  de  Gaéte,  comte 
d'Aquino,  164)  ;  Adénulfe  , 
Adinolfe,  Aynolfe,  96,  i53, 
i65,  234. 

Adénulfe,  duc  de  Gaieté  (moil- 
lier  de),  234,  v.  Marie,  du- 
chesse de  Gaéte. 

Adinolfe,  v.  Adénulfe,  duc  de 
Gaéte. 

Adénulphe,  abbé  du  Mont-Cas- 
sin,  xlvij  ;  Atenulfe,  Athe- 
nulfe,  Enulphe,  7,  3i,  ^4. 


360 


AJinulfc,   74,   V.    Adénulfe  de 

Bénévent. 
Ai.iinulfc,  4f>y  V.  Adénulfe ,  arch. 

de  Capoue. 
A.ioaldc,  V.  Ilarold,   roi  d'An- 

i^lcterre. 
Advcrarde,  v.  Alverada, 

AvivcrSC,  V.  AVERSA. 

Akfide,  p.  75. 

AtTrici,  214,  V.  Afri(^ue. 

Afrique,  AtTrica,  214. 

- 1  f^uès  (impératrice) ,  322'; 
Agnès,  impcrairix,  322. 

Agyre,  v.  Argira, 

Aimé  {saint) t  évcque  de  Nusco^ 
xiv,  xvy  xvj,  xvij,  xviij,  xix. 

Aime  évéquc  et  moineau  Mont' 
Cassin;  Amatus,  Amat,  vij, 
vii',  ixy  x,  xj,  xij,  xiij,  xiv, 
xvj,  xviij,  xxiij,  xxiv,  xxv, 
xxvj,  xxvij,  XXXV,  xxxvj,  xxxix, 
xl,  xlij,  xlv,  xlvj,  xlvijy  xlviij, 
1,  Ij,  lij,  liij,  iiv,  Iv,  Ivi,  Ivij, 
Iviij,  lix,  Ix,  Ixj,  Ixij,  Ixiij,  Ixiv, 
Ixv,  Ixvj,  Ixvij,  Ixviijy  Ixix,  Ixx, 
Ixxj. 

Aiméj  du  Mont^Cassin  {traduc- 
teur d*),  ix,  X,  XXX,  xxxj,  xxxij, 
xxxiij,  xxxiv,  xxxv,  xxxvj, 
xxxix,  xlj,  xlij,  xlii),  xliv,  xlv, 
xlvj,  xlvij,  xlviij,  xlix,  1,  Iiv. 

Aime  y  cv.  d'Oleron,  arch,  de 
linrdcaux,  xj,  xij,  xiv. 

Alheradc,  v.  Alvcrada. 

AlbcriCj  moine,  i'S«j2;  Albcrico, 
Albcri^]uc,   i35,   189,  190. 

AKli  ald-:,  V.  IlarolJ,  rui  d'An* 
f:lctcrre. 

AKl"vrif,  V.  ^1»  douiït. 


Alcmaingnc,  v.  Allemagne. 
Alemaingne    (roy    d*>,    3oi,    v. 

Jlcnri  I V. 
Alexandre    II    {pape),    xxiv; 

AlîxanJrc,  i65,  175. 
Alexandrie,  Alixandrc,  149. 
Alexis    Comnène     {empereur), 

XXIV,  lij. 
Alfane  {archevêque  de  Saleme, 

3361  ;Airane,  336. 
Ali-ibn-Nimah,  204  1  ;  Balchaot, 

Bclcho,  Belchoah,  204,  21 3. 
Alixandrc,   149,  ▼.  Alexandrie. 
Alixandre   (pape),    v.    Alexc»' 

dre  IL 
Allemagne,  Alemaingne,  37,91, 

176,  244. 
A  llemands  {les) ,  Thodeschi,  Tho- 

dcsquc,  Todeschi,  Todesque, 

Toudeschfj  1 3 1 , 1 34, 1 5 1 ,  243, 

239,  281. 
Alpes  (les),  li  Alpe,  33,  244. 
Alpine,  v.  Arpino. 
Alverada,  Ixix,    168  >  ;   Adve- 

rardc,  Alberade,  Alverada,  Al- 

vcrarde,  m,  i34,  168. 
Alvcrardc,  y.  Alverada. 
Amafe,  v.  Akalfi. 
Amalfe,  v.  Ahalfi. 
Anialfctain  (li),  y.  Amalfitains, 
Amalfi,  xlvj  I  ;  Amafe,  Aroalfe, 

Amclfc,  Malfe,   Umalfe,  zlvj. 

Ixij,  Ixvij,  49,  5i,  58,  88,  89, 

126,  i33,  162,  3i3,  317, 319, 

321,  3x3,  323,  326,  329,  33o, 

33i,  333,347,  348,331,333. 
Amalhgiane  (monosttcr  de  li),  v. 

Amalfitains. 
Amalfitains    {les\    Ixij.    UiXi 


36i 


Amalfeiain,  Amalfitain,  Amal- 

fiten,  Malfitain,  89,  127,  162, 

3i3,  325,  326,  329. 
A  malfitains     (monastère     des), 

182  I  ;  monastier  de  li  Amalfi- 

giane,  181. 
Amalfitcn  (li),  v.  Amalfitains. 
Amat,  V.  Aimé  du  Mont-Cassin, 
Amatus  episcopus  et  Casinensis 

mottachuSf  v.  Aimé  du  Mont- 

Cassin, 
Ambroise  (saint),  archevêque  de 

Melan  [Milan],  63. 
Amelfe,  v.  Amalfx. 
Ami,  fils    de   Gauthier,   1974; 

Ami,  fil  de  Galtier,  Ami,  197, 

198,  199. 
Amiternum,    241  '  ;    Amicerne, 

Amiterne,  241,   307. 
Ancône  (marche  d'),  3o2. 
Andria  160  î  ;  André,  Antri,  160, 

265,  273. 
Angélus  de  Nuce,  abbé  du  Mont- 

Cassin,  xxvj. 
Anglais  {les),  li  Englez,  10. 
Angleterre,  xlj,  Ij  ;  Engleterre, 

5,  10. 
Anglo-Saxons,  xlj. 
Antioche,  Anihioce,  320. 
Antri,  v.  Andria, 
Anulphe,  arch.,  7,  v.  Adénulfe, 

arch,  de  Capoue, 
Apice,  286  '  ;  Apice,  Pice,  266, 

286. 
Aquin,  v.  Aquino  {ville  d*), 
Aquin  (la  conté  d'),  173. 
Aquin,  contes   de,   96,  v.   Adé- 
nulfe, duc  de  Gaete  et  Landon^ 

comte  d'Aquino. 


Aquin  (H  conte  de),  265,  266, 
279,  293  ;  V.  Adénulfe,  comte 
d'Aquino, 

AciUiNO  (ville  d*),  Acquin,  Aquin, 
i53,  164,  i65,  23i,  232,  233, 
236,  239,  240,  245,  246,  247, 
261,  262,  263,  264,  279,280, 
293,  294. 

Arabe,  v.  Arabie. 

Arabes  (les),  Arabi  (li),  268. 

Arabie,  Arabe,  214. 

Arbeo,  v.  Hervé* 

Archifrède,  253. 

Ardouin,  xlvj,  Iviij,  Ixviij  ;  Al- 
doyne,  Arduine,  Arduyn,  Ar- 
duyne,  Erduync,  xlvij,  52, 63, 
64,  65,  66,  68,  69,  83,  85. 

Argence,  v.  Argiri^s;o. 

Argencie,  v.  Argiri:{^o. 

Argenté  (chastel  de),  238. 

Argentie,  v.  Argiri^iço. 

Argerico,  v.  Argiri:ç:{0. 

A  rgira,  8 1  î  [fils  de  Mélès]  ; 
Agyre,  Argira,  Argire,  Argiro, 
xlviij,  52,  80,  81,  95. 

Argiritie,  v.  Argiri^^o, 

Argiri:ç!i;o,  227  »;  Argence,  Ar- 
gencie, Argentie,  Argerico, 
Argiritie,  Argitie,  Argitio,  Ari- 
gitie,  222,  223, 224,  225,  227. 

Argiro,  v.  Argira, 

Argitie,  Argitio,  ▼.  Argiri^^o, 

Argvnese,  prob.  Frigento,  84. 

Arigitie,  V.  Argiri^^o. 

Arménie,  Herménie,  16. 

Arnolin,  85  '  ;   Arnoline,  84. 

Arpe,  V.  Arpino. 

Arpino  (pays  d'),'i39  î;  Alpine, 

Arpe,  139,  236. 


362 


Ascom,  83  '  ;  A&clc.  70,  84. 
Asclctinc,   V.    Asclitine   (TAce-  ' 

retira. 
As».licicn,  v.  Asclitiw*  d'Averxa. 
AsclitinCy     comte    d'Acerenja, 

ifH  î  ;  Ascletinc,  Asclitine,  84, 

«>S. 
A^i-litiue,  comte  dWvcrsa,  87  '; 

Asclicirti,  AsditinCy  Asclitune, 

Asclitiinic,  .Sa,  87,  88,  on. 
Asclitiinc,  Asclitiinic,   v.   Ascii' 

fine  d'A  versa. 
As«'lif»ii!ic  Ifrcrctic  Cjilbcrt  Bua- 

tcrcj,  2'.i. 
Atcmillc.  7,  V.   AdcnulfCj   abbé 

du  Moiit-dassiu. 
AtlitMiiiHc  'jeune  homme  île  Ca- 

AilK'nulfc,  bit  V.   Adénulfe  de 

livnrvetU , 
Ailicniilfc,  !<i .  V.  Adcnulfc,  abbé 

du  A  font  C.dssin. 
Ailicnulf»»,  811,    V.    Adâtuffc  de 

iW'nci'cut. 
AttoiWt     -^ou  '  ,     Altonc,    3o8, 

Anmisto  (ciicî  (le),  2.\^, 

Auntiin"  (chaslcl),  '.Uo, 

Aiixi'ncir  Ijciinc  homme  de  Ca- 
poiie',  17.}. 

.trjrcw  {les).  Il  A\:»re.  xxxiv. 

Avjrtutrlc  (t\i/*i;\î»),  222  1  ; 
A  ..aie  -  P.iin  .  Acciie  -  Pain  , 
A«  li.iic-rain,  Av:\rtuicle  Acha- 
ii-I^Mii.  i^j,  ii\  2 -24. 

;\\MJS\,  Kvij.  Iwiij  ;  Ailversc, 
A\ciM',  V,  jS,  ?2,  h 7,  (ii,<iS, 
S  «,  S;,  <)i.  <)-\  *»?,  2Si). 

Anciso  (^.onie  vle\  8S.   v.   jRiii- 


nulfe,  comte  d^Avtria. 
Averse  (conte  de),  100,  t.  Rai^ 
nulfe  Trincanûcte. 
Averse  (cvesque  àt\  356. 
Aynolfe  (duc),  v.  Adénulfe,  du: 

de  Gaéte, 
A^Oj   évéque  de  Caserte,  xthj. 

xliv. 
Azo  (marchio),  v.  A^^a. 
A{^a   (mardis),    3i5  i  ;    Azo. 

3i5,  356. 


B 


Babipga  (église  de),  v.  Bahberc. 
Baialarde,  v.  Abagéiard, 
Baialarde  (la  fille),  3i5. 
Baiarladc,  v.  Abagélard. 
Baist,  Iv. 
Baialarde,   Balalaity  v.   Abagé- 

lard, 
Balamente,  a5o. 
Balardc,  v.  Abagilard. 
Balchaot,  v.  Ali'ibm'Nimah. 
Baluje,  xj,  xij,  xiv. 
Balva,    3074  ;   Balvenise,   Val- 

bine,  124,  307. 
Bal  Venise,  v.  Balva.  " 

Bamberg  {cathédrale  de),  3a  >  ; 

église  de  Babipga,  3a. 
Barbastairc,  Barbattie,  v.  Bai- 

DASTRO. 

Barbastro  1 3  I  ;  Barbastaifc, 
Barbastie,  5,  la. 

Barbottc,  v.  Guillaume  Bar- 
bote, 

Bar,  v.  Bari. 

lUir-cntrcbut,  197. 

Bari,  Ij,  Ixix,  Ixx;  Bar,  145, 194* 


î«3 


220,    221,   223,  224,  225,  227, 

228,  23o,  275,  296. 

Basile,  abbé  du  Mont-Cassin, 
45  «  ;  Basile,  BasUie,  7,  43,  45, 
55. 

Basilie,  v.  Basile. 

Bavière  (abbaye  de)^  Ixv. 

BéatriXy  veuve  de  Boniface, 
margrave  de  Toscane ^  281»; 

Béatrice,  Beatrix,  266,  281. 

Bebie  (mont  de),  v.  Vésuve 
{mont). 

Belabarde,  v.  Abagélard. 

Belabarde  (frère  de),  198. 

Belcho,  V.  Ali-ibn-Nimah. 

Belchoal,  v.  Ali-ibn-Nimah. 

Belgrime,  v.  Piligrim,  arch.  de 
Cologne. 

Bcllarie  (castel),  Valaire,  Valla- 
rie,  266,  288. 

Belvédère  (castel  de),  95. 

Benafre,  v.  Venafro. 

Benedictbeuren  (abbaye),  Ixiv. 

Benedit  (pape),  v.  Benoit  IX. 

BÉNÉVENT,  lij  ;  Bonivenc,  Boni- 
vent,  xxxj,  33, 47,  52,  80,  104, 
117,  118,  120,  123,  i35,  190, 
196,, 266,  277,  278,  283,  284, 
3i5,  354. 

Benoît  (saint)y  xxxiv,  Ixvij  ;  Saint 
Benoît,  Saint  Benedit,  37,  98, 
142,  164,  172,189,  262,  263, 
293,  344,  357,  3i8. 

Benoît  (ordre  de  Saint),  xxj,  xxij, 
Benoît  IX  (pape)  ;  Benedit 
(pape),  33. 

Bérard  II,  comte  des  Marses^ 
3o4  2  ;  Bernarde  (li  fill  de), 
3ob,  Bcrart  (conte),  307. 


Bérard,  comte  des  Marses,  fils 
de  Bérard  II,  304  2,  3o6  î  ; 
Berart,  Berarde,  Bernart,  241, 
242,  267,  304,  307,  3 10,  3i  I. 

Berarde,  fîl  de  Adain,  304. 

Berarde,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  IL 

Berart  (conte),  307,  v.  Bérard  II y 
comte  des  Marses. 

Berart,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses f  fils  de  Bérard  II. 

Bernard,  évéque,  182  '  ;  Bernart, 
Bernât,  181. 

Bernard,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  IL 

Bernarde,  3o6,  v.  Bérard  II, 
comte  des  Marses, 

Bernarde  (li  fill  de),  3o6,  v.  Ode- 
risiuSy  Rainaldus  et  Bérard. 

Bernart  (evesque),  v.  Bernard, 

Bernât  (evesque),  v.  Bernard. 

Besantie,  v.  Bi^an:çio  (patrice), 

Bethmann.  xxxiv. 

Bibio  (mont),  v.  VésuvK  {mont). 

Bisancie,  Bisantie,  v.  Bi^ajt^io 
(patrice) 

BisiGNANo,  Visimane  (cité),  109. 

Bizantie,  v.  Biiçan^io  (patrice), 

B/fàn;fio  (patrice),  222  »  ;  Bc- 
santie,  Bisancie,  Bisantie,  Bi- 
zantie,   Bysantie,    221,    222, 

223. 

Bysantie,  v.  Bi^anij[io  (patrice). 

BoDFELD,  i39?;  Ponte- Feltro, 
139. 

Bollandistes  (les),  xiv,  xv,  xvj, 
xviij. 

Boniface  (marquis),  c)i  î  ;  Boni- 
face  (marchiz),  91. 


Î54 

non  failloit  de  relever  Pangoisse  soe  et  misère.  El  puiz 
retorna  lopape,  et  Gisolfe  ala  a  lui,  quar  toute  Tesperance 
et  toute  la  cure  de  Gisolfe  estoit  en  lo  pape.  Et  que  Ij)  pape 
lui  vouloit  bien  ei  lo  amoit  corne fiU,  lo  rechui  corne  amor 
de  pcre  et  mousira  a  li  Ro.nain  et  a  toute  manieredegent 
cornent  lui  vouloit  bien  ;  et  lo  fist  prince  de  toutes  les 
chozes  del  TEglizc,  et  lui  comist  tout  son  secret  et  tôt  son 
conseill,  et  disponist  les  toutes  de  l'Eglize  les  choses  a  soe 
libéralité  et  volenté  (i). 

Cxp.  3i.  Et  en  cellui  temps  vindrent  a  parler  ensemble 
li  dui  scignor,  C'est  lo  prince  et  lo  duc.  Et  lo  prince  re- 
prent  lo  duc  et  lui  dist  vergoingne,  et  lo  duc  la  substint, 
et  puiz  refirent  paiz,  quar  la  humilité  vaint  la  superbe. 
Et  lo  duc  manda  plus  de  nefs  por  restraindre  lo  port  de 
Naple,  et  o  li  exercit  de  li  chevalier  ferma  lo  chastel  et  lo 
fist  garder,  liqucl  avoient  rout  li  Neapolitain.  Et  puiz 
.XXX.  jors,  avec  lo  conseill  et  avec  la  licence  de  lo  prince, 
laissant  les  nefs  a  lo  port  et  li  chevalier  en  garde  de  lo 
chastel,  lo  duc  ala  assegier  Bonivent,  et  fist  forteresce  enior 
et  afHist  li  citadin  de  les  choses  lor. 


(i)  Gr<5goire  Vil  rentra  à  Rome  dans  les  premieri  jours  de  sep- 
tembre 1077,  après  un  long  séjour  dans  le  nord  de  l'Italie;  cf.  Jaffi- 
1  .or.wENFELD  :  Kcgesta  PotUif,  roman.,  n»*  6044,  5045,  5046.  Cest 
donc  à  cette  époque  qu*il  a  reçu  Gisulfe.  Guillaume  de  Fouille  parle 
cgalemcnt,  l.  lil,  v.  463  sqq.,  des  faveurs  accordées  à  Gisulfe  par 
Grégoire  VII  : 

«  Gregorium  papam  spoliatus  (Gisulfus)  honore  Salerni 
Appetiit  primum.  Vcnientcm  papa  bénigne 
Suscipit  et  regio  Campanica  traditur  illi.  » 

Voyez  sur  cette  réception  du  pape  à  Gisulfe  :  S.  Grégoire  VII  €t 
la  réforme  de  VÉglise  au   Xlt  siècle^   par   O.    Dblakc,    t.   lU, 

p.  J28  sq. 


Î55 

Cap.  32.  Et  lo  pape  pour  ceste  chose  et  pour  autre  as- 
sembla lo  consistoire  et  excommunica  loduc,  et  touz  ceuz 
qui  lo  sequtoient  (i).  Et  Jordain  fill  de  lo  duc,  avec  lo 
conte  Rogier  son  oncle,  volant  avoir  la  grâce  de  TEglize, 
alerent  a  Rome  et  furent  absolut  de  la  excommunication, 
et  firent  ligue  de  fidélité  avec  lo  pape  (2). 

Cap.  33.  Et  Baialarde  retornant  a  locuer  soe  manda  sa 
mère  avant  pour  avoir  miséricorde  de  lo  duc,  et  il  vint 
après  et  rendi  lo  castel  de  Sainte- Agathe,  et  ot  la  grâce  de 

(i)  Les  Annales  de  Bénévent  parlent  de  ce  siège  et  en  indiquent  la 
date  avec  précision  :  «  1077,  anno  5  domni  Gregorii  septimi  papœ, 
obiit  Landolfus  princeps  (Bencventi)  et  Richardus  princeps  (c*est 
une  erreur,  le  prince  Richard  de  Capoue  ne  mourut  que  le  5  avril 
1078)  et  Robertus  dux  obsedit  Beneventum  a  mense  Januario  usque 
6  idus  Aprilis  ».  Annales  Beneventani  ad  an.  1077.  Ainsi  que  Wein- 
reich  Ta  démontré,  les  Annales  de  Bénévent  ne  commencent  l'année 
qu'avec  les  calendes  de  mars  ;  Weinreich,  De  conditione  Italiœ  irtfè' 
rioris,  Gregorio  septimo  pontifice,  p.  80  :  «  Auctorem  annalium 
Beneventanorum  annum  calendis  martiis  incipere  demonstratur  »; 
le  mois  de  janvier  1077  des  Annales  de  Bénévent  est  donc  en  réalité 
de  1 078.  RoMUALD  DE  Salerne  écrit  également  ;  «  Anno  primo  post- 
quam  cepit  Salernum,  Robertus  dux  Beneventum  obsedit, acriter  eam 
expugnans  ».  Chronicon,  ad  an,,  1075  (date  erronée)  dans  Muratori, 
R.  I.  SS.,  t.  VU,  col.  171.  Enfin,  Pierre  Diacre,  Chron.  Cassin.y 
III,  45,  parle  des  fortifications  élevées  par  Robert  Guiscard,  autour 
de  Bénévent,  pour  s'emparer  de  la  ville. 

Ce  fut  dans  le  synode  romain,  du  25  février  au  3  mars  1068,  que 
Grégoire  VII  excommunia  les  Normands  qui  assiégeaient  Bénévent  : 
«  Nous  excommunions,  dit  le  proccs-verbal  du  concile,  tous  les  Nor- 
mands qui  envahissent  le  domaine  de  S.  Pierre,  c'est-à-dire  la 
marche  de  Fermo,  le  duché  de  Spolète,  ceux  qui  assiègent  Bénévent 
(et  eos  qui  Beneventum  obsident)  et  s'efforcent  d'envahir  et  de  piller 
la  Campanie,  la  province  Maritime  et  la  Sabine,  également  ceux  qui 
cherchent  à  jeter  la  confusion  dans  la  ville  de  Rome  ».  Grbgorii  VII 
Regist,,  V,  14,  p.  307  sq.  des  Mon,  Gregor,  de  Jaffe. 
(2)  Cf.  supra^  p.  227,  note  i. 


3)6 

son  oncle  [ij.  Et  lo  marchis,  et  le  noble  Azo,  quant  il 
oïrent  la  victoire  deloduc,  il  non  manda  epistole  ne  non 
manda  message,  mes  vint-il  en  persone  a  proier  lo  duc 
qu*ii  Jonniist  sa  fille  a  son  iill  pour  moillier;  et  lo  duc 
lui  conceJi,  et  Jota  la  iille  de  molt  grant  dote  (2). 

Cap.  34.  Et  montre  que  ces  chozes  sont,  lo  prince  Ric- 
chart  chai  malade,  et  quant  il  vint  a  la  mortrendia  saint 
Pierre  la  Campaingne,  et  absolut  de  lo  cvesque  de  Averse 
fu  mort,  et  enterre  en  ccUui  jor  que  Jshu-Crist  cena  avec 

ses  disciples  (3). 

(i)  Cf.  supra,  1.  VH,  c.  25. 

(2)  Guillaume  de  Pouille,  I.  III,  v.  48S-508,  parle  avec  détail  de 
ce  mariage  entre  le  tîls  du  marquis  Azo  de  L.ombardie  et  une  fille  de 
Robert  Guiscard  : 

«  Dumque  morarctur  (dux)  Troians  mœnibut  urbit, 
Nobilis  adv'jnit  Lambardus  marcîiio  quidam, 
Nobilibus  patriae  multis  comitantibus  illum. 
Azo  vucatus  crat  ;  secum  deduzit  Hugonem 
lllustrcm  natum  ;  ducis  huic  ut  filia  dctur, 
'    Exigit  in  sponsam.  Comités  proceres  que  vocari 
Quaquc  facit  super  his  dux  consultunii  ab  urbe. 
Horum  consiliis  Robert!  filia  nato 
Traditur  Azonis  ;  tacdas  ex  more  jugales 
Et  convivando  célébrant  et  multa  ferendo. 
Cunvtis,  conjugii  qux  postulat  ordo,  peractts, 
Sollicitât  comités  dux  et  quoscunque  potentes 
Dona  pctcns,  lauti  quibus  et  vir  et  uxor  abire 
Donnti  valeant.  Ncc  enim  prius,  impériales 
Altéra  eu  m  proies  thalamos  Michaelis  adisiet 
Quodlibet  auxilium  dcdcrant.  Communiter  illi 
Omncs  tristantur,  qunsi  vectigalia  posci 
A  duce  mirantes;  sed  non  obstarc  valentes, 
Et  mulos  et  equos  diversaquc  munera  praet>ent. 
His  gcncro  dona n s,  addcns  sua,  classe  parata 
Ad  sui  cum  magno  patremque  remisit  honore.  » 

{^)  Le  jour  de  la  mort  du  prince  Richard  de  Capouc  estégiJeiDeii 


357 

Cap.  35.  Or  est  licite  chose  meintenant,  comme  je  ai  dit 
au  commencement  de  ceste  ovre,  de  dire  brevement  lo 
bien  qu'il  firent  a  nostre  monastier  ces  .ij.  seignors  (i) 
quar  puiz  que  Richart  fu  prince  de  Capue,  cercha  de 
faire  alegre  TEglize  nostre,  laquelle  li  predecessor  siens 
turboient  ;  et  oppresse  ceuz  qui  la  persecutoient  et  men- 
joient,  o  la  forte  main  de  deffenze,  etdestruist  ceux  qui 
destruisoient  la  possessions  de  lo  monastier.  Li  chastel  de 
lo  monastier  traist  de  la  main  de  lotyrantqui  lo  tenoient, 
et  molt  autres  chasteaux  siens  laissa  a  lo  monastier, dévo- 
tement, a  ce  que  li  frère  priassent  Dieu  pour  lui  conti- 
neument;  quant  il  jejunoient  les  consoloit  de  poisson.  Et 
lo  duc  tant  amoit  Tabbé  Desidere,  qu'il  Pavoit  en  révé- 
rence coment  saint  Benoît,  et  non  voloit  estre  sanz  la 
présence  de  lo  abbé  ;  et  lo  abbé  non  estoit  meins  amé  de 

indiqué  par  les  Annales  Casinenses  ad  an.  1077  (On  sait  que  les 
dates  des  Annales  Casinenses  sont  régulièrement  en  retard  d*un  an) 
a  Richardus  princeps  obiit  Capuae,  quinta  feria,  cœna  Domini  et  Nea- 
polis  obsidione  soluta  est  et  Jordanis  fît  princeps  ».  L*année  de  la  mort 
du  prince  est  du  reste  établie  d'une  manière  certaine  par  les  nom- 
breuses chartes  de  Jourdain,  devenu  seul  prince  de  Capoue.  Voyez 
en  outre  Necrol.  Casin,  dans  Muratori,  R.  I.  SS.,  t.  VII,  p.  94a,  et 
Necrologium  S.  Benedicti  Capuani,  dans  Peregrinus,  Histl  princi- 
pum  Langob.,  t.  V,  p.  67.  Nous  voyons  par  les  Annales  Casi- 
nenses que  le  siège  de  Naples  par  Richard  de  Capoue  se  continua 
jusqu'à  sa  mort,  par  conséquent  pendant  près  d'un  an  ;  une  note  de 
B.  Capasso  {Monumenta  ad  Neapolitani  ducatus  historiam  perti- 
nentia,  t.  I,  Napoli,  in-4<*  1881,  p.  i33,  note  i)  permet  de  supposer 
que  Naples  consentit  à  payer  un  tribut  aux  Normands  pour  que  le 
siège  fut  levé;  Capasso  écrit  :  «  In  quibusdam  posterions  aevi  monu- 
mentis  tributum  Lormagnaticum  seu  fidantia  invenio,  quod  veri- 
similiter  ab  hoc  tcmpore(le  siège  de  Naples  par  les  Normands)  certe 
a  Northmannis  origincm  habere  suspicor. 

(i)  Robert  Guiscard  et  Richard  de  Capoue  ;    Aimé  revient  sur  ce 
qu'il  a  dit  au  début  de  son  travail,  cf.  supra,  p.  i,  note  a. 


5)8 

la  ducesse.  laquelle  avieingne  que  lui  fust  parente,  toutes 
lui  paroît  corne  fille.  Cestui  avoient  eslit  pour  lor  père  et 
pDur  garde  et  salut  de  lor  animes,  et  s^il  estoit  aucun  jor 
que  lo  abbé  non  fust  aie  a  la  con,  lo  mandoient  querant 
par  letre  ou  par  message.  Et  quant  il  venoit  lui  donnoieni 
diverses  coses,  et  a  Tonor  de  TEglize  li  donnoient  divers 
pailles,  et  li  mandoient  diverses  pièces  de  or  et  de  argent, 
et  pour  lo  vesiement  de  li  frère  et  pour  lo  mengier,  man- 
doit  chascun  jor  besant  molt  et  tarin,  et  en  la  soUempnel 
feste  honoroit  lo  refector  de  vaissel  d'or  et  d'argent.  Et  li 
mul  et  o  li  Sarrazin  serve  sien  tout  li  monastier  enric- 
chisoit,  et  a  dire  la  vérité,  pour  lo  bénéfice  de  cestui  tout 
lo  monasiicr  estoit  enluminé.  A  ces  .ij.  seignors  Dieu, 
ioquel  est  père  et  remunerator  de  tout  bien,  pour  la  mé- 
rite de  saint  Benedit,  lor  en  rende  mérite  en  vie  eteme. 
Amen. 


TABLE  DES  NOMS 


Abagélard  (Jils  de  Humfroy, 
comte  de  Fouille) y  167  2  ; 
Baialardc,  Baiarlade,  Bala- 
lardc,  Balalart,  Balarde,  Bela- 
barde,  197,  198,  199,  266, 
286,  287,  288,  289,  290,  292, 
295,  296,  297,  3o5,  3i5,  326, 
355. 

Acate-Pain,  v.  Avartutèle  (ca" 
tapan), 

Accate-Pain,  v.  Avartutèle  (ca- 
tapan), 

Acchiles,  v.  Achilles. 

Acco,  V.  Actus. 

AcERRA,  285  2  ;  La  Ccrrc,  85, 
266,  285,  286. 

Achatc-Pain,  v.  Avartutèle  (ca- 
tapan), 

Achilles,  Acchilles,  93. 

Acquin,  v.  Aq.uino  {ville  d*). 

Actus,  évéquc  des  Marses, 
242  ',  Acco,  242. 

Adalbert  {arcfievéque)f  liij. 

Adam  de  Brème,  liij. 

Adcguardc,  v.  Edouard  le  Con- 
fesseur. 


Adelperga,  duch,  de  Bénévent, 
xxxij. 

Adémar  de  Chabanais,  Ixxj. 

Adenolfe,  262. 

Adenolfe,  v.  Adénulfe,  comte 
d'Aquino. 

Adenulfe,  conte  de  Aquin  [comte 
d'Aquino];  Adenolfe,  23 1, 
234,  236,  238,239,  ^4^>  *45> 
261,  263,  279,  293,  295. 

Adénulfe  de  Bénévent,  Adinulfe, 
Athcnulfe,  Athenulfo,  Ixviij, 
52,  74,  80. 

Adénul/Cf  arch.  de  Capoue,  46  '  ; 
Adénulfe,  Adinulfe,  Anulphe, 
Ixvij,  7,  46,  5i. 

Adénulfe,  duc  de  Gaéte,  comte 
d'Aquino f  164)  ;  Adénulfe  , 
Adinolfe,  Aynolfe,  96,  i53, 
i65,  234. 

Adénulfe,  duc  de  Gaieté  (moil- 
lier  de),  234,  v.  Marie,  du- 
chesse de  Gaéte, 

Adinolfe,  v.  Adénulfe,  duc  de 
Gaéte, 

Adénulphe,  abbé  du  Mont-Cas- 
sin,  xlvij  ;  Atenulfe,  Athe- 
nulfe,  Enulphe,  7,  3i,  ^4. 


3^0 


Aiiinulfc.   74,   v-    Adénulfe  de 

liénévent. 
Adinulfc,  4^»,  v.  Adénulfe,  arch. 

de  Capoue. 
Ailoaldc,  V.  Ilarold,   roi  d'An- 

t;lcterre. 
Advcrarde,  v.  Alverada. 
Adverse,  V.  A  versa. 

AlI'IDE,  p.   75. 

AfFric;};  214,  v.  Afru^ue. 

Aprk^tje,  Affrica,  214. 

.'  1  ffncs  (impératrice) ,  322'; 
Agnes,  impcratriz,  322. 

Agyrc,  V.  Argiva. 

Aimé  {saint )f  évcque  de  Nusco, 
xiv,  XV,  xvj,  xvij,  xviij,  xix. 

Aime  évcque  et  moineau  Mont' 
Cassin;  Amatus,  Amat,  vij, 
viij,  ix,  X,  xj,  xijy  xiij,  xiv, 
xvj,  xviij,  xxiij,  xxiv,  xxv, 
xxvj,  xxvij,  XXXV,  xxxvj,  xxxix, 
xl,  xlij,  xlv,  xlvj,  xlvij,  xlviij, 
1,  U»  ï'if  ï"j>  ''V,  Iv,  Ivj,  Ivij, 
hiij,  lix,  Ix,  Ixj,  Ixij,  Ixttj,  Ixiv, 

Ixv,  Ixvj,  Ixvij,  Ixviij,  Ixix,  Ixx, 
Ixxj. 

Aimé,  du  Mont'Cassin  {traduc- 
teur d'),  ix,  X,  XXX,  xxxj,  xxxij, 
xxxiij,  xxxiv,  xxxv,  xxxvj, 
xxxix,  xlj,  xlij,  xliij,  xliv,  xlv, 
xlvj,  xlvij,  xlviij,  xlix,  1,  liv. 

Aimé,  év.  d'Olcron,  arch.  de 
liftrdCdUXf  xj,  xij,  xiv. 

Aibonuic,  v.  Alverada» 

AlbériCt  mninc,  iS^a  ;  Alberico, 
Alhcri.iuc,   i3.S,   i8n,  190. 

AKl.  mM:,  V.  JlaroLi,  roi  d^in- 
;;  le  terre. 

Ald«>}r,i",  V.  AtJouin. 


Alemaingne,  v.  Allev«g!ie. 

Alemaingne  ^roy  d*;.  Sot,  v. 
Henri  l\\ 

Alexandre  II  ipape^.  xxiv; 
AlixanJrc,  i63,  273. 

Aleza.ndkic,  Alixandre,  140- 

Alexis  Comneme  (empereur), 
xxiv,  lij. 

Alfane  {archevêque  de  Saleme, 
3361  ;A]fane,  336. 

Ali-ibn'Simah,  104  •  ;  Balchaot, 
Belcho,  Belchoah,  204,  21 3. 

Alixandre,  149,  ▼.  Alexascdric. 

Alixandre  (pape),  v.  Alexan- 
dre IL 

ALLEHAG.fEy  Alemeingney  57.91. 
17C,  244. 

A  llemands  {les),  Thodeschi,  Tho- 
dcsquc,  Todeschi,  Todesque, 
Toudeschi,  1 3 1 , 1 34, 1 5 1 ,  243, 
259,  281. 

Alpes  (les),  li  Alpe,  33,  244. 

Alpine,  v.  Akpino. 

Alverada,  Ixix,  168 1  ;  Adve- 
rarde,  Alberade,  Alveiada,  Al- 
vcrarde,  m,  i54y  168. 

Alvcrarde,  y,  Alverada, 

Amafe,  v.  Amalfi. 

Amalfe,  v.  Amalfi. 

Amalfctain  (li),  v.  Amalfiiaims. 

Amalfi,  xlvj';  Amafe,  Anaalfe, 
Amelfe,  Malfe,  Umalfe,  zIt), 
Ixij,  Ixvij,  49,  5i,  58,  88,89, 
126,  i33,  162,  3i3,  317,  319, 
321,  3x3,  323,  326,  329,  33o, 
33 1,  333,  347,  348,  35i,  333. 
Amaltigianc  (monastier  de  li),  v. 

Amalfitains. 
Amalfttains    {les\    Ixij,    Ixix* 


^6l 


Amalfetain,  Amalfitain,  Amal- 

fiten,  Malfitain,  89,  127,  162, 

3i3,  325,  326,  329. 
A  malfitains    (monastère     des), 

182  '  ;  monastier  de  li  Amalfi- 

giane,  181. 
Amalfiten  (li),  v.  Amalfitains. 
Amatj  V.  Aimé  du  Mont-Cassin. 
A  mat  us  episcopus  et  Casinensis 

monachus,  v.  Aimé  du  Mont- 

Cassin, 
Ambroise  (saint),  archevêque  de 

Melan  [Milan],  63. 
Amelfe,  v.  Amalfi. 
Ami,  fils    de   Gauthier,  1974; 

Ami,  fil  de  Galtier,  Ami,  197, 

198,  199. 
Amiternum,     241  '  ;    Amicerne, 

Amiterne,  241,   307. 
Ancône  (marche  d'),  3o2. 
Andria  160  ï  ;  André,  Antri,  160, 

265,  273. 
Angélus  de  Nuce,abbé  du  Mont- 

Cassin,  xxvj. 
Anglais  {les),  li  Englcz,  10. 
Angleterre,  xlj,  Ij  ;  Engleterre, 

5,  10. 
Anglo-Saxons,  xlj. 
Antioche,  Anihioce,  320. 
Antri,  v.  Andria, 
Anulphe,  arch.,  7,  v.  Adénulfe, 

arch.  de  Capoue, 
Apice,  286  '  ;  Apice,  Pice,  266, 

286. 
Aquin,  v.  Aquino  {ville  d*), 
Aquin  (la  conté  d'),  173. 
Aquin,  contes   de,   96,  v.   Adé- 
nulfe, duc  de  Gaéte  et  Landon, 

comte  d'Aquino. 


Aquin  (li  conte  de),  265,  266, 
279,  293  ;  V.  Adénulfe,  comte 
d'Aquino. 

Aquino  (ville  d*),  Acquin,  Aquin, 
i53,  164,  i65,  23i,  232,  233, 
236,  239,  240,  243,  246,  247, 
261,  262,  263,  264,  279,  280, 
293,  294. 

Arabe,  v.  Arabie, 

Arabes  (les),  Arabi  (li),  268. 

Arabie,  Arabe,  214. 

Arbeo,  v.  Hervé. 

Archifrède,  253. 

Ardouin,  xlvj,  Iviij,  Ixviij  ;  Al- 
doyne,  Arduine,  Arduyn,  Ar- 
duyne,  Erduyne,  xlvij,  52, 63, 

64,  65,  66,  68,  69,  83,  85. 

Argence,  v.  Argiri:ç^o, 

Argencie,  v.  Argiri:(:i;o. 

Argenté  (chastel  de),  238. 

Argentie,  v.  Argiri^:i;o, 

Argerico,  v.  Argiri^^^o, 

Argira,  8u  [fils  de  Mélès]  ; 
Agyre,  Argira,  Argire,  Argiro, 
xlviij,  52,  80,  81,  95. 

Argiritie,  v.  Argirij^o. 

Argiri^:i;o,  227  •;  Argence,  Ar- 
gencie, Argentie,  Argerico, 
Argiritie,  Argitie,  Argitio,  Ari- 
gitie,  222,  223,224,225,  227. 

Argiro,  v.  Argira. 

Argitie,  Argitio,  v.  Argiri^jo. 

Argynese,  prob.  Frigento,  84. 

Arigitic,  V.  Argiri^^^o. 

Arménie,  Herménie,  16. 

Arnolin,  85  '  ;   Arnoline,  84. 

Arpe,  V.  Arpino. 

Arpino  (pays  d'),'i39  ?;  Alpine, 

Arpe,  139,  236. 


^  k  • 


\  >...-.  s  r    .  A  >:  '. i    -  r .  >  i.  nulfCs  comte  dTA  versa^ 

A  >.-  :  i  : .  -  r     \      .».',..:,  T  i-    Sa  :£-  A  vers-  'conte  de),   i  oo,  v .  Rai- 

■;■.:,:  nu'fc  Trincanocte. 

\>.'..:.i*r.  «    .i.\'..-\    j  .-li-i-^fj  Averse  vCvesque  de),  336. 

î',.  :.  ;-.     .v-:\     J.i.*:-;-»:;^.  Aync'lfe  iduc),  v.  Adénulfe,  duc 

.<■  .  \s.  =:  '..   -.>.'.:  r.i.  Si.  jV  Gjctc. 

S  .-1;^.    éi^êque  de  Caserie,  xliij, 

tf'  ■  ,-.*            -.■   •"  i -■-■-*  :    X-  \l;v. 

\s.    ;  ,  '     V>.'  :  -r.  \is:î  :.:~e.  Ar^^  .marchîo\  v.  A^^a, 

An/:.-:     '2    S-.  S"^,  Ay^J    {marquis),    3i5  ?  ;    A20, 

\  :  »  ^ .  '.  \: .  ' .         .  i  ,:;-.;./■. .    j  .\v  R- b  :  f  ç.i  .  église  de^,  v.  B  akbciic  . 

*.'.  ■■:-i. ■.:.'■/.   .  !>.v..i1arde,  v.  Abagélard. 


•  ■'■  ■•        ft     k 


\ :•.■•.   ■.*     ..  ~c  *■*.. J  .■i-  ».'.»-  ^Vv.slardc  Oa  îîll^V  3i5. 

:v  .:i  .    -.  î^jvirl.ide,  v.  Abagélard, 

A  :  '. .' .: .  '  ■  V    ."»  : .   \ .    .  l .:  i  •: i  '.fi   Se  5j  isî .  Iv . 

.-v ':.:•;■:;.  :^:j.ïrde,    Balalan,   v.   Ahagé- 

\.".,    .,     •.".     ;.     y       »  •.-...  'f,-     ->>»>.>  /•«'y 

m 

,::.  M:  :  cj.*/:  :.  Raîamente,  2?o. 

\  :  • .  : V  *  :  .  S .• .         .  î .:.  T -  ■  V  Je  I^ al.-.r  J. e,  v .  A  bagèlard. 

: V ■  Ti"  RaU- h  .lot ,  v .  A  li^ibnSimak . 

.î::.-.;-.     •."            \::,r;.    .».  >.  Rs.'jiyr.  xj,  xii,  xiv. 

B\LVA,    .^074:    Balvenise,   Val- 

\-.'.C".'.>t.'  .»■  '.c  .W  i,.^.  bine.  114,  507. 

\.r.:  '.    ^  ■*,•.>■./  .  M'.  l^alvenisc,  \ .  Balv.%.           • 

A  . .  \  i"  :•  c .  w     ■ . . ■.  "  i  h .  r.:  * ■  ;:  .:  ^  Cs-  R  \  m p E ro  \CJthéJrjle   de)^  32'; 

r.  ..;  .  :-i  tshse  »ie  Babipga,  3a. 

.Au'i.»    -Vy  .  ".A     Tw.  WM'.  ParbAsiaire,  Barbasiîe,  t.  Bab- 

.1:.:-:::.  *■       »*.::.::•.:•:'.      ;::':  r-ismo. 

\..-.:j  -  P.  ■>,  .     A.-.-  :c  -  r.v.:*.  ,  B»iirASTKo     i3  »  ;     Bubastiire, 

\,  ■  :.-:'.■.:■'.  A',  't:. .:.!,•  Ajb..>  B.-rKisi;c,  5,  i3. 

; . -r'v     .  i  :  : .  :  :  - .   :  : ^.  H.irboitc.    v.     GuULiMme    Bar- 

\.    -*■.   !\..'     !\\  V  ;   Avitrs:,  S: te. 

\\.z>:.  -.  :S.  ri.  .--.  •":,  •  r.  l^.*-r,  v.  lUm. 

'^;.  ^-.     :.    .:.    .'? .  i^?.  Ivir-cnirebui,  107. 

\    .:>.  ...r.iw  .:...   S>.    \.   /v.::-  B\B1. 1|,  Isix,  Ixs;  Bar.  I45,  104. 


3^3 


220,    221,   223,  224,  225,  227, 
228,   230,  275,  296. 

Basile,  abbé  du  Mont-Cassin, 
45  I  ;  Basile,  Basilie,  7,  43,  45, 
55. 

Basilie,  v.  Basile. 

Bavière  (abbaye  de),  Ixv. 

BéatriXy  veuve  de  Boniface, 
margrave  de  Toscane,  281  »  ; 

Béatrice,  Beatrix,  266,  281. 

Bebie  (mont  de),  v.  Vésuve 
{mont), 

Belabarde,  v.  Abagélard, 

Belabarde  (frère  de),  198. 

Belcho,  V.  Ali'ibn-Nimah, 

Belchoal,  v.  Ali-ibn-Nimah. 

Belgrime,  v.  Piligrim,  arch,  de 
Cologne.  . , 

Bellarie  Ccastel),  Valaire,  Valla- 
rie,  266,  288. 

Belvédère  (castel  de),  95. 

Benafre,  v.  Venafro. 

Benedictbeuren  (abbaye),  Ixiv. 

Benedit  (pape),  v.  Benoit  IX. 

Bénévent,  lij  ;  Bonivenc,  Boni- 
vent,  xxxj,  33,  47,  52,  80,  104, 
117,  118,  120,  123,  i35,  190, 
196,, 266,  277,  278,  283,  284, 
3i5,  354. 

Benoit  {saint),  xxxiv,  Ixvlj;  Saint 
Benoît,  Saint  Benedit,  37,  98, 
142,  164,  172,189,  262,  263, 
293,  344,  357,  3S8. 

Benoît  (ordre  de  Saint),  xxj,  xxij, 
Benoit  IX  (pape);  Benedit 
(pape),  33. 

Bérard  II,  comte  des  Marses, 
3o4  2  ;  Bcrnardc  (li  fill  de), 
3ob,  Berart  (conte),  307. 


Bérard,  comte  des  Marses,  fils 
de  Bérard  II,  304  2,  3o6  »  ; 
Berart,  Berarde,  Bernart,  24 1 , 
242,  267,  304,  307,  3 10,  3 1 1. 

Berarde,  61  de  Adain,  304. 

Berarde,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  II. 

Berart  [conte),  307,  v.  Bérard  II, 
comte  des  Marses. 

Berart,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  II. 

Bernard,  évêque,  182  '  ;  Bernart, 
Bernât,  181. 

Bernard,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  II. 

Bernarde,  3 06,  v.  Bérard  II, 
comte  des  Marses. 

Bernarde  (li  fill  de),  3o6,  v.  Ode- 
risius,  Rainaldus  et  Bérard, 

Bernart  (evesque),  v.  Bernard. 

Bernât  (evesque),  v,  Bernard. 

Besantie,  v.  Bi^an^io  [patrice). 

Bethmann.  xxxiv. 

Bibio  (mont),  v.  Vésuve  (mont). 

Bisancie,  Bisantie,  v.  Bifa/ifio 
(patrice) 

BisiGNANo,  Visimane  (cité),  109. 

Bizantie,  v.  Bi:i;ans[io  (patrice). 

Bi:j[àn:^io  (patrice)^  222  '  ;  Be- 
santie,  Bisancie,  Bisantie,  Bi- 
zantie,   Bysantie,    221,    222, 

223. 

Bysantie,  v.  Bi3[ans[io  (patrice). 

BoDPELD,  i39  ?  ;  Ponte-Feltro, 
139. 

Bollandistes  (les),  xiv,  xv,  xvj, 
xviij. 

Boniface  (marquis),  c^i  î  ;  Boni- 
face  (marchiz),  9 1 . 


3^4 


Bonivenc,  v.  Bénévent. 
Boniveiit,  v.  Bénévent. 
Bonivcnt  (arch.  de),  v.  Udalrich. 
Boniveni  (conte  de),  146. 
BnoGARiK  (cité),  i35. 
Bord  (les  fils  de) j  91  2;  Burell, 

Burclle,   Burcllo,  Buriellc   (H 

fil  de),   91,    154,    174,    265, 

27S. 
BorguegnonSj  v.  Bourguignons. 
Bourguignons ,     Borguegnons. 

12. 
Brcscc,  V.  Brixen. 
Brixen    (évêquc    de),    v.    Da- 

mase  IL 
Burcly   Burelle,     Burcllo,     Bu- 

rielle,  v.  Borel. 

C 

Caiazzo,  xliv  ;  Calatine  xliij. 

Calabrais  (les)y  Calabrez,  Cala- 
brois,  Calabroiz,  58,  78,  25o, 
348. 

Calabre^  Iviij,  io3,  104,  108, 
iio,  III,  i53,  i54,  i58,  167, 
170,  171,  178,  193,  198,  199, 
200,  207,  218,  232,  25o,  257, 
261,  270,  271,  287,  295,296, 
297,  3oo,  347. 

Calabre  ultérieure f  xliv. 

(Palabrez,  Calabrois,  Calabroiz, 
V.  Calabrais. 

Calatine,  v.  Caiazzo. 

Caltare,  209  ' ,  Calcarc,  209. 

Campanik,  li,  Ixiij,  Ixx  ;  Cam- 
pagne, Campaingn-j,  Cham- 
paingn-j,  172,  173.  237,  241, 
245,  3 II,  3 14,  340,  356. 

Canini,  v.  Canosa  di  Puglia. 


Canne,  84,  v.  Cannes. 

Canne,  273,  273,    v.  Camosa  di 

PUGLIO. 

Cannes.  85  >  ;  Canne,   84. 

Canosa  di  Puglia,  270  2  ;  Canini. 
Canne,  270,  273,  275. 

Gappille  (conte),  [surnom  donné 
à  Guaimar  iV],  92. 

Capoue,  lij,  Ixvij,  Ixix;  Capu:*, 
Capue,  6,  24,  29,  33,  41,  43, 
37,90,92,  93,  io3,  io5y  106, 
i53,  134,  161,  i63,  i63,  172, 
174,  175,  176,  240,  245,  248, 
261,  264,273,278,379,287, 
332,  353. 

Capoue  {archevêque  de),  zxj. 

Capua,  Capue,  v.  Capoub. 

Capusita  [mon.  de  Saint  Benoît 
à  Capoue],  42. 

Caruso,  xxxvij. 

Caserte,  xliij,  Caserte,  90. 

Castel-Johan,     v.      Casivogio- 

VANNI. 

Castel- Veochio,  1 38  ■  ;  Castel- 
Vicl,  i38. 

Castcl-Viel,  v.  Castbl-Vecchio. 

Castrogiovanni,  2i3s;  Castel- 
Johan,  Chastcl-Jehan,  Chastel- 
Johan,  Chaste!  Saint-Jehan, 
194,  2i3,  214. 

Catatb,  304 1  ;  Cataingne,  Ct- 
tainne,  2o3,  aSa,  abc. 

(Satané  (évêque  de),  Ivi},  Iviij. 

Cava  {archives  de  la)^  zvj. 

Cécile,  Cecille  (Sainte),  329. 

Centorbi,  212  4;  Conturbe,  212. 

Cepei6ino,  XXV. 

César  (Jean),  xlvij  ;  Cesaire,  Ce- 
sare,  zlvij,  6,  1 3,  16. 


36s 


Champaingne,  v.  Campanie. 

Champollion-Figeac,  vij,  xiv, 
xix^  xxxij,  xxxix;  xl,  xlij,  xliv, 
xlv,  xlix,  liv,  Iv,  Ivj,  Ivij,  lix. 

Charlemagne,  xxxv. 

Charles  IL  roi  de  Naples,  xlv. 

Chastel-Jehan  ,  Chastel-Johan  , 
Chastel    Saint-Jehan,  v.    Cas- 

TROGIOVANNI. 

Chieti,  3o2  2;   Thetin   (marche 

de),  3o2. 
Chrétiens,  Chrestien,  5,  14. 

CiDONIE,  V.   LaCEDONIA. 

CiLENTO,  353  2;  Cylliente,  353. 
CiMiNO  (mont),  282  «  ;    Cymine, 

Cymino,  266,  282. 
CiviTATE,  1z,  Ixîx  ;  la    Cité,    84, 

i32,  i33,  134. 
Clément  II  (pape)j    Ixviij,  114, 

ii5. 
Coloingne  (arche vcsque  de),  33, 

V.  Piligrim, 
CoMiNO  ijpays  de),  39  '  ;  Comune 

(la  terre  laquelle  se  clame  lo), 

38. 
Conrad  {empereur),    Ixvij,  Cor- 
rade,  Corrat,  5i,  55,  57. 
CoRATO,    272  '  ;    Quarate,   272, 

273. 
Corrade,  v.  Conrad. 
Corrat,  io5. 
Corrat,  v.  Conrad. 
Costenlin,  fill  de  Tuisco,  88,  89. 

CONSTANTINOPLE,        xlvij,        Ixvij  ; 

Costentinnoble,  Costcntinoble 
Costentinople,  xlviij,  5,  7,  i3, 
i3,  16,  24,  34,  35,  5i,  60,  61, 
G4,  95,  149,  179,  181,  197, 
198,  IQ9,  222,  35i. 


Conturbe,  v.  Centorbi. 
Costentinoble  (empeor  de),   34  ; 

[prob.  Romain  Argyré], 
Costentinoble    (empereour),   5i, 

'ib<)  [Michel  IV]. 
Costentinoble  (impeor   de),  35 1 

[Constantin  Ducas  ou  Romain 

Diogene.] 
Costentinoble  (impereor  de),  266 

[Michel  VII]. 
Costentinoble  (impiere  de),  197, 

297. 
Costentinoble    (emperatrix   de), 

60  [Zoê\. 
Costentinople  (impereor  de),  198 

[prob.  Constantin  Ducas], 
Cydonie,  v.  Lacedonia. 
Cylliente,  v.  Cilento. 
Cymine,  Cymino,  v.  Cimino. 
Cyrus,  roi  de  Perse,  Cyrc,  roy 

de  Persie,  i,  2. 
Cysterne,  v.   Torre  della  Cis- 

TERNA. 


D 


Damase  II,  pape  [aup.  év.  de 
Brixen],  1 15  1  ;  Damasco,  Da- 
mase, Damasse,  104,  114. 

Datto,  34  '  [beau-frère  de  Mélès]  ; 
Dato,  34. 

David  (prophète),  124. 

Demede,  257. 

Didier  y  abbé  du  Mont-Cassin, 
viij,  ix,x,  xj,  xxiij,  xxiv,  xxxvj, 
xxxix,  Ixx;,  Desidere  (abbé, 
frère,  missire),  xxxv,  i,  143, 
144,  145,  146,  i5i,  172,  177, 
191,  262,  263,  266,  276,  285 


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Iw::-.  >i  .  ^.o  - .  LVapo,  Dr*.^ 
».v.  Or-ùû^r.o,  52.  ."«.v  .^o,  84. 
liO.  ..I.  ».i.  vl."^.    oi,   loi,    iol>, 

■  104.  10."»,  III.  I  I  J,   1 1.^  117, 

I  iS.  1  Iv).    1  2v\    121.  Ii2,    123. 
l.M. 

Pr\.:o  y îVc  rc  . ; j\   1  i  i .  V .  llum- 

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Ox,:;;v»r.o.  v.    i);Vj:i\    comte    Je 

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n;K'.:.i ;'.»'.  l>.:.î..i:u\  Ouldnie.  v. 

n\  *  »  lui.':'..  H)  »s.lii:i^'n,\  ,  Ik'kt'ij- 


EngelscalCy  abbé  de  Benedict- 

beuretîf  Ixiv. 
Engicterre,  v.  Angleterre, 
Engleterre  (roy  d'),  5,   10  [//j- 

rold]. 
Engleterre  (roy  d*),   343    [Gui'.- 

laume  le  Conquérant]. 
Englez  (li),  v.  Anglais, 
Enulfe,   V.  Adénulfe,  abbé  du 

Mont-Cassin. 
Erduyne,  v.  A  rdouin. 
EscLAvo.vNiE,  14. 
Espagne,  xj,  1j;  Espaingne,    3, 

la,  i3,  ai6. 
Estitanae,  v.  Eichstatt. 
Etienne  [neveu  de  Mêles]  ;  Sté- 
phane, 39;  40. 
Etienne  IX  (p^pé),  xxxv. 
Etna.  212),  Mont  de  Gilbert, 

212. 
Eutropc,  Eutroppej  zxxj,  xxxiij, 

xxxvj,  xlv,  xlvj,  xUx. 


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Kl.i  jM\mJt\  lui.  \.  iiiiJcbrjtiJ, 

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KmMI  l.Li  sio,  ni. 


Fiicose-Ic-Novc,     v.     Paccosa- 

Nl'OVA. 

FalgutiTC,  260. 

Falsc,  V.  Frazzano. 

Fcdcrîc  ^cnncclicr),  v.    Frédéric 

Je  Lorraine, 
FcJeric  (emporeor),  i23. 
FiRMO   {Marche  de),  1 24  >  ;  U 

Marche,  lix,  1 24. 
Français  {les),  Françoiz,   Fran- 

a>is,  II,  34. 
France,  xj,  0,  I23. 
Fr.mce  ^roy    de),    i23;    [Henri 


5^7 


France  (roy  de),  343    [Philippe 

François,  v.  Français. 
François   de  Ponte,  prêtre    de 

Nusco,  XV,  xvj. 
Françoiz,  v.  Français. 
Frazzano,  212  2;  False,  212. 
FréJéric  de    Lorraine     [ensuite 

pape  sous  le  nom  d'Etienne  IX, 

Ixj,  Ixiv,    12  1';  Fedcric  (can- 

celier),  120,  124. 


Gaete,   Gaieté,    Gaitc,    Gayete, 

Gayte,  lix,  48,  86,  124,  32  5. 
GaétainSf  Gaytein  (li),  3i3. 
Gaieté,  v.  Gaete. 
Gaieté  (duc    de),    173.  v.  Guil- 
laume de  Montreuil. 
Gaimare,  86,    v.    Guaimar  /K, 

pr.  de  Salerne. 
Gaite,  v.  Gaete. 
Gallinarc,  v.  Garigliano. 
Gallinare    (château    de),    Ixvj, 

39. 
Gallinaire,  v.  Garigliano. 
Gamerie,  54,   v.    Guaimar  /K, 

pr.  de  Salerne. 
Garigiane,  v.  Garigliano. 
Garigliano,     236  '  ;    Gallinaire, 

Gallinare  ,    Garigiane  ,     236  , 

279. 
Gariglione  (tour  de;,  34  '  ;   Ga- 

rilgiane  (tor  de),  34. 
Garilgione^   293  î  ;    Garilgiune, 

Garilione,    Glaile,    266,    295, 

296,  297. 
Gattola,  X. 
Gauthier  [fils  d'AmicuSj  comte 


de    Civitate]f    Ixviij,    269  i  ; 

Gautier,    Pierre    de    Gautier, 

81,  84. 
Gayete,  v.  Gaete. 
Gayfere,  187  '  ;   Gayfere,  Gual- 

fere,    Guayfere,    Guayfrerie, 

i55,  186,  190. 
Gaymare,  io3,  v.   Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Gaymarie,  41,  v.  Guaimar  III , 

pr,  de  Salerne. 
Gaymere,  352,v.  Guaimar,  frère 

de  Gisulfe. 
Gaymere,  59,61,  io3,  io6,  117, 

253,  33 1,  V.  Guaimar  IV,  pr. 

de  Salerne. 
Gaystein,  v.  Gaétains. 
Gayte,  v.  Gaete. 
Gaza,  184. 

Gazoline  de  1q  Blace,  v.  Gocelin, 
Gebhart  ev.   d'Eichstatt    [pape 

sous    le  nom  de    Victor   II], 

1 39  2  ;  Geobarde,  1 39. 
Geffroy    [frère   de     Humfroy, 

comte   de    Fouille],    Gofrede, 

i36. 
Gênes,  3i3t;  Janue,  3i3. 
Génois  {les),  Genevoiz,  324. 
Genzano  de  Fouille,  99  > 


Jé- 


zane,  99. 


Geobarde,  v.  Gebhart,  év. 
d'Eichstatt. 

Geoffroi  Ridelle  [duc  de  Gaite, 
seigneur  de  Ponte  Corvo], 
2o5  t  ;  Goffre,  Goffre  Ridelle 
ou  Rindielle,  Goffrede  Ridelle, 
GofiFroy  Rindielle,  Gofre,  193, 
2o5,  206,  210,  218,  265,  27a, 
293,  294. 


358 

la  ducesse,  laquelle  avieingne  que  lui  fust  parente,  toutes 
lui  paroît  corne  fille.  Cestui  avoient  eslit  pour  lor  père  et 
pDur  garde  et  salut  de  lor  animes,  et  s^ii  estoit  aucun  jor 
que  lo  abbé  non  fust  aie  a  la  cort,  lo  mandoient  querant 
par  letre  ou  par  message.  Et  quant  il  venoit  lui  donnoieni 
diverses  coses^  et  a  Ponor  de  PEglize  li  donnoient  divers 
pailles,  et  li  mandoient  diverses  pièces  de  or  et  de  argent, 
et  pour  lo  vestement  de  li  frère  et  pour  lo  mengier,  man* 
doit  chascun  jor  besant  molt  et  tarin,  et  en  la  sollempnel 
feste  honoroit  lo  refcctor  de  vaissel  d^or  et  d'argent.  Et  li 
mul  et  o  li  Sarrazin  serve  sien  tout  li  monastier  enric- 
chisoit^  et  a  dire  la  vérité,  pour  lo  bénéfice  de  cestui  tout 
lo  monastier  estoit  enluminé.  A  ces  .ij.  seignors  Dieu, 
loquel  est  père  et  remunerator  de  tout  bien,  pour  la  me* 
rite  de  saint  Benedit,  lor  en  rende  mérite  en  vie  eterne. 
Amen, 


TABLE  DES  NOMS 


Abagélard  (fils  de  Humfroy, 
comte  de  Fouille),  i37  2  ; 
Raialarde,  Baiarladc,  Bala- 
larde,  Balalart,  Balarde,  Bela- 
barde,  197,  198,  199,  266, 
286,  287,  288,  289,  290,  292, 
295,  296,  297,  3o5,  3i5,  326, 
355. 

Acate-Pain,  v.  Avartutèle  (ca- 
iapan), 

Accate-Pain,  v.  Avartutèle  {ca-- 
tapan). 

Acchiles,  v.  Achilles. 

Acco,  V.  Actus, 

AcERRA,  2852;  La  Cerrc,  85, 
266,  285,  286. 

Achatc-Pain,  v.  Avartutèle  (ca- 
tapan), 

Achilles,  Acchilles,  93. 

Acquin,  v.  A(iUiNO  {ville  <f  ). 

Actus^  évoque  des  Marses, 
242  ',  Acco,  242. 

Adalbert  {archevêque)^  liij. 

Adam  de  Brème ^  liij. 

Adcguardc,  v.  Edouard  le  Con- 
fesseur. 


Adelperga,  duch.  de  Bénéventy 

xxxij. 
Adémar  de  Chabanais,  Ixxj. 
Adenolfe,  262. 
Adenolfe,    v.    Adénulfe,    comte 

d'Aquino. 
Adénulfe,  conte  de  Aquin  [comte 

d'Aquino]  ;     Adenolfe,     23 1 , 

234,  236,  a38,  239,  240,  245, 

261,  263,  279,  293,  295. 
Adénulfe  de  Bénévent,  Adinulfe, 

Athcnulfe,    Athenulfo,    Ixviij, 

52,  74,  80. 
Adénulfe j  arch,  de  Capoue,  46 1  ; 

Adénulfe,  Adinulfe,  Anulphe, 

Ixvij,  7,  46,  5i. 
Adénulfe j  duc  de  Gaéte,  comte 

d'Aquino f     164J  ;    Adénulfe  , 

Adinolfe,   Aynolfe,   96,    i53, 

i65,  234. 
Adénulfe,  duc  de  Gaieté  (moil- 

lier  de),   234,  v.  Marie,  du- 

chessc  de  Gaéte, 
Adinolfe,  v.    Adénulfe,  duc  de 

Gaéte. 
Adénulphe,  abbé  du  Mont-Cas- 

sirty    xlvij  ;   Atenulfe,     Athe- 

nulfe,  Enulphe,  7,  3i,  ^4. 


358 

la  ducesse,  laquelle  avieingne  que  lui  fust  parente,  toutes 
lui  paroît  corne  fille.  Cestui  avoient  eslit  pour  lor  père  et 
pour  garde  et  salut  de  lor  animes,  et  s^il  estoit  aucun  jor 
que  lo  abbé  non  fust  aie  a  la  cort,  lo  mandoient  querant 
par  letre  ou  par  message.  Et  quant  il  venoit  lui  donnoieni 
diverses  coses,  et  a  Ponor  de  TEglize  li  donnoient  divers 
pailles,  et  li  mandoient  diverses  pièces  de  or  et  de  argent, 
et  pour  lo  vesiement  de  li  frère  et  pour  lo  mengier,  man- 
doit  chascun  jor  besant  molt  et  tarin,  et  en  la  sollempnel 
feste  honoroit  lo  refcctor  de  vaissel  d^or  et  d'argent.  Et  li 
mul  et  o  li  Sarrazin  serve  sien  tout  li  monastier  enric- 
chisoit,  et  a  dire  la  vérité,  pour  lo  bénéfice  de  cestui  tout 
lo  monastier  estoit  enluminé.  A  ces  .ij.  seignors  Dieu, 
loquel  est  perc  et  remunerator  de  tout  bien,  pour  la  mé- 
rite de  saint  Benedit,  lor  en  rende  mérite  en  vie  eterne. 
Amen. 


TABLE  DES  NOMS 


Abagélard  (fils  de  Humfroy, 
comte  de  Fouille),  i37  2  ; 
Baialarde,  Baiarladc,  Bala- 
larde,  Balalart,  Balarde,  Bela- 
barde,  197,  198,  199,  266, 
286,  287,  288,  289,  290,  292, 
295,  296,  297,  3o5,  3i5,  326, 
355. 

Acate-Pain,  v.  Avartutele  (ca- 
tapan). 

Accate-Pain,  v.  Avartutele  (ca~ 
tapan). 

Acchiles,  v.  Achilles. 

Acco,  V.  Actus. 

AcERRA,  285  a;  La  Cerre,  85, 
266,  285,  286. 

Achate-Pain,  v.  Avartutele  (ca- 
tapan), 

Achilles,  Acchilles,  93. 

Acquin,  v.  A(iUiNO  {ville  d'). 

Actus,  évêquc  des  Marses, 
242  ',  Acco,  242. 

Adalbert  {archevéque\  Hij. 

Adam  de  Brème ^  liij. 

Adeguarde,  v.  Edouard  le  Con- 
fesseur. 


Adelperga,  duch,  de  Bénévent, 
xxxij. 

Adémar  de  Chabanais,  Ixxj. 

Adenolfe,  262. 

Adcnolfe,  v.  Adénulfe,  comte 
d'Aquino. 

Adénulfe,  conte  de  Aquin  [comte 
d^Aquino]  ;  Adenolfe,  a3i, 
234,  236,  238,  239,  240,  245, 
261,  263,  279,  293,  295. 

Adénulfe  de  Bénévent,  Adinulfe, 
Athcnulfe,  Athenulfo,  Ixviij, 
52,  74,  80. 

Adénulfe,  arch,  de  Capoue,  46 1  ; 
Adénulfe,  Adinulfe,  Anulphe, 
Ixvij,  7,  46,  5i. 

Adénulfe f  duc  de  Gaéte,  comte 
cTAquinOf  164?;  Adénulfe, 
Adinolfe,  Aynolfe,  96,  i53, 
i65,  234. 

Adénulfe,  duc  de  Gaieté  (moil- 
lier  de),  a 3 4,  v.  Marie,  du- 
chesse de  Gaéte, 

Adinolfe,  v.  Adénulfe,  duc  de 
Gaéte. 

Adénulphe,  abbé  du  Mont-Cas- 
sin,  xlvij  ;  Atenulfe,  Athe- 
nulfe,  Enulphe,  7,  3i,  ^4. 


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x:v.  XV.  \%i.  \v:i,  xvi  i.  lii. 

.■siFFii  ei'z'quc  tt  miim  ^u  Mer.:» 
Cass:ri:  Arrutus,  Anut,  vij, 
\.:.  il,  X,  xj,  x::,  xi:;,  xiv. 
XV :,  xv::j.  xxiii.  xxiv,  xxv, 
xxv;.  xxvii,  xxxv.  xxxvi.  xxxix, 
xl.  xlii.  xiv,  xhi.  xlvii,  xlviii, 
1.  ]j,  li-,  liij.  liv.  Iv.  Ivj,  Ivii. 
1.  .il.  iix.  1x.  Ixj,  l\i:.  Ixii:,  Ixiv, 
Ixv,  lxvi,lxvij,  Ixvii),  Ixix,  Ixi, 
Ixxj. 

Aiméj  du  Mont'Cjssin  (trjJuC' 
îcurd\.  ix,  x,  XXX,  xxxj,  xxxij, 
xxxiij.  xxxiv,  xxxv,  xxxvj, 
xxxix,  xIt.  xlij.  xlii).  xliv,  xlv, 
xlvi,  xlvii,  xlvi:;.  xl:x.  1,  liv. 

Aiméj  €v.  SOlcron,  arch.  de 
BOi'dcjux,  xj,  xij.  xiv. 

AlbcrpJe.  v.  Alvcrada, 

Albàric,  mwinc,  iS'j^;  Albcrijo, 
AlKT:-.jue.   i??,  iSo.  lov. 

Ali-  al.i:,  V.  HaroLi,  loi  J\4m- 
;:Uterre. 

AÎJ-yr.L-,  V.  Afdouiu. 


Altrr.ainçnc,  v.  Allehaghe. 

Aitrinain^ne    tuv    6'),    3oi,    v. 

Alexandre    U     ^pape^.     xxiv; 

Al:ii=Jrr,  205,  ijS. 
Alexam<ue,  Alixandre,   149. 
.4  Ujcis    Comnène     (empereur), 

XXÏT,  lîj. 

Aifime  arckevéqme  de  Salerne, 

33ô«  :  Alfane,  336- 
J/j-ihf-.Vj'mjA,  204  t  ;  Bdichaot, 

Belrho.  Belchoah,  204,  si 3. 
Alixandn:.  140,  t-  Ai-exandrie. 
Alixandr:   (pape),    t.    AUxoh 

dre  IL 
AiLEKACNE,  Alemeîngne,  57,91. 

17'''.  ^44- 
.4  îlemands  (/ef  ),  Thodeschi,  Tho- 

desquc,  Todeschi.  Todesque, 

Toudeschi,  1 3 1 , 1 34, 1 5 1 ,  143, 

250.  281. 

Alpes  (les),  li  Alpe,  33,  244. 

Alpine,  v.  Akpino. 

Alverada,  Ixix,  168  1  ;  Adve- 
rarde,  Alberade,  Alvenda,  Al* 
vcrarde,  m,  i54y  168. 

.Alverarde,  v.  Alverada. 

.Amafe,  t.  Amalfi. 

Amalfe,  v.  Amalfi. 

Amalfctain  (li>,  t.  Amaljliamt. 

Amalfi,  xlvj  >  ;  Amafe,  Amalfe, 
Amelfe,  Malfe,  Umalfe,  xIyj, 
Ixij,  Ixvij,  49,  5 1,  58,  88,80, 
12(1,  i53,  1Ô2,  3i3,  3i7, 3i9i 
321,  'SiS,  325,  32Ô,  329,  33o, 
33i,  333.347,  348,351,333. 

Amalhgiane  (monasticr  de  li),  v. 
Amalfitahis. 

Amalfitains    (/ef),    Ixij.     Ixix» 


36i 


Amnlfetain,  Amalfîtain,  Amal- 

fiten,  Malfitain,  89,  127,  162, 

3i3,  325,  326,  329. 
A  malfitains     (monastère     des)^ 

182  '  ;  monastier  de  li  Amalfi- 

giane,  181. 
Amalfitcn  (li),  v.  Amalfitains. 
Amatf  V.  Aimé  du  MonUCassin, 
Amatus  episcopus  et  Casinensis 

monachuSt  v.  Aimé  du  Mont- 

Cassin, 
Ambroise  (saint),  archevêque  de 

Melan  [Milan],  63. 
Amelfe,  v.  Amalfi. 
Ami,  fils    de   Gauthier^  '97^; 

Ami,  fil  de  Galtier,  Ami,  iqy, 

198,  199. 
Amiternum,    241';    Amicerne, 

Amiterne,  241,   307. 
Ancône  (marche  d*),  3o2. 
Anoria  160  ?  ;  André,  Antri,  160, 

265,  273. 
Angélus  de  Nuce,  abbé  du  Mont- 
Cas  sin,  XX  vj. 
Anglais  {l€s)j  li  Englez,  10. 
Angleterre,  xlj,  Ij  ;  Engleterre, 

3,  10. 
Anglo-Saxons f  xlj. 
Antioche,  Anlhioce,  320. 
Antri,  V.  Andria, 
Anulphe,  arch.,  7,  v.  Adénulfe, 

arch,  de  Capoue, 
Apice,  286  I  ;  Apice,  Pice,  266, 

28^). 
Aquin,  v.  Aquino  [ville  d'), 
Aquin  (la  conté  d'),  173. 
Aquin,  contes   de,   96,  v.   Adé- 
nulfe, duc  de  Gaète  et  Landon, 

comte  d'Aquino. 


Aquin  (li  conte  de),  265,  266, 
279,  293  ;  V.  Adénulfe,  comte 
d'Aquino. 

Aquino  (ville  d*),  Acquin,  Aquin, 
i53,  164,  i65,  23i,  232,  233, 
236,  239,  240,  245,  246,  247, 
261,  262,  263,  264,  279,  280, 
293,  294. 

Arabe,  v.  Arabie. 

Arabes  (les),  Arabi  (li),  268. 

Arabie,  Arabe,  214. 

Arbeo,  v.  Hervé, 

Archifrède,  253. 

Ardouin,  xlvj,  Iviij,  Ixviij  ;  Al- 
doyne,  Arduine,  Arduyn,  Ar- 
duyne,  Erduyne,  xlvij,  52, 63, 
64,  65,  66,  68,  69,  83,  85. 

Argence,  v.  Argiri:{:^0, 

Argencie,  v.  Argiri:i;s[0. 

Argenté  (chastel  de),  238. 

Argentie,  v.  Argiri^s[0, 

Argerico,  v.  Argiri\:^o, 

Argira,  8 H  [fils  de  Mélès]  ; 
Agyre,  Argira,  Argire,  Argiro, 
xlviij,  52,  80,  81,  95. 

Argiritie,  v.  Argiri^jo. 

Argiri:^:ço,  227  »;  Argence,  Ar- 
gencie, Argentie,  Argerico, 
Argiritie,  Argitie,  Argitio,  Ari- 
gitie,  222,  223, 224,  225,  227. 

Argiro,  v.  Argira, 

Argitie,  Argitio,  v.  Argiri^^o, 

Argynese,  prob.  Frigcnto,  84. 

Arigitie,  V.  Argiri^^o. 

Arménie,  Herménie,  16. 

Arnolin,  85  '  ;   Arnohne,  84. 

Arpe,  V.  Arpino. 

Arpino  (pays  d'),'i39  ?;  Alpine, 

Arpe,  139,  236. 


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3«3 


220,    221,   223,  224,  225,  227, 

228,  23o,  275,  296. 

Basile,  abbé  du  Mont-Cassin^ 
45  I  ;  Basile,  Basilie,  7,  43,  45, 
55. 

Basilie,  v.  Basile. 

Bavière  {abbaye  de),  Ixv. 

Béatrix,  veuve  de  Boniface, 
margrave  de  Toscane,  281'; 

Béatrice,  Beatrix,  266,  281. 

Bsbie  (mont  de),  v.  Vésuve 
{mont). 

Belabarde,  v.  Abagélard. 

Belabarde  (frère  de),  198. 

Belcho,  V.  Ali'ibn-Nimah. 

Belchoal,  v.  Ali-ibn-Nimah. 

Belgrime,  v.  Piligrim,  arch.  de 
Cologne, 

B'jllaric  (castel),  Valaire,  Valla- 
rie,  266,  288. 

Belvédère  (castel  de),  95. 

Benafre,  v.  Venafro. 

Benedictbeuren  (abbaye),  Ixiv. 

Benedit  (pape),  v.  Benoit  IX. 

BÉNÉVENT,  lij;  Bonivenc,  Boni- 
vent,  xxxj,  33,  47,  52,  80,  104, 
117,  118,  120,  123,  i35,  190, 
196, ,266,  277,  278,  283,  284, 
3i5,  354. 

Benoît  (saint),  xxxiv,  Ixvlj;  Saint 
Benoît,  Saint  Benedit,  37,  98, 
142,  164,  172,189,  262,  263, 
293.  344,  357,  358. 

Benoît  (ordre  de  Saint),  xxj,  xxij, 
Benoît  IX  (pape)  ;  Benedit 
(pape),  33. 

Bérard  II,  comte  des  Marses, 
3o4  2  ;  Bcrnardc  (li  fill  de), 
3ob,  Bcrart  (conte),  307. 


Bérard j  comte  des  Marses,  fils 
de  Bérard  II,  304  2,  3o6  »  ; 
Berart,  Berarde,  Bernart,  24 1 , 
242,  267,  304,  307,  3 1 0,  3 1 1 . 

Berarde,  fil  de  Âdain,  304. 

Berarde,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  IL 

Berart  (conte),  307,  v.  Bérard  II, 
comte  des  Marses. 

Berart,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses f  fils  de  Bérard  II. 

Bernard,  évêque,  182  »  ;  Bernart, 
Bernât,  181. 

Bernard,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  IL 

Bernarde,  3 06,  v.  Bérard  II, 
comte  des  Marses, 

Bernarde  (li  fill  de),  3o6,  v.  Odc- 
risius,  Rainaldus  et  Bérard. 

Bernart  (evesque),  v.  Bernard. 

Bernât  (evesque),  v.  Bernard, 

Besantic,  v.  Bi:;an^io  {patrice). 

Bethmann.  xxxiv. 

Bibio  (mont),  v.  VÉsuve  (mont). 

Bisancie,  Bisantic,  v.  Bi^çap^io 
(patrice) 

BisiGNANo,  Visimane  (cité),  109. 

Bizantie,  v.  Bii^an^io  (patrice). 

Bi:^àn:çio  (patrice),  222  •  ;  Bc- 
santic,  Bisancie,  Bisantic,  Bi- 
zantie,   Bysantic,    221,    222, 

223. 

Bysantic,  v.  Bi:{an:{io  (patrice). 

BoDFELD,  i39  ?  ;  Ponte- Feltro, 
139. 

BoUandistes  (les),  xiv,  xv,  xvj, 
xviij. 

Boniface  (marquis),  c)i  î  ;  Boni- 
face  (marchiz),  91. 


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57.  )n-  }^  *^-  -'-1  -ï^»  ^î'î- 
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:-j-  :-f.  :-n,  aaii.  xjJ.  14^. 
in  : .    10  j„  i-i.  irîi.  a-rv»  a^. 

•   •  •  ^  ■• 

'Zjtsnue  jnrdtevéqae  JtB\  isj. 

Cipil;l.    ClÇUl!,   T.    CàPOCT. 

i^ciisua  mcn.  .le  ânzir 
CidEUTï.  sliii.  Casene.  «10. 

(Iajtel-Vkcchzd.  c34    ; 

Vld.  t3'J. 
«7.i.sri?i-V.el,  ▼.  Cistil-Veccbb. 
t!!lAsr2t:f:iuvjL!i!Ry    ici  =; 

Joban.  Chasct*I-J«faaiu 

J  jhan.    rha«ti*f    Saxat-Jefaait, 

:  .4,  3 [3.  114. 
Catat¥.  204  f  :  CanxngDe,  G^ 

Mume,  ao3,  aSi,  ûo. 


CjVJ    JrckÎ9€3  Je   Ll)^  XTl*. 

Cec:Ie.  Cedîle  i;âaintev,  3 19. 
C£VT09ai.  211 -fc;  CaaturhCy  an. 
CcFEiTAyo.  HT. 

C»jr  iJean'',  xlviî  ;  Gewic,  O- 
sare,  zWij,  6,  iS,  16. 


J65 


Champaingne,  v.  Campanie. 

Champollion-Figeac,  vij,  xiv, 
xix,  xxxij,  xxxix,  xl,  xlij,xliv, 
xlv,  xlix,  liv,  Iv,  Ivj,  Ivij,  lix. 

Charlemagne,  xxxv. 

Charles  II,  roi  de  Naples,  xlv. 

Chastel-Jehan  ,  Chastel-Johan  , 
Chastel    Saint-Jehan,  v.    Cas- 

TROGIOVANNI. 

Chieti,  3o2  2;    Thctin   (marche 

de),  3o2. 
Chrétiens,  Chrestien,  5,  14. 

CiDONIE,  V.   LaCEDONIA. 

CiLENTO,  353  2;  Cylliente,  353. 
CiMiNo  (mont),  282  I  ;    Cymine, 

Cymino,  266,  282. 
CiviTATE,  Ix,  Ixix  ;  la    Cité,    84, 

i32,  i33,  134. 
Clément  II  (pape)^    Ixviij,  1 14, 

1 15. 
Coloingne  (arche vcsque  de),  33, 

V.  Piligrim. 
CoMiNO  (pays  de\  39  '  ;  Comune 

(la  terre  laquelle  se  clame  lo), 

38. 
Conrad  {empereur),    Ixvij,  Cor- 
rade,  Corrat,  5i,  55,  57. 
CoRATO,    272  '  ;    Quarate,    272, 

273. 
Corrade,  v.  Conrad. 
Corrat,  io5. 
Corrat,  v.  Conrad. 
Costentin,  fiU  de  Tuisco,  88,  89. 

CONSTANTINOPLE,        xlvîj,        Ixvij  ; 

Costentinnoble,  Costcntinoble 
Costcntinople,  xlviij,  5,  7,  i3, 
i3,  16,  24,  34,  35,  5i,  60,  61, 
G4,  95,  149,  179,  181,  197, 
198,  199,  222,  35 1. 


Conturbe,  v.  Centorbi. 
Costentinoble  (empeor  de),   34  ; 

[prob,  Romain  Argyre], 
Costentinoble    (empereour),   5i, 

259  [MichellV], 
Costentinoble  (impeor   de),  35 1 

[Constantin  Ducas  ou  Romain 

Diogène.] 
Costentinoble  (impereor  de),  266 

[Michel  VII]. 
Costentinoble  (impiere  de),  197, 

297. 

Costentinoble    (emperatrix   de), 

60  [Zoé]. 
Costentinople  (impereor  de),  198 

[prob,  Constantin  Ducas], 
Cydonie,  v.  Lacedonia. 
Cylliente,  v.  Cilento. 
Cymine,  Cymino,  v.  Cimino. 
Cyrus,  roi  de  Perse,  Cyre,  roy 

de  Persie,  i,  2. 
Cysterne,  v.   Torrb  della  Cis- 

TERNA. 


D 


Damase  II,  pape  [aup.  év.  de 
Brixen],  1 1 5  i  ;  Damasco,  Da- 
mase.  Damasse,  104,  114. 

Datto,  34  >  [beau-frère  de  Mélès]; 
Dato,  34. 

David  (prophète),  124. 

Demede,  257. 

Didier,  abbé  du  Mont-Cassin, 
viij,  ix,x,  xj,  xxiij,  xxiv,  xxxvj, 
xxxix,  Ixx;.  Desidere  (abbé, 
frère,  missire),  xxxv,  i,  143, 
144,  145,  146,  i5i,  172,  177, 
191,  262,  263,  266,  276,  285 


366 


286,  3oi,  333,  335,  357. 

Di  Afeo,  XV j,  Ixviij. 

Dukcianos  (xMichel),  63  a  ;  Due- 
liane  ,  Ducliinc ,  Dulcanie  , 
Dycclicicn,  Dyocliciv.'n,  52,  64, 
70,  75,  76. 

DrogOj  comte  de  Fouille ,  Iviij, 
Ixviij,  52  ',902;  Drago,  Dro- 
go,  Drugone,  52,  53,  59,  84, 
90,91,  92,  95,  98,  loi,  io3, 
*  104,  io5,  III,  112,  ii3,  117, 
118,  119,  120,  121,  122,  123, 
i3i. 

Dro/î^o  (frcrc  de),  122,  v.//«m- 
froy, 

Drugone,  v.  DrogOy  comte  de 
Pouille, 

Duchesne,  xxviij,  xxix. 

Dudiane,  Duolianc,  Dulcanie,  v. 
Dokeiattos, 

DuRAZZo,  Duracc,  198. 

Dycclicijn,  Dyoclicien,  v.  Dokeia- 
tios. 


Engelscalc,  abbé  de  Benedict- 
beuretif  Ixiv. 

Engleterre,  v.  Angleterre. 

Engleterre  (roy  d'),  5,  10  [Ha- 
rold]. 

Engleterre  (roy  d*),  343  [Guil- 
laume le  Conquérant]. 

Englez  (li),  v.  Anglais. 

Enulfe,  V.  Adénulfe,  abbé  du 
Mont-Cassin. 

Erduyne,  v.  Ardouin. 

ESGLAVONMIE,    I4. 

Espagne,  xj,  Ij;  Espaingne,  5, 
12,  i3,  216. 

Estitanse,  v.  Eichstatt. 

Etienne  [neveu  de  Mêlés]  ;  Sté- 
phane, 39;  40. 

Etienne  IX  (pape),  zxxv. 

Etna,  212  ^  Mont  de  Gilbert, 
212. 

Eutrope,  Eutroppe^  xxxj,  xxxiij, 
XXXV j,  xlv,  xlvj,  zUx. 


E 


Eberhard,  comte  de  Nellem- 
bourg,  299  }  ;  HcrcnarJc,  299. 

Edouard  le  Confes.^eur,  roi 
d\i  nglctcrrc,  104;  Adeguardc, 
10.      •  • 

KicnsTATT  (cvcquc  d'),  i3q2; 
Ksliiansc  (cv.  de),  1 39,  v.  Vic- 
tor H. 

ElJjpranJc,  7,  4?.  v.  Hilde^ 
trjtiJ,  arch,  de  Capouc 

ICUl  prandc,  191,  v.  Uildebrand^ 
plus  tard  Grégoire  VIL 

Emmelli:sio,  21 3. 


Facose-lc-Nove,     v.     Paccosa- 

NUOVA. 

Falgutce,  269. 

Falsc,  V.  Frazzano, 

Federic  (cancclier),  v.  Frédéric 
de  Lorraine. 

Federic  (empereor),  I23. 

FiRMo  {Marche  de),  124'!  ^ 
Marche,  lix,  124. 

Français  {les),  Françoiz,  Fran- 
çois, 1 1 ,  34. 

France,  xj,  9,  i23. 

France  (roy   de),    ia3;    [Henri 


3^7 


France  (roy  de),  343    [Philippe 

François,  v.  Français. 
François   de  Ponte ^  prêtre    de 

Nusco,  XV,  xvj. 
Françoiz,  v.  Français. 
Frazzano,  212  2;  Falsc,  212. 
FréJéric   de    Lorraine     [ensuite 

pape  sous  le  nom  d'Etienne  iX, 

Ixj,  Ixiv,    121  ';  Federic  (can- 

celier),  120,  124. 


Gaete,   Gaieté,    Gaite,    Gayete, 

Gayte,  lix,  48,  86,  124,  325. 
GaétainSy  Gaytein  (li),  3i3. 
Gaieté,  v.  Gaete. 
Gaiête  (duc    de),    173.  v.  Guil- 
laume de  Montreuil. 
Gaimare,  86,    v.    Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Gaite,  v.  Gaete. 
Gallinare,  v.  Garigliano. 
Gallinare    (château    de),    Ixvj, 

39. 
Gallinaire,  v.  Garigliano. 
Gamerie,  54,   v.    Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Garigiane,  v.  Garigliano. 
Garigliano,     236  '  ;    Gallinaire, 

Gallinare  ,    Garigiane  ,     236  , 

279. 
Gariglione  (tour  de;,  34  '  ;   Ga- 

rilgiane  (tor  de),  34. 
Garilgione,    296  î  ;    Garilgione, 

Garilione,    Glaile,    266,    295, 

296,  297. 
Gattola,  X. 
Gauthier  \fils  d'Amicus,  comte 


de    Civitate],     Ixviij,    269  »  ; 

Gautier,    Pierre    de    Gautier, 

81,84. 
Gayete,  v.  Gaete. 
Gayfere,  187  '  ;   Gayfere,  Gual- 

fere,     Guayfere,     Guayfrerie, 

i55,  186,  190. 
Gaymare,  io3,  v.   Guaimar  IV, 

pr,  de  Salerne. 
Gay marie,  41,  v.   Guaimar  III ^ 

pr,  de  Salerne. 
Gaymere,  352,v.  Guaimar^  frère 

de  Gisulfe, 
Gaymere,  59,61,  io3,  106,  117, 

253,  33 1,  V.  Guaimar  IV^pr. 

de  Salerne. 
Gaystein,  v.  Gaétains. 
Gayte,  v.  Gaete. 
Gaza,  184. 

Gazoline  de  la  Blace,  v.  Gocelin. 
Gebhart  ev.   d'Eichstatt    [pape 

sous   le  nom  de    Victor   II], 

1 39  2  ;  Geobarde,  1 39. 
Geffroy    [frère   de     Humfroy^ 

comte   de   Pouille],    Gofrede, 

i36. 
Gênes,  3  i  3  i  ;  Janue,  3 1 3. 
Génois  {les),  Genevoiz,  324. 
Genzano  de  Pouillk,  99  •  ;   Jé- 

zane,  99. 
Geobarde,     v.      Gebhart,     év. 

d'Eichstatt. 
Geoffroi  Ridelle  [duc  de  Gaéte, 

seigneur    de    Ponte   Corvo], 

20 5  »  ;  Goffre,   Goffre  Ridelle 

ou  Rindielle,  GofFrede  Ridelle, 

Goffroy  Rindielle,  Gofre,  193, 

2o5,  206,  2io,  2i8,  265,  272, 

293,  294. 


358 

la  ducesse,  laquelle  avieingne  que  lui  fust  parente,  toutes 
lui  paroît  corne  fille.  Cestui  avoient  eslit  pour  lor  père  et 
pDur  garde  et  salut  de  lor  animes,  et  s^il  estoit  aucun  jor 
que  lo  abbé  non  fust  aie  a  la  cort,  lo  mandoient  querant 
par  letre  ou  par  message.  Et  quant  il  venoit  lui  donnoient 
diverses  coses,  et  a  Tonor  de  TEglize  li  donnoient  divers 
pailles,  et  li  mandoient  diverses  pièces  de  or  et  de  argent, 
et  pour  lo  vestement  de  li  frère  et  pour  lo  mengier,  man- 
doit  chascun  jor  besant  molt  et  tarin,  et  en  la  soliempnel 
feste  honoroit  lo  refector  de  vaissel  d^or  et  d^argent.  Et  li 
mul  et  o  li  Sarrazin  serve  sien  tout  li  monastier  enric- 
chisoit,  et  a  dire  la  vérité,  pour  lo  bénéfice  de  cestui  tout 
lo  monastier  estoit  enluminé.  A  ces  .ij.  seignors  Dieu, 
loquel  est  perc  et  remunerator  de  tout  bien,  pour  la  m^ 
rite  de  saint  Benedit,  lor  en  rende  mérite  en  vie  eterne. 
Amen, 


TABLE  DES  NOMS 


Abagélard  (Jils  de  Humfroy, 
comte  de  Pouillé),  i57  2  ; 
Baialardc,  Baiarladc,  Bala- 
larde,  Balalart,  Balarde,  Bela- 
barde,  197,  ig8,  199,  266, 
286,  287,  288,  289,  290,  292, 
2g5,  296,  297,  3o5,  3i5,  326, 
355. 

Acate-Pain,  v.  Avartutele  (ca- 
talan). 

Accate-Pain,  v.  Avartutele  (ca- 
tapan), 

Acchilcs,  V.  Achilles. 

Acco,  V.  Actus. 

AcERRA,  285  2  ;  La  Cerre,  85, 
266,  285,  286. 

Achate-Pain,  v.  Avartutele  (ca- 
tapan), 

Achilles,  Acchilles,  93. 

Acquin,  v.  Aq.uino  {ville  d*). 

Actus  ^  évêquc  des  Marses, 
242  ',  Acco,  242. 

Adalbert  {arclievéque)j  liij. 

Adam  de  Brème,  liij. 

Adcguardc,  v.  Edouard  le  Con- 
fesseur. 


Adelperga,  duch.  de  Bénévent, 
xxxij. 

Adémar  de  Chabanais,  Ixxj. 

Adenolfe,  262. 

Adenolfe,  v.  Adénulfe,  comte 
d*Aquino. 

Adénulfe,  conte  de  Aquin  [comte 
d*Aquino];  Adenolfe,  23 1, 
234,  236,  238,239,  240,  245, 
261,  263,  279,  293,  295. 

Adénulfe  de  Bénévent,  Adinulfe, 
Athenulfe,  Athenulfo,  Ixviij, 
52,  74,  80. 

Adénulfe j  arch,  de  Capoue,  46  «  ; 
Adénulfe,  Adinulfe,  Anulphe, 
Ixvij,  7,  46,  5i. 

Adénulfe,  duc  de  Gaéte,  comte 
d'AquinOf  1641  ;  Adénulfe  , 
Adinolfe,  Aynolfe,  96,  i53, 
i65,  234. 

Adénulfe,  duc  de  Gaieté  (moil- 
lier  de),  234,  v.  Marie,  du- 
chesse de  Gaéte. 

Adinolfe,  v.  Adénulfe,  duc  de 
Gaéte. 

Adénulphe,  abbé  du  Mont-Cas- 
sin,  xlvij  ;  Atenulfe,  Athe- 
nulfe, Enulphe,  7,  3i,  ^4. 


;6o 


A.iinuUc.    -4,    v.    AJênuIfc  Je 

Bcnci'cnt. 
A .i i n u  1  ff .  4 ' ■ .  \.  A  Jcnu Ife .  J rch . 

Je  Cjfcuc. 
A.ÎLV.Îdf,  V.  //j'ii.'i,    rùi  J'An- 

^  h- terre. 
Avivcr.irde.  v.  AlrcraJa, 
A  diverse,  v.  Averse. 

A:  KIDE,  p.    75. 

Axfric.-",  214,  V.  Ai-Riv«ii'E. 

AKRitiVE,  AiTrica,  214. 

.  l  i^ncs  i^impcrjtrîcc) ,  i>  2  2  :  ; 
Agnes,  imperatrix.  ?22. 

Aore,  V.  Argi,\2, 

Aime  ^sjiiit»^  cvêquc  Je  .Viijco, 
xiv,  XV.  wj,  xvij.  xvi  j.  xix. 

.l/mi'  êvèque  it  moineau  Mont' 
Cassin  :  Amatus,  Amat,  vij, 
vii-,  ix,  X,  xj,  xij,  xiij,  xiv, 
x\j,  xviij,  xxiij,  xxiv,  xxv, 
xxvj.  xxvij.  XXXV,  xxxvj.  xxxix, 
xl,  xlij.  xiv,  xhj,  xlvij,  xlviij, 
1.  Ij,  lij,  liij,  liv.  Iv,  Ivj,  Ivii, 
Iviij,  lix,  Ix.  Ixi,  Ixij,  IxÎTJ,  Ixiv, 
Ixv,  Ixvj.lwij,  Ixviij,  Ixix,  Ixx, 
Ixxj. 

Aimé,  du  Mont'Cjssin  [traduc- 
teurJ'i.  ix,  x,  xxx,  xxxj,  xxxij, 
xxxiij,  xxxiv,  xxxv,  xxxvj, 
xxxix,  xlj,  xlij,  xliij«  xliv,  xiv, 
xlvj,  xlvij,  xl\  jij,  xlix,  1,  liv. 

AimCf  cv.  SOlcron,  arch.  de 
Bordeaux,  xj,  xij,  xjv. 

Albcrade,  v.  Alverada, 

Albàric,mf/inc,  iS<)2;  Alberico, 
AlKTi.]uc.  i35,  180,  ny.). 

AKliaKl-j,  v.  llarolJ,  roi  J'Au' 
^Ictcrre. 

AldMvr.;',  V.  Auiouiu. 


Alcmaingnc,  v.  Allemagne. 
Alemaingne    (ruy    d*),    3oi,    v. 

Henri  I\\ 
Alexandre    //     {pape),    zxiv; 

AlixanJrc,  263,  276. 
Alexandrie,  Alixandrc,   14g. 
.4  Uxis    Comnène     (empereur), 

xxiv,  lij. 
Alfane  {archevêque  de  Saleme, 

':y36f;  Alfane,  336. 
Ali~ibn-\imah,  204  1  ;  Bdlchaot, 

Bclcho,  Belchoah,  204,213. 
Alixandre,   149,  v.  Alexandrie. 
Alîxandre   (pape),    v.    Alexcat- 

dre  IL 
Allemagne,  Alemeingne,  57.9(1 

176,  244. 
.4  llemands  {les\  Thodeschi.  Tbo- 

dcsquc,  Todeschi,  Todesque, 

Toudeschif  1 3 1 , 1 34, 1 5 1 ,  243, 

25o.  281. 
Alpes  (les),  li  Alpe,  33,  244. 
Alpine,  v.  Arfino. 
Alverada,   Ixix,    168  ■  ;    Adve- 

rardc,  Alberade,  Alveiada,  Al- 

vcrarde,  m,  i54y  i68. 
Alvcrardc,  y.Alverada, 
Amafe,  t.  Amalpi. 
Amalfe,  v.  Ahalfi. 
Amalfctain  (li),  t.  Amaljlîaim» 
Amalfi,  xlvj  I  ;  Amafe,  Amalfe, 

Amclfc,  Malfe,   Umalfe,  xlvj, 

Ixij,  Ixvij,  49,  5i,  58,  88,  89, 

i2h,  i33,  162,  3i3,  317,319, 

321,  3x3,  323,  3a6,  329,  33o, 

:>3i,  333,347, 348,351,353. 

Anialtigiane  (monasticr  de  li),  v. 

Amalfitains, 
Amalfitains    (/ef),    Ixij.    Iziz* 


36i 


Amalfetain,  Amalfitain,  Âmal- 

fiten,  Malfitain,  89,  127,  162, 

3i3,  325,  326,  32g. 
A  malfitains     {monastère     des), 

182  '  ;  monastier  de  li  Amalfi- 

giane,  181. 
Amalfiten  (li),  v.  Amalfitains, 
Amat,  V.  Aimé  du  Mont-Cassin. 
Amatus  episcopus  et  Casinensis 

monachuSt  v.  Aimé  du  Mont- 

Cassin. 
Ambroise  (saint),  archevêque  de 

Melan  [Milan],  63. 
Amelfe,  v.  Amalfi. 
Ami j  fils    de   Gauthier,   1974; 

Ami,  fil  de  Galtier,  Ami,  197, 

198,  199. 
Amiternum,    241  ';    Amicerne, 

Amiterne,  241,   307. 
Ancône  (marche  d'),  3o2. 
Andria  160  î  ;  Andrc,  Antri,  160, 

265,  273. 
Angélus  de  Nuce,  abbé  du  Mont- 

Cassin,  xxvj. 
Anglais  {les),  li  Englcz,  10. 
Angleterre,  xlj,  Ij  ;  Engleterre, 

5,  10. 
Anglo-Saxons,  xlj. 
Antioche,  Anlhioce,  3 20. 
Antri,  V.  Andria, 
Anulphe,  arch.,  7,  v.  Adénulfe, 

arch,  de  Capoue. 
Apice,  286  '  ;  Apice,  Pice,  266, 

286. 
Aquin,  v.  Aq.uino  {ville  d^), 
Aquin  (la  conte  d'),  173. 
Aquin,  cuntes   de,   cj6,  v.   Adé- 
nulfe, duc  de  Gaete  et  Landon, 

comte  d'Aquino. 


Aquin  (li  conte  de),  205,  266, 
279,  293  ;  V.  Adénulfe,  comte 
d'Aquino. 

A(iUiNO  (ville  d'),  Acquin,  Aquin, 
i53,  164,  i65,  23i,  232,  233, 
236,  239,  240,  245,  246,  247, 
261,  262,  263,  264,  279,  280, 
293,  294. 

Arabe,  v.  Arabie. 

Arabes  {les),  Arabi  (li),  268. 

Arabie,  Arabe,  214. 

Arbeo,  v.  Hervé, 

Archifrède,  253. 

Ardouin,  xlvj,  Iviij,  Ixviij  ;  Al- 
doyne,  Arduine,  Arduyn,  Ar- 
duyne,  Erduyne,  xlvij,  52, 63, 
64,  65,  66,  68,  69,  83,  85. 

Argence,  v.  Argiri^^o. 

Argencie,  v.  Argiri^^o. 

Argenté  (chastel  de),  238. 

Argentie,  v.  Argiris^^o. 

Argerico,  v.  Argiri^^o. 

Argira,  8n  [fils  de  Mélès]  ; 
Agyre,  Argira,  Argire,  Argiro, 
xlviij,  52,  80,  81,  95. 

Argiritie,  v.  Argiri^^o, 

Argiri:ç^o,  227  «  ;  Argence,  Ar- 
gencie, Argentie,  Argerico, 
Argiritie,  Argitie,  Argitio,  Ari- 
gitie,  222,  223,224,225,  227. 

Argiro,  v.  Argira. 

Argitie,  Argitio,  v.  Argirij^^o, 

Argynese,  prob.  Frigento,  84. 

Arigitie,  V.  Argiri:[^o. 

Arménie,  Herménie,  16. 

Arnolin,  85  '  ;   Arnoline,  84. 

Arpe,  V.  Arpino. 

Arpino  (pays  d'),'i39  î;  Alpine, 

Arpe,  139,  236. 


362 


Asrou,  83  '  ;  Ascle,  70,  84. 
Ascictinc,   V.    Asclitine   cTAce- 

AsJicicn,  v.  Asclitinr  d'Aversa. 
Asclitine,     comte    d'Acercn^a, 

|)8  î  ;  Ascletinc,  Asclitine,  84, 

«)S. 
A  ^clitine,  comte  dWversa»  87  '  ; 

Asclicicn,  Asclitine,  Asclitune, 

Asclitunic,  52.  87,  88,  09. 
Ascliiiinc,  Asclitunic,   v.  Ascii' 

tine  if  A  versa, 
Asi'Iipimc  (frcrcilo  (lilbcrt  Bua- 

icrc),  2'.^. 
Atcnulfo,  7,  V.  Adêuuïfe,   abbé 

du  Mimt-Ciissin. 
AiluMiullo  [jeune  homme  de  Ca- 

p<nie|,  174. 
Aihenulfe,  bi,  v.   Adénulfe  de 

lM'nê\*ent . 
Athcnulfe,  l^i .  v.  Adénulfe,  abbé 

du  Mont  Cdssin, 
AthcnuHo,  80,   V.   Adénulfe  de 

liénén'nt. 
Attone,     .^ot)  «  ,     Attone,    3oS, 

Auguste  (cité  de),  24!^ 

Auntini*  (chastel),  l^io. 

Auxencie  [jeune  homme  de  Ca- 
p»»ue;,  174. 

Ji'jrf.v  (les),  H  A v:\re,  xxxiv, 

Avjrtutcie  (c\7M;\iii),  222  '  ; 
Acate  -  Pain  ,  A  ce.  le  -  Pain  , 
Al  li.uc-l*ain,  Avartuicle  Acha- 
K--I^iiri,  2i.î,  .î2.<,  224. 

A\i:ks.\,  Ixvij.  Ixviij  ;  Adverse, 
A\crse,  7,  jS,  ?2,  ^7,  <n,6S, 

■S>,  S7,  <)l.   1)2,  «).S,   2>n3. 

A \ erse  (v.(»nte  de),  8!^   v.  Rai- 


nulfe,  comte  d'Aversa. 
Averse  (conte  de),  100,  v.  Rai' 
nulfe  Trincanocte. 
Averse  (evesque  de),  356. 
Aynolfe  (duc),  v.  Adénulfe^  duc 

de  Gaète, 
.4^0,   évêque  de  Caserte,  xUij, 

xliv. 
Azo  (marchio),  v.  A^^a, 
Ajja   (marquis)t    3i5  1  ;    Azo, 

3i5,  356. 


Babipga  (église  de),  v.  Bahbeic. 
Baialarde,  v.  Abagélard, 
Baialardc  (la  fille),  3i5. 
Baiarladc,  v.  Abagélard, 
Baist,  Iv. 
Baialardc,   Balalart,  v.   Abagé* 

lard, 
Balamente,  25o. 
Balarde,  v.  Abagélard. 
Balchaot,  v.  Ali-ibH'Nimah. 
Balu:^e,  xj,  xij,  xîv. 
Balva,    3074  ;    Balvenise,   Val- 

bine,  124,  307. 
Balvenise,  v.  Balva.  •■ 

Banherg  {cathédrale  de)^  3a  *  ; 

église  de  Babipga,  3a. 
Barbastairc,  Barbastie,  v.  Bak- 

IIASTRO. 

Bardastro     i3f;     Barbastairc, 

Barbastic,  5,  la. 
Barbottc,    v.    Guillaume   Bar- 

bote. 
Bar,  v.  Bari. 
Bar-cntrcbut,  197. 
Bari,  Ij,  Ixix,  Ixx;  Bar,  145, 194* 


3«î 


220,    221,   223,  224,  225,  227, 

228,  23o,  275,  296. 

Basile,  abbé  du  Mont-Cassin, 
45  «  ;  Basile,  Basllie,  7,  43,  ^5, 
55. 

Basilie,  v.  Basile. 

Bavière  {abbaye  de)^  Ixv. 

BéatriXy  veuve  de  Boniface, 
margrave  de  Toscane^  281  '  ; 

Béatrice,  Beatrix,  266,  281. 

Bebie  (mont  de),  v.  Vésuve 
{mont), 

Belabarde,  v.  Abagélard. 

Belabarde  (frère  de),  198. 

Belcho,  V.  AU'ibn-Nimah, 

Belchoal,  v.  Ali-ibn-Nimah. 

Belgrime,  v.  Piligrim,  arch.  de 
Cologne, 

B-jUarie  (castel),  Valaire,  Valla- 
rie,  266,  288. 

Belvédère  (castel  de),  95. 

Benafre,  v.  Venafro. 

Benedictbeuren  (abbaye),  Ixiv. 

Benedit  (pape),  v.  Benoit  IX. 

BÉNÉVENT,  lij  ;  Bonivenc,  Boni- 
vent,  xxxj,  33,  47,  52,  80,  104, 
117,  118,  120,  123,  i35,  190, 
196, ,266,  277,  278,  283,  284, 
3i5,  354. 

Benoit  (saint)y  xxxiv,  Ixvij;  Saint 
Benoît,  Saint  Benedit,  37,  98, 
142,  164,  172,189,  262,  263, 
293,  344,  357,  358. 

Benoît  (ordre  de  Saint),  xxj,  xxij, 
Benoît  IX  (pape);  Benedit 
(pape),  33. 

Bérard  II,  comte  des  Marses^ 
3o4  2  ;  Bernarde  (li  fill  de), 
3ob,  Bcrart  (conte),  307. 


Bérard,  comte  des  Marses,  fils 
de  Bérard  II,  304  2,  3o6  »  ; 
Berart,  Berarde,  Bernart,  24 1 , 
242,  267,  304,  307,  3 10,  3 1 1. 

Berarde,  fil  de  Adain,  304. 

Berarde,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  II. 

Berart  (conte)^  307,  v.  Bérard  11^ 
comte  des  Marses. 

Berart,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses  1  fils  de  Bérard  II. 

Bernard,  évêque,  182  »  ;  Bernart, 
Bernât,  181. 

Bernard,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses f  fils  de  Bérard  IL 

Bernarde,  3o6,  v.  Bérard  II, 
comte  des  Marses, 

Bernarde  (li  fill  de),  3o6,  v.  Ode- 
risius,  Rainaldus  et  Bérard, 

Bernart  (evesque),  v.  Bernard. 

Bernât  (evesque),  v.  Bernard. 

Besantie,  v.  Bi^an:çio  [patrice). 

Bethmann.  xxxiv. 

Bibio  (mont),  v.  Vésuve  {mont). 

Bisancic,  Bisantic,  v.  Bi\aji\io 
(patrice) 

BisiGNANo,  Visimane  (cité),  1 09. 

Bizantie,  v.  Bi:çan:çio  (patrice). 

Bi:^àn:çio  [patrice),  222  »  ;  Be- 
santie,  Bisancie,  Bisantie,  Bi- 
zantie,   Bysantie,    221,    222, 

223. 

Bysantie,  v.  Bif^n^f/o  (patrice). 

BoDFELD,  i39  ?  ;  Ponte- Feltro, 
139. 

Bollandistes  (les),  xiv,  xv,  xvj, 
xviij. 

Boni/ace  (marquis),  c)i  î  ;  Boni- 
face  (marchiz),  91. 


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j^î.'j:::.-,  17::.  17^,  237,  241, 
ï.p,  i'ii,  :m4,  ::40.  3rô. 

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Ixanrîlii  iranx£i.  '.stnam.  àomaé 

c  Guamuir  Jl'..  02. 
I.ij>;i:x.  ii;.    Irx'i;.  Icx;   C^n?. 

Cbpik^  :^  04.  2y.  55,  4:,  47, 

f— .  :i:..  pL.  L»r.  :ci5,  3Cj5,  106. 

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:-i.  :-f .  :-f.,  Xâo,  243.  24S. 
2:"  : .  2'lt.  271- .  27S-  27a.  287, 
rri.  555, 

Ccpaau   a-rchtpêqae  àe\  zsâ. 
Crrur-  Caru^.  t.  CArorc 


L  LXpctac,.  42. 


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C^onr..  iliii. 
•Iasxù-3cib£a.      t, 

Cajtel-  VrjrHios,  i5S  ';  Cutd- 

Vit!.  i5S. 
Casid-V.d.  T.  CAsnL-VBOCHio. 
CASTKOiioTAsna,   2i3s;  Castd- 

Joban,  ChasxdOdun,  Qustri- 

Jc'han.    Oustd    Saint-Jdiaii, 

2:^  2i3,  214- 
C&TATz,  204 1  ;  CaningnCy  G^ 

tainse.  2o3,  232,  230. 
C  AT  AVE  «évé^ue  de^.  Irii,  Inii. 
Cjva    archives  de  la),  xt). 
Cécile,  Cecille  (Sainte),  3  29. 
Cevtorbi,  2 1 2  4  ;  Conturbe,  212. 

CcPEKaNO.  XX t. 

Cés^r  (Jean),  xItîj  ;  Cesiire,  Ce- 
sare,xlvij,  6,  i5,  16. 


3^5 


Champaingne,  v.  Campanie. 

Champollion-Figeac,  vij,  xiv, 
xix,  xxxij,  xxxix,  xl,  xlij,  xliv, 
xlv,  xlix,  liv,  Iv,  Ivj,  Ivij,  lix. 

Charîemagne,  xxxv. 

Charles  //,  roi  de  Naples,  xlv. 

Chastel-Jehan  ,  Chastel-Johan  , 
Chastel    Saint-Jehan,  v.    Cas- 

TROGIOVANNI. 

Chieti,  3o2  2;   Thetin   (marche 

de),  3o2. 
Chrétiens,  Chrestien,  5,  14. 

CiDONIE,  V.   LaCEDONIA. 

CiLENTo,  353  2;  Cylhente,  353. 
CiMiNO  (mont),  282  «  ;    Cymine, 

Cymino,  266,  282. 
CiviTATE,  Ix,  Ixix  ;  la    Cité,    84, 

i32,  i33,  134. 
Clément  II  {pape)^    Ixviij,  114, 

1 15. 
Coloingne  (arche vesque  de),  33, 

V.  Piligrim, 
CoMiNo  (pays  de),  39  '  ;  Comune 

(la  terre  laquelle  se  clame  lo), 

38. 
Conrad  (empereur),    Ixvij,  Cor- 
rade,  Corrat,  5i,  55,  5j, 
CoRATO,    272  '  ;    Quarate,    272, 

273. 
Corrade,  v.  Conrad. 
Corrat,  io5. 
Corrat,  v.  Conrad. 
Costeniin,  fill  de  Tuisco,  88,  89. 

CONSTANTINOPLE,        xlvîj,        Ixvij  ; 

Costentinnoble,  Costcnlinoble 
Costentinople,  xlviij,  5,  7,  i3, 
i3,  16,  24,  34,  35,  5i,  60,  61, 
G4,  95,  149,  179,  181,  197, 
198,  ic*(j,  222,  35i. 


Conturbe,  v.  Centorbi. 
Costentinoble  (empeor  de),   34  ; 

[prob,  Romain  Argyre], 
Costentinoble    (empereour),   5i, 

25g  [MichellV], 
Costentinoble  (impeor   de),  35 1 

[Constantin  Ducas  ou  Romain 

Diogène.] 
Costentinoble  (impereor  de),  266 

[Michel  Vil]. 
Costentinoble  (impiere  de),  197, 

297. 
Costentinoble    (emperatrix   de), 

60  [Zoé], 
Costentinople  (impereor  de),  198 

[prob.  Constantin  Ducas], 
Cydonie,  v.  Lacedonia. 
Cyllîente,  v.  Cilento. 
Cymine,  Cymino,  v.  Cimino. 
Cyrus,  roi  de  Perse,  Cyre,  roy 

de  Persie,  1,2. 
Cysterne,  v.   Torre  della  Cis- 

TERNA. 


D 


Damase  II,  pape  [aup.  év.  de 
Brixen],  1 1 5  i  ;  Damasco,  Da- 
mase, Damasse,  104,  114. 

Datto,  34  »  [beau-frère  de  Mélès]  ; 
Dato,  34. 

David  (prophète),  124. 

Demede,  257. 

Didier,  abbé  du  Mont-Cassin, 
viij,  ix,x,  xj,  xxiij,  xxiv,  xxxvj, 
xxxix,  Ixx;.  Desidere  (abbé, 
frère,  missire),  xxxv,  i,  143, 
144,  145,  146,  i5i,  172,  177, 
191,  262,  263,  266,  276,  285 


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5^7 


France  (roy  de),  343   [Philippe 

François,  v.  Français. 
François   de  Ponte,  prêtre    de 

Nu  SCO,  XV,  xvj. 
Françoiz,  v.  Français. 
Frazzano,  212  2;  Falsc,  212. 
Frédéric  de    Lorraine     [ensuite 

pape  sous  le  nom  d'Etienne  IX, 

Ixj,  Ixiv,    1 2 1  I  ;  Federic  (can- 

celier),  120,  124. 


Gaete,   Gaieté,    Gaitc,    Gayete, 

Gayte,  lix,  48,  86,  124,  32  5. 
GaétainSf  Gaytein  (li),  3i3. 
Gaieté,  v.  Gaete. 
Gaiéte  (duc    de),    173.  v.  Guil- 

laume  de  Montreuil. 
Gaimare,  86,    v.    Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Gaite,  v.  Gaete. 
Gallinare,  v.  Garigliano. 
Gallinare    (château    de),    Ixvj, 

39. 
Gallinaire,  v.  Garigliano. 
Gamerie,  54,   v.    Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Garigianc,  v.  Garigliano. 
Garigliano,     236  >  ;    Gallinaire, 

Gallinare  ,    Garigiane  ,     236  , 

279. 
Gariglione  (tour  de),  34  '  ;   Ga- 

rilgiane  (tor  de),  34. 
Garilgione,    296  î  ;    Garilgione, 

Garilione,    Glaile,    266,    295, 

296,  297. 
Gattola,  X. 
Gauthier  [fils  d'Amicus,  comte 


de    Civitate],    Ixviij,    269  »  ; 

Gautier,    Pierre    de    Gautier, 

81,  84. 
Gayete,  v.  Gaete. 
Gayfere,  187  '  ;   Gayfere,  Gual- 

fere,     Guayfere,     Guayfrerie, 

i55,  186,  190. 
Gaymare.  io3,  v.   Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Gay marie,  41,  v.  Guaimar  III, 

pr.  de  Salerne. 
Gaymere,  352,v.  Guaimar,  frère 

de  Gisulfe. 
Gaymere,  59,61,  io3,  106,  117, 

253,  33i,  V.  Guaimar  IV, pr. 

de  Salerne. 
Gaystein,  v.  Gaétains. 
Gayte,  v.  Gabte. 
Gaza,  184. 

Gazoline  de  la  Blace,  v.  Gocelin, 
Gebhart   ev.   d'Eichstatt    [pape 

sous    le  nom  de    Victor   II], 

1 39  2  ;  Geobarde,  i  Sg. 
Geffroy    [frère   de     Humfroy, 

comte   de    Pouille],    Gofrede, 

i36. 
Gênes,  3  i  3  '  ;  Janue,  3 1 3. 
Génois  {les),  Genevoiz,  324. 
Genzano  de  Pouille,  99  '  ;    Jé- 

zane,  99. 
Geobarde,     v.      Gebhart,     év. 

d'Eichstatt. 
Geoffroi  Ridelle  [duc  de  Gaéte, 

seigneur    de    Ponte    Corvo], 

2o5  I  ;  Goffre.   Goffre  Ridelle 

ou  Rindielle,  GofFrede  Ridelle, 

Goffroy  Rindielle,  Gofre,  193, 

2o5,  206,  210,  2i8,  265,  272, 

293,  294. 


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G'^^.îri^  êrt^mt   de    Vercdli, 

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--.-..  Gi  J  :  «r  jr     y^ir*     Je     Ciemife. 

♦..•.-■;:'   :;!i  .-  r  '   :  .i...   •. .  0  j^tt.^tiî.  Gu:in€re,33i,  53i, 

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369 


19';  Gaymarie,  Guaimarie, 
Guaymarie,  Guaymario,  1 9, 
33,  41,  5i,  54. 

Guaimar  IV,  prince  de  Salerne, 
542,  xliij,  Ix,  Ixvij,  Ixix;  Gai- 
mare,  Gameric,  Gaymare,  Gay- 
mere,  Guaimaire,  Guaimcre, 
Guamarie,  Guamerie,  Guay- 
maire,  Guaymarie,  Guayme, 
Guaymere,  Guaymerie,  Guya- 
mere,  Guy  marie,  Guymere, 
Gyamario,  5i,  52,  53,  54,  55, 
57,58,  59,  61,62,  82,83,  85, 
86,  87,  88,  90,  9 1,  92, 94,  95, 
96,  io3,  104,  io5,  106,  107, 
ii3,  116,  117,  119,  123,  125, 
126,  127,  128,  i3o,  i3i,  i38, 
168,  184.,  253,  317,  33i. 

Guaimarie,  19,  v.  Guaimar  III, 

Guaimere,  55,  57,  59,  96,  v. 
Guaimar  IV. 

Gualfere,  v.  Gayfere, 

Guamarie,  55  ;  Guamerie,  54, 
V.  Guaimar  IV, 

Guanerius  suevus,  Ixix. 

Guarain,  77. 

Guarani,  78. 

Guayferc,  v.  Gayjere, 

Guayfrerie,  v.  Gayfere. 

Guaymaire,  5i,  52,  54,  61,  62, 
82,  85,  86,  87,  90,  95,  116, 
i38,  V.  Guaimar  IV, 

Guaymarie,  33,  41,  54,  v.  Guai- 
mar m, 

Guaymarie,  184. 

Guaymario,  5i,  v.  Guaimar  III. 

Guayme,  94;  Guaymere,  55,  57, 
90,  91,  92,  95,  96,  io3,  104, 
io5,   106,  ii3,  117,  119,  123, 


125,  126,  127,  128,  i3o,  i3i, 
184,  V.  Guaimar  IV, 

Guaymere,  352,  353,  v.  Guai- 
mar, frère  de  Gisulfe. 

Guaymerie,  58,  v.  Guaimar  IV. 

Gui  ou  Gui  do  [oncle  de  Gisulfe, 

pr.  de  Salerne],    Ixvij,   Ixix, 

1842,  Guide,    58,  83,    127, 

128,  129,  i3o,  i36,  i37,  i54, 

157,  170,  184,   i85. 

Gui  de  Salerne  [frère  de  Gi- 
sulfe, pr.  de  Salerne],  256  '  ; 
Guide,  265,  272,  33 1,  332. 

Guide,  58,  83,  127,  128,  129, 
i3o,  i36,  137,  154,  157,  170, 
184,  i85,  V.  Gui  (oncle  de  Gi- 
sulfe). 

Guide,  265,  272,  33 1,  332,  v. 
Gui  de  Salerne  {frère  de  Gi- 
sulfe). 

Guiliame  (conte),  5  [Guillaume 
le  Conquérant], 

Guillalme,  2  38,  v.  Guillaume  de 
Montreuil, 

Guiliame,  i59,  v.  Guillaume  de 
Hauteville, 

Guillaume  {comte),  261  i  ;  Guil- 
lerme  (conte),  261. 

Guillaume  Barbote,  Guillerme 
Barbote,  Barbotte,  95. 

Guillaume  Bellabocca ,  comte 
d'Aversa,  Ixviij. 

Guillaume  Bras-de-Fer,  comte 
de  Fouille,  Iviij,  Ixviij  ;  Guil- 
lerme, 5i,  52,  59,  82,  83,  84, 
90. 

Guillaume  le  Conquérant,  xlj  ; 
Guiliame  (conte),  Guillerme, 
5,  10. 


24 


370 


Guillaume  de  Hauteville,  iCô^; 
Guillame  ,  Guillcrmc  ,  1 36  , 
l'Sy,  i38,  i54,  iDtj,  162,  166, 
1Ô8,  170,  171. 

Guillaume  de  Jumiègcs^  Ixxj. 

Guillaume  de  Maie,  Guillcrme 
de  Mr.le,  2 1 8. 

Guillaume  de  Montreuil,  ly'S^; 
Guillalme  ,  Guillerme  ,  Guil- 
lermc  Moscarolle»  Guillerme... 
MostrarolCy  173,  33 1,  232, 
234,  235,  236,  237,  238,  23q, 
240,  241,  242,245,  246,247, 
248,  261,  263. 

Guillaume,  (év.  de  Nusco),  xvj. 

Guillaume  de  Fouille ,  Ivj,  lix, 
Ix,  Ixj,  Ixij,  Ixiij,  Ixxj. 

Guillaume RépostellCf  23  >  ;  Guil- 
lerme, 6,  21,  22,  23. 

Guillerme,  2g3,  295. 

Guillcrme,  Guillerme,  filz  de 
Tancrède,  5i,  52,  Sq,  82,  83, 
84,  90,  V.  Guillaume'BraS'de- 
Fer. 

Guillcrme  (conte),  10,  v.  Guil- 
laume le  Conquérant. 

Guillcrme,  i36,  137,  i38,  154, 
1G2,  166,  168,  170,  171,  V. 
Guillaume  de  Hauievillc, 

Guillcrmiî,  173,  232,  234,  235, 
236,237,238,230,  240,  241, 
245,  246,  247,  248,  261,  263, 
V.  Guillaume  de  AIontreuiL 

(fuillcrme,  6,  21,  22,  23,  v. 
Guillaume  Répostelle, 

Guillcrme  Arcnga  et  Arengue, 
266,  287,  288,  291.  292,  296, 
3^6,  V.  Robert  Arenga. 

Giiillcrnio  Bnrboïc,  v.  Guillaume 


Barbote, 
Guillerme  de   Mile,    v.     Guil- 
laume de  Maie, 
Guillerme  Moscarollc  ou  Mostra- 

role,  V.  Guillaume  de  Mon- 

treuil. 
Guillerme  Pontarcefrede,    2o3. 
Guillerme  Rindelle,  294  \prQb. 

Geqffroi  Ridelle], 
Guimere,  33  r,  v.  Guaimar,  frère 

de  Gisulfe, 
Guitnunde,  332. 
Guyamere,  91  ;  Guymarie,  107; 

Guy  mère,  168;  Gyamario,  53. 

V.  Guaimar  IV. 
Gyrart,  v.  Girard  di  Buonal" 

bergo, 
Gysolfe,  v.  Gisulfe^  prince  de 

Salerne. 

H 

Haroldj  roi  tTAngieierrt,  x\)t 

101  ;  Adoaldc,  AldoflldCy  10. 
Hastings,  xlj. 

Henri  /*%  roi  de  France,  ia3i. 
Henri  //  de  Germanie^  zlviij. 

Ixvj,  32  a  ;   Henri,  l'cmpereor 

Henri,  55,  1 14,  i58. 
IIcw  I  IV  de  Germanie,    Ixz ; 

Henry. . . ,  roy  de  li  Thodeschî, 

23 1,  243,298. 
Heldeprandc,  46,  v.  Hildebrand, 

arch.  de  Capoue. 
Heldeprande,  265,  275,  v.  HH' 

debrantif  plus  tard,  Grégoire 

VU. 
Héraclius,  empereur,  xxxj. 
Hercnarde,  v.  Eberhard^  comte 

de  Nellembourg . 


Î7I 


Hertnande  [frère  adultérin  d'A- 

bagélard],  271  '  ;    Hermande, 

271,  272,  273,  275. 
Hcrménie,  v.  Arménie. 
Hervé,  85  '  ;  Arbeo,  84. 
Hierusalem,  v.  J^:RUSALEM. 
Ilildebrand     [plus    tard     pnpe, 

sous  le  nom  de  Grégoire  VII], 

191  I;      Eldeprande,      Helde-, 

prande,  191,  265,  275. 
Hildebrand,  arch.   de  Capoue, 

46  '  ;  Eldeprande,  Heldeprande, 

7,  45,  46. 
Hirsch  (Ferdinand),  ix,x,  Iv,  lix, 

Ix,  Ixvj. 
Hugo    Fallacia,    88  ?  ;    Hugo, 

Hugo...  Fallacia,  52,88,  89. 
Hugo    ToutcbovCy    85  '  ;    Hugo 

toute  Bove,  84. 
Humfroy,    comte     de    Fouille, 

Umfre,  Umfrede,  Umfroi,  Um- 

froy,  Unfroi,  Unfroi,   Ixix,  59, 

98,  99,    loi,    i23,   i3o,    134, 

137,  i38,  i57,  i58. 

I,J 

Janue,  v.  Gènes. 

Ibn-al-Hawwasj  2041,  surnom 
de  Ali-ibn-Nimah. 

Ibn-at-timnah  (caïd),  204  '  ; 
Vuitimc,  Vuliimien,  Vulti- 
minc,  V^iliimino,  Vultumine, 
iq3,  2oj>,  204,  2o5,  21 3. 

Jean  {saint),   Jehan  (saint),  320. 

Jean  (archevcquc  de  Salernc), 
I  3G  '  ;  Jclinn,  i  32. 

Jean  (château)^  252';  chastel 
Jehan,      chaste     Saint-Jehan, 

232. 


Jean  [fils  de  Maurus  d'Amalfi], 

Jehan,  61s  de  Mauife,  322. 
Jeande  Maranolla,  2  38  1  ;  Jehan 

de  MaranoIIe,  238. 
Jehan  Scurre  [frère  de  Gisulfe 

de  Salerne],  Johan,  Jehan,  33 1 , 

35i. 
Jehan,  89,  v.  Pantaleon  (Johan). 
Jehan  (evesque   de  Salerne),   v. 

Jean, 
Jehan,  Saint-Jehan  (chastel),  v. 

Jean  (château). 
Jehan  (fils  de    Maure),  322,   v, 

Jean,  fils  de  Maurus  d'Amalfl. 
JÉRUSALEM,    xxvj  ;    Hienisalem, 

Jérusalem,    Jerusalin,    Jheni- 

salem,  18,  i25,  175,  179,  180, 

181,  320,  338. 
Jézane,  v.  Genzano  de  PouIlle. 
Insule  (chastel   liquel  se  clame), 

279,  V.  Isola  del  Liri. 
Joconde,  Jocunde  (moine),   3i3, 

3i6. 
Jourdain  [fils  de   Richard  de 

Capoue],  238  2;  Jordain,  Jor- 
dan, 233,  238,  246,  247,  261, 

262,  2G4.  265,  267,  268,  274, 

307,  3o8,  3i5,  355. 
Isembert,  év.  de  Poitiers,  xij. 
Isidore  de  Séville,  xxviij,  xxxvj, 

xlv,  xlvj. 
Isidore  de  Séville  (chronique  de), 

xxvij,  XXX,  xxxj  ;  Ysidoire,  Ysi- 

dorre  (chronique  de),  xxx,  xxxj. 
Isola   del  Liri,    280 1  ;   InsuIe, 

Ynsule,Ysole,  Ysule,279, 280, 

294,  295. 
Italie,   xxxij,  xlj,    liv,  Ivj,  Ixvj, 

Ixvij,  Ixxj  ;  Ytalie,  xliij,  xlviij, 


362 


AscoLi,  85  '  ;  Ascle,  70,  84. 
Ascletine,   v.    Asclitine   cTAce-  ' 

ren^a. 
Asclicien,  v.  Asclitine  d'Aversa. 
Asclitiney     comte    d*Aceren:^a, 

98  î  ;  Ascletino,  Asclitine,  84, 

98. 
Asclitine^  comte  d'Aversa,  87  '  ; 

Asclicien,  Asclitine,  Asclitune, 

Asclitunie,  52,  87,  88,  99. 
Asclitune,  AscHtunie,   v.  Ascii' 

tine  d* A  versa, 
Aseligimc  [frère  de  Gilbert  Bua- 

tère],  23. 
Atenulfc,  7,  v.  Adénulfc,   abbé 

du  Mont'Cassin. 
Aihenulfe  [Jeune  homme  de  Ca- 

poue],  174. 
Aihenulfe,  52,  v,   Adénulfe  de 

Béncvcnt , 
Athcnulfe,  3i ,  v.  Adénulfe,  abbé 

du  Mont-Cassin. 
Athenulfo,  80,   v.   Adénulfe  de 

Bénévent. 
Attone,     Soi)  '  ,     Atlonc,    3oS, 

309. 
Auguste  (cité  de),  243. 
Aiiritinc  (chastel),  3 10. 
Auxencie  [jeune  homme  de  Ca- 

pouc],  174. 
Avares  (les),  li  Avare,  xxxiv. 
Avartut'cle     (catapan)^     222  »  ; 

Acatc  -  Pain  ,     Accate  -  Pain  , 

Achaic-Pain,  Avartutcle  Acha- 

tc-Bnin,  222,  223,  224. 
AvKRSA,   Ixvij.   Ixviij  ;  Adverse, 

Averse,  7,  48,  32,  37,  r>i,65, 

83,  87,  91,  92,  95,  285. 
A  verso  (conte  de),  83,  v.  Rai- 


nulfe,  comte  d'Aversa. 
Averse  (conte  de),   loOyV.  Rai' 
nulfe  Trincanocte. 
Averse  (evesque  de),  356. 
Aynolfe  (duc),  v.  Adénulfe,  duc 

de  Gaéte, 
A:;Of   évêque  de  Caserte,  zliij. 

xUv. 
Azo  (marchio),  v.  A^ja, 
Aj^a   (marquis),    3i5  1  ;    Azo, 


3i5,  356. 


B 


Babipga  (église  de),  v.  Bamberc. 

Baialarde,  v.  Abagélard, 

Baialarde  (la  fille),  3i5. 

Baiarlade,  v.  Abagélard, 

Saisi,  Iv. 

Dalalardc,  Balalart,  v.  Abagé- 
lard. 

Balamente,  25o. 

Balarde,  v.  Abagélard. 

Balchaot,  v.  Ali-Hm^Nimah, 

Baluxe,  x],  xij,  xiv. 

Balva,  3074  ;  BalvenisCy  Val- 
bine,  124,  307. 

Bal  Venise,  v.  Balva.  « 

Bamberg  {cathédrale  de),  3a  •  ; 
église  de  Babipga,  3a. 

Barbastaire,  Barbaitie,  t.  Bab- 

UASTRO. 

Barbastro  i3(;  Barbastûre, 
Barbastie,  5,  12. 

Barbottc,  v.  Guillaume  Bar- 
bote, 

Bar,  V.  Bari. 

Bar-entrcbut,  197. 

Bari,  Ij,  Ixix,  Ixz;  Bar,  145, 194. 


î^î 


220,    221,   223,  224,  225,  227, 

228,  23o,  275,  296. 

Basile  y  abbé  du  Mont-Cassin, 
45  «  ;  Basile,  Basllie,  7,  43,  ^5, 
55. 

Basilie,  v.  Basile. 

Bavière  {abbaye  de),  Ixv. 

BéatriXy  veuve  de  Bonifacey 
margrave  de  Toscane,  281  '  ; 

Béatrice,  Beatrix,  266,  281. 

Bcbie  (mont  de),  v.  Vésuve 
{mont), 

Belabarde,  v.  Abagélard. 

Belabarde  (frère  de),  198. 

Belcho,  V.  Ali'ibn'Nimah, 

Belchoal,  v.  Ali-ibn-Nimah. 

Belgrime,  v.  Piligrim,  arch.  de 
Cologne, 

B.illarie  (castel),  Valaire,  Valla- 
rie,  266,  288. 

BLîlvedere  (castel  de),  95. 

Benafre,  v.  Venafro. 

Benedictbeuren  (abbaye),  Ixiv. 

Benedit  (pape),  v.  Benoît  IX. 

BÉNÉVENT,  lij;  Bonivenc,  Boni- 
vent,  xxxj,  33,  47,  52,  80,  104, 
117,  118,  120,  123,  i35,  190, 
196,, 266,  277,  278,  283,  284, 
3i5,  354. 

Benoît  (saint),  xxxiv,  Ixvij  ;  Saint 
Benoît,  Saint  Benedit,  37,  98, 
142,  164,  172,189,  262,  263, 
293,  344,  357,  3S8. 

Benoît  (ordre  de  Saint),  xxj,  xxij, 
Benoît  IX  (pape);  Benedit 
(pape),  33. 

Bérard  II,  comte  des  Marses^ 
3o4  2  ;  Bernardc  (li  fill  de), 
3ob,  Berart  (conte),  307. 


Bérard,  comte  des  Marses,  fils 
de  Bérard  II,  304  2,  3o6  »  ; 
Berart,  Berarde,  Bernart,  241, 
242,  267,  304,  307,  3 1 o,  3 1 1 . 

Berarde,  fil  de  Âdain,  304. 

Berarde,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  II. 

Berart  [conte),  307,  v.  Bérard II, 
comte  des  Marses. 

Berart,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses f  fils  de  Bérard  II. 

Bernard,  évêque,  182  '  ;  Bernart, 
Bernât,  181. 

Bernard,  v.  Bérard,  comte  des 
Marses,  fils  de  Bérard  II, 

Bernarde,  3  06,  v.  Bérard  II, 
comte  des  Marses, 

Bernarde  (li  fill  de),  3o6,  v.  Ode- 
risius,  Rainaldus  et  Bérard. 

Bernart  (evesque),  v.  Bernard, 

Bernât  (evesque),  v.  Bernard, 

Besantie,  v.  Bi^an:i[io  (patrice), 

Bethmann.  xxxiv. 

Bibio  (mont),  v.  Vésuve  (mont). 

Bisancie,  Bisantie,  v.  Bi:{aji:{io 
(patrice) 

BisiGNANo,  Visimane  (cité),  109. 

Bizantie,  v.  Bis^an^io  (patrice), 

Bi^àn:i[io  [patrice),  222  '  ;  Be- 
santie, Bisancie,  Bisantie,  Bi- 
zantie,   Bysantie,    221,    222, 

223. 

Bysantie,  v.  Bi^an:fio  (patrice). 

BoDFELD,  i39  ?  ;  Ponte-Feltro, 
139. 

Bollandistes  [les),  xiv,  xv,  xvj, 
xviij. 

Bon  if  ace  (marquis),  ^i  î  ;  Boni- 
face  (marchiz),  91. 


364 


Honivciic,  V.  Bénévent. 

Honivcilt,  V.   BÉNÉVENT. 

Bdnivcnt  (arch.  de),  v.  Udalrich. 
Bonivcnt  (conte  de),  146. 
Br>o(iAKiK  (cité),  i33. 
liorel  {les  fils  de),  9 1  »  ;  Burcll, 

Biirelle,    Burcllo,  Buricllc   (li 

fil  lie),   91,    154,    174,    265, 

278. 
Borguegnons,  v.  Bourguignons. 
Jk)ur  guignons ,     Borgucgnons. 

12. 
Bresce,  v.  Brixen. 
Bkixkn    (évêque    de),    ▼.    Dâ- 

masc  IL 
Burcl,   Burclle,     Burello,     Bu- 

rielle,  v.  Bord. 

C 

Caiazzo,  xliv  ;  Calatine  xliij. 

Calabrais  {les),  Cnlabrcz,  Cala- 
brois,  Calubruiz,  38,  78,  25o, 
348. 

(Ialaiirk,  Iviij,  io3,  104,  108, 
no,  III,  i33,  i34*  i38,  167, 
170,  171,  178,  193,  198,  199, 
200,  207,  218,  232,  23o,  237, 
afM,  270,  271,  287,293,296, 
297,  3oo,  347. 

Cai.aiikk  uttérivurc,  xliv. 

Oalabrcz,  Culabruis,  Gilabroiz, 
V.  Calabrais. 

(!alatinc«  v.  Caiazzo. 

Oalcari:,  20()  »  ,  Cnlcare,  209. 

C.AMPANiK,  li,  Ixiij,  Ixx  ;  Cam- 
pagne, Oampaingn'.',  Cham- 
paingm-,  172,  173,  237,  241, 
243,  3 II,  3 14,  340,  336. 

Canini,  v.  Canosa  di  Puclia. 


Canne,  84,  v.  Cannes. 

Canne,  273,  275,   v.  Camosa  di 

PUGLIO. 

Cannes,  85  (  ;  Canne,  84. 

Canosa  di  PuGLiA^ayo'  ;  Canini, 
Canne,  270,  273,  ayS. 

Gappille  (conte),  [surnom  donné 
à  Guaimar  /V],  9a. 

Capoue,  lij,  Ixvij,  Ixix;  Capu?, 
Capuci  6,  24,  29,  33,  41,  43, 
57,90,92,  95,  io3,  io5y  106, 
i33y  i54^  i6i,i63,  i65,  17a, 
174,  175,  176,  240,  245,  248, 
261,  264,  273,  278,179,  287, 
332,  353. 

Capoue  (archevêque  de),  zxj. 

Capua,  Capue,  v.  Capoub. 

Capusita  [mon.  de  Saint  Benoît 
à  Capoue],  42. 

Caruso,  xxxvij. 

Caserte,  xliij,  Caserte,  90. 

Castcl-Johan,     v.      CAsmoGio- 

VANNI. 

Castel-Vkcchio,  i38  (;  Castel- 

Viel,  i38. 
Castcl-Viel,  v.  Castel-Vecchio. 
Castrogxovanni,   2 1 3  2  ;  Castel- 

Johan,  Chastel*Jehan,  Chastel- 

Johan,    Chastel    Saint-Jehan, 

194,  21 3,  214. 
Catate,  204 1  ;  Cataingne,   Ca* 

tainne,  2o3,  232,  25o. 
Catane  (évêque  de),  Ivîj,  Ivii). 
Cava  {archives  de  la%  xvj. 
Cécile,  Cecille  (Sainte),  329. 
Centorbi,  2 1 2  4  ;  (^nturbe,  212. 

CePEICaNO,  XXV. 

César  (Jean),  xlvij  ;  Cesaire,  Ce- 
sare,  xlvij,  6,  i3,  i6. 


î65 


Champaingne,  v.  Campanib. 

ChampoUion-Figeac,  vij,  xiv, 
xix,  xxxij,  xxxix,  xl,  xlij,  xliv, 
xlv,  xlix,  liv,  Iv,  Ivj,  Ivij,  lix. 

Charîemagne,  xxxv. 

Charles  II,  roi  de  Naples,  xlv. 

Chastel-Jehan  ,  Chastel-Johan  , 
Chastel    Saint-Jehan,  v.    Cas- 

TROGIOVANNI. 

Chieti,  3o2  2;    Thetin   (marche 

de),  3o2. 
Chrétiens,  Chrestien,  5,  14. 

CiDONIE,  V.   LaCEDONIA. 

CiLENTO,  353  2;  Cylliente,  353. 
CmiNo  (mont),  282  i  ;    Cymine, 

Cymino,  266,  282. 
CiviTATE,  Ix,  Ixix  ;  la    Cité,    84, 

i32,  i33,  134, 
Clément  II  {pape),    Ixviij,  114, 

1 15. 
Coloingne  (arche vesque  de),  33, 

V.  Piligrim, 
CoMiNo  (pays  de)j  39  '  ;  Comune 

(la  terre  laquelle  se  clame  lo), 

38. 
Conrad  (empereur),    Ixvij,  Cor- 
rade,  Corrat,  5i,  55,  5j. 
CoRATO,    272  '  ;    Quarate,    272, 

273. 
Corrade,  v.  Conrad. 
Corrat,  io5. 
Corrat,  v.  Conrad. 
Costentin,  fill  de  Tuisco,  88,  89. 

CONSTANTINOPLE,        xlvij,        Ixvij  ; 

Costentinnoble,  Costeiitinoble 
Costentinople,  xlviij,  5,  7,  i3, 
i3,  16,  24,  34,  35,  5i,  60,  61, 
G4,  95,  149,    179,    181,    197, 

198,    IQC),  222,    35l. 


Conturbe,  v.  Centordi. 
Costentinoble  (empeor  de),    34  ; 

[prob.  Romain  Argyre], 
Costentinoble    (empereour),   5 1 , 

25g  [MichêllV]. 
Costentinoble  (impeor   de),  35 1 

[Constantin  Ducas  ou  Romain 

Diogène.] 
Costentinoble  (impereor  de),  266 

[Michel  VII]. 
Costentinoble  (impiere  de),  197, 

297. 
Costentinoble    (emperatrix   de), 

60  [Zoé]. 
Costentinople  (impereor  de),  198 

\proh.  Constantin  Ducas]. 
Cydonie,  v.  Lacedonia. 
Cylliente,  v.  Cilento. 
Cymine,  Cymino,  v.  Cimino. 
CyruSf  roi  de  Perse,  Cyre,  roy 

de  Persie,  1,2. 
Cysterne,  v,   Torre  della  Cis- 

TERNA. 


D 


Damase  II,  pape  [aup,  év.  de 
Brixen],  1 1 5  1  ;  Damasco,  Da- 
mase, Damasse,  104,  114. 

Datto,  34  »  [beau-frère  de  Mélès]; 
Dato,  34. 

David  (prophète),  124. 

Demede,  257. 

Didier,  abbé  du  Mont-Cassin, 
viij,  ix,x,  xj,  xxiij,  xxiv,  xxxvj, 
xxxix,  Ixx;,  Desidere  (abbé, 
frère,  missire),  xxxv,  i,  143, 
144.  145,  146,  i5i,  172,  177, 
191,  262,  263,  2G6,  276,  285 


366 


2iS<i,  '^olt'^'S'^n  335,  357. 

Di  Meo^  xvj,  Ixvii). 

nukci.inus  (Michel),  63  2  ;  Due- 
liaiK' ,  Uucli:inc ,  Dulcanic  , 
l>ycvlicicn,  Dyowl:cion,  52,  Ô4, 
70,  73,  70. 

Drof^Of  comte  de  Pouille,  Iviij, 
Ixviij,  52  i.yo^;  Drago,  Dro- 
^{),  Dru^onc,  5a,  53,  5g,  84, 
t)o,  (»i,  02,  1)5,  98,  loi,  io3, 

*  1 04,  I  o5,  III,  112,  1 1 3,  117, 

I  18,  1  l(),    120,    121,  122,    123, 

i3i. 
/)ro/;o  (frcrc  lie),   122,  v.//«w- 

/i  01-. 
Driiffonc,  V.    Dvogo,   comte    de 

Ih4chvsm\  xxviij,  xxix. 
DiK-liaiie,  Duclianc,  Dulcanic,  v. 

Dnkeijnow 
l)iiKAz/o,  Diirace,  19S. 
Dvi  i  lici.:!!,  Dyoclicicn,  v.  Dokcia- 

nus. 


Engelscalc,  abbé  de  Beftedict- 

beuren,  Ixiv. 
Engleterre,  v.  Angleterre, 
Engleterre  (roy  d*),  5,  10  [l/j- 

rold]. 
Engleterre  (roy  d'),   343   [GmH' 

laume  le  Conquérant]. 
Englez  (li),  v.  Anglais. 
Enulfe,    V.   Adénulfe,  abbé  du 

Mont-Cassin, 
Erduyne,  v.  A  rdouin, 

EsCLAVONNIEy    I4. 

Espagne,  xj,  Ij;  Eipaingne,  5, 
i2i  i3,  ai6. 

Estitanse,  v.  Eichitatt. 

Etienne  [neveu  de  Mêles]  ;  Sté- 
phane, 39;  40. 

Etienne  IX  (pape),  zxxv. 

Etna,  212),  Mont  de  Gilbert, 

212. 

Eutrope,  Eutroppe,  xzxj,  xxxiij, 
XXXV j,  xlv,  xlvj,  xlix. 


i: 


i'.hcrfuirJ,  comte  de  Sellem- 
biturf^,  2110  2  ;  ILTcnarJc,  2(»o. 

lùiou.tnî  le  l^ofift\Kseur,  roi 
li'Aui^lcti'nT,  II) 4  ;  Ailcyuardc, 
10.      • 

KuMisTviT    (évoque    d'),     1392; 

llsiilanso  (c\.  de),  i  .U),  v.  Vic- 

tul   11. 
KKlv'pi.in.Ic,    7.    4?,   V.    llilde- 

bran  A,  arcli.  Je  (\ïpoue 
l.\<\  prandc,  im,  v.  I/ilJebrdnJ, 

y  lus  tard  Grvgoin'  Vil. 
Kmmkllksio,  21 3. 


Facosc-lc-Nove,     v.     Paccosa- 

NUOVA. 

Falguue,  269. 

Falsc,  V.  Frazzano. 

Fedcric  (cancclier),  v.  Frédéric 
de  Lorraine, 

Fcdcric  (empcreor),  ii3. 

FiRMo  {Marche  de),  124'»  ^' 
Marche,  lix,  124. 

Français  {les),  François,  Fran- 
çois, II,  34. 

P^RANCB,  xj,  9,    123. 

France  (roy   de),    ia3;    [Henri 


3^7 


France  (roy  de),  343    [Philippe 

François,  v.  Français, 
François   de  Ponte,  prêtre    de 

Nusco,  XV,  xvj. 
Françoiz,  v.  Français. 
Frazzano,  212  2;  False,  212. 
Frédéric   de    Lorraine     [ensuite 

pape  sous  le  nom  d'Etienne  IX, 

Ixj,  Ixiv,    121  ';  Federic  (can- 

celier),  120,  124. 


Gaete,   Gaieté,    Gaitc,    Gayete, 

Gayte,  lix,  48,86,  124,  325. 
GaétainSy  Gaytein  (li),  3i3. 
Gaieté,  v.  Gaete. 
Gaiéte  (duc    de),    173.  v.  Gmi7- 

laume  de  Montreuil. 
Gaimarc,  86,    v.    Guaitnar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Gaite,  v.  Gaete. 
Gallinarc,  v.  Garigliano. 
Gallinare    (château    de),    Ixvj, 

3g. 
Gallinaire,  v.  Garigliano. 
Gamerie,  54,    v.    Guaimar  /K, 

pr.  de  Salerne. 
Garigianc,  v.  Garigliano. 
Garigliano,     236  '  ;    Gallinaire, 

Gallinare,    Garigiane  ,     236, 

279. 
Gariglione  (tour  de),  34  <  ;   Ga- 

rilgiane  (tor  de),  34. 
Garilgionef    2g5  î  ;    Garilgione, 

Garilione,    Glaile,    266,    296, 

296,  297. 
Gattola,  X. 
Gauthier  [fils  d'Amicus,  comte 


de    Civitate]f    Ixviij,    269  »  ; 

Gautier,    Pierre    de    Gautier, 

81,84. 
Gayete,  v.  Gaete. 
Gayfere,  187  '  ;   Gayfere,  Gual- 

fere,     Guayfere,     Guayfrerie, 

i55,  186,  190. 
Gaymare,  io3,  v.   Guaimar  JVy 

pr.  de  Salerne, 
Gaymarie,  41,  v.   Guaimar  IJJy 

pr.  de  Salerne. 
Gaymere,  352,v.  Guaimar,  frère 

de  Gisulfe. 
Gaymere,  69,  61,  io3,  106,  117, 

253,  33 1,  V.  Guaimar  IV, pr. 

de  Salerne, 
Gaystein,  v.  Gaétains. 
Gayte,  v.  Gaete. 
Gaza,  184. 

Gazoline  de  le  Blace,  v.  Gocelin. 
Gebhart   ev,   d'Eichstatt    [pape 

sous    le  nom  de    Victor  //], 

1 39  2  ;  Geobarde,  1 39. 
Geffroy    [frère   de     Humfrqy, 

comte   de    Pouille],    Gofrede, 

i36. 
Gênes,  3  i  3  '  ;  Janue,  3 1 3. 
Génois  {les),  Genevoiz,  324. 
Genzano  de  Pouillb,  99  '  ;   Jé- 

zane,  99. 
Geobarde,     v.      Gebhart,     év, 

d'Eichstatt. 
Geoffroi  Ridelle  [duc  de  Gaéte, 

seigneur    de    Ponte    Corvo], 

2o5  '  ;  Goffre,   GoiFre  Ridelle 

ou  Rindielle,  Goffrede  Ridelle, 

Goffroy  Rindielle,  Gofre,  193, 

2o5,  206,  210,  218,  265,  272, 

293,  294. 


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Grrc.     orez.    Grsijès    (fi),     t. 
0.:aoaIie,    GntniUe. 


Gï^:<^jr     Jrfre     j£     Gitaljt, 

G  ;i3yn:en:,  Guimerev  33 1 ,  35i, 

■»  -  - 

GiLUMur  m,  prince  Je  Saieme 


369 


19';  Gaymarie,  Guaimarie, 
Guaymarie,  Guaymario,  19, 
33,  41,  5i,  54. 

Guaimar  IV,  prince  de  Salerne, 
542,  xliij,  Ix,  Ixvij,  Ixix;  Gai- 
mare,  Gameric,  Gaymare,  Gay- 
merc,  Guaimaire,  Guaimere, 
Guamarie,  Guamerie,  Guay- 
maire,  Guaymarie,  Guayme, 
Guaymere,  Guaymerie,  Guya- 
mere,  Guymarie,  Guymere, 
Gyamario,  5i,  Sa,  53,  54,  55, 
57,58,59,61,62,  82,83,  85, 
86,  87,  88,  90,  9 1,  92, 94,  95, 
96,  io3,  104,  io5,  106,  107, 
ii3,  116,  117,  119,  123,  125, 
126,  127,  128,  i3o,  i3i,  i38, 
168,  i8h  253,  317,  33i. 

Guaimarie,  19,  v.  Guaimar  III, 

Guaimere,  55,  57,  59,  96,  v. 
Guaimar  IV. 

Gualfere,  v.  Gayfere. 

Guamarie,  55  ;  Guamerie,  54, 
V.  Guaimar  I V, 

Guanerius  suevus,  Ixix. 

Guarain,  77. 

Guarani,  78. 

Guayferc,  v.  Gayjere. 

Guayfrerie,  v.  Gayfere. 

Guaymaire,  5i,  52,  54,  61,  62, 
82,  85,  86,  87,  90,  95,  116, 
i38,  V.  Guaimar  IV. 

Guaymarie,  33,  41,  54,  v.  Guai- 
mar III. 

Guaymarie,  184. 

Guaymario,  5i,  v.  Guaimar  III. 

Guayme,  94;  Guaymere,  55,  57, 
90,  91,  92,  95,  96,  io3,  104, 
io5,  106,  ii3,  117,  119,  123, 


125,  126,  127,  128,  i3o,  i3i, 
184,  V.  Guaimar  IV, 

Guaymere,  352,  353,  v.  Guai- 
mar, frère  de  Gisulfe, 

Guaymerie,  58,  v.  Guaimar  IV. 

Gui  ou  Guido  [oncle  de  Gisulfe , 
pr.  de  Saleme],  Ixvij,  Ixix, 
1842,  Guide,  58,  83,  127, 
128,  129,  i3o,  i36,  137,  i54, 
157,  170,  184,   i85. 

Gui  de  Salerne  [frère  de  Gi- 
sulfe, pr.  de  Salerne],  256  '  ; 
Guide,  265,  272.  33i,  332. 

Guide,  58,  83,  127,  128,  129, 
i3o,  i36,  137,  154,  157,  170, 
184,  i85,  V.  Gui  (oncle  de  Gi- 
sulfe). 

Guide,  265,  272,  33i,  332,  v. 
Gui  de  Salerne  {frère  de  Gi- 
sulfe). 

Guiliame  (conte),  5  [Guillaume 
le  Conquérant]. 

Guillalme,  238,  v.  Guillaume  de 
Montreuil. 

Guiliame,  159,  v.  Guillaume  de 
Hauteville. 

Guillaume  {comte),  261  i  ;  Guil- 
lerme  (conte),  261. 

Guillaume  Barbote,  Guillerme 
Barbote,  Barbotte,  95. 

Guillaume  Bellabocca ,  comte 
d'Aversa,  Ixviij. 

Guillaume  Bras-de-Fer,  comte 
de  Fouille,  Iviij,  Ixviij  ;  Guil- 
lerme, 5i,  52,  59,  82,  83,  84, 
90. 

Guillaume  le  Conquérant,  xlj  ; 
Guiliame  (conte),  Guillerme, 
5,  10. 


24 


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M'i<;trir..lf:,  r7^.  3Îî.  l 'i, 
ï'i.  ï'i^/,  a>î,  a>,  i'18.  ij'j, 
1^1,  l'Vr,  24a,  ii3,  24^,24.7. 

OuilUum^,    év.  de  .Vm.ïc6I,   xvj. 
fiiiill.jumé;  de  Fouille,    Ivj,  lix, 

f/uill.iume  RApovtellef  23  "  ;  G'iil- 
!crm«,  '^*,  ar,  2a,  2.i. 

^luillcrmfî,  Oîiillcrmc,  tilz  de 
T.incr«>îe,  Si,  îa,  3'^,  Sa,  SJ, 
84,  ',0,  V.  Guillaume- Rra.^'de- 
l''rr. 

^#iiiM'Tmc  (c/intc),  10,  v.  Guil- 
laume It'  (.onquè'  ant. 

<#Milli^rrnr,  liu,  1^7,  i3.S,  134, 
i',A.  t'.t',,  I/..S,  170,  171.  V. 
(iuilliumf  Jr  Ifauteville, 

'«iiilliini -,  17;,  aii,  2^{,  2i5, 
/  î'#,  i  {7,  a<S,  a^,,  240,  241, 

^  \  '.  Ts  *  f7.  ^4**i  2'*'»  ^'i-^ 
V.  (iuillaume  de  Muntreuil. 

ffUllIrriiiC,      fi,     2  1,      22,     23,     V. 

( itiillaume  Krpoxtt'ltc. 

<fiiiHriiiir  Art'iif;.!  cl  Arcngiic, 
v/».  /S-/.  jt><S,  201,  202,  2i/>, 
''.'h,  V.  Hubert  Areuffa. 

<iuilli  Mil    hirhot-,  V.  (iuiilaume 


Barbote. 

.«zxiHie  4«!  Maie. 
j 'iiiler-ne  \k-Skar~.i! .    u  ."•k-i 

rr«Ie.    .'.    'juilLxawte   1^    .l/.i- 

:r.;iiii. 
Guiilerme    Pontarreâe.:*?-     i.. 
Guiilerme  ilinaeiLs,  aux   ^.ff. 

Geofhii  Ridelle'. 
(  jiiimere.  J  i  i .  v.  Gifcznitxr..imr 

i4?  Gisuife, 
Guimumie.  i32. 
Giiyamere,  ai  :  Guvmane.  xo~: 

Guvmere,  tnâ  :  Gvamuio.  5.\ 

V.  Guaimar  IV. 
Gyrart,  v.  Girard   di   Bmmai^ 

bergo. 
Gysolfc,  V.   Gûulfi,  primée  de 

Saleme. 

H 

Harold^  roi  if  Angleterre,  xlj. 

10  f  ;  Adoalde,  Aldoslde,  10. 
H.%sn?fGs,  xlj. 

Henri  H,  rai  de  Fraitce,  ii3». 
Henri  II  de  Germanie^  slviii. 

Ixvj,  lia  2  ;   Henri,  rempereor 

Henri.  35,  1 14,  i58. 
Hcn  i  IV  de  Germamie,    hu: 

Henry. . . .  roy  de  U  Thodescfai, 

alM,  243, 198. 
HeUepr:inde,  46,  ▼.  Hildekrmd, 

arch,  de  Capome, 
Hddeprandc,  205,  27 5,  v.  //i7- 

debrawlf  plus  tard,  Grégoire 

VIL 
Iléraclius,  empereur,  xxxj- 
Herenarde,  ▼.  Eberhard^  comte 

de  Nellembomrg . 


Î7I 


Hermande  [frère  adultérin  SA- 

bagélard],  271  '  ;    Hermande, 

271,  272,  273,  275. 
Herménie,  v,  Arménie. 
Hervé,  85  i  ;  Arbeo,  84. 
Hierusalem,  v.  Jérusalem. 
Hildebrand     [plus    tard     pape, 

sous  le  nom  de  Grégoire  VII], 

191  »;      Eldeprande,      Helde-, 

prande,  191,  265,  275. 
Hildebrand,  arch,  de  Capoue, 

46  '  ;  Eldeprande,  Heldeprande, 

7,  45,  46. 
Hirsch  (Ferdinand),  ix,x,  Iv,  lix, 

Ix,  Ixvj. 
Hugo    Fallacia,    88  ?  ;    Hugo, 

Hugo...  Fallacia,  52,88,  89. 
Hugo    ToutebovCy    85  '  ;    Hugo 

toute  Bove,  84. 
Humfroy^    comte    de    Fouille, 

Umfre,  Umfrede,  Umfroi,  Um- 

froy,  Unfroi,  Unfroi,  Ixix,  59, 

98,  99,   loi,    i23,  i3o,    134, 

i37,  i38,  i57,  i58. 

I,J 

Janue,  v.  Gênes, 

Ibn-al-HawwaSy  2041,  surnom 
de  Ali'ibn-Nimah. 

Ibn-at-timnalt  (caïd),  204  '  ; 
Vultimc,  Vultimien,  Vulti- 
minc,  Vultimino,  Vultumine, 
193,  2o3,  204,  2o5,  2l3. 

Jean  {saint),   Jehan  (saint),  329. 

Jean  (archevêque  de  Salernc), 
I 36  '  ;  Jehan,  i 32. 

Jean  {château)^  232';  chastcl 
Jehan,      chaste     Saint-Jehan, 

232. 


Jean  [fils  de  Maurus  d'Amalfi], 

Jehan,  61s  de  Mauife,  322. 
Jeande  Maranolla,  238  «  ;  Jehan 

de  Maranolle,  238. 
Jehan  Seurre   [frère  de  Gisulfe 

de  Salerne],  Johan,  Jehan,  33 1 , 

35i. 
Jehan,  89,  v.  Pantaleon  (Johan). 
Jehan  (evesque   de  Salerne),   v. 

Jean, 
Jehan,  Saint- Jehan  (chastel),  v. 

Jean  (château). 
Jehan  (fils  de    Maure),   322,   v. 

Jean,  fils  de  Maurus  d'Amalfl, 
JÉRUSALEM,    xxvj  ;    Hierusalem, 

Jérusalem,    Jerusalin,    Jheni- 

salem,  18,  i25,  175,  179,  180, 

181,  320,  338. 
Jézane,  v.  Genzano  de  Pouîlle. 
Insule  (chastcl   liquel  se  clame), 

279,  V.  Isola  del  Liri. 
Joconde,  Jocunde  (moine),   3i3, 

3i6. 
Jourdain   [fils  de    Richard  de 

Capoue],  238  2;  Jordain,  Jor- 
dan, 233,  238,  246,  247,  261, 

262,  264,  265,  267,  268,  274, 

307,  3o8,  3i5,  355. 
Isembert,  év.  de  Poitiers,  xij. 
Isidore  de  Séville,  xxvîij,  xxxvj, 

xlv,  xlvj. 
Isidore  de  Séville  (chronique  de), 

xxvij,  XXX,  xxxj  ;  Ysidoire,  Ysi- 

dorre  (chronique  de),  xxx,  xxxj. 
Isola   del  Liri,    2801  ;   Insule, 

Ynsule,  Ysole,  Ysule,279,28o, 

294,  295. 
Italie,   xxxij,  xlj,    liv,  Ivj,  Ixvj, 

Ixvij,  Ixxj  ;  Ytalie,  xliij,  xlviij, 


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373 


M 

Mabillon,  xj. 

Maddaloni  [château  de],  90  •  ; 
Madalone,  Magdalone,  Mate- 
lone,  Mathelone,  Metadelione, 
xliij,  90. 

Mainfroi  [fils  naturel  de  Fré- 
déric II]t  xliij. 

Major-Torre  (château  de  la),  xliij, 
88. 

Malarbine,  v.  Minervino. 

Malaterra,  Ivj,  Ivij,  Iviij,  Ixxj. 

Malfe,  V.  Amalfi. 

Malfitain,  v.  Amalfitains. 

Malgere,  v.  Mauger. 

Manachia,  v.  Maniacés, 

Manfredonia^  xliij  ;  Manfredone, 
xliij,  83. 

Maniacés,  Iviij,  Ixviij,  61  ';  Ma- 
nachia^  Maniachin,  Manialie, 
Monacho,  Moniaco,  5i,  52,  60, 
64. 

Mansion-Mansonc  [sujet  de  Gi' 
sulfede  Salerne],  i36,  166. 

Marc  (saint),  évangéliste,  218. 

Marca,  xij. 

Marcelle  (duc  de),  12  3,  v.  Mar- 
seille. 

Marche  (la),  v.  Firmo  (marche 
de). 

Marie  {duchesse  de  Gaéte), 
235  '. 

MarseClo  conte  de),  242,  v.  Bé- 
rard,  comte  des  Marses,  fils 
de  Berard  II. 

Marseille  (duc  de),   i23  4. 

Marses  (pays  des),  Marse,  Marsi, 
Marsica,  Marsico,  lix,  91,  124, 


173,  23 1,  241,  267,  307. 
Marsica-marsico  (conte  de),  9 1 , 

231,241  [v.  Bérard  et  Ode- 

risius,  comtes  des  Marses], 
Martin  [gardien  de  la  prison  de 

Salerne],  89,  90. 
Marus  (J.-B.),  xxvj. 
Matelone,  Mathelone,  v.  Madda- 
loni. 
Mathieu  {saint),  Mathie  (saint... 

apostole),  i32,  3i5,  337,352, 

353. 
Mathilde  (comtesse),  281  «  ;  Ma- 

thilde,  266,  281. 
Mauger    [frère    de   Humfrqy, 

comte  de   Fouille],    Malgere, 

i36. 
Maur    (saint),     Mauor    (saint), 

i5o. 
Maurus  d*A  malfi,  319a;  Maure, 

Maurus,  3i3,  319,  32 1. 
Maurus  [fils  de  Maurus  d^A- 

malfi],  Maure,  322,  323. 
Maximien,  317. 
Mazara,  Mazare,  Mazarin,  v.  Maz- 

ZARA. 

Ma:çarin  (cardinal),  xxvij. 
Mazzara,  204  »  ;  Mazara,  Mazare, 

Mazarin,  Ixix,  232,  257. 
Melan,  v.  Milan. 
Mélès,  Ixvj  ;  Melo,  Melus,  6,  7, 

24,  25,  28,  29,  3i,   32,    34, 

38,  39,  80. 
Melfa  (la),  294  I  ;  Melfe  (flume 

de),  294. 
Melfe,  V.  Melfi. 
Melfe  (flume    de),  294,  v.  (la) 

Melfa. 
Melfi,  67  »,  Ixviij;  Melfe,  Melfef, 


1-.    :i    5*    -"-     -  . — .  ^'  r:  j:  Gi&s  =...  5^.  4?,  44, 

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X:-^-Cjssin    t:tujticH  kiérar- 
T  ^-:i.;»e    Sun  ^bàè' ,    xix,    xx, 

11". 
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.•4  : .  V.  D.J-i -,  jKV  iii  MoHt- 
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'c\.r:z  i  :  '  î .  1:  -  M  :  :  :-:  e-Cis$ya   moine  Je),  1 93. 

? .  -  _  s ,  ■" .  ■ .  :{i  .ci .  M  :  vr  G  Alt  i\x  ?.  S4  =  :  Mont   dz 

•'.i*5:>ii  i:   V.iSsjT.;,   ;  ..-.   "...  G_rfir.î.  32,  S3. 

;:■:".  ;:>.::•     ;::.;:".  i  :  î .       M .  r.:  -:  Girzice.  v.  Moxt  Gai- 

?-'.iT»rïL;-vr.  v.  MvITilL.  \:.  M.  r.i  ie  Gilben,  v,  Etxa. 


.  .       :        -.      •■•  • — 


X  - 


M:-r.:  Sarchlo,  Mont  Soricoy,  v. 

.' .'  ;  -■  :  i  ■  /  i  '.   t 'T rc -i-  -'.::.  M  ?3nT  SmiooLO. 

.•-\:':i."  î7.'.  :~r^r±-r.  :5    .  M:vrt     I1.AK0.     112);     Mont- 

Mil;.n.  M-jlir..  :3.  Aîc^r:.  121.  12a. 

.'■/;.;:■  LL    ..•^•i  i;  .  \iv-.  xx:x.  M: vît  Pelo«o,  77  2  :  Mont  Pc- 

\xx.  xxx:.'.  x\xv  .  xxxv::-,  xLv.  Liiz,  77.  S4. 

xl -•:!-.  Mdnte-Scavco,   92  4;  Same  (I0 

'■'..Nf=v:v?.     S 5      ;     Mi!i7'r:r.e,  r:.or-t...l,  92. 

M.r.r.-jrrir..  S5.  M?xte    Siucolo,    78»,     Muni 

N  ! .  r.  : .: h  : ,  >  ! .  r.  i  a  j  .■ .  v .  .1/ .:  n  ;  j  jî- j.  Sir  jh:o.  Mon  c  Soricoy,  78. 

■     7.  r.  t  r'r  :  n .  v .  Mises  v  :  n  ■ .  Mo  vte-  Vihgis  e  (o^Kijre  de)^  xv, 

M:n-?.:I5.  Sr  '  :  M;r.:r;l:.  <4.  xvi.  xviî. 

Mj  -  :- a  l  i .:  re .  v .  M  -nt  ï  I  l  ■  r  : .  M  v  mc  h  (  Si  W.  royale  de\  Ixif . 

Mnt-C\55in      »»:.  :j.:i't'     Ji',  .Vu»-jrori.  xi,  xxxvij,  liv, 
\::i.    xi,   x:::,   x:;.    x:x.    xxiv, 

>xv,  XXXV,  xxxv  ,  !•.  Ixiv.  Ixv.  ^ 

î\.:-.  Ix  X.  !xx;  M.r.:  i-j  Cas-  Naple  (maistre  de  la  chevalerie 

sÎTi.  M  r.î  Je  C  ssyn.  M  r.:  dj  .ie  ,  40  Scrgius  /l". 

c.  s»;. r....,Ti  r..i.-î:-r...;over'.:...  N*ple  .inaisirc  de  la  chevalerie 

r.,;;i....  ic.    -.i:"t  n:n.'.i-.t  A-2\  dc\  2S4,  3i4  [Sergius  H. 


375 


Naples,  Naplc,  Naples,  xlvj,  47, 

58,  124,  284,  3oi,  3i4,  324, 
33o,  348,  353,  354. 

Naples  (anc,  roy.  de),  xv,  xliv, 

xlvij,  1. 
Napoléon  /«»■  xxvij. 
Napolitains^     Neapolitain     (li), 

3i3,  354. 
Néron,  317. 

NOCERA-DEI-CIIRISTIANI,  307  î  ; 

Noccre  de  li  chrestien,  307. 

Noemi,  122. 

NoRA  (Ysulle),  home  de  Nore,  9. 

Normandie  ,    Ixvj  ;    Normandie, 

Normendie,  xxxvj.  6,  14,  18,  19, 
20,  29,  3i,  74,  100,  124, 
i36. 

Normands  {les),  xxxiij,  xl,  xlj, 
xlvj,  Ij,  lij,  Ivj,  Iviij,  lix,  Ix,  Ixj, 
Ixij,  Ixvj,  Ixvij,  Ixviij,  Ixix,  Ixx, 
Ixxj  ;  Normand,  Normans,  Nor- 
mant  (11),  xliij,  xlvj,  Ix,  3,  5, 
6,  7,  9,  II,  12,  18,  19,  20, 
27,  28,  29,  3o,  3i,  38,  39, 
40,  41,  48,    5i,    52,    55,  57, 

59,  60,  65,  68,  69,  70,  71, 
72,  74,  75,  76,  77,  78,  79, 
80,  81,  82,  83,  84,  87,  88, 
89,  90,  91,  95,  96,  97,  98, 
104,  io5,  106,  107,  II o,  II 3, 
116,  117,  122,  123,  124,  126, 
128,  129,  i3o,  i3i,  i32,  i33,* 
i34,  i35,  139,  141,  149,  i53, 
i56,  161,  i63,  169,  174,  178, 
180,  i85,  192,  193,  194,  197, 
198,  2o5,  206,  207,  208,  209, 

210,   21  I,   214,  224,  225,  227, 
240,   243,  245,  252,   254,   281, 

288,  299,  3c4,  3o5,  3o6,  3o8, 


3ii,  329,  332,  348,  35o. 

Normendie  (li  principe  de),  19. 

Nusco  [évéchésuffragant  de  V ar- 
chevêché de  Saleme],  xiv,  xvj, 
xvij,  xix. 

O    ' 

Oderisiusy  comte    des  Marses, 

3ioi;     Odorise,      Odoriscrc, 

Odorisie,  Odorizc,  241,    242, 

307. 
Olivier  (Jean-Pierre)  [conseiller 

du  roi  au  pari,  de  Provence], 

xxvij. 
Orderic  Vital,  Ixxj. 
Orient  (empire  d'),  xxiv. 
Orient,  Ij,  lij. 

Orselle,  v..  Oursel  de  Bailleul, 
Ortona,  304  •  ;  Ortonne  (tor  de), 

304. 
Osmude  [frère  de  Gilbert  Bua- 

tère]y  23. 
Othon  II,  empereur,  259  »  ;  em- 

pereor...  Otte,  259. 
Otrante,  Otrenie,  194,   219. 
Otte...  empereor,  259,  v.  Othon 

IL 
Oursel  de  Bailleul,  14  >  ?,  1 7  >  ; 

Orselle,  Uerselle,    Ursel,  Ur- 

selle,  Ursselle,  xlvij,  5,  6,  14, 

16,  17,  18. 


Paccosa-Nuova,   i38  »  ;  Facose- 

Ic-Nove,  i38. 
Padulle  aprez  de  Canoville,  278. 
Palde,  8,  v.  Pandul/e  IV. 
Palerme,  Ij,  Ixix,  Ixx^  194,  2o3, 

208,  209,  219,  232,  254,  255, 


366 


28r),  3oi,333,  335,  367. 

Di  Meo,  XV j,  Ixviij. 

Dukeianos  (Michel),  G'S  2  ;  Due- 
liane  ,  Ducli'ine ,  Dulcanic  , 
Dycdicien,  Dyodicion,  52,  64, 
70,  75,  76. 

DrogOj  comte  de  PouiUe,  Iviij, 

Ixviij,  52  ',903;  Drago,  Dro- 

go,  Drugûnc,  52,  53,  59,    84, 

90,91,  92,  95,  98,  loi,  io3, 

*  104,  io5,  III,  112,  ii3,  117, 

118,  119,    120,    121,  122,    123, 

i3i. 

DroffO  (frire  de),  122,  y.IIum- 
froy. 

Drugone,  v.  Drogo,  comte  de 
Pouille, 

Duchesne^  xxviij,  xxix. 

Duclianc,  Duclianc,  Dulcanie,  v. 
Dokeianos, 

DuRAZzo,  Duracc,  19S. 

Dycclicicn,  Dyoclicicn,  v.  Dokeia- 
nos. 


EngelscalCy  abbé  de  Benedict- 
beuretif  Ixiv. 

Engicterre,  v.  Angleterre, 

Engleterre  (roy  d'),  5,  10  [Ha- 
rold], 

Engleterre  (roy  d*),  343  [Guil- 
laume le  Conquérant]. 

Englez  (H),  v.  Anglais, 

Enulfe,  V.  Adénulfe,  abbé  du 
Mont-Cassin, 

Erduyne,  v.  Ardouin, 

ESCLAVONNIE,    I4. 

Espagne,  xj,  ]j;  Espaingne,  5, 
12,  i3,  216. 

Estitanse,  v.  Eichstatt. 

Etienne  [neveu  de  Mélès]  ;  Sté- 
phane, 39;  40. 

Etienne  IX  (pape),  xxxv. 

Etna,  212;,  Mont  de  Gilbert, 
212. 

Eutrope,  Eutroppe,  zxxj,  zxxiij, 
xxxvj,  xlv,  xlvj,  xlix. 


Eberhardf   comte   de    Ncllem- 

bourgf  299  2  ;  Herenarde,  299. 
Edouard    le     Confesseur,     roi 

d\-i  n  fileter  re,  104;  Adeguardc, 

10.      •  ■ 
Eichstatt    (évêquc    d'),     1392; 

Kslitanse  (cv.  de),  139,  v.  V'ic- 

tor  II. 
EldcpranJc,    7,   43,   v.    Ililde- 

brjnJ,  arch.  de  Capone 
EKl  prandc,  191,  v.  Hildebrand, 

plus  tard  Grégoire  VIL 
Emmellesio,  21 3. 


Facosc-lc-Nove,  v.  PACcotA- 
NuovA. 

Falguue,  2G9. 

False,  v.  Frazzano. 

Federic  (cancelier),  v.  Frédéric 
de  Lorraine, 

Federic  (empereor),  ia3. 

FiRMO  {Marche  de),  114  >  ;  It 
Marche,  lix,  124. 

Français  (les),  Françoiz,  Fran- 
çois, II,  34. 

France,  xj,  9,  i23. 

France  (roy   de),    ia3;    [Henri 


3^7 


France  (roy  de),  343    [Philippe 

François,  v.  Français. 
François   de  Ponte,  prêtre    de 

Nusco,  XV,  xvj. 
Françoiz,  v.  Français. 
Frazzano,  212  2;  False,  212. 
FréJéric  de    Lorraine     [ensuite 

pape  sous  le  nom  d'Etienne  IX, 

Ixj,  Ixiv,    121  ';  Federic  (can- 

celier),  120,  124. 


Gaete,   Gaieté,    Gaitc,    Gayete, 

Gayte,  lix,  48,  86,  124,  32  5. 
Gaétains,  Gaytein  (li),  3i3. 
Gaieté,  v.  Gaete. 
Gaiéte  (duc    de),    173.  v.  Gmi7- 

laume  de  MontreuiL 
Gaimare,  ^Ct^    v.    Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Gaite,  v.  Gaete. 
Gallinarc,  v.  Garigliano. 
Gallinare    (château    de),    Ixvj, 

39. 
Gallinaire,  v.  Garigliano. 
Gamerie,  54,   v.    Guaimar  IV y 

pr.  de  Salerne. 
Garigiane,  v.  Garigliano. 
Garigliano,     236  '  ;    Gallinaire, 

Gallinare  ,    Garigiane  ,     236  , 

279. 
Gariglione  (tour  de),  34  '  ;   Ga- 

rilgiane  (tor  de),  34. 
Garilgione,    295  î  ;    Garilgione, 

Garilione,    Glaile,    266,    296, 

296,  297. 
Gattola,  X. 
Gauthier  [fils  d'AmicuSf  comte 


de    Civitate],     Ixviij,    269  '  ; 

Gautier,    Pierre    de    Gautier, 

81,84. 
Gayete,  v.  Gaete. 
Gayfere,  187  '  ;    Gayfere,  Gual- 

fere,     Guayfere,     Guayfrerie, 

i55,  186,  190. 
Gaymare,  io3,  v.   Guaimar  IV, 

pr.  de  Salerne. 
Gay marie,  41,  v.  Guaimar  III, 

pr.  de  Salerne. 
Gaymere,  3  5  2 ,  v.  Guaimar^  frère 

de  Gisulfe. 
Gaymere,  59,61,  io3,  106,  117, 

253,  33 1,  V.  Guaimar  IV, pr. 

de  Salerne. 
Gaystein,  v.  Gaétains. 
Gayte,  v.  Gaete. 
Gaza,  184. 

Gazoline  de  la  Blace,  v.  Gocelin. 
Gebhart   ev.   d'Eichstatt    [pape 

sous    le  nom  de    Victor   II], 

1 39  2  ;  Geobarde,  1 39. 
Geffroy    [frère   de     Humfroy^ 

comte   de    Pouille],    Gofrede, 

i36. 
Gênes,  3i3»;  Janue,  3i3. 
Génois  {les),  Genevoiz,  324. 
Genzano  de  Pouillk,  99  •  ;    Jé- 

zane,  99. 
Geobarde,     v.      Gebhart,     év. 

d'Eichstatt. 
Geoffroi  Ridelle  [duc  de  Gaéte, 

seigneur    de    Ponte    Corvo], 

2o5  »  ;  G  offre,   GofFre  Ridelle 

ou  Rindielle,  GofFrede  Ridelle, 

GofFroy  Rindielle,  Gofre,  193, 

2o5,  206,  210,  218,  265,  272, 

293,  294. 


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T-iLTr^-ri    •>.  T.  OmMmMT  H". 


ÙXJ.-VU-  îlLfrinctJÊ  SMtni 


369 


ig';  Gaymarie,  Guaimarie, 
Guaymarie,  Guaymario,  1 9, 
33,  41,  5i,  54. 

Guaimar  I V,  prince  de  Salente, 
542,  xliij,  Ix,  Ixvij,  Ixix;  Gai- 
mare,  Gameric,  Gaymare,  Gay- 
mere,  Gaaimaire,  Guaimere, 
Guamarie,  Guamerie,  Guay- 
maire,  Guaymarie,  Guayme, 
Guaymere,  Guaymerie,  Guya- 
mere,  Guymarie,  Guymcre, 
Gyamario,  5i,  52,  53,  54,  55, 
57,58,  59,  61,62,  82,83,  85, 
86,  87,  88,  90,  9 1,  92, 94,  95, 
96,  io3,  104,  io5,  106,  107, 
ii3,  116,  117,  119,  123,  125, 
ia6,  127,  128,  i3o,  i3i,  i38, 
168,  184.,  a53,  317,  33i. 

Guaimarie,  19,  v.  Guaimar  III, 

Guaimere,  55,  57,  59,  96,  v. 
Guaimar  IV. 

Gualfere,  v.  Gayfere, 

Guamarie,  55  ;  Guamerie,  54, 
V.  Guaimar IV, 

Guanerius  suevus,  Ixix. 

Guarain,  77. 

Guarani,  78. 

Guayferc,  v.  Gayjere, 

Guayfrerie,  v.  Gayfere. 

Guaymaire,  5i,  52,  54,  61,  62, 
82,  85,  86,  87,  90,  95,  116, 
i38,  V.  Guaimar  IV, 

Guaymarie,  33,  41,  54,  v.  Guai- 
mar III. 

Guaymarie,  184. 

Guaymario,  5i,  v.  Guaimar  III. 

Guayme,  94;  Guaymere,  55,  57, 
90,  91,  92,  95,  96,  io3,  104, 
io5,  106,  ii3,  117,  iig,  123, 


125,  ia6,  127,  128,  i3o,  i3i, 
184,  V.  Guaimar  IV, 

Guaymere,  352,  353,  v.  Guai- 
mar, frère  de  Gisulfe. 

Guaymerie,  58,  v.  Guaimar  IV, 

Gui  ou  Guido  [oncle  de  Gisulfe  ^ 

pr.  de  Saleme],    Ixvij,   Ixix, 

1842,  Guide,    58,  83,    127, 

128,  129,  i3o,  i36,  137,  i54, 

157,  170,  184,   i85. 

Gui  de  Salerne  [frère  de  Gi- 
sulfe, pr,  de  Salerne],  256  »  ; 
Guide,  265,  272,  33i,  332. 

Guide,  58,  83,  127,  128,  129, 
i3o,  i36,  137,  154,  157,  170, 
184,  i85,  V.  Gui  {oncle  de  Gi- 
sulfe). 

Guide,  265,  272,  33 1,  332,  v. 
Gui  de  Salerne  [frère  de  Gi- 
sulfe). 

Guiliame  (conte),  5  [Guillaume 
le  Conquérant], 

Guillalme,  238,  v.  Guillaume  de 
Montreuil. 

Guiliame,  i59,  v.  Guillaume  de 
Hauteville. 

Guillaume  (comté),  261  >  ;  Guil- 
Icrme  (conte),  26 1 . 

Guillaume  Barbote,  Guillerme 
Barbote,  Barbotte,  95. 

Guillaume  Bellabocca ,  comte 
d'Aversa,  Ixviij. 

Guillaume  Bras-de-Fer,  comte 
de  Fouille,  Iviij,  Ixviij  ;  Guil- 
lerme, 5i,  52,  59,  82,  83,  84, 
90. 

Guillaume  le  Conquérant,  xlj  ; 
Guiliame  (conte),  Guillerme, 
5,  10. 


24 


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371 


Hermande  [frère  adultérin  d*A' 

bagélard],  271  '  ;    Hermande, 

271,  272,  273,  275. 
Hcrménie,  v.  Arménie. 
Hervé  y  85  '  ;  Arbco,  84. 
Hierusalcm,  v.  Jérusalem. 
Ilildcbrand     [plus    tard     pnpc, 

sous  le  nom  de  Grégoire  VII], 

191  •;      Eldeprande,      Helde-, 

prande,  igi,  265,  275. 
Ilildcbrand,  arcli.  de  Capoue^ 

46»  ;  Eldeprande,  Heldeprande, 

7,  45,  46. 
Hirsch  (Ferdinand),  ix,  x,  Iv,  lix, 

Ix,  Ixvj. 
Hugo    Fallacia,    88  ?  ;    Hugo, 

Hugo...  Fallacia,  52,88,  89. 
Hugo    ToutebovCj    85  '  ;    Hugo 

toute  Bove,  84. 
Humfroy,    comte    de    Fouille, 

Umfrc,  Umfredc,  Umfroi,  Um- 

froy,  Unfroi,  Uniroi,   Ixix,  59, 

98,  99,    10 I,    i23,   i3o,    134, 

i37,  i38,  i57,  i58. 

I,J 

Januc,  V.  Gênes. 

Ibn-al-Hawwany  20|i,  surnom 
de  AU'ibu-Nimah. 

Ibn-at-timnah  {caïd),  204  '  ; 
Vultimc,  V'uliimien,  Vulti- 
minc,  Vuitimino,  Vultumine, 
io3,  20!-!,  204,  2o5,  21 3. 

Jean  {saint)^   Jehan  (saint),  320. 

Jean  (archeucquc  de  Salerne), 
I 36  I  ;  Jehan,  i 32. 

Jean  (château)^  252';  chastel 
Jehan,      chaste     Saint-Jehan, 

232. 


Jean  [fils  de  Maurus  d^AmalJt], 

Jehan,  61s  de  Maui'e,  322. 
Jean  de  Maranolla,  238  >  ;  Jehan 

de  Maranolle,  238. 
Jehan  Seurrc   [frère  de  Gisulfe 

de  Salerne],  Johan,  Jehan,  33 1 , 

35i. 
Jehan,  89,  v.  Pantaleon  (Johan). 
Jehan  (evesque   de  Salerne),   v. 

Jean, 
Jehan,  Saint-Jehan  (chastel),  v. 

Jean  (château), 
Jehan  (fiU  de    Maure),  322,   v. 

Jean,  fils  de  Maurus  d'Amalfl. 
JÉRUSALEM,    xxvj  ;    Hîerusalem, 

Jérusalem,    Jerusalin,    Jheru- 

salem,  18,  i25,  xyS,  179,  180, 

181,  320,  338. 
Jézane,  v.  Genzano  de  PouIlle. 
Insulc  (chastel   liquel  se  clame), 

279,  V.  Isola  del  Liri. 
Joconde,  Jocunde  (moine),   3i3, 

3i6. 
Jourdain  [fils  de    Richard  de 

Capoue],  238  2;  Jordain,  Jor- 
dan, 233,  238,  246,  247,  261, 

262,  264,  265,  267,  268,  274, 

307,  3o8,  3i5,  355. 
Isembert,  âv.  de  Poitiers,  xij. 
Isidore  de  SévillCt  xxviij,  xxxvj, 

xlv,  xlvj. 
Isidore  de  Séville  (chronique  de), 

xxvij,  XXX,  xxxj  ;  Ysidoire,  Ysi- 

dorre  (chronique  de),  xxx,  xxxj. 
Isola  del  Liri,    280  >  ;   Insule, 

Ynsule,Ysole,  Y8ule,279,28o, 

29^,  295. 
Italie,   xxxij,  xlj,    liv,  Ivj,  Ixvj, 

Ixvij,  Ixxj  ;  Ytalie,  xliij,  xlviij, 


372 


2,  3,  6,    i3,    i8,  2'S,  24,    32, 

34,  35,35.  00,  01,  125,  149, 

23 ij  243,  244,  25rj. 
iTALit  du  SuJy  xiv,    XXV,  xliv, 

xlvij,  J,  Ij,  Iv.  Ivj,    Iviij,   Ixj, 

Ixvj. 
Itaiiens  (les),  lix. 
Juifs  {les),  JuAée  (M),  u'S,  338. 


Labellc,  la  Bdie,  v.  Lavei.lo. 
La BOLR  (terre  de),  Labor  (terre 

de),  48. 
Lacedonia,  2742;  Cidonîe,   Cy- 

donie,  265,  274. 
La  Ccrre,  v.  Acerra. 
La  Cité,  V.  Civitate. 
La  Cys terne,    v.  Torre    della 

CiSTERNA. 

Lambert  de  Ilers/eld,  liij. 
Lande,   279,    v.   Lando,  comte 

d*Aquino, 
Lando,  comte  d'Aquino,  280  >  ; 

Lande,  279. 
Landolfe,  279,  v.  Landulfe, comte 

d'Aquino, 
Laddon  [comte  d*Aquîno,  gendre 

de  Pandulfe  IV],  95  2  ;  Laude, 

(jO. 
Latidon, comte  de  Traâtto,  235  1  ; 

Laude,  Laudcdc  Tragete,  234, 

236,  238. 
Landulfe,  127,  i3o. 
Landulfe,  comte  d'Aquino,  280  '; 

Landulfe,  Landulfe,  279,  293. 
Landulfe    [frère  de  Gisulfe  de 

Saltme],  33 1,  353. 
Landulfe  [fils  de  Pandulphe   V! 

de  Capoue],  1O2. 


Landulfus  (mOHackus),  x. 

Latin  [li),  333. 

Laude,  96,    ▼.    Landon  {comte 

d\Aquino). 

Laude,  238;  Laude  de  Tragete, 

234,  236,  V.  Landon,  comte 

de  Traétto, 
Laurent  (Saint),  Laurens  (saint), 

lai. 
Lavello,  85  I  ;  Labelle,1a  Belle. 

70,  84. 
Léon  {moine)t  Léo,  3i3,  327. 
Léo  d^  Mar9i^  viij,  xxiv,  zlv. 

Ixiv,   Ixv,    Ixvj,    Ixvij,   Ixviij. 

Ixix,  Ixx. 
ïjkm,  év,  de  Gaête  \frèrtde  Re- 
nier, comte  d.  Sifio],    264  a. 
Léon   IX   [d*abord   évèque  de 

Toul  ensuite  pape],  Ivii;.  lix, 

Ix,  Ixj,  Ixix  ;  Léo,  Lion,  Lyon. 

104,  ii5,  121,  123,  139. 
Liberator  (cenobieX   7»  v.  Saint- 

Ltbcrator  (monastier). 
Lion,  V.  Léon  IX, 
Liutprand  (roi),  xxxiv. 
Lofulde  [frère  de  Gilbert  Bna- 

tère],  a3. 
Lombards,  xxxiij,  11  j,  Ixij,  Ixviij; 

Loingobart,     Longobnrt     (li|f 

xxxiij.  xxxiv,  2,  18,  41,   164, 

3i6,  332. 
Lucie  (sainte),  5i,  60. 
Lucie  (sainte),  329. 
Lupus,  Ixxj. 
Lyun,  V.  Léon  IX. 
Lyon  (pape),  3o8. 
Lyon  [sujet  de  Gisulfe  de  Sa^ 

lerne],  i36,  166. 


373 


M 

Mabillon,  xj. 

Maddaloni  [château  de],  90  «  ; 
Madalone,  Magdalone,  Mate- 
lone,  Mathelone,  Metadelione, 
xliij)  90. 

Main/roi  [fils  naturel  de  Fré- 
déric II]t  xliij. 

Major-Torre  (château  de  la),  xliij, 
88. 

Malarbine,  v.  Minervino. 

Malaterra,  Ivj,  Ivij,  Iviij,   Ixxj. 

Malfe,  V.  Amalfi. 

Mal  fi  tain,  v.  Amalfitains. 

Malgere,  v.  Manger. 

Manachia,  v.  Maniaces, 

Manfredonia,  xliij  ;  Manfredone, 
xliij,  83. 

ManiacèSy  Iviij,  Ixviij,  61  '  ;  Ma- 
nachia, Maniachin,  Manialie, 
Monacho,  Moniaco,  5i,  52,  60, 
64. 

Mansion-Mansone  [sujet  de  Gi' 
sulfe  de  Saleme],  i36,  166. 

Marc  (saint),  évangéliste,  218. 

Marca,  xij. 

Marcelle  (duc  de),  12  3,  v.  Mar- 
seille. 

Marche  (la),  v.  Firmo  (marche 
de). 

Marie  {duchesse  de  Gaéte), 
235  '. 

Marse(lo  conte  de),  242,  v.  Bé' 
rardf  comte  des  Marses,  fils 
de  Berard  II. 

Marseille  (duc  de),  i23  4. 

Marses  (pays  des),  Marse,  Marsi, 
Marsica,  Marsico,  lix,  91,  124, 


173,  23i,  241,  267,  307. 
Marsica-marsico  (conte  de),  9 1 , 

23 1,  241  [v.  Bérard  et  Ode- 

risius,  comtes  des  Marses], 
Martin  [gardien  de  la  prison  de 

Saleme],  89,  90. 
Marus  (J.-B.),  xxvj. 
Matelone,  Mathelone,  v.  Madda- 
loni. 
Mathieu  (saint),  Mathie  (saint... 

apostole),  i32,  3i5,  337,352, 

353. 
Mathilde  (comtesse),  281  •  ;  Ma- 

thilde,  266,  281. 
Manger    [frère    de   Hun^oy, 

comte  de   Pouille],    Malgere, 

i36. 
Manr    (saint),     Mauor    (saint), 

i5o. 
Maurus  d*A  malfi,  319a;  Maure, 

Maurus,  3i3,  319,  32 1. 
Maurns  Iflls  de  Maurus  d^A- 

malfi],  Maure,  322,  323. 
Maximien,  317. 
Mazara,  Mazare,  Mazarin,  v.  Maz- 

zara. 
Ma:;arin  (cardinal),  xxvij. 
Mazzara,  204  »  ;  Mazara,  Mazare, 

Mazarin,  Ixix,  232,  257. 
Melan,  v.  Milan. 
Mélès,  Ixvj  ;  Melo,  Melus,  6,  7, 

24,  25,  28,  29,  3i,   32,    34, 

38,  39,  80. 
Melfa  (la),  294  I  ;  Melfe  (flume 

de),  294. 
Melfe,  V.  Melfi. 
Melfe  (flume    de),  294,  v.  (la) 

Melfa. 
Melfi,  67  »,  Ixviij;  Melfe,  Melfef, 


x'vi.   2^..  52.  5S.  C7.   7->.  77, 

N-.    S?,   ^r.    104,    jj'j,   i?.v 

Mi  lit.  ilv. 

\k'  -,   7     r—.   --j  .    ^4,   :;?.  2S, 

MJj     McUs',    7   {Ciir.    i^oi.    I"*'i 

r.ciTU  di  Mi'.is. 
^î■.l    (iTi-ri;  --arntl  dL  îi  tr)"-illi.r 

J:  .  34.  V.  I)j;;'. 
Ml;:-  -Il  ncv.^u   dv,  j^i  'Hiiirnnt, 

Fi-rrc  et  M.k.;. 
Me!  us,  C,  V.  Mêles. 
Mi.ssiNEet   Messyne,   l'j!-^.   i^j^, 

200.  20S.  20'i.   210,  21''.    218. 
2:0,  23". 

MhTADELION'E,   V.   MvDDALlM. 

Michil  i>j/'i;i,  Mi-Lirl    (saiiin, 

iSo. 
XicJu  i  /  r,   f mriTrc  ttr,  0 1  ' . 
Michel  Vil,  vmptreur,  i3  '. 
.^!IH-^•.  .Mehn,  <)3. 
Militrcc  [comte  Jf\  xxvj,  xxix, 

XXX,  xxxiij,  xxxvj,  xxxviij,  xliv, 

XlVl!|. 

ViiN*Hvi\o,  85  '  ;  Mahrbinc, 
.Monncrbin,  85. 

M«.-n.:cho,  Mur.iaco,  v.  Maniaccs. 

.'■'.onncrbin,  v.  .Minervino. 

MosoP'jiis,  85  '  :  .Mont'pt./li.  84. 

Mont--\le^re.  v.  Montk  Il\ro. 

Mon  T-C  ASSIS  {mcma^Ktire  du), 
viii.  xi,  xiii,  xîv,  xix,  xxiv, 
XXV,  XXXV,  xxxvj,  Ij.  Ixiv,  Ixv, 
Ixvij.  Ixix,  Ixx;  -Mont  de  Cas- 
siî),  .M'jnt  de  C'ssym.  Mmi  de 
C  .s.^}n...(^m«.»nastiLT...covcnt... 
rucli....  lic^  [r>àin\  H:nedit  de) 


ViC-ni  J.  Cassin...  ?6.  4.'.  44, 
55,  nO,  14!^  144.  14?,  J45i. 
ib'?,  :54,  if.4,  105,  172,  175, 

M. TA  de  Ca&sin (moin*:  del  1,  v. 

A  imé,  ci\  et  moine* 
Moni'Cissin   'situation  hièrar^ 

chique    d'un  abbc',    xix^   xx. 

xxj. 
Munt  de  Cassyn  ^abbc  de),  2Ô5, 

.^40,  V.  Didier^  abbé  du  Mcnt- 

Cassin. 
Mon t-ie- Cassyn  ^moincde),  19.^. 
Mont  Gargaxo,  84  :  :  Mont    d-j 

G.r^ane,  Sa,  83. 
Muni  dz  Gsrgane,  v.  Mokt  Gab- 

GANO. 

.Mv  nt  de  Gilbert,  v.  Etïia. 
.Mont  Peluuz,  v.  Ma!<TE  Peuoso. 
.Mont  Sarchio,  Mont  Soricoy,  v. 

Monte  Siricolo. 
M'>NTE     Ilaro,     122  );     Mont- 

Alegrc.  121.  122. 
Monte  Pelobo,  77  a  ;  Mont  Pc- 

lùuz,  77,  84. 
.Monte-Scarxo,   92  4  ;  Same  Qo 

mont...),  92. 
Monte    Siricolo,    78  ^ ,     Mont 

Sarchio,  Mont  Soricoy,  78. 
.Monte- Virgin E  (abbaye  de),  ix, 

xvj,  xvij. 
.Munich  {Bibl.  royale  de),  Ixiv. 
Muratori,  xj,  xxxvij,  liv. 

N 

Napi.k  (maistre  de  la  chevalerie 

^'Ci,  4q\Scrgius  IV], 
Naple  (inaistrc  de  la  chevalerie 

de).  284»  324  [Sergius  f]. 


375 


Naples,  Naplc,  Naples,  xlvj,  47, 

58,  124,  284,  3oi,  3i4,  324, 
33o,  348,  353,  354. 

Naples  (anc.  roy,  de)j  xv,  xliv, 

xlvij,  1. 
Napoléon  /•"■  xxvij. 
Napolitains^     Neapolitain     (li), 

3i3,  354. 
Néron,  317. 

NOCERA-DEI-CIIRISTIANI,  307  ?  ; 

Noccre  de  li  chrestien,  307. 

Noemi,  122. 

NoRA  (Ysullc),  home  de  Nore,  9. 

Normandie  ,    Ixvj  ;     Normandie, 

Normendie,  xxxvj.  6,  14,  18,  19, 
20,  29,  3i,  74,  100,  124, 
i36. 

Normands  (les),  xxxiij,  xl,  xlj, 
xlvj,  Ij,  lij,  Ivj,  Iviij,  lix,  Ix,  Ixj, 
Ixij,  Ixvj,  Ixvij,  Ixviij,  Ixix,  Ixx, 
Ixxj  ;  Normand,  Normans,  Nor- 
mant  (11),  xliij,  xlvj,  Ix,  3,  5, 
6,  7,  9,  II,  12,  18,  19,  20, 
27,  28,  29,  3o,  3i,  38,  39, 
40,  41,  48,   5i,   52,   55,  57, 

59,  60,  65,  68,  69,  70,  71, 
72,  74,  75,  76,  77,  78,  79, 
80,  81,  82,  83,  84,  87,  88, 
89,  90,  91,  95,  96,  97,  98, 
104,  io5,  106,  107,  iio,  ii3, 
116,  117,  122,  123,  124,  126, 
128,  129,  i3o,  i3i,  i32,  i33,' 
i34,  i35, 139,  141,  149,  i53, 
i56,  161,  i63,  169,  174,  178, 
180,  i85,  192,  193,  194,  197, 
198,  2o5,  206,  207,  208,  209, 

210,   2!  I,   214,  224,  225,  227, 
240,    243,  245,  252,   254,   281, 

288,  299,  3c4,  3o5,  3o6,  3o8, 


3i  I,  329,  332,  348,  35o. 
Normendie  (li  principe  de),  19. 
Nusco  [évêchésuffragant  deVar' 

chevêche  de  Saleme],  xiv,  xvj, 

xvij,  xix. 

O    ' 

Oderisius,   comte    des  Marses, 

3 1  o  '  ;     Odorise,      Odorisere, 

Odorisie,  Odorizc,   241,    242, 

307. 
Olivier  (Jean-Pierre)  [conseiller 

du  roi  au  pari,  de  Provence]^ 

xxvij. 
Orderic  Vital,  Ixxj. 
Orient  (empire  d*),  xxiv. 
Orient,  Ij,  lij. 

Orselle,  v..  Oursel  de  Bailleul. 
Ortona,  304 1  ;  Ortonne  (tor  de), 

304. 
Osmude  [frère  de  Gilbert  Bua- 

tère]y  23. 
Othon  II,  empereur,  259  1  ;  em- 

pereor...  Otte,  259. 
Otrante,  Oirenie,  194,   219. 
Otte...  empereor,  aSg,  v.  Othon 

11. 
Oursel  de  Bailleul,  14  a?,  17  a  ; 

Orselle,  UerscUe,    Ursel,  Ur- 

selle,  Ursselle,  xlvij,  5,  6,  14, 

16,  17,  18. 


Paccosa-Nuova,   i38  »  ;  Facose- 

le-Novc,  i38. 
Padulle  aprez  de  Canoville,  278. 
Palde,  8,  v.  PandulfelV, 
Palerme,  Ij,  Ixix,  Ixx^  194,  2o3, 

208,  209,  219,232,254,255, 


rî  tr^jt    l'T.TL.    :t  .  i  :  :  - 


tris. 
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IV  de  sy.i^.i,  l2^. 
p£_-. ;-îfe    IV    r.Wtz  -t.  y.'. 
pÊ-ijlfe  :\  I.  f.'.sdc  FjrJulrhi 

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Jl  Gua.mjir  III  . 


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:  ^j»  d:M^€  de .  ui- 

.'  iTtT5.,  i:3    ;  Psiera*.  21 5. 

h-iJ.  sii^: .  xïT.  37.  :i6,   i5«f:. 

Pi*;  Dizc-e,  rtxi-.  rxxn;,xxxiT, 
xiXT.  xxx-.i.  xlûj.  x!v,  xlvj  ; 
Pi.:^  iva;o:i£«   Paul   ;:racc»K>, 

1X3.-.  2. 

/"f-fBM.  ip7=.    io5a;  Perin. 

\t  ij^  Perrlr,  ly*,  100. 
Perfs.  V.  t^.tm  {fils  de  Lamdon, 

rr-'-v  de  Trjftto  . 
rcrl=,  T.  Peren/as. 
P-rr«.  io>,  V.  Pierre  de  Bûi" 

Perrii  "le  duj).  v.  Peremos, 
Peîrtsc    'amseilier  du  roi  au 

f^rL  Je  Proyence\  xxri}. 
Philifpe    /",    rDÎ    itf  FroÊce, 

Pice,  V.  AncE. 

FIE-M-MOXIE  Dl  SaX    GEUIA3I0, 

2?7';  Pie-de-Mont,  aBiyiSj, 

2:->,  240. 

Pi  erre,  xo  *,  v.  Pierre  de  Bisi- 

piano, 
Pierrr  SainO,  xxv.  37,  1 15,  116, 

2S:,  2091.  il  S.  3içi. 
PioiTJ   Saint    'iis^mijiamt   la  pJ- 

faute,  U   Saint-Siège],   a 3 7, 

243.  340,  342,  336. 


377 


Pierre  [neveu  de  Mélès],  y,  3<). 
Pierre  (religions,  moine),  140. 
Pierre    [fils  de  Landon,  comte 

de  Traétto],  236  J  ;  Pères,  236, 

Pierre,  filz  de  Laudc,  234. 
Pierre  I  ou  Pétrone   [fils  d*A' 

micus]j  comte  de  Trani,  Ixviij, 

269  '  ;    Pierre,    Pierre,  fil   de 

Ami  ou  Amico,  Piètre,  84,  i53, 

iSg,  160,  169,  269,  270. 
Pierre  II,  comte  de    Traniy  flls 

de  Pierre  /],    269  '  ;   Pierre, 

Piètre,  269,  272,  273,  274. 
Pierre  (filz  de  Laude),  v.  Pierre 

(fils   de   Landon,    comte    de 

Traétto), 
Pierre  (filz  de  Reynier),  39,  40. 
Pierre    (fil   de    Tyre),    109,   v. 

Pierre  de  Bisignano. 
Pierre  (neveu  de),  1 59,  v.  Pierre 

li  comte  de  Trani. 
Pierre  de  Bisignano,  Ixix,  167  '  ; 

Perre,    Piere,    Pierre,    fils  de 

Tyre,  io3,  log,  iio,  167. 
Pierre  Diacre,  viij,  ix,  xj,  xviij, 

xix,  xxiij,  xxxix,  Ixvj,  Ixx. 
Pierre    diacre,  217';     Pierre, 

dyacone  Pierre,  216,  217. 
Pierre  Germain,  184. 
Piètre,  269,  272,  273,  v.  Pierre 

II,  comte  de  Trani. 
Piètre  (li  fill  de),  269,  270,  271, 

V.  Pierre  II,  comte  de  Trani  et 

Falgutcc. 
Piligrim,  arch.  de  Cologne^  33  '; 

Belgrimc,  6. 
Pisans  (les),  Pisain,  Pisan,  Piscn, 

194,  228,  229,  266,  282,323. 


PisE,  Pyse,  228,  229,  283,  3i3, 

324. 
Ploheresco,  278  [peut-être  Ta- 

GLIACOZZO]. 

P0LICA8TR0,    353  »  ;    Pollicastre, 

353. 
PoNTE-CoRVo,    2362;   Pont-dc- 

Corbe,  236,  293. 
Ponte-Feltro,  v.  Bodfeld. 
Pbtarfranda,  242. 
PouiLLE,  xlvj,  Iviij,  Ixviij  ;  Paille, 

xlvj,  6,  24,  25,  26,  29,  58,  64, 

6?!  70»  79.  u'»  '36,  i54, 
i58,  167,  178,  193,198,200, 
2o5,  207,  220,  229,  234,  25o, 
280,  295,  296,  297,  3oo. 

Préneste,  ii5';  Penestrine, 
ii5. 

Puille,  v.  PoUILLE. 

Puille  (conte  de),  52,  v.  Guil- 
laume Bras-de-Fer,  comte  de 
Fouille, 

Puille  (conte  de),  1 36,  v.  Hum- 
froy,  comte  de  Pouille. 

Puilloiz  (li),  58,  78  [hab.  de  la 
Pouille], 

Pyse,  V.  PisE. 

Q 

Quaraie,  v.  Corato. 

R 

Rainald,  abbé  du  Mont-Cassin, 

Ixx. 
Rainaldus,  comte  des  Marses, 

3io  ». 
Rainfroy  [chef  normand],  85  '  ; 

Ramfrede,  85. 
Rainulfe  (comte  d'Aversa),  Ixvi;  ; 


-«  *  •  -         V 

m 

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/';..,     O  ;:«'      :2  .  li^     .  Ri^t^ifct.  »4ï• 
:-•;                    ''V     Fi'.rAl,     i'.frff  GnifCS^-J. 

^'/.."^i?  ?x.-y.i'. .  1 : 9   ;  Re^t.   1 5^   195. 

;•  î      *:*.•■  /'  -  '  ■'  ■'  /'<  'c  -«  ^' >  ^  :-i'  »'- 4.  i vf,  2 07. 


yff*j  Rémi  Sain:,,  Saizt-Honâe,  110. 


379 


Renda  (Féltjc),  moine  et  prieur 
à  Monte  Virgine,  xv,  xvj. 

Renier,  comte  de  Suio,  2642; 
Raynier  (frère  de),  264. 

Renier  (marchiz),  41,  v.  Reynier 
(marquis  et  duc  de  Toscane), 

Retcnse,  v.  Reate. 

Reynier  {marquis  et  duc  de 
Toscane)^  Sg  î  ;  Reincr,  Re- 
nier, Reynier,  7,  39,  4.1. 

Richard,  comte  d'Aver sa,  prince 
de  Capouej  xxiv,  1,  Ij,  lij, 
Ixviij,  Ixix,  Ixx,  Ixxj,  i  2  ;  Ric- 
chars,  Ricchart,  Richard,  Ri- 
charde, Richars,    Richart,    i, 

98,   99,     100,     104,    IIO,     III. 

112,  II 3,  i3i,  i34,  137,  i38, 
i53,  i54,  161,  162,  i63,  164, 
i65,  166,  167,  169,  171,  173, 
174,  175,  176,  177,231,232, 
234,  241,  243,  245^  246  248, 
249,  250,261,  263,  265,  266, 
268,  270,  273,  274,  280,  281, 
285,  286,292,  3oi,  3o7/3i4, 
3i5,  332,  335,  336,  340,  348, 
353,  356,  357. 

Richard  {seigneur  deLacedonia, 
neveu  de  Richard  de  Capoue), 
274  î  ;  Ricchart,  Richart,, 265, 
274,  275. 

Richart  (la  fille  de),  234  [Richard 
deCapoue]. 

Richer,  abbé  du  Mont-Cassin, 
1402  ;  Riccheric,  Richcric,  Ri- 
chier,  Richierde  Bergarie,  5i, 
56,  96,   140. 

Rimato,  Rimelc,  v.  Rametta. 

Riso,  121,  122. 

Robert,  22. 


Robert  (evesque),  120. 

Robert  \frère  de  Richard  d'A- 
versa],  i3i,  137. 

Robert  Arenga,  270 1  [appelé 
aussi  Guillerme  et  Rogier]; 
Robert  Arenga,  270. 

Robert  Crespin,  12  •  ;  Robert 
Crespin  et  Crispin,  5,  12,  i3. 

Robert  de  Grentemesnil^  abbé  de 
Santa  Eufemia^  280 1  ;  Ro- 
bert, Robert,  abbé  de  Sainte- 
Ëufame,    280,   314,  343. 

Robert  Guiscard,  duc  de  Fouille, 
de  Calabre  et  de  Sicile,  xxiv, 
XXV,  xxxvj,  xxxvij,  xxxviij, 
xxxix,  xl,  Ij,  lij,  liij,  Iviij,  Ixj, 
Ixij,  Ixiij,  Ixix,  Ixx,  i  2  ;  Ro- 
bert, Robert,  liquel  est  dit 
Biscart. . .  Viscart,  duc  Robert, 
i,  100,  loi,  io3,  104,  107, 
108,  109,  IIO,  m,  i3i,  134» 
i53,  i54,  i56,  i57,  i58,  159, 
160  161,  167,  168,  169,  170, 
171,  178,  179,  180^  181,  193, 
19^1  197,  198,201,  2o3,  206, 

208,  210,  21  I,  216,   22a,  223, 

225,  226,  23a,  248,  249,  a5o, 
258,  259,  265,.  267,  268,273, 
274,  276,  277,  278,  280,  282, 
283,  284,  297,  3o2,  3o3,  307, 
314,  3i5,  326,  33a,  333,  334, 
335,  343,  352. 

Robert,  comte  de  Laurotello, 
297 1  ;  Robert,  Robert  Lan- 
tieille,  Robert  de  Lamritelle, 
Robert  da  Ravitelle,  a  66,  267, 
272,  296,  3o2,  3o3,  304,  3o5, 
3  06,  307. 

Robert...  de  Octomarset,  i32. 


5So 


Robert  ii  Rjt::£IIc.  v,  Rctert^ 

ccm:e  de  L»iur:eeUû. 
R.xi  l?e,  ri 5. 

.Zrd^phc'.  S?  ■  :  Ro-i'-lrê.  84. 
Rcdoi/e,  jîis  de    &*ww,   S5    ; 

R odclri.  till  ie  Beb«na,  S4. 
Ri?v2ulre,    5;.    ri,    v.   Rainulfi 

Trincjrt'Scîe. 
Rcduifus.  Ix:x. 
Rosrer  zv.  de  Suscc,  xvj. 
Rcger  «."omf^i.  xxxviî.lviii.  Ixix, 

Ixxj  ;  Roçier  ; ccmie  ,  1 36^  io5, 

30^.  ao'i.  320,  i3o.  i5o,  257, 

2*50.  205.   27-1,  293,   2'>4.»  3-3. 

Roger  /»%  rci  Jir  Sicile,  xxxvi;. 
Roger  '  riis  de  Rctert  Guise JirS, 

Ixxr,  2S8  ■  ;    RL^er  ^tilz  de  lo 

duc  Robcn).  25o,   2ÔÔ.  2  S  S, 

2S0,  2J7. 
Roger  Tcute'Bove,  i'>7 ';    Ro- 

gier  Toute-Bove,     ni".    19S, 

IQO. 

Rogier  Arcnga.  2SÔ,  v.  Robert 

A  rentra. 
Roeier    Toute- Bove,    v.  Roger 

Tcute-Bove, 
Ronuin     Diogene ,     empereur, 

xlvij...,  14  î. 
Romains  \lesif  Romain  /li),  282, 

Rome.  M.  Ixx,  24.  52.  ô3.  io3, 
io5.  II?.  i32.i?5.  140,143. 
14?,  14S,  i5o.  i5i.  172,  242, 
246,  24S,  275,  27Ô,  2S0,  283, 
i55. 

RoMfc  'évcquc  dc'.  iSo.  v.  B»îr- 
narti,  évéque. 

Rome  (empcrtor  dci.  2?n,  v. 
Othon  II. 


Romie  (Sainte  ▼.  Rémi  {saini). 


Saint  Angele  chaste  de),  v.  Sa^it' 

AXCCLO. 

Saint  Archingele,   t.  Saitt'  Ar- 

CH-UCGCLO. 

Saint-Benedic  (celle  de),  42,  v. 
Saint-Benoit  (momoMtère  de.,. 
à  Capomey. 

Sdint  Benedit,..  (monastier... 
chastel,  terre...,  etc.), 45,  61, 
oô,  ia5,  143,333,  279,  3ai, 
522,3^:MmuutèreduMimt' 
Cassin\ 

Saint-Benoit  [manoMtère  de, . .  à 
Cjipoue]j  42  *  ;  la  celle  de  Saint 
Bfnedit,  laquelle  se  damoit 
Capusita,  42. 

Saint-Denis  (abbaye  de),  zzj. 

Saint    Germain,    v.    Sa!!    Gcs- 

HA3CO. 

Saint  Jean-Baptiste  {église) 
Saint  Jehan  (trésor  de).  Saint 
Jehan-Baptiste  (egliie...),  267, 
363. 

Saint-Liberator   (monastier  de), 

44. 
Saint-Lope  (monastier  de),  196. 

Saint-.Marc  (chastel  qui  se  cla- 

moit)|    218,    V.    Sa!!    Masoo 

D*AlU!CZIO. 

Saint-Marc  (rocché  de),  218,  v. 

Sax-Marco. 
Sainte  .Marie  (églîie  de...  à  Pa- 

Icrmc),  23a,  236,  260. 
Sai!ctMarti.x  ^la  aociu  db),  io3, 

104,  108,  1 10. 


}8i 


Saint-Martin  de   Tours  (abbaye 

de)j  XX j. 
Saint-Mathieu  [église.*,  à  Sa- 

/erne],  Saint  Mathie  de  Salerne, 

églize  Saint  Mathie,  333. 
Saint-Michiel  (eglize  de),  83. 
Saint    Nicharde  (castcl    de),    v. 

San-Nicandro. 
Saint-Pierre  de  Rome  (eglize  de), 

i39,  144. 
Saint-Rémi  {église).  1 2 1  1  ;  Saint- 

Romi,  120. 
Sainte  Marie  de  lo  Fare,  v.  Santa 

Maria  del  Faro. 
Saint- Severe  (cité  de),  Saint  Se- 

verin  (roche   de),    v.    Santa- 

Severina. 
Saint-Severin,  353,  v.  San-Seve- 

RINO. 

Saint-Thomas  {monastère  de), 
Ixviij. 

Sainte- Agatha  ,  Sainte- Agathe 
(rocche-castel),  v.  Sant'  Aga- 
tha. 

Sainte  Sophie  de  Bonivent  [Be- 
nevent]  (église),  148. 

Salerna,  Salerne  (prince  de),  7, 
2  3,  2g,  3i,  33,  V.  Guaimar 
IIL 

Salerne,  ix,  x,  xxv,  xlvj,  Ij,  lij, 
liij,  liv,  Ixij,  Ixx,  Ixxj  ;  Salerne, 
Salerno,  6,  18,  19,  29,  33,  53, 
58,  85,  92,  ii3,  116,  117, 
125,  127,  129,  i38,  i53,  i65, 
171,  297,  3oi,  3i4,  3i6,  320, 
321,  322,  323,  325,  33o,  333, 
334,  336,  345,547,  35i,  353. 

Salerne  (archevesque  de),  i35, 
V.  Jean,  arch.  de  Salerne. 


Salerne  (archevesque  de),  t8o, 
V.  Alfane,  arch.  de  Salerne.  ^ 

Salerne  (prince  de),  83,  86,  88, 
124,  125,  V.  Guaimar  IV. 

Salerne  (prince  de),  169,  162, 
166,  169,  171,  280,  284,  3i6, 
V.  Gisulfe,  prince  de  Salerne. 

Salerhe  (synode  de) f  1161  ;  con- 
grégation de  Salerne. 

SalernitainSf  Ixix;  Salernitain 
(li),  19,  126,  i38,  238. 

Salerno,  53,  v.  Salerne. 

San-Germano,  97  >  ;  Saint-Ger- 
main, 97,  240,  276,  340. 

San-Marco,  Ixix,  rocche  de  Saint 
Marc,  218. 

San  Marco  d'Alunzio,  ai8i; 
chastel  qui  se  clamoit  <Saint 
Marc,  218. 

San-Nicandro,  1 38  I  ;  Saint  Ni- 
charde (castel  de),  1 38. 

San-Severino,  353  t  ;  Saint-Se- 
verin,  353. 

Sant'  Agatha  [Chateau-fort  sur 
le  mont]  f  Sainte- Agatha,  Sainte- 
Agathe  (rocche,  castel),  5i,  56, 
296,  355. 

Sant*  Angelo  (château  de),  lo 
chaste  de  Saint  Angele,  268. 

Sant*  Arch  angelo,  85  i  ;  Saint 
Archangele,  84. 

Saeta-Eufemia  (abbé  de),  v.  Ro- 
bert de  Grentemesnil. 

Santa  Maria  del  Faro,  ao8  1  ; 
Sainte  Marie  de  lo  Fare,  207. 

Santa-Severina,  287  >  ;  Saint- 
Severe  (cité  de),  Saint -Sevehn 
(roche  de),  266,  287. 


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Teobalde,  Theobalde,    7,   Sy, 

42. 
Theodine,  v.  Todinus. 
Thetin,  v.  Chieti. 
Thodès,  Thodcschi,  Thodesque 

[les  Allemands]. 
Thodès  (prince  de  H),  3 1  [Henri 

11]. 
Tholose  ("evesque  de),   v.  Toul 

(évêque  de). 
Thurchie,  Thurquie  (roy  de),  5, 

16. 
Tien    (H    conte  de),    v.    Téano 

(comtes  de). 
Todeschi,  Todesque  [les    AlU' 

mands]. 
Todesque  (roy  de  H),  267  [ifenri 

IV], 
TodinuSy  Ixvij,     Theodine,    5i, 

62. 
Tosti  (dom)j  liv. 

ToRRE     DELL  a    CiSTERNA,     i6o2; 

Cysterne,     la    Cysterne,    160, 

265,  273,  274. 
Toudeschi   [les  Allemands]. 
Toul  (cvcque  de),  v.  Léon  IX. 
Traetto,  X,  2  35  '  ;  Tragete,  Tra- 

jetc,  Trajcttc,   234,    236,  279, 

294. 
Traîna,    25i  »;    Trigane    (cité), 

25o. 
Trani,  271 2  ;  Tranc  (cité  de),  81, 

84,  271,  272,  273,  275. 
Transmunde      [comte) ^      3o2  î  ; 

Transmonde  ,       Transmunde 

(conte),   267,  3o2,    3o3,    304, 

3oG,  309. 
Transmunde  (un  autre),  304. 
Transmunde  (un    autre   autresi 


qui  se  damoit),  304. 

Transmunde  (!i  autre),  3o6. 

Triganè  (cité),  v.  TraIna. 

Tristan  ou  Toustain  le  Bègue, 
Tristan,  Trostayne,  38,  84. 

Troja,  32  î  ;  Troie;  Troya,  Troye, 
xlvj,  6,  18,  3a,  35,  i53,  i58, 
193,  aoo, ao2. 

Troiens,  35. 

Trostayne,  v.  Tristan  ou  Tous- 
tain le  Bègue, 

Turcs  (les),  Turc,  Turche,  Tur- 
chi...  (li),  6,  14,  16,  17. 

TuRCiuiE,  xlvij,  i5. 

TuscuLUM  (comtes  de),  Ixx. 

Tyen  (cité  de),  v.  Téano. 

U 

Udalrich,    arch.   de   Bénévent, 

160  >. 
Umalfe,  v.  Amalfi. 
Umfre,  Umfrede,  Umfroi,  Um- 

froy,     Unfroi,    v.    Humfroy, 

comte  de  Fouille. 
Uerselle,  v.  Oursel  de  Bailleul. 
Urbain  II  (pape),  xj. 
Ursel,  Urselle,  Ursselle,  v.  Oursel 

de  Bailleul. 
Urselle  (la  moillier),  16  [la  femme 

d' Oursel  de  Bailleul]. 


Vaccaire  (home  qui  se  clament), 

xlvj,  3o. 
Vaccaricia,  xlvj 2;  Vacarice,  Vac- 

carice,  xlvj,  29. 
Valaire  (chastel),  v.  Bellarie. 
Valbine,  lix,  124,  v.  Balva. 
Val-Demonb,  2 1 7  a  ;  val-de-Mane, 


374 


xlvj,  29,  52,  58,  67,  70,  77, 

80,   83,  85,    104,    116,   i53, 

i3fj,  160. 
Mélie,  xlv. 
Mch),  7   [cap.  2yî,   34,  25,  28, 

2«),  3i,  32,  34,  38,   39,  80,  V. 

Mclcs, 
M'.-lo  [Mêles],   7  (cap.    3o),    39 

[neveu  de  Mêles]. 
Mcio  (frcrc  carnel  de  la  cnoillicr 

de),  34,  V.  Datto, 
McIo  (li  neveu  de),  39  [tltiennc, 

Pierre  et  Mclo]. 
Melus,  0,  V.  Mêles, 
Mlssine  et   Messyne,   193,  194, 

206,  208,  209,  210,  216,  218, 

25o,  257. 
Mktadeuone,  V.  Maddai.oni. 
Michel  (saint),  Michicl    (saint), 

189. 
Michel  J Vf  empereur,  Ci  •. 
Michel  VII y  empereur,  i5  '. 
iMiLAN,  Mclan,  63. 
Militrce  {comte  de),  xxvj,  xxix, 

XXX,  xxxiij,  xxxvj,  xxxviij,  xliv, 

xlviij. 
MiNKRViNO,     85  '  ;     Malarbinc, 

Monnerbin,.85. 
Monacho,  Moniaco,  v.  Maniacès, 
Monnerbin,  v.  Minervino. 
Monopolis,  85  '  ;  Monopoli,  84. 
Mont-Alegre,  v.  Monte  Ilaro. 
Mont-Cassin    (monastère     du), 

viii,    xi,  xiii,   xiv,    xix,   xxiv, 

XXV,  XXXV,  xxxvj,  Ij,  Ixiv,  Ixv, 

Ixvij,  Ixix,  Ixx;  Mont  de  Cas- 

sin,  Mont  de  Cnssym,  Mont  de 

Cassyn...(m()nastior...covent... 

ruch-.'...  dc)  (.')aint  Hcncdit  de) 


Mont  de  Cassin...  36,  43,  44, 
53,  96,  143,  144,  14?,  148. 
i53,  i54,  164,  i65,  172,  175, 
177,  344. 

Mont  de  Cassin  (moine  de),  1 ,  v. 
Aimé,  év.  et  moine, 

Mont-Cassin  [situation  hiérar- 
chique d'un  abbé],  xix,  xx, 
xxj. 

Mont  de  Cassyn  (abbé  de),  263, 
340,  V.  Didier,  abbé  du  Mont- 
Cassin. 

Mont-dc-Cassyn  (moine  de),  193. 

Mont  Gargano,  84  i  ;  Mont  de 
Giirgane,  52,  83. 

Mont  d2  Garganc,  v.  Mont  Gar- 
gano. 

Ment  de  Gilbert,  v.  Etna. 

Mont  Pelouz,  v.  Monte  Peloso. 

Mont  Sarchio,  Mont  Soricoy,  v. 
Monte  Siricolo. 

Monte  Ilaro,  122  I;  Mont- 
Alcgre,  121,  122. 

Monte  Peloso,  77  a  ;  Mont  Pe- 
louz, 77,  84. 

Mokte^Scarno,  92  4  ;  Sarne  (lo 
mont...),  92. 

Monte  Siricolo,  78  ■  ,  Mont 
Sarchio,  Mont  Soricoy,  78. 

Monte-Virgine  (abbaye  de)^  zv, 
xvj,  xvij. 

Munich  (Bibl.  royale  de),  Ixxv. 

Muratori,  xj,  zxxvij,  liv. 

N 

Naple  (maistre  de  la  chevalerie 

de),  49  [Sergius  /F]. 
Naple  (maistre  de  la  chevalerie 

de),  284,  324  [Sergius  V]. 


375 


Naples,  Naplc,  Naples,  xlvj,  47, 

58,  124,  284,  3oi,  3i4,  324, 
33o,  348,  353,  354. 

Naples  (anc.  roy.  de),  xv,  xliv, 

xlvij,  1. 
Napoléon  /<""  xxvij. 
Napolitains^     Neapolitain     (li), 

3i3,  354. 
Néron,  317. 

NOCERA-DEI-CIIRISTIANI,  307  î  ; 

Ncwrerc  de  li  chrestien,  307. 

Noemi,  122. 

NoRA  (Ysullc),  home  de  Nore,  9. 

Normandie  ,    Ixvj  ;     Normandie, 

Normendie,  xxxvj.  6,  14,  18,  19, 
20,  29,  3i,  74,  100,  124, 
i36. 

Normands  {les),  xxxiij,  xl,  xlj, 
xlvj,  Ij,  lij,  Ivj,  Iviij,  lix,  Ix,  Ixj, 
Ixij,  Ixvj,  Ixvij,  Ixviij,  Ixix,  Ixx, 
Ixxj  ;  Normand,  Normans,  Nor- 
mant  (li),  xliij,  xlvj,  Ix,  3,  5, 
6,  7,  9,  II,  12,  18,  19,  20, 
27,  28,  29,  3o,  3i,  38,  39, 
40,  41,   48,   5i,    52,    55,  57, 

59,  60,   65,  68,    69,   70,  71, 

72,  74,  75,  76,  77»  7«,  79» 
80,  81,  82,  83,  84,  87,  88, 
89,  90,  91,  95,  96,  97,  98, 
104,  io5,  106,  107,  iio,  ii3, 
116,  117,  122,  123,  124,  126, 
128,  129,  i3o,  i3i,  i32,  i33,' 
134,  i35,  139,  141,  149,  i53, 
i56,  161,  i63,  169,  174,  178, 
180,  i85,  192,  193,  194,  197, 
198,  2o5,  206,  207,  208,  209, 
210,  21  r,  214,  224,  225,  227, 

240,    243,  245,  252,   254,   281, 

288,  209,  3c4,  3o5,  3o6,  3o8, 


3 II,  329,  33a,  348,  35o. 

Normendie  (li  principe  de),  19. 

Nusco  [évéchésuffragant  de  V ar- 
chevêché de  Saleme],  xiv,  xvj, 
xvij,  xix. 

O    ' 

Oderisius,   comte    des  Marses, 

3 1  o  I  ;     Odorise,      Odorisere, 

Odorisic,  Odorizc,   241,    242, 

307. 
Olivier  (Jean-Pierre)  [conseiller 

du  roi  au  part,  de  Provence] y 

xxvij. 
Orderic  Vital,  Ixxj. 
Orient  .(empire  d*),  xxiv. 
Orient,  Ij,  lij. 

Orselle,  v..  Oursel  de  Bailleul. 
Ortona,  304 1  ;  Ortonne  (tor  de), 

304. 
Osmude  [frère  de  Gilbert  Bua- 

tère]y  a 3. 
Othon  II y  empereur f  a 59  1  ;  cm- 

pereor...  Otte,  a59. 
Otrante,  Oirente,  194,   a  19. 
Oite...  empereor,  a59,  v.  Othon 

IL 
Oursel  de  Bailleul,  14»  î,  17  a  ; 

Orselle,  Uerselle,    Ursel,   Ur- 

selle,  Ursselle,  xlvij,  5,  6,  14, 

16,  17,  18. 


Paccosa-Nuova,   i38»;  Facose- 

le-Nove,  i38. 
Padulle  aprez  de  Canoville,  278. 
Palde,  8,  V.  PandulfelV. 

PALERME,  Ij,  IxiX,  IXX,    1 94,   203, 

ao8,  209,  219,232,254,  255, 


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Psfizjls-  if.  i  II  -;  Panialeo,  Pan- 

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F^rii    BibC.    .Vi/   ir>.  ixvij. 
Pkus  Jxcède  Je  j  xxx. 
F  iTïiLf:,  iii  :  ;  Paieme,  ai  5. 
PdtrtBK.  r.  StepkxKO  Patriano, 
P:iul  ;sais:.i,  rxv,  .'7.  xi6,   186, 

:>>  1:9. 
PjaiL  DiJC7-e,  mi;,  xxxuj,xxxiv, 

IJUT.  xxx\-i.    xliî).  xlvy   xlvj  ; 

Pi  ni  iyacoce,   Paul  dji-acono, 

xxx:.  2. 
Peremcj,  197 «.    loS"»;  Peiin. 

li  i-jc  Perrin,  i->$,  109. 
P^res.  V.  Pierre  {fils  de  Lamdott, 

*,vmte  Je  Traètto  . 
P«ri=,  T.  Peremas. 
Psrre,  101,  v.  Pierre  de  BÎMi" 

Pirrin  ».le  duc),  v.  Peremoe. 
Piirtsc     comsetUer  dm  roi  am 

r*iW.  Je  Provence]  f  xrrij. 
Philippe    >',    roi   ie  F^aaee^ 

34.^  ^- 
Pice,  T.  Apick. 

riE-?I-MO!CIE  Dl  SaSI    GeSHASCO, 

2?7*;  Pie-de-Mont,  aSiviB?» 
:?o,  240. 
Fi-rre.  lo-j,  t.  Pierre  de  Biti- 

Pierrr  Suir.i),  xxv.  ?7,  1 13,  1 16, 

2S:.  !•>>.  3iS.  3iQ. 
Pierre  ^  Saint     iiguijlamt   la  fiH 

fjuU\  U   Saiml-Siège].   a 3 7, 

24?.  S40,  341,  336. 


377 


Pierre  [neveu  de  Mêlés],  7,  39. 
Pierre  (religions,  moine),  140. 
Pierre    [fils  de  Landon,  comte 

de  Traétto],  236  î  ;  Pères,  236, 

Pierre,  filz  de  Laude,  234. 
Pierre  I  ou  Pétrone   [fils  d'A- 

micus]y  comte  de  Trani,  Ixviij, 

269  '  ;    Pierre,    Pierre,  fil   de 

Ami  ou  Amico,  Piètre,  84,  i53, 

iSg,  160,  169,  269,  270. 
Pierre  II,  comte  de    Trani^  fils 

de  Pierre  /],    269  '  ;   Pierre, 

Piètre,  269,  272,  273,  274. 
Pierre  (filz  de  Laude),  v.  Pierre 

{fils   de   Landon,    comte    de 

Traétto), 
Pierre  (filz  de  Reynier),  39,  40. 
Pierre    (fil   de    Tyre),    109,  v. 

Pierre  de  Bisignano. 
Pierre  (neveu  de),  1 59,  v.  Pierre 

li  comte  de  Trani, 
Pierre  de  Bisignano,  \x\x,  167'  ; 

Perre,    Piere,    Pierre,    fils  de 

Tyre,  io3,  109,  iio,  167. 
Pierre  Diacre,  viij,  ix,  xj,  xviij, 

xix,  xxiij,  xxxix,  Ixvj,  Ixx. 
Pierre    diacre,  217';     Pierre, 

dyacone  Pierre,  216,  217. 
Pierre  Germain,  184. 
Piètre,  269,  272,  273,  v.  Pierre 

II,  comte  de  Trani. 
Piètre  (li  fill  de),  269,  270,  271, 

V.  Pierre  II,  comte  de  Trani  et 

Falgutce, 
Piligrim,  arch.  de  Cologne,  33  '; 

Belgrimc,  6. 
Pisans  (les),  Pisain,  Pisan,  Piscn, 

194,  228,  229,  266,  282,  323. 


P18E,  Pyse,  228,  229,  283,  3i3, 

324. 
Plomeresco,  278  [peut-être  Ta- 

GLIACOZZO]. 

PoLiCASTRo,    353  '  ;    Pollicastre, 

353. 
PoNTE-CoRvo,    2362;   Pont-dc- 

Corbe,  236,  293. 
Ponte-Feltro,  v.  Bodfeld. 
Pbtarfranda,  242. 
PouiLLE,  xlvj,  Iviij,  Ixviij  ;  Puille, 

xlvj,  6,  24, 25,  26,  29,  58,  64, 

67,  70»  79.  "I»  i36,  i54, 
i58,  167,  178,  193,198,200, 
2o5,  207,  220,  229,  234,  25o, 
280,  295,  296,  297,  3oo. 

Préneste  ,  1 1 5  »  ;  Penestrine , 
1 15. 

Puille,  V.  P0UILLE. 

Puille  (conte  de),  52,  v.  Guil- 
laume Bras-de-Fer,  comte  de 
Pouille, 

Puille  (conte  de),  i36,  v.  Hum- 
froy,  comte  de  Pouille, 

Puilloiz  (li),  58,  78  [hab,  de  la 
Pouille], 

Pyse,  V.  Pise. 

Q 
Quarate,  v.  Corato. 

R 

Rainald,  abbé  du  Mont-Cassin, 

Ixx. 
Rainaldus,  comte  des  Marses, 

3io  ». 
Rainfroy  [chef  normand],  85  i  ; 

Ramfrede,  85. 
Rainulfe  (comte  d'Aversa),  Ixvij  ; 


379 


Renda  (Félijc),  moine  et  prieur 
à  Monte  Virgine,  xv,  xvj. 

Renier,  comte  de  Suio,  264  2  ; 
Raynier  (frère  de),  264. 

Renier  (marchiz),  41,  v.  Reynier 
(marquis  et  duc  de  Toscane), 

Retcnse,  v.  Reate. 

Reynier  {marquis  et  duc  de 
Toscane),  Sg  î  ;  Reincr,  Re- 
nier, Reynier,  7,  39,  4.1. 

Richard,  comte  d'Aver sa,  prince 
de  CapouCf  xxiv,  1,  Ij,  lij, 
Ixviij,  Ixix,  Ixx,  Ixxj,  i  2  ;  Rie- 
chars,  Ricchart,  Richard,  Ri- 
charde, Richars,    Richart,    i, 

98,   99,     100,     104,    IIO,     III. 

112,  II 3,  i3i,  i34,  137,  i38, 
i53,  i54,  161,  162,  i63,  164, 
i63,  166,  167,  169,  171,  173, 

174,    175,    176,  177,  23l,232, 

234,  241,  243,  245,  246  248, 
24g,  250,261,  263,  265,  266, 
268,  270,  273,  274,  280,  281, 
285,  286,292,  3oi,  3o7/3i4, 
3i5,  332,  335,  336,  340,  348, 
353,  356,  357. 

Richard  (seigneur  deLacedonia^ 
neveu  de  Richard  de  Capoue), 
274  î  ;  Ricchart,  Richart,,  265, 
274,  275. 

Richart  (la  fille  de),  234  [Richard 
de  Capoue]. 

Richer,  abbé  du  Mont-Cassin, 
1402  ;  Riccherie,  Richeric,  Ri- 
chier,  Richier  de  Bcrgarie,  5 1 , 
56,  96,   140. 

Rimât'-',  Rimele,  v.  Rametta. 

Riso,  I  21,  122. 

Robert,  22. 


Robert  (evcsque),  120. 

Robert  [frère  de  Richard  d*A- 
versa],  i3i,  137. 

Robert  Arenga,  270  '  [appelé 
aussi  Guillerme  et  Rogier]; 
Robert  Arenga,  270. 

Robert  Crespin,  la  •  ;  Robert 
Crespin  et  Crispin,  5,  12,  i3. 

Robert  de  Grentemesnil,  abbé  de 
Santa  Eufemia^  280  >  ;  Ro- 
bert, Robert,  abbé  de  Sainte- 
Ëufame,    a8o,   3 14,  343. 

Robert  Guiscard,  duc  de  Fouille, 
deCalabre  et  de  Sicile,  xxiv, 
XXV,  xxxvj,  xxxvij,  xxxviij, 
xxxix,  xl,  1),  lij,  liij,  Iviij,  Ixj, 
Ixij,  Ixiij,  Ixix,  Ixx,  1 2  ;  Ro- 
bert, Robert,  liquel  est  dit 
Biscart . . .  Viscart,  duc  Robert, 
I,  100,  loi,  io3,  104,  107, 
108,  109,  IIO,  III,  i3i,  i34» 
i53,  i54,  i56,  i57,  i58,  iSg, 
160  161,  167,  168,  169,  170, 
171,  178,  179,  180^  181,  193, 
19^,  197,  198,  201,  ao3,  206, 

208,  210,  211,  216,   222,  223, 

225,  226,  23a,  248,  249,  a5o, 
258,  259,  265,.  267,  268,273, 
274,  276,  277,  278,  a8o,  282, 
283,  284,  297,  3o2,  3o3,  307, 
314,  3i5,  326,  332,333,  334, 
335,  343,  352. 

Robert,  comte  de  Laurotello, 
297  I  ;  Robert,  Robert  Lan- 
tieille,  Robert  de  Lamritelle, 
Robert  da  Ravitelle,  266,  267, 
272,  296,  3o2,  3o3,  304,  3o5, 
3o6,  307. 

Robert...  de  Octomarset,  i32. 


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RCffKaïKt  1er  ,  R:n:2:=  !:'.  a  Sa, 
5:^,  5:4- 

;::.  r::.  1.-2.  i? 5.  14 >,  145. 
li?.  14^.  1:0.  i5f.  172.  242. 

2i*S.    24S,    27:,  27-:.   2ÏO.  2S3, 

.      ^     ^    m 

narj.  évéque. 
RoHE    (empcrtor    ici.    23';j,    v. 
Of  Aon  //. 


z»L3£  \a£ïas   •*aww  as",  T.  âAsrr 


=xLKiL  isrrt...,  etc.), 43.  61, 
>c.  II?-  :4i.  a55.    «70,  3ii. 

--21-    -44 


Os^tcmi'.  4.2  r  ;  Il  eéBc  de  Saint 
^zAïiz.   Uq-jeOe  se    dunoit 
Cir^sn.  42. 
Sjixt'DeMÛ  .abbaye  déU  zzj. 


^^**",      T. 


O. 


S2i«r  Je^^HBofiiste  i église'. 
Siint  Jehan  (irésor  de).  Saint 
J£hi3-B«fcisie  (eg|in...}y  167, 
353. 

Sii::t-Libentor   (monasiier  de). 


:=t-Lope  fmonastîer  de),  196. 
nt-Marc  (chastd  qui  le  cla- 
mo:t>.  118.  T.  Sax  Maboo 
d*Alu?szio. 

Saint-Marc  (roccbé  de),  ai 8,  t. 
Sa-m-Makoo. 

Sainte  Marie  èglizede. ..  à  Pa- 
ïenne), 2?3,  a 36,  aôo. 

S AUCT  Martin  ,la  aociu  de),  io3, 
104,  ioS,  1 10. 


}8i 


Saint-Martin  de   Tours  (abbaye 

de)y  XX  j. 
Saint-Mathieu  [église,*,  à  Sa» 

lerne],  Saint Mathie  de  Salerne, 

églize  Saint  Mathie,  333. 
Saint-Michiel  (eglize  de),  83. 
Saint    Nicharde  (castel    de),    v. 

San-Nicandro. 
Saint- Pierre  de  Rome  (eglize  de), 

i39,  144. 
Saint-Rémi  (église).  1 2 1 1  ;  Saint- 

Romi,  120. 
Sainte  Marie  de  lo  Fare,  v.  Santa 

Maria  del  Faro, 
Saint- Severe  (cité  de),  Saint  Se- 

verin  (roche    de),    v.    Santa- 

Severina. 
Saint-Severin,  353,  v.  San-Seve- 

RINO. 

Saint-Thomas  (monastère  de)y 
Ixviij. 

Sainte-Agatha ,  Sainte-Agathe 
(rocchc-castel),  v.  Sant'  Aga- 
tha. 

Sainte  Sophie  de  Bonivent  [Be- 
nevent]  (église),  148. 

Salerna,  Salerne  (prince  de),  7, 
2  3,  2g,  3i,  33,  V.  Guaimar 
III, 

Salerne,  ix,  x,  xxv,  xlvj,  Ij,  lij, 
liij,  liv,  Ixij,  Ixx,  Ixxj  ;  Salerne, 
Salerno,  6,  18,  19,  29,  33,  53, 
58,  85,  92,  ii3,  116,  117, 
125,  127,  129,  i38,  i53,  i65, 
171,  297,  3oi,  3i4,  3i6,  320, 
321,  322,  323,  325,  33o,  333, 
334,  336,  345,547,  35i,  353. 

Salerne  (archevesque  de),  i35, 
V.  Jean,  arch,  de  Salerne, 


Salerne  (archevesque  de),  t8o, 
V.  Alfane,  arch,  de  Salerne. 

Salerne  (prince  de),  83,  86,  88, 
124,  125,  V.  Guaimar  IV. 

Salerne  (prince  de),  159,  162, 
166,  169,  171,  280,284,  3i6, 
V.  Gisulfey  prince  de  Salerne, 

Salerne  (^ynotfe^ie),  1161  ;  con- 
grégation de  Salerne. 

SalemitainSf  Ixix;  Salernitain 
(11),  19,  126,  i38,  238. 

Salerno,  53,  v.  Salerne. 

San-Germano,  97  a  ;  Saint-Ger- 
main, 97,  240,  276,  340. 

San-Marco,  Ixix,  rocche  de  Saint 
Marc,  218. 

San  Marco  d*Alunzio,  218  (; 
chastel  qui  se  damoit  <Saint 
Marc,  218. 

San-Nicandro,  i  38  i  ;  Saint  Ni- 
charde (castel  de),  1 38. 

San-Severino,  353  (  ;  Saint-Se- 
verin, 353. 

Sant'  Agatha  [Château-fort  sur 
le  mont]  f  Sainte-Agatha,  Sainte- 
Agathe  (rocche,  castel),  5i,  56, 
296,  355. 

Sant*  Angelo  (château  de),  lo 
chaste  de  Saint  Angele,  a  68. 

Sant*  Archangelo,  85 1  ;  Saint 
Archangele,  84. 

Saeta-Eufemia  (abbé  de),  v.  Ro- 
bert de  GrentemesniL 

Santa  Maria  del  Faro,  208  (  ; 
Sainte  Marie  de  lo  Fare,  207. 

Santa-Severina,  287  >  ;  Saint- 
Severe  (cité  de),  Saint-Scverin 
(roche  de),  266,  287. 


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385 


Teobalde,  Theobalde,    7,   37, 

42. 
Theodine,  v.  Todinus. 
Thetin,  v.  Chieti. 
Thodcs,  Thcxieschi,  Thodesque 

[les  Allemands]. 
Thodès  (prince  de  li),  3 1  [Henri 

II], 
Tholose  ^evesque  de),   v.  Toul 

(évêque  de). 
Thurchie,  Thurq^uie  (roy  de),  5, 

16. 
Tien   (li   conte  de),   v.    Téano 

(comtes  de), 
Todeschi,  Todesque  [les    Aile» 

mands], 
Todesque  (roy  de  li),  267  [Henri 

IV]. 
TodinuSy  Ixvij,     Theodine,    5i, 

62. 
Tosti  {dom\  liv. 
Torre   della  Cistbrna,   1602; 

Cysterne,     la    Cysterne,    160, 

265,  273,  274. 
Toudeschi   [les  Allemands], 
Toul  (cvêque  de),  v.  Léon  IX. 
Traetto,  X,  2  35  «  ;  Tragete,  Tra- 

jete,  Tra jette,    234,    236,  279, 

294. 
Traîna,   25i';    Trigane    (cité), 

25o. 
Trani,  271 2  ;  Trane  (cité  de),  81, 

84,  271,  273,  273,  275. 
Transmundc      {comte),      3o2  ?  ; 

Transmonde  ,        Transmunde 

(conte),   2(37,  ^02,    3o3,    3o4, 

3oG,  309. 
Transmunde  (un  autre),  304. 
Transmunde  (un    autre   autresi 


qui  se  damoit),  304. 

Transmunde  (li  autre),  3o6. 

Triganè  (cité),  v.  TraIna. 

Tristan  ou  Toustain  le  Bègue, 
Tristan,  Trostayne,  38,  84. 

Troja,  32  j  ;  Troie;  Troya,  Troye, 
xlvj,  6,  18,  32,  35,  i53,  i58, 
193,  200,  202. 

Troiens,  35. 

Trostayne,  v.  Tristan  ou  Tous- 
tain le  Bègue. 

Turcs  {les),  Turc,  Turche,  Tur- 
chi...  (li),  6,  14,  16,  17. 

Turquie,  xlvij,  i5. 

TusccLUM  (comtes  de),  Ixx. 

Tyen  (cité  de),  v.  Téano, 

U 

Udalrich,    arch.   de   Bénévent, 

160  I. 
Umalfe,  v.  Amalfi. 
Urafre,  Umfrede,  Umfroi,  Um- 

froy,     Unfroi,    v.    Humfroy, 

comte  de  Pouille. 
Uerselle,  v.  Oursel  de  Bailleul. 
Urbain  II  (pape),  xj. 
Ursel,  Urselle,  Ursselle,  v.  Oursel 

de  Bailleul. 
Urselle  (la  moillier),  16  [la  femme 

d'Oursel  de  Bailleul]. 


Vaccaire  (home  qui  se  clament), 

xlvj,  3o. 
Vaccaricia,  xlvj  2;  Vacance,  Vac- 

carice,  xlvj,  29. 
Salaire  (chastel),  v.  Bellarie. 
Valbine,  lix,  1 24,  v.  Balva. 
Val-Demonb,  2 1 7  2  ;  val-de-Mane, 


384 


val  de  Manne,  val   de  Mène, 

194,  217,  218. 
Valetane  (duc),  1 64,  v.  Adénulfe, 

duc  de  Gaète. 
Valin,  V.  Valva. 
Vallarie  (chastel),  v.  Bellarie. 
Valva,  241  ';  Valin,  241. 
Venafro,  278  2;  Bcnafre,  278. 
Venosa,  70  t  ;  Venoze,  70,  84. 
Verscill  (evesque  de),v.  Grégoire, 

év.  de  Vercelli. 
Vésuve    (Mont),    200  >;    Bcbie 

(mont  de),  Bibio  (mont),  193, 

200. 
V1CALVI,  280 1  ;  Vicablanche  (cas- 
tel  qui  se  clame),  279,  280. 
Victor  II,  pape,  1 39  >  ;    Victor, 

Victore,  139,  140,  141. 
Victor  III  (pape),  xxij,  xxiv. 
Visimane  (cité),  v.  Bisignano. 


Vultime,  Vultimien,  Vultimine. 
Vultimino,  Vultumine,  v.  Ibn- 
at'Timnah  (Caid). 

W 

Wait!Ç,  xxxiv. 
Wattenbach,  Ixiv. 
Wilmans,  Iv,  lix,  Ixiij. 

Y 

Ylaire  (abbé  de  Saint- Vincent), 

Ynsule,  v.  Isola  oel  Liri. 

Ysaie  (prophète),  2. 

Ysidoirc,  Ysidorre,  ▼.  Isidore  de 

SMlle. 
YsoLE,  YsuLE,  V.  Isola  dbl  Liu. 
Ytalie,  v.  Italie. 


Zoé,  (impératrice),  61  ». 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Introduction vii-lxxi 

Ystoire  de  li  Normant. . .  • i 

I e""  Livre 5 

2«  Livre 5i 

3"  Livre io3 

4«   Livre i53 

5*5  Livre 193 

6«  Livre 23i 

70  Livre 265 

8«  Livre 3i3 

Table  des  noms  propres 359 


25 


578 


Ranolfc,  Raydolfe,  Raynolfc, 
Raynorlfc,  Raynulfe,  xlviij,  7, 
8,  23,  47,  48,  4(),  5i,  5a,  57, 
65,  83,  86,  87,  92. 

Rainulfe  Trincanocte  ou  Trin- 
clinocte  ,  comte  d'Aversa  , 
Ixviij,  88  '  a  ;  Randulfc,  Ra- 
nulfe,  Raynolfc,  Raynolfc... 
Tridinocic,  Raydulfe,  Ray- 
nulfe, Rodulfc...  Trincanocte, 
52,  53,  88,  89, 92,  94,  95,  98, 
io3,  io5,  ii3. 

Rametta,  2 1 2 1  ;  Rimate,  Rimete, 
194,  2o5,  21 1. 

Ramfrcdc,  v.  Rainfroy. 

Ramppollc,  v.  Rapolla. 

Randulfc,  89,  92,  94,  v.  Rai- 
nulfe Trincanocte, 

Ranolfc,  47,  v.  Rainulfe  {comte 
d'Aversa). 

Ranolfc  (la  moillier  de),  48 
[femme  de  Rainulfe,  comte 
d'Aversa,  sœur  de  Serge  de 
Naplcs]. 

Ranulfc,  io5,  v.  Rainulfe  Trin- 
canocte, 

Raoul  \Jrcre  de  Robert  de  Lau» 
rotcllo],  Raul,  272 

Raoul,  comte  d'Aversa,  88  »  ; 
Raul,  Raulfc,  52,  53,  88. 

Raoul  Glaber,  Ixxj. 

Rapolla,  273»;  RamppoUe, 
Rapulle,  273,  276. 

Raul.  53.  88,  v.  Raoul,  comte 
d'Aversa. 

Raul,  272,  V.  Raoul  (frère  de  Ro- 
bcrt  de  Laurotcllo), 

Raulfc,  52,  V.  Raoul,  comte  d'A- 
versa. 


Ravenne,  304  a  ;  Ravane,  304. 
Raydolfe,  49,  v.  Rainulfe  (comte 

d'Aversa), 
Raydulfe,  98,  v.  Rainulfe  Trin- 

canocte. 
Raynier  [l'un  des  chefs  de  Varwiée 

pontificale  à  la    bataille  de 

Civitate],  Ixix,  134. 
Raynier,  264,  Renier^  comte  de 

Suio. 
Raynier  (frère  de. . ..  evesque  de 

Gaieté),  v.  Léon,  év.  de  Gaétc, 
Raynolfc  [Vun  des  chefs  de  Var- 

mée  pontificale  à  la  bataille  de 

Civitate],  Ixix,  134. 
Raynolfe,  conte  de  Averse,  126. 
Raynolfe  [frère  de  Richard  de 

Capoue,  3i5a,  261,  a63,  3i5. 
Raynolfe,  y,  8,  48,  5i,   32,  57, 

83,  86,  87,  ga,  v.  Rainulfe 

(comte  d'Aversa). 
Raynolfc...  Trtdinocte,  88,  89, 

92,  95,  io3,  II 3,  V.  Rainulfe 

Trincanocte. 
Raynorlfc,  52  ;  Raynulfie,  8,  5a, 

57,  65,  86,  V.  Rainulfe  {comte 

d'Aversa). 
Raynulfe,  53,  11 3,  v.  Rainulfe 

Trincanocte. 
Reate  ,     actuellement     Ribti  , 

241 1;  Retense,  341. 
Rege,  V.  Reggio. 
Rege  (duc  de),    i53,  v.   Robert 

Guiscard. 
Reggio,  t58i;  Rege,   i38,  igS, 

194,  ao4,  ao6,  207. 
Rciner  (marchise),  7,  v.  Reynier 

{marquis  et  duc  de  Tatcaite). 
Rémi  (Saint),  Saint-Romie,  i  ao. 


379 


Renda  (Félix),  moine  et  prieur 
à  Monte  Virgine^  xv,  xvj. 

Renier,  comte  de  Suio,  264  2  ; 
Raynier  (frère  de),  264. 

Renier  (marchiz),  41,  v.  Reynier 
{marquis  et  duc  de  Toscane), 

Retense,  v.  Reate. 

Reynier  (marquis  et  duc  de 
Toscane),  Sg  ?  ;  Reincr,  Re- 
nier, Reynier,  7,  30,  4*1. 

Richard,  comte  d'Aversa,  prince 
de  CapouCf  xxiv,  1,  Ij,  lij, 
Ixviij,  Ixix,  Ixx,  Ixxj,  i  2  ;  Ric- 
chars,  Ricchart,  Richard,  Ri- 
charde, Richars,    Richart,    i, 

98,    99,     100,     104,    IIO,     III. 

112,  II 3,  1 3 1,1 34,  i37,  i38, 
i53,  i54,  161,  162,  i63,  164, 
i65,  166,  167,  169,  171,  173, 

174,    175.    176,  177,  23l,232, 

234,  241,  243,  245,246  248, 
249,  250,261,  263,  265,  266, 
268,  270,  273,  274,  280,  281, 
285,  286,292,  3oi,  3o7/'3i4, 
3i5.  332,335,  336,  340,348, 
353,  356,  357. 

Richard  (seigneur  deLacedonia, 
neveu  de  Richard  de  Capoue), 
274  î  ;  Ricchart,  Richart,,  265, 
274,  275. 

Richart  (la  fille  de),  234  [Richard 
de  Capoue] . 

Richer,  abbé  du  Mont'Cassin, 
140  2  ;  Riccheric,  Richerie,  Ri- 
chier,  Richier  de  Bcrgarie,  5 1 , 
56,  96,   140. 

Rimât'-',  Rimelc,  v.  Rametta. 

Riso,  121,  122. 

Robert,  22. 


Robert  (evesque),  120. 

Robert  [frère  de  Richard  d'A- 
versa], i3i,  137. 

Robert  Arenga,  270  '  [appelé 
aussi  Guillerme  et  Rogier]  ; 
Robert  Arenga,  270. 

Robert  Crespin,  12  •  ;  Robert 
Crespin  et  Crispin,  5,  12,  i3. 

Robert  de  Grentemesnil,  abbé  de 
Santa  Eufemia,  a8o  i  ;  Ro- 
bert, Robert,  abbé  de  Sainte- 
Eufame,    280,   314,  343. 

Robert  Guiscard,  duc  de  Fouille, 
deCalabre  et  de  Sicile,  xxiv, 
XXV,  xxxvj,  xxxvij,  xxxviij, 
xxxix,  xl,  Ij,  lij,  liij,  Iviij,  Ixj, 
Ixij,  Ixiij,  Ixixy  Ixx,  i  2  ;  Ro- 
bert, Robert,  liquel  est  dit 
Biscart . . .  Viscart,  duc  Robert, 
i,  100,  loi,  io3,  104,  107, 
108,  109,  110,  m,  i3i,  i34» 
i53,  i54,  i56,  i57,  i58,  iSg, 
160  161,  167,  168,  169,  170, 
171,  178,  179,  180^  181,  193, 
19^,  197,  198,  aoi,  2o3,  206, 

208,  210,  21  I,  216,  222,  223, 
225,  226,    232,  248,  249,  25o, 

258,  259,  265,.  267,  268,273, 
274,  276,  277,  278,  280,  282, 
283,  284,  297,  3o2,  3o3,  307, 
314,  3i5,  326,  332,333,  334, 
335,  343,  352. 

Robert,  comte  de  Laurotello, 
297 1  ;  Robert,  Robert  Lan- 
tieille,  Robert  de  Latritelle, 
Robert  da  Ravitelle,  266,  267, 
272,  296,  3o2,  3o3,  304,  3o5, 
3o6,  307. 

Robert...  de  Octomarsct,  i32. 


38o 


Robert  da  Ravitelle,  v.  Robert, 
comte  de  Laurotello. 

Rodolfe,  i35. 

Rodolphe,  85  •  ;  Rodulfe,  84. 

Rodolfe,  fils  de  Bébéna,  85  '  ; 
Rodolfe,  fill  de  Bebena,  84. 

RoduUe,  52,  53,  v.  Rainulfe 
Trincanocte. 

Rodulfus,  Ixix. 

Roger  (év.  de  Nusco,  xvj. 

Roger  {comte)f  xxxvij.Iviij,  Ixix, 
Ixxj  ;  Rogier  (comte),  1 36,  205, 
208,  209,  220,  23o,  25o,  257, 
260,  265,  279,  293,  294,  355. 

Roger  /«>•,  roi  de  Sicile,  xxxvij. 

Roger  [fils  de  Robert  Guiscard], 
Ixxj,  288  I  ;  Rogier  (filz  de  lo 
duc  Robert),  25o,  266,  288, 
289,  297. 

Roger  Toute^Bove,  197  J;  Ro- 
gier Toute^Bove,  197,  198, 
199. 

Rogier  Arcnga,  286,  v.  Robert 
Arenga. 

Rogier  Toute-Bove,  v.  Roger 
Toute-Bove. 

Romain  Diogène ,  empereur, 
xlvij...,  14  ?. 

Romains  {les),  Romain  (li),  282, 
338,  354. 

Rome,  lij,  Ixx,  24,  52,  65,  io3, 
io5,  ii5,  i32,  i35,  140,  143, 
145,  148,  i5o,  i5i,  172,  242, 
246,  248,  275,  276,  280,  283, 
355. 

Rome  (évcquc  de),  i8o,  v,  Ber^ 
nardj  cvéque. 

Rome  (cmpercor  de),  239,  v. 
Othon  IL 


Romie  (Saint),  v.  Rémi  (saint). 


Saint  Angele  (chaste  de),  v.  Sant* 

Angelo. 
Saint  Archangele,    v.  Saitt*  Ak- 

CHANGELO. 

Saint-Benedit  (celle  de),  4a,  v. 
Saint-Benoit  {momastère  de.,, 
à  Capoue). 

Saint  Benedit,..  (monastier.  • . 
chastel,  terre...,  etc.)» 45,  61, 
96,  125,  143,  a33,  279,  3a I, 
32a,  344  [Monastère  du  Mont- 
Cassin], 

Saint-Benoit  [monastère  de.,,  à 
Capoue],  42  (  ;  la  celle  de  Saint 
Benedit,  laquelle  se  clamoit 
Capusita,  42. 

Saint-Denis  (abbaye  de),  zzj. 

Saint   Germain,    v.    San   Gei^ 

MANO. 

Saint  Jean-Baptiste  (église) 
Saint  Jehan  (trésor  de),  Saint 
Jehan-Baptiste  (eglize. . .),  367, 
363. 

Saint-Liberator  (monastier  de), 
44. 

Saint-Lope  (monastier  de),  196. 

Saint-Marc  (chastel  qui  se  cla- 
moit), a  18,  V.  San  Mamoo 
d*Alunzio. 

Saint-Marc  (rocché  de),  a  18,  v. 
San -Marco. 

Sainte  Marie  (églize  de...  à  Pa- 
lermc),  23a,  a 56,  a6o. 

Saint  Martin  (la  roche  db),  io3, 
104,  108,  IIO. 


}8i 


SainUMartin  de   Tours  (abbaye 

de)y  XX j. 
Saint-'Mathieu  [église ,. ,  à  Sa- 

/erne],  Saint  Mathie  de  Salerne, 

églize  Saint  Mathie,  333. 
Saint-Michiel  (eglize  de),  83. 
Saint    Nicharde  (castel    de),    v. 

San-Nicandro. 
Saint-Pierre  de  Rome  (eglize  de), 

i39,  144. 
Saint-Rémi  (église),  i  a  i  '  ;  Saint- 

Romi,  120. 
Sainte  Marie  de  lo  Fare,  v.  Santa 

Maria  del  Faro. 
Saint-Severe  (cité  de),  Saint  Se- 

verin  (roche    de),    v.    Santa- 

Severina. 
Saint-Scverin,  353,  v.  San-Seve- 

RINO. 

Saint-Thomas   (monastère    de)^ 

Ixviij. 
Sainte-Agatha ,      Sainte-Agathe 

(rocche-castel),    v.  Sant*  Aga- 

THA. 

Sainte  Sophie  de  Bonivent  [Be- 
nevent]  (église),  148. 

Salerna,  Salerne  (prince  de),  7, 
23,  29,  3i,  33,  V.  Guaimar 
IIL 

Salerne,  ix,  x,  xxv,  xlvj,  Ij,  lij, 
liij,  liv,  Ixij,  Ixx,  Ixxj  ;  Salerne, 
Salerno,  6,  18,  19,  29,  33,  53, 
58,  85,  92,  ii3,  116,  117, 
125,  127,  129,  i38,  i53,  i65, 
171,  297,  3oi,  3i4,  3i6,  320, 
321,  322,  323,  325,  33o,  333, 
334,  336,  345,  547,  35i,  353. 

Salerne  (archevesque  de),  i35, 
V.  Jean,  arch.  de  Salerne. 


Salerne  (archevesque  de),  180, 
V.  Alfane,  arch.  de  Salerne, 

Salerne  (prince  de),  83,  ^6,  88, 
124,  125,  V.  Guaimar  IV. 

Salerne  (prince  de),  169,  162, 
166,  169,  171,  280,284,  3i6, 
V.  Gisulfe,  prince  de  Salerne. 

S ALERHR  (synode  de),  1 16 1  ;  con- 
grégation de  Salerne. 

Salemitains,  Ixix;  Salernitain 
(li),  19,  126,  i38,  238. 

Salerno,  53,  v.  Salerne. 

San-Germano,  97  a  ;  Saint-Ger- 
main, 97,  240,  276,  340. 

San-Marco,  Ixix,  rocche  de  Saint 
Marc,  218. 

San  Marco  d'Alunzio,  218  i; 
chastel  qui  se  damoit  ^aint 
Marc,  218. 

San-Nicandro,  i  38  i  ;  Saint  Ni- 
charde (castel  de),  1 38. 

San-Severino,  353  (  ;  Saint-Sc- 
verin,  353. 

Sant'  Agatha  [Château-fort  sur 
le  mont],  Sainte-Agatha,  Sainte- 
Agathe  (rocche,  castel),  5i,  56, 
296,  355. 

Sant*  Angelo  (château  de),  lo 
chaste  de  Saint  Angele,  268. 

Sant*  Archangelo,  85  i  ;  Saint 
Archangele,  84. 

Saeta-Eupemia  (abbé  de),  v.  Ro- 
bert de  Grentemesnil, 

Santa  Maria  del  Faro,  208  >  ; 
Sainte  Marie  de  lo  Fare,  207. 

Santa-Sbverina,  287  >  ;  Saint- 
Severe  (cité  de),  Saint-Severin 
(roche  de),  266,  287. 


382 


Sarne  (lo  mont...),  v.   Monte- 

SCARNO. 

Sarule  [seigneur  normand],  99. 

Sarragossc,  60. 

Sarrasins  {les),  Ij,  lij  ;  Snrrasin, 
Sarrazin(li)y  Sarrazinc(lagcnt), 
Sarraziz  (li),  xxxviij,  6, 1 1,  12, 
i3,  18,  19,  39,  5i,  58,  59, 
61,  63,  181,  193,  194,  197, 
202y2o5,  206,  207,  208,209, 
210,  214,  216,  217,  220,  228, 
25o,  23 1,  252,  254,  256,  257, 
259,  260,  261,  299,300,333, 
358. 

Sausane,  208. 

Saxe,  liij. 

Scolastique  {sainte),  Scolasticc 
(sainte),  142. 

Secylle,  v.  Sicile. 

Sergius  IV,  duc  de  Naples, 
SicTge,  maistrc  de  la  cheva- 
lerie, 7.  47. 

Sergius  V,  duc  de  Naples,  284  2, 
324  a. 

Sergius,  duc  de  Sorrentc,  325  •. 

SiciLK,  xxxviij,  Ij,  Iviij,  Ixviij, 
Ixix,  Ixx;  Secylle,  Sicile,  Si- 
cille,  Sycile,  Sycillo,  52,  58, 
60,  63,  64,  193,  2o'S,  204, 
2o5,  207,  20S.  21  "^  218,  220, 

2  3o,  2  32.  249,  257,  259,  260, 

3  00. 

SiciLK     (rois     normands     de). 

xxxviij. 
Siciliens  {les),  Sycillien  (li),  214. 
Si>.Tge  (maistrevlc  laclicvakTic), 

V.  Sergius  I  \\  duc  de  Naples. 
Sikelgaita  [sœur  de  Gisulfe,pr. 

de  Salerne],  Ixix,  1684. 


Simon    le  Magicien,    Symon. 

ii5. 
SiPONTO,  xHij;  Sipont,  Syponte, 

xliij,  52,  83. 
SoRRENTE,  Ixvij,  5i,  57- 
SoRRENTE  (duc  de),  55. 

SoRRENTE  (duc  de),  324,  V*  S^^' 

gius,  duc  de  Sorrente. 
SoRRBNTE  (moillier  del  dux  de), 

55. 
SoRRENTB  (suer  del  duc  de),  1 3o. 
Sorrentins  (les),   Sorrentin  (li), 

3i3. 
Spire,  139);  Spirani,  i  Sg. 
Stéphane,  39,  40,   v.    Etienne 

(neveu  de  Mêlés). 
Ste^ane  (pape),  141,  ▼.  Etienne 

IX. 
Stéphane  Patriano,  aaa  ■  ;  St^ 

phane  Patrie,  Stéphane,  122. 
Suio, 264 a  ;  Sub. . .  (castel), Suie, 

Sulie,  233,  264,  279. 
Swen,  roi  de  Danemark^  iii, 

roy  de  li  Danoiz,  5,  10. 
Symon,  v.  Simon  le  Magicien. 
Syponte,  v.  Siponto. 


Tagliacozzo  (comté  de\  278  t  : 

cunté  lie  Talloiz,  278. 
Tancrède  de    Ilauteville,  l*an- 

crede,  Ixxj,  59,  82. 
Tascone,  3o3. 
T^ANO,  Ixix,  Tycn  (cité  de),  1 54. 

176,  177. 
Te  A  NO  (comtes    de),     1073;    li 

conte  de  Tien,  107. 
Théohald,  abbé  du  Mout'Catsin, 


î83 


Teobalde,  Theobalde,    7,   37, 

42. 
Theodine,  v.  Todinus. 
Thetin,  v.  Chieti. 
Thodès,  Thodeschi,  Thodesque 

[les  Allemands]. 
Thodès  (prince  de  li),  3 1  [Henri 

II]. 

Tholose  (^evesque  de),   v.  Toul 

(évêque  de). 
Thurchie,  Thurq^uie  (roy  de),  5, 

16. 
Tien    (li    conte  de),    v.    Téano 

(comtes  de), 
Todeschi,  Todesque  [les    Aile» 

mands]. 
Todesque  (roy  de  li),  267  [ifenri 

IV\. 

Todinus,  Ixvij,     Theodine,    5i, 

62, 
Tosti  (dom),  liv. 

TORRE     DELLA    CiSTBRNA,     l6o  2  ; 

Cysterne,     la    Cysterne,    i6o, 

265,  273,  274. 
Toudeschi  [les  Allemands], 
Toul  (évêque  de),  v.   Léon  IX. 
Traetto,  X,  235  '  ;  Tragete,  Tra- 

jeté,  Trajette,    234,    236,  279, 

294. 
Traîna,    25i  ';    Trigane    (cité), 

25o. 
Trani,  2 7 1 2  ;  Trane  (cité  de),  8 1 , 

84,  271,  273,  273,  275. 
Transmunde      {comte),      3o2  î  ; 

Transmonde  ,       Transmunde 

(conte),   267,  3o2,    3o3,    304, 

3o6,  3og. 
Transmunde  (un  autre),  304. 
Transmunde  (un    autre   autresi 


qui  &e  damoit),  304. 

Transmunde  (li  autre),  3o6. 

Triganè  (cité),  v.  TraIna. 

Tristan  ou  Toustain  le  Bègue, 
Tristan,  Trostayne,  38,  84. 

Troja,  32  J  ;  Troie;  Troya,  Troye, 
xlvj,  6,  18,  32,  35,  i53,  i58, 
193,  aoo,  ao2. 

Troiens,  35. 

Trostayne,  v.  Tristan  ou  Tous- 
tain le  Bègue. 

Turcs  {les),  Turc,  Turche,  Tur- 
chi...  (li),  6,  14,  16,  17. 

TURQ.UIE,  xlvij,  i5. 

TusccLUM  (comtes  de),  Ixx. 

Tyen  (cité  de),  v.  Téano. 

U 

Udalrich,    arch.  de   Bénévent, 

160  I. 
Umalfe,  v.  Amalpi. 
Umfre,  Umfrede,  Umfroi,  Um- 

froy,     Unfroi,    v.    Humfroy, 

comte  de  Fouille, 
Uerselle,  v.  Oursel  de  Bailleul, 
Urbain  II  (pape),  xj. 
Ursel,  Urselle,  Ursselle,  v.  Oursel 

de  Bailleul. 
Urselle  (la  moillier),  16  [la  femme 

d' Oursel  de  Bailleul]. 


Vaccaire  (home  qui  se  clament), 

xlvj,  3o. 
Vaccaricia,  xlvj 2 ;  Vacarice,  Vac- 

carice,  xlvj,  29. 
Valaire  (chastel),  v.  Bellarie. 
Valbine,  lix,  124,  v.  Balva. 
Val-Demonb,  2 1 7  2  ;  val-de-Mane, 


384 


val  de  Manne,  val   de  Mené, 

194,  217,  218. 
Valctane  (duc),  164,  v.  Adénulfe, 

duc  de  Gaete. 
Valin,  V.  Valva. 
Vallarie  (chastel),  v.  BcIIarie. 
Valva,  241  i;  Valin,  241. 
Venafro,  278  2;  Bcnafre,  278. 
Venosa,  70  »  ;  Vcnoze,  70,  84. 
Verscill  (e  vesque  de)  ,v.  Grégoire  ^ 

eu.  de  Vercelli, 
Vésuve    (Mont),    200  >;    Bcbie 

(mont  de),  Bibio  (mont),  193, 

200. 
ViCALvi,  280 1  ;  Vicablanche  (cas- 
tel  qui  se  clame),  279,  280. 
Victor  II,  pape  y  139»;    Victor, 

Victore,  139,  140,  141. 
Victor  III  {pape),  xxij,  xxiv. 
Visimane  (cité),  v.  Bisignano. 


Vultime,  Vultimien,  Vultimine, 
Vultimino,  Vultumine,  v.  Ibn- 
at'Timnah  {Caïd). 

W 

Wait^,  xxxtv. 
Wattenbach,  Ixiv. 
Wilmans,  Iv,  lix,  Ixiij. 

Y 

Ylaire  (abbé  de  Saint- Vincent), 

Ynsule,  v.  Isola  dkl  Lnii. 

Ysale  (prophète),  2. 

Ysidoire,  Ysidorre,  v.  Isidore  de 

Séville. 
YsoLE,  YsuLE,  V.  Isola  dbl  Uu. 
Ytalib,  v.  Italie. 


Zoé,  {impératrice),  61 1. 


J 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Introduction vii-lxxi 

Ystoire  de  H  Normant. . .  • i 

ï^^  Livre 5 

2«  Livre 5i 

3"   Livre 10*3 

4C   Livre i53 

5"^   Livre 193 

6e  Livre 23i 

7C  Livre 265 

8e  Livre 3 1 3 

Table  des  noms  propres 359 


25 


2044   024    328 


THE  BORROWER  WILL  BE  CHARGtX) 
THE  COST  OF  OVERDUE  NOTrnCATlON 
IF    THIS   BOOK    IS    Nt)T  RETURNED   TO 

THE  LIfiRARY  ON  OR  BEFORE  THE  I^ST 
DATE  STAMI'FJ>  KELOW.